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mardi 23 mai 2023

Hans Christian Andersen (1805-1875)

Hans Christian Andersen (1805-1875) était un romancier auteur de contes de fées pour enfants : La Petite Sirène, Les Habits neufs de l'empereur, La Reine des Neiges, La Petite Fille aux Allumettes... Il a présenté des personnages juifs de manière positive, et avait pour amis d'influents danois juifs. Arte diffusera le 28 mai 2023 à 06 h 05 « Hans Christian Andersen - Au-delà des contes » de Wilfried Hauke.

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

Hans Christian Andersen (1805-1875) était un auteur de contes pour enfants - La Petite Sirène, Les Habits neufs de l'empereur, La Reine des Neiges, La princesse au petit pois, La Petite Fille aux Allumettes - et nouvelles, romancier, dramaturge danois.

« Ma vie est un beau conte de fées, riche et heureux », écrit-il dans son autobiographie (Mit Livs Eventyr) car il était né dans un milieu pauvre - son père était cordonnier. Le Vilain Petit Canard retrace sa métamorphose en cygne.

Surnommé par Alexandre Dumas « le bon, l'aimable poète danois », Andersen se lie, durant ses voyages à l'étranger (Turquie, Italie, Suisse, Espagne), avec des auteurs : Chamisso en Allemagne, Heinrich Heine, Honoré de Balzac et Alphonse de Lamartine chez Virginie Ancelot. En Allemagne, le roi lui décerne l'Ordre de l'Aigle rouge en 1846.

En décembre 1860, le roi Christian IX de Danemark le reçoit à Copenhague et le nomme conteur de ses enfants. 

Judaïsme et juifs
Un pogrom "a lieu à Copenhague le jour même de 1819 où Hans Christian Andersen, âgé de quatorze ans, arriva dans la capitale". Hormis cet évènement dramatique, "les Juifs danois bénéficiaient, par la Constitution de 1849, comme d'autres minorités, des droits civils."

Enfant, Hans Christian Andersen a été brièvement scolarisé par sa mère dans une école à Odense, car un des professeurs de sa précédente école, publique, le battait. C'est l'unique établissement scolaire dont il garda un bon souvenir et qu'il dut quitter à sa fermeture en 1811. Il y avait des condisciples juifs.

En 2012, a été découvert La bougie en suif ("The Tallow Candle"), un conte de fées inédit, vraisemblablement le premier écrit par le jeune Andersen. C'est l'histoire "d'une petite bougie qui avait été négligée jusqu'à ce qu'un amadou voit sa beauté intérieure, l'allume, et lui fournit de la lumière pendant longtemps, pour le grand plaisir de tous ceux qui l'entourent. Cela sonne comme une bougie de Shabbat pour moi !", a analysé Saul Jay Singer, juriste et collectionneur d'art judaïca.

Dans sa jeunesse, Hans Christian Andersen a aussi souhaité épouser une jeune femme juive, Sarah Heimann qui a rompu car elle trouvait son soupirant trop absorbé par ses créations littéraires, par son monde imaginaire.

"Andersen a promu des écrivains juifs, dont le dramaturge allemand Herman Mosenthal, dont il a non seulement traduit les œuvres en danois, mais a agi pour qu'elles soient jouées sur la scène danoise", a souligné Saul Jay Singer.

Andersen était un voyageur fréquent qui s'appuyait sur une abondante correspondance pour préserver ses importantes amitiés. 

Erik Dal a étudié les personnages juifs dans l'oeuvre de Hans Christian Andersen. Rien qu'un violoneux (1837) "rompt avec une tradition littéraire ridiculisant les juifs". Dans le roman, Andersen décrit le ghetto de Rome, la belle, pauvre et jeune juive Naomi, qui fuit par sa conversion et son mariage avec un noble, son monde, et le fils violoniste d'un pauvre tailleur chrétien. Le talent musical de Christian ne mène jamais à rien de remarquable, tandis que Naomi devient une dame de la mode internationale, mariée à la noblesse. Mais elle reste déracinée et malheureuse".

