Pour le bicentenaire de l'évènement, le Mobilier national propose à la Galerie des Gobelins l’exposition « Le Dernier sacre » accompagnée d'un magnifique et passionnant catalogue. Il « invite le public à plonger dans une immersion inédite, au cœur de l’histoire et dans l’éclat du dernier sacre français de 1825, celui de Charles X, dernier roi Bourbon. Ode aux métiers d’art, cette exposition se veut aussi la vitrine des savoir-faire virtuoses des artisans du début du XIXe siècle. » Une cérémonie religieuse à la cathédrale Notre-Dame de Reims qui était inspirée par la symbolique et les psaumes de la Bible hébraïque.
« Les châteaux du Moyen Âge » de Martin Becker et Sabine Bier
« Un âge de fer - La Guerre de Trente Ans » par Philippe Bérenger et Henrike Sandner
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Pierre Clostermann (1921-2006)
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Documentaires sur l'avortement sur Arte
« Suite à la mort de Louis XVIII le 16 septembre 1824, la France se lance dans une course contre la montre pour organiser en huit mois le sacre de Charles X, visant à rivaliser en grandeur avec celui du roi britannique George IV. Cette exposition riche en couleurs et en décors, avec le commissariat de Stéphane Bern et une scénographie du décorateur Jacques Garcia, nous dévoile les coulisses des préparatifs de ce moment méconnu de l’histoire de France. »
Une immersion historique et artistique unique
« L’exposition se déploie dans la galerie des Gobelins, où le rez-de-chaussée est consacré aux préparatifs minutieux de ce sacre historique. Elle nous plonge dans les moments forts de la cérémonie, présentant les costumes, les décors, les commandes officielles, les cadeaux diplomatiques et même les produits dérivés disponibles à l’époque. À l’étage, le visiteur est transporté au cœur même de la cérémonie dans la cathédrale de Reims comme s’il assistait en personne à cet événement fastueux au milieu de la Cour. »
« Les collections présentées rassemblent des trésors du Mobilier national, enrichis par des prêts exceptionnels des plus grands musées français : musée du Louvre, château de Versailles, musée de l’Armée, palais du Tau à Reims, ainsi que du Centre des monuments nationaux et bien d’autres. Des œuvres prêtées par des descendants des participants ou des collectionneurs privés complètent cette exposition unique, offrant un témoignage vivant de cette époque. »
De Louis le Pieux en 816 à Charles X en 1825, trente-trois rois de France ont été sacrés à la cathédrale Notre-Dame de Reims. C’est le baptême du roi des Frances Clovis" (vers 466 - 511), fils de Childéric Ier, lui-même fils de Mérovée et fondateur de la dynastie des Mérovingiens, "à la cathédrale de Reims, à la fin du Ve siècle, qui est à l’origine de la tradition du sacre des rois de France.". Charles X est le dernier roi Bourbon.
La cérémonie du sacre est régie par un rituel très précis. Le roi arrive plusieurs jours avant la cérémonie dans un carrosse fabriqué pour cet évènement historique. La matin du sacre, deux évêques réveillent le souverain qui ensuite se dirige vers la cathédrale. D'une durée de cinq heures, la cérémonie se compose du serment, de l'onction avec l'huile de la sainte ampoule, de la remise des insignes royaux puis du couronnement. Une fois la messe achevée, le roi "échange la couronne du sacre contre une autre plus légère".
Il rejoint le palais du Tau (lettre T, en grec), une des résidences d'archevêques de Reims. Situé près de la cathédrale Notre-Dame de Reims, ce bâtiment devenait "la résidence royale lors des sacres des rois de France à Reims". Là, le roi et sa suite y savourent un festin aux très nombreux mets servis avec des vins fins. Les habitants logent les invités du roi, soit des centaines de personnes, et participent aux banquets et spectacles dans les quartiers de Reims.
Pendant la Révolution française, le palais du Tau est devenu un tribunal, puis une bourse de commerce. La loi de séparation des Églises et de l'État (1905) met un terme à l'occupation du palais par les archevêques de Reims : le 17 décembre 1906, l'archevêque de Reims Louis-Joseph Luçon doit quitter le palais. En 1907, le palais du Tau a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques. Durant la Première Guerre mondiale, le 19 septembre 1914, des bombardements ont causé un incendie dans ce bâtiment, restauré dès les années 1950. Depuis 1972, cet édifice est devenu le musée de la cathédrale de Reims et du sacre des rois de France.
On peut y visiter la salle Charles X consacrée au sacre du roi Charles X dont est présenté le manteau du sacre en velours de soie violet (5,70 m de long). Dans la salle du Goliath, une statue de Goliath, sculpté avec sa cotte de mailles et son heaume, remonte au troisième quart du XIIIe siècle, et était "situé sur la façade ouest de la cathédrale, au-dessus de la rose". D'autres statues monumentales déposées de la cathédrale : la Synagogue et L'Église (bras sud du transept), Adam et Ève (bras nord du transept). Dans la Salle des petites sculptures, des sculptures monumentales d'Abraham. Quant à la Salle du Cantique des cantiques, elle abrite quatre broderies murales, datées du XVIIe siècle, représentent des scènes imaginées du livre biblique Cantique des cantiques. La salle du roi de Juda abrite une statue représentant un roi de Juda, datant du milieu du XIVe siècle, et se situant auparavant à la base d'une des tours de la cathédrale dans la galerie des rois.
