Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
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vendredi 25 avril 2025

Des Assises de lutte contre l'antisémitisme inefficaces

Depuis 2024, deux Assises de lutte contre l'antisémitisme "politiquement et islamiquement correctes" ont été organisées par 
Aurore  Bergé, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les Discriminations, et en présence, en février 2025, d'Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Etaient invités des dirigeants d'associations, dont la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) et SOS Racisme, des représentants de religions, ainsi que des médias. Souci d'affichage de la détermination gouvernementale ? Communication politique occultant certains antisémitismes ? Quelle efficacité réelle de ces Assises dont certains intervenants sont controversés et éludent des sujets tabous comme l'antisémitisme islamique ? Et quid de l'extrême-centre macronien ?

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En 2022, 436 actes antisémites avaient été recensés. 

En 2023, 1 676 actes antisémites ont été constatés - « plus de 1200 actes antisémites ont été signalés du 7 octobre au 31 décembre 2023 ». Presque le quadruple du nombre en 2022.  Ces actes « se sont produits sur presque tout le territoire national... Près de 60% visent des personnes »

En 2024, 1 570 actes antisémites ont été comptabilisés. "Il s’agit des plaintes pour acte antisémite qui ont été comptabilisées par le ministère de l’Intérieur et communiquées au Service de protection de la communauté juive (SPCJ), un organisme créé en 1980 pour protéger les juifs et surveiller le nombre de violences envers eux." Et "1 960 actes racistes avaient été signalés sur l'ensemble de la précédente année scolaire (2023-2024)".

« Les deux tiers des actes antireligieux sont contre les juifs », a déclaré Gérald Darmanin, ministère démissionnaire de l’Intérieur, le 25 août 2024. Les Français juifs représentent environ 0,6% de la population française.

Par deux circulaires - 10 octobre 2023 et 29 avril 2024 -, le Garde des Sceaux et ministre de la justice, alors Eric Dupond-Moretti, a demandé aux procureurs une « réponse pénale ferme et rapide » face à l’antisémitisme et à « l’apologie du terrorisme ». Présidente de l’Organisation Juive Européenne (OJE) - pourquoi "européenne" ? -, Me Muriel Ouaknine-Melki a déploré le 24 août 2024, sur CNews, la non-application des circulaires, et a exhorté à des « sanctions plus rapides, plus fermes ».

Selon une enquête de l’IFOP pour "l’antenne française de l’American Jewish Committee (AJC) publiée dans Le Parisien (4 mai 2024), 35 % des 18-24 ans ont le sentiment qu’il est normal de s’en prendre à des juifs en raison de leur soutien à Israël."

Qui mène la lutte contre l'antisémitisme et avec quels résultats depuis 2000 ? La réponse à cette question constitue un des éléments démontrant la volonté gouvernementale, voire élyséenne, à le vaincre, et son efficacité. Certaines années, ce fut un préfet, d'autres un coordinateur interministériel. Instituée en 2012, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (DILCRA) est devenue, en 2016, la DILCRAH par l'extension de son champ d'intervention à la lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres). Depuis 2014, elle est placée sous la tutelle du Premier ministre. Critiquée pour son fonctionnement et son faible bilan en matière de lutte contre la haine antisémite, dotée d'un Conseil scientifique divisé puis dissout, la DILCRAH, qui n'a aidé aucun des Juifs français spoliés victimes d'antisémitisme, a eu à sa tête Olivier Klein (1er septembre 2023-2025), aux positions controversées. Le 3 février 2025, le préfet Mathias Ott lui a succédé dans cette fonction, avec des priorités claires confiées par la ministre Aurore Bergé. La DILCRAH soutient le Prix Ilan Halimi dont les dérives sont inquiétantes. 

Assises contre l’antisémitisme 2024
Le 6 mai 2024 au matin s’étaient ouvertes les Assises de la lutte contre l’antisémitisme organisées par Aurore  Bergé, ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les Discriminations. Un titre ministériel un peu fourre-tout concocté par des communicants classant l’antisémitisme parmi les « discriminations » ou l'associant au combat contre le sexisme !? Des discriminations, comme celles contre les LGBT+++ ?! Significatif de la perception erronée de l'antisémitisme et de la faible volonté aux plus hauts niveaux de l'Etat de le vaincre. Avoir accepté cette relégation révèle un échec de la communauté juive française institutionnalisée.

Autour de la table : le CRIF qui a demandé un rapport sur la réponse pénale aux actes antisémites - mieux vaut tard que jamais -, et ceux qui avaient refusé de participer à cette « grande marche civique » (Grande mosquée de Paris). Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Mohamed Hafiz, avocat franco-algérien, avait indiqué sur les réseaux sociaux "l'objectif clair" de sa présence : "marquer son rejet de la notion fausse et abjecte d'"antisémitisme musulman". Parmi les invités, on trouvait SOS Racism) qui avait exhorté : « Halte au massacre à Gaza ! La France doit demander un cessez-le-feu immédiat  ». 

« Importation du conflit israélo-palestinien », « antisémitisme d’atmosphère », « antisémitisme sous couvert d’antisionisme », « composante de l’islamo-gauchisme »… Telles sont les « explications » avancées prudemment… pour éviter d’évoquer un antisémitisme et un antijudaïsme islamiques que seul, dans le monde politique hexagonal, Eric Zemmour, Président de Reconquête !, désigne en les liant à l’immigration « de culture arabo-musulmane ».

Publiée en mai 2024 par l’Institut français d'opinion publique (IFOP) pour l’AJC-Paris, en partenariat avec la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), « la radiographie de l’antisémitisme en France » a souligné l’« augmentation des préjugés antisémites chez la population musulmane ».

« L'honnêteté intellectuelle consisterait à reconnaître l'importance des préjugés [antisémites chez les musulmans] pour mieux les combattre, et non à les mettre sous le tapis comme le fait le recteur [de la Grande mosquée de Paris Hafiz Chems-eddine]… sous le regard perplexe du [Grand Rabbin de France ou GRF Haïm Korsia] qui s'abstient de le tacler par amitié », a écrit Ferghane Azihari, chroniqueur au Point, sur X, le 28 octobre 2023.

Le principal carburant de cet antisémitisme demeure le « palestinisme » (Sammy Ghozlan).

Aucune association de victimes d’antisémitisme n'avait curieusement été invitée. 

Bref, on avait pris les mêmes associations qui n'ont pu enrayer cette hausse vertigineuse du nombre d'actes antisémites durant des décennies, et on a recommencé. En espérant quoi ?

Puis, ce 6 mai 2024 au soir, au Carrousel du Louvre, s'était déroulé le 38e dîner annuel du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). Yonathan Arfi, Président du CRIF, y a conclu : « Face au phénomène de masse à la faveur des réseaux sociaux, le cadre de la justice pénale n’est malheureusement pas adapté pour un traitement rapide et systématique. C’est pourquoi nous plaidons pour la mise en place d’une amende civile, qui sanctionnerait, sur le modèle de Hadopi, les auteurs de propos haineux sur Internet... » 

Invité d'honneur, le Premier ministre, alors Gabriel Attal, a évoqué son action : « Avec le ministre de l’Intérieur, nous mobilisons des patrouilles des forces de l’ordre devant 850 synagogues, lieux de culte et écoles. Nous donnons les moyens de renforcer la protection des synagogues, avec 6 millions d’euros de financements l’année dernière, des financements en augmentation. Je suis fier qu’à la demande du Président de la République nous ayons adopté, en 2019, la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah. La circulaire, très claire, prise par le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, trois jours seulement après le 7 octobre, pour demander une réponse pénale ferme et rapide face à l’antisémitisme et à l’apologie du terrorisme… Alors, les enquêtes sont menées et les condamnations arrivent... Lutter contre l’impunité, c’est aussi donner des sanctions immédiates. C’est une de vos revendications, vous l’avez rappelée dans votre discours, et je la partage… L’idée d’une amende civile a été évoquée pour une réaction immédiate aux actes antisémites. Un groupe de travail a été lancé sur le sujet et je suivrai ses conclusions avec la plus grande attention. » 

« La transparence sur les actes, bien sûr, mais aussi la transparence sur les sanctions. Et je vous rejoins dans cette aspiration. Parce qu’il n’y a qu’en démontrant et en rappelant qu’il y a des sanctions claires et des sanctions fermes, que nous ferons reculer les auteurs de ces actes antisémites. Aujourd’hui, il n’est pas possible de connaître précisément, en termes statistiques, le nombre et les condamnations pour des actes commis en raison de la religion. Vous le savez, j’ai toujours été un partisan de la transparence. C’est elle qui nous permet d’avancer. Alors, comme vous, je veux faire la vérité sur les chiffres. Aussi, je vous annonce que j’ai demandé au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, de trouver les moyens de mettre en œuvre un recensement de ces cas et de ces condamnations partout en France. C’était une de vos demandes. Nous la mettrons en œuvre ! », a précisé Gabriel Attal. 

