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jeudi 9 décembre 2021

Histoires de photographies. Collections du musée des arts décoratifs

Le Musée des arts décoratifs présente l’exposition « Histoires de photographies. Collections du musée des arts décoratifs ». Un « fonds patrimonial exceptionnel, riche de plus de 350 000 phototypes, rassemble des photographies de mode, d’architecture, de paysage, de décor, mais aussi publicitaires, allant des années 1840 aux créations les plus récentes ».
 

Avec le soutien des Friends of the Musée des Arts Décoratifs, le Musée des Arts Décoratifs « présente une exposition de ses collections de photographies, révélées pour la première fois au public. Ce fonds patrimonial exceptionnel, riche de plus de 350 000 phototypes, rassemble des photographies de mode, d’architecture, de paysage, de décor, mais aussi publicitaires, allant des années 1840 aux créations les plus récentes. »

« Histoires de photographies » retrace, à travers 400 tirages originaux et négatifs, un siècle et demi d’histoires photographiques immortalisées par de grands noms tels Eugène Atget, Laure Albin-Guillot, Dora Kallmus, plus connue sous le nom de Madame d’Ora, Man Ray, Cecil Beaton, Robert Doisneau, Bettina Rheims, David Seidner... »

« Chronologique et thématique, l’exposition dévoile la diversité des usages de la photo - politique, économique, juridique, artistique ou documentaire - et met en lumière les croisements, sensibles ou inattendus, avec les arts décoratifs. Elle offre ainsi un regard neuf sur le rôle de premier plan que le Musée des Arts Décoratifs a joué dans la reconnaissance de la photographie sur la scène artistique française. »

« Dès son origine en 1864, l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie aujourd’hui Les Arts Décoratifs – envisage la photographie comme un « art applique à l’enseignement et a la vulgarisation ». 

« Elle est alors considérée comme l’un des vecteurs les plus efficaces pour inspirer les ouvriers et artisans en plein contexte d’émulation artistique et économique. »

« Au temps des premières expositions d’arts industriels, l’institution produit ses propres photographies grâce au laboratoire qu’elle met en place en 1883 et appelle les photographes à rejoindre ses rangs afin de fournir des modèles, en vue de former le regard et d’éduquer par l’image. Au fil du temps, le musée et sa bibliothèque acquièrent des milliers de clichés ayant pour vocation de documenter les collections que les créateurs ont pu donner par ailleurs, à l’instar de la maison Fouquet ou Louis Sognot. »

« Au-delà des collections, c’est toute une politique d’expositions que la photographie nourrit tout au long du XXe siècle comme l’« Exposition des photographies de guerre » en 1916 ou l’« Exposition internationale de la photographie contemporaine » en 1936. »

« La programmation propose et accueille les premières rétrospectives françaises consacrées à Henri Cartier-Bresson (1955) ou à Jacques Henri Lartigue (1975). En 2021, le musée rend un nouvel hommage à la photographie mais cette fois à travers le prisme de sa propre collection. Six sections permettent d’en saisir la profusion et la variété : la quête des modèles, les vues de pays comme objet d’étude et d’inspiration, la photographie au service du patrimoine, l’utilité commerciale de la photographie exploitée par la presse et la publicité, la reconnaissance de la photographie et la photographie de mode. »

« Le parcours débute au commencement de l’histoire de la photographie dans le sillon des premières associations et institutions : la Société française de photographie voit le jour en 1854 et la Chambre syndicale de la photographie en 1862. Cette partie introduit le visiteur dans les premières images de ce milieu du XIXe siècle en rappelant leur vocation pédagogique pour les artistes et les artisans. L’acquisition de modèles photographiques – natures mortes mais aussi ornements ou figures – est alors au cœur des impératifs des institutions. »

« Le XIXe siècle est aussi une époque d’échanges et de mouvements. »

« Les expositions universelles, plus particulièrement a partir de 1867, invitent à découvrir le monde, cet « ailleurs » que l’on méconnait alors, et la photographie participe à ce phénomène. Les clichés pris à l’étranger ont nourri l’imaginaire des artistes et des décorateurs, autant que celui des collectionneurs. De l’Amérique du Sud à l’Asie en passant par l’Europe et la Méditerranée, les photographies témoignent de différents points de vue : colonial, touristique, ethnographique ou personnel. La photographie est également l’une des ressources les plus convoquées à l’heure où s’organise la protection des monuments. »

« En apportant un témoignage visuel de leur état et de leur transformation, elle joue un rôle essentiel à l’égard du patrimoine et de l’architecture à travers l’objectif d’Henri Le Secq ou de Charles Marville. »

« L’exposition entraine le visiteur dans les années 1920-1930, qui voient l’apparition progressive de la photographie publicitaire. Cette partie dévoile comment l’essor du modernisme photographique doit autant aux photographes eux-mêmes qu’aux graphistes, éditeurs et décorateurs, qui font entrer l’image dans les domaines de la vie quotidienne. L’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, qui se tient à Paris en 1925, est fondamentale pour le marché de la photographie et de l’édition. Certaines revues comme ensuite, accordent une place croissante a l’illustration photographique. Publiées dans ces revues, les cliches de Thérèse Bonney, Dora Kallmus ou Jean Collas jouent également un rôle de diffusion de modèles, contribuant au renouveau de la création et à l’évolution des goûts. »

« C’est également l’ambition de l’Union française des arts du costume (UFAC), créée en 1948, sous l’impulsion de François Boucher, qui rassemble un ensemble prestigieux de pièces de mode, textiles et de tirages dont la gestion est alors confiée au musée. »

« L’alliance de ces deux collections, dont l’accord est scellé en 1981, devient le socle de la mode du Musée des Arts Décoratifs. Le corpus photographique apporte un témoignage artistique et intime sur les figures les plus marquantes de la haute couture parisienne : Charles Frederick Worth, Madeleine Vionnet, Paul Poiret... Créateurs que les toutes récentes expositions « Harpers Bazaar. Premier magazine de mode » et « Le dessin sans réserve » ont mis en lumière. »

« Histoires de photographies » s’inscrit dans une programmation initiée en 2020 avec « Le dessin sans réserve », a la suite de « Faire le mur. Quatre siècles de papiers peints » en 2016, qui s’attache à faire découvrir au public toute la richesse de fonds restés longtemps dans l’ombre. »

« L’exposition révèle les contours d’un medium à part entière, ses personnalités fondatrices et ses expressions les plus surprenantes. »

« Sous la direction de Sebastien Quequet, attaché de conservation au Musée des Arts Décoratifs, le catalogue présente pour la première fois au grand public comme aux spécialistes la singularité de la collection de photographies du Musée des Arts Décoratifs à Paris. […] Il dévoile d’importants fonds photographiques d’auteurs méconnus comme Henri Bodin, Jean Collas ou Paul Henrot tout en invitant a redécouvrir les œuvres d’Eugene Atget, Henri Le Secq, Willy Ronis, Horst P. Horst ou Laure Albin Guillot. |…] Conçu pour mettre en lumière la diversité des approches et des usages de la photographie liée aux arts décoratifs et au-delà, cet ouvrage révèle la qualité d’une collection vaste et inédite à l’histoire particulière. Il a réuni une trentaine d’auteurs, conservateurs de musées ou spécialistes de chaque période et de chaque domaine. »

