Ilse Bing (1899-1998) est une photographe juive allemande, une photojournaliste ayant du fuir l’Allemagne nazie pour la France, puis les Etats-Unis. Elle a été pionnière dans la production d’images monochromes dans l’entre-deux-guerres. Dans le cadre de PhotoSaintGermain (6-23 novembre 2019), la galerie Alain Le Gaillard accueille une exposition lui rendant hommage. Vernissage le 5 novembre 2019 à partir de 18 h.
Ilse Bing est née en 1899, à Francfort-sur-le-Main, dans une famille juive bourgeoise aisée allemande.
Elle bénéficie d’une éducation intellectuelle et artistique approfondie.
Avec un Kodak, Ilse Bing effectue à l’âge de 14 ans son premier autoportrait.
A l’université, elle étudie en 1920 les mathématiques et se rend à Vienne pour y suivre des cours d’histoire de l’art.
En 1924, Ilse Bing débute des études doctorantes en architecture. Dans ce cadre, c’est en photographiant des immeubles que naît son intérêt durable pour la photographie.
En 1929, Ilse Bing acquiert son premier appareil photo Leica. Distribué par Leitz, produisant des images au format 24 x 36 mm, cet appareil présente maints avantages : 36 vues d’affilée, grande maniabilité, petite taille, profondeur du champ, film bon marché, éléments de contrôle placés au-dessus du viseur. Ilse Bing explore les possibilités de son Leica durant un séjour universitaire en Suisse. Elle sera fidèle à cet appareil pendant plus de vingt ans.
Dès 1930 elle effectue ses premiers reportages comme photo-reporter. Cette photojournaliste excelle dans la photographie architecturale, la publicité et la mode pour Le Monde illustré, Harper’s Bazaar et Vogue.
Ses relations dans l’avant-garde de Francfort l’incitent à aborder des sujets prisés par la Nouvelle Vision des années 1920 et la photographie humaniste.
Réputée pour ses perspectives audacieuses, ses recadrages innovants, son utilisation de la lumière naturelle et des lignes géométriques, Ilse Bing découvre un type de solarisation pour les négatifs distinct du procédé développé par Man Ray.
Elle se fait remarquer par son talent et pour être la seule à recourir à un Leica si sophistiqué. Ce qui lui vaut le surnom de « Reine du Leica » forgé par Emmanuel Sougez (1889-1972), photographe, critique et directeur des services photographiques de la revue L’Illustration.
En 1936, le Louvre organise sa première exposition sur la photographie moderne en y intégrant le travail d’Ilse Bing.
L’année suivante, Ilse Bing séjourne à New York où le Musée d’art moderne intègre son œuvre dans l’exposition « Photography 1839-1937 ». Elle épouse Konrad Wolff (1907-1989), pianiste et musicologue allemand né dans une famille d'éminents juristes.
La Deuxième Guerre mondiale et l’Occupation nazie de la France bouleversent la vie du couple de juifs allemands. Tous deux sont internés dans des camps dans le sud de la France.
Détenue pendant six semaines dans le camp de Gurs (Pyrénées) en 1940, Ilse Bing parvient à rejoindre son époux à Marseille. Après avoir attendu neuf mois des visas pour les Etats-Unis, le couple fuit la France en juin 1941 et se fixe à New York.
Konrad Wolff poursuit sa carrière de concertiste, de membre de groupe de musique de chambre, d’auteur de livres sur la musique et d’enseignant dans des Conservatoires et universités.
Ilse Bing poursuit plus difficilement sa carrière.
En outre, avant de quitter Paris, elle avait confié son œuvre photographique à un ami pour la préserver. Après la guerre, à sa demande, cet ami lui envoie ses photographies, mais, ne pouvant pas payer les droits de douane pour récupérer toute son œuvre, Ilse Bing en choisit une partie, et est contrainte d’abandonner l’autre.
En 1947, Ilse Bing prend conscience que sa nouvelle vie américaine a dynamisé son art, influant sur son style : à la douceur de ses clichés des années 1930 ont succédé des formes dures et des lignes claires.
Dès 1957, Ilse Bing expérimente la photographie en couleurs.
Mais elle semble se lasser de la photographie comme si elle avait exploré toutes les potentialités du huitième art. Elle se tourne vers l’écriture de poèmes, effectue des collages, dessine. Elle combine ses intérêts en associant mathématiques, mots et images.
