Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
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lundi 11 juillet 2016

Lore Krüger. Une photographe en exil, 1934-1944


Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) présente l’exposition Lore Krüger. une photographe en exil, 1934-1944. Une rétrospective d’une photographe méconnue, Lore Krüger (1914-2009), Juive allemande ayant fui le nazisme, engagée dans les événements politiques majeurs et devenue traductrice en allemands de romans anglo-saxons.


« L’art était au cœur de mes préoccupations, tout tournait autour de lui, mais la politique occupait une place de plus en plus importante dans ma vie. La vie ne tenait qu'à un bout de papier », se souvenait Lore Krüger, photographe et traductrice allemande (1914-2009).

Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) présente la rétrospective Lore Krüger. une photographe en exil, 1934-1944, qui avait été montrée sous le titre Lore Krüger. Ein Koffer voller Bilder Fotografien von 1934 bis 1944, en 2015 à Berlin par C/O Berlin.

La redécouverte tardive d’une photographe allemande juive talentueuse, engagée dans des combats politiques majeurs du XXe siècle.

Un exil matriciel
La « pratique de la photographie chez Lore Krüger emprunte les chemins de l’exil ».

Née Lore Heinemann à Magdebourg (Saxe-Anhalt) en 1914, Lore Krüger fuit, âgée de 19 ans l’Allemagne après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler en 1933.

Elle débute son activité de photographe à Londres, puis à Barcelone et à Palma de Majorque (îles Baléares).

En 1935, à Paris, elle suit l’enseignement de la photographe avant-gardiste Florence Henri (1893-1982), dont la mère est allemande. Ouvert en 1929, le studio de Florence Henri  « rivalise avec celui de Man Ray. Elle y donne des cours de photographie que fréquentent, entre autres, Lisette Model et Gisèle Freund ».

L’esthétique du Bauhaus et la « nouvelle vision » influent les portraits, natures mortes et paysages de Lore Krüger.

En 1940, Lore Krüger « est internée quelques mois dans le camp de Gurs, avant de fuir à New York, où elle s’installe ».

En 1946, idéaliste, elle retourne vivre à Berlin, dans la zone soviétique.

En raison de problèmes de santé, elle renonce à la photographie et s’oriente vers la traduction d’auteurs de la littérature anglo-saxonne, tels Mark Twain et Daniel Defoe.

Son « œuvre aurait pu rester dans l’oubli. Conservés dans une simple valise, quelques cent tirages d’époque résument, hélas de façon trop lacunaire, le travail d’une décennie ; découvrant l’ensemble chez l’artiste en 2008, deux chercheuses berlinoises, Cornelia Bästlein et Irja Krätke, décident de le faire connaître ».

« J’ai fait la connaissance de Lore Krüger en 2008 – au café Bohème, dans le quartier de Prenzlauer Berg. L’établissement accueillait chaque année une réunion d’anciens combattants de la Guerre d’Espagne. À cette époque, je travaillais sur un projet autour de Julius Goldstein. Juif et communiste, il avait lui aussi combattu en Espagne. Lore Krüger connaissait Goldstein et c’est ainsi que nous nous sommes rencontrées. Je lui ai rendu une première visite le 24 juillet 2008, dans son appartement de la Karl-Marx-Allee. Elle m’a alors raconté comment, en tant que juive et résistante, elle avait surmonté la période nazie. Puis elle m’a montré ses photos, conservées dans sa chambre et réparties dans un grand dossier et une valise. En décembre, je me suis rendu de nouveau à son domicile, en compagnie de Cornelia Bästlein. Impressionnées par son histoire et son travail photographique, nous avons monté ensemble une exposition. Malheureusement, Lore Krüger, qui nous a quittés, ne pourra assister à son inauguration », a alors écrit Irja Krätke, dans Lore Krüger - ein Koffer voller Bilder. Fotografien 1934–1944, catalogue de l’exposition (Berlin, Braus - C/O Berlin, 2015).

Lore Krüger, décédée en 2009, ne pourra voir l’exposition finalement présentée en 2015 à C/O Berlin .
Les « tirages révèlent une photographe originale, à la palette variée : scènes de rue et paysages savamment construits, portraits dynamiques et vivants, reportages à l’humanité profonde – telle sa description du pèlerinage gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer en 1936 – et riches explorations formelles révélées dans des natures mortes et des photogrammes, qui la hissent au niveau des grands photographes de l’entre-deux-guerres ».


L’exil « est aussi pour Lore Krüger le moment d’un engagement politique résolu, au sein de la communauté des réfugiés allemands installés en France après 1933, artistes ou intellectuels, qu’ils soient juifs ou opposants politiques. Lore Krüger milite activement contre le franquisme et le nazisme, et son autobiographie, publiée après sa mort, illustre d’abord le désir de témoigner, qui l’occupa après la guerre ».

