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mercredi 4 octobre 2017

L’enfant et la photographie


Dans le cadre du Mois de la photo à Paris, la Galerie des bibliothèques de la Ville de Paris a présenté l’exposition éponyme. Près de 250 livres et photographies ont retracé l'histoire de la photographie, de la représentation de l'enfant dans la photographie, et de l'insertion des clichés dans les livres pour la jeunesse. Les 20e Rendez-vous de l'Histoire à Blois proposent le 6 octobre 2017, en Carte blanche aux Archives de France, la conférence de Marc DURAND, Secrétaire de documentation, Département du Minutier central des notaires de Paris / Archives nationales, intitulée Le brevet d'invention, de son dépôt à sa cession : l'exemple de la photographie
 

« Ce qui m’étonne le plus devant tous ces visages d’enfants, ce n’est ni la joie, ni la colère, ni la tristesse, qu’expriment les uns et les autres, mais, sous ces masques divers, les traits essentiels, permanents, qui annoncent déjà le caractère de l’homme. Mais interroger ainsi ces visages de bambins est un jeu qui risque d’être décevant, car cela revient à procéder par analogie avec les visages des adultes. » Marcel Aymé, préface d’Enfants d’Ergy Landau, (éditions O.E.T., Paris, 1936).



« Première exposition d’envergure, au niveau international sur ce thème », l’Enfant & la Photographie souligne « l’évolution de la représentation de l’enfant et de la place de la photographie d’auteur dans les livres qui lui sont destinés au cours du temps ».


Depuis plus d'un siècle et demi, la photographie est admise dans le livre. Longtemps, elle n'a été utilisée que pour son rôle documentaire. Au « service de l’archéologie, de l’ethnographie, de la sociologie, elle est d’abord utilisée comme gage de véracité et d’objectivité ».

Aux Etats-Unis puis en France, elle sert de grandes causes sociales et humanitaires, mais est aussi utilisée à des fins de propagande au fur et à mesure de la prise de conscience de « sa force et de son pouvoir sur les esprits ». Elle sert aussi des visées commerciales via la publicité. Le premier « Bébé Cadum » photographié fut... Maurice Obréjan (1924-2017). Né dans une famille juive modeste - père roumain et  mère polonaise -, ce Français juif est déchu de sa nationalité par le régime de Vichy lors de la Seconde Guerre mondiale. Résistant à 17 ans, il est arrêté en 1942. Déporté avec toute sa famille, il en est le seul survivant. Décoré plusieurs fois après guerre pour des actes de résistance, il exerça la fonction de directeur commercial. 

La photographie "fut aussi considérée durablement comme illustrative plutôt que narrative par les éditeurs pour la jeunesse, à l’exception de quelques novateurs". Quant aux pédagogues, bibliothécaires, critiques, et parents, ils étaient persuadés "qu’elle ne pouvait pas nourrir l’imaginaire des enfants, au contraire du dessin. Il lui a fallu lutter pour s’imposer comme « autorité » face au texte ».

La "reconnaissance de la photographie comme un des beaux-arts a favorisé les relations entre écrivains et photographes, sans toutefois faire totalement disparaître l'idée d'une image pauvre, la photographie continuant d'être assimilée à un document plutôt qu'à une œuvre d'art. Les images photographiques ont souffert de leur prétendue véracité... »

Plus de 250 documents – livres et tirages photographiques originaux, dont un grand nombre proviennent de la bibliothèque l’Heure joyeuse, bibliothèque spécialisée de la Ville de Paris créée en 1924 grâce à l'aide américaine du Book Commitee on Children's Libraries et nichée rue Boutebrie, dans le quartier latin, près du cloître de l’église Saint Séverin, à Paris - du XIXe à nos jours sont réunis dans cette exposition qui évoque « la thématique de l’enfant et la photographie sous trois aspects :

– l’enfant photographié – de l’intime album de famille, aux mises en scène dans des studios, en passant par des portraits d’enfants dans la guerre ou au service de la propagande. Du bébé au préadolescent. Célèbre ou anonyme, l’enfant est un modèle privilégié du photographe et une source d’inspiration. Les photographies des enfants sont révélatrices de leur statut dans la société et à toutes les époques ;

