Le Petit Palais propose l’exposition « Dessins de bijoux. Les secrets de la création ». Il « dévoile pour la première fois la richesse et la diversité de cette collection, sortie de ses réserves et couvrant plus d’un siècle de création, de la seconde moitié du XIXe au milieu du XXe siècle. Des feuilles de créateurs à redécouvrir, comme Pierre-Georges Deraisme et Charles Jacqueau, et des maisons prestigieuses telles que Boucheron, Cartier, Lalique, Rouvenat et Vever témoignent de l’évolution des styles et des techniques dans le domaine de la joaillerie » aux multiples influences et modes : classiques, Egypte, Chine, Japon, Art Nouveau et Art Déco...
La Mode retrouvée. Les robes trésors de la comtesse Greffulhe (Proust’s Muse, The Countess Greffulhe)
« Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli »
Madame Grès, la couture à l’œuvre
Madame Carven (1909-2015)
Madame Grès, la couture à l’œuvre
Madame Carven (1909-2015)
« Assassinat d'une modiste » de Catherine Bernstein
« Stitching History from the Holocaust »
Coco Chanel
« Stitching History from the Holocaust »
Coco Chanel
La France d’Avedon. Vieux monde, New Look L'Art de l'automobile. Chefs-d’œuvre de la collection Ralph Lauren
Sonia Rykiel (1930-2016)
Sonia Rykiel (1930-2016)
« Au bonheur des dames. L'invention du grand magasin », par Sally Aitken et Christine Le Goff
« Les Galeries Lafayette, Paris », par Elke Werry
« Les Galeries Lafayette, Paris », par Elke Werry
« Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française »
« KaDeWe, Berlin » par Elke Werry
« Macy's, New York » documentaire par Janos Kereszti
« KaDeWe, Berlin » par Elke Werry
« Macy's, New York » documentaire par Janos Kereszti
Par l’exposition « Dessins de bijoux. Les secrets de la création », le Petit Palais « souhaite mettre en lumière son fonds exceptionnel d’arts graphiques. Il « révèle la diversité et l’ampleur de ce patrimoine constitué depuis la fin des années 1990 à travers une sélection exceptionnelle de dessins, réalisée parmi plus de 5500 œuvres. Des feuilles de créateurs à redécouvrir, comme Pierre-Georges Deraisme et Charles Jacqueau, et des maisons prestigieuses telles que Boucheron, Cartier, Lalique, Rouvenat et Vever témoignent de l’évolution des styles et des techniques dans le domaine de la joaillerie. »
L'exposition « propose aux visiteurs un véritable voyage dans un atelier, au cœur des coulisses de la création, grâce à un parcours qui se déploie en quatre grandes sections ».
« Le visiteur est invité à plonger dans l’imaginaire des dessinateurs de bijoux qui puisent leur inspiration directement de l’observation de la nature mais aussi de recueils d’ornements qui véhiculent des formes décoratives issues de différentes époques et régions du monde. Carnets d’esquisses, planches de motifs, livres… immergent le visiteur dans ce monde foisonnant. »
L’exposition « se veut également pédagogique, offrant un éclairage sur les différentes étapes de la création d’un bijou : de l’esquisse rapide au dessin final, à l’échelle 1 et mis en couleur. Cette deuxième section s’attache à présenter la manière dont se mêlent rigueur technique et sens artistique dans la conception de ces objets précieux. Une sélection de dessins à la gouache particulièrement séduisants met en valeur l’Art nouveau et l’Art déco. Une vidéo réalisée à la Haute École de Joaillerie dévoile les gestes précis et intemporels des gouacheurs faisant ressortir la beauté et la maîtrise de leur savoir-faire. »
« Véritables œuvres collectives, les bijoux naissent de la collaboration de nombreux corps de métiers : dessinateurs, modeleurs, graveurs, ciseleurs, reperceurs, émailleurs, joailliers, sertisseurs, enfileurs ou encore polisseurs. La troisième section de l'exposition évoque cette synergie, en présentant les dessins en regard des bijoux finis dont certains sont issus des collections du Petit Palais comme « Le Pendentif Sycomore » (1910) ou « La Bague insectes » (1903) de Georges Fouquet. Ce dialogue entre le papier et le métal révèle la complexité du travail de chaque main et la beauté du processus créatif. »
Les « dessins de bijoux, souvent plus durables que les pièces elles-mêmes, continuent de vivre, en tant qu’archives précieuses mais également comme sources d’inspiration pour les créateurs des générations suivantes. Cette dernière partie du parcours invite à réfléchir sur la manière dont ces œuvres sur papier traversent les époques et conservent leur rôle vital dans l’univers de la joaillerie. »
L’exposition « se termine par une sélection de bijoux rarement exposés, issus des collections du Petit Palais, présentés en regard de portraits d’élégantes. »
N’est pas abordé le cadre économique : par exemple, la sous-traitance à des artisans joailliers dans l’entre-deux guerres. Parmi ces artisans joailliers indépendants : le père du chanteur Jean Ferrat, Mnacha Tenenbaum. Cet habile artisan joaillier juif français d’origine russe fabriquait des pièces et des parures pour des commanditaires de la place Vendôme à Paris.
Autour de l’exposition, le musée a organisé des conférences :
Ecrins de papier : recueils d’ornements et bijoux, XVIe-XXe siècles
Par Sophie Derrot, conservatrice des bibliothèques et docteure en histoire de l'art
« Les « livres d’ornements » et les arts précieux, en particulier ceux de la création bijoutière et joaillière, entretiennent des relations de longue date. Sources d’inspirations variées, ces recueils gravés ont également permis la diffusion de modèles, de noms et de styles à une grande échelle, depuis le XVIe siècle jusqu’aux créateurs du XXe siècle. »
La bijouterie-joaillerie au temps de l'industrie : art et technique
Par Florent Guérif, doctorant en histoire de l'art à l'Ecole pratique des hautes études, et professeur à l'École des Arts Joailliers
« Autant convoité par une élite financière que par une clientèle de grande consommation, le bijou comme élément de la parure, devient objet d'art au XIXe siècle, s'accordant ainsi avec le goût et les mouvances historicistes de son époque. Au fil d'une longue exploration collective, les bijoutiers-joailliers questionnent la modernité de leur art, dont les résultats sont visibles dans les productions de l'Art nouveau et de l'Art Déco, jusqu'aux années 1940. »
Du dessin au bijou
Table-ronde avec Marina Fulchiron, dessinatrice de haute joaillerie et professeure de gouaché, Paul Paradis, historien de l’art et du bijou, et Clara Roca, commissaire de l’exposition.
« De la première esquisse lancée sur le papier au bijou réalisé, de nombreuses mains sont mobilisées. Convoquant des gestes, des techniques et des matériaux nombreux, tous les intervenants mobilisés contribuent à faire advenir l’oeuvre collective qu’est le bijou. Cette conversation à trois voix entre une dessinatrice, gouacheuse professionnelle, un historien de l’art et du bijou et la commissaire de l’exposition, évoquera ces savoir-faire et abordera les pratiques d’hier à l’aune de celles d’aujourd’hui. »
En partenariat avec L’École des Arts Joailliers
ÉVÉNEMENT : DÉMONSTRATION DE GOUACHÉ PAR LES ÉLÈVES DE LA HAUTE ÉCOLE DE JOAILLERIE
« Les visiteurs sont invités à découvrir la technique du gouaché exécutée sous leurs yeux par les élèves de la Haute école de Joaillerie. Observation en direct et échanges avec les élèves permettront de comprendre la spécificité de la technique, et d’appréhender le dynamisme des métiers d’arts et de leur apprentissage. »
« L’exposition présente les différentes étapes du processus créatif du bijou, mettant particulièrement en valeur le travail des dessinateurs. Dans cet esprit, dès l’entrée de l’exposition, le visiteur découvre un espace « atelier » (verrières, mobilier en bois brut, pupitres, tables inclinées) et lumineux par le choix de murs clairs qui n’imposent pas un éclairage agressif pour des oeuvres fragiles. Dans la première section la profusion de documents et d’objets d’inspiration accumulés sur des tables-vitrines accentue l’impression d’un espace de travail, de recherche. Dans la deuxième section, une certaine continuité murale avec la salle précédente évoque le passage de l’esquisse au gouaché. L’inclinaison des tables centrales évoque de façon évidente celles des dessinateurs et permet aux visiteurs un confort de lecture pour des documents de format réduit. L’entrée dans la troisième section est marquée par le changement d’ambiance (teinte des murs foncé), on entre dans l’espace de fabrication du bijou : le mobilier arrondi est directement inspiré des postes de travail des artisans joailliers. Les dessins sont confrontés aux bijoux réalisés, présentés dans de petites vitrines « écrins ». La dernière section met en valeur le devenir du dessin après la réalisation du bijou. Il est la mémoire de certains bijoux disparus, archives précieuses de grandes maisons de joaillerie. La préciosité est appuyée par le choix d’une teinte jaune doré pour cet espace », a résumé Violette Cros, scénographe.
Parcours de l’exposition
« La collection de dessins de bijoux du Petit Palais, riche de plus de cinq mille cinq cents œuvres, reste méconnue. Constituée tardivement, à partir de 1998, elle est conservée en réserve, à l’abri de la lumière. Cette exposition dévoile la diversité et la particularité de ce fonds. S’il comprend de belles feuilles qui portent la marque de grands noms de créateurs et de maisons de joaillerie de la seconde moitié du XIXe au milieu du XXe siècle, comme René Lalique ou Boucheron, il comporte aussi les fonds entiers des artistes Pierre-Georges Deraisme et Charles Jacqueau. Ces deux ensembles complets permettent de témoigner de la globalité du processus créatif du dessin de bijoux, de la première idée rapidement jetée sur le papier à un dessin achevé et mis en couleurs. »
« Le parcours propose de dérouler ce fil pour évoquer les sources d’inspiration des dessinateurs de bijoux, la genèse de leurs compositions et les techniques qui leur sont propres. Il invite à considérer leurs dessins pour leur valeur artistique intrinsèque, mais aussi à l’aune de leurs fonctions de conception, de fabrication et de commercialisation, parfois au regard de la pièce finale. Il évoque enfin la longévité de ces feuilles qui endossent de nouveaux usages une fois les bijoux réalisés. »
SECTION 1 : INSPIRATIONS, AUX SOURCES DU DESSIN
« Pour interroger les sources d’inspiration des dessinateurs de bijoux, cette première section de l’exposition s’appuie essentiellement sur les fonds complets de Pierre-Georges Deraisme et de Charles Jacqueau, donnés au Petit Palais par leurs descendants. Ces deux artistes ont en effet consciencieusement gardé leurs études, parfois ordonnées dans des cahiers pour faciliter leur réemploi. Celles-ci éclairent autant les modèles qu’ils choisissent que les premières étapes de leur processus créatif individuel. »
« Pour plusieurs thématiques puisant dans les vastes répertoires de la nature ou bien dans celui des arts, le parcours invite à suivre l’évolution de formes et de motifs étudiés par les artistes. Retravaillés, assimilés, parfois hybridés, ils sont disséminés dans des projets de bijoux qui jouent de la citation comme de l’interprétation personnelle. Ils témoignent des recherches sans restriction de ces dessinateurs cultivés dont les centres d’intérêt et la curiosité dépassent largement le domaine de la bijouterie et de la joaillerie. »
NATURE
« Dès la fin du XVIIIe siècle, les dessinateurs de bijoux s’inspirent de la botanique, discipline en plein essor. Ils se constituent des répertoires de formes naturelles, végétales et animales, qui alimentent leurs conceptions. Tour à tour, selon les goûts et les périodes, les fleurs nobles et simples, les classiques oiseaux et papillons comme les plus étranges coléoptères y trouvent leur place. »
« Les artistes observent la nature sur le motif, à la campagne ou au Jardin des plantes. Ils étudient dans leurs ateliers fleurs et feuilles coupées ou encore consultent des ouvrages scientifiques, des traités et des recueils d’ornements qui en offrent déjà une première interprétation. Le regard précis et naturaliste de travaux réalisés sur le vif peut donner lieu à des projets qui traduisent une quête de stylisation, empreinte de fantaisie et d’imaginaire ou bien tendant à l’épure et à l’abstraction. »
Lalique et Deraisme : la nature Art nouveau
« À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la nature est la source d’inspiration principale de l’Art nouveau. René Lalique et Pierre-Georges Deraisme sont tous deux représentants de ce mouvement artistique qui cherche à abolir la hiérarchie entre beaux-arts et arts décoratifs. Deraisme, bien que créateur à son propre compte, est aussi ciseleur pour Lalique : cette relation influence nécessairement son travail. Tous deux étudient végétaux et animaux, les insectes notamment, avec une rigueur quasi scientifique. De ces premières études très réalistes découlent des projets qui laissent place à une stylisation spécifique à l’Art nouveau. Les bijoux qu’ils conçoivent restituent ainsi la nature avec davantage de fantasmagorie que de réalisme ».
Regarder la nature : formes, motifs et structures
« Les dessinateurs de bijoux font entrer des morceaux de nature dans les compositions qu’ils imaginent : branches feuillues, bouquets fleuris ou animaux entiers, oiseaux ou insectes notamment, émaillent leurs créations. Mais leur regard sait être plus sélectif. Ce sont parfois des motifs isolés, celui de la peau mouchetée de la panthère par exemple, ou même des trames structurelles, à l’instar de la roue rayonnante d’un paon, qui retiennent leur attention. Les citations se font alors moins évidentes : ces éléments plus ciblés sont distillés dans des compositions moins naturalistes, plus abstraites, mais qui portent encore l’empreinte plus ou moins sensible d’un modèle vivant. »
La nature dans les livres
« Si Charles Jacqueau, tout comme René Lalique et Pierre-Georges Deraisme, apprécie la nature, qu’il observe volontiers sur le motif, au Jardin des plantes par exemple, il s’en empare aussi par le biais de publications. En plus de lectures dans des institutions publiques et de références qu’il acquiert à titre personnel, la bibliothèque de la Maison Cartier lui fournit nombre de modèles. Elle met à la disposition des dessinateurs une somme d’ouvrages hétéroclites, des recueils d’ornements aux livres scientifiques qui offrent également un répertoire ordonné de formes. Ces publications apportent souvent une première stylisation des motifs végétaux et animaux que les créateurs peuvent reprendre, amplifier ou réinterpréter à leur tour. »
ARTS
« Nombre de dessinateurs de bijoux, parmi lesquels Pierre-Georges Deraisme et Charles Jacqueau, cherchent dans les musées ou dans les bibliothèques des références pour alimenter leurs créations et stimuler leur imagination. Ils reprennent à leur compte l’idée d’Owen Jones, auteur de la Grammaire de l’ornement (1856), parangon du genre, selon laquelle il est impossible de faire du neuf sans l’aide du passé. »