Au milieu des années 1970, le Musée d’art moderne de New York acquiert et présente plusieurs photographies d’Ilse Bing. Ce qui suscite l’intérêt pour cette artiste à laquelle de nombreuses expositions sont consacrées.
En 1993, elle est victime d’un accident de voiture, et met un terme à sa carrière artistique brillante : ses photographies ont été publiées par les magazines les plus célèbres : Vogue, Harper's Bazaar, L'Illustration, Vu, Le monde illustré, Urbanisme, Mode à Paris, Arts et métiers graphiques, Adam.
Le MoMA (Musée d’art moderne) de New York (1976), le Victoria and Albert Museum, le musée des arts décoratifs (1936), la Wildenstein Gallery (1942), la New York Public Library (1943, 1951), le musée Carnavalet, le musée d’Orsay (2015-2016) lui ont consacré des expositions ou détiennent ses œuvres photographiques.
En 2009, lors d’une vente aux enchères à Drouot-Montaigne à Paris, les 286 photographies vintage d’Ilse Bing ont atteint des prix record mondiaux pour cette photographe.
Ilse Bing est l’une des trois photographes femmes portraiturées dans Drei Fotografinnen: Ilse Bing, Grete Stern, Ellen Auerbach, documentaire (Arte, ZDF, 1993) réalisé par le réalisateur berlinois Antonia Lerch.
Ilse Bing est l’une des trois photographes femmes portraiturées dans Drei Fotografinnen: Ilse Bing, Grete Stern, Ellen Auerbach, documentaire (Arte, ZDF, 1993) réalisé par le réalisateur berlinois Antonia Lerch.
Galeries Alain Le Gaillard et Le Minotaure
Dans le cadre de PhotoSaintGermain (6-23 novembre 2019), la galerie Alain Le Gaillard s’associe avec la galerie Le Minotaure et accueille une exposition lui rendant hommage.
"À partir de 1920, Ilse Bing fréquente l’Université de Francfort où elle étudie les mathématiques et la physique qu’elle abandonne finalement au profit de l’histoire de l’art, commençant en 1924 une thèse sur l’architecte néoclassique, Friedrich Gilly. C’est dans ce cadre qu’elle découvre la photographie : son premier appareil, un grand format Voigtländer, lui sert à illustrer ses recherches. En 1929, elle achète un Leica portatif avec laquelle commence sa carrière de photojournaliste indépendante. Elle contribue alors à Das Illustrierte Blatt, un supplément hebdomadaire illustré au journal de Francfort. À cette période, elle rencontre Mart Stam, un architecte du Bauhaus, qu’elle accompagne désormais en documentant ses projets. Stam l’introduit dans les milieux d’avant-garde de Francfort où elle rencontre El Lissitzky, Kurt Schwitters, Hannah Höch, et d’autres."
"À la fin des années 1930, Bing s’installe à Paris afin de pouvoir se retrouver au cœur du monde de l’art. Lors de sa première exposition en 1931, à la galerie La Pléiade, elle expose des prises de vue du cabaret du Moulin Rouge ; la même année, sa participation au 26e Salon international d’art photographique est remarquée par le critique d’art Emmanuel Sougez qui la nomme Reine du Leica : Ilse Bing est à l’époque la seule photographe professionnelle dans tout Paris, travaillant exclusivement avec un Leica 35 mm. Tout au long des années 1930, elle fréquente le Groupe Annuel des Photographes aux côtés de Lee Miller et André Kertész, apprend à photographier Paris la nuit et à utiliser des miroirs et des reflets pour créer des compositions dynamiques et complexes. Dans la chambre noire, elle expérimente les recadrages, des angles inhabituelles, les gros plans et les expositions multiples de ses photographies, parfois au point de devenir granuleuses. Son œuvre embrassant des portraits et des photographies de mode, d’architecture et de paysages, est proche à la fois du Bauhaus par l’abstraction, du surréalisme par sa poésie, et du mouvement moderniste (appelé Nouvelle Vision) par l’attention portée à la géométrie. L’une des photographies les plus connues de Bing est un autoportrait dans lequel le spectateur la voit de face, tenant un Leica à son œil et de profil dans un miroir stratégiquement placé".