La cérémonie religieuse à la cathédrale Notre-Dame de Reims était inspirée de la cérémonie des rois et Livres de la Bible hébraïque, ou Tanakh, notamment les Livres de Samuel, des Rois, des Chroniques. Des Psaumes étaient récités durant la semaine du sacre du Roi. Inspirée de l'onction du roi David, l'onction par une huile symbolisait l'esprit divin, saint, pénétrant notamment dans la tête du souverain, illuminant par son caractère gras la chevelure royale. Le Roi était l'oint de Dieu, le meshiah (messie). Il se distinguait de ses sujets et était protégé de velléités de violence à son endroit. Cette cérémonie catholique romaine empruntait des éléments déterminants aux rois d'Israël. Assistaient à cette cérémonie notamment les représentants des cultes juifs et protestants. Ces aspects sont minorés dans l'exposition et dans son catalogue.
Un hommage aux savoir-faire des artisans du XIXe siècle : le luxe à la française
« Au-delà de l’histoire, cette exposition met en lumière les savoir-faire virtuoses des artisans du début du XIXe siècle : brodeurs, tapissiers, sculpteurs, joailliers… souvent restés dans l’ombre. Grâce à des recherches approfondies, leurs noms et leurs œuvres retrouvent ici une place d’honneur, témoignant de l’excellence française au service d’une cérémonie spectaculaire. »
Hervé Lemoine, Président des Manufactures nationales - Sèvres & Mobilier national, présente cette exposition :
« En juin 2024, le Mobilier national a inauguré la salle du trône de Louis XVIII reconstituée au musée du Louvre ; il fête en avril 2025, avec une exposition spectaculaire, le bicentenaire du sacre de Charles X à Reims. Au-delà des impératifs de calendrier, cette succession de manifestations n’est pas fortuite : elle vise à souligner la floraison artistique et décorative qui marqua la Restauration et annonçait, après les excès compassés du style Empire, l’éclectisme et la créativité du XIXe siècle.Cette floraison n’était pas sans paradoxe ; les années 1820 furent aussi celles des premières machines-outils et du début de la mécanisation, signes avant-coureurs de l’affrontement à armes inégales qui allait peu à peu condamner, face à la production de masse, d’innombrables métiers d’art manuels : les centaines de brodeurs employés par Auguste-François Dallemagne au printemps 1825 pour confectionner les ornements textiles du sacre ne pouvaient se réjouir de l’emploi de plaquettes de fer blanc estampé et coloré en lieu et place de certains motifs auparavant brodés.Dernier sacre français, le sacre de 1825 manifeste aussi la place du Garde-meuble dans l’organisation des fêtes et des cérémonies au plus haut sommet de l’État. Commémorer cet événement exceptionnel, tombé dans l’oubli et le mépris du fait de la chute rapide du souverain qui l’avait voulu, ne signifie pas se complaire dans un passé dont l’éloignement est irrémédiable.Il s’agit avant tout de reconnaître la continuité, à travers les siècles et les régimes, de la mission des Manufactures nationales – Sèvres, les Gobelins, Beauvais, la Savonnerie – et du Mobilier national : placer l’art et le beau au plus près du pouvoir, et faire en sorte que la représentation de celui-ci, en illustrant l’extraordinaire richesse des arts décoratifs français, transcende les qualités propres de ceux qui l’incarnent.Il nous reste à évoquer ceux qui ont rendu cette exposition possible, en particulier les mécènes et prêteurs privés qui nous ont fait confiance, les équipes du Mobilier national, notre scénographe, M. Jacques Garcia, ainsi que les trois commissaires, M. Stéphane Bern, Mme Hélène Cavalié et M. Renaud Serrette. Que tous soient remerciés de cette magnifique évocation historique et artistique. »
Stéphane Bern, Commissaire général de l’exposition et journaliste, a écrit :
« Lorsque le président du Mobilier national, Hervé Lemoine, m’a proposé de travailler aux côtés d’Hélène Cavalié et de Renaud Serrette sur le projet d’exposition consacrée au « dernier sacre », celui du roi Charles X à Reims le 29 mai 1825, il y a deux siècles, j’y ai vu un mélange de provocation, d’audace et d’indépendance de caractère. Il faut bien reconnaître que le roi Charles X, à juste titre, n’est pas le plus populaire de nos rois et j’avoue qu’il n’a jamais fait partie de mon panthéon personnel, tant cette figure de « roi ultra » qui n’avait « rien compris, ni rien appris » des bouleversements nés de la Révolution française et de l’Empire m’était antipathique, ne serait-ce que par son atteinte à la liberté de la presse.Ce dernier sacre sera le chant du cygne de ce roi dévot et réactionnaire, l’ultime roi de France. Et pourtant, au-delà même du personnage, cet événement historique mérite d’être évoqué par une exposition : ce dernier sacre marque aussi l’âge d’or des arts décoratifs du XIXe siècle, alors que la France se modernise dans les balbutiements de l’industrialisation.Les commandes royales affluent pour faire de ce sacre une cérémonie fastueuse, certes presque anachronique, mais qui offre aux ateliers d’art une heureuse opportunité de démontrer leur savoir-faire d’excellence. Les tisserands, les tapissiers, les brodeurs, les orfèvres, les doreurs, les ébénistes, les modistes, les décorateurs… tous se mettent à l’oeuvre pour réussir ce « voyage à Reims » que Rossini mettra en musique.Grâce aux recherches et aux restaurations engagées par les multiples talents du Mobilier national, c’est à une véritable reconstitution de ce voyage et de cet évènement qui se voulait grandiose, sous la baguette magique de Jacques Garcia, que nous invitons le public. Mais soyons justes, cette exposition marque aussi le sacre de celles et ceux qui sont l’âme vibrante du Mobilier national, des manufactures des Gobelins et de Sèvres, ces talents multiples qui perpétuent les savoir-faire d’excellence et les métiers d’art français. L’Histoire, une nouvelle fois, permet d’éclairer l’avenir. »
Les Commissaires sont Hélène Cavalié, conservatrice générale du patrimoine, directrice adjointe des collections du Mobilier national, et Renaud Serrette, inspecteur des collections du Mobilier national.