– l’enfant et ses « photo-livres » – « du tout premier livre publié en 1846 jusqu’à l’explosion des collections de livres illustrés par des photographes créateurs dans les années 1990 dans tous les genres : fiction, albums et documentaires. » Introduite dans les magazines et les livres dès la fin du XIXe siècle, la photographie demeurait « dans les espaces ménagés dans la continuité du texte ». Créée en 1927 par les éditions Gallimard, Lucien Vogel et Charles Peignot, la revue Arts et métiers graphiques joue un rôle important en allouant une place majeure à la photographie. P »armi ses collaborateurs, nombreux seront les photographes qui publieront des livres pour les enfants aux éditions Arts et Métiers graphiques. Leurs « beaux livres », proches de la bibliophilie et aujourd’hui très recherchés, feront naître un engouement qui ne cessera de croître ». Les « photos-livres » « révèlent tout le pouvoir de la magie de la photographie ». Dans l »es albums d’apprentissage pour les plus petits – imagiers, abécédaires, livres à compter – les objets du quotidien se transforment en objets d’art. Dans l’énorme production des livres animaliers – l’ours remportant la palme – les animaux, qu’ils soient habillés ou « en tenue d’animal », deviennent inoffensifs et familiers. L’art de la photographie alliée de l’imagination sans bornes des artistes raconte des histoires. La macrophotographie fait éclore les bourgeons au fil des pages. Les photomontages nous font voyager dans une ampoule électrique et leurs images oniriques nous font pénétrer dans l’univers du conte. Rien de plus magique que d’animer poupées, marionnettes, fruits et légumes, avec d’éblouissantes mises en scène et d’habiles collages qui nourrissent l’imaginaire » ;

– l’enfant photographe – photographies prises par les enfants au cours d’ateliers avec des photographes : en Palestine, à l’école de la Julienne à Paris, avec les pictogrammes des enfants de La Palmeraie à Marrakech ». A l’instar de « travail de Rodchenko qui lui-même, avec sa femme Stepanovna, a découpé-collé du papier pour fabriquer ses animaux, les photographier et les filmer ».

Quand on se pique d’histoire, il serait bon de préciser de quelle « Palestine » il s’agit. « Au cœur de conditions dramatiques, un photographe a réussi à créer une situation où l’énergie, l’intelligence et la sensibilité d’adolescents palestiniens se sont manifestées librement dans une mise en forme d’un regard propre sur leur existence », indique le dossier de presse. Pourquoi cet intérêt exclusif de Françoise Lévêque et d'Hélène Valotteau, commissaires de l'exposition, pour les « adolescents palestiniens » ?

« La projection du film Les Voyageurs ordinaires, fruit d’un atelier avec des élèves de 4e de la Courneuve, nous invite à découvrir les territoires partagés ou intimes, un regard posé sur leurs villes, leurs amis, leurs familles, révélant quelques parcelles de leurs univers ».

Car, comme Dans l’atelier du photographe au musée Bourdelle, cette exposition « retrace l’histoire de la photographie et ses enjeux à travers ses différents supports - daguerréotype primitif avant 1848, plaque de verre, cartes de visites… et ses grandes époques - photo humaniste, du quotidien, réaliste… »

Les artistes : Edward Steichen, André Kertesz, Léon Gimpel, Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Ergy Landau, Laure Albin Guillot, Dominique Darbois, Sarah Moon, Karel Capek, Emmanuel Sougez, Pierda, Ylla, Piet Maré, Tana Hoban, Kathy Couperie, Claire Dé, Bogdan Konopka, Bruno Boudjelal, et beaucoup d’autres.

Les enfants peuvent lire dans une cabane environ 200 livres de photos (rééditions, éditions contemporaines).

Les 20e Rendez-vous de l'Histoire à Blois (4-8 octobre 2017), dont le thème est EURÊKA Inventer, Découvrir, Innover, proposent le 6 octobre 2017, en Carte blanche aux Archives de France, la conférence de Marc DURAND, Secrétaire de documentation, Département du Minutier central des notaires de Paris / Archives nationales, intitulée Le brevet d'invention, de son dépôt à sa cession : l'exemple de la photographie. "Tout au long du XIXe siècle, l’antériorité de la propriété intellectuelle d’une invention se manifeste lors d’un dépôt auprès d’un organisme public reconnu. Le domaine de la photographie n’échappe pas à ce dispositif. Ces documents techniques et descriptifs sont aujourd’hui le plus souvent conservés soit au service des archives de l’Académie des sciences, soit à la Société d’encouragement à l’industrie nationale, soit, surtout, à l’Institut national de la propriété industrielle [INPI]. Les Archives nationales possèdent également un fonds particulièrement précieux pour l’histoire des sciences. Au travers du Minutier central des notaires de Paris, c’est une grande part de la vie économique et sociale des inventeurs qui s’éclaire grâce à la cession des brevets de leurs inventions. Le domaine de la photographie est, en cela, un excellent terrain d’expérimentation en matière de dépôts et de cessions de brevets d’invention".


Jusqu’au 17 février 2013
22, rue Malher. 75004 Paris
Tél. : 01 44 59 29 60
Du mardi au dimanche de 13 h à 19 h
Visuels :
Affiche
© Patrice Normand / Temps Machine

Andre Kertesz
© Ministère de la culture-médiathèque du Patrimoine. Dist. RMN – Grand Palais

© Robert Doisneau / Gamma Rapho.
Cliché biliothèque l'Heure Joyeuse/Parisienne de photographie

© Pierda / Bibliothèque l'Heure Joyeuse /
Roger-Viollet

Xie Kitchin en marchande de thé, vers 1880. Lewis Carroll
© RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) /Hervé Lewandowski

 
 
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Les citations proviennent du communiqué de presse. Cet article a été publié le 16 février 2013.

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