Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 12 mai 2025

« Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman »

Le musée des Arts décoratifs propose l’exposition « Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman ». Fils d'un sculpteur du roi, « figure majeure du renouvellement artistique du début du XVIIIe siècle », Nicolas Pineau (1684-1754), sculpteur ornemaniste et architecte, a été un des inventeurs du style rococo, de la rocaille française. Adepte d’une asymétrie mesurée, jouant subtilement des pleins et des vides, il s’est illustré dans des domaines aussi divers que la boiserie, la sculpture des façades, l’architecture, l’estampe, le mobilier, l’orfèvrerie… Il a œuvré à Saint-Pétersbourg (ornement du domaine de Peterhof) à l’appel du tsar Pierre Ier en 1716, et à Paris pour le roi Louis XV (1715-1774) et la noblesse. L’exposition « explore les évolutions du style rococo, de son émergence à ses résurgences dans le design et la mode contemporaine, en passant par l’Art nouveau et l’art psychédélique. En confrontant des dessins pour la plupart exposés pour la première fois à des pièces de boiseries et des objets de la collection du musée, elle propose une plongée inédite dans la fabrique de l’art rocaille. » 

« Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman »

Mouvement artistique s'étant épanoui dans l'Europe du XVIIIe siècle, le style rococo s'est décliné dans l’architecture, les arts décoratifs, la peinture (Watteau, Boucher) et la sculpture. Après un essor en France de 1715 à 1780, il séduit le Saint-Empire romain germanique, puis l'Europe du Sud (Savoie, Italie, Espagne, Portugal), dans le sillage du mouvement baroque.

Selon Delécluze, le terme « rococo » fut inventé, vers 1797, en dérision par Pierre-Maurice Quay, élève de Jacques-Louis David. Il serait forgé en associant le terme français "rocaille", qui désigne une ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles et la forme incurvée de certains coquillages, et le mot portugais barroco : « baroque », "perle irrégulière", "bizarre". Longtemps dédaigné, il est admis par les historiens de l'art au milieu du XIXe siècle, et constitue une catégorie spécifique - le style rocaille est utilisé pour caractériser la France où il émerge sous la Régence et a son apogée sous le règne du roi Louis XV (1715-1774), vers 1745, où il se substitue au classicisme, considéré alors "trop solennel et formel, voire lourd", d'une partie du règne de Louis XIV. Le style rocaille, une des sources du rococo, s'est distingué du rococo d'autres pays européens pour avoir été essentiellement recouru dans les arts décoratifs, et quasi-absent de l'architecture. Le style rococo correspond à une période historique, la Régence et le règne de Louis XV : l'aristocratie et surtout la bourgeoisie quittent Versailles pour vivre à Paris, et prisent la liberté et la légèreté, aspirent au renouveau... Critiqué par certains pour sa superficialité, son mélange d'éléments naturels disparates, il a été supplanté par le style néo-classique sous le règne du roi Louis XVI.

Le « rococo séduit par la liberté de son dessin et sa légèreté. Il se distingue par le traitement de l’espace et de la lumière. Les salles de réception sont de véritables scènes de théâtre : les architectes et les artistes y jouent avec les effets d’illusion. Contrairement aux anciennes compositions figées, ils cherchent à exprimer le mouvement et la dilatation de l’espace. Le rococo séduit aussi par la liberté de son dessin et sa légèreté. Il se distingue par le traitement de l’espace et de la lumière. Les salles de réception sont de véritables scènes de théâtre : les architectes et les artistes y jouent avec les effets d’illusion. Contrairement aux anciennes compositions figées, ils cherchent à exprimer le mouvement et la dilatation de l’espace ».

« L’ornement joue un rôle particulièrement important dans cette recherche : à l’extérieur comme à l’intérieur, du plancher au plafond, du sol au toit, l’architecture est envahie de sculptures (sur tous supports), dorures et peintures. Insérés entre les panneaux de lambris, les miroirs démultiplient et amplifient les pièces. Les ornemanistes (artisans spécialistes des ornements) puisent une grande part de leur inspiration dans la nature pour laquelle s’exprime un amour de plus en plus fort. Les scènes mythologiques et les figures exotiques (“chinoiseries”, motifs orientaux…) complètent ce décor envahissant qui traduit aussi parfois une certaine “horreur du vide”.

« On met tout en S » : c’est ainsi que Charles Nicolas Cochin décrit l’art de son temps en 1755. D’emblée, le rococo apparaît comme un défi au « bon goût ». Il est singulier, asymétrique, bizarre, sinueux, boursoufflé, capricieux. Il puise dans les exubérances du baroque la possibilité nouvelle de créer des formes fantaisistes. L’art rocaille est l’esthétique d’une aristocratie qui, après le long déclin de Louis XIV, entend vivre loin de la pompe versaillaise. Il prend le nom de rococo en s’étendant à l’Europe entière. »

« Au-delà des différences individuelles ou locales, le rococo se caractérise par le jeu de la courbe et du hasard, l’amour du contraste et de l’asymétrie, le règne de la nature et de l’hybridation, le rêve des lointains. »

Du sculpteur ornemaniste Nicolas Pineau (1684-1754), pionnier du rococo avec les architectes décorateurs et ornemanistes - décorateurs d'intérieurs actuels - Gilles-Marie Oppenord et Juste-Aurèle Meissonnier, "disciple en architecture de Jules Hardouin-Mansart et de Germain Boffrand, ayant suivi les cours de l’Académie de Saint-Luc et bénéficié des enseignements du sculpteur Antoine Coysevox", ses contemporains disaient qu’il a inventé « le contraste dans les ornements ».

« La première moitié de sa carrière, entre la couronne de France et celle de Russie, est marquée par l’esprit des décors louis-quatorziens, denses, architecturés et symétriques. À son retour à Paris vers 1728, il travaille essentiellement pour des commanditaires privés. Il développe alors une esthétique du contraste, jouant des pleins et des vides, comme de l’asymétrie, parfois jusqu’à l’abstraction. Diffusées par la gravure, ses œuvres marquent considérablement les arts décoratifs européens. Condamné avec le rococo par la mode naissante du néoclassicisme, Pineau tombe dans l’oubli jusqu’à la redécouverte de son fonds de dessin, à la fin du XIXe siècle. »

Le musée des Arts décoratifs « propose une exposition inédite consacrée au style rococo. Cette « exposition célèbre la restauration d’un fonds unique au monde de près de 500 dessins issus de l’atelier du sculpteur Nicolas Pineau (1684-1754), l’un des plus importants propagateurs du style rocaille, que l’Europe adopte sous le nom de rococo. Adepte d’une asymétrie mesurée et d’un subtil jeu de pleins et de vides, Nicolas Pineau s’illustre dans des domaines variés : boiserie, sculptures ornementales, architecture, estampe, mobilier ou orfèvrerie. La présentation de cette figure majeure du rococo se prolonge dans un atelier qui plonge le visiteur au cœur de la fabrique d’une boiserie rocaille. Asymétries, sinuosités, rêves de Chine et imaginaires animaliers illustrent les infinies variations du style rococo. Enfin, du XIXe au XXIe siècle, cette esthétique trouve de nombreux échos, du néo-style aux détournements les plus inattendus et ludiques. »

« Rococo & co. De Nicolas Pineau à Cindy Sherman » explore les évolutions de ce style, de son émergence au début du XVIIIe siècle jusqu’à ses résurgences dans le design et la mode contemporaine, en passant par l’Art nouveau et l’art psychédélique. »

« Près de 200 dessins, mobilier, boiseries, objets d’art, luminaires, céramiques, et pièces de mode dialoguent dans un jeu de courbes et de contre-courbes. Nicolas Pineau et Juste Aurèle Meissonnier côtoient Louis Majorelle, Jean Royère, Alessandro Mendini, Mathieu Lehanneur, mais aussi les créateurs de mode Tan Giudicelli et Vivienne Westwood, et l’artiste Cindy Sherman. »

Dans l'exposition, une vidéo (9'53") offre « une démonstration du travail de sculpture sur une traverse de boiserie, d’après Nicolas Pineau. » Magnifique.

« Le commissariat est assuré par Bénédicte Gady, directrice des musées par intérim, Turner Edwards, doctorant, et François Gilles, doctorant et sculpteur. »

Avec le soutien du Directors Fund, de la fondation Tavolozza, tout particulièrement de Katrin Bellinger, de Jérémie et Guyonne Delecourt, d’Hubert et Mireille Goldschmidt, de la galerie Steinitz, de Lionel et Ariane Sauvage, des membres du Cercle des Arts graphiques, ainsi que du Service des Musées de France.

Une « importante monographie consacrée à Nicolas Pineau est publiée par le musée des Arts décoratifs et les éditions Le Passage, parallèlement à cette exposition. » 


Figure du rococo. Nicolas Pineau, entre Paris et Saint-Pétersbourg
« D’abord connu pour son œuvre gravée, Nicolas Pineau est appelé en 1716 en Russie, ou il devient premier sculpteur puis premier architecte de Pierre le Grand. Pour le tsar, il dessine de nombreux projets de décors, jardins, monuments et édifices, participant activement aux grands chantiers qui transforment Saint‑Peters bourg en capitale d’un nouvel empire et Peterhof en une nouvelle Versailles. »

« De retour à Paris en 1728, Pineau souhaite poursuivre sa carrière d’architecte, mais c’est en tant que sculpteur qu’il excelle et se distingue auprès de ses contemporains. Il travaille principalement pour la noblesse parisienne et pour Louis XV, tout en continuant à envoyer ses modèles en Allemagne et en Russie, et en maintenant une activité éditoriale. »

« Essentiellement constituée de sculptures de façades et de boiseries, son œuvre est en grande partie détruite avec l’avènement du néo-classicisme. »

« Toutefois, des vestiges subsistent encore aujourd’hui dans les rues du vieux Paris, témoignant de l’élégance de son art. »

Fabrique du décor. Dans l’atelier d’un sculpteur de boiseries
« Les dessins présentés dans l’exposition sont issus du fonds d’atelier de Nicolas Pineau, qui a été conserve dans sa descendance jusqu’à la fin du XIXe siècle. Une importante partie de ce fonds a alors été achetée par l’Union centrale des Arts décoratifs (ancêtre du musée des Arts décoratifs). D’une très grande variété typologique, ces dessins offrent un point de vue exceptionnel sur les modes de conception et de réalisation du décor sous l’Ancien Régime. Leur confrontation avec les œuvres de Nicolas Pineau donne à voir la complexité des procédés mêmes de la création. Une salle de l’exposition est consacrée à ces pratiques d’atelier. »

« Le sculpteur François Gilles restitue les étapes de réalisation d’une boiserie d’après un modèle de Nicolas Pineau, en donnant a voir trois phases de ce travail de sculpture. Vidéos et outils explicitent les moyens techniques mis en œuvre au XVIIIe siècle. »

Formes du rococo
« Asymétrie, sinuosités, infinies variations, rêves de Chine, imaginaires animaliers : Nicolas Pineau, comme ses contemporains et ses suiveurs, compose un art plein de fantaisie, de surprise, de profusion, qui puise son inspiration dans la nature comme dans l’architecture classique tout en les transfigurant. »

« Si Pineau développe un vocabulaire formel singulier, la révolution de ce goût de la courbe, de l’excès, de l’hybridation, du caprice selon certains, se répand dans tous les arts et dans toute l’Europe. »

Échos du rococo
« Le rococo a marqué un tournant dans l’histoire des arts décoratifs dont les échos se font encore entendre. »

« La perception contrastée de ce style, entre passion et rejet, amène a exploré l’historicisme du XIXe siècle, les sources de l’Art nouveau et celles de la post‑modernité. Les formes du rococo se cachent, se déclinent, s’hybrident, et se réinventent toujours. »

« Cette liberté des formes, leur inventivité apparaissent comme un défi au gout et à la logique. »

« Les courbes indisciplinées du rococo sont sans cesse revisitées. Le Second Empire invente de nouvelles typologies de sièges aux formes chantournées de style néo-Louis XV, tel que le confident : un fauteuil double dont les dossiers et accotoirs, tout en sinuosité, ne font qu’un. » 


« La ligne fouettée d’un Majorelle résonne avec les courbes asymétriques des créations de Mathieu Lehanneur ou de Pierre Renart. Vivienne Westwood, comme Cindy Sherman, se jouent de la préciosité rococo, à l’instar de Tan Giudicelli qui orne une robe a la façon d’une commode rocaille. Chez Royere, la nature reprend ses droits : le décorateur transforme en lianes des luminaires. »

« La confrontation d’objets néo ou post-rococo avec l’œuvre de l’un cette esthétique, Nicolas Pineau, pose la question de la permanence et du succès d’un « goût », qui ne semble pas devoir s’épuiser. »


Du 12 mars au 18 mai 2025
107, rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : +33 (0) 1 44 55 57 50
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h dans les expositions temporaires
Visuels :
Affiche
Nicolas Pineau. Couronnement d’un montant. Vers 1728-1754. Graphite, sanguine et lavis de sanguine sur papier vergé © Les Arts Décoratifs

Nicolas Pineau —
Impériale de lit avec trophée
Vers 1740-1750 
Sanguine et lavis de sanguine sur papier vergé
© Les Arts Décoratifs

Nicolas Pineau —
Angle de cadre sculpté avec une hure de sanglier
Vers 1745
Pierre noire, sanguine et lavis de sanguine sur deux feuilles de papier vergé raboutées
© Les Arts Décoratifs

Jules Cron,
Manufacture Jules Desfossé —
Papier peint à motif répétitif
1859
Papier, fond vert brossé à la main et velouté
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Firme Jennens & Bettridge
(Birmingham) —
Fauteuil
Vers 1850-1865
Bois peint et doré
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière


A lire sur ce blog :
Articles in English
Les citations sont extraites du communiqué de presse et du livret de l'exposition.

dimanche 11 mai 2025

Les Juifs de Pologne

L’histoire des Juifs en Pologne est millénaire. Au Xe siècle, débute une ère de tolérance religieuse et de prospérité pour les Juifs. Dès le XVIIe siècle, les Juifs sont tributaires des conflits induit par la faiblesse du pouvoir en Pologne. Durant l'entre-deux-guerres, une partie des juifs fuit l'antisémitisme polonais. Environ 90% des juifs polonais sont assassinés lors de la Shoah en une Pologne sous occupation nazie  (1939-1945). Arte diffusera le 14 mai 2025 à 01 h 10 « Juifs de Pologne : un combat pour la vérité » de Joanna Grudzinska.
 

« La moitié de la ville » de Pawel Siczek
Hersh Fenster et le shtetl perdu de Montparnasse 
« Menachem & Fred, orphelins de l’Holocauste » de Ronit Kertsner et d'Ofra Tevet
David Garfinkiel (1902‐1970), peintre
« Moshe. Victime et meurtrier », par Natalie Assouline Terebilo
Maryan (1927-1977)
Walter Spitzer (1927-2021)
Shelomo Selinger 
"Les érotiques" de Yehuda Neiman 
« Dans tes yeux. La Pologne », de Ludo Tourte
Joanna Flatau, peintre 
Le sculpteur Lev Stern
« Le joueur de ping-pong » de Józef Hen
« Ida » par Pawel Pawlikowski 
  
Depuis la fondation du royaume de Pologne au Xe siècle, puis dans la république des Deux Nations (Rzeczpospolita Obojga Narodów) - union du royaume de Pologne et du grand-duché de Lituanie en 1569 -, la Pologne est un pays tolérant en Europe envers les Juifs qu'elle attire notamment pour favoriser son essor économique. Au XVIIe siècle, cette tolérance s'affaiblit dans la république des Deux Nations.

A la fin du XVIIIe siècle (1772, 1793 et 1795), la Pologne subit des annexions successives, provenant du royaume de Prusse, de l'empire d'Autriche et de l'Empire russe. Elle n'apparait plus dans les cartes de l'Europe.

Les "Juifs polonais deviennent les sujets des puissances qui dominent alors la zone, surtout de la Russie de plus en plus antisémite, mais aussi de la Prusse et de l’Autriche-Hongrie. À la fin du XVIIIe siècle, la situation des Juifs dans les anciens territoires polonais commence à ressembler à celle d’autres régions d’Europe".

En 1918, près de 3,5 millions de Juifs vivaient en Pologne, soit 10 % de sa population dans ses frontières de 1921. Le "nouveau gouvernement reconnaît les Juifs polonais comme une « minorité nationale », avec des droits et des obligations vis-à-vis du nouveau régime. Néanmoins, l'antisémitisme est l'un des problèmes politiques du pays en construction". Ce qui induit une émigration, notamment vers la France.

Durant l'occupation nazie de la Pologne lors de la Deuxième Guerre mondiale, environ 90 % des juifs polonais sont tués lors de la Shoah (ghettos, camps nazis, etc.). Les Polonais aidant les juifs risquaient alors leur vie.

En 1945, la quasi-totalité des 240 000 citoyens Juifs polonais rescapés de la Shoah fuient la république populaire de Pologne, placée dans l'orbite de l'Union soviétique, caractérisée par des pogroms de l'après-guerre - à Kielce le 4 juillet 1946 - et la campagne antisémite du Parti ouvrier unifié polonais, soutenue par l'État dès 1968. Un grand nombre choisit l'Etat d'Israël recréé.

A l'aube du XXIe siècle, quelques dizaines de milliers de juifs vivent en Pologne.

« Juifs de Pologne : un combat pour la vérité »
Arte diffusera le 14 mai 2025 à 01 h 10 « Juifs de Pologne : un combat pour la vérité » de Joanna Grudzinska.

« Quelle est la responsabilité des Polonais dans les pogroms commis pendant la guerre ? Autour du travail de l’historien Jan Gross, retour sur un brûlant débat mémoriel qui déchire le pays depuis des décennies. » 

« C’est un immense angle mort dans la manière dont la Pologne envisage sa propre histoire : le destin de sa communauté juive pendant la guerre, et le rôle joué par la population locale dans son extermination. »

« En 2000, l’historien Jan Tomasz Gross, Polonais longtemps exilé aux États-Unis, brisait le silence en publiant Les voisins, un livre sur le pogrom commis en 1941 dans le village de Jedwabne, dans l’est du pays. »

« Si l’histoire officielle attribuait ce crime de masse aux Einsatzgruppen – les unités d’exterminations nazies –, le témoignage d’un rescapé, Shmuel Wasserstein, en fait porter la responsabilité aux villageois eux-mêmes… »

« Entre prise de conscience, déni et révisionnisme, c’est une véritable lutte des mémoires qui s’installe, dans un pays où l’antisémitisme est aussi prégnant que tabou, et où persiste le mythe selon lequel la majorité des citoyens auraient aidé les juifs. »

« Le deuxième grand livre de Jan Gross, La peur, fait vaciller la conscience du pays : il revient sur le pogrom de Kielce, d’autant plus terrible que ces meurtres antisémites ont été commis sur des survivants de la Shoah, juste après la guerre. » 

« Depuis trente ans, à la suite de Gross, des historiens enquêtent, dénonçant le silence des manuels scolaires et les mensonges inscrits jusque sur les monuments aux morts, déterminés à rouvrir le débat et à confronter le pays à son histoire. »

« Ce film part à leur rencontre, et dévoile les résistances politiques et populaires que leurs thèses, pourtant largement étayées, suscitent encore aujourd’hui. »

« Car si en 2001, le président social-démocrate Aleksander Kwasniewski présentait ses excuses au peuple juif pour le massacre de Jedwabne, la majorité conservatrice adoptait en 2018 une loi punissant de prison l’imputation d’une quelconque responsabilité de la Pologne dans les crimes nazis... »

« Jeunes et juifs, ils revendiquent leur foi »

Intitulé aussi "Pologne : une génération à la (re)conquête de son identité juive", un reportage sur des Juifs polonais, entre décision d’aliyah et double ancrage, dans leur pay et dans leur judéité, parfois redécouverte.

« Regards. Des histoires d’Européens » sur Arte ? « L’Europe dans sa diversité en reportages quotidiens : une plongée dans des réalités inédites, du lundi au vendredi à 13 heures et à tout moment sur le Net. »

Présents depuis le Xe siècle en Pologne, les Juifs polonais - "3,5 millions" avant la Deuxième Guerre mondiale - ont été décimés par la Shoah : trois millions ont été déportés, contraints à rejoindre des ghettos, massacrés, tués dans ces camps, dont celui d'Auschwitz, lors de cette extermination par les Nazis et leurs collaborateurs. En 2011, environ 7 500 Polonais se déclarent Juifs. Selon certains démographes, "20 à 25 000 personnes sont conscientes de leur origine Juive". "Et dix mille aujourd'hui".

« Se cacher ou partir ? Telle est la question qui taraude une partie des jeunes juifs polonais ». 

« À Wroclaw, Patrycja et Eryc sont certes fiers de leurs origines, mais n’osent pas afficher publiquement leur religion ». Par peur d'agressions.
 
« Le jeune couple ne voit pas d’avenir en Pologne et se prépare à émigrer en Israël ». 

« Mais d’autres membres de cette petite minorité revendiquent de plus en plus leur identité ».

« C’est le cas de Radek. Cet étudiant en informatique de Varsovie n’a eu connaissance de ses ascendances juives que tout récemment ». 

« Ravi de cette découverte, il a opté pour une pratique rigoureuse du judaïsme ».



Pologne, France, 2024, 60 min
Auteure : Joanna Grudzinska
Production : Zadig Production
Producteurs : Paul Rozenberg, Céline Nusse, Rafael Lewandowski, Vertigo films
Sur Arte le 14 mai 2025 à 01 h 10
Sur arte.tv du 06/05/2025 au 10/08/2025
Visuels © Zadig Productions

Allemagne, 2021, 28 mn
Sur Arte le 12 octobre 2021 à 13 h
Sur arte.tv du 12/10/2021 au 09/04/2022
Visuels : © MDR

A lire sur ce blog :
Les citations sur le documentaire proviennent d'Arte. Cet article a été publié le 2 octobre 2021.

vendredi 9 mai 2025

« Je danse mais mon cœur pleure. Les labels de musique juifs sous le nazisme » de Christoph Weinert

Arte diffusera le 12 mai 2025 à 00 h 25 « Je danse et mon cœur pleure. Les labels de musique juifs sous le nazisme » ("I Dance But My Heart is Crying"), documentaire de Christoph Weinert. « Un long travail d’exhumation a redonné vie aux enregistrements de quatre labels berlinois juifs que l’on croyait irrémédiablement perdus. Retour en musique sur une histoire oubliée. »

Paul Dessau (1894-1979)
Saleem Ashkar
Daniel Barenboim  
« Requiem pour la vie », de Doug Schulz

« Ce sont des pépites resurgies du passé, qui donnent à entendre la voix des musiciens juifs allemands à l’aube de la catastrophe. »

« Autorisés après 1933 par le régime nazi à continuer à travailler au sein de leur propre organisation, le Jüdischer Kulturbund (Ligue de culture juive), mais pas à se produire sur scène, les musiciens et les artistes de cabaret trouvent un secours fragile auprès d'une poignée de labels de musique juive survivant à Berlin, les principaux étant Semer et Lukraphon. »

Cette association culturelle juive a été fondée à Berlin en juillet 1933 après les licenciements d'artistes juifs salariés des institutions culturelles de l'État conformément à la loi sur la fonction publique. Dénommée initialement Association culturelle des Juifs allemands, elle a été crée par Kurt Baumann et Kurt Singer, chefs d'orchestres, musiciens et musicologues. Kurt Baumann était aussi neurologue. Au cours des premières années, environ 20 000 membres ont adhéré au Jüdischer Kulturbund

« Mais au cours de la nuit de Cristal, en novembre 1938, les locaux de ces maisons de production sont détruits, et avec eux l’ensemble de leurs disques, ainsi que leurs textes et partitions d'origine. »

En 1941, le Jüdischer Kulturbund a été dissout. 

« Grâce à une longue enquête, deux passionnés ont réussi à retrouver et restaurer les rarissimes 78-tours disséminés à travers le monde, et à reconstituer les catalogues de ces quatre labels, riches de plusieurs centaines de titres. » 

« Les chansons d’amour de Dora Gerson, grande star de l’époque, les facéties du chansonnier Willy Rosen ou les enregistrements d’Andreas Weissgerber, violoniste virtuose… Ce documentaire retrace l’histoire oubliée de ces artistes du Berlin des années 1930, dont beaucoup ont péri exterminés dans les camps nazis, et donne à entendre une œuvre où se lit, entre les lignes, l’inquiétude face au sort que réserve le IIIe Reich au peuple Juif. »

« Prolongement concret de cet extraordinaire travail d’exhumation : la relecture moderne qu’en fait le Semer Ensemble, animé par le compositeur américain Alan Bern, qui s’est donné pour émouvante mission de réinterpréter ces titres afin d’en raviver la mémoire. » 

De nombreux musiciens juifs ont été déportés au camp nazi de Theresienstadt ou Terezín.



Allemagne, 2023, 53 min
Coproduction : ZDF/ARTE, Fleming Postproduktion, JMag Productions 
Sur Arte le 12 mai 2025 à 00 h 25 
Sur arte.tv du 04/05/2025 au 01/08/2025
Visuels : © Flemming Postproduktion