"En 1931, elle rencontre Hendrik Willem van Loon, un écrivain américain d’origine néerlandaise basé à New York, qui devint son protecteur et facilite son entrée dans le monde de l’art américain. Il présente le travail de Bing au marchand d’art, Julien Levy, qui l’inclue dans sa galerie à l’exposition « Modern European Photography: Twenty Photographers » (1932). En 1936, Van Loon organise la visite de Bing aux États-Unis lors de l’ouverture de sa première exposition personnelle à la June Rhodes Gallery de New York. Bing passe trois mois en Amérique où sa réputation se consolide rapidement parmi les photographes (elle rencontre, entre autres, Alfred Stieglitz) et les critiques. Elle participe également à la présentation historique « Photography 1839-1937 », organisée par Beaumont Newhall au Museum of Modern Art".
"En 1937, Bing épouse le musicologue et pianiste Konrad Wolff, qu’elle avait rencontré en 1933. Tous les deux Juifs, ils quittent Paris en 1940, mais peu après sont internés dans des camps séparés dans le sud de la France. Ils se retrouvent à Marseille et finissent par pouvoir s’enfuir aux États-Unis en 1941. Bing réussit à emporter ses négatifs mais doit abandonner les tirages qui sont récupérés par un de ses amis et restent dans un entrepôt de la compagnie maritime en France jusqu’à la fin de la guerre. Bing essaiera par la suite de les récupérer, mais incapable de payer la totalité des frais de douane, elle doit faire un choix, et en laisser une partie."
"À New York, elle a de plus en plus de mal à vivre du photojournalisme, en raison notamment de la concurrence qui se développe de plus en plus. Dans les années 1950, elle se tourne d’abord vers la photographie couleur (utilisant un appareil photo grand format, un Rolleiflex), puis vers d’autres formes d’expression : poésie, dessin et collage."
"Sa réputation est en grande partie due à un regain d’intérêt pour son travail dans les années 1970. En 1976, une exposition personnelle a lieu à la Lee Witkin Gallery, à New York. Elle devient alors l’une des nombreuses artistes femmes oubliées ou éclipsées qui ont été redécouvertes par des chercheurs contemporains. À partir du milieu des années 1980, des publications et des expositions personnelles lui sont consacrées, dont la première a eu lieu en 1985 au New Orleans Museum of Art. Cette exposition redéfinit la place de Bing dans l’histoire de la photographie du XXe siècle."
"À partir de 1920, Ilse Bing fréquente l’Université de Francfort où elle étudie les mathématiques et la physique qu’elle abandonne finalement au profit de l’histoire de l’art, commençant en 1924 une thèse sur l’architecte néoclassique, Friedrich Gilly. C’est dans ce cadre qu’elle découvre la photographie : son premier appareil, un grand format Voigtländer, lui sert à illustrer ses recherches. En 1929, elle achète un Leica portatif avec laquelle commence sa carrière de photojournaliste indépendante. Elle contribue alors à Das Illustrierte Blatt, un supplément hebdomadaire illustré au journal de Francfort. À cette période, elle rencontre Mart Stam, un architecte du Bauhaus, qu’elle accompagne désormais en documentant ses projets. Stam l’introduit dans les milieux d’avant-garde de Francfort où elle rencontre El Lissitzky, Kurt Schwitters, Hannah Höch, et d’autres."
"À la fin des années 1930, Bing s’installe à Paris afin de pouvoir se retrouver au cœur du monde de l’art. Lors de sa première exposition en 1931, à la galerie La Pléiade, elle expose des prises de vue du cabaret du Moulin Rouge ; la même année, sa participation au 26e Salon international d’art photographique est remarquée par le critique d’art Emmanuel Sougez qui la nomme Reine du Leica : Ilse Bing est à l’époque la seule photographe professionnelle dans tout Paris, travaillant exclusivement avec un Leica 35 mm. Tout au long des années 1930, elle fréquente le Groupe Annuel des Photographes aux côtés de Lee Miller et André Kertész, apprend à photographier Paris la nuit et à utiliser des miroirs et des reflets pour créer des compositions dynamiques et complexes. Dans la chambre noire, elle expérimente les recadrages, des angles inhabituelles, les gros plans et les expositions multiples de ses photographies, parfois au point de devenir granuleuses. Son œuvre embrassant des portraits et des photographies de mode, d’architecture et de paysages, est proche à la fois du Bauhaus par l’abstraction, du surréalisme par sa poésie, et du mouvement moderniste (appelé Nouvelle Vision) par l’attention portée à la géométrie. L’une des photographies les plus connues de Bing est un autoportrait dans lequel le spectateur la voit de face, tenant un Leica à son œil et de profil dans un miroir stratégiquement placé".
