Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 28 juillet 2017

« Amour et sexe sous l’Occupation » par Daniel Costelle, Isabelle Clarke et Camille Levavasseur


RMC Découverte diffusera le 28 juillet 2017 à 23 h 45 « Amour et sexe sous l’Occupation », documentaire gênant de Daniel Costelle, Isabelle Clarke et Camille Levavasseur. Des Françaises entre ordre moral voulu par Vichy, intransigeances de la Résistance et sexualité libérée de l’autorité parentale, voire débridée, avec l’Occupant nazi. Ce film distille un profond malaise par son traitement biaisé, émaillé d’erreurs historiques et d’omissions, concernant notamment les Juifs.


Patrick Buisson a signé les deux volumes d’Années érotiques 1940-1945 (Albin Michel), encensés par des médias : Vichy ou les infortunes de la vertu (2008) et De la grande prostituée à la revanche des mâles (2009).

La société CC&C a adapté ce livre en une série documentaire télévisée en deux volets - « L’Occupation intime », dont le texte est lu par Alain Delon et Anouchka Delon, et « Amour et sexe sous l’Occupation » - réalisés par Daniel Costelle, Isabelle Clarke et Camille Levavasseur (2010).
   
« Collaboration horizontale »
Amour et sexe sous l'Occupation « interroge le mystère brûlant des relations intimes, hétérosexuelles et homosexuelles, en temps de guerre ; et explore ces années de chaos où la proximité avec la mort a renforcé l'aspiration au bonheur individuel, au plaisir et à la transgression ». Mais en accordant une grande place aux relations impliquant des Allemands nazis.

« Juillet 1940 : les Allemands s'installent en maîtres dans la France vaincue. Les soldats allemands impressionnent avec leur puissance et leur aura de vainqueur. L'opération séduction bat son plein ».

Patrick Buisson souligne « l’image masculine [française] dépréciée ». Métaphore ? « Le vainqueur a les traits du mâle, le vaincu ceux de la femme ».

Les « Occupants aident les Français à remettre le pays en marche ». Ou à l’exploiter au profit de IIIe Reich en spoliant les Juifs ?

« Soucieux d'encadrer les débordements, l'état-major de la Wehrmacht réquisitionne les maisons-closes » et est motivé par des préoccupations sanitaires, d’hygiène, afin d’éviter les maladies vénériennes. Le gouvernement de Vichy « reconnait ces bordels et crée un service public du sexe ».

Les « bordels les plus chics deviennent des officines du marché noir gérées par les profiteurs de guerre ».

Des SS filment leurs ébats avec des prostituées.

Patrick Buisson insiste sur « la surprise par rapport à 1870 et 1914. Les ordres sont stricts : les viols sont punis de peines de forteresses ».

C'est « la cohue dans les cabarets et les boîtes de nuit ». Et la joie chez Maxim’s et à la Tour d’Argent.

Selon Patrick Buisson, « l’instinct de vie » est aiguisé car la « vie est menacée ». Le sexe comme « révélateur des mentalités ».

Les « conquêtes allemandes ne sont pas seulement féminines : dans le Paris de l'Occupation, de Genêt à Cocteau, des homosexuels sont attirés par l'idéal masculin hyper-viril des Nazis, pactisent avec l'occupant ».

« Arletty, Florence Gould, Mireille Balin, Coco Chanel, Corinne Luchaire s'affichent avec des officiers allemands, par défi, véritable amour, intérêt professionnel, ou affinités de classe ». Ginette Leclerc « obtient l’autorisation d’ouvrir un cabaret avec son amant. Un lieu de rendez-vous pour les gestapistes ».

Certes Arletty a vécu une histoire d’amour avec Hans-Jurgen Soehring (1908-1960), magistrat nazi, officier allemand alors assesseur au conseil de guerre de la Luftwaffe à Paris. Mais elle a aussi obtenu la libération de Tristan Bernard, célèbre écrivain français juif septuagénaire interné au camp de Drancy.

Les « femmes de prisonniers de guerre perçoivent des allocations misérables ». Environ 800 000 prisonniers sont mariés. Nombre d’entre eux s’interrogent sur la fidélité de leurs conjointes.

La détresse amène des femmes à la prostitution clandestine.

Des « attentats visent les aspirants ayant des liaisons avec des femmes françaises ».

Et « près de 200 000 naissances seraient le fruit d'amours illicites avec l'ennemi ». De quelle année à quelle année ? En 1943, on recense 589 301 naissances vivantes.

Mais « aimer un Allemand, c'est forcément être une mauvaise Française ».

A « l'été 1944, l'euphorie de la Libération tourne parfois au règlement de comptes : le sort des tondues est la punition de la France qui s'est couchée et qui a couché avec l'ennemi ».

« La France dévoyée a subi le charme vénéneux de l’Occupant… La France de la ceinture serrée demande des comptes à la France de la jouissance… Le Maquis fait acte d’autorité sur les femmes et leur sexualité. Leur corps appartient à la Nation, aux hommes. C’est la victoire posthume de Vichy. Les hommes veulent purifier. Des femme sont tondues et lavées à grande eau, plongées dans le bassin municipal. Deux mille femmes sont tuées pour fait de collaboration », résume Patrick Buisson.

Arrêtée, Arletty déclara : «  Si mon cœur est français, mon cul, lui, est international ! » A ses juges, elle répliqua : « Si vous ne vouliez pas que je couche avec les Allemands, fallait pas les laisser entrer ». En 1946, le comité d'épuration l’a sanctionnée par un blâme. Interdiction lui a été aussi imposée de travailler pendant trois ans.

En « contant ces temps troublés où les autorités traditionnelles étaient remises en cause, Anouchka Delon transporte notamment les femmes françaises, témoins privilégiés de l'Occupation, dans leur passé ».

La « romancière Benoîte Groult, la résistante Gisèle Guillemot ou encore la comédienne Yvette Lebon livrent ici leurs souvenirs ».

Ce documentaire présente une large gamme de choix de femmes françaises sous l’Occupation : de la Résistante refusant toute relation avec l’Occupant allemand nazi à l’opportuniste, via l’inconsciente. On est ému par les images de femmes tondues à la Libération, le viol dont fut victime l’actrice Mireille Balin et les blessures psychologiques du chanteur Gérard Lenorman, né de l’union d’une adolescente française de seize ans et d’un violoniste volage membre des forces d’occupation allemandes. Une histoire évoquée dans sa chanson Warum mein Vater (« Pourquoi mon père »).

Mais ce documentaire gêne par sa ligne directrice – « On s’amuse à Paris », « Les jeunes se libèrent de l’autorité parentale et découvrent une nouvelle vie » tel le futur dramaturge Pierre Barillet, les « adolescents affirment leur autonomie », etc. -, ses libertés avec l’Histoire – prétendu attrait généralisé des Françaises pour l’Occupant nazi -, ses partis pris – discours évinçant généralement les Juifs, paraissant parfois complaisant -, etc.

Comme si les auteurs du documentaire étaient si fascinés par leur sujet qu’ils en perdaient toute nuance, toute perspective historique, tout regard critique.

Tous les homosexuels ne furent pas attirés par les Nazis. Né Roger Worms, le communiste homosexuel Roger Stéphane s’est engagé dans la résistance.

Quid des départements d’outre-mer et protectorats français ? Dans « Screaming Silence », documentaire de Ronnie Sarnat (2015), un Israélien relatait le viol dont il fut victime, à l’âge de 13 ans, en Tunisie, sous l’Occupation nazie, par un soldat allemand, et ses questionnements sur son identité sexuelle durant toute sa vie d’adulte.

Pourquoi avoir évoqué le ferrailleur juif Joseph Joanovici ?

Quid des couples juifs séparés : maris engagés volontaires, ayant tenté, avec succès ou non, de franchir la ligne de démarcation, ayant été déportés, etc. ?

Quid des femmes juives enceintes, raflées et détenues au Vel d’Hiv, et dont certaines, ont provoqué leur avortement avec des aiguilles à tricoter ?

Quid de l’histoire d’amour entre Hélène Berr (1921-1945), cette brillante française juive agrégative française d’anglais, et Jean Morawiecki, engagé en novembre 1942 dans les Forces françaises libres ?

On éprouvait cette même gêne en visionnant « L’Occupation intime » qui stigmatisait Maurice Chevalier, alors que celui-ci avait protégé sa compagne juive, l'artiste Nita Raya, ainsi que la famille de cette chanteuse, danseuse et actrice; et à la Libération le compositeur Norbert Glanzberg témoignera en sa faveur.
         

« Amour et sexe sous l’Occupation », documentaire de Daniel Costelle, Isabelle Clarke et Camille Levavasseur
CC&C, 2010, 72 min
Commentaire dit par Anouchka Delon
Sur Histoire les 26 mars à 20 h 40, 31 mars à 8 h 40, 2 avril à 14 h 45, 8 avril à 14 h 45 et 19 avril 2017 à 18 h 30
Sur RMC Découverte le 28 juillet 2017 à 23 h 45
  
A lire sur ce blog :
Les citations proviennent du documentaire et du communiqué de presse.
Cet article a été publié le 31 mars 2017.

mardi 25 juillet 2017

Enluminures en terre d’Islam, entre abstraction et figuration


Dans son site historique Richelieu, la Bibliothèque nationale de France (BnF) a présenté l’exposition éponyme, avec un parcours Internet pour les enfants,  sur un paradoxe : la figuration dans l’art islamique, qui exclut toute représentation d’êtres animés. Une réflexion sur les relations complexes de l’islam avec l’image au travers d’environ 80 manuscrits arabes, persans et turcs. Le 24 juillet 2017, Arte diffusa Le Message, de Moustapha Akkad.


La « figuration est-elle totalement exclue de l’art islamique ? Fourmillantes de personnages et de vie, les nombreuses miniatures qui ornent certains livres semblent prouver le contraire ». A travers quelque 80 prestigieux manuscrits arabes, persans et turcs, l’exposition illustre le paradoxe entre un art excluant toute représentation d’êtres animés et l’existence, dans les livres du monde islamique, de nombreuses miniatures.

A « côté d’une esthétique commune édifiée autour du Coran et rejetant la figuration, coexistent, dans les textes littéraires, historiques et scientifiques de nombreuses représentations figurées ».

Certes le Coran ne prohibe pas explicitement l’image figurative. Cependant, cette dernière « est, dès l’origine, totalement exclue du domaine religieux ». Ce qui mène à la « formation d’un art original basé sur la calligraphie, l’entrelacs géométrique et l’arabesque qu’on retrouvera également dans le domaine du profane ».

La figuration est limitée « dans le monde arabe à l’illustration de textes scientifiques et à de très rares œuvres littéraires comme les Maqamât d’al-Harîrî ou Kalila wa Dimna, fables animalières venues d’Inde ».

En raison vraisemblablement de leurs origines culturelles distinctes, Persans et Turcs accroissent le champ des œuvres illustrées aux domaines de l’histoire, de la poésie et de l’épopée », tel le Shâhnâmeh, grande épopée nationale iranienne. A certaines époques, apparaissent « même des représentations d’ordre religieux en dehors du Coran et des sciences qui lui sont associées ».

« Impensables dans le domaine strict des sciences religieuses, des représentations de Muhammad [Nda : Mahomet] et des prophètes bibliques figurent dans des chroniques historiques ou dans des ouvrages à caractère mystique. Jamais produites dans le monde arabe, ces images furent exclusivement l’apanage des aires culturelles persanes et turques ».

Corans, albums de calligraphie, textes d’astronomie ou d’astrologie, de pharmacopée ou de zoologie, grands textes littéraires, recueils de poésie, chroniques historiques et représentations religieuses… Ces œuvres témoignent « de la riche activité culturelle du monde islamique du VIIIe jusqu’au XIXe siècle ». Décorative, la calligraphie arabe magnifie la parole divine (Coran en écriture coufique). Originaire du monde byzantin, l’arabesque « est constitué d’éléments végétaux stylisés enrichis d’influences venues d’Asie centrale. Apparemment opposés, l’arabesque, tout en courbes, et l’entrelacs géométrique, composé de lignes droites, se fondent et se complètent ».

L’exposition occulte les artistes et artisans auteurs de ces œuvres - illustrateurs, coloristes, etc. - et leur religion.

La BnF explore les interactions avec le numérique : d’une part, les visiteurs sont invités à feuilleter cinq livres audiovisuels, d’autre part, un site Internet permet une visite virtuelle.

L’exposition débute par un Coran andalou du XIVe siècle et s’achève sur « l’image emblématique du Prophète chevauchant al-Burâq, sa monture fabuleuse ».

Le dossier de presse encense ces « beaux exemplaires de l’art du livre en terre d’Islam ». Cependant, cette expression « terre d’Islam » (Dar al-Islam) aurait mérité des guillemets : elle désigne dans l’univers musulman une terre régie par un pouvoir islamique, en opposition au Dar al-Harb (maison de la guerre, en arabe), aire gouvernée par un pouvoir infidèle, non-musulman, et qui doit être soumise à l’islam..

Plus de 300 manuscrits arabes, persans et turcs, dont les œuvres exposées, figurent dans le programme de numérisation réalisée grâce au mécénat de la Fondation Total, partenaire de l’exposition. Ils sont accessibles en ligne dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF (http://gallica.bnf.fr/).

Violences actuelles
Une exposition à voir en songeant aussi à la destruction des « statues géantes de deux Bouddahs élevées entre le IIIe siècle et le Ve siècle dans l’ancien sanctuaire de Bâmiyân, en Afghanistan, en mars 2001 par les talibans qui, pour y parvenir, eurent recours à des explosifs et à des tirs d’artillerie » (Annie Vernay-Nouri), aux violences de groupes musulmans courroucés par les 12 dessins sur Mahomet publiés en septembre 2005 par le journal danois Jyllands-Posten, par la diffusion en octobre 2011, par la chaîne privée de télévision tunisienne Nessma, de Persépolis,  film de Marjane Satrapi qui y a notamment représenté Allah sous les traits d'un homme âgé portant une barbe blanche et par l'incendie criminel du siège parisien ainsi que le piratage du site Internet, dans la nuit du 1er au 2 novembre 2011, de l'hebdomadaire Charlie hebdo dont la Une était barrée par le titre Charia hebdo et dont la rédaction en chef était confiée à Mahomet.

Le 2 novembre 2011, cet article a été republié en raison des violences en Tunisie à la suite de la diffusion du film Persépolis de Marjane Satrapi et de l'incendie criminel ayant détruit le siège parisien de l'hebdomadaire Charlie Hebdo.

Le 28 mars 2012, deux jeunes Tunisiens, Djabeur Mejri, incarcéré, et Ghazi Bedji, en fuite et  toujours recherché par la police, ont été condamnés à des peines de sept ans de prison ferme, et selon le site Tunisia-Live également à une amende de 1 200 dinars (600 euros), pour avoir diffusé sur le réseau social Facebook des caricatures de Mahomet. Une plainte avait été déposée pour « atteinte au sacré appelant à la fitna » [division, en arabe]. Le 25 juin 2012, la Cour d'appel de Monastir a confirmé la peine de sept ans et demi de prison pour Djabeur Mejri pour « trouble à l’ordre public, préjudice causé à des tiers à travers les réseaux publics de communication et atteinte à la morale ». Le 5 février 2014, a été lancée sur Internet la campagne 100 dessins pour Jabeur afin d'obtenir la libération de Djabeur Mejri. Parmi ces œuvres de dessinateurs, dont Plantu, et caricaturistes d'une dizaine de pays, certains visent le président Moncef Marzouki qui n'a pas gracié le prisonnier. « La Tunisie vient d'adopter sa nouvelle Constitution. Elle sera mise à l'honneur le 7 février en présence de plusieurs dizaines de représentants officiels d'Etats et de royaumes étrangers. Alors que, dans ce texte fondateur, la liberté d'expression et de conscience sont présumées garanties, le maintien en détention de Jabeur Mejri est contraire à l'esprit et au texte de la Constitution », estime le comité de soutien à Jabeur Mejri. Ghazi Bedji a obtenu l'asile politique en France.

Le 3 mai 2012, Journée mondiale de la liberté de la presse, le Tribunal de première instance de Tunis a condamné Nabil Karoui, patron de la chaîne de télévision Nessma, à une amende de 2 400 dinars (environ 1 200 euros) « pour ladiffusion au public d'un film troublant l'ordre public et portant atteinte auxbonnes mœurs », en l'occurrence Persepolis, film d’animation de Marjane Satrapi. Une scène de ce film représente Allah. Elle n’avait suscité aucun trouble lors de la diffusion du film dans les salles de cinéma, mais des islamistes s’en étaient indignés. Ce tribunal a annulé les poursuites en ce qui concerne le grief d’«  atteinte au sacré ». Il a aussi condamné Hédi Boughenim, responsable du visionnage, et Nadia Jalel, propriétaire de la société qui a traduit le dialogue du film, à une amende de 1 200 dinars (600 euros) chacun. Nessma est aussi diffusée au Maroc, en Algérie et en Libye.

A surgi une polémique suscitée par la diffusion en juillet 2012, pendant le mois du Ramadan, sur la chaine panarabe à capitaux saoudiens MBC, de la série Omar dans laquelle est représenté le prophète Mahomet et de ses compagnons. Si selon les producteurs de la série le sheikh al-Qaradawi ne s'oppose pas à cette représentation, al-Azhar a émis une fatwa sur l'interdiction de la représentation de Mahomet.

Le 5 février 2014, a été lancée sur Internet la campagne 100 dessins pour Jabeur afin d'obtenir la libération de Djabeur Mejri condamné pour avoir diffusé des caricatures de Mahomet

Cet article a été republié le 9 janvier 2015 en hommage aux douze victimes assassinées - dessinateurs, économiste, policiers, correcteur, psychanalyste, organisateur de festival, agent de maintenance -, blessées ou indemnes lors de l'attentat au siège de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2014, par des terroristes islamistes criant "Allah akbar ! Le prophète a été vengé". En février 2006, plusieurs journaux européens, dont cet hebdomadaire satirique, avaient publié douze dessins sur Mahomet édités pour la première fois par le quotidien danois Jyllands-Posten. Des manifestations hostiles, haineuses, avaient eu lieu dans des pays musulmans.

Le 24 juillet 2017, à 20 h 55, Arte diffusa Le Message, de Moustapha Akkad. "Au début du VIIe siècle, près de La Mecque, l'archange Gabriel souffle la parole divine à Mohammed... La naissance de l'islam racontée dans une fresque épique, avec Anthony Quinn et Irène Papas."

"Trois messagers filent à bride abattue à travers le désert, pour enjoindre l'empereur de Byzance, le patriarche d'Alexandrie et le souverain perse d'"accepter l'islam pour leur salut"… Quelques années plus tôt en l'an 610, dans un monde cruel où règne la sauvagerie, en Arabie, les prêtres préparent les festivités annuelles en l'honneur des divinités païennes adorées à la Kaaba, dans la prospère cité de La Mecque. Alors qu'affluent les pèlerins, Mohammed, 40 ans, se retire dans une grotte sur le mont Hira. Il confie à son retour que l'archange Gabriel lui a délivré la parole divine et partage avec ses proches la Révélation. Ses disciples, parmi lesquels son oncle Hamza et son ami Ammar, veulent transmettre à tous le message de paix et d'amour de la religion qui vient de naître. Mais une redoutable répression s'abat sur les nouveaux convertis…"

"Dans cette version anglaise (une autre a été tournée avec des comédiens arabes), Irène Papas campe Hind, la sixième des onze épouses de Mohammed tandis que Hamza, l'oncle avec lequel il a grandi, est interprété par Anthony Quinn. Le réalisateur Moustapha Akkad a pris le soin de ne pas représenter le Prophète à l'écran, s'appuyant sur un scénario dont la fidélité et la précision ont été notamment supervisées par des exégètes de l'université Al-Azhar du Caire. L'évocation des temps premiers de l'islam rapproche l'œuvre, par son souffle épique, au grand film biblique de Cecil B. DeMille, "Les dix commandements". Eh non. On notera l'horaire de prime time offert à ce film.


Annie Vernay-Nouri, Enluminures en terre d’Islam entre abstraction et figuration. BnF, 2011. 19,6 x 24 cm, broché. 96 pages, 70 illustrations couleur. 23 euros. ISBN-13: 978-2717724851

Jusqu’au 25 septembre 2011
5, rue Vivienne. 75002  Paris
Du mardi au samedi de 10 h à 19 h, dimanche de 12 h à 19 h
Tél. : 01 53 79 49 49

Visuels de haut en bas : 
Coran, Espagne, 1304. BnF, département des Manuscrits
Kalila wa Dimna, Egypte ou Syrie, milieu XIVe siècle

Sa’di, Golestan, (La Roseraie). Bukhara (Ouzbékistan), milieu XVIe siècle.
BnF, département des Manuscrits

Album de calligraphies, Iran, XVIe - XVIIe siècle. BnF, département des Manuscrits

Traité d’hippiatrique, Lucknow, vers 1750-1760
Ferdowsi, Shahnameh (Le livre des rois), Chiraz, 1444

Articles sur ce blog concernant :
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 - France
 - Monde arabe/Islam

Les citations sont extraites du dossier de presse.
Cet article a été publié le 23 septembre 2011, le 25 juillet 2012, le 6 février 2014 et le
- 9 janvier 2015 en hommage aux douze victimes - dessinateurs, journalistes, policiers , etc. - assassinés le 7 janvier 2014 par des terroristes islamistes au siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo  

lundi 17 juillet 2017

Treize Français décorés à Paris du titre de Justes parmi les Nations


Le contexte des attentats terroristes islamistes palestiniens en Israël, dont celui du 1er juin 2001 devant le Dolfinarium de Tel-Aviv, a imprégné la cérémonie au Sénat (Paris) de remise des médailles et diplômes de l’Institut Yad Vashem de Jérusalem. Parmi les récipiendaires : Marie-Louise Carven, née Carmen de Tommaso, fondatrice de la maison de haute couture Carven, et les ayants-droit du peintre Charles Lapicque (1898-1988). Le 16 juillet 2017 a lieu la cérémonie du 70e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv et en hommage aux Justes parmi les nations.
Le 5 juin 2001, dans un salon ensoleillé du Sénat, sous les hauts patronages de Christian Poncelet, alors son président, et du Dr Richard Prasquier, alors président du Comité français pour Yad Vashem, Elie Barnavi, alors ambassadeur d’Israël en France, a remis treize médailles et diplômes des Justes parmi les Nations.
Étaient honorées des personnes non-juives qui ont sauvé des Juifs sous l’Occupation au péril de leur vie : Mmes Marie-Louise Carven (1909-2015), née Carmen de Tommaso, une grande dame de la Haute Couture et fondatrice de la maison de haute couture Carven, et Thérèse Denis, et, à titre posthume, Mmes et MM. Blanche et Pierre Allart, Maria et Albert Defontaine, Raymond Denis, le peintre Charles Lapicque (1898-1988) et son épouse Aline, Henri et Suzanne Martineau, Hélène Oudard et M. Camille Viollette.

Un rai d’humanité dans la nuit nazie
Rappelant que « dans toutes circonstances, quelles que soient les difficultés du jour, le choix nous appartient toujours », Elie Barnavi a célébré « ces hommes et femmes ordinaires, de toutes conditions, qui sans se poser des questions philosophiques ou idéologiques ont sauvé des Juifs, bravant le danger de mort, parce qu’ils sont restés des hommes et des femmes ». Il a célébré cette « leçon de courage et de confiance en l’humanité ». Il a indiqué qu’Israël est « ce bouclier que les Juifs n’ont pas eu pour se défendre ».