La scénographie est assuré par Jacques Garcia, architecte d’intérieur, décorateur et scénographe.
Cette exposition bénéficie de prêts exceptionnels du Centre des monuments nationaux, du château de Versailles et du musée du Louvre.
Elle a bénéficié du soutien de Monsieur et Madame Charles et Caroline Pridgeon, de la Fondation Maison de Bourbon, de la Fondation Placoplatre, de Jacques Garcia, de Mériguet-Carrère, de l’Atelier d’Offard, et de Trudon.
AUTOUR DE L’EXPOSITION
Monelle Hayot, Saint-Rémy-en-l’Eau, a publié le magnifique catalogue accompagnant l’exposition. « Le 16 septembre 1824, le roi Louis XVIII s’éteignait après de longues semaines de maladie. Le sacre de son successeur Charles X eut lieu huit mois plus tard, le 29 mai 1825, à Reims : ce fut une cérémonie grandiose. En 2025, le Mobilier national raconte cet événement dans le cadre d’une exposition riche en couleur et en décors, sous le commissariat général de Stéphane Bern, assisté pour la scénographie de Jacques Garcia : préparatifs, costumes, carrosse, décors, cérémonie, festin, cadeaux diplomatiques, commandes officielles… Ce livre vous fait revivre le dernier sacre comme si vous étiez. »
Auteurs des essais : Emmanuel de Waresquiel, Jean-Michel Leniaud, Stéphane Bern, Renaud Serrette, Philippe Le Pareux, Véronique Mathis, Hélène Delalex, Muriel Barbier, Anne Dion-Tenenbaum, Hélène Cavalié, Raphaël Masson, Tom Dutheil, Charles-Éloi Vial, Béatrice Coullaré, Clotilde Le Forestier de Quillien, Frédéric Lacaille, Thierry Sarmant.
Une exposition à découvrir en famille !
« Tout au long de l’exposition, des textes de salle spécialement conçus pour le jeune public offrent une découverte ludique et enrichissante. À l’accueil de la Galerie des Gobelins, un livret-jeu, disponible gratuitement, invite les enfants de 6 à 12 ans à plonger dans l’époque du sacre de Charles X et à revivre ce moment emblématique qui a scellé l’entrée du dernier roi de la Restauration dans l’histoire de France à travers une série de jeux et d’activités inspirés des thématiques de l’exposition. »
Un livret pédagogique est aussi disponible.
« En écho à l’exposition Le Dernier Sacre, dans le parcours des collections permanentes du musée national de Céramique à Sèvres, les visiteurs sont invités à re-découvrir des œuvres majeures réalisées à la Manufacture de Sèvres sous le règne de Charles X. À cette période les créations sont d’une grande virtuosité dans les formes et les décors, pour exemples : le secrétaire des Muses, la coupe dite « des cinq sens », la théière Fragonard , le déjeuner de l’Apothéose d’Anacréon ou le portrait en manière de camée représentant Charles X. »
PARCOURS DE L’EXPOSITION
INTRODUCTION
François Gérard (peintre, 1770-1837), 1824
Huile sur toile
H.276 x 202 cm
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 4795, C 46, INV 4767
« Le 29 mai 1825 eut lieu à Reims le dernier sacre d’un monarque français, le roi Charles X (1757-1836), monté sur le trône à la mort de son frère Louis XVIII (1755-1824). Deux siècles plus tard, le Mobilier national commémore cet événement en présentant les plus beaux témoignages matériels qui subsistent de cette cérémonie. »

« Après l’évocation des funérailles de Louis XVIII, l’exposition invite le visiteur à suivre les préparatifs du sacre, puis à s’immerger dans les étapes de la cérémonie comme s’il y assistait en personne. Au fil de cette déambulation, l’univers politique et esthétique de la Restauration se dévoile à nos yeux, illustrant l’ambition et les paradoxes d’un régime écartelé entre la nostalgie du passé et la nécessaire prise en compte des acquis de la Révolution et de l’Empire. »
« Spectaculaires, les décors du sacre révèlent aussi l’habileté des artisans français du luxe, à la fois héritiers des traditions de l’Ancien Régime et ouverts aux nouvelles influences artistiques. Ces brodeurs, tapissiers, sculpteurs ou joailliers, aux noms souvent méconnus, voient ici leur génie et leur savoir-faire mis à l’honneur. »
LE ROI EST MORT : VIVE LE ROI !
Première partie
Robert Lefèvre (1815-1824), 1816
Huile sur toile,
H. 292 x 217 cm
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 6326, MN 1, INV 4433
« Louis XVIII envisage plusieurs fois de se faire sacrer après son retour en France en 1814, mais y renonce finalement. Plusieurs portraits le représentent pourtant vêtu du grand habillement du sacre, comme celui-ci, réalisé en 1816 par Robert Lefèvre. Si le trône, la couronne et le sceptre sont imaginaires, le roi arbore le manteau royal, commandé en 1814 mais qu’il n’a jamais porté. »
« Louis XVIII est aussi à l’origine de la commande de la couronne de joyaux, du glaive en diamants et du carrosse du sacre qui seront utilisés par son frère Charles X en 1825. »
« En 1814, Napoléon Ier, empereur des Français depuis 1804, doit abdiquer face aux puissances européennes coalisées. En exil depuis le début de la Révolution, le frère de Louis XVI est alors appelé sur le trône de France sous le nom de Louis XVIII. »
« Pendant les dix années de son règne (1814-1824), le nouveau roi mène une politique d’apaisement et de modération qui vise à réconcilier les Français divisés par la Révolution et l’Empire et à redresser l’économie fragilisée par les guerres napoléoniennes. »
« À plusieurs reprises, Louis XVIII émet le vœu de se faire sacrer comme les rois ses prédécesseurs, mais y renonce finalement, ne jugeant pas les conditions politiques réunies. Il meurt aux Tuileries le 16 septembre 1824, entouré des siens. Seul souverain français du XIXe siècle décédé en exercice, ses obsèques ressuscitent pour la dernière fois l’antique et fastueux cérémonial des funérailles royales. Les voûtes de Saint-Denis retentissent alors du célèbre cri : « Le roi est mort ; vive le roi ! », symbole d’une monarchie qui croit ne jamais s’éteindre. »
« Louis XVIII n’ayant pas de descendance, son frère, le comte d’Artois, lui succède sous le nom de Charles X. »
VERS LE SACRE
Deuxième partie
Dallemagne et Guibout, 1825
Velours de soie, fils métalliques dorés
Château de Valençay
© DRAC Centre-Val de Loire / François Lauginie
« Pour marquer sa volonté de « renouer la chaîne des temps », Charles X décide à son avènement de se faire sacrer au plus vite. En quelques mois, le duc de Doudeauville, ministre de la Maison du roi, doit ainsi organiser à Reims une cérémonie dont le faste vise à éblouir l’Europe et à montrer une France réconciliée avec son passé. »
« En hâte, on fouille les archives – le sacre précédent, celui de Louis XVI, remonte à 1775 – pour retrouver le cérémonial d’Ancien Régime, concevoir le décor des édifices concernés et dessiner les costumes des participants. La Chambre des pairs et la Chambre des députés votent un budget spécial qui se révèle vite insuffisant : les accessoires du sacre ayant disparu pendant la Révolution, il faut en effet tout refaire à neuf. »
« Aux côtés de Doudeauville, les anciennes fonctions curiales reprennent leurs missions traditionnelles : le « grand aumônier » pour la célébration religieuse, le « grand maître des cérémonies » pour le protocole, le « grand maître de France » pour l’organisation du festin, le « grand chambellan » pour la musique, les costumes et les cadeaux. Ces hauts personnages sont appuyés par le Garde-Meuble de la Couronne pour l’ameublement des appartements de la famille royale et par la direction du Matériel des fêtes et cérémonies pour le décor de la cathédrale. »
LE VOYAGE À REIMS
Troisième partie
Louis-François Lejeune (1775-1848), 1825
Huile sur toile,
H. 151 x 176 cm
Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon, MV 1794, C 72, INV 6173.