Conçue par C/O Berlin Foundation, Cornelia Bästlein et Irja Krätke, commissaires de l’exposition, et Nicolas Feuillie, du MAHJ, l’exposition Lore Krüger. une photographe en exil, 1934-1944  a reçu le soutien de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (DILCRA), et a pour partenaire Télérama et France Culture.

Barcelone et Palma de Majorque
De 1934 à 1939, Lore Krüger « séjourne régulièrement à Palma de Majorque, où ses parents, fuyant le nazisme, se sont installés en 1933 ».

Dans les clichés qu’elle réalise sur l’île, « on peut observer l’évolution de son œil de photographe, des portraits humanistes aux scènes de pêcheurs avec leurs filets, où la dynamique des lignes et des aplats forment de puissantes et surprenantes compositions ».

Mais Lore Krüger « eut aussi l’occasion à Majorque de témoigner par la photographie de l’actualité la plus brutale, comme les massacres opérés par l’armée franquiste lors d’un assaut de troupes républicaines en août 1936 à Porto Cristo, dont elle donnera la description dans son autobiographie ».

Si « l’expérience fut intense et douloureuse pour la photographe, les tirages n’ont malheureusement pas subsisté à la guerre ».

Paris 
À l’automne 1935, Lore Krüger « arrive à Paris pour y suivre l’enseignement de Florence Henri (1893-1982). Celle-ci est une figure de l’avant-garde parisienne, qui pratique la photographie dans l’esprit du Bauhaus ».

Lore Krüger « montre vite sa sensibilité à cette nouvelle esthétique. Dans ses natures mortes, un jeu savant de lumières et de formes aiguise la perception des matières et des volumes. Les Variations sur un masque constituent, autour d’une sculpture africaine, emblématique du « primitivisme » cher à l’avant-garde artistique de ces années, un aboutissement de ces explorations formelles ».

Lore Krüger « montre aussi une grande inventivité dans le portrait, jouant des cadrages et des textures ».

Mais « l’artiste est aussi sensible à la misère criante des rues de Paris, et au cours de ses pérégrinations urbaines, elle capture l’image de chômeurs endormis sur les quais de la Seine ».

En juin 1940, des « affiches enjoignent aux Allemandes et aux Autrichiennes « indésirables » de se rendre au Vel’ d’Hiv. Lore Krüger y est internée, avant d’être déportée au camp de Gurs dans les Basses-Pyrénées ».

« Après quelques mois de captivité, elle peut sortir et, accompagnée de sa soeur Gisela et de son futur mari Ernst, entame une longue errance clandestine, qui les mènera de Toulouse jusqu’à Marseille, en quête d’un bateau pour les Amériques ».

Saintes-Maries-de-la-Mer 
En 1936, Lore Krüger r »eçoit une commande pour un reportage sur le pèlerinage des Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer de la part d’une agence américaine ».

Ce « travail révèle une autre face du talent de l’artiste, loin des recherches formelles réalisées en studio, et plus proche de cette observation de la vie à laquelle elle aspire ».

De « cette expérience, elle gardera un souvenir ému, et ses images expriment l’empathie qu’elle éprouvait pour cette manifestation festive ».

New York 
« Pour beaucoup de communistes et d’anciens combattants des brigades internationales en Espagne, le Mexique était en 1940-1941 la destination de fuite obligée, et c’est celle qu’avait choisie Lore, accompagnée de Gisela et Ernst, avant que l’interception de leur bateau par les Hollandais, et leur internement sur l’île de la Trinité ne les conduisent à New York ».

Ils « s’y installent et, sans attendre, poursuivent leur combat contre le nazisme en participant à la fondation de The German American, une revue à laquelle participent des écrivains et intellectuels antinazis ».

Lore Krüger gagne sa vie grâce à son « activité de portraitiste, qu’elle met au service de la revue ».

Mais elle « poursuit aussi ses recherches avec une nouvelle et riche série de photogrammes (images obtenues sans appareil photographique, par la disposition directe d’objets divers sur le papier photographique, avant son exposition à la lumière puis son développement comme une épreuve classique) ».

Fin 1946, Lore et son mari « décident de revenir s’installer à Berlin, en zone soviétique ». Les conditions de vie sont rudes.

« Affaiblie à la suite de la naissance de son fils, elle abandonne la photographie, achevant ainsi son exil et clôturant son oeuvre artistique ».

« Quand, à la fin de sa vie, elle couchera par écrit ses souvenirs, ce sera essentiellement pour évoquer cette période » et son « itinéraire de juive persécutée ».

