Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

dimanche 17 avril 2011

Le sculpteur Lev Stern


La galerie Vallois Sculptures présente une vingtaine de sculptures en bronze, dans des patines vert et vert-gris - de la série « Arbres » et des toiles du sculpteur israélien Lev Stern. A remarquer : sa création la plus récente (2010) sur ce « thème existentiel » pour cet artiste, et ces arbres de type méditerranéen plantés dans la pierre de Jérusalem.


Ce thème récurrent des arbres est « existentiel » pour Lev Stern. Il inspirait ses expositions en 1995 et 2008 à la galerie Vallois sculptures contemporaine. L’arbre était posé sur un bloc cubique formé de couches alternées de pierres et de ciment cachant les racines.

Des arbres symboliques
Les strates géologiques de cette première série des « Arbres » sont à l’image des étapes du parcours de Lev Stern, né en 1945 en Russie.

En 1948, sa famille Juive retourne en Pologne, puis immigre en Israël en 1959.

Lev Stern étudie la peinture et la sculpture.

Diplômé en architecture et urbanisme du Technion (Haïfa) en 1971, il ouvre à Jérusalem un bureau d’architecture et de design. Deux disciplines qu’il enseigne à Bezalel et à l’Israeli Academy of Art.

Entre 1981 et 1983, il séjourne à Paris où il se consacre à la peinture et à la sculpture.

Il vit à Jérusalem et expose en Israël, France et Pologne.

En 2006, Ruth Cheshin, présidente de la Fondation de la Cité, a offert au Dalaï Lama, lors de sa visite à Jérusalem, un de ces arbres. Le chef spirituel tibétain a demandé : « Je me demande si l’arbre se tient droit car il représente la vérité ? »

On retrouvait la structure des sculptures-arbres dans certaines pièces de sa série – sculptures et dessins - Carottes (2002) : la carotte-tronc et les « tiges »-branches.

Des carottes ! Des carottes ? Des carottes. Cette exposition suscite la même réflexion, sur ces trois tons, tant elle intriguait l’être le moins rationnel. Comment et pourquoi un sculpteur s’emparait-il d’un sujet non noble, une carotte, cet aliment banal, méconnu et aux divers modes de consommation ? Pourtant moultes artistes ont peint des fruits. Charles Trénet a chanté Qu’y a-t-il à l’intérieur d’une noix ? Alors, des carottes ? Lama lo (« Pourquoi pas », en hébreu) !

Aspect phallique ? Arme ? L’artiste réfutait toute intention autre que relever un défi artistique. Ses carottes étaient des œuvres symboliques certes, mais surtout une déclinaison, une étude des variétés offertes par une forme simple en V - deux lignes qui d’un côté s’éloignent et de l’autre se rejoignent, formant une carotte -, sans fin. Un défi artistique. « Le dessin offre plus de liberté que la sculpture, proche du réel, du concret. Il a un côté magique. Chaque millimètre est un choix, une décision », m’a alors confié cet artiste honoré du Prix international d’art contemporain de Monte-Carlo (1995). Lev Stern étudiait l’équilibre entre la racine/carottes et les « branches » qui en sortaient,

En ce printemps 2011, le matériau de certaines pièces a une signification biblique : la pierre de Jérusalem s’allie au bronze.

Ces petits formats – de 12 cm à 20 cm de haut - sont composés de deux parties : l’arbre sur un socle métallique, souvent mince et présentant des reliefs, ou surmontant des racines hautes, quasi-tentaculaires.

Lev Stern s’intéresse à la dualité, au caché et au visible, au feuillage et à son absence, la stabilité ancrée dans le sol et cette aspiration vers l’élévation, la puissance des racines qui, sans terre, soutiennent et nourrissent la croissance de l’arbre. Des racines qui s’épanchent, se tendent, s’incurvent, se reposent, s’élancent.

Lev Stern représente la force, la vie qui émane des cimes épanouies et de la racine et le mouvement qui semble l’animer, et la solitude de ce végétal ligneux, tel cet arbre de savane au fût gracile. Les arbres « plus anciens, parasols, cyprès longilignes, arbres-personnes aux racines-jambes entrelacées, et disproportionnées, sortent tous à la fois du ventre de la terre-mère ».

Jusqu’au 30 avril 2011
35, rue de Seine, 75006 Paris
Tél. : 01 43 25 17 34
Du mardi au samedi de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h


Visuels de haut en bas :
Sans titre, 2010
pierre et bronze
H 16 cm x L 26 cm
Arbre, 1995

bronze et béton
Oeuvre fondue à la fonderie Beit Nykufa
H 23 x L 9 x P 9 cm

Bronze, 2007
H 27 cm x Ø 9 cm
Œuvre unique fondue à la fonderie Beit Nykufa

Carton d'invitation de l’exposition Carottes

Bronze, 2001
H 14 x L 9 x P 9 cm
Œuvre unique fondue à la fonderie Beit Nykufa

Bronze, 1998
H 42 x L 44 x P 35 cm
Œuvre unique fondue à la fonderie Beit Nykufa

Articles sur des expositions de sculpteurs
« Origines » de Nora Herman
Alain Kleinmann, peintre et sculpteur
« Pelles de Yuri Kuper
Hommage à Chana Orloff (1888-1968)
Boris Zaborov, peintre et sculpteur
Cent lumières pour Casale Monferrato - Lampes d’artistes pour Hanouca
La Splendeur des Camondo de Constantinople à Paris (1806-1945)
Les Orientales
Paris, ville rayonnante


Cet article a été publié en une version plus concise en 2008 par L’Arche

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire