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mardi 10 avril 2018

« M le maudit » de Fritz Lang

« M le maudit » (M - Eine Stadt Sucht Einen Mörder) de Fritz Lang demeure un chef d’œuvre du cinéma allemand réalisé dans une république de Weimar marquée par la crise économique et la montée du nazisme. Arte diffusera le 11 avril 2018 à 23 h "Histoires de cinéma - La passion du fait divers" (Kinogeschichten - ... aus dem wahren Leben), documentaire par Florence Platarets (France, 2013, 53 min.)

« Dès le premier instant de ma carrière cinématographique, j'ai toujours tenu le cinéma pour l'art de notre temps et dans ce sens il est logique que le cinéma doive refléter son temps. Lorsqu'en 1922, j'ai tourné le premier « Mabuse », je l'ai appelé « Un tableau de notre temps »... et je crois que chacun de mes films est, d'une certaine manière, un tableau de son temps », a expliqué Fritz Lang.

Et ce réalisateur d’ajouter  : « Je suis profondément fasciné par la cruauté, la peur, l’horreur et la mort. Mes films montrent ma préoccupation à l’égard de la violence, la pathologie de la violence ».

M le maudit
Fritz Lang (1890-1976) naît dans une famille de la haute bourgeoisie viennoise catholique. Sa mère est d’origine Juive. Doué pour le dessin et la peintre, Fritz Lang s’intéresse enfant aux récits d’aventure, à la littérature fantastique, aux intrigues policières… Il entame en 1908 un tour du monde qui s’achève en 1913. Puis, après un séjour en Belgique où il découvre le cinéma, il débute une carrière difficile d’artiste peintre à Paris. 

Pendant la Première Guerre mondiale, il combat pour l’empire austro-hongrois, est blessé – il perd son œil droit -, distingué par des décorations militaires, et écrit des histoires. Dès 1917, il rédige des scénarios. 

Deux ans plus tard, il intègre la société de production cinématographique allemande (Deutsche Eclair) comme scénariste, puis comme réalisateur de films à succès. Il rencontre Théa von Harbou, scénariste qu’il épouse. Il s’affirme comme un des plus talentueux réalisateurs allemands dans les années 1920 - Les Trois Lumières (Der müde Tod, 1921), Docteur Mabuse le joueur (Dr Mabuse, der Spieler, 1922), Les Nibelungen (Die Nibelungen, 1924), Metropolis (1926), La Femme sur la Lune (Die Frau im Mond, 1929) – en contribuant à forger le style expressionniste.

Réalisé en 1931 sur un scénario de Thea von Harbou, et sous la république de Weimar affaiblie par la crise économique de 1929, M le maudit  est le premier film parlant de Fritz Lang. C’est aussi son film préféré. Fritz Lang a déclaré qu’il l’avait réalisé pour « alerter les mères des risques de négliger leurs enfants ». Dans ce thriller, il recourt à l’ellipse, à l'humour par un montage astucieux.

En 1931, « dans une grande ville de l'Allemagne en crise », vraisemblablement Berlin, un « tueur assassine les petites filles. Il vient de faire une nouvelle victime... Toute la presse ne parle que de ça. Deux policiers écument les bas-fonds, essayant en vain de le démasquer. Gêné dans ses affaires par l'enquête en cours, le syndicat du crime s’organise afin de mettre fin aux agissements du meurtrier maniaque... »

« L’une des œuvres maîtresses de Lang et l'un des plus grands films de l’histoire du cinéma. Prémonitoire, d'une modernité absolue, il décrit le malaise d'une société à travers la traque d'un tueur en série ». Il associe aussi un thème musical, In the Hall of the Mountain King d’Edvard Grieg, au personnage du meurtrier. Et c’est Fritz Lang qui siffle cet air. Un réalisateur qui expliquait la haine qu’il suscitait à Hollywood par son perfectionnisme.

Initialement intitulé Mörder unter uns (Les assassins sont parmi nous), suggérant la violence contre les enfants sans la montrer, M le maudit est « aussi sans doute le premier film policier moderne : Lang s'inspire des faits divers de l'époque, se renseigne sur les méthodes de la police criminelle, interroge des psychiatres sur les tueurs en série ». 

« Thème majeur du film, l'alliance objective de la police et de la pègre montre des personnages aux pulsions ambiguës, souvent sadiques, les rouages d'une machine oppressive qui opère dans toutes les couches de la société. M est le grain de sable qui enraye cette mécanique infernale. Flics et truands sont forcés à une union sacrée contre son anormalité et sa folie, sa différence ».

Lorsque « la normalité tout entière se précipite dans le lynchage, on discerne au sein de cette foule hurlante les ferments d'un nazisme encore larvé, la silhouette vêtue de cuir d'un accusateur, comme si Lang, dans un accès de fièvre prémonitoire, avait pointé la tragédie à venir. Contrairement aux vices sociaux de la pègre, la folie de M n'a ni responsable ni remède. Le mal absolu est encore à venir : il ressemblera à ces justiciers ».

En 2010, M le maudit a figuré au 33e rang de la liste des cent meilleurs films au monde du magazine Empire.

Fritz Lang, le démon en nous
Arte diffusa le 1er mai 2017 Fritz Lang - Le démon en nous (Fritz Lang - Der Andere in uns), de Gordian Maugg et Alexander Häusser. "Comment Fritz Lang s’est immergé dans l’affaire du célèbre tueur en série Peter Kürten, avant de s’en inspirer pour "M le maudit", son premier long métrage parlant. Un film qui explore la part d’ombre du génial cinéaste.

"Düsseldorf, 1929. Un tueur en série massacre au marteau et aux ciseaux hommes, femmes et enfants, plongeant la cité rhénane dans la terreur. Traqué par la police, "le vampire de Düsseldorf" ne tarde pas à obséder Fritz Lang, maître du cinéma muet, en proie à une crise artistique à la veille de son passage au parlant. Avec la complicité du commissaire Ernst Gennat, l’auteur de Metropolis, fasciné par le mal, s’immerge alors pendant près d’un an dans l’enquête, n’hésitant pas à se rendre lui-même à la morgue pour découvrir l’état des victimes, jusqu’à l’arrestation de l’assassin, le désormais célèbre Peter Kürten. Une expérience qui nourrira le chef-d’œuvre à venir et premier film parlant du cinéaste, M le maudit".

"Dans un noir et blanc hommage au cinéma expressionniste de Fritz Lang, le film reconstitue le trouble compagnonnage entre le meurtrier insaisissable et le cinéaste au monocle, lequel suit les traces macabres de l’autre, non sans une certaine volupté".

"À travers le fait divers, il explore aussi le processus de création à l’œuvre. Car Fritz Lang, radiologue implacable des passions du corps et de l’âme, flaire le monstre pour mieux capter le "démon en chacun de nous", quand l’Allemagne de l’entre-deux-guerres sombre dans la tentation nazie, à laquelle la compagne et scénariste du réalisateur, Thea von Harbou, bientôt succombera. Un portrait sans concession du génial cinéaste, incarné par l’acteur Heino Ferch avec une formidable ambiguïté".

La passion du fait divers
Arte diffusa le 11 avril 2018 à 23 h "Histoires de cinéma - La passion du fait divers" (Kinogeschichten - ... aus dem wahren Leben), documentaire par Florence Platarets (France, 2013, 53 min.)

"Des crimes de Jack l’éventreur aux tragédies du quotidien, les faits divers traversent toute l’histoire du cinéma. Au tournant des années 1930, Alfred Hitchcock avec The Lodger (1929) puis Fritz Lang avec M le Maudit (1931) sont les premiers à mettre en scène la figure énigmatique du tueur en série, l'incarnation du mal par excellence. Après eux, bien d’autres cinéastes vont exploiter le filon des affaires criminelles ou des tragédies collectives, comme Charlie Chaplin, avec Landru, dans Monsieur Verdoux ou Giuseppe De Santis, qui revient dans Onze heures sonnaient sur l’effondrement d’un escalier où des dizaines de chômeuses italiennes patientaient pour décrocher un travail. Autant de drames qui révèlent la monstruosité des hommes, d’une époque ou les zones d’ombre d’une société".

"Dans ce volet d’Histoires de cinéma, Frédéric Bonnaud interroge des cinéastes, français et étrangers qui ont choisi de s’emparer de crimes édifiants : Nicole Garcia (L'adversaire), Laurent Cantet (L'emploi du temps), Cédric Anger (La prochaine fois je viserai le cœur), Joachim Lafosse (À perdre la raison), Luc et Jean-Pierre Dardenne (L'enfant), Romuald Karmakar (L'homme de la mort). Complété par une mise en perspective de l’historien du cinéma Roberto Turigliatto sur le néoréalisme italien d’après-guerre et ponctué d’extraits de films, ce numéro fait aussi la part belle aux archives d’entretiens avec de grands noms du cinéma mondial, comme Fritz Lang et Luchino Visconti".

    
Fritz Lang - Le démon en nousde Gordian Maugg et Alexander Häusser
NFP, Allemagne, 2012
Avec :Heino Frech, Thomas Thieme, Samuel Finzi, Johanna Gastdorf, Lisa Friederich, Michael Mendl, Jens Kipper, Philippe Baltus
Sur Arte le 1er mai 2017 à 22 h 35

« M le maudit  » par Fritz Lang
Nero-Film AG , 108 min
Auteur ! Egon Jacobson
Image : Fritz Arno Wagner
Montage : Paul Falkenberg
Musique : Edvard Grieg
Scénario:  Thea von Harbou, Fritz Lang
Producteur : Seymour Nebenzal
Avec Peter Lorre, Ellen Widmann, Inge Landgut, Otto Wernicke, Gustaf GründgensTheo Lingen, Theodor Loos, Georg John, Ernst Stahl-Nachbaur, Paul Kemp, Friedrich Gnaß, 
Fritz Odemar, Franz Stein, Rudolf Blümner, Karl Platen, Rosa Valetti
Sur Arte les 2 décembre à 20 h 55 et 4 décembre 2015 à 1 h 20

Visuels
© ARD/Degeto


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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 1er décembre 2015, puis le 28 avril 2017.

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