"En 1931, elle rencontre Hendrik Willem van Loon, un écrivain américain d’origine néerlandaise basé à New York, qui devint son protecteur et facilite son entrée dans le monde de l’art américain. Il présente le travail de Bing au marchand d’art, Julien Levy, qui l’inclue dans sa galerie à l’exposition « Modern European Photography: Twenty Photographers » (1932). En 1936, Van Loon organise la visite de Bing aux États-Unis lors de l’ouverture de sa première exposition personnelle à la June Rhodes Gallery de New York. Bing passe trois mois en Amérique où sa réputation se consolide rapidement parmi les photographes (elle rencontre, entre autres, Alfred Stieglitz) et les critiques. Elle participe également à la présentation historique « Photography 1839-1937 », organisée par Beaumont Newhall au Museum of Modern Art".
"En 1937, Bing épouse le musicologue et pianiste Konrad Wolff, qu’elle avait rencontré en 1933. Tous les deux Juifs, ils quittent Paris en 1940, mais peu après sont internés dans des camps séparés dans le sud de la France. Ils se retrouvent à Marseille et finissent par pouvoir s’enfuir aux États-Unis en 1941. Bing réussit à emporter ses négatifs mais doit abandonner les tirages qui sont récupérés par un de ses amis et restent dans un entrepôt de la compagnie maritime en France jusqu’à la fin de la guerre. Bing essaiera par la suite de les récupérer, mais incapable de payer la totalité des frais de douane, elle doit faire un choix, et en laisser une partie."
"À New York, elle a de plus en plus de mal à vivre du photojournalisme, en raison notamment de la concurrence qui se développe de plus en plus. Dans les années 1950, elle se tourne d’abord vers la photographie couleur (utilisant un appareil photo grand format, un Rolleiflex), puis vers d’autres formes d’expression : poésie, dessin et collage."
"Sa réputation est en grande partie due à un regain d’intérêt pour son travail dans les années 1970. En 1976, une exposition personnelle a lieu à la Lee Witkin Gallery, à New York. Elle devient alors l’une des nombreuses artistes femmes oubliées ou éclipsées qui ont été redécouvertes par des chercheurs contemporains. À partir du milieu des années 1980, des publications et des expositions personnelles lui sont consacrées, dont la première a eu lieu en 1985 au New Orleans Museum of Art. Cette exposition redéfinit la place de Bing dans l’histoire de la photographie du XXe siècle."
« Ilse Bing, surnommée la Reine du Leica est une photographe d’avant-garde ainsi qu’une pionnière du photojournalisme. Elle est à la fois proche du Bauhaus par l’abstraction, du surréalisme par la poésie, et du mouvement moderniste appelé Nouvelle Vision par son attention à la géométrie. Son oeuvre rassemble portraits, photographies de mode, d’architecture et de paysages. Avec Brassaï, Man Ray, Florence Henri et Dora Maar, Ilse Bing contribua à faire de Paris la capitale de la photographie dans les années 1930. Après des études de mathématiques puis d’histoire de l’art à Francfort et à Vienne, elle aborde la photographie en autodidacte dès 1923. Elle débute comme photojournaliste et se fait rapidement une place dans la presse et les magazines illustrés : dès 1929, elle travaille pour le Das Illustrierte Blatt. Ses images sont aussitôt exposées et publiées dans de nombreux magazines comme Vu, Arts et métiers graphiques, L’Art vivant ou Harper’s Bazaar. Elle participe ainsi pleinement à l’âge d’or du magazine illustré, en capturant la ville et ses habitants en conservant sa sensibilité dans un style pourtant très contemporain », résume Anne Reverseau.
A la Galerie Alain Le Gaillard
19, rue Mazarine. 75006 Paris
Tél. : 01 43 26 25 35
Visuels :
Ilse Bing
Paris, People at night, 1933
vintage silver gelatin print
22,3 x 28,4 cm
courtesy Gilles Peyroulet & Cie, Paris
Ilse Bing
Mains de Catherine, 1949
Tirage gélatino-argentique d'époque
32x26 cm
Ilse Bing
Paris, People at night, 1933
vintage silver gelatin print
22,3 x 28,4 cm
courtesy Gilles Peyroulet & Cie, Paris
Ilse Bing
Mains de Catherine, 1949
Tirage gélatino-argentique d'époque
32x26 cm
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