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jeudi 7 juillet 2016

« Humour Interdit ». Dessins de la Seconde Guerre mondiale


Le musée départemental de la résistance et de la déportation à Toulouse présente l’exposition « Humour Interdit ». Dessins de la Seconde Guerre mondiale. Environ 165 dessins provenant du fonds du musée illustrent, de la Drôle de Guerre à la Libération, via le régime de Vichy et la résistance, les états d'esprit et du cœur d'une époque tragique.


En décembre 1944, quelques mois après la Libération, Toulouse a accueilli « Humour interdit », exposition de dessins de presse et de caricatures. « Après quatre années de censure et de répression, les artistes retrouvent leur liberté d’expression. Les dessins sont à nouveau narquois, grinçants, subversifs et pour certains, revanchards ».

Depuis novembre 2015, le musée départemental de la résistance et de la déportation, fondé en 1994, montre l’exposition inédite « Humour Interdit ». Dessins de la Seconde Guerre mondiale  à partir de ses archives.

Il a réuni près de 165 « dessins originaux produits pendant la Seconde Guerre mondiale et provenant de son fonds. Affiches, tracts, caricatures, dessins de presse, brochures… »

Quelle était la place du dessin lors de la Seconde Guerre mondiale ? Ce « dessin de l’Occupation, ce dessin sous dictature, prend des formes multiples et inattendues. Il devient même un enjeu stratégique : les forces de l’Axe comme les Alliés placent la représentation figurée au cœur de leur propagande ».

Ces dessins ont été créés par des artistes et des « inconnus qui ont choisi le crayon pour s’exprimer, pour raconter, pour fixer leur quotidien, pour résister, parfois même pour témoigner de leurs souffrances. Ces dessins sont souvent drôles, uniques, parfois touchants, marquants, terribles aussi ! Ces dessins originaux sont exposés ou reproduits sur 27 panneaux répartis en 9 séquences thématiques ».

Comment l’humour pouvait-il « se manifester à une époque qui ne s’y prête pas vraiment. Loin d’être mis de côté, l’humour dessiné devient souvent un palliatif à la morosité, une échappatoire face aux difficultés. Mais cet humour en dessins se montre aussi profondément mal intentionné. Il peut être un humour noir qui persécute. Le rire alors se fait jaune, blessant, humiliant ».

Dessins de la Drôle de guerre, de la Révolution nationale, du « Système D », des Stalags, de résistance, d’internés, de déportés, de la Libération, de mémoires… Ces dessins ont été créés par des artistes et des « inconnus qui ont choisi le crayon pour s’exprimer, pour raconter, pour fixer leur quotidien, pour résister, parfois même pour témoigner de leurs souffrances. Ces dessins sont souvent drôles, uniques, parfois touchants, marquants, terribles aussi ! Ces dessins originaux sont exposés ou reproduits sur 27 panneaux répartis en 9 séquences thématiques ».

Comment l’humour pouvait-il « se manifester à une époque qui ne s’y prête pas vraiment. Loin d’être mis de côté, l’humour dessiné devient souvent un palliatif à la morosité, une échappatoire face aux difficultés. Mais cet humour en dessins se montre aussi profondément mal intentionné. Il peut être un humour noir qui persécute. Le rire alors se fait jaune, blessant, humiliant ».

Si les dessins de la Révolution nationale « sont utilisés pour promouvoir les valeurs du nouveau régime, ils servent aussi à dénoncer et attaquer les ennemis désignés, ceux que Vichy nomme « l’Anti-France ». Ce sont les opposants, les Alliés, la France Libre et le général De Gaulle, les syndicalistes, les communistes, les francs-maçons et bien sûr les Juifs. Une véritable obsession antisémite se propage via le dessin. La caricature est utilisée car elle donne au public une certaine image; méchante et violente, elle influence les comportements et les sentiments. Une guerre psychologique s’engage ».

Un « tract antisémite représente le Juif avec des supposées caractéristiques physiques (nez crochu, lobes des oreilles pendants, lèvres épaisses, yeux globuleux). Vichy exploite le contexte économique très dur qui touche la population pour accuser les Juifs d’être des profiteurs ». Le dessin oppose d’une part un Juif replet, à la chevelure noire et à la bouche lippue, et d’autre part des femmes de tous âges, bourgeoises et domestique, qui font « d’interminables queues pour obtenir maigre pitance ».

« Pour Vichy, la IIIe République est responsable de la défaite. Les anciens représentants politiques sont la cible d’une intense propagande. Léon Blum, président du Front Populaire, fait figure de bouc-émissaire évident puisqu’il est aussi juif ». Le 8 août 1941, Gringoire, journal d’extrême-droite, a publié la caricature Les Innocents représentant Léon Blum en Blanche-Neige. L’un des nains est affublé d’un énorme nez.

« État policier par excellence, le régime de Vichy développe l’internement administratif, instauré dès la IIIe République. La zone non occupée se couvre de camps pour enfermer sans jugement des opposants et autres indésirables. En février 1941, la Haute-Garonne devient l’une des principales zones d’internement en France avec les camps de Noé (35 km au sud de Toulouse) et du Récébédou (Portet-sur-Garonne). Ils sont appelés officiellement des « camps hôpitaux » car ils sont censés accueillir des personnes âgées et infirmes parmi les étrangers « indésirables » internés dans le Sud-ouest de la France. Mais ce sont des camps « vitrines ». Le but est de détourner l’attention des autres camps d’internement de la région (Gurs dans les Pyrénées Atlantiques, le Vernet d’Ariège) aux conditions beaucoup plus dures. Pourtant, la situation se dégrade très vite. À Noé et au Récébédou, la famine et les maladies tuent. Lors des déportations de l’été 1942, ils deviennent des camps de transit pour les Juifs arrêtés avant leur déportation ».

Peintre allemand, Julius C. Turner témoigne en 1942 des déportations de Juifs dans son dessin Embarquement dans un camion.

Âgée de 19 ans à l’été 1942, Laurette Alexis-Monet elle arrive au camp du Récébédou, près de Portet-sur-Garonne. Bénévole à la C.I.M.A.D.E (Centre Inter Mouvements Auprès Des Évacués), elle « intervient dans les camps d’internement français. Au Récébédou, elle découvre l’horreur de ces camps, les conditions sanitaires épouvantables, et les déportations de Juifs. Le choc qu’elle ressent la fait entrer en résistance : elle décide de venir en aide aux internés juifs. Laurette y réalise aussi clandestinement des dessins. Ils livrent une vision singulière des camps, issue d’une personne extérieure, et non d’une internée ».

« C’est surprenant mais des éléments d’une vie artistique existent dans les camps de concentration. Poèmes, pièces de théâtre, objets sculptés et dessins sont produits par des déportés. Les conditions de création n’ont cependant rien à voir avec celles des stalags et des camps d’internement. Déportés résistants, déportés juifs ne sont plus considérés comme des êtres humains par les nazis. La déshumanisation est totale. Dès leur arrivée, ils sont dépouillés de tout ce qui fait d’eux des individus : vêtements, effets personnels, cheveux, identité. Les humiliations, la violence, la peur, la faim, la soif deviennent leur quotidien. Certains déportés, mais ils sont rares, parviennent à dépasser ces conditions extrêmes de survie. Ils prennent alors tous les risques pour créer, pour dessiner » clandestinement. « Il leur faut trouver du papier (emballages de colis, circulaires volées) et un crayon. Certains camarades aident à fournir ce matériel. Il faut le dissimuler aux yeux des kapos puisqu’il est interdit de garder des affaires sur soi. Il faut ensuite dessiner sans se faire prendre, en avoir le temps dans une journée accaparée par le travail, et surmonter l’épuisement. Enfin, ces dessins doivent être cachés, patiemment, parfois jusqu’à la libération du camp ».

« Entre joies et larmes, rires et émotions, cette exposition inédite souhaite résonner comme un clin d'œil à Charlie Hebdo et aux attentats de janvier 2015. Ainsi, un espace jeunesse clôture cette exposition en présentant deux projets de collégiens haut-garonnais qui ont rendu hommage à Charlie Hebdo en 2015 ». 

Le catalogue peut être téléchargé gratuitement sur le site Internet du musée.

Jusqu’au 8 juillet 2016
52, allée des Demoiselles. 31400 Toulouse
Tél. : 05 61 14 80 40 
Du lundi au vendredi de 9 h à 12 h et de 13 h 30 à 17 h 30

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Les citations proviennent du site du musée.

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