Extraits du catalogue

« Notre (autre) histoire de la photographie
Olivier Gabet, directeur du Musee des Arts Decoratifs
Les histoires de musées révèlent souvent des situations paradoxales, ainsi la photographie au Musée des Arts Décoratifs : angle mort dans son approche globale, omniprésente dans la constitution des collections, évanescente photographie, comme soluble dans l’air, partout et nulle part à la fois. 
Dès 1851, lors de l’Exposition universelle de Londres, Léon de Laborde en relève les premiers pas – la photographie n’est pas même adolescente – et chante les accomplissements déjà prometteurs, art industriel parmi les arts industriels, merveilleux levier de progrès des arts, technique nouvelle aux potentialités impressionnantes : diffuser l’image, multiplier la connaissance, arpenter le monde, le posséder en quelque sorte, portant les ferments propices à l’idée généreuse de ce qui deviendra bientôt l’Union centrale des beaux-arts appliqués à l’industrie, fondée en 1864, la matrice des futurs musée et bibliothèque des Arts décoratifs. Pour les critiques et les gens de métier, la photographie est alors une technique propre à exprimer les vertus de l’enseignement et de la vulgarisation.
De Londres à Vienne, elle devient un des cœurs battants des musées des arts décoratifs efflorant un peu partout en Europe. […]
Les collections remarquables du musée trouvent un écho puissant dans l’histoire même des expositions, une histoire un peu oubliée dans le souffle épique de l’avènement moderne d’autres musées qui ont attire une lumière que le musée des Arts décoratifs avait âprement défendue et transmise depuis sa fondation. […]
C’est de cette « métis photographique » (Eleonore Challine) que l’idée s’est faite peu à peu jour depuis 2016 de donner à la photographie la place qui lui revient sans conteste au sein du Musée des Arts Décoratifs, comme d’autres pans de ses collections, à l’exemple du domaine asiatique, de la Chine au Japon.
Apres ces « Histoires de photographies », qui tissent une autre histoire de la photographie en une rhapsodie inédite, il ne sera plus possible d’ignorer combien le musée et la bibliothèque des Arts Décoratifs ont contribué au rayonnement d’un domaine artistique en perpétuelle extension. »

« Entre ombre et lumière La photographie au musée et à la bibliothèque des Arts Décoratifs
Sebastien Quequet
La photographie et les arts décoratifs sont au milieu du XIXe siècle au centre des attentions dans le contexte de la révolution industrielle et de la concurrence internationale émergente. […]
Et si l’alliance de la photographie et des arts dits industriels pouvait changer la société en pleine mutation technologique et améliorer le quotidien de tous ? C’est sur ce champ des possibles, imprègne de saint-simonisme, que s’ouvre la relation entre les deux disciplines. Celles-ci ont de nombreuses similarités : elles sont alors en marge des systèmes académique et politique, n’ont ni musée ni école gérés par l’Etat, ni accès plein et entier au Salon des beaux-arts. Leurs associations professionnelles sont récentes la SFP est née en 1854, la Chambre syndicale de photographie (CSP) en 1862 et l’UCBAAI [Union centrale des beaux-arts appliques a l’industrie] en 1864 – et elles se lancent dans un long combat pour obtenir la reconnaissance de leur discipline. Elles craignent les progrès britanniques, à l’instar de toute l’industrie française depuis le traite de libre-échange avec l’Angleterre en 1860. Leur rapprochement se fait donc au nom d’ambitions artistiques, économiques et même sociales. […]
La Société du progrès de l’art industriel (SPAI), prédécesseur de l’UCBAAI, avait organisé en 1861 et en 1863 deux expositions des beaux-arts appliqués à l’industrie présentant déjà des photographies, mais la troisième édition en 1865 semble sceller un lien. […]
Le but de ces expositions est d’« offrir un asile temporaire aux œuvres que repoussent les jurys des expositions des beaux-arts, par la raison que des artisans ont du intervenir dans leur exécution ; leur associer les produits de l’industrie plus modestes dans lesquels les arts du dessin sont encore nécessaires ; fournir aux entrepreneurs des industries d’art l’occasion de se mettre directement en rapport avec le consommateur […] ; montrer les procédés anciens et nouveaux employés pour la reproduction des œuvres d’art, soit par la plastique, soit par l’impression ».
La photographie intègre donc la politique de l’UCBAAI sous l’angle de la diffusion.
Dans chacune de ses expositions, au sein du parcours, une section « Art appliqué à l’enseignement et à la vulgarisation » est destinée à accueillir ces techniques de reproduction et occupe le premier étage du palais de l’Industrie.
Mais derrière le terme « vulgarisation », dont l’apparition est récente, se cache une grande diversité de photographies.
L’intérêt du medium réside davantage pour certains dans ses usages possibles que dans les sujets qu’il saisit. […] »


Du 19 mai au 12 déc 2021
107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : +33 (0) 1 44 55 57 50
Ouvert du mardi au dimanche de 11h a 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h : seules les expositions temporaires et la galerie des bijoux sont ouvertes)
Visuel :
Affiche
Paul Henrot, Escalier de l’IRSID (Institut de recherche de la sidérurgie) à Saint-Germain-en-Laye, 1953, Négatif souple, Don Marcelle Henrot, 1987, Paul Henrot / DR. Photo : © MAD Paris / Christophe Dellière

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