Puis le Dr Richard Prasquier a insisté sur le rôle des réseaux Juifs d’entraide et des « hommes de bonne volonté, de tous milieux », au nombre à jamais inconnu - 2 000 Justes en France sur les 18 000 dans le monde -, grâce auxquels « les trois quarts des 320 000 Juifs en France en 1939 ont pu survivre, malgré les persécutions » initiées dès octobre 1940 par « le statut des Juifs édicté par le gouvernement de Vichy, sans la moindre pression des autorités allemandes d’occupation. Soixante quinze mille Juifs de France ont été envoyés à la mort, soit 1,5% des six millions de Juifs assassinés pendant la guerre, sur place, dans les bois ou dans des chambres à gaz. La Shoah, c’est le néant, sans photos, sans traces, et sans journalistes ». Il a enjoint au « triple devoir de fraternité, de responsabilité et de lucidité de l’homme pour subsister dans cette planète en danger. Or, la vérité de l’histoire est terrible, le présent inquiétant et l’avenir incertain. Israël, où tant des rares survivants ont créé un Etat démocratique et libre, porte cette mémoire terrible ». Il a stigmatisé « les appels à la haine, les propagandes mensongères et les dénégations, qui trouvent des oreilles intéressées même dans notre beau pays de France, malgré le travail de mémoire admirable effectué. Quand dans des magasins du Caire on écrit : « Interdit aux chiens, aux insectes et aux Israéliens ». quand dans des écoles du Proche-Orient, on travaille sur le Manifeste des Sages de Sion, quand un président syrien déclare au Pape que les Juifs continuent de crucifier le Christ, quand on nous « explique » que Jérusalem ne représente rien pour les Juifs et que la Shoah n’a pas existé, je dis : « Attention, soyons lucides, mais espérons, mesdames et messieurs les Justes, que nous n’aurons plus besoin de vous... »

Citant le Talmud - « Le monde repose sur 36 Justes » -, Christian Poncelet a relevé que ce « titre a été consacré récemment, à l’unanimité, par le Parlement français » et la condamnation présidentielle du régime de Vichy. Il a exprimé son « admiration et sa reconnaissance aux Justes, ayant agi par foi et par humanité, qui montrent le chemin à suivre et représentent la force du bien ».

La valeur éducative
Trois adolescentes - Iris, Manuela et Emilie -, ont relaté le récit de ces sauvetages.

Née à Trouville en 1939, Léa Goldberg, dont les parents sont commerçants, est recueillie à Blois par Blanche et Pierre Allart, économe des hospices du Loir-et-Cher, et leur fils Claude. A la Libération, elle retrouve sa mère, internée, mais pas son père déporté. Elle se marie et le couple s’installe en Israël. L’un de ses six enfants est « victime à 26 ans du démon des forces du mal qui est réapparu sous des noms nouveaux - terrorisme, Hezbollah, Hamas -, mais leur but est le même que celui des nazis : exterminer le peuple d’Israël».

Le 17 novembre 1943, un policier accorde 48 heures de sursis à la famille parisienne Bricanier. Arrivé en France en 1902 à l’âge de 18 ans, le père apiéceur en couture travaille dans un local (1er arrondissement de Paris) d'une de ses clientes, Marie-Louise Carven, qui a une boutique de couture. Marie-Louise Carven, sa mère, Mme de Tommaso, sa tante, Mme de Boiriven, et son oncle, M. Piérard, hébergent  la mère et ses cinq enfants , jusqu’en juin 1944.

La veille de la grande rafle du 16 juillet 1942, un inspecteur de police, M. Henri, ami de la famille Goldman, la prévient du danger. Jusqu'à août 1944, les parents et leurs trois enfants sont hébergés à Montfermeil, avec trois autres juifs, par Maria et Albert Defontaine, ouvriers retraités. Aidant financièrement ce couple par de menus travaux, le père dénoncé est déporté en juillet 1943, et survivra miraculeusement.

De 1942 à 1944, dans leur ferme belge, Raymond et Thérèse Denis, élèvent, en plus de leurs deux fils, Mina Zulman, deux ans et demi, confiée par l’instituteur et le secrétaire communal. Et ce sans aucun arrangement financier, alors que les Allemands viennent se ravitailler dans leur ferme isolée.

Née en 1914, Fanny Weisbuch arrive en 1930 à Paris où elle obtient sa licence ès-science en 1934. Le 16 juillet 1942, Fanny Weisbuch est accueillie, avec son bébé Gérard et sa sœur, par le peintre centralien Charles Lapicque (1898-1988), son épouse, Aline, fille de Jean Perrin, prix Nobel de physique, et leurs fils, tous résistants. Le couple Lapicque et ses fils fournissent des faux papiers et cachent aussi des aviateurs anglais et des émissaires venus de Londres. Le mari de Fanny Weisbuch, Abraham, après s’être engagé dans l’armée française et moultes pérégrinations, reste en Auvergne. Dénoncée, arrêtée, sa sœur meurt à Bergen-Belsen.

Henri et Suzanne Martineau exploitent une ferme dans la Sarthe où ils cachent les Krauze, une famille juive de Paris de cinq personnes, et dès 1941 deux enfants juifs, Wolf et Hélène Sokolowsky. Ceux-ci voient clandestinement leur mère et leurs deux sœurs. Dénoncées, arrêtées en 1944, celles-ci meurent, comme le père, dans les camps. A la Libération, les orphelins sont confiés à une association communautaire française, puis s’établissent en Israël.

De septembre 1942 à août 1944, avec sa mère, ses deux fils, Lulu et Michel, Hélène Oudard, concierge au 8 rue des Ecoles (5e arrondissement de Paris) cache Albert Grunberg, et son frère Samy, dans une chambre de 7,50 m² au 6e étage de cet immeuble. Albert Grunberg y tient son journal de 1 230 pages publié en 2001. Son épouse « aryenne », Marguerite, gère leur salon de coiffure. Leurs deux fils, Robert et Roger, sont envoyés dès le printemps 1942 à Chambéry.

Vivant à Nice, M. Rusinovitch, peintre en bâtiment, son épouse et leurs deux enfants, Edouard et Henri, sont déchus de la nationalité française en 1942. Grâce essentiellement à Jacques Antoine, dirigeant du mouvement scout, Les Éclaireurs israélites de France, l’UGIF (Union générale des Israélites de France), les adolescents (14 et 15 ans) apatrides échappent aux rafles et sont accueillis d’octobre 1943 à mai 1944 par Camille Viollette, directeur de collège à Argenton-sur-Creuse (Indre), puis sont acheminés en Suisse par Marianne Cohn qui sera plus tard arrêtée, torturée et exécutée. Arrêtée à Nice en novembre 1943, leur mère est tuée à Auschwitz. Camille Violette protège une dizaine d’enfants juifs.

Dirigée par Jean-Claude Roos, cette cérémonie grave et émouvante s’est colorée de la gratitude affectueuse et infinie des rescapés, de la modestie simple des récipiendaires et de la fierté de leurs proches.

Le violoniste Michaël Iancu a interprété Oian Pripirshik, air populaire yiddish, et Where shall we go (Où irons-nous), une mélodie composée dans les camps de concentration.

Jean Kahn, alors président du Consistoire central, a dénoncé le terrorisme, loué « la valeur éducative de cette belle page d’histoire » et enjoint « de cultiver la mémoire : le tombeau des Justes est le cœur des vivants ».

BD
Dans le cadre du 33e Bd BOUM, festival de bande dessinée à Blois (18-20 novembre 2016), le 19 novembre 2016, en partenariat avec le CERCIL Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv et le Musée de la résistance de Blois, a eu lieu le café-littéraire sur les Justes parmi les Nations. 

Ce café-littéraire a été modéré par Nathalie Grenon, directrice du CERCIL, et réunira Armelle Modéré, auteur de Jules B, l’histoire d’un Juste, publié aux Editions Des ronds dans l’O, David Cenou et Patrice Guillon, auteurs d’Un Juste (La Boîte à Bulles).

Cérémonie
Le 16 juillet 2017 a lieu la cérémonie du 70e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv et en hommage aux Justes parmi les nations.
       
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Cet article a été publié en une version concise dans Actualité juive. Il a été publié le 11 juin 2015, puis le 19 novembre 2016 sur ce blog.

samedi 15 juillet 2017

Yourope. La vie juive en Europe


Arte a rediffusé le numéro de Yourope sur la vie juive en Europe. Des reportages soulignant le paradoxe : l'inquiétude de Juifs européens victimes d'antisémitisme, et la vitalité de la vie Juive européenne dans des lieux historiques : Odessa, Berlin, Varsovie. Les 20e Maccabiades se déroulent en Israël du 4 au 18 juillet 2017. Dix mille athlètes, représentant 80 pays, y participent.