« Les artistes compilent et s’approprient ainsi formes et motifs issus de toute période et région du monde, et de tout domaine suscitant leur curiosité, au-delà des arts décoratifs et de l’architecture. Ce faisant, ils se créent des répertoires personnels foisonnants, sommes d’études, de décalques et de notes prêts au réemploi. Ils reprennent en cela le modèle des recueils d’ornements, qui connaissent leur apogée au XIXe siècle et qui restent leurs références de prédilection. »
Recueils d’ornements, modèles de bijoux
« Dès le XVIe siècle, des recueils gravés et imprimés de modèles de bijoux, parfois produits par les orfèvres eux-mêmes, diffusent des formes qui sont ainsi accessibles à d’autres professionnels de la bijouterie-joaillerie. Des pendentifs conçus par Daniel Mignot dans les années 1590, connus de Pierre-Georges Deraisme, aux compilations de créations de Nicolas Joseph Maria et Jean-Henri-Prosper Pouget, publiés tous deux dans les années 1760, ces ouvrages font circuler des modèles dont l’influence perdure. Ces deux derniers exemples figurent en bonne place dans la bibliothèque Cartier, où Charles Jacqueau les consulte à plusieurs reprises. Ils témoignent du goût néo-XVIIIe défendu par cette maison au début du XXe siècle. »
Recueils d’ornements, formes prêtes à l’emploi
« Comme nombre de praticiens avant eux, Charles Jacqueau et Pierre-Georges Deraisme étudient, copient, décalquent et s’inspirent dans les bibliothèques privées, professionnelles ou ouvertes au public, telles la bibliothèque du musée des Arts décoratifs, la bibliothèque Forney et la Bibliothèque d’art et d’archéologie. Ils y consultent des recueils d’ornements qui leur offrent des modèles, classifiés par types, époques ou régions du monde, afin d’en faciliter l’interprétation par les artistes. D’autres compilations ordonnées d’images, ainsi que des publications spécialisées aux préoccupations parfois éloignées des applications ornementales, sont mises à profit par les dessinateurs qui diversifient leurs sources d’inspiration. »
Égyptomanie
« L’expédition militaire et scientifique menée par le général Bonaparte en Égypte de 1798 à 1801, le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion en 1822 et, un siècle plus tard, la découverte de la tombe de Toutankhamon nourrissent la fascination, durable, de l’Occident pour l’Égypte antique. Nombreux sont les bijoutiers et joailliers qui exploitent cet engouement dès la première moitié du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, la Maison Cartier prend à son tour part à l’égyptomanie ambiante. Charles Jacqueau alimente ainsi ses projets en multipliant ses approches du répertoire décoratif égyptien, étudiant aussi bien la Grammaire de l’ornement d’Owen Jones que des publications plus spécialisées, comme L’Art égyptien de l’égyptologue Jean Capart. »
Chine et Japon
« Les recueils d’ornements qui proposent une classification des formes décoratives par époques et par régions du monde facilitent la diffusion d’une influence orientale, particulièrement exploitée à partir de la seconde moitié du XIXe siècle par les artistes et artisans d’art qui y voient une source de renouvellement, voire de modernité. Les planches japonaises et chinoises de la Grammaire de l’ornement d’Owen Jones nourrissent notamment Charles Jacqueau, de même que les motifs compilés dans L’Ornement polychrome d’Albert Racinet ou Le Japon artistique édité par Siegfried Bing. Le dessinateur y relève des motifs, trames géométriques simples ou dragons élaborés, mais aussi des harmonies colorées propres à alimenter son vocabulaire et ses projets. »
Influences classiques
« Au début du XXe siècle, alors que l’Art nouveau est à son apogée, la Maison Cartier s’en tient intentionnellement à l’écart et reste fidèle à des modèles classiques, Renaissance, néo-XVIIIe et néo-classiques. Elle adopte durablement un vocabulaire pétri de références plus ou moins réinterprétées et visibles à l’Antiquité, source récurrente d’inspiration en bijouterie-joaillerie, tant pour les ornements que pour certaines techniques comme les camées. Lors de voyages et de visites architecturales ou muséales, ou bien grâce à des recueils d’ornements, Charles Jacqueau étudie ainsi pour mieux les assimiler des motifs issus de l’architecture ou des arts décoratifs grecs et romains. »
Visites de musées
« Si les bibliothèques jouent un rôle prépondérant dans la diversification des sources qui intéressent les dessinateurs de bijoux, ceux-ci savent également chercher leur inspiration dans les musées, nombreux dans la capitale parisienne, mais aussi visités lors de déplacements, en France ou à l’étranger. Il faut encore y ajouter certaines collections privées accessibles aux intéressés. Procédant de la même manière que les recueils d’ornements, ces institutions muséales classent et organisent les œuvres pour la présentation aux visiteurs, les rendant assimilables par les artistes. Louis Cartier ou Léon Rouvenat encouragent ainsi leurs créateurs à parcourir les musées pour stimuler leur inventivité et mieux œuvrer pour leur maison respective. »
SECTION 2 : DESSINER LES BIJOUX, UN ART ET UN MÉTIER SPÉCIFIQUES
« Les dessins de bijoux sont le plus souvent dus à des artistes spécialisés dans ce domaine. Parfois praticiens en plus d’être dessinateurs, ils sont formés en interne dans les ateliers ou dans des écoles destinées aux futurs artisans. Ces feuilles étant rarement signées, l’identité et la position de leur auteur, interne ou externe à l’atelier, sont souvent difficiles à déterminer. »
« Ces dessins, avant tout fonctionnels, servent à la réalisation d’une pièce. À ce titre, ils répondent à des codes que leur auteur et leurs destinataires connaissent et respectent. Le plus important est sans doute le principe de l’échelle 1. Le bijou est en effet représenté à la taille réelle de sa potentielle exécution, de sorte que quiconque consulte le dessin en saisisse les dimensions exactes. Les dessinateurs et maisons suivent de plus des préférences qui leur sont propres, par exemple dans le choix de couleurs symbolisant l’une ou l’autre pierre. Un dessin de bijou est ainsi à la fois le point de départ d’un projet et le support de référence, passé de main en main dans les ateliers. »
DE L’ESQUISSE AU GOUACHÉ
« La collection du Petit Palais permet de témoigner de l’ensemble du processus créatif du dessinateur de bijoux, de la première idée rapidement jetée sur le papier à un dessin achevé et mis en couleurs. Rarement conservés – parce qu’ils n’ont pas été retenus ou qu’ils ont été remplacés par des dessins plus aboutis –, les croquis initiaux révèlent les premières étapes de la réflexion de leur auteur. Si l’idée est retenue, ils sont suivis d’une mise au net. Ce nouveau dessin, rigoureux et précis, prend en compte les contraintes des matériaux du futur bijou, le placement des pierres ou l’articulation de la monture, afin de servir de guide pour la fabrication de l’objet. Il peut encore être suivi d’une ultime étape, le gouaché. Compréhensible pour les praticiens des ateliers, mais aussi pour les clients moins informés, ce dessin volontiers séduisant offre une image fidèle du futur bijou, consciencieusement figuré et coloré. »
Un ensemble de gouachés Art déco
« Au centre de la deuxième section du parcours, quatre vitrines présentent une sélection de gouachés issus de tous les ensembles qui constituent le fonds du Petit Palais. Ce dessin de bijou achevé, à la fois document technique et séduisante feuille colorée, révèle par son nom l’importance d’un matériau : la gouache. Privilégiée pour la mise en couleurs, elle adhère à tout type de supports, même les moins absorbants, comme les papiers translucides, qu’ils soient huilés ou calques. Elle peut être utilisée diluée, afin d’obtenir des effets de transparence, ou bien épaisse, pour couvrir complètement la surface. Cinq feuilles, issues d’un petit fonds anonyme de dessins de bijoux de style Art déco, offrent un bel exemple de cette façon de traiter densément la gouache. »
Dessins de bijoux et papiers translucides
« Les dessinateurs de bijoux, contraints par le peu de matériaux et de techniques à leur disposition, savent tirer parti des spécificités des supports. Les papiers colorés mettent ainsi en valeur les gouachés, notamment dans le cas de projets qui font la part belle aux diamants. Les papiers translucides se prêtent bien, quant à eux, à l’évocation de la lumière qui traverse les pierres et les émaux. Ces feuilles, que l’on peut travailler au recto aussi bien qu’au verso, permettent de restituer l’illusion d’un objet en volume en jouant de la transparence et de la superposition de couches graphiques. Le recto est alors souvent dévolu à la représentation des éléments les plus saillants des bijoux, ainsi que des reflets lumineux à leur surface. »
La technique du gouaché (film)
« Une vidéo, filmée dans les salles de classe de la Haute École de joaillerie, propose une immersion dans le processus du dessin de bijoux, et plus spécifiquement dans la technique du gouaché. Cette dernière est en effet toujours enseignée et largement pratiquée dans les studios de création des maisons de bijouterie-joaillerie. Les gestes des enseignants et des élèves d’aujourd’hui laissent deviner ceux des auteurs des gouachés présentés dans cette exposition. »
LES CIRCONSTANCES DE LA CRÉATION
« Le dessin de bijou accompagne la conception et, le cas échéant, la fabrication de la pièce. Les circonstances de sa création dépendent de ses destinataires. S’il est avant tout un dessin technique transmis aux ateliers, il peut aussi être un support de validation, que ce soit par la direction artistique d’une maison, dans le cas d’une création pour le stock, par la clientèle, dans le cas d’une commande, ou encore par un jury, dans le cas d’un concours. Les formes qu’il peut prendre tiennent compte des interlocuteurs avec lesquels le dessinateur doit composer. Outre ces instances de validation, le dessin de bijou est également soumis aux praticiens qui peuvent juger de la faisabilité technique d’un projet et le faire amender, si nécessaire. Les feuilles peuvent ainsi porter la trace de précisions et d’ajustements formulés pour ces partenaires spécifiques, ou en fonction de leurs propres retours. »
SECTION 3 : BIJOU DESSINÉ, BIJOU RÉALISÉ
« Le dessin de bijou est le document de référence pour les corps de métiers qui contribuent tour à tour à la création de la pièce, véritable oeuvre collective. Outre les dessinateurs, celle-ci ne nécessite en effet parfois pas moins d’une dizaine de spécialistes différents pour voir le jour : modeleurs, graveurs, ciseleurs, reperceurs, émailleurs, joaillier, sertisseurs, enfileurs ou encore polisseurs. »
« À l’échelle 1 de la pièce à réaliser, accompagné le cas échéant de vues de profil ou d’annotations diverses, mis en couleurs pour signifier les matières, le dessin doit être rapidement compréhensible par le chef d’atelier. Ce dernier dispose de toutes les clés pour lire correctement le bijou dessiné et établir une marche à suivre. »
« Les allers-retours entre le dessinateur et les ateliers n’en restent pas moins possibles. Le projet est en effet susceptible d’évoluer en fonction par exemple de contraintes techniques, d’amendements portant sur le choix de pierres ou de matières, ou de déclinaisons en plusieurs bijoux si un même motif rencontre un certain succès. »
MISE EN OEUVRE DU BIJOU : GLOSSAIRE DE MÉTIERS
« Modeleur : Il effectue un modèle de l’objet, en volume et à échelle 1. Il peut s’agir d’un modelage en cire, ou encore d’une maquette en étain ou en alliage métallique et en strass. Cette préfiguration du bijou peut aider le client dans son choix, assure la faisabilité technique d’un projet, et en affine l’évaluation du coût final. Le modèle en cire peut également servir à fabriquer un moule en vue de la fonte d’un bijou.
Graveur : Il creuse le métal à l’aide d’instruments pointus, comme le burin, pour l’orner de motifs ou d’inscriptions. Il peut par exemple guillocher le métal, c’est-à-dire l’orner de traits entrelacés ou entrecroisés de manière régulière afin de créer une trame à sa surface. Il existe aussi des spécialistes de l’art de graver les gemmes.
Ciseleur : Il met en forme le métal en le travaillant à froid et le plus souvent sans enlèvement de matière, avec un ciselet et un marteau. Il peut par exemple repousser le métal au recto ou en verso pour en faire émerger des formes, ou reprendre une pièce fondue à partir d’un modelage en cire et qui doit être affinée.
Reperceur : Il ajoure le métal de manière décorative. Il perce pour cela la surface afin d’y passer la lame d’une scie très fine qui lui permet d’évider les motifs souhaités.
Émailleur : Il décore les bijoux avec de l’émail, fait de cristaux de verre colorés et chauffés. L’émail peut être accueilli dans les creux d’un support en métal gravé ou ciselé, par exemple. Dans le cas du plique-à-jour, il n’est pas posé sur un fond mais, à la manière d’un vitrail, contenu dans un réseau métallique qui laisse passer la lumière à travers l’émail translucide.
Joaillier : Il crée la monture métallique qui prévoit la position des gemmes (pierres précieuses, pierres fines ou pierres ornementales) de manière à les mettre en valeur. Afin d’alléger cette structure et de mettre davantage en lumière les pierres translucides, il évide la monture à leur emplacement.
Sertisseur : Il insère les pierres dans la monture métallique afin de les fixer et de les mettre en valeur le mieux possible. Diverses techniques lui permettent de sécuriser les pierres de manière plus ou moins visible, par exemple en repoussant des griffes métalliques afin de les enserrer en plusieurs points.
Enfileur : À l’aide d’une aiguille, il assemble sur un fil de soie les perles et les pierres percées. Chaque élément est séparé par un noeud qui évite l’abrasion des différents éléments.
Polisseur : Il intervient sur la monture à plusieurs étapes de la réalisation du bijou, notamment avant le sertissage des pierres et une fois le bijou intégralement monté. En abrasant délicatement le métal, il fait disparaître les traces laissées par les outils et lui donne son éclat et son poli définitif. »
SECTION 4 : SECONDE VIE, LA LONGÉVITÉ DU DESSIN DE BIJOU
« Aujourd’hui, les dessins de bijoux sont mieux conservés, que ce soit dans les maisons qui ont vu leur naissance ou bien au sein de collections publiques ou privées. Une telle revalorisation tient au fait que ces feuilles revêtent de nouveaux usages une fois les pièces fabriquées. Dans le prolongement de leur finalité première, elles peuvent resservir de support de création et donner jour à des copies conformes ou des variantes d’inspiration plus lointaine. Partagées avec une clientèle à la manière d’un répertoire visuel de modèles possibles, elles se font aussi outils de communication. Les dessins préparatoires et les dessins rétrospectifs, actant l’aspect définitif d’une pièce réalisée, témoignent de la production de créateurs et de maisons pour certaines disparues. Plus pérennes que les bijoux, qui sont dispersés, démembrés ou détruits, ils sont investis d’une valeur historique, patrimoniale, voire juridique. Enfin, devenus objets de collection, considérés comme des œuvres d’art à part entière, ces dessins méritent d’être appréciés pour eux-mêmes. »
LES SERVICES PATRIMONIAUX DES MAISONS
« Objets de mémoire et d’étude pour le milieu de l’art et les institutions muséales, les dessins de bijoux sont précieux aussi pour les organisations qui les ont vus naître. La plupart des maisons historiques toujours en activité sont dotées de services consacrés à la préservation ou à la reconstitution de leurs collections patrimoniales. Les dessins qui y sont conservés répondent aux différents besoins des maisons. Au-delà de leur intérêt esthétique propre, ils revêtent en effet une valeur juridique, témoignent de l’histoire de l’organisation et de sa production, dispersée, voire disparue, ou encore, mis à la disposition de nouveaux créateurs, servent à leur tour de sources d’inspiration pour des collections futures. »
DESSINATEURS ET MAISONS DE JOAILLERIE
La Maison Boucheron, depuis 1858
« La Maison Boucheron est fondée en 1858 par Frédéric Boucheron, formé chez le bijoutier Jules Chaise. Il ouvre son propre atelier en 1866, afin de maîtriser la réalisation de pièces conçues pour l’Exposition universelle de 1867. Récompensé lors des expositions internationales, il sait aussi mettre en valeur les collaborateurs dont il s’entoure. En 1893, il s’installe place Vendôme. Son fils, Louis, lui succède à son décès, en 1902, et accompagne la transition de l’Art nouveau à l’Art déco, développant des collections d’accessoires pour la femme émancipée des Années folles. Frédéric et Gérard prennent la suite de leur père, Louis, en 1937. La Maison Boucheron se relance réellement à la Libération, rencontrant notamment un grand succès avec des nécessaires du soir au décor ajouré. Elle est toujours en activité aujourd’hui. »
Charles Jacqueau (1885-1968)
« Après des études à l’École professionnelle artistique Bernard Palissy puis à l’École des arts décoratifs, dont il est diplômé en 1906, Charles Jacqueau travaille comme dessinateur chez des bronziers parisiens. En 1909, grâce à un ancien condisciple, il intègre la Maison Cartier. Il occupe rapidement une place de choix au sein du studio de création, et entretient une relation d’estime et de confiance avec Louis Cartier, qui apprécie sa curiosité intellectuelle et son inspiration sans cesse renouvelée. Après la mort de ce dernier, en 1942, Jacqueau s’éloigne de la création du stock de haute joaillerie et se concentre sur les commandes clients. Il participe à la réorganisation de l’atelier de Cartier Londres entre 1945 et 1950, et prend sa retraite en 1954. »
La Maison Cartier, depuis 1847
« En 1847, Louis-François Cartier rachète l’atelier de joaillerie de son maître Adolphe Picard et fonde sa maison, qui séduit une clientèle issue de la haute société. Son fils Alfred lui succède en 1874. Ses trois petits-fils participent à leur tour au développement de Cartier. En 1898, Louis, l’aîné, rejoint l’entreprise, qui installe l’année suivante sa boutique et un studio de dessinateurs au 13, rue de la Paix. Pierre, le cadet, ouvre une filiale à Londres en 1902 puis à New York en 1909, tandis que Jacques, le benjamin, prend les rênes de Cartier Londres. La maison ignore à dessein l’Art nouveau et fait figure de précurseur pour l’Art déco. Directeur artistique, Louis Cartier entretient un rapport privilégié avec les dessinateurs, dont il encourage la curiosité intellectuelle. Il cède ce rôle en 1933 à Jeanne Toussaint. La maison est toujours en activité aujourd’hui. »
Pierre-Georges Deraisme (1859-1932)
« Pierre-Georges Deraisme se forme à la ciselure auprès de l’orfèvre Eugène Michaut. Également dessinateur et modeleur, il vend ses projets de bijoux à différentes maisons et travaille comme ciseleur pour René Lalique à partir de 1890. Il obtient pour cette collaboration une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1900. En 1908, Deraisme s’associe à Georges Uldry pour ouvrir une boutique au 7, rue Royale, où il présente ses propres créations. De 1909 à 1919, il expose bijoux et objets d’art dans les vitrines du Salon des artistes décorateurs et s’éloigne progressivement de l’esthétique Art nouveau au profit de pièces annonciatrices de l’Art déco. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, il devient directeur artistique des parfums Coty. Il enseigne à l’École Boulle jusqu’à sa mort. »
Maison Rouvenat (1851 - avant 1914)
« Léon Rouvenat (1809-1874) entre en 1827 dans l’atelier du bijoutier Hugues Calmette, beau-frère de Charles Christofle. Rouvenat dirige l’activité joaillière de cette affaire familiale à partir de 1849, puis fonde sa propre maison, en1851. Récompensé lors des expositions universelles suivantes, il connaît un grand succès pendant le Second Empire, attirant une clientèle prestigieuse avec des bijoux historicistes ou naturalistes. Il est à la tête d’une véritable manufacture joaillière qui réunit en un même lieu dessinateurs, batteurs d’or, lapidaires ou encore orfèvres, ainsi que des salons pour recevoir les clients. Son gendre Charles Lourdel lui succède en 1874, puis Félix Desprès prend la relève en 1883.La Maison Rouvenat-Desprès disparaît peu avant la Première Guerre mondiale et est recréée en 2022. »
René-Jules Lalique (1860-1945)
« Doué pour le dessin, René Lalique entre en apprentissage en 1876 dans la Maison Aucoc, où il se forme aux techniques de la bijouterie. Il s’installe comme dessinateur indépendant en 1882, œuvrant pour Cartier, Fouquet, Vever ou encore Boucheron. À partir du Salon des artistes français de 1895, il expose à son nom. Promoteur de l’Art nouveau, il réinterprète la faune, la flore et la figure féminine, et met en avant des matériaux tels que la corne et les pierres fines, au détriment des pierres précieuses. Il renouvelle ainsi l’art du bijou en défendant la valeur de la conception, supérieure à celle, vénale, des gemmes. Lalique triomphe à l’Exposition universelle de 1900, lors de laquelle il reçoit un grand prix. Par la suite, il délaisse peu à peu le bijou pour se consacrer exclusivement au travail du verre, qui le passionne depuis les années 1890. »
Carl Léopold Philippi (1843-1871)
« Frédéric Philippi (1814-1892), le père de Carl, se forme à la bijouterie et à la ciselure à Hambourg. En 1836,il s’installe à Paris et débute comme ouvrier dans l’atelier du bijoutier Pierre Caillot, où ses aptitudes le conduisent rapidement à la réalisation de dessins et de modèles. En parallèle, il ouvre un petit atelier, en 1838.Ses premiers succès lui permettent de déménager son activité dans un local plus spacieux, où il travaille avec une douzaine d’ouvriers à des bijoux de commande et des pièces inspirées de la Renaissance allemande qui font sa renommée. Son fils Carl, dont le joaillier Henri Vever souligne le talent prometteur, le rejoint, mais meurt prématurément, en 1871, à la bataille de Buzenval. Frédéric Philippi associe sa maison à celle de Caillot, Peck et Guillemin Frères en 1876. »
Raymond Henri Subes (1891-1970)
« Élève dans la section métal à l’École Boulle de 1906 à 1910, Raymond Subes se forme à la ciselure et au dessin. Il entame également, sans les terminer, des études à l’École des arts décoratifs. Blessé au début de la Première Guerre mondiale et démobilisé, il intègre l’atelier personnel de ferronnerie d’art créé par Émile Robert et apprend à forger. Au retrait de son mentor, en 1919, Subes devient directeur artistique puis directeur général de l’entreprise. Il conçoit des pièces en métal pour des lieux publics, des bâtiments civils ou religieux ou des paquebots transatlantiques. Reconnu comme l’un des plus importants ferronniers d’art de la période Art déco, il réalise également de nombreux bijoux et objets honorifiques, du collier actuel du grand maître de la Légion d’honneur aux épées d’académiciens. »
Vever Frères (1881-1921)
« En 1871, après l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l’Empire allemand, Ernest Vever transfère à Paris la bijouterie fondée à Metz par son père. Ses deux fils lui succèdent en 1881. Paul (1851-1915), polytechnicien, prend en charge les aspects administratifs et commerciaux, tandis qu’Henri (1854-1942), nanti d’une solide formation de bijoutier-joaillier complétée par des études à l’École des arts décoratifs puis aux Beaux-Arts, s’occupe des volets techniques et artistiques. La maison passe également commande à des dessinateurs extérieurs. En 1900, elle présente, à côté de créations joaillières d’Henri, des pièces novatrices conçues par Eugène Grasset. En 1921, les fils de Paul – André et Pierre – reprennent la maison, qui reste en activité jusqu’en 1982. Elle rouvre en 2021 avec la septième génération de la famille Vever. »
Georges Fouquet (1862-1957) et Charles Desrosiers (1865-1927)
« Fondée en 1860 par Alphonse Fouquet, la Maison Fouquet connaît un grand succès dans les années 1870-1880 avec des bijoux d’inspiration antique et Renaissance. Georges Fouquet succède à son père en 1895 et prend le tournant de l’Art nouveau, donnant un nouvel essor à l’entreprise. Il entame une collaboration féconde avec le dessinateur indépendant Charles Desrosiers, ancien élève de Luc-Olivier Merson et d’Eugène Grasset. Celui-ci est à l’origine d’un grand nombre de bijoux produits par la Maison Fouquet entre 1898 et 1910. Georges fait aussi plus brièvement appel à Alfons Mucha, pour des modèles de bijoux et pour le décor de son nouveau magasin du 6, rue Royale, conservé au musée Carnavalet. En 1919, son fils, Jean, oriente la production vers le style Art déco. La crise de 1929 est fatale à la maison, qui fait faillite en 1936. »
Fannière Frères

LA COLLECTION DE BIJOUX DU PETIT PALAIS
« Dès son ouverture au public à la fin de l’année 1902, le Petit Palais conserve un ensemble de bijoux qui s’étoffe progressivement. Il réunit notamment quelques pièces Renaissance de la collection des frères Dutuit, léguée à la Ville de Paris en 1902, ainsi que des créations Art nouveau, données en 1916 par le collectionneur Jacques Zoubaloff, achetées pour le musée en 1937 au bijoutier Georges Fouquet, ou encore transférées en 1979 au Petit Palais par le Palais Galliera, alors devenu musée de la Mode et du Costume. Une politique d’acquisition activement menée pendant les années 2000 a contribué à renforcer cette collection. »
« Une sélection de bijoux issus de cet ensemble, pour l’heure rarement exposés au sein du musée, est présentée en fin de parcours. Prolongeant l’exposition Dessins de bijoux, elle propose un aperçu de la richesse de ce fonds et invite à poursuivre la visite dans le parcours permanent des collections. Quelques précieuses parures y sont en effet montrées en vitrine, ou représentées portées, dans de séduisants portraits. »
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.
Tel : 01 53 43 40 00
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturnes les vendredis et samedis jusqu'à 20h.
Visuels :
Cartier Paris, Broche draperie, commande de 1922
Platine, diamant, corail, onyx, 13,09 x 6,09 cm.
Collection Cartier.
Nils Herrmann, Collection Cartier © Cartier
Charles Jacqueau pour Cartier, Jumelles de théâtre, années 1910.
Crayon graphite encre noire et gouache au recto gouache et encre noire au verso sur papier vélin translucide, 6,5 × 9,9 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Donation famille Jacqueau, 1998.
© Charles Jacqueau – Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Articles sur ce blog concernant :