Le 11 mai 2016, le MAHJ a organisé la conférence « Rebelles et poétesses : une histoire de la photographie » avec Marta Gili, directrice du Jeu de Paume. « Il est très rare que les femmes aient porté un regard poétique sur elles-mêmes », écrivait en 1899 Lou Andreas-Salomé, essayiste, romancière, psychanalyste. C’est à cette époque que les femmes vont trouver dans la pratique de la photographie la possibilité d’une indépendance professionnelle et financière ainsi qu’un moyen de considérer leur propre histoire au regard des normes sociales, éthiques et esthétiques ». Cette conférence a évoqué « le travail de quelques femmes photographes de la première moitié du XXe siècle qui se sont autorisées à poser un regard poétique et politique, à la fois sur elles-mêmes et sur les autres. »

Le 5 juin 2016, le MAHJ a proposé la conférence Les réfugiés juifs allemands en France, 1933-1944. Un double exil ?, avec la participation de Dorothea Bohnekamp, université Paris III-Sorbonne nouvelle, Daniel Azuelos, université de Picardie Jules Verne, Albrecht Betz, université d’Aix-la-Chapelle, et Alfred Grosser, politicologue, sociologue et historien, réfugié en France avec sa famille dès 1933. « Entre 1933 et 1939, la France devint le principal pays d’accueil en Europe pour les réfugiés juifs d’Allemagne. Comme Lore Krüger, un grand nombre d’écrivains et d’artistes en exil s’établirent à Paris - Walter Benjamin, Alfred Döblin, Manès Sperber, Siegfried Kracauer parmi d’autres – et participèrent à l’effervescence intellectuelle de la ville lumière. En durcissant sa politique d’accueil, la France se transforma, pour des émigrants en grande précarité, en un lieu de passage menant vers d’autres rives. Ceux qui restèrent furent associés à une « cinquième colonne ». Internés pour la plupart dans des camps en zone non occupée, ils y servirent, à partir de 1942, de monnaie d’échange au régime de Vichy. Longtemps après la guerre, les survivants juifs allemands en France se considérèrent comme « doublement persécutés » dans un pays où la germanité associée à l’identité juive les contraignirent à un double exil. Cette table ronde, réunissant historiens et témoins, contribua à une meilleure connaissance de l’exil juif allemand en France, et s’interrogera sur le rôle historique joué par cette communauté, qui donna naissance aux plus grandes figures de la médiation franco-allemande, à la fois penseurs et acteurs de l’Europe d’aujourd’hui ».

Le 25 mai 2016, le MAHJ a proposé Lore Krüger et Anna Seghers, convergences de deux parcours, conférence de Hélène Roussel, germaniste, chercheuse sur l’exil allemand des années 1933-1945, avec la participation de Pierre Radvanyi, physicien, fils d’Anna Seghers et de László Radványi. La comédienne Ariane Ascaride a lu des textes d’Anna Seghers. « Les traversées du XXe siècle par ces artistes allemandes se recoupent plusieurs fois : juives antifascistes, à l'avènement d'Hitler, elles sont contraintes à un exil dont la principale station, avant la guerre, sera la France. Un second exil les conduira en Amérique, Anna au Mexique et Lore aux USA. Entre Anna l'écrivaine et Lore, la photographe en exil, y a-t-il eu alors d'autres points de rencontre ? Après la guerre, c'est à Berlin-Est qu'elles iront se fixer et vivre jusqu'à leur mort. Et là, quels parcours vont effectuer Anna, écrivaine consacrée, et Lore devenue traductrice littéraire ? »

Avec le musée national de l’Histoire de l’immigration, le MAHJ a conçu un parcours croisé avec une visite guidée de l’exposition « Frontières ». Nut ? « Comprendre le rôle et les enjeux contemporains des frontières dans le monde, et retracer les histoires singulières de ceux qui les traversent aujourd’hui ».

Pour le jeune public, le MAHJ a accueilli l’aterlier L’apprenti photographe : en studio avec Lore Krüger. Les « enfants découvrent les photographies de Lore Krüger, et en particulier ses curieuses photos d’objets. À l’atelier, transformé en studio photographique, les enfants jouent avec ombres et lumières, pour donner aux objets du quotidien une présence belle et mystérieuse. Les photographies en noir et blanc qu'ils ont réalisées leur sont ensuite envoyées ».


"De par le monde : itinéraire d’une Juive persécutée"

Extraits de l’autobiographie de Lore Krüger, Quer durch die Welt, das Lebensbild eines verfolgten Jüdin, Schkeuditzer Buchverlag, 2012, traduits par Barbara Fontaine

Le chemin de l'exil 
« Un flot d'hommes politiques, de syndicalistes, de journalistes persécutés, de familles juives en fuite, d'écrivains, d'artistes commença peu à peu à se déverser à l’étranger. Que devais-je faire ? Chercher du travail ? C’était sans espoir. À quel avenir pouvais-je aspirer en Allemagne ? Je ne voulais pas vivre dans un État qui bafouait les droits de manière aussi scandaleuse. Les persécutions brutales étaient en constante augmentation.
Je décidai alors d’émigrer. […] »

Florence Henri 
« J’étais donc devenue l’une des nombreuses élèves de Florence Henri. Son équipement : un grand studio, une petite chambre à coucher, une salle de bains dans laquelle on développait les photos et où se trouvait également l’agrandisseur. Les agrandissements de ses photos étaient accrochés aux murs peints en blanc. Elles m’enthousiasmaient. Ses montages photographiques étaient d’une extraordinaire luminosité. Elle m’apprit à voir les détails d’une image dans une composition rigoureuse et « bien ajustée ». Cette activité me fascinait et mes compositions progressèrent. Florence Henri semblait satisfaite de mes productions, ce qui était très positif pour mon estime personnelle.
L’art, selon moi, se situe vraiment à la croisée de la raison et du sentiment. Je m’efforçais de saisir les deux, de conjuguer imagination et logique, qui sont difficiles à maîtriser ; de transposer la couleur et la forme en ombre et lumière, à capter sur la pellicule ou sur la plaque l’image que j’entrevoyais.
[…] Ce qui me captivait tant dans les compositions de Florence Henri, c’était l’art complexe d’utiliser des objets apparemment triviaux pour exprimer une autre réalité, une réalité intérieure, l’art d'entraîner le public, par une « distanciation » poétique, dans un voyage d’exploration au cours duquel il rencontre des idées auxquelles la créatrice de l’image lui donne accès.
Pour ma part, je souhaitais observer la vie et la capturer avec mon appareil. C'est justement ce à quoi Madame Henri se refusait. La triste réalité de la misère criante qui régnait dans les rues et dans les sombres immeubles de la vieille ville était taboue pour son appareil photo, et à cet égard je ne voulais pas la suivre, cela ne correspondait pas à ma vision du monde. L’art était au coeur de mes préoccupations, tout tournait autour de lui, mais la politique occupait une place plus en plus importante dans ma vie. […] »

La France 
« La langue est le dernier fragment de leur pays que les émigrés emportent en exil, ils l’entretiennent entre eux, et elle leur donne à l’étranger un peu de sécurité. Je m’étais désormais parfaitement adaptée à mon environnement français, au point que la langue française devint peu à peu pour moi une seconde nature. La France était le troisième pays que j’essayais de sonder et le français la troisième langue que je m’efforçais de m’approprier dans toutes ses finesses. J’y arrivais assez bien.
[…] Paris était alors une métropole artistique où vivaient de nombreux artistes, de Picasso à Matisse et Georges Braque, de Kandinsky à Joan Miró, de Delaunay et sa femme à Fernand Léger, de Hans Arp à Salvador Dali. Tous empruntaient des voies nouvelles, encore inexplorées. Suivre leurs idées demandait un effort. J’appris ainsi à appliquer l’ « art dégénéré » au domaine de la photographie.
[…] Nous n’avions cours que le matin, l’après-midi nous étions libres de faire ce que nous voulions. Je parcourais la ville avec mon petit Leica ou visitais des musées, des galeries et des expositions. Tous les dimanches, jour où l’entrée était gratuite, j’allais au Louvre, souvent avec tante Tesy. Je m’efforçais de « regarder le pinceau » des peintres classiques et d’apprendre grâce à eux, même si mon médium était différent. Je voulais sonder les secrets de leur technique.
[…] Alors qu'elle se matérialisait, l’idée de quitter la France me fut pénible. Je m’étais tellement attachée au peuple français, auquel je devais tant. Je me sentais profondément liée à son esprit à la fois logique et artistique, à son art de profiter de la vie et de ne pas la prendre trop au sérieux, à ses manières courtoises et respectueuses. Il m’était également pénible de laisser mes camarades allemands sur place. »

Le massacre de Porto Cristo 
« Nous apprîmes un matin qu’une troupe républicaine avait atterri dans le nord de l’île. Les combats durèrent quelques jours avant la victoire des troupes de Franco.
Mes parents connaissaient un officier en charge de cette partie de l’île. Son accès était strictement interdit, personne n’avait le droit d’y entrer. Mais comme je voulais faire des photos, je lui demandai de m’en donner l’autorisation. Il accepta et c'est ainsi que je m’y rendis, avec une amie et munie mon Leica.
Jamais je n’oublierai l’odeur de cadavres qui avait envahi ce lieu entièrement déserté. Les habitants l’avaient quitté précipitamment, toutes les portes étaient ouvertes. Les cadavres de jeunes hommes jonchaient les rues. Les troupes de Franco les avaient arrosés d’essence et brûlés. Jamais je n’oublierai ce spectacle. J'étais bouleversée mais je me dis : tu dois prendre des photos, tu ne dois penser à rien d’autre ! »

Au 10, rue Dombasle : Walter Benjamin et Arthur Koestler 
« C'est seulement plus tard que je me rendis compte que l'immeuble hébergeait des hôtes illustres. Nous habitions au sixième étage. Tout en haut, au septième gauche, vivait Walter Benjamin. Il avait l’habitude de travailler la nuit. Lorsqu’il s’arrêtait aux premières heures du jour et prenait un bain, l’eau coulait dans le tuyau qui traversait ma chambre, de sorte que je savais qu’il allait se coucher. Si on avait une question à lui poser le matin, il se présentait à la porte dans sa robe de chambre marron, les cheveux en bataille et le regard embrouillé. Nous ignorions totalement que c’était un homme célèbre et l’appelions « l’esprit de la forêt ». Le milieu du septième étage était habité par l’écrivain Arthur Koestler et son amie, une sculptrice anglaise. Mais il s'était absenté afin d'aller enquêter en Espagne pour un journal anglais. Il avait été arrêté par Franco et condamné à mort. Une campagne de protestation s’était élevée dans le monde entier, si bien qu’il fut finalement libéré. Au septième droite vivait un pédiatre berlinois. Il avait quitté un sanatorium suisse pour rejoindre les Brigades internationales en Espagne, où sa tuberculose s’était aggravée, si bien qu’il avait dû retourner en Suisse. Au quatrième habitait un neurologue berlinois, le Dr Fritz Fränkel, qui était aussi passé par les Brigades internationales. »

L’engagement auprès des combattants de la guerre d’Espagne 
« Le cœur brûlant, j’accompagnais les efforts des troupes du gouvernement espagnol et des combattants des Brigades internationales pour repousser les attaques des fascistes, et je pleurais les femmes et les enfants déchiquetés par les bombes de l’aviation allemande, dont les journaux français de gauche publiaient les photos. Nous collections alors de l’argent pour fournir du lait aux enfants et des vêtements à la population espagnole, qui résistait si vaillamment aux attaques des troupes fascistes.
Alors que toute activité politique nous était strictement interdite, du fait de notre statut d’émigrées « tolérées », nous participions aux grandes manifestations parisiennes, réclamant, avec les nombreux antifascistes français, « Des avions et des canons pour la République espagnole ! ». Nous fîmes l'apprentissage de la solidarité et récupérions le moindre centime épargné pour aider les combattants espagnols, ainsi que les réfugiés allemands antifascistes qui n’avaient pas de papiers. »

La précarité des réfugiés 
« Nous savions combien il était difficile d’obtenir des papiers en règle dans le pays d’asile qu’était la France : le réfugié qui se présentait à la préfecture de police de Paris obtenait dans le meilleur des cas un permis de séjour à renouveler toutes les semaines, un bout de papier tamponné. Après un long temps d’attente, soit il obtenait le titre de séjour, soit il était convoqué au cinquième étage de la préfecture, où on lui donnait son avis d’expulsion. Au bout de plusieurs années seulement, quand l’émigré avait prouvé qu’il ne représentait aucun danger et qu’il avait des revenus réguliers, on lui remettait enfin la fameuse carte d’identité verte, c’est-à-dire le véritable permis de séjour. Jusque-là, les démarches hebdomadaires ou mensuelles s’accompagnaient toujours de battements de cœur. […] »

Saintes-Maries-de-la-Mer 
« Lorsque j'arrivai aux Saintes-Maries-de-la-Mer, des centaines de Gitans venus de tous les pays – l’Andalousie, diverses régions françaises, l’Italie, la Slovaquie, la Hongrie – campaient déjà en plein air en bordure du village. Il y avait même une famille venue d’Égypte. Je me promenai parmi leurs caravanes disparates : on en trouvait de grandes et luxueuses, motorisées, avec des rideaux en dentelle aux fenêtres, et des petites, misérables, tirées par un pauvre cheval qui broutait à côté. Je photographiais tout avec passion : les caravanes, les jolies jeunes filles, le petit cheval et le chef de famille, robuste et autoritaire. Ils jouèrent le jeu avec joie et m'invitèrent à prendre part à leur repas autour d’un feu de camp. Ravie, je m'assis par terre avec eux et nous bavardâmes en nous comprenant tant bien que mal.
[…] La grande procession avait lieu le lendemain matin. Elle se faufila dans les ruelles en un long cortège avant d’arriver jusqu’à la mer. En tête, sur des brancards fleuris reposant sur les épaules des fidèles, les statues des deux Marie, et derrière, celle de Sara. Vêtues comme les mariées de tuniques de voile blanc, elles étaient accompagnées par des cavaliers montés sur des chevaux blancs et suivies par d’innombrables pèlerins en extase, en bonne santé ou par des personnes malades, qui espéraient que ce voyage leur apporterait guérison. Ils entrèrent dans l’eau et pataugèrent, les chevaliers jusqu’à la panse de leurs chevaux, les porteurs de statues suivis par la foule chantant et priant, les infirmes clopinant avec leurs béquilles, parfaitement convaincus qu’ils allaient trouver le salut grâce à cet acte pieux. Quel tableau édifiant sous le soleil radieux. »

Le Vel d’Hiv 
« Nous commençâmes à errer dans le Vel d’Hiv à la recherche de personnes que nous connaissions. [...] j’aperçu Alice Thalheimer, qui avait étudié avec moi auprès de Florence Henri. […] De toutes parts, on assistait à des allées et venues incessantes. Toutes ces femmes, dont beaucoup étaient d’origine bourgeoise, avaient été arrachées à un environnement familier par l’émigration, et après avoir péniblement noué de nouveaux contacts à l'étranger, elles se voyaient de nouveau précipitées dans l’inconnu, dans un abîme sans fond. Au Vel d’Hiv, la situation hygiénique était catastrophique. Les toilettes, aménagées pour quelques centaines de visiteurs de passage, étaient non seulement occupées en permanence, puisque nous étions bien plus de mille, mais elles furent aussi rapidement bouchées. Nous devions également nous contenter de quelques lavabos, alors que nous étions toutes couvertes de poussière et de sueur. Au bout de deux ou trois jours, les autorités prirent la mesure de la situation, ou plus exactement, en sentirent les odeurs ; elles installèrent donc des fosses d’aisance et posèrent une conduite d’eau au milieu de la cour, au-dessus d’une rigole en bois. Les filets d’eau coulaient du tuyau par des trous percés à intervalles réguliers et tombaient dans la rigole, de chaque côté de laquelle les femmes, ravies, pouvaient enfin se laver. Nous en avions tellement besoin que nous ne faisions aucun cas des immeubles d’habitation autour de la cour, ni de nos spectateurs qui se tenaient aux fenêtres : nous dénudions notre buste et nous lavions avec délectation. Nous apprîmes plus tard que les journaux parisiens avaient rapporté la colère des voisins vis-à-vis de ces femmes allemandes immorales qui se mettaient à moitié nues en public. […] »

24 juillet 1940 : les parents de Lore Krüger se suicident 
« En cette période difficile, Gisela et moi reçûmes de Majorque par une lettre de Mercedes, l’employée de maison de nos parents, la terrible nouvelle de leur mort, sans autre explication. Ce fut un effroyable choc, que ni Gisela ni moi n’avons jamais surmonté. […] Au bout de plusieurs semaines, nous reçûmes par la même voie, adressée à « Lore Sarah Heinemann », une confirmation officielle du consul allemand à Palma, selon laquelle « Ernst Israel Heinemann et Irene Sarah Heinemann » étaient morts le 24 juillet 1940, accompagnée de leur passeport allemand tamponné du « J » les désignant comme juifs. Il nous fallut encore plusieurs semaines pour apprendre par leurs lettres d’adieu, confisquées et longtemps conservées par le consul, que les nazis avaient demandé d’éliminer tous les juifs de Majorque, où étaient basées des armées allemandes et italiennes. Après avoir été mis en demeure par la police locale de quitter l’île dans les dix jours, mes parents avaient vainement essayé d’obtenir un visa pour n’importe quel pays, en priorité les États-Unis, pour lesquels ils avaient déjà une demande d’émigration en cours depuis des années et où, grâce à des parents à Atlanta, ils avaient des affidavits. Mais le délai d’attente de cinq ans, alors en vigueur pour les émigrés allemands, n’était pas encore écoulé, et ils n'avaient pas reçu d’autorisation exceptionnelle. Dans leur désespoir et face à la gravité de la maladie cardiaque de notre mère, ils avaient décidé de se suicider en absorbant des somnifères. Notre père écrivit dans sa lettre d’adieu : « Je ne peux pas voir Mutti se faire torturer à mort. » Et notre mère : « Je vous prie et vous supplie d’être courageuses quand ces lignes vous parviendront. » Depuis le début, nous avions essayé d’être courageuses – et désormais nous devions faire face à ça, un choc à couper le souffle. Malgré notre désir d’indépendance, nous avions une relation très étroite avec nos parents. Le vide qu’ils laissaient derrière eux s’ouvrait devant nous comme un gouffre béant. […] »

À New York 
« Notre entourage ne tarda pas à apprendre que j’étais une « photographe parisienne » - c'était original -, et ainsi j’eus assez de clients pour pouvoir vivre [de la photographie]. Gisela aussi, en tant que « couturière parisienne », disposait d'une belle clientèle. Ernst acceptait de temps à autres des travaux de peinture auprès d’un entrepreneur. Bien sûr, il s’occupait essentiellement de la Conférence germano-américaine d’urgence et de notre revue, The German American, que nous avions fondée après quelques temps. Ernst en était le gérant et Kurt Rosenfeld l’éditeur. »

De retour à Berlin 
« Nous arrivâmes à Berlin en décembre 1946 […] La ville était presque entièrement détruite. J’étais en fin de grossesse. Notre fils naquit en janvier 1947 […]
Nous demeurâmes à Berlin ; même si notre fille Susi, désormais âgée de cinq ans, déclarait : « Rien que des maisons cassées et pas de glace (ice cream) » ; même si la nuit, nous faisions dormir notre fils, qui venait de naître, entre nous, pour ne pas qu’il meure de froid dans une chambre sans chauffage, alors que la température extérieure était de moins vingt degrés. Nous fîmes ce choix car nous étions convaincus de contribuer par-là à changer cette ville, à la rendre meilleure et à la libérer de l’esprit nazi. »

Biographie

« 1914 Naissance à Magdebourg (Saxe-Anhalt) de Lore Heinemann. Elle est issue d’une famille juive aisée et assimilée.
Lore découvre la photographie à l’âge de dix ans, avec une « box camera », un appareil rudimentaire.
1932 Pour des raisons de santé, elle a dû renoncer à passer son bac. Puis la dégradation de la situation financière familiale la contraint à chercher rapidement un emploi. Elle trouve un poste de sténographe dans une banque de Magdebourg.
1933 30 janvier, Adolf Hitler est nommé chancelier du Reich.
Démise de son poste parce que juive, Lore part à Londres comme jeune fille au pair. Elle pratique la photographie et suit des cours du soir au County Council.
Fuyant la menace nazie, ses parents émigrent sur l’île de Majorque, dans les Baléares.
1934 Son permis de séjour n’ayant pas été renouvelé par les autorités britanniques, Lore rejoint ses parents et sa sœur Gisela à Majorque.
Elle se rend à Barcelone pour étudier la photographie auprès d’Adolf (Adolfo) Zerkowitz (Vienne, 1884 - Barcelone, 1972), photographe et éditeur de cartes postales.
1935 Elle peut s’offrir un Leica et prend des photos à Majorque. Sur les conseils d’un jeune graphiste et photographe suisse ayant fréquenté le Bauhaus avec qui elle prend des cours, elle s’installe à Paris pour suivre l’enseignement de Florence Henri.
Pianiste et peintre de formation, Florence Henri, qui a séjourné au Bauhaus en 1928, s’est peu après consacrée à la photographie. Au début des années 1930, elle aura plusieurs élèves, dont Lisette Model et Gisèle Freund.
21-25 juin : Lore Krüger participe au Congrès international des écrivains pour la défense de la culture ; y sont présents les photographes Chim (David Seymour)Gisèle Freund, Willy Ronis
1936 Juillet : après la victoire électorale du Frente Popular en février, le soulèvement nationaliste et la tentative de coup d’État marquent le début de la guerre d’Espagne. Majorque fait partie des territoires aux mains des insurgés franquistes.
Juillet : Lore reçoit la commande pour une agence américaine d'un reportage sur le pèlerinage des Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer.
Août, elle séjourne à Majorque, tandis que survient la tentative de reconquête de l’île par les troupes républicaines. Celles-ci débarquent à Porto Cristo le 16 août, mais leur avance est rapidement stoppée. Lore se rend à Porto Cristo, après un massacre de civils par l'armée franquiste et photographie les cadavres. Elle montrera ses photos à Paris, mais celles-ci seront perdues, du fait de la guerre. Lore se dira à jamais hantée par ces images.
Automne : Lore revient à Paris avec sa sœur Gisela. Elles s’installent au 10, rue Dombasle dans le 15e arrondissement. Dans le même immeuble vivent de nombreux exilés, notamment Walter Benjamin et Arthur Koestler.
Lore Krüger découvre les milieux antifascistes allemands et étudie sous la direction du sociologue communiste László Radványi (qui a pris le nom de Johann Lorenz Schmidt) à l’Université libre allemande (« Freie Deutsche Hochschule »), que celui-ci a fondée pour les réfugiés à Paris ; elle rédige un mémoire sur la propagande nazie. László Radványi (1900-1978) est l’époux de la romancière Anna Seghers (1900-1983).
Lore participe à des actions de solidarité envers des combattants républicains de la guerre d’Espagne.
1938 Lore rencontre Ernst Krüger, combattant des Brigades internationales, qui deviendra son mari.
1939 1er avril : fin de la guerre d'Espagne. Des milliers de réfugiés républicains affluent en France.
3 septembre : la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne, à la suite de l'invasion de la Pologne.
1940 10 mai : offensive allemande en France, qui se solde par la « débâcle » en juin.
22 juin : Philippe Pétain signe l’armistice. L’article 19 – « la France doit livrer les réfugiés politiques allemands ou autrichiens présents sur son sol » –, inquiète tous les opposants au nazisme.
Le 14 mai à Paris, des affiches somment les ressortissants du Reich en France, allemands et autrichiens – la plupart sont juifs, communistes, intellectuels et opposants – de se présenter au stade Buffalo pour les hommes et au Vélodrome d’Hiver pour les femmes ; Lore et Gisela, comme de nombreuses autres « indésirables », y sont internées, avant d’être déportées au camp de Gurs dans les Basses-Pyrénées.
Libérées quelques mois plus tard, elles sont rejointes par Ernst, qui a été interné dans les camps pour étrangers « indésirables » de Damigny, en Normandie, puis de Bassens, en périphérie de Bordeaux. Tous trois se rendent à Toulouse puis Marseille avec de faux papiers, accompagnés d’Alexander Abusch (ancien rédacteur en chef de Rote Fahne, et qui sera ministre de la culture en RDA, de 1958 à 1961).
24 juillet : enjoints de quitter l’île dans les dix jours, comme tous les Juifs de Majorque, par les autorités fascistes, les parents de Lore se suicident. Lore ne l’apprendra que bien plus tard.
3 octobre : premier « Statut des Juifs » du gouvernement de Vichy, qui les écarte de la fonction publique, de la presse, etc.
1941 Janvier, arrivée à Marseille. Ils vivent dans la peur d’être arrêtés et changent d’hôtels fréquemment, ou dorment dans des cinémas.
29 mars : création du Commissariat général aux questions juives par le gouvernement de Vichy.
6 mai : munis de visas américains et mexicains, Lore, Gisela et Ernst quittent la France à bord du cargo Winnipeg à destination du Mexique, mais celui-ci est arraisonné le 26 mai 1941 par un aviso hollandais avant sa destination, et tous les passagers sont internés dans un camp anglais sur l’île de La Trinité.
Le Winnipeg est resté célèbre pour avoir été affrété par Pablo Neruda, mandaté par le gouvernement chilien, pour faire venir 2500 réfugiés espagnols à Valparaíso.
À son bord aussi le 6 mai, le photographe surréaliste allemand Josef Breitenbach (1896-1984), les militants et politiciens Lothar Popp et Gerhart Eisler.
13 juin : Lore, Gisela et Ernst arrivent finalement à New York. Un décret récent interdit de quitter les États-Unis, ils ne peuvent se rendre au Mexique, où ils comptaient s’installer.
1942 Lore et Ernst Krüger se marient ; leur fille Susan naît le 20 février.
Ils oeuvrent pour la German American Emergency Conference, une organisation antifasciste allemande et sa revue, The German American, dont le premier numéro paraît le 1er mai. Des auteurs comme Heinrich Mann, Anna Seghers, Bertold Brecht ou Lion Feuchtwanger y sont publiés.
Lore réalise de nombreux portraits et des traductions pour la revue.
1945 8 mai : capitulation de l'Allemagne.
1946 22 avril : création du Sozialistische Einheitspartei Deutschlands (Parti socialiste unifié d'Allemagne) Le couple Krüger quitte les États-Unis, et s’installe au mois d'octobre en zone soviétique à Berlin en passant par l’U.R.S.S.
1947 Après la naissance de son fils Ernst-Peter, Lore doit renoncer définitivement à la photographie pour des raisons de santé.
Elle commence à traduire des ouvrages anglophones pour la maison Aufbau-Verlag, le plus important éditeur d’Allemagne de l’Est. Elle traduira ainsi les romans de Robert L. Stevenson, Joseph Conrad, Daniel Defoë, Mark Twain, Doris Lessing, etc.
Son mari Ernst Krüger occupe, après 1950, des postes à responsabilité au sein de la municipalité de Berlin.
2009 3 mars : Lore Krüger s’éteint à Berlin à l’âge de 95 ans, après avoir écrit son autobiographie.
2012 Parution de Quer durch die Welt: Das Lebensbild einer verfolgten Jüdin (« De par le monde : itinéraire d’une Juive persécutée »), son autobiographie.
2015 Exposition « Lore Krüger. Ein Koffer voller Bilder » (Lore Krüger. Une valise pleine d'images) à la galerie C/O à Berlin, puis au Kunstmuseum Kloster Unser Lieben Frauen à Magdebourg ».


Jusqu’au 17 juillet 2016
Au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme 
Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple 75003 Paris
Tél. : (33) 1 53 01 86 60
Lundi, mardi, jeudi, vendredi de 11 h à 18 h, mercredi de 11 h à 21 h et dimanche de 10 h à 18 h

Visuels :
Affiche
Florence Henri
Portrait de Lore Krüger
Paris, 1937
© Galleria Martini & Ronchetti

Sans titre [autoportrait]
vers 1935
© succession Lore Krüger

« Recal »
New York, vers 1942
© succession Lore Krüger

Variations sur un masque
Paris, 1935

Sans titre [pêcheurs et filets]
Palma de Majorque, 1935
© succession Lore Krüger

Sans titre [quais de la Seine]
Paris, vers 1935

Gitans
Saintes-Maries-de-la-Mer,
1936

Sans titre [Béatrice, portrait-photogramme]
New York, 1943
© succession Lore Krüger

Sans titre [prêtre lisant]
Palma de Majorque, 1934

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Les citations proviennent du dossier de presse.

1 commentaire:

  1. Muy bonitas fotos, y al menos ahora tendré a otra fotógrafa en mi colección de buenas imágenes.

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