Présenté par Andreas Korn, ce numéro s’article autour de reportages sur l’antisémitisme d’immigrés musulmans, notamment marocains, à Malmö (Suède), celui de néonazis en Pologne, les 13e Maccabiades européennes à Vienne (Autriche) en 2011 - « du 5 au 13 juillet 2011, environ 2 100 athlètes Juifs européens issus de plus de 40 nations concourent dans 19 disciplines » sportives dans ces Jeux olympiques Juifs sionistes -, et la vitalité des communautés juives à Berlin (Allemagne) et à Odessa (Ukraine).

Yourope rappelle les dix millions de Juifs vivant sur le continent européen en 1939, dont six millions sont tués lors de la Shoah. On évalue à 1,5 million le nombre de Juifs vivant en Europe en ce début de XXIe siècle : 500 000 en France, 300 000 en Grande-Bretagne, 120 000 en Allemagne dont 15 000 à Berlin, 30 000 Juifs à Odessa, « perle de la mer Noire », 20 000 à Anvers où le commerce des diamants est maintenant l’apanage de familles indiennes, 10 000 en Pologne…

Insécurité des Juifs européens
Déclenchée par l’Autorité palestinienne en septembre 2000, l’Intifada II a induit une flambée d’antisémitisme qui n’a pas épargné l’Europe. Agressions verbales et physiques contre les Juifs, attaques de synagogues et d’écoles juives, profanations de tombes juives…

Après une tardive prise de conscience et une réaction insuffisante, les gouvernements ont adopté des mesures qui n’ont pas mis un terme à la haine antisémite.

Cet antisémitisme s’abreuve à diverses sources : les antisémitismes chrétien et musulman, l’antisémitisme des extrêmes – extrême-droite et extrême-gauche -, alliances tactiques de mouvances islamistes et gauchistes, haine venant d’une partie de la population immigrée souvent présentée comme victime de racisme, délégitimation et diabolisation de l'Etat d'Israël, banalisation de la Shoah, etc.

Un « antisémitisme qui est surtout le fait de musulmans et se répand de plus en plus dans les pays scandinaves », notamment à Malmö (Suède) où vivent 700 Juifs suédois,  qui ont financé le système de sécurité (vidéosurveillance) de leurs biens - synagogue, etc. - et 50 000 musulmans originaires d’Irak, de Bosnie, de « Palestine » (1/6e de la population). « Sale Juif qu’on a oublié de gazer ! » a été proférée contre un Juif orthodoxe. De nombreux Juifs européens n’osent plus afficher leurs signes Juifs : kippa, étoile de David, etc. Nina Trojzner, jeune institutrice Juive suédoise, se souvient d’un événement traumatisant : lors d’une manifestation en Suède contre l’Opération Plomb durci contre le Hamas dans la bande de Gaza, un policier a dit aux Juifs de se disperser car il ne pouvait pas les protéger. Nina Trojzner a décidé de faire son aliyah. Quant au maire de Malmö, il a reproché à ses compatriotes Juifs de ne pas se distancer de la politique israélienne. Cette ville pâtit de son image de ville où il ne fait pas bon être Juif.

De plus, pour préserver la « paix sociale », cet antisémitisme est toléré par des politiciens européens qui sacrifient cyniquement les Juifs, éternels boucs-émissaires fragilisés dans une Europe en déclin et qui n’affiche plus ses valeurs et son histoire.

Ainsi, face à l’antisémitisme aux Pays-Bas, Frits Bolkestein, politicien néerlandais et ancien commissaire européen, a déclaré en décembre 2010 : « Les Juifs conscients [Nda : orthodoxes] doivent réaliser qu’il n’y a plus d’avenir ici ». Et de les inviter à immigrer aux Etats-Unis ou en Israël !

« Bolkestein se trompe complètement : ce ne sont pas les Juifs mais les Marocains coupables d'antisémitisme qui doivent quitter le pays », a estimé Geert Wilders, parlementaire néerlandais membre du PVV (Partij voor de Vrijheid, Parti pour la Liberté).

Yourope évoque l’antisémitisme d’extrême-droite en Pologne et en Hongrie, où cependant, « les rabbins constatent un essoufflement de l’antisémitisme. Mais de là à parler d’un recul durable... »

Yourope présente aussi des « évolutions positives pour les Juifs européens » : essor d’une communauté juive allemande dont les rangs sont étoffés par des Juifs de l’ex-Union soviétique, essor d’un judaïsme libéral qui a ordonné une femme rabbin, camp familial Juif près d’Odessa depuis 20 ans, ouverture en 2002 d’une « université juive » à Odessa (Ukraine), etc.

Yourope interviewe Olivier Polak, comique Juif allemand, Aviv Russ, animateur israélien de la radio Kol Berlin, un média qui « s’adresse aussi aux Allemands ». Comme si les auditeurs Juifs n’étaient pas eux aussi allemands !

Un numéro trop court qui permet un survol des thèmes abordés. Manque l'interview d'un historien, tel Pierre-André Taguieff qui a analysé le caractère structurel des facteurs constitutifs de cet antisémitisme contemporain virulent.

Les 14e Maccabiades européennes se déroulèrent pour la première fois à Berlin (Allemagne), dans le Parc olympique, du 27 juillet au 5 août 2015. Et ce, 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, ainsi que 50 ans après l'établissement des relations diplomatiques entre l'Etat d'Israël et la République fédérale d'Allemagne (RFA). Plus de 2 000 sportifs Juifs venant de 36 pays participèrent à 19 disciplines dans ce qui est l’événement sportif Juif le plus important en Europe. Les 13e Maccabiades européennes s'étaient déroulées en 2011 à Vienne (Autriche).

Le 4 septembre 2016 a été la Journée Européenne de la Culture Juive.

Les 20e Maccabiades se déroulent en Israël du 4 au 18 juillet 2017. Dix mille athlètes, représentant 80 pays, y participent.

26 minutes
Diffusion le 11 octobre 2011 à 7 h 30 

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France
Shoah (Holocaust)
Cet article a été publié le 10 octobre 2011, puis les 27 juillet 2015 et 4 septembre 2016.

lundi 10 juillet 2017

Des Etats et entités arabes ont encore politisé la récente réunion du Comité du Patrimoine Mondial (CPM)


C’est un bilan en demi-teintes que l’on peut dresser de la 27e session (30 juin-5 juillet 2003) du Comité du Patrimoine Mondial (CPM) au siège de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) à Paris. Certes, ce Comité a inscrit deux sites juifs sur la Liste du patrimoine mondial. Mais il a adopté des décisions politiques, anti-israéliennes. Une tragi-comédie rodée. Récit. Le 7 juillet 2017, à Cracovie (Pologne), le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco a inscrit la "Vieille ville d’Hébron/Al-Khalil (Palestine)" simultanément sur la Liste du patrimoine mondial et sur la Liste du patrimoine en péril et en l'attribuant à la "Palestine".

« C’est la réunion la plus politisée à laquelle j’ai assisté », constate Michael Turner. Pour la 8e fois en trois ans, cet architecte dirige la délégation israélienne à une réunion culturelle internationale. En l’occurrence, celle du CPM.

Tout d’abord, quelques précisions sur le fonctionnement d’un organisme. Brèves, rassurez-vous. Mais nécessaires, vous en conviendrez.