Près d'un an plus tard, aucune information n'a été communiquée sur un énième groupe de travail et ce recensement. Éric Dupond-Moretti et Gabriel Attal n'exercent plus de fonctions ministérielles.

On peut déplorer que les organisations françaises de lutte contre l'antisémitisme n'aient pas établi des statistiques communes, même incomplètes, sur des plaintes pour antisémitisme ou incitation à la haine ou au terrorisme, et des décisions judiciaires : classements sans suite, relaxes, condamnations avec sursis ou à des travaux d'intérêt général, etc. Etablie de manière indépendante, rendue publique et médiatisée, ces statistiques auraient donné une vision, certes partielle, mais éclairante, des actions des parquets et du "gouvernement des juges". Son étude aurait permis de montrer ce qui ne fonctionne pas, d'éventuelles erreurs procédurales commises, d'en chercher les raisons et de tirer les conséquences des échecs. Le pouvoir politique aurait été contraint de réagir face à la persistance des "territoires perdus de la République" depuis le déclenchement de l'Intifada II par Yasser Arafat. Au lieu de cela, ces organisations sont parfois minées par une guéguerre d'egos et par un certain déni de la réalité, voire le refus de dire toute la vérité sur l'antisémitisme en France.

Les politiques devaient être invités aux Deuxièmes Assises prévues après les élections européennes du 9 juin 2024. La dissolution jamais justifiée de l'Assemblée nationale par le Président Emmanuel Macron, la "trêve politique" durant les Jeux olympiques 2024 imposée par le Chef de l'Etat, et les difficultés de composer un gouvernement faute d'une majorité absolue, ont reporté la tenue de l'Acte II et peut-être l'application de ces deux mesures : amende civile, recensement des affaires d'antisémitismes et des réponses judiciaires.

Le 12 novembre 2024, lors d'une conférence de presse en présence notamment de dirigeants du CRIF, du Consistoire et du délégué de la DILCRAH, place Beauvau, siège du ministère de l'Intérieur, Othman Nasrou, Secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, chargé de la citoyenneté et de la lutte contre les discriminations, a annoncé la relance des Assises de la lutte contre l’antisémitisme début 2025. Il s'était rendu auparavant au Mémorial de la Shoah. Othman Nasrou a fustigé l’antisémitisme géopolitique et politique de ceux dont c’est le fonds de commerce. Il a exhorté à la mobilisation de tous contre l'antisémitisme. Il a lancé la 7e édition du Prix Ilan Halimi. 
J'ai alerté sur les dérives de ce Prix remis à des projets sans rapport avec ce fléau en lui demandant d'y mettre un terme, et j'ai ajouté que le livre Mein Kampf se trouvait à Gaza et dans le monde Arabe. Il a éludé. J'ai aussi demandé si des associations de victimes pouvaient assister aux futures Assises et s'il n'était pas temps d'intégrer, dans les manuels scolaires, les Juifs, « tache aveugle, cet impensé du récit national » malgré leurs contributions dans l'Histoire de France. Je n'ai reçu aucune réponse. 
Othman Nasrou n'exerce plus cette fonction ministérielle.

Assises contre l’antisémitisme 2025
"Face à la recrudescence des actes antisémites dans notre pays depuis le 7 octobre 2023 suite aux attaques terroristes commises par le Hamas en Israël, Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes et de la Lutte contre les discriminations, a relancé le jeudi 13 février 2025 les Assises de lutte contre l’antisémitisme, en présence d’Élisabeth Borne, ministre d'État, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche." Une manière d'occulter notamment le rôle de milliers de civils gazaouis et d'autres organisations terroristes islamistes, dont le Djihad islamiste, dans cette agression djihadiste.

Le Lieu de cet "Acte II" : la Maison de Radio-France ! 

"Comme c’est étrange de chercher à lutter contre l’antisémitisme dans le temple de la propagande wokiste – la Maison de la Radio – qui propage la haine d’Israël sur ses ondes du matin au soir. Tout comme l’AFP et France 5, France Inter et France Info falsifient quotidiennement l’information concernant le Proche-Orient pour accabler Israël, et par voie de conséquence mettre en danger les juifs de France qui y sont assimilés... Et si pour lutter contre l’antisémitisme, le gouvernement commençait par assainir l’espace médiatique, étatique mais aussi étranger accessible sur le territoire français ?... Pour l’Arcom, il vaut beaucoup mieux diffamer Israël – et mettre en danger les juifs de France – qu’insulter un député d’un parti d’extrême gauche", a écrit Philippe Karsenty, homme d’affaires, ancien élu de Neuilly, actif dans l'affaire al-Dura et porte-parole de « Republicans in France », dans Au lieu de vous assoir contre l’antisémitisme, levez-vous ! (Causeur, 14 février 2025). Il avait assisté à ces Assises.

"La ministre d'État Élisabeth Borne et la ministre Aurore Bergé ont choisi de donner la parole à des jeunes, lycéens et étudiants : victimes, témoins ou porteurs de projets. Ils ont livré leurs expériences et leur vision de l’avenir face à l’ampleur de ce fléau dans notre société. Des grands témoins sont intervenus autour de deux thématiques prioritaires : la question de l’antisémitisme dans le milieu scolaire et dans l’enseignement supérieur, et la qualification de l’antisémitisme dans ses nouvelles formes." Ces lycéens étaient généralement membres d'une association émanant de l'UEJF (Union des étudiants juifs de France).

Qui a choisi les intervenants et les participants : LICRA, SOS Racisme qui manifeste contre Israël, CoExist, UEJF, les représentants des six principaux cultes, etc. Pourquoi le cabinet d'Aurore Bergé a-t-il exclu de ces Assises le Mouvement international contre le racisme et l’antisémitisme (MICRA)  et le Collectif des Vigilants si actif sur les réseaux sociaux ? Le MICRA et le Collectif des Vigilants, animés par des bénévoles, ont publié le rapport de leurs activités, parfois judiciaires, en 2024. Un rapport qui n’est pas « politiquement ou islamiquement correct ». Après avoir présenté rapidement ces deux acteurs récents, mais efficaces, dans la lutte contre l’antisémitisme et les racismes, notamment antiblancs, ainsi que la haine de la France et des Français, ce rapport de 43 pages liste les posts haineux révélés sur les réseaux sociaux et signalés aux autorités compétentes durant un an. De plus, il publie la liste nominative des victimes juives tuées en France depuis 2000 - ce qu'aucune organisation et aucun ministère français n'ont établie -, soit au moins 17  victimes juives toutes tuées par des musulmans antisémites, voire islamistes, et ce rapport propose des mesures pertinentes contre l'antisémitisme et les racismes. Il s’achève par une revue de presse démontrant combien MICRA et le Collectif des Vigilants constituent des sources fiables pour des médias divers. A maints égards, un modèle d’action et de transparence pour nombre d'associations. 

« On ne les entend pas suffisamment, celles et ceux qui, aujourd’hui, parce qu’ils sont juifs et qu’ils sont en France, subissent cet antisémitisme et ce sentiment de solitude. Ils se sentent seuls à vivre l’antisémitisme. Ils disent que l’on ne s’assoit plus à côté de moi dans un amphi, on ne veut plus faire un TD avec moi. Pourquoi ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Je suis juif. Qu’est-ce-ce qu’il s’est passé pour qu’on laisse seuls ces enfants, ces adolescents face à cette vague d’antisémitisme ? C’est absolument inacceptable et intolérable. » Réduire les juifs uniquement à une figure victimaire n'aide personne. Et, au contraire, risque de lasser ou d'attiser la violence contre eux. Si le "récit national" intégrait les juifs et le judaïsme, la situation des juifs s'améliorerait : jusqu'à présent ils représentent une "tâche aveugle" (Paul Salmona et Claire Soussen)

"On ne peut pas accepter cette renonciation collective de se dire que l'école de la République ne protégerait pas nos enfants, que l'université ne serait plus un lieu de savoir et de débat, mais un lieu de harcèlement", a plaidé Aurore Bergé. Il faut évidemment s'en prémunir, agir, soutenir les enseignants qui agissent dans un pays où les enseignants sont pris pour cible et ont été pris pour cible". La ministre a insisté également sur la "nécessité de transmettre notre histoire". "Quand vous entrez dans une salle de classe, vous avez un ou deux enfants, un ou deux adolescents qui se disent : la Shoah n'a pas existé, les juifs ont inventé la Shoah." Selon Aurore Bergé, "la transmission de cette mémoire ne suffit pas à lutter contre l'antisémitisme". La ministre a prôné une "réactualisation" de la "manière avec laquelle on enseigne et on délivre les savoirs". Serait-ce la solution ?

Sont intervenus lors de ces Assises : Khaled Bouabdallah, recteur délégué pour l’enseignement supérieur de la région académique Occitanie, Marie-Anne Matard-Bonucci, historienne du fascisme et de l'antisémitisme, co-fondatrice de l'association Alarmer qui lutte contre le racisme et l'antisémitisme et édite une revue éponyme, ainsi que Me Muriel Ouaknine-Melki, avocate et présidente de l'OJE.

Né dans une famille nombreuse algérienne, Khaled Bouabdallah est Docteur en sciences économiques depuis 1993, spécialisé dans la micro-économie du travail et du développement économique territorial. Il a été président de l'Université de Lyon de juillet 2015 à 2020, année où il a été nommé par le Chef de l'Etat "le premier recteur délégué académique de la région Occitanie [avec] pour mission de faire appliquer les différentes réglementations concernant l‘enseignement supérieur, la recherche et l‘innovation et les objectifs fixés par les politiques de l’État". Ancien vice-président de la CPU (Conférence des Présidents d'universités), il est membre du conseil d’administration de l’AUF (Agence universitaire de la francophonie) depuis mai 2013, et du Comité de suivi de la loi de refondation de l’École de la République. Quand on voit le déclin de l'école publique et de la langue française... 
Sur son compte X, nul post pour contrer le boycott académique d'Israël, aucun post sur l'antisémitisme dans les universités de son ressort territorial, et curieusement aucun sur les Assises de la lutte contre l'antisémitisme auxquelles il a pourtant participé. Mais le 28 mars 2025, il a reposté le post de Philippe Augé, Président de l'université de Montpellier, sur le colloque "Mutilations sexuelles féminines au 21ème siècle: réflexions médicales, juridiques & éthiques". N'oublions cependant pas le repost du message d'Elisabeth Borne, le 10 mars 2025, sur le concours national de la Résistance et de la Déportation.

Marie-Anne Matard-Bonucci est une des trois responsables du Comité de pilotage du diplôme universitaire (D.U.) "Formation à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme". Cette "formation à l'initiative du CERA (Centre d’Enseignement et de Recherche contre le Racisme et l’Antisémitisme) est proposée en partenariat avec la DILCRAH et la FMD (Fondation pour la Mémoire de la Déportation). Parmi les intervenants professionnels, citons Evelyne Heyer, Directrice adjointe de l’UMR 7206 Eco-anthropologie et ethnobiologie, Musée de l’Homme, Stéphane Nivet, Délégué Général de la Licra, Dominique Sopo, SOS Racisme. Rappelons que la Licra et SOS Racisme s'étaient jointes, comme le MRAP et la Ligue des droits de l'homme (LDH) au CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France) pour poursuivre en justice pour « provocation à la haine raciale » l’historien Georges Bensoussan "pour avoir paraphrasé une citation, pour avoir utilisé une métaphore" pour évoquer "l'antisémitisme issu du monde arabo-musulman".

Dans la revue Alarmer, un seul article "Christianisme et islam face aux juifs : deux millénaires d’antijudaïsme" de Daniel Tollet (7 février 2020) évoque les dhimmis tout en véhiculant le mythe al-Andalus. Sa bibliographie omet de citer la spécialiste de la dhimmitude : Bat Ye'or.

Dans leur tribune "La lutte contre l’antisémitisme, une toujours ardente obligation. L’urgence d’un plan visant à combattre efficacement l’antisémitisme est d’autant plus indispensable que ses manifestations révèlent la permanence d’accusations très anciennes" (L'Express, 18 juin 2024), Philippe Gaudin, philosophe, Directeur de l'Institut d’étude des Religions et de la Laïcité (IREL) au sein de l’EPHE, et Marie-Anne Matard-Bonucci, responsable du CERA au sein de l’IFG-Lab, Paris 8, ont écrit :
"Le 6 mai 2024, à l’initiative de la ministre pour l’Egalité hommes-femmes et la lutte contre les discriminations ont été organisées des Assises de lutte contre l’antisémitisme. Sur un sujet aussi grave que complexe à analyser et aussi difficile à combattre, nous devions prendre le temps plus long de la réflexion et d’une consultation élargie afin de rendre un rapport pour 2025, capable de clarifier le diagnostic et d’innover dans les remèdes. La dissolution de l’Assemblée nationale et la situation de réserve qu’impose une période préélectorale conduisent à suspendre le processus alors engagé. Ne voulant pas nous résoudre à passer et penser à autre chose, nous avons rédigé cette tribune que nous avons voulue équilibrée mais sans concession à ce qui nous paraît être de l’ordre de la vérité des faits. Dans un contexte de bouleversement des équilibres politiques, l’affichage d’un projet de lutte contre l’antisémitisme apparaît pourtant plus que jamais nécessaire. Il devrait même constituer un axe transversal revendiqué par toutes les sensibilités politiques et convictionnelles.
Lutter contre l’antisémitisme suppose d’abord de s’accorder sur un constat. Loin d’être résiduelles, les manifestations d’hostilité antijuive ont véritablement explosé depuis les massacres du 7 octobre. Cette hausse exponentielle s’inscrit aussi dans un processus de moyenne durée...
Depuis plus de deux décennies se sont multipliés discours et slogans hostiles ainsi que des actes de violence de différente nature : profanation de tombes, agressions physiques et homicides de 11 personnes (dont 3 enfants) "simplement" parce que juives, sur fond de montée de l’islamisme radical. Le nombre de tels actes, en valeur absolue et plus encore en proportion au poids démographique de la population concernée, n’a pas d’équivalent s’agissant d’autres minorités.
Ainsi, force est de constater que si les préjugés ont diminué à l’échelle de plusieurs décennies, entre 25 à 30 % de la population continue de penser que les Juifs ont un rapport privilégié à la richesse ou au pouvoir. Ces préjugés sont en progression et surreprésentés dans certaines catégories de la population. L’enquête montre une adhésion importante aux représentations antisémites, en augmentation depuis 2022, à la fois auprès de la jeunesse et au sein de la population musulmane. Perception, précisons-le qui ne conduit pas un soutien à des actions violentes dans les mêmes proportions. Sous un angle politique, l’enquête de la CNCDH révèle la présence d’un antisémitisme plus développé aux deux extrêmes de l’échiquier politique, dans des proportions plus importantes à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche. Ajoutons que ces précieuses enquêtes délivrent aussi des informations quant à la corrélation entre un faible niveau d’éducation et l’antisémitisme ou le racisme, suggérant, s’il en était besoin, que la lutte contre les hostilités identitaires relève aussi d’enjeux de politique générale.
L’urgence d’un plan visant à combattre efficacement l’antisémitisme est d’autant plus indispensable que ses manifestations révèlent la permanence d’accusations très anciennes : préjugé associant les Juifs à la richesse à l’origine de la séquestration et du meurtre d’Ilan Halimi en 2006 et d’autres affaires obéissant à la même logique, moins médiatisées ; mythe du complot juif diffusé ad nauseam sur les réseaux sociaux, et affiché dans certains slogans des manifestations "Jour de colère" en 2014 ou du slogan "Qui" porté par des manifestants anti passe sanitaire ; négation ou minimisation de la Shoah ; essentialisation de la population juive particulièrement manifeste lorsque les Juifs de France sont tenus comptables ou responsables des événements du Moyen-Orient. Attaques dirigées contre l’État d’Israël en tant que tel et non pour critiquer légitimement la politique d’un gouvernement en place.
La prégnance et l’ancienneté des préjugés antijuifs - l’antisémitisme est la plus ancienne des formes de racisme - ne doivent pas conduire à se résigner à sa présence néfaste, mais à imaginer de nouvelles méthodes de lutte. À condition, au préalable de s’accorder sur quelques principes :
Le premier découle de la définition de l’antisémitisme soit "un ensemble d’idées et de pratiques fondées sur l’essentialisation des populations juives (ou considérées comme telles) selon une conception partiellement ou entièrement négative. L’antisémitisme est donc une forme de racisme dont les contenus sont spécifiques.
La lutte contre l’antisémitisme suppose à la fois d’en identifier les spécificités tout en admettant qu’elle ne saurait être conduite indépendamment d’un combat contre toutes les formes de racisme. Cette démarche est d’ailleurs celle qui a été empruntée par les grandes associations antiracistes dites "universalistes".
Ainsi, l’universalisme républicain doit être au centre de la stratégie qu’il convient de bâtir. Depuis deux décennies, les communautarismes ont favorisé les phénomènes de concurrence des mémoires et des victimes, contribuant à l’émergence de nouvelles manifestations de racisme et d’antisémitisme.
La lutte contre l’antisémitisme suppose que les différents acteurs de la vie publique (religieux, politiques, sociaux) fassent les comptes avec leurs propres responsabilités au passé comme au présent. Rappelons que l’Église catholique avec le concile Vatican II et les déclarations des évêques de France a accompli, à cet égard, un chemin exemplaire. Un travail analogue, méthodique et historiquement contextualisé sur la présence d’une inimitié à l’égard des Juifs dans les sources islamiques reste à faire et assumer par les autorités religieuses musulmanes. L’histoire politique, sous cet angle, révèle un parcours différent selon les familles politiques. À gauche, à la fin du XIXe siècle, l’Affaire Dreyfus avait représenté un moment important de clarification contre un antisémitisme dit "social". Force est de constater sa permanence ou son retour, en ce début de XXIe siècle, dans certains secteurs de la gauche et surtout de l’extrême gauche à la faveur du conflit israélo-palestinien et sous les habits de l’antisionisme. Quant à l’extrême droite, l’antisémitisme y est toujours présent et assumé chez certains groupes radicaux. Le Rassemblement national se présente aujourd’hui comme le meilleur défenseur des Juifs de France, mais force est de constater que le RN n’a jamais fait les comptes clairement avec son histoire, au-delà de la question personnelle de l’exclusion de Jean-Marie Le Pen du parti. Un hypernationalisme, par définition, est porteur d’un risque d’intolérance face aux minorités.
La lutte contre l’antisémitisme suppose enfin que les pouvoirs publics s’en donnent les moyens. Jusqu’ici, les missions d’éducation ont largement été déléguées à des associations et des institutions mémorielles, dont le travail, souvent remarquable, ne suffit pas à répondre comme il conviendrait à l’urgence de la situation. À défaut d’Assises, il importe que les intellectuels et les politiques admettent la gravité de la situation et s’accordent sur la nécessité d’une politique publique plus ambitieuse".
Les auteurs de cette tribune n'osent pas qualifier d'"agression djihadiste" ou d'attentats islamistes le 7 octobre 2023 par des milliers de djihadistes, se trompent dans le nombre de victimes juives assassinées en France, accordent une place mineure à l'antisémitisme islamique, occultent ou n'expliquent pas en quoi "l'universalisme républicain" pourrait être la solution, réduisent l'antisémitisme à une forme de racisme, dissimulent l'antisémitisme de l'extrême-centre macronien, oublient l'islamogauchisme dans les universités, etc.

Forte de 55 avocats bénévoles, l'OJE, "association qui combat sans relâche l’antisémitisme sous toutes ses formes", postent des messages qui suscitent des interrogations. D'une part, Me Muriel Ouaknine-Melki a tenu, sur une période brève, un discours très alarmiste sur CNews sur l'antisémitisme et plutôt rassurant lors du diner des Conseils des communautés juives (CCJ) franciliens du 3 décembre 2024. Et quand a été connue la menace du Président Emmanuel Macron en Conseil des ministres - "M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU" -,  Me Muriel Ouaknine-Melki a posté sur X le 15 octobre 2024 : "Phrase prononcée en Conseil des Ministres ? Qui s'est levé ? Qui s'est insurgé ? L'antisémitisme qui pourrit notre pays devient en ce 15 10 2024 un antisémitisme d'Etat". 
Comment l'OJE concilie-t-elle sa présence à ces Assises ? A-t-elle parlé de cet "antisémitisme d'Etat" avec la ministre Aurore Bergé avant ou durant ces Assises ? Quelle est la réponse de cette ministre du gouvernement Bayrou ? 

Et d'autre part, l'OJE n'a pas perçu l'antisémitisme prégnant dans l'affaire du Dr Lionel Krief, médecin nucléaire spolié par le "gouvernement des juges" sur fond d'affairisme politico-médical. Voici un pot-pourri de citations de la Dr Valérie Daneski sur son associé français juif, le Dr Lionel Krief, dans un Centre d’imagerie médicale avancée (CIMA) en Picardie. Elle a annoncé qu’elle récupèrerait les deux centres de médecin nucléaire « car elle était de l’Oise, bonne Française et catholique, donc elle lui fera un chèque pour qu’il reparte en aller simple à Eilat, sinon il ira en prison », et se « délecte de le savoir en prison ». Elle s’interroge : « Est-ce qu’un repas cacher est servi en prison ? » Elle « se doit de nettoyer la France de ces escrocs… Krief commence par un K comme killer, sa femme et son fils ont des têtes de tueurs » et il n'a pas "22 générations de catholiques". Cet antisémitisme a été évoqué lors d'une réunion du Conseil régional en Picardie par Laurence Rossignol (Parti socialiste), et Michel Guiniot (Front national) a renchéri.
Last, not least, le quotidien israélien Israel HaYom a publié le 2 novembre 2017, dans sa version en hébreu, un article long, approfondi sur l'affaire Krief signé par Eldad Beck. Le titre de l'article reprend une phrase prononcée par le Dr Lionel Krief : "Ils m'ont persécuté car je suis juif". Traduit en français, cet article a été publié par JForum et Kountrass.
Le 18 juin 2014, présidée par Christian Charruault, la 1ère Chambre civile à Cour de cassation – une chambre compétente notamment dans les spoliations  - a rendu trois arrêts, à la motivation sibylline identique dans cette affaire. Elle a rejeté les demandes des deux pourvois du Dr Krief, et l’a condamné au titre de l’article 700 du Code de procédure civile visant les frais judiciaires à verser 8 000 € aux parties adverses, dont 3 000 euros à la Dr Daneski et 2 000 euros à Me Hazane, administrateur judiciaire. Cette 1ère Chambre civile a aussi rejeté la demande du pourvoi de Me Hazane contre notamment les Drs Lionel Krief et Valérie Daneski, mais sans condamner l’administrateur judiciaire à cet article 700. Pourquoi ce « deux poids, deux mesures » au détriment du Dr Krief ?
J'ai interrogé la Cour de cassation à deux reprises. Le 28 août 2017, Emmanuelle Proust, conseiller référendaire, chargée de mission auprès du Premier Président Bertrand Louvel, m'a répondu : 
"Le Premier Président  tenu à une stricte obligation d'impartialité, ne peut à l'évidence répondre" à ce que "vous appelez "l'affaire Krief".
En 2022, le député israélien Yossi Taieb, convaincu par ses entretiens et la lettre concise et argumentée de Me Jean-Alex Buchinger, avocat du Dr Lionel Krief, présentant clairement cette affaire avait accédé à sa demande et avait évoqué l'affaire devant la Knesset.
 
Yossi Taieb avait aussi sollicité l'avis de l'OJE sur cette affaire et l'antisémitisme l'imprégnant. Las ! La réponse négative de l'OJE, qui ne semble pas avoir pris connaissance de tout l'épais dossier de cette affaire, a mis un terme à l'action de ce député. Ce qui est grave : le Dr Lionel Krief se trouve sans appui politique en Israël pour obtenir justice en France. 

« Errare humanum est, perseverare diabolicum » (« L'erreur est humaine, persévérer [dans son erreur] est diabolique »). 
Tout le monde peut se tromper, et moi la première. Peut-être l'OJE a-t-elle manqué de temps pour étudier l'affaire Krief, certes touffue, qui révèle une réalité très inquiétante, et distincte de celles émanant des dossiers qu'elle traite généralement. On peut regretter que l'OJE, durant son récent séjour en Israël, n'ait pas rencontré le Dr Lionel Krief et Yossi Taïeb pour expliciter sa position. On espère que l'OJE indique enfin à Me Jean-Alex Buchinger ses arguments pour nier l'antisémitisme dans cette affaire, et reconnaisse son erreur d'appréciation auprès de ce député israélien car il s'agit d'une affaire actuelle majeure de juifs ruinés par un "gouvernement des juges" antisémite. Une "forme d'antisémitisme" inconnue de l'OJE, et qu'elle ne combat donc pas.
"C’est avec honneur et émotion que Muriel Ouaknine-Melki a porté la parole de l’@oje_association représentant ainsi le combat contre l’antisémitisme qui est mené en France", a écrit l'OJE commentant la photographie, postée sur son compte Instagram le 27 mars 2025, la montrant dans la résidence du Président Isaac Herzog lors de la Conférence internationale de lutte contre l’antisémitisme à Jérusalem (Israël) les 26 et 27 mars 2025. 
L'OJE ne peut raisonnablement prétendre représenter à elle-seule "le combat contre l'antisémitisme en France". Ce doit être une formulation malencontreuse.
D'ailleurs, l'OJE écrivait le 8 avril 2025, sur son compte Instagram : « La chasse aux sionistes est ouverte » Condamnation pour provocation à la haine antisémite de Warda Anwar à 5 mois de prison avec sursis simple, confiscation des scellés (dont son dernier iPhone), indemnisation des parties civiles. Maîtres Aude Weil-Raynal, Karine Rozenblum, Oudy Bloch et Muriel Ouaknine-Melki pour ASF, le BNVCA et l’OJE". Rappelons, parmi les associations luttant contre l'antisémitisme : l'Observatoire juif de France (OJF), le MICRA, l'Observatoire juif de France (OJF), la Confédération des Juifs de France et des Amis d'Israël (C.J.F.A.I.). Et dans la modestie, sans moyen financier et avec efficacité.
On aimerait lire le rapport dressant le bilan de l'OJE sur ses actions, judiciaires et de formation. 
Se présenter faussement comme "représentant le combat contre l'antisémitisme qui est mené en France"  risque de priver les victimes d'antisémitisme non perçu par l'OJE d'une porte-voix médiatisée et interlocutrice de magistrats, procureurs, et politiciens, en France et en Israël. En tout cas, il parait vraisemblable que Me Oudy Bloch, avocat et vice président de l’OJE, n'a pas parlé du Dr Lionel Krief spolié lors de son intervention à ce Congrès sur l'antisémitisme durant "la table ronde réservée aux avocats combattant l’antisémitisme aux 4 coins de la planète. Nous unissons nos forces pour être à la hauteur de ce combat indispensable".  Quel dommage que l'OJE n'ait pas posté sur les réseaux sociaux un résumé des analyses les plus pertinentes entendues et de ses interventions lors de cette Conférence ! Cela aurait permis d'éclairer l'opinion publique. 
Interrogée le 18 avril 2025 par courrier électronique, Me Muriel Ouaknine-Melki m'a répondu qu'elle préparait un grand dossier et ne pouvait donc pas répondre à mes questions. Le 20 avril 2025, je lui ai indiqué qu'elle avait cependant trouvé le temps pour poster huit messages sur X, ex-Twitter, ce jour-là.
Petite question à l'OSE : en quoi Aurore Bergé, invitée à son diner de gala du 2 avril 2025, serait-elle une "femme d'exception" et son combat "profondément efficace" ?

Une campagne de communication par des affiches a été montrée lors de cet Acte II : sur un fond noir, étaient inscrite en lettres blanches l'insulte "Sale juive" ou "Sale juif".  Devant l'indignation suscitée par ces affiches, cette campagne a été suspendue dès le lendemain. Dilcrah a assuré à CheckNews "que cette campagne était une « première proposition », et que « rien n’avait été encore lancé ni commandé ». Le cabinet de la ministre Aurore Bergé a indiqué que « pour lutter contre le fléau de l’antisémitisme, il faut briser l’indifférence. Cela passera, entre autres, par des actions de communication... A l’occasion de la relance des assises de lutte contre l’antisémitisme, en présence de plus de 600 personnes dont 200 élèves, une proposition de la Dilcrah a été dévoilée... Aucune campagne n’est lancée » et « les associations seront associées à sa préparation ». "Qui s’est posé la question de l’efficacité ou du potentiel effet contreproductif d’une telle campagne ? C’est ça la France de 2025. Obtenir un changement radical de politique ou quitter le pays. C’est le choix qui s’offre aux juifs de France", a conclu Philippe Karsenty dans Au lieu de vous assoir contre l’antisémitisme, levez-vous ! (Causeur, 14 février 2025).

La "matinée s'est conclue par une prise de parole de la ministre Aurore Bergé" pour indiquer "les prochaines étapes". Aurore Bergé "a annoncé qu'un groupe de travail allait se pencher sur la définition d'une nouvelle forme d'antisémitisme, pour mieux le caractériser et donc mieux le sanctionner. "J'ai demandé à des magistrats, à des avocats, des professeurs de droit public de travailler et de nous rendre leurs travaux dans deux mois pour dire s'il faut changer la définition de l'antisémitisme", a résumé la ministre. Une potentielle nouvelle définition afin "de mieux protéger celles et ceux qui aujourd'hui en sont les victimes", a-t-elle ajouté. Aurore Bergé avait aussi accordé un délai de deux mois pour que les mêmes associations qui ont échoué depuis près d'un quart de siècle proposent des solutions qu'elles n'ont pas trouvées depuis 2000 !? Et le prochain Prix Ilan Halimi sera remis par le Président Emmanuel Macron au Palais de l'Elysée.

Maigre bilan. Prestation désastreuse et coûteuse.

Les groupes de travail constitués à l'initiative d'Aurore Bergé et qui réfléchissent principalement sur "l'école et l'antisémitisme" et "la justice et l'antisémitisme", se sont réunis "une à deux fois par semaine", à raison de "trois-quatre heures" par réunion. Sur Radio J, Me Muriel Ouaknine-Melki a indiqué le 17 avril 2025 que le groupe de travail sur "la justice et l'antisémitisme" regroupait des historiens, des avocats, des professeurs de droit, des présidents d'associations luttant contre l'antisémitisme : la LICRA, l'OJE..." Mais pas MICRA ni le BNVCA ?! Quelle surprise ! 

Ces groupes devraient prochainement remettre leurs rapports qui préconiseraient une dizaine de mesures. Celui sur "justice et antisémitisme" proposerait "la refonte de la loi sur la presse de 1881" et régissant "l'insulte et la provocation à la haine" et "l'introduction d'une définition de l'antisémitisme intégrant l'antisionisme". 
Quid de la définition opérationnelle de l'antisémitisme élaborée par l'International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) et "endossée officiellement par la France lors du discours du Président de la République le 20 février 2019" ? Elle n'aurait jamais été utilisée par des magistrats ?! Mais cette nouvelle définition le serait par ces mêmes juges ? Ces mesures nécessiteront vraisemblablement une longue procédure judiciaire où une majorité, obtenue avec les voix du RN décrié, devra être constituée dans une Assemblée nationale particulièrement morcelée en raison du "barrage républicain contre le RN". Elles seront conditionnées à des facteurs politiques : décision de nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale par le Président Emmanuel Macron, déclaration de l'état d'urgence... Finalement adoptées par le Parlement, ces mesures seront au mieux mises en vigueur à la fin du second mandat présidentiel d'Emmanuel Macron en 2027, voire dépendront de son successeur et de sa majorité parlementaire. Bref, dix ans perdus. Quelle sera alors la condition juive et combien de Juifs vivront encore en France ? Combien d'autres juifs français ruinés par le "gouvernement des juges" ? On les passe en profits et pertes, de qui ? Des antisémites ? Et on sera prié de remercier qui ?

Comment ces Assises et ces futures mesures s'articulent-elles avec les "Plans nationaux de lutte contre le racisme, l'antisémitisme" lancés depuis au moins 2018, notamment celui visant aussi "les discriminations liées à l'origine 2023-2026" ? Mais abondance, paraît-il, ne nuit pas. Foin d'ironie. Où est la coordination entre toutes ces actions ? Combien et lesquelles ont été efficaces ? Le gouvernement et les "sachants" consultés ont-ils tiré des leçons des actions menées depuis au moins sept ans ? Mystères.

J'oubliais les mesures proposées par Frédéric Journès, Ambassadeur de France en Israël, en ouvrant la conférence organisée par l’Institut français d’Israël en partenariat avec le Comité français pour Yad Vashem France sur le thème de « La République contre l'antisémitisme ». A quand "la démocratie contre l'antisémitisme" ? Car la République est une forme de gouvernement qui ne protège pas les juifs : par exemple, la République islamique iranienne. 
Devant Ilana Cicurel, Conseillère de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France en Israël, Directrice de l’Institut français d’Israël et eurodéputée Renaissance (2020-24), les orateurs souvent de gauche - la rabbine Delphine Horvilleur, Raphaël Enthoven, Joann Sfar, Patrick Klugman et Denis Olivennes, Richard Malka, Pierre-François Veil - et un public attiré par ces VIP, ce diplomate a dit :
"Il faudra pendant longtemps protéger les communautés, protéger les emprises, mener la bataille de l'éducation, renforcer l'arsenal judiciaire, accroitre la surveillance en ligne, perpétuer la mémoire de la Shoah. 
Il y a certainement beaucoup d'autres choses auxquelles je n'ai pas pensé, mais auxquelles des débats comme celui que l'on va avoir ce soir peuvent nous aider à réfléchir... 
Etre français, c'est défendre "l'honneur d'un petit capitaine juif", c'est protéger chaque citoyen contre l'ostracisme et la violence, c'est agir pour la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, c'est vouloir en finir avec les souffrances de la guerre à Gaza, c'est ne pas s'interdire toute critique des actions du gouvernement israélien, mais c'est refuser les appels au boycott et à la stigmatisation d'Israël".
"Ne pas s'interdire toute critique des actions du gouvernement israélien" ? Certaines critiques le seraient donc ? Lesquelles ?
Voici donc un ambassadeur français qui critique le boycott d'Israël. Viserait-il la Macronie ? Au plus haut niveau de l'Etat, ont été interdits les stands d’entreprises israéliennes à Eurosatory, Salon international consacré à la défense et à la sécurité terrestres et aéroterrestres (17-20 juin 2024) et à Euronaval, "rendez-vous mondial consacré à la défense navale" (4-7 novembre 2024) - tous deux au Parc des Expositions de Paris Nord Villepinte. Deux boycotts étatiques illégaux condamnés par la justice française. Un boycott stigmatisant le seul Etat Juif.
Tous ces orateurs de cette énième conférence sur un thème abondamment traité et Ilana Cicurel n'ont pas interrogé l'ambassadeur sur ces points sensibles. 

A quoi servent ces Assises ou cette énième conférence qui ont des sujets tabous : outre l'antisémitisme islamique, des positions politiques du Président de la République Emmanuel Macron (extrême centre) ? Voici une liste non exhaustive de positions de ce Chef d'Etat paraissant tétanisé par la "rue islamique" en France  :

- Les 10-12 novembre 2023après son échec à constituer une coalition internationale pour lutter contre le Hamas et après le vote de la France Pour la résolution onusienne du 27 octobre 2023 ne condamnant pas le Hamas, le Chef de l’Etat a multiplié les actes graves hostiles à ses concitoyens juifs et à Israël. Sur la BBC, il a accusé Israël de tuer des bébés (blood libel) - accusation fausse, diffamatoire, portée contre les juifs accusés de tuer des enfants non-juifs (crime rituel), et dont on sait la portée létale pour les Juifs dès le Moyen-âge. (affaire al-Dura)
Puis, à Paris, dans un hommage au Soldat inconnu, il a rétrogradé les juifs en dernière position, après les musulmans et les catholiques, sans réaction du CRIF et des Consistoires. Last, not least, il a refusé de participer à la « marche contre l’antisémitisme et pour la république » : il estimait que sa fonction présidentielle excluait de manifester, et voulait « préserver l’unité de notre pays. » Une décision influencée par l'humoriste franco-marocain controversé Yassine Belattar qui avait alerté les conseillers élyséens « à ne pas commettre l’erreur irréparable qui donnera aux quartiers des raisons de s’enflammer ». Initiative des Présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat – respectivement Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher -, cette marche a réuni en France 182 000 personnes, dont des élus du Rassemblement national (RN), et, à Strasbourg quelques élus de La France Insoumise (LFI). Une marche silencieuse et sans drapeaux israéliens !?

- Le 6 juin 2024, a
près une journée de cérémonies pour le 80e anniversaire du Débarquement des Alliés en Normandie, le Président de la République Emmanuel Macron a dit durant les journaux de 20 h de TF1 et France 2 : "Nous serons implacables face aux actes d'antisémitisme qui ont augmenté de manière absolument inexplicable, inexcusable, inacceptable".
Le 7 juin, Eric Zemmour Eric Zemmour, Président de Reconquête !, considéré comme « antisémite certainement, raciste évidemment » par le Grand rabbin de France Haïm Korsia, et d'"extrêêêmedroâââââte" par la Macronie et des dirigeants communautaires, a répondu sur CNews, en accusant le Chef d'Etat d'être "responsable de cette montée de l'antisémitisme" :
"Nous subissons aujourd'hui un antisémitisme d'importation venu de la culture arabo-musulmane, qui est instruit dans le Coran, dans les hadiths, dans la culture arabo-musulmane depuis 1000 ans. C'est un antijudaïsme culturel qu'on voit dans les réactions par rapport à Israël et via la candidate LFI Rima Hassan. 
Ils considèrent que les Juifs doivent éternellement être des dhimmis (le statut des juifs dans les pays arabes). Emmanuel Macron est responsable de cette montée de l'antisémitisme et il est responsable des 500 000 immigrés légaux, dont beaucoup de musulmans, qui rentrent en France tous les ans. Plus il y aura d'immigrés venus de ces contrées où cette culture a pignon sur rue, plus il y aura de l'antisémitisme en France".
Barbara Lefebvre, professeure d'histoire-géographie et essayiste, a écrit dans « Sarah Halimi, Courbevoie... Non Emmanuel Macron, l’explosion de la haine antijuive en France n’est pas “inexplicable” » (Le Figaro, 21 juin 2024) :
"Il n’a exprimé aucune parole publique depuis l’information de l’agression barbare de Courbevoie. Soudain, il fait silence.[...] 
Pour combattre la haine des juifs et des sionistes, termes interchangeables dans le logos antisémite depuis fort longtemps, il est indispensable d’expliquer, de nommer, de qualifier. [...] 
Monsieur le président, il vous suffirait d’écouter les « explications » de ces individus et ceux qui les alimentent de leur rage, déguisés en drapeau palestinien ambulant sur les bancs de notre Assemblée... C’est au nom d’une idéologie dont les contours multiformes et gazeux peuvent déconcerter tant ils sont contradictoires puisque s’y mêlent les islamistes (majoritairement conduits par l’organisation des Frères Musulmans), les gauchistes de toutes obédiences, des écologistes, des décoloniaux, des défenseurs de la cause LGBTQ, des féministes. Tout ce petit monde cohabite dans la haine antisioniste, comme en témoignent les récentes manifestations. [...] ...
Or, quand le dirigeant d’un pays se refuse par intérêt politique à qualifier la source de la haine antijuive, il empêche ses citoyens d’identifier leurs ennemis. Car l’ennemi des juifs est l’ennemi de tous ceux qui veulent vivre pacifiquement en démocratie.  Quand le dirigeant d’un pays refuse de participer à une marche nationale contre la haine antijuive en novembre 2023, préférant comme les Insoumis se tenir à l’écart, son absence « explique » à ses citoyens qui il craint. En novembre 2023, sous prétexte « d’unité nationale », il disait en réalité sa crainte des hordes antijuives islamogauchistes prêtes à casser, hurler, frapper, on les a vues à l’œuvre quelques mois plus tard dans nos universités, nos rues, nos cénacles médiatiques et politiques sous le prétexte d’un pseudo-génocide contre les Gazaouis. [...] 
Le président Macron n’a pas d’explication sur l’antisémitisme, lui qui en a sur tout. Il n’a pas lu les nombreux ouvrages publiés depuis des décennies sur les causes de l’actuelle haine antijuive. Il ne veut pas « expliquer » aux Français que c’est sa politique immigrationniste, amplifiant sans commune mesure celle de ses imprudents prédécesseurs, qui déverse sur le sol national des individus venant de pays où la culture antijuive est banalisée voire institutionnalisée. Des pays comme l’Egypte, la Syrie, la Turquie, le Liban, le Pakistan etc. où Mein Kampf est non seulement en libre accès mais un best-seller. Des pays où Le Protocole des Sages de Sion est considéré par des universitaires et hommes de religion comme un document historique de première importance pour démasquer le complot juif. Des pays où la religion juive est insultée dans les manuels scolaires, où la Shoah est officiellement niée, où l’Etat d’Israël voué à la destruction. Voici dans quel bain culturel ont grandi la plupart des migrants arrivant du monde islamique que M. Macron et Mme Von der Leyen ont décidé d’accueillir. Et les Français issus de l’immigration musulmane (maghrébine, africaine et asiatique) des générations précédentes sont également ciblés par la propagande des Frères musulmans depuis plus de trente ans, organisation dont tant de politiciens (de gauche et de droite) s’accommodent par clientélisme électoral. 
Il n’y a donc aucune difficulté, Monsieur le président, à « expliquer » la vague de haine antijuive qui gangrène notre pays. Elle résulte de la présence de populations culturellement imprégnées d’antijudaïsme. A force de propagande, elles sont parvenues à faire passer aux yeux d’une jeunesse révoltée candide et inculte, leur antijudaïsme atavique pour une cause politique juste contre Israël, « Etat colonial et génocidaire ». Une si grosse ficelle peut-elle vraiment échapper à la sagacité intellectuelle de notre président ? Les Français eux ne s’y trompent pas, et chaque enquête d’opinion montre la lucidité d’une majorité de nos concitoyens devant le danger de l’idéologie islamo-gauchiste et ses déclinaisons wokistes en tous « genres ». Pour autant, la lucidité citoyenne ne saurait suffire pour engager la lutte, quand son principal dirigeant veut farouchement regarder ailleurs pour s’occuper exclusivement d’autres guerres que celle qui couve dans son propre pays. La tragédie qui vient n’est pas qu’à l’Est, monsieur le Président. Elle est déjà chez nous."

Des dirigeants communautaires ont soutenu, notamment le grand rabbin de France Haïm Korsia en septembre 2015, cette immigration de masse incontrôlée provenant généralement du monde islamique, ou ont nié les problèmes posés : insécurité, visions du monde opposées à celles françaises - égalité entre les sexes, laïcité, libertés en particulier de critiquer les religions -, coûts financiers, etc.

- Après la mise en examen de deux adolescents musulmans de 13 ans pour viol en réunion, menaces de mort, injures et violences à caractère antisémite sur une enfant juive de 12 ans à Courbevoie (Hauts-de-Seine) le 15 juin 2024, le Président Emmanuel Macron a, durant le Conseil des ministres du 19 juin 2024, "demandé à Nicole Belloubet (alors ministre de l'Education nationale, Ndlr) qu'un temps d'échange soit organisé dans toutes les écoles sur la lutte contre l'antisémitisme et le racisme pour que les discours de haine aux lourdes conséquences ne s'y infiltrent pas. Ce temps d'échanges s'appuiera sur les contenus existants en matière de lutte contre toutes les formes de discriminations", a précisé le cabinet de la ministre de l'Education à Franceinfo
En fait, une à deux heures "d'échange" en mêlant le racisme (?!), les discriminations (!?) et l'antisémitisme - combien de temps sera concédé à l'antisémitisme ? -, et alors que collèges et lycées sont largement désertés par des élèves préparant des examens ou songeant à leurs vacances estivales.
"Le temps éducatif n'est pas le temps du buzz, de l'urgence, de l'immédiateté", a rappelé le 20 juin 2024 sur Franceinfo Carole Zerbib, proviseure du lycée Vauquelin à Paris et membre de l’Observatoire de la laïcité du Syndicat SNPDEN-UNSA, représentant les personnels de direction de l’Éducation nationale. 
La décision présidentielle "est à la fois grotesque et révoltante. Après des décennies de montée régulière d’un antisémitisme de plus en plus violent, après l’explosion des actes antijuifs depuis le 7 octobre 2023 (plus 300 %), et eu égard la dimension probable d’imitation pogromiste de ce viol, cette mesure est non seulement dérisoire, mais également à la fois irréaliste et odieuse", a considéré Renée Fregosi, philosophe et politologue, dans « L’abandon de longue date de la lutte contre l’antisémitisme se paye au prix fort » (Journal du dimanche, JDD, 22 juin 2024).
Er Renée Fregosi d'analyser et de fustiger le déni de la réalité du Chef d'Etat :
"Comment croire en effet tout d’abord, que de vagues discussions d’une heure « sur le racisme et l’antisémitisme » dans les écoles, pourraient avoir un quelconque effet sur la lame de fond de la haine antijuifs qui travaille notre pays ? C’est ignorer les causes profondément enracinées désormais, de la judéophobie (ou haine des Juifs) à l’œuvre aujourd’hui. Car il faut le rappeler, alors que des intellectuels comme Pierre-André Taguieff et Georges Bensoussan l’analysent depuis plus de vingt ans, la détestation des Juifs qui sévit dans nos sociétés actuelles, n’a que très peu à voir avec l’antisémitisme réactionnaire maurassien ou raciste nazi. Si ce vieil antisémitisme d’extrême droite est bien « résiduel » aujourd’hui en France, en revanche, contrairement à ce qu’a voulu masquer Jean-Luc Mélenchon avec sa saillie sur Netanyahu début juin, une autre sorte de haine des Juifs est en expansion continue.
Cette judéophobie puise à deux sources principales : d’une part la culture arabo-musulmane qui instille l’image du Juif falsificateur de la parole de Dieu (donc un danger pour les musulmans) et du dhimmi, sujet de seconde zone qui doit expier sa faute et s’acquitter d’une taxe pour assurer sa protection physique (toujours très précaire au demeurant dans les faits) ; d’autre part, ce « socialisme des imbéciles » (comme l’appelait le socialiste allemand Bebel) qui considère le Juif comme le suppôt du capitaliste et de la finance, donc l’ennemi du prolétariat. Aujourd’hui, à la suite de plusieurs rencontres au cours de l’histoire entre islamisme et bolchevisme, les deux types d’antisémitisme se rejoignent dans la convergence islamo-gauchiste (soutien mutuel de l’offensive islamiste et de la visée hégémonique révolutionnaire « de gauche »).
Or, depuis la naissance du sionisme à la fin du XIXe siècle, puis la création de l’État d’Israël en 1948, et plus encore depuis les deux autres guerres gagnées par les Israéliens contre les attaques des pays arabes (en 1967 et 1973) ces deux judéophobies s’expriment principalement à travers l’assimilation des Juifs à Israël, la dénonciation d’Israël et la remise en cause de sa légitimité à exister comme État national du peuple Juif.
Ledit « antisionisme » est devenu la forme la plus mobilisatrice de la haine à l’égard des Juifs à travers le monde et si certains ne l’avaient pas encore compris, les réactions aux attaques génocidaires lancées par le Hamas en territoire israélien le 7 octobre, auraient dû les dessiller. Pourtant, même le slogan « Palestine libre, du fleuve à la mer », clamé des « rues arabes » aux campus universitaires occidentaux, proclamé par le Hamas comme par ses soutiens politiques en France, n’a pas convaincu les tenants du politiquement correct du danger de l’islamisme et de la nécessité d’en faire l’ennemi principal.
Ainsi, en ne se joignant pas à la marche du 12 novembre 2023 contre l’antisémitisme, pour « ne pas diviser les Français », le président de la république a montré une fois de plus qu’il refusait de saisir les enjeux de la situation. Il sous-entendait par là qu’il avait bien compris que les musulmans travaillés par les islamistes comme les tenants de cette gauche islamo-gauchiste refuseraient (ce qu’ils ont fait) de participer à la manifestation, par conviction antijuive précisément, et « en même temps », il signifiait qu’il cédait à leur pression. Cette attitude d’Emmanuel Macron est caractéristique du déni du réel : connaître la réalité, mais refouler cette conscience, soit pour croire que la réalité va disparaître (attitude pathologique) soit pour occulter la réalité à des fins politiques (attitude cynique).
C’est à un déni du même type auquel on assiste avec l’injonction surréaliste faite récemment à sa ministre de l’Éducation nationale. Le Président Macron ne sait-il pas que dans un nombre croissant d’établissements scolaires, parler d’antisémitisme représente à la fois une impossibilité face au chahut que cela provoquerait dans la classe et même un danger pour l’enseignant qui tenterait de le faire ? Ne sait-il pas également que nombre d’enseignants, jeunes notamment, s’y refuseront par conviction, estimant d’une part qu’il ne faut pas « heurter la sensibilité » des élèves musulmans en leur parlant des Juifs et d’autre part, parce qu’ils considèrent eux-mêmes que les Juifs sont des coupables indéfendables ?
Enfin, le président de la République commet une troisième faute politique lourde : en accolant une fois de plus les deux termes « racisme » et « antisémitisme » comme si on ne pouvait parler d’antisémitisme sans aussitôt se dédouaner en prenant également en compte le racisme, il met sur le même plan le racisme et la haine antijuifs, ce qui est illégitime intellectuellement, historiquement et factuellement. D’une part, la judéophobie d’aujourd’hui n’est pas un « racisme », c’est-à-dire que les Juifs sont stigmatisés, agressés, violés, torturés et tués non pas parce qu’ils appartiendraient à une « race » inférieure, mais parce qu’ils seraient au contraire des « dominateurs », des « colonisateurs », des « super-blancs ».
D’autre part, cette haine des Juifs et d’Israël plonge ses racines dans une histoire longue et complexe, marquée notamment par la Shoah (résultant d’une volonté froide d’extermination totale) et dans laquelle se mêlent des acteurs très divers, ce qui en fait une réalité bien spécifique. Enfin, les actes antijuifs sont aujourd’hui en nombre absolu comme en nombre relatif à la proportion de la population juive en France, sans commune mesure avec les actes à connotations racistes à l’encontre de populations d’origines africaine ou arabe qui sont considérablement moins nombreux.
Que ce soit du côté de l’islamo-gauchisme de plus en plus prégnant dans les différents courants de la gauche, de l’islamo-wokisme (encore plus aberrant étant donné la misogyne foncière et l’homophobie profonde de la culture arabo-musulmane), ou de celui des islamo-complaisants par clientélisme, lâcheté ou négligence, le refus ou l’abandon de longue date de la lutte contre l’antisémitisme, se paye aujourd’hui au prix fort. Pour nos compatriotes juifs d’abord évidemment, mais pour nous tous, subissant la violence des attentats, les pressions et l’infiltration sournoise de l’islamisme. Dans ce contexte, le Président Macron n’est, une fois de plus, pas à la hauteur de l’enjeu."

- Le 
5 octobre 2024, soit deux jours avant le premier anniversaire de cette agression djihadiste, lors de l’émission « Etcetera » sur France Inter enregistrée le 1er octobre 2024 et à l'occasion du 19e Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts, le Chef de l'Etat s'est déclaré favorable à un arrêt des livraisons d’armes à Israël utilisées dans la guerre défensive israélienne dans la bande de Gaza : « Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza », a déclaré le chef de l’Etat qui a cependant ajouté : « La France n’en livre pas ». 
"En avril, Sébastien Lecornu, ministre des armées, avait assuré qu’elles ne représentaient qu’un tout petit pourcentage des exportations françaises de défense : 0,2 %, sur un total de 27 milliards d’euros en 2022, soit autour de 15 millions d’euros pour les livraisons d’armement, et 34 millions d’euros, sur un total de 8,8 milliards, pour les biens dits à « double usage ». Ces licences concernent « essentiellement des transferts de pièces détachées », disait-il". "Mais ces transferts recouvrent une large gamme de composants, parfois clés pour la fabrication d’équipements plus complexes. Le 26 mars, le média d’investigation Disclose et le site Marsactu ont ainsi dévoilé la présence, dans le port de Marseille, d’une cargaison de maillons pour des munitions de petit calibre, destinée à une filiale du géant de la défense israélien Elbit. S’il est apparu que la licence accordée permettait seulement, selon le ministère des Armées, de la réexportation à des pays tiers, et pas d’usage par l’armée israélienne, ces informations ont mis en lumière l’ambiguïté des échanges diplomatico-militaires entre la France et l’Etat hébreu".
« C’est du pur opportunisme », a déclaré Georges Bensoussan, historien, auteur du livre « Les origines du conflit israélo-arabe », sur Europe 1 le 7 octobre 2024.
« Est-ce que l’Iran impose un embargo au Hezbollah, au Houthis ou au Hamas ? Bien sûr que non. Ceux qui constituent l’axe de la terreur se tiennent ensemble. Mais les pays qui sont supposés s’opposer à cet axe appellent à un embargo sur les armes. Quelle honte ! [...] Mais je vais vous dire quelque chose : Israël gagnera avec ou sans leur soutien. Mais la honte perdurera bien après que la guerre sera gagnée. Soyez assurés que Israël se battra jusqu'à ce que la bataille soit gagnée, pour notre bien et pour le bien de la paix et de la sécurité dans le monde. Nous gagnerons avec ou sans vous. Et votre honte se répercutera longtemps après notre victoire », a répliqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
L'Elysée a alors publié "une mise au point assurant que la France était l'amie indéfectible d'Israël".

- Le 15 octobre 2024, lors du Conseil des ministres, le Président Emmanuel Macron avait allégué : "Netanyahu ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l'ONU". Une autre décision de l'Organisation des Nations unies (ONU) pourrait mettre un terme à la décision initiale de l'ONU et supprimer ainsi l'Etat Juif, si l'on en croit le Chef de l'Etat. Bref, cet énarque aurait décliné en droit international le "parallélisme des formes", un principe du droit administratif !?
"Un rappel au Président de la France : ce n'est pas la résolution de l'ONU qui a établi l'État d'Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d'indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des rescapés de la Shoah, notamment du régime de Vichy en France", lui a répondu Benjamin Netanyahu.
Le Bureau du Premier ministre israélien a posté sur X cette réponse et a ajouté : « Il convient également de rappeler qu'au cours des dernières décennies, l'ONU a adopté des centaines de résolutions antisémites contre l'État d'Israël, dont le but est de nier le droit à l'existence du seul et unique État juif et sa capacité à se défendre. »
Mais Georges Malbrunot postait sur X le 17 octobre 2024 : "Pour clore la polémique sur les propos d'Emmanuel Macron sur la création par l'ONU d'Israël, ce que dit le site de l'ambassade d'Israël en France, donnant raison au président de la République, loin du brouhaha politico-mediatique", puis "J'invite donc MM. Larcher, Karoutchi et le Crif à consulter plus souvent le site de la représentation diplomatique israélienne à Paris." Des Internautes l'invitaient à lire plus attentivement les extraits du site Internet qu'il diffusait.

- Le 24 octobre 2024, le Président de la République Emmanuel Macron a déclaré, en ouverture de la Conférence internationale de soutien à la population et à la souveraineté du Liban :
« On parle beaucoup, ces derniers jours, de guerre, de civilisation ou de civilisation qu'il faut défendre. Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie. Je suis sûr d'une chose, c'est que la possibilité d'une civilisation se joue au Liban ; c'est-à-dire la possibilité pour des femmes et des hommes dont les origines sont différentes, dont les religions sont différentes, de partager un même territoire et de vivre pour un même projet. C'est aussi pour cela que le Liban est important pour lui-même et est toujours plus grand que lui-même ». 
Donc, l'Etat d'Israël induirait/incarnerait la barbarie et, malgré les diverses religions "des femmes et des hommes" aux origines différentes le peuplant, ne représenterait pas la "possibilité d'une civilisation" !?

- Le 9 avril 2025, de retour d'Egypte, le Président Emmanuel Macron 
a déclaré qu'il faut "essayer de dire" à Benjamin Netanyahu qu'"à un moment donné, ce que vous faîtes n'est pas conforme au droit international, ce que vous faîtes est aussi un crime, ce n'est pas vos valeurs, ce qui est en train d'être fait en votre nom n'est pas votre intérêt". Il a affirmé que le rôle de la France "est d'être au côté de l'Humanité", ipso facto, le gouvernement et l'armée israéliens se comporteraient inhumainement. Et il a envisagé, lors de la conférence de juin 2025, la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, sans en localiser le territoire et sans préciser qui le gouvernerait.

On peut percevoir, en filigrane des allégations macroniennes, des stéréotypes ou préjugés antisémites : le juif cruel, insensible à la douleur d'autrui, imperméable aux valeurs universelles, notamment françaises, et étranger à la civilisation, voleur - l'Etat Juif s'est emparé de territoires de "Palestiniens" ayant fui en 1948... Dans sa dimension souveraine, étatique, Israël aurait donc gardé les travers injustement reprochés durant des siècles aux individus juifs. Inquiétant, tout comme l'omerta sur ces diatribes choquantes, impunies, non contredites par des dirigeants communautaires françaises. Au Président et général Charles de Gaulle, le Grand Rabbin Jacob Kaplan avait osé, lors d'une réunion le 1er janvier 1968, protester contre ses propos tenus lors de sa conférence de presse du 27 novembre 1967 sur le peuple Juif, "un peuple d'élite, sûr de lui et dominateur".

Enfin, les résultats du volet politique de la radiographie de l’antisémitisme réalisée par IFOP Opinion pour l'AJC-Paris, en partenariat avec la Fondapol, montrent que LFI est perçue par 92% des Français de confession juive comme contribuant à la montée de l’antisémitisme. 
Près d'un 1/3 des Français (31%) considère que Renaissance, parti du Président Emmanuel Macron, contribue à la montée de l'antisémitisme en France. Une plus grande lucidité que leurs concitoyens juifs (19%, #1/5). 
Et on peut se demander si des évènements rassemblant souvent des intervenants de gauche ou Macron-compatibles ne constitueraient pas un voile opaque jeté sur un antisémitisme émanant de hautes sphères de l'Etat, perçu par la base, mais non dit par des politiciens et dirigeants communautaires français.

Le prochain diner du CRIF est prévu le 3 juillet 2025. Il est vraisemblable que les prochaines Assises auront lieu le matin de ce dîner, comme en 2024. 

D'ici là,  la France "co-présidera en juin 2025 avec l’Arabie Saoudite une conférence internationale pour la mise en œuvre de la solution à deux États, qui permettra de matérialiser son soutien au plan de reconstruction de Gaza formulé par les États de la Ligue arabe, lors du Sommet du Caire, le 4 mars 2025 et à l’établissement d’un État palestinien vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël."

Une action qui récompenserait les djihadistes du 7 octobre 2023 et leurs soutiens, et qui risque d'alimenter l'antisémitisme en France. 

Heureusement, le Président Emmanuel Macron est isolé sur la scène internationale.
 

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