Le musée des Arts décoratifs propose l’exposition « Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman ». Fils d'un sculpteur du roi, « figure majeure du renouvellement artistique du début du XVIIIe siècle », Nicolas Pineau (1684-1754), sculpteur ornemaniste et architecte, a été un des inventeurs du style rococo, de la rocaille française. Adepte d’une asymétrie mesurée, jouant subtilement des pleins et des vides, il s’est illustré dans des domaines aussi divers que la boiserie, la sculpture des façades, l’architecture, l’estampe, le mobilier, l’orfèvrerie… Il a œuvré à Saint-Pétersbourg (ornement du domaine de Peterhof) à l’appel du tsar Pierre Ier en 1716, et à Paris pour le roi Louis XV (1715-1774) et la noblesse. L’exposition « explore les évolutions du style rococo, de son émergence à ses résurgences dans le design et la mode contemporaine, en passant par l’Art nouveau et l’art psychédélique. En confrontant des dessins pour la plupart exposés pour la première fois à des pièces de boiseries et des objets de la collection du musée, elle propose une plongée inédite dans la fabrique de l’art rocaille. »
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« Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman »
« Les dessins présentés dans l’exposition sont issus du fonds d’atelier de Nicolas Pineau, qui a été conserve dans sa descendance jusqu’à la fin du XIXe siècle. Une importante partie de ce fonds a alors été achetée par l’Union centrale des Arts décoratifs (ancêtre du musée des Arts décoratifs). D’une très grande variété typologique, ces dessins offrent un point de vue exceptionnel sur les modes de conception et de réalisation du décor sous l’Ancien Régime. Leur confrontation avec les œuvres de Nicolas Pineau donne à voir la complexité des procédés mêmes de la création. Une salle de l’exposition est consacrée à ces pratiques d’atelier. »
« La ligne fouettée d’un Majorelle résonne avec les courbes asymétriques des créations de Mathieu Lehanneur ou de Pierre Renart. Vivienne Westwood, comme Cindy Sherman, se jouent de la préciosité rococo, à l’instar de Tan Giudicelli qui orne une robe a la façon d’une commode rocaille. Chez Royere, la nature reprend ses droits : le décorateur transforme en lianes des luminaires. »
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Mouvement artistique s'étant épanoui dans l'Europe du XVIIIe siècle, le style rococo s'est décliné dans l’architecture, les arts décoratifs, la peinture (Watteau, Boucher) et la sculpture. Après un essor en France de 1715 à 1780, il séduit le Saint-Empire romain germanique, puis l'Europe du Sud (Savoie, Italie, Espagne, Portugal), dans le sillage du mouvement baroque.
Selon Delécluze, le terme « rococo » fut inventé, vers 1797, en dérision par Pierre-Maurice Quay, élève de Jacques-Louis David. Il serait forgé en associant le terme français "rocaille", qui désigne une ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles et la forme incurvée de certains coquillages, et le mot portugais barroco : « baroque », "perle irrégulière", "bizarre". Longtemps dédaigné, il est admis par les historiens de l'art au milieu du XIXe siècle, et constitue une catégorie spécifique - le style rocaille est utilisé pour caractériser la France où il émerge sous la Régence et a son apogée sous le règne du roi Louis XV (1715-1774), vers 1745, où il se substitue au classicisme, considéré alors "trop solennel et formel, voire lourd", d'une partie du règne de Louis XIV. Le style rocaille, une des sources du rococo, s'est distingué du rococo d'autres pays européens pour avoir été essentiellement recouru dans les arts décoratifs, et quasi-absent de l'architecture. Le style rococo correspond à une période historique, la Régence et le règne de Louis XV : l'aristocratie et surtout la bourgeoisie quittent Versailles pour vivre à Paris, et prisent la liberté et la légèreté, aspirent au renouveau... Critiqué par certains pour sa superficialité, son mélange d'éléments naturels disparates, il a été supplanté par le style néo-classique sous le règne du roi Louis XVI.
Le « rococo séduit par la liberté de son dessin et sa légèreté. Il se distingue par le traitement de l’espace et de la lumière. Les salles de réception sont de véritables scènes de théâtre : les architectes et les artistes y jouent avec les effets d’illusion. Contrairement aux anciennes compositions figées, ils cherchent à exprimer le mouvement et la dilatation de l’espace. Le rococo séduit aussi par la liberté de son dessin et sa légèreté. Il se distingue par le traitement de l’espace et de la lumière. Les salles de réception sont de véritables scènes de théâtre : les architectes et les artistes y jouent avec les effets d’illusion. Contrairement aux anciennes compositions figées, ils cherchent à exprimer le mouvement et la dilatation de l’espace ».