« Le marquis de Vernon, écuyer commandant les écuries du roi, chargé de la confection du carrosse, en perd le sommeil et bientôt la vie. Mais, tout est prêt pour le 28 mai à Reims comme pour le 6 juin à Paris. Les Français sont venus en foule et se pressent aux fenêtres et jusque sur les toits. »
« La capitale a revu son roi ; 500 000 habitants se sont pressés sur son passage, l’ont salué de leurs acclamations, et ont épuisé tous les moyens d’exprimer les sentimens dont ils étaient animés » écrit Le Moniteur. « Lejeune, c’était bien beau, vous en feriez un tableau », aurait dit Charles X. Aussitôt au travail, l’artiste offrit son oeuvre au souverain. »
© RMN-GP (Château de Versailles) © Gérard Blot
Passementerie des harnais du carrosse du sacre Duon (frangier passementier)
François-Joseph Gobert (frangier passementier)
Duchesne et Mairet (plaqueurs)
Feuchère et Fossey (bronziers)
Roduwart (sellier)
1814, 1818, 1825 et 1853
Velours de soie, soie, fils d’or, d’argent, paillettes d’or, parchemin, lin
Château de Versailles, inv. 2007.00.146, 162, 300, 302, 304, 310, 322 et 330
« En décembre 1824, un crédit de 320 000 francs est alloué à la confection des voitures et des attelages du cortège du souverain. Créés en prévision du sacre de Louis XVIII, de riches ornements de passementerie ont été préparés pour être agrafés sur les harnais de cérémonie et en rehausser le luxe et l’éclat. La touche finale est apportée par des panaches de plumes d’autruche et des aigrettes fixées sur la tête des chevaux. Ces harnais furent encore utilisés sous Napoléon III. »
« Le « voyage à Reims » – du nom de l’opéra Il viaggio a Reims, composé pour l’occasion par Gioachino Rossini –, implique la fabrication d’un carrosse et l’organisation d’un convoi prestigieux. Les meilleurs artisans parisiens – le carrossier Daldringen, le sculpteur Roguier, le bronzier Denière – sont donc chargés de la réalisation d’une voiture aux dimensions extraordinaires, dont la dorure et les bronzes, omniprésents, doivent impressionner la foule et assurer l’apparat du roi. De somptueux harnais, ornés d’une luxueuse passementerie, sont confectionnés par le sellier Gobert pour les huit chevaux prévus. »
« Sous l’autorité du « premier écuyer » – le duc de Polignac – et de l’« écuyer commandant » – le marquis de Vernon –, le carrosse royal avec cinq autres voitures, précédées et suivies de 179 chevaux, forment un cortège spectaculaire lors de l’entrée du souverain dans la ville de Reims le 28 mai 1825. Ce cortège se reforme le 6 juin, après le sacre, pour l’entrée solennelle du roi dans Paris. »
LOGER LE ROI
Quatrième partie
François-Lucien Feuchère, 1813
Bronze doré, H. 107 x 67 x 32 cm
Collection du Mobilier national
© Mobilier national / Isabelle Bideau
« Le palais archiépiscopal de Reims, dit « palais du Tau », est choisi pour accueillir le roi (et sa cour avant et après la cérémonie. Mal entretenu depuis la Révolution, il nécessite d’importants travaux ; ceux-ci sont menés, à marche forcée, par l’architecte François Mazois. »
« La grande salle du XVe siècle est métamorphosée par un décor néo-gothique peint par les décorateurs de théâtre Pierre-Luc Cicéri et Antoine-Marie Lebe-Gigun. Un appartement est aménagé pour le roi avec six pièces en enfilade : antichambres, salon, grand cabinet, chambre et cabinet de toilette. Pour pallier l’absence de salle des gardes, les architectes Jacques-Ignace Hittorff et Jean-François Lecointe construisent sur la cour une pièce provisoire, en toile peinte, imitant un palais de la Renaissance. Cette pièce donne aussi accès à une galerie couverte qui relie le palais à la cathédrale. »
« Le Garde-Meuble de la Couronne aménage tous les appartements. Par mesure d’économie, il fait venir le mobilier nécessaire des autres résidences royales, telles que Fontainebleau ou l’Élysée. En découvrant le palais rénové, Charles X s’exclame : « Je suis ici comme aux Tuileries ! » Les meubles repartent après la cérémonie ; les décors du palais, quant à eux, ont disparu dans les bombardements allemands de 1914. »
LES INSIGNES DU POUVOIR
Cinquième partie
Martin-Guillaume Biennais et Charles Percier, 1804
Cuivre, camées, velours,
H. 25 x 18,5 cm
Musée du Louvre, inv. MS 91
« La « Couronne de Charlemagne », détruite sous la Révolution, a été recréée par Biennais en 1804 pour le couronnement de Napoléon Ier. En 1825, le joaillier de la Couronne Jacques-Évrard Bapst, chargé de la restauration des insignes, qui aurait rêvé de la rétablir en or, doit se contenter de la redorer et l’on commande une « toque en velours violet pour bien tenir sur la tête du roi ».
« Charles X n’est pas représenté avec cette couronne. Dans le tableau du sacre de Gérard, montrant l’accolade du dauphin, le peintre lui préfère la couronne personnelle en diamants, dont le roi n’est pourtant coiffé qu’après la communion. »
© RMN Louvre / Jean-Gilles Berizzi
« Le sacre d’un roi de France est une cérémonie codifiée dont chaque participant incarne un rôle symbolique, identifiable par les spectateurs. Tous arborent des insignes distincts, qui remontent à l’Ancien Régime et parfois au Moyen Âge. »

« Le « bâton » est porté par plusieurs intervenants. Il se décline sous différentes formes selon le rang de son propriétaire : grand maître de France, héraut et roi d’armes, maréchal de France. »
« Les « masses de cérémonie », dérivées des masses d’armes médiévales, sont utilisées par les huissiers de la Chambre du roi ; elles sont en vermeil, mais les huissiers préfèrent des versions en bois doré, plus légères à porter ! »
« Chaque participant est encore tenu d’arborer un glaive ou une épée, plus ou moins riche ; les « gardes de la manche », chargés de la sécurité rapprochée du souverain, sont armés d’une forme de lance dite pertuisane. »
LA CÉRÉMONIE DU SACRE
Sixième partie
François Gérard, vers 1825-1830
Huile sur toile ; 174,5 x 326 cm
Musée du Louvre
© CMN / Pascal Lemaître
« Le sacre se déroule le dimanche 29 mai 1825. Conçu par les architectes Hittorff et Lecointe, le décor de la cathédrale de Reims a été confié à Pierre-Luc Cicéri et Antoine-Marie Lebe-Gigun. Il se compose de grandes toiles peintes, tendues sur châssis, représentant dans des cadres néo-gothiques les figures des rois de France, de Clovis à Louis XVIII. »
« La cérémonie débute à 8h du matin, au son de musiques composées par Jean-François Lesueur et Luigi Cherubini. Arrivé en cortège depuis le palais du Tau, le roi prête les serments rituels puis reçoit une paire d’éperons et une épée. L’archevêque de Reims, Mgr de Latil, l’oint alors de l’huile sacrée tirée de la sainte ampoule, puis lui remet le manteau fleurdelisé, l’anneau, le sceptre, la main de justice et la couronne. Le roi gravit enfin le jubé pour se faire acclamer. »
« Hérité du Moyen Âge, le cérémonial est adapté aux temps nouveaux : un serment de fidélité à la Charte constitutionnelle adoptée en 1814 est ajouté, tandis que la promesse de lutter contre les hérétiques et les infidèles est supprimée. Les élus des deux Chambres, pairs et députés, ainsi que des représentants des cultes juif et protestant sont conviés à la cérémonie. »
« Le sacre lui-même est suivi d’une messe, qui se termine à 11h30. Le roi est ensuite raccompagné en cortège au palais du Tau. »
LE FESTIN ROYAL
Septième partie
Manufacture de Sèvres, 1824 - 1825,
Porcelaine dure,
Collections du Mobilier national
« De nombreux invités sont nourris aux frais du roi à l’occasion du sacre : près de 7 000 repas sont servis en 5 jours. Les principaux services de table du palais des Tuileries à Paris sont envoyés à Reims. Les assiettes les plus riches, peintes de superbes liliacées, sont à l’usage du roi et de ses intimes pour les petits déjeuners et les déjeuners. Le service à fond bleu et frise en or est destiné aux invités lors des dîners officiels. Celui à fond blanc avec le chiffre du roi en or est placé sur la table des princes et des grands officiers de la Couronne. Enfin, les employés de la Maison du roi ont droit à de simples porcelaines avec le chiffre du roi en bleu. »
© Mobilier national /Gavin Macdonald
« Le festin qui suit le sacre a lieu dans la grande salle du palais du Tau. Il réunit le roi et les principaux participants de la cérémonie : les grands officiers de la Couronne, les ambassadeurs, une délégation de la chambre des pairs et de la chambre des députés, les membres du clergé. Cette représentativité nationale est nouvelle : avant la Révolution, seuls les pairs de France, représentant la haute noblesse du royaume, assistaient au repas. »
« À la différence du festin dispendieux qui suivit le couronnement de George IV à Londres en 1821, le festin de Charles X dure moins d’une heure. Accompagné de musique jouée depuis une tribune, le service est mené par le comte de Cossé-Brissac, premier maître de l’hôtel du roi. Il est composé de huit plats, servis en même temps, au choix des convives ; c’est ce qu’on appelle le service « à l’ambigu ».
« Sur les tables, vaisselle en porcelaine de Sèvres, verres en cristal de Montcenis, argenterie et surtouts en bronze doré empruntés aux Tuileries, complétés par de nouvelles commandes, mettent en valeur les arts de la table français. »
« En parallèle, d’autres repas officiels se déroulent à l’hôtel de ville et à la préfecture. Durant les cinq jours de résidence de Charles X à Reims, on estime que plus de sept mille couverts ont été servis aux frais du roi. »
LA CÉRÉMONIE DU SAINT-ESPRIT
Huitième partie
Nicolas Gosse, 1825
Huile sur toile, H. 76 x 112 cm
Centre des monuments nationaux
« En 1840, Louis-Philippe commande pour son musée historique de Versailles, au titre des événements marquants du règne de Charles X, une Réception des chevaliers du Saint-Esprit, le 30 mai 1825.
L’oeuvre, jamais livrée, est connue par cette peinture préparatoire. »
« Si comme l’écrit Gosse lui-même, « Ces sortes de tableau demandent à être exacts », l’oeuvre comporte quelques approximations. Les princes du sang sont représentés avec le grand manteau alors que tout porte à croire qu’ils arborèrent le petit costume comme les autres chevaliers. »
« Le lendemain du sacre, le 30 mai, Charles X tient une cérémonie de réception dans l’ordre du Saint-Esprit, la première depuis la Révolution. Cet ordre chevaleresque, le plus prestigieux de France, avait été instauré par Henri III en 1578 puis supprimé en 1791. En 1814, Louis XVIII souhaite faire revivre l’ordre, mais les statuts exigent que le roi soit sacré pour assumer ses fonctions de grand-maître. Les nominations auxquelles il procède ne sont donc pas suivies de cérémonies de réception. »
« Le sacre de Charles X permet au roi d’être reçu comme grand-maître, avec vingt-neuf nouveaux chevaliers. Des recherches sont menées pour ressusciter la cérémonie selon les rites de l’Ancien Régime. Chaque chevalier doit commander son costume, en velours vert, et reçoit du roi en cadeau un collier en or émaillé, un livre d’heure et un dizain en ivoire. »
« À la différence du sacre de la veille, la cérémonie du Saint-Esprit apparaît artificielle et confuse aux contemporains : nombre de chevaliers se trompent dans le protocole ; la sincérité de certains, comme Talleyrand, ancien ministre de Napoléon Ier, est volontiers mise en doute. »
LA CÉLÉBRATION DU RÉGIME
Neuvième partie
Anonyme, époque Restauration
Verre
Collection privée
Assiette commémorant le sacre de Charles X,
Manufacture de Montereau, époque Restauration
Faïence, H. 20 x 21,8 cm
Collection privée
« Le sacre de Charles X constitue un des premiers événements, sinon le premier, où l’industrie produit autant de ce que nous appellerions aujourd’hui des produits dérivés. Aux livres, gravures, peintures ou monnaies déjà vendus lors des précédents sacres, l’industrie croissante ajoute pour toutes les bourses des assiettes imprimées (une technique commercialisée par la manufacture de Montereau) ; des verres avec bustes en céramique incrustée dans le cristal (produits à Baccarat ou Montcenis) ; des foulards imprimés (par l’entreprise Dollfus), des tabatières en tous genres et même des papiers peints. »
© CMN / Léandre Guenard
© Mobilier national / Isabelle Bideau
« Le gouvernement de Charles X entend bien profiter du sacre pour faire rayonner dans l’Europe entière la France et la monarchie restaurée. La richesse des présents offerts aux ambassadeurs et aux chefs d’État étrangers témoigne de la générosité du roi de France, mais aussi de la qualité du travail de ses artisans et notamment des manufactures royales des Gobelins et de Sèvres. »
« Les tableaux commandés à François Gérard, premier peintre du roi, et les médailles frappées à la Monnaie de Paris visent à diffuser l’image du roi et à exalter le régime, tout comme les pièces de théâtre et les poèmes composés à l’occasion, parmi lesquels une ode, Le Sacre de Charles Dix, due au jeune Victor Hugo. Tous les artistes sollicités sont gratifiés d’un présent, généralement en porcelaine de Sèvres. »
« Le sacre donne aussi lieu à la réalisation d’objets de prestige, parmi lesquels un extraordinaire guéridon en porcelaine de Sèvres, acquis par le roi d’Espagne en 1828, et un album gravé qui n’est pas achevé lorsque le régime s’écroule. »
Plus modestes, les nombreux produits dérivés commercialisés permettent à toutes les classes de la société de garder un souvenir d’une cérémonie qui a voulu rassembler les Français.
LA FIN D’UN RÈGNE
Dixième partie
Anonyme, vers 1830
Huile sur toile
H. 78 x 110 cm
Musée du Louvre, inv. RF 2806
© RMN, Musée du Louvre, photo Franck Raux
« En juillet 1830, les élections législatives voient la victoire du parti libéral, défavorable à Charles X. En réaction, celui-ci signe à Saint-Cloud, le 25 juillet, une série d’ordonnances qui suspend la liberté de la presse, dissout la chambre des députés et modifie les règles électorales. Le lendemain de cette mesure, Paris entre en révolution : ce sont les « Trois Glorieuses ». En trois jours, Charles X perd le pouvoir et, le 2 août, se voit contraint d’abdiquer depuis le château de Rambouillet où il s’est réfugié. »
« Tandis que son cousin le duc d’Orléans s’empare du pouvoir sous le nom de Louis-Philippe Ier, le roi déchu prend avec sa famille le chemin de l’exil. Accueilli d’abord en Angleterre puis en Autriche, à Prague et finalement à Görtz (aujourd’hui en Slovénie), Charles X meurt du choléra le 6 novembre 1836. »
« Aucun autre monarque ne se fait sacrer après lui. Louis-Philippe Ier se contente d’une prestation de serment devant les Chambres réunies. Napoléon III envisage un sacre, que ses mauvaises relations avec le pape ne permettent pas. Depuis, les présidents de la Républiques successifs débutent leur mandat par une simple cérémonie d’investiture. Le sacre des souverains britanniques, proche dans son rituel, permet seul aujourd’hui d’imaginer ce que fut le sacre des rois de France. »
CINQ QUESTIONS À JACQUES GARCIA, SCÉNOGRAPHE
« Pourquoi était-il important pour vous de rejoindre ce projet porté par le Mobilier national et Stéphane Bern ?
J’ai toujours eu une collaboration constante avec le Mobilier national, autant lorsque j’ai travaillé à remeubler Versailles de 2001 à 2014 que quand j’ai participé à la mise en lumière des trésors des arts décoratifs français au musée du Louvre.
Ce lien particulier que j’ai construit avec le Mobilier national s’est aussi illustré par l’organisation de plusieurs expositions : « Sièges en Société, du Roi-Soleil à Marianne » en 2017 et dix ans avant « Alexandre et Louis XIV : Tissages de gloire ». J’ai également le très bon souvenir d’avoir participé à l’exposition « Le château de Versailles raconte le Mobilier national » en 2011 où nous avions créé un dialogue entre le contemporain et l’historique, à l’image de ce que l’on voit aujourd’hui à l’Élysée.
En quoi le style Restauration dans les arts décoratifs français vous inspire ?
Ce style va vouloir se légitimer par les références historiques. L’inspiration débute au Moyen Âge afin de rappeler à Louis XVIII et Charles X que les capétiens sont leurs aïeux, arrive ainsi le néo-gothique. Le néo-Renaissance poursuit cette même logique, tout comme les références aux ornements du grand siècle, aux courbes du Louis XV et à l’élégance majestueuse du Louis XVI qui viendront créer ce style restauration.
La Restauration restaure donc 1 000 ans d’histoire de France et, même si la Restauration sera taxée de pastiche, ne pas s’inspirer de notre histoire, n’est-ce pas prendre le risque de l’abandonner ?
Comment la scénographie a-t-elle permis de recréer l’ambiance du sacre ?
C’est toujours très difficile d’affirmer recréer, ce qui est crucial c’est l’esprit. Le sacre est un moment, une cérémonie, un événement si particulier, ça n’est pas pour rien que Louis XVIII n’a pas voulu être sacré, il en avait trop peur. C’est un marqueur de gloire mais à vouloir trop de gloire on la perd, vous connaissez la suite du règne de Charles X …
En 50 ans de carrière, 400 adresses réalisées dans le monde, vous avez démontré jongler avec tous les styles. Comment ce projet s’inscrit-il dans votre démarche créative ?
Tous les projets que j’ai pu créer ont toujours eu pour seul leitmotiv : la modernité. À 30 ans, alors que je collectionnais Lucio Fontana, Yves Klein et Josef Albers, que je sortais d’un monde contemporain où l’art conceptuel régnait, j’achète l’hôtel Mansart de Sagonne et je plonge dans le XVIIe siècle.
J’ai inscrit cette adresse dans la modernité comme Madame de Montespan pouvait l’avoir fait en son temps. L’idée pour ce projet comme pour les autres reste donc de l’amener à la modernité.
Quel élément scénographique vous semble le plus fondamental dans le sacre et comment l’avez-vous retranscrit dans cette exposition ?
Ce qui est intéressant dans la cérémonie du sacre, c’est aussi les événements qui gravitent autour. C’est ce que nous avons cherché à valoriser avec Stéphane Bern.
Toutes ces séquences, qu’il s’agisse du dîner, de la préparation, du roi recevant le caractère religieux, sont évoqués et non reconstitués à travers différents décors.
Pièce après pièce, décor après décor, le visiteur comprendra l’évocation d’un cérémonial qui reflétait un moment crucial de notre histoire. »
LES MANUFACTURES NATIONALES
L’institution
« Issues de la réunion du Mobilier national et de la Cité de la céramique – Sèvres & Limoges, les Manufactures nationales ont été créées le 1er janvier 2025 pour promouvoir l’excellence des savoir-faire français et mettre en valeur la richesse de ce patrimoine matériel et immatériel avec plus de 53 métiers d’art exercés au sein de ses manufactures et ateliers. »
« Unique au monde, ce nouveau pôle public dédié aux arts décoratifs, aux métiers d’art et au design marie patrimoine et création pour jouer un rôle central dans la mise en oeuvre de la stratégie nationale en faveur des métiers d’art. »
« Son action porte autour de 6 axes prioritaires : la formation ; la recherche ; la création ; le soutien à l’écosystème fragile des métiers d’art ; la valorisation du patrimoine ; le rayonnement international des savoir-faire. »
« Héritier de quatre siècles d’histoire, il est constitué de : 2 musées (le musée national de Céramique à Sèvres ; le musée national Adrien Dubouché à Limoges), 9 manufactures et ateliers de création (dont la manufacture nationale de Sèvres, la manufacture de tapisserie des Gobelins ; la manufacture de tapisserie de Beauvais ; la manufacture de tapis de Savonnerie ; les ateliers de dentelles d’Alençon et du Puy-en-Velay ; l’atelier de recherche et de création en mobilier contemporain), 7 ateliers de restauration et une mission de l’ameublement. »
« Résolument tourné vers les territoires, ce pôle public est implanté dans 8 départements : à Paris, dans les Hauts-de Seine (Sèvres), dans l’Hérault (Lodève), dans la Creuse (Aubusson), dans l’Orne (Alençon), en Haute-Loire (Puy-en-Velay), en Haute-Vienne (Limoges) et dans l’Oise (Beauvais). »
Sous la direction de Hélène Cavalié et Renaud Serrette, « Le Dernier Sacre ». Éditions Monelle Hayot, Saint-Rémy-en-l’Eau, 2025. Environ 600 illustrations. 532 pages. 59 €. ISBN : 979-10-96561-54-4
42 avenue des Gobelins, 75013 Paris
Tel : 01 44 08 53 49
Du mardi au dimanche de 11 h à 18 h
Dernière entrée 17 h 30
Accessible aux visiteurs en situation de handicap
Visuels :
"Chiffre de Charles X
Anonyme, 1825-1830
Fils métallique doré sur velours de soie cramoisi, 36 x 26 cm
Mobilier national
© Mobilier national / Gavin Macdonald
"Main de justice des obsèques de Louis XVIII et Sceptre des obsèques de Louis XVIII
Pierre-François et Lucien-François Feuchère, 1824
Bronze doré, émail, pierreries, fausses perles, H. 57 et 67 cm
DRAC Île-de-France" © Mobilier national / Gavin Macdonald
"Reliquaire de la Sainte-Ampoule
Jean-Charles Cahier, 1819-1823
Vermeil, émeraude, rubis, H. 47,2 x 36,5 x 32 cm
Centre des monuments nationaux" © CMN / Hervé Lewandowski
"Sacre de Charles X à Reims, scène des onctions
Lithographie parue dans l’ouvrage Sacre de Sa Majesté Charles X dans la métropole de Reims, le 29 mai 1825
Sazerac et Duval éditeurs" © Mobilier national / Gavin Macdonald
© Mobilier national / Gavin Macdonald
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