Dans son drame “Ahasuerus” (1847), Andersen évoque le Juif errant Ahasuerus, un personnage caractéristique de l'antisémitisme chrétien, de l'Antiquité jusqu'à son arrivée sur le continent américain avec Christophe Colomb. Il le présente de manière empathique.

En 1855, Andersen écrit La Juive. "Sara était la seule enfant juive inscrite à l'école catholique. Elle était également la plus intelligente. Au cours de religion, elle ne pouvait pas écouter le professeur : le dernier souhait de sa mère avait été que jamais elle ne devienne catholique. Cependant, elle résolvait bien trop rapidement les calculs qu'on lui donnait à faire pendant le cours de religion, et son professeur la surprit plusieurs fois à écouter le cours. L'unique solution qu'avait son père était dès lors de la retirer de cette école..." C'est un livre qui présente de manière positive, sans préjugé antisémite, les Juifs, tout en restant fidèle à l'idée que seul le christianisme amène au salut.

Être ou ne pas être
(1857) "oppose le jeune Niels Bryde qui perd la foi de son enfance au profit de la science, et la juive Esther qui lit les Livres saints de toutes les religions et se convertit, mais meurt jeune. La perte ramène Niels à sa croyance en l'immortalité. L'auteur aborde la discussion contemporaine sur le matérialisme et la science par rapport à la foi traditionnelle, et Esther, comme la bonne juive Sara, sont des exemples du conflit."

En 1870, dans son roman Peer le chanceux, Andersen décrit un maitre de chant qui cite des proverbes du Talmud.

Andersen a entretenu des relations épistolaires, notamment des "centaines de lettres à des amis juifs proches, dont Martin Ruben Henriques, agent de change, et sa femme, Thérèse (née Abrahamson), qui ont été les premiers à lui ouvrir leur porte alors qu'il était un jeune écrivain en difficulté. Lorsque le très respecté Henrique se rendait à la shul de Krystalgade avec ses dix fils chaque Shabbat, il était accueilli par des cris comme "Voilà le roi des Juifs et tous ses fils",  a souligné Saul Jay Singer.

Et Saul Jay Singer de rappeler : les "destinataires d'au moins 415 lettres connues d'Andersen étaient Moritz Melchior (1816-1884)" - "un ancêtre de l'ancien vice-ministre israélien des Affaires étrangères, le rabbin Michael Melchior" - et sa femme, Dorothea (1823-1885), fille de Ruben Henrique. Elle descendait de juifs portugais et a été élevée dans une maison orthodoxe et elle a épousé Moritz dans une synagogue de Copenhague en 1846." Ce couple mixte unissait une juive sépharade à un juif ashkénaze. 

La famille Melchior était d'origine allemande, de la ville de Hambourg. "Né dans une riche famille juive de Copenhague, Moritz Melchior a rejoint l'entreprise familiale juste après sa bar mitzvah et est devenu un commerçant danois prospère qui a occupé des postes publics importants à Copenhague, dont conseiller municipal au conseil municipal de Copenhague (1851-1869), membre du Tribunal maritime et commercial (1862–1883) et membre de la Chambre haute du Parlement (1866–1874). Il a co-fondé et dirigé la société danoise de libre-échange, géré la Chambre de commerce dès 1873 et réorganisé la police de Copenhague".

Moritz Melchior "était également un membre éminent de la communauté juive, siégeant en tant que membre, puis Président de son Comité représentatif. C'était un grand humanitaire et un philanthrope qui soutenait beaucoup ses coreligionnaires et autres personnes dans le besoin, et ses activités caritatives étaient toujours menées discrètement et sans rechercher la reconnaissance publique".

Les Melchior "ont reçu une variété d'invités célèbres, dont Andersen, qui est devenu un ami si proche qu'ils le considéraient comme un membre de leur famille. La santé d'Andersen ayant décliné après une chute en 1872, les Melchior ont installé leur ami célibataire et sans enfant dans leur maison près de Copenhague en lui donnant une chambre particulière où il a écrit certaines de ses dernières œuvres, dont Peer le chanceux. Andersen a dédié son dernier recueil d'histoires aux Melchior, qui se sont occupés de lui jusqu'à sa mort d'un cancer du foie en 1875."

En 2000, pour le 125e anniversaire de la mort de l'auteur, l'Etat d'Israël a rendu hommage à Hans Christian Andersen en imprimant des timbres postaux conçus par "Samuel Katz, un artiste membre du Kibbutz Evron. Ces timbres représentent la Petite Sirène amoureuse, regardant le palais où vit le prince, le duo de tailleurs tordus habillant le roi insensé avec les vêtements spéciaux qu'ils avaient cousus et le vilain petit canard soumis à un examen minutieux par ses amis. L'oblitération spéciale sur le pli premier jour a été faite dans la ville de Bat Yam, qui signifie en hébreu fille de la mer, ou sirène.

« Hans Christian Andersen - Au-delà des contes »
Arte diffusera le 28 mai 2023 à 06 h 05 « Hans Christian Andersen - Au-delà des contes » de Wilfried Hauke.

« Illustre auteur de contes, Hans Christian Andersen laisse aussi derrière lui une oeuvre plastique méconnue. Plongée documentée dans l’âme poétique, inquiète et emplie d’images de l’auteur de "La petite sirène". »

« Né en 1805 à Odense, au Danemark, Hans Christian Andersen a épousé la soif d’innovations de son siècle, avide de progrès, de vitesse et d’images ». 

« Celles-ci surgissent au fil de sa plume mais aussi des nombreux clichés que ce passionné de photographie prendra de lui et de son œuvre picturale foisonnante ». 

« Car le célébrissime conteur danois était aussi un artiste plasticien méconnu, auteur de délicates silhouettes en papier, d’un vertigineux paravent aux multiples collages, de scrapbooks avant l’heure et de dessins à l’encre peu académiques mais au trait alerte. » 

« Fils de cordonnier, Hans Christian Andersen connaîtra grâce à ses contes – il en a publié quelque cent cinquante – gloire et ascension sociale : une réussite qu’il mettra en scène dans des récits autobiographiques un brin revisités ». 

« Mais le journal qu’il tiendra jusqu’à sa mort en 1875 révèle un homme tourmenté, souffrant de solitude et toléré plutôt qu’accepté par la bonne société. "Je suis un vieux célibataire poussiéreux", déclarera au crépuscule de sa vie celui qui fut plus à l’aise dans ses fantasmagories que dans la réalité ». 

« Andersen ne s’autorisera aucune amourette, à tel point que certains de ses biographes voyaient en lui un homosexuel refoulé. »

« Tourné dans différents pays d’Europe, ce documentaire nous ouvre les portes des différents musées danois qui, chacun à leur façon, perpétuent la mémoire de l’auteur de La petite sirène : l’émouvante Maison Hans C. Andersen emplie de ses trésors, le poétique musée de l’Art du papier, peuplé d’ombres chinoises et celui, tout récent, consacré aux contes de fées, qui use de l’interactivité pour explorer son imaginaire. »

« Ponctué d’éclairages d’historiens de l’art et d’artistes, ainsi que de mentions de ses écrits, ce portrait éclaire ce "peintre de la plume", comme il se désignait lui-même, sous un angle inattendu. » 


Allemagne, 2023, 54 min
Production : Kinescope Film, IDA Film & TV Produktion, Nordmedia, en association avec ARTE/NDR 
Sur Arte le 28 mai 2023 à 06 h 05
Disponible du 14/05/2023 au 11/08/2023


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