« L’ornement joue un rôle particulièrement important dans cette recherche : à l’extérieur comme à l’intérieur, du plancher au plafond, du sol au toit, l’architecture est envahie de sculptures (sur tous supports), dorures et peintures. Insérés entre les panneaux de lambris, les miroirs démultiplient et amplifient les pièces. Les ornemanistes (artisans spécialistes des ornements) puisent une grande part de leur inspiration dans la nature pour laquelle s’exprime un amour de plus en plus fort. Les scènes mythologiques et les figures exotiques (“chinoiseries”, motifs orientaux…) complètent ce décor envahissant qui traduit aussi parfois une certaine “horreur du vide”.
« On met tout en S » : c’est ainsi que Charles Nicolas Cochin décrit l’art de son temps en 1755. D’emblée, le rococo apparaît comme un défi au « bon goût ». Il est singulier, asymétrique, bizarre, sinueux, boursoufflé, capricieux. Il puise dans les exubérances du baroque la possibilité nouvelle de créer des formes fantaisistes. L’art rocaille est l’esthétique d’une aristocratie qui, après le long déclin de Louis XIV, entend vivre loin de la pompe versaillaise. Il prend le nom de rococo en s’étendant à l’Europe entière. »
« Au-delà des différences individuelles ou locales, le rococo se caractérise par le jeu de la courbe et du hasard, l’amour du contraste et de l’asymétrie, le règne de la nature et de l’hybridation, le rêve des lointains. »
Du sculpteur ornemaniste Nicolas Pineau (1684-1754), pionnier du rococo avec les architectes décorateurs et ornemanistes - décorateurs d'intérieurs actuels - Gilles-Marie Oppenord et Juste-Aurèle Meissonnier, "disciple en architecture de Jules Hardouin-Mansart et de Germain Boffrand, ayant suivi les cours de l’Académie de Saint-Luc et bénéficié des enseignements du sculpteur Antoine Coysevox", ses contemporains disaient qu’il a inventé « le contraste dans les ornements ».
« La première moitié de sa carrière, entre la couronne de France et celle de Russie, est marquée par l’esprit des décors louis-quatorziens, denses, architecturés et symétriques. À son retour à Paris vers 1728, il travaille essentiellement pour des commanditaires privés. Il développe alors une esthétique du contraste, jouant des pleins et des vides, comme de l’asymétrie, parfois jusqu’à l’abstraction. Diffusées par la gravure, ses œuvres marquent considérablement les arts décoratifs européens. Condamné avec le rococo par la mode naissante du néoclassicisme, Pineau tombe dans l’oubli jusqu’à la redécouverte de son fonds de dessin, à la fin du XIXe siècle. »
Le musée des Arts décoratifs « propose une exposition inédite consacrée au style rococo. Cette « exposition célèbre la restauration d’un fonds unique au monde de près de 500 dessins issus de l’atelier du sculpteur Nicolas Pineau (1684-1754), l’un des plus importants propagateurs du style rocaille, que l’Europe adopte sous le nom de rococo. Adepte d’une asymétrie mesurée et d’un subtil jeu de pleins et de vides, Nicolas Pineau s’illustre dans des domaines variés : boiserie, sculptures ornementales, architecture, estampe, mobilier ou orfèvrerie. La présentation de cette figure majeure du rococo se prolonge dans un atelier qui plonge le visiteur au cœur de la fabrique d’une boiserie rocaille. Asymétries, sinuosités, rêves de Chine et imaginaires animaliers illustrent les infinies variations du style rococo. Enfin, du XIXe au XXIe siècle, cette esthétique trouve de nombreux échos, du néo-style aux détournements les plus inattendus et ludiques. »
« Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman » explore les évolutions de ce style, de son émergence au début du XVIIIe siècle jusqu’à ses résurgences dans le design et la mode contemporaine, en passant par l’Art nouveau et l’art psychédélique. »
« Près de 200 dessins, mobilier, boiseries, objets d’art, luminaires, céramiques, et pièces de mode dialoguent dans un jeu de courbes et de contre-courbes. Nicolas Pineau et Juste Aurèle Meissonnier côtoient Louis Majorelle, Jean Royère, Alessandro Mendini, Mathieu Lehanneur, mais aussi les créateurs de mode Tan Giudicelli et Vivienne Westwood, et l’artiste Cindy Sherman. »
Dans l'exposition, une vidéo (9'53") offre « une démonstration du travail de sculpture sur une traverse de boiserie, d’après Nicolas Pineau. » Magnifique.
« Le commissariat est assuré par Bénédicte Gady, directrice des musées par intérim, Turner Edwards, doctorant, et François Gilles, doctorant et sculpteur. »
Avec le soutien du Directors Fund, de la fondation Tavolozza, tout particulièrement de Katrin Bellinger, de Jérémie et Guyonne Delecourt, d’Hubert et Mireille Goldschmidt, de la galerie Steinitz, de Lionel et Ariane Sauvage, des membres du Cercle des Arts graphiques, ainsi que du Service des Musées de France.
Une « importante monographie consacrée à Nicolas Pineau est publiée par le musée des Arts décoratifs et les éditions Le Passage, parallèlement à cette exposition. »
Figure du rococo. Nicolas Pineau, entre Paris et Saint-Pétersbourg
« D’abord connu pour son œuvre gravée, Nicolas Pineau est appelé en 1716 en Russie, ou il devient premier sculpteur puis premier architecte de Pierre le Grand. Pour le tsar, il dessine de nombreux projets de décors, jardins, monuments et édifices, participant activement aux grands chantiers qui transforment Saint‑Peters bourg en capitale d’un nouvel empire et Peterhof en une nouvelle Versailles. »
« De retour à Paris en 1728, Pineau souhaite poursuivre sa carrière d’architecte, mais c’est en tant que sculpteur qu’il excelle et se distingue auprès de ses contemporains. Il travaille principalement pour la noblesse parisienne et pour Louis XV, tout en continuant à envoyer ses modèles en Allemagne et en Russie, et en maintenant une activité éditoriale. »
« Essentiellement constituée de sculptures de façades et de boiseries, son œuvre est en grande partie détruite avec l’avènement du néo-classicisme. »
« Toutefois, des vestiges subsistent encore aujourd’hui dans les rues du vieux Paris, témoignant de l’élégance de son art. »
Fabrique du décor. Dans l’atelier d’un sculpteur de boiseries

« Le sculpteur François Gilles restitue les étapes de réalisation d’une boiserie d’après un modèle de Nicolas Pineau, en donnant a voir trois phases de ce travail de sculpture. Vidéos et outils explicitent les moyens techniques mis en œuvre au XVIIIe siècle. »
Formes du rococo
« Asymétrie, sinuosités, infinies variations, rêves de Chine, imaginaires animaliers : Nicolas Pineau, comme ses contemporains et ses suiveurs, compose un art plein de fantaisie, de surprise, de profusion, qui puise son inspiration dans la nature comme dans l’architecture classique tout en les transfigurant. »
« Si Pineau développe un vocabulaire formel singulier, la révolution de ce goût de la courbe, de l’excès, de l’hybridation, du caprice selon certains, se répand dans tous les arts et dans toute l’Europe. »
Échos du rococo
« Le rococo a marqué un tournant dans l’histoire des arts décoratifs dont les échos se font encore entendre. »
« La perception contrastée de ce style, entre passion et rejet, amène a exploré l’historicisme du XIXe siècle, les sources de l’Art nouveau et celles de la post‑modernité. Les formes du rococo se cachent, se déclinent, s’hybrident, et se réinventent toujours. »
« Cette liberté des formes, leur inventivité apparaissent comme un défi au gout et à la logique. »
« Les courbes indisciplinées du rococo sont sans cesse revisitées. Le Second Empire invente de nouvelles typologies de sièges aux formes chantournées de style néo-Louis XV, tel que le confident : un fauteuil double dont les dossiers et accotoirs, tout en sinuosité, ne font qu’un. »
« La ligne fouettée d’un Majorelle résonne avec les courbes asymétriques des créations de Mathieu Lehanneur ou de Pierre Renart. Vivienne Westwood, comme Cindy Sherman, se jouent de la préciosité rococo, à l’instar de Tan Giudicelli qui orne une robe a la façon d’une commode rocaille. Chez Royere, la nature reprend ses droits : le décorateur transforme en lianes des luminaires. »
« La confrontation d’objets néo ou post-rococo avec l’œuvre de l’un cette esthétique, Nicolas Pineau, pose la question de la permanence et du succès d’un « goût », qui ne semble pas devoir s’épuiser. »
107, rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : +33 (0) 1 44 55 57 50
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h dans les expositions temporaires
Visuels :
Affiche
Nicolas Pineau. Couronnement d’un montant. Vers 1728-1754. Graphite, sanguine et lavis de sanguine sur papier vergé © Les Arts Décoratifs
Nicolas Pineau —
Impériale de lit avec trophée
Vers 1740-1750
Sanguine et lavis de sanguine sur papier vergé
© Les Arts Décoratifs
Nicolas Pineau —
Angle de cadre sculpté avec une hure de sanglier
Vers 1745
Pierre noire, sanguine et lavis de sanguine sur deux feuilles de papier vergé raboutées
© Les Arts Décoratifs
Jules Cron,
Manufacture Jules Desfossé —
Papier peint à motif répétitif
1859
Papier, fond vert brossé à la main et velouté
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière
Firme Jennens & Bettridge
(Birmingham) —
Fauteuil
Vers 1850-1865
Bois peint et doré
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière
A lire sur ce blog :
Articles in English
Les citations sont extraites du communiqué de presse et du livret de l'exposition.
Les citations sont extraites du communiqué de presse et du livret de l'exposition.