En 1972, la Conférence générale de l’UNESCO a adopté la Convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et naturel. 175 Etats ont adhéré à cette Convention qui distingue des sites ayant une « valeur universelle exceptionnelle » et inclus dans « le patrimoine commun de l’humanité à sauvegarder pour les générations futures ». 754 sites culturels, naturels et mixtes figurent sur la Liste du Patrimoine mondial. Le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO assure le secrétariat du CPM, aide les Etats à préparer leurs propositions d’inscription en les informant sur la procédure à suivre et transmet aux organes consultatifs concernés pour évaluation. Trois organes consultatifs livrent au Comité du Patrimoine mondial (CPM) leurs conseils techniques sur les propositions d’inscription : le Conseil International des Monuments et des Sites (ICOMOS) et l’Union Mondiale pour la Nature (UICN) évaluent les sites culturels et naturels, le Centre International d’Etudes pour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels (ICCROM) est chargé de la conservation des sites culturels et de la formation. Les 21 membres du CPM sont élus pour 6 ans par l’Assemblée générale des Etats. C’est au cours de ses réunions annuelles que le CPM choisit les sites à inscrire sur la Liste du Patrimoine mondial et examine les rapports sur les sites en péril, et tout sujet concernant la Convention : protection de l’emblème, partenariats, etc. Le Fonds du Patrimoine mondial dispose de 3,5 Mns USD par an pour subventionner les activités d’assistance, de formation, etc. induites par ladite Convention.

La 27e session du CPM a été parfois instrumentalisée à des fins politiques par des actions contraires à ses principes : diatribes et oppositions antiisraéliennes préjudiciables et rituelles. Des tragédies, cette réunion a respecté les principes d’unité, de temps et de lieu.

Commençons pas les bonnes nouvelles.

Une création sioniste sur la Liste du Patrimoine mondial
45 biens naturels, culturels et mixtes ont été examinés ! Certaines propositions ont été différées ou renvoyées. D’autres n’ont pas été agréeés. Sur les 24 nouveaux sites inscrits le 3 juillet sur la Liste du Patrimoine mondial figurent deux sites juifs : « La ville blanche de Tel Aviv - le mouvement moderne » et « le quartier et le cimetière juifs ainsi que la basilique Saint-Procope de Trébic » (République tchèque). Le CPM a aussi étudié l’état du camp d’Auschwitz.


C’est le 3e site proposé par Israël et figurant sur cette Liste prestigieuse. La vieille ville d’Acco (Saint-Jean d’Acre) et Massada y ont été inscrits en 2001. Y figurent aussi la vieille ville de Jérusalem et ses remparts, mais sur proposition de la Jordanie en 1981, avant qu’Israël ne signe la Convention en 1999.

Ce nouveau site (140,37 ha) comprend trois zones dans le centre de Tel Aviv, dont « la ville blanche centrale » et « le quartier Bialik ». Il a été retenu sur les critères C (ii) et (iv). C’est une ’’ synthèse remarquable des diverses tendances du mouvement moderne en matière d’architecture et d’urbanisme au début du 20e siècle. Ces influences ont été adaptées aux conditions culturelles et climatiques du lieu et intégrées dans les traditions locales ’’.

Le communiqué de l’UNESCO précise : « Tel-Aviv fut fondée en 1909 et s’est développée sous le mandat britannique en Palestine (1920-1948). La ville blanche fut construite à partir du début des années 1930 et jusqu’en 1948, selon le plan de Sir Patrick Geddes, reflétant les principes de l’urbanisme organique moderne. Les bâtiments furent conçus par des architectes qui immigrèrent après avoir été formés et avoir exercé leur métier en Europe. Dans ce nouveau contexte culturel, ils réalisèrent un ensemble exceptionnel d’architecture du mouvement moderne ».

Le mouvement moderne s’est développé au début des années 1930, lors de la 1ère exposition d’architecture moderne organisée en Algérie (1933). Tel Aviv se différencie de l’architecture coloniale et des plans de ville d’Afrique du Nord. La Ville blanche peut être considéré comme la réalisation à grande échelle des nouvelles idées d’urbanisme de la première moitié du XXe siècle. C’est la seule réalisation urbaine à grande échelle, non pas une « cité-jardin », mais « une entité urbaine répondant à des besoins physiques, économiques, sociaux et humains sur la base d’une approche environnementale ». Sir Patrick Geddes y appliqua les notions de « conurbation » et de « ville, organisme homogène et en constante évolution dans le temps et dans l’espace ». Son travail a été financé par des organisations sionistes britanniques et américaines. Celles-ci espéraient que la renommée de cet architecte attirerait l’attention internationale, encourageant l’alyiah à Tel Aviv. Geddes a cherché à concilier pragmatisme et idéal sioniste, en jetant un pont entre le mouvement visant au retour du peuple juif sur sa terre et le mouvement moderne.

La ville de Tel Aviv s’est développée au nord du port de Jaffa, sur les collines bordant la côte orientale de la mer Méditerranée. Puis, les étapes de son essor correspondent à des quartiers historiques : Neve Zedek (1887-1896), « Achuzat Abyit » (1989-1909) qui signifie « grand ensemble », la Ville Rouge, Lev Hayir - centre actuel - et la Ville blanche (1931-1947). Cette Ville blanche comprend des bâtiments de 3 ou 4 étages. Ces immeubles reflètent les influences du Bauhaus, de Le Corbusier (construction sur pilotis) et d’Erich Mendelsohn (utilisation des arrondis pour les angles des immeubles et les balcons). En béton renforcé, ils se caractérisent pas l’adaptation des idées modernistes au contexte géo-socio-culturel local. Ainsi, si les surfaces vitrées sont larges dans les immeubles européens, elles ont ici des dimensions réduites pour convenir au climat chaud. Ces immeubles sont dotés de brise-soleil, de balcons larges et de coupoles. Leurs toits accessibles, plats et pavés, sont destinés à accueillir les événements de la vie sociale. Conçues pour une population de 30 000 habitants et ceinturées de champs, les « cités-jardins » sont abandonnées au profit de blocs d’immeubles enserrant des espaces verts.

Tel Aviv (’’ colline du printemps ’’ en hébreu) a été fondée, sur du sable, en 1909. La Ville blanche fut construite du début des années 1930 à 1948 selon « le plan d’urbanisme de Sir Patrick Geddes, un des grands théoriciens des débuts de la période moderne, reflétant les principes de l’urbanisme organique moderne. Les bâtiments furent conçus par  des architectes » formés et ayant travaillé en Europe. De 1920 à 1925, la population de Tel Aviv passe de 2 000 à 34 000 habitatns. Après le 1er plan directeur (1921) élaboré par Richard Kauffmann, l’architecte écossais Patrick Geddes établit un 2e plan en 1925. Ratifié en 1927, ce plan est reconduit avec quelques modifications en 1938. La construction débute au début des années 1930. Les concepteurs - dont Joseph Neufeld - sont des architectes, récemment émigrés d’Europe pour des raisons politiques. Parallèlement, l’art architectural en Europe changeait avec les nouveaux régimes politiques (nazisme, stalinisme). 19 d’entre eux ont été élèves du Bauhaus : Arie Sharon, Shmuel Mistechkin et Shlomo Bernstein. Carl Rubin a travaillé avec Mendelsohn et était l’ami de Richard Kauffmann. Sam Barkai et Shlomo Bernstein ont travaillé dans l’agence de Le Corbusier et Ze’ev Rechter a étudié aux Beaux-Arts de Paris. Dov Karmi, Genia Averbuch et Benjamin Anekstein ont étudié à Gand et Bruxelles (Belgique). D’autres architectes ont été influencés par Terragni et Pagano (Italie). Mendelsohn travailla en Eretz Israël de 1934 à 1942, principalement à Haïfa et Jérusalem. Le bien proposé pour inscription a été construit dans les années 1930.

« Il y avait une grande affinité entre le mouvement moderne et les besoins de l’installation juive en Palestine, dont le principal objectif était de construire la structure physique de la patrie juive aussi vite que possible, pour absorber les vagues successives d’immigration qui s’accéléraient ».

Le représentant de l’Autorité palestinienne a observé qu’il fallait remplacer dans le communiqué du CPM la mention « en Israël, de 1934 à 1942 par en Palestine, de 1934 à 1942 car Israël a été créé en 1948 ». Ce fut fait. Mais pour les Israéliens, « Eretz Israël » désigne Israël, même avant la recréation de l’Etat juif. Ce Palestinien a aussi contesté la phrase « le sionisme rêvait de construire un monde nouveau et meilleur ». Car a-t-il asséné, « On introduit la politique dans cette affaire. Le sionisme est un mouvement politique. Le monde meilleur ? Peut-être pour les Juifs, mais les Palestiniens en ont payé le prix. 900 000 réfugiés palestiniens et 434 villages palestiniens détruits, dont le mien, c’est le bilan du sionisme. Je n’accorderai pas un certificat de bonne conduite au sionisme ». De même, il a estimé que le « critère iv était politique, car se référant à l’idéal sioniste ». L’observateur palestinien a conclu en demandant que ses observations figurent dans le compte-rendu de la réunion.

Pourquoi cette proposition concernant une ville née du sionisme est-elle passée ? Selon S.E. Yitzhak Eldan, ambassadeur d’Israël près de l’UNESCO, « les délégations arabes respectent une ligne rouge. Elles savent jusqu’où aller ».

Comme le droit israélien ne permet pas le classement du patrimoine récent, la Ville blanche est « essentiellement protégée par les réglements d’urbanisme ». L’ICOMOS a recommandé que l’Etat israélien prévoit une « protection juridique nationale du patrimoine récent ». Car une fois un de leurs sites inscrits sur ladite Liste, les Etats ainsi honorés doivent assurer la conservation.

L’ICOMOS a insisté sur les efforts pour contrôler l’urbanisation de Tel Aviv et « éviter toute construction nouvelle d’immeuble haut ». Des bâtiments déjà présents dans la zone d’inscription et dans la zone tampon (i.e. limitrophe) d’environ 197 ha. L’ICOMOS a recommandé « d’intégrer le plan de gestion au plan de conservation afin de garantir son efficacité ». Les premières actions de préservation, consolidation et restauration ont lieu dans les années 1980. Mais alors, les méthodes et techniques étaient inadaptées et ont accentué la détérioration des matériaux et du tissu urbain. 1 149 bâtiments de style moderne sont inscrits sur la liste des biens à protéger. Un travail a été effectué pour retrouver les techniques de construction d’origine, les matériaux utilisés, les mises en oeuvres et les techniques traditionnelles. 210 immeubles ont été restaurés selon les directives de conservation, à raison d’environ 50 bâtiments par an au cours des deux dernières années.

En Israël, l’Etat est directement responsable de la préservation des sites du patrimoine antérieurs à l’an 1700. Le patrimoine des périodes ultérieures est protégé par des législations nationales et des plans régionaux et municipaux.

« La Mairie de Tel Aviv-Yaffo s’efforce de ramener les immeubles de la Ville blanche à leurs caractéristiques primitives. Depuis dix ans, 350 des 2 000 immeubles de la Ville blanche ont été rénovés. C’est un rythme lent. Nous espérons qu’en 7 ans ce travail sera achevé. Cela dépendra de la coopération des habitants. Nous dialoguons avec les propriétaires afin de les convaincre de rénover leurs appartements, rouvrir leurs terrasses, etc. Nous leur proposons des arrangements financiers - prêts avantageux, exemption partielle d’impôts locaux - ou fonciers : droits supplémentaires, ajout d’un étage, etc. », précise Pe’era Goldman, directeur de la Conservation à ladite Mairie. Peu après cette inscription, le 9 juillet 2003, la Knesset a autorisé le gouvernement israélien à participer financièrement à la rénovation desdits bâtiments de style Bahaus.

- Le quartier et le cimetière juifs ainsi que la basilique Saint-Procope de Trébic (République tchèque) ont été inscrits sur la base des critères (ii) et (iii) car ces sites (5,73 ha) évoquent « la coexistence des cultures chrétienne et juive du Moyen Age au XXe siècle. Le quartier juif est un témoignage exceptionnel des différents aspects de la vie de la communauté qui y résidait. La basilique Saint-Procope, construite à l’intérieur d’un monastère bénédictin au début du XIIIe siècle, est un témoignage remarquable de l’influence du patrimoine architectural de l’Europe de l’Ouest dans cette région ».

Paradoxalement plus restrictif et plus large, le texte initial précisait que ces sites « témoignent de la coexistence et des échanges de valeurs » entre ces deux cultures « pendant de nombreux siècles » et que le quartier juif de Trebic est un témoignage exceptionnel « des traditions culturelles liées à la diaspora juive en Europe centrale ». Le Comité du Patrimoine mondail a encouragé « les autorités tchèques à veiller à l’emploi des matériaux adéquats la qualité des travaux de conservation et à (in)former les propriétaires et entrepreneurs » des obligations à respecter.

Ces sites se trouvent sur la rive nord de la rivière Jihlava (Moravie du Sud). La ville historique de Trebic a été déclarée zone protégée en 1990, régie par la législation sur la conservation (1987). Les deux synagogues, le cimetière, ladite basilique et des maisons d’habitation sont des monuments classés. Sur les 120 bâtiments du quartier juif, 90% sont des propriétés privées.

Les autorités tchèques ont retenu ce quartier juif après une étude comparative des lieux d’établissement de communautés juives en Europe. Dans certains pays, lesdits lieux ont été détruits. Dans d’autres - Europe centrale ou méditerranéenne - ils subsistent. Ainsi, une grande partie de la ville d’Evora (Portugal) était habitée par la communauté juive. Après l’expulsion des Juifs, dès le XVIe siècle, Evora devint une ville chrétienne. Le quartier juif de Prague, un des plus importants, a été reconstruit au XIXe siècle, sauf la vieille synagogue et le cimetière. Le quartier juif de Venise - « ghetto » - se distingue de ceux de Moravie par sa situation économique et sociale et le caractère architectural de la région. Il est habité notamment par des Juifs. « En Europe centrale, la Moravie, grâce à son climat politique plus favorable a préservé plusieurs quartiers juifs. Celui de Trebic est considéré comme le plus représentatif et le plus complet ».

« Des quartiers juifs ont été inscrits sur la Liste du Patrimoine mondial dans le cadre de l’inscription de certaines villes historiques ». C’est le cas du centre historique de Bardejov (Slovaquie), inscrit en 2000, et qui comprend un quartier Juif et une belle synagogue du XVIIIe siècle. Ou de Ferrare (Italie), ville de la Renaissance, inscrite en 1995, qui abrite un quartier juif et une petite synagogue.

- Le camp de concentration d’Auschwitz (Pologne) a été inscrit sur ladite Liste en 1979, sur le critère C (vi).
Son état de conservation a été évoqué.
Le représentant de la Pologne a remercié « Israël pour son aide financière et s’est réjoui que tous les dossiers de discorde autour du site aient été clos, permettant un certain climat de sérénité ». Il a rappelé la volonté de la Pologne et des habitants de la région de dissocier le nom d’Auschwitz, réservé au camp, de celui nouveau de la ville voisine d’Oswiecim (50 000 habitants). Le CPM a constaté le retard des autorités nationales et locales à présenter le plan de gestion du site et a convié lesdites autorités à le préparer en collaboration avec l’UNESCO et l’ICOMOS. L’ICOMOS a demandé une carte précise des diverses aires dudit site afin de vérifier leur exacte affectation. Dans sa 2e phase (2002-2006), le Programme Stratégique pour la zone d’Oswiecim (OSPR) prévoit 4 tâches à exécuter dans 4 zones prioritaires : « mettre de l’ordre et aménager les zones qui entourent le Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau, améliorer l’accessibilité des moyens de transport des pélerins et touristes, mener à Oswiecim des activités pédagogiques liées aux lieux de commémoration et aux problèmes des droits de l’homme, des relations internationales et de la paix, et rendre Oswiecim et ses environs plus attractifs pour les touristes ».


Trois sujets politisés
Dès l’ouverture de la session, le 30 juin, l’offensive a débuté, menée principalement et frontalement par l’Egypte. Elle a visé trois sujets : Jérusalem, le site archéologique de Tel Rumeida (Hebron) et le Great Rift Valley. La mauvaise foi l’a disputé à l’hypocrisie. Mais la volonté de nuire l’a emporté.

Deux camps s’affrontent : du côté pro-israélien, principalement les Etats-Unis, la Grande-Bretagne. De l’autre, essentiellement l’Egypte, le Liban et Oman.

La position d’Israël ? Rester dans le technique, le culturel, et surtout ne pas se laisser entraîner sur un terrain politique. Selon M. Turner, cela a été agréablement perçu par des délégations. C’est ainsi que M. Eldan, ambassadeur d’Israël près de l’UNESCO, expert en politisation d’institutions internationales, a laissé la place dans cette réunion à la délégation « technique » menée par M. Turner et composée d’ornithologue, d’urbanistes de la Mairie de Tel Aviv et d’architecte. Un signal clair : « Laissons la parole aux professionnels ! »



- Jérusalem sur la liste du Patrimoine mondial en péril
Les conditions naturelles - tremblements de terre - ou l’activité humaine - guerre, pillage, vols, braconnage, urbanisation ou tourisme mal gérés - menacent parfois des sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondiale. Le CPM inscrit alors lesdits sites sur la Liste du patrimoine mondial en péril. 35 biens y sont recensés. Jérusalem y a été inscrit 1982, un an à peine après son inscription sur la Liste du patrimoine mondial.

Dès le 1er jour, les diplomates arabes évoquent Jérusalem. Michael Turner, président du Comité israélien chargé des questions relatives au Patrimoine mondial, insiste sur la nécessité de ne pas politiser cette réunion. Cet architecte ajoute que la Carte routière (Road Map) reporte le statut de Jérusalem dans sa 4e phase.

Le 4 juillet, lors de la reprise des débats, la présidente Vera Lacoeuilhe (Sainte-Lucie) présente la proposition inopinée de l’Egypte et du Liban relative à ’’ un rapport sur l’état de conservation de Jérusalem ’’. Soutenue par la Finlande et la Hongrie, cette requête est adoptée, sans autre précision. Brune, menue, d’origine libanaise, Mme Lacoeuilhe déclare que cette proposition est tout ce qu’il y a d’habituel. Or, l’UNESCO reste inactive face à la destruction du tombeau de Joseph. Au Conseil exécutif de l’UNESCO, Israël s’est toujours opposée à une telle mission car « Israël respecte tout patrimoine. Aucun site n’est menacé de quelque manière que ce soit », précise M. Eldan.A Jérusalem, Israël a confié à chaque autorité religieuse - juive, chrétienne et musulmane - la responsabilité de ses lieux saints. Désormais, deux décisions adoptées, par consensus, par le CPM et le Conseil exécutif de l’UNESCO ont institué chacun une mission sur Jérusalem.



- Le projet du Great Rift Valley (GRV)
« Les oiseaux migrateurs ne connaissent pas les frontières ». Ce slogan au fort pouvoir pédagogique et contribuant à la paix au Proche-Orient correspond bien au projet de la Grande Vallée du Rift, un « phénomène géomorphologique de valeur culturelle et naturelle exceptionnelle ».

« Israël est situé à la jonction de 3 continents : Asie [Ndlr : le CPM mentionne le continent arabe], Europe et Afrique. Chaque année, au printemps et à l’automne, 500 Mns d’oiseaux le survolent et suivent le tracé du Great Rift Valley. Le GRV a 7 000 km de long, traverse 22 pays et s’étire des Monts Taurus en Turquie jusqu’au fleuve Zambèze en Afrique », indique Yossi Leshem dirige le Centre International d’Etudes des Migrations d’Oiseaux (CIEMO) à Latrun, un organisme conjoint à la Société Israélienne de Protection de la Nature (SPNI) et à l’Université de Tel Aviv. Le but du projet pionnier du GRV ? Etudier les oiseaux migrateurs - cigognes, aigles, pélicans - lors de leur long périple bi-annuel. Il revêt plusieurs dimensions : ornithologique, bien sûr, mais aussi environnementale, biologique, météorologique, humaine, informatique, culturelle, etc. Sur les quelques 700 sites de la Liste du Patrimoine mondial, seuls 12 couvrent simultanément deux pays. Le projet du GRV lierait 22 Etats ou entités de 3 continents ! Une idée exceptionnelle et enthousiasmante, non ? « Le projet de nomination de la GRV sur la Liste du patrimoine mondial, qui enrichit la valeur des 16 sites de son parcours déjà inscrits. Ce projet pionnier pourrait ouvrir la voie à de nouvelles nominations transfrontalières ou en série dans la région et à un renforcement de la coopération régionale », relève le document du CPM.

Quels sont les pays ou organismes du GRV ? La Turquie, le Liban, la Syrie, Israël, l’Autorité palestinienne, la Jordanie, l’Egypte, l’Arabie saoudite, l’Ethiopie, le Soudan, l’Erythrée, Djibouti, la République unie de Tanzanie, l’Ouganda, le Malawi, la Zambie, le Zimbabwe, le Mozambique, le Botswana, le Rwanda, la République du Yémen, la République Démocratique du Congo.

Cofinancé par l’aide américaine (1,5 Mns USD pour 3 ans), un projet de recherche similaire unit depuis 5 ans Israël, l’Autorité palestinienne et la Jordanie. Grâce au satellite Argos et à des radars, des informations précieuses sur les oiseaux migrateurs et sédentaires (vautours) sont récoltées, en tout point du globe. Combien de collèges et lycées sont associés audit projet ? 230 israéliens, 50 jordaniens et 30 palestiniens. Leurs élèves se rencontrent, en particulier lors de randonnées. Curieusement, le dépliant de la Palestine Wildlife Society (Société Palestinienne de protection de la Vie Sauvage) mentionne des projets réalisés en collaboration avec le Japon, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, mais non avec Israël. Avec l’aval de l’UNESCO, le GRV pourrait prendre une dimension autre et décrocher des subventions financières, notamment auprès de la Banque mondiale.

Près de la mer Morte, du 30 septembre au 4 octobre 2002, le séminaire d’experts mené par Francesco Bandarin, Directeur du Centre du Patrimoine mondial, a élaboré un plan d’action, sur le projet exceptionnel du GRV, assorti d’un calendrier. Le FPM avait déjà accordé 30 000 USD en 2000 et 15 000 USD pour la rencontre de 2002. Au cours de cette session, le Kénya, partie au projet du GRV, accorde 15 000 USD et demande au Fonds du Patrimoine mondial (FPM) 69 101 USD pour financer une 2e rencontre d’experts internationaux sur la GRV destinée à améliorer la liste indicative des sites par les Etats parties, promouvoir des partenariats (inter)nationaux et régionaux pour protéger les espèces migratoires et la GRV, ainsi qu’introduire la GRV dans les programmes de l’UNESCO. 69 101 USD ? C’est une somme modique pour financer une petite réunion au Kénya. Combien pour une grande réunion ? 250 à 300 000 USD. Déclencheur d’aides financières d’autres organismes.

L’IUCN recommandait que le Kénya invite aussi notamment les « principaux représentants gouvernementaux afin que soit lancé un début de soutien politique pour la mise en œuvre de cette activité ». Un souhait qui colorait de politique un projet scientifique. L’ICOMOS demandait une réduction de ce montant à 50 000 USD, la différence devant être prise en charge par le Kénya. Le Secrétariat et le Comité soutenaient entièrement la demande financière.

Tous les participants ont perçu le rôle actif d’Israël dans ce programme générateur de coopérations, de meilleure compréhension d’autrui et d’ouverture au monde (dotation d’ordinateurs pour suivre les oiseaux et communiquer avec des interlocuteurs lointains, etc.). Problème : Comment expliquer son opposition à un projet d’une telle envergure et si bénéfique sans en donner la vraie raison : la présence de l’Etat juif ? Par de vains prétextes. Oman estime prématuré de tenir une autre réunion. Devant un projet « sans précédent et dont l’unité » doit être préservée, l’Egypte préconise « d’évaluer sa faisabilité et de disposer de temps pour étudier le document qui vient d’être distribué » [Ndlr : ce document a été examiné par le Centre du Patrimoine. Comme d’autres distribués en réunion, il a été modifié. Mais peu]. Elle propose donc un report à la prochaine session, en 2004. « De combien de temps l’Egypte a-t-elle besoin ? », susurre la représentante des Etats-Unis, au statut d’observateur. Et de rappeler l’importance dudit projet pour l’Afrique sous-représentée dans la Liste du Patrimoine mondial. D’autres pays - Nigéria, Grande-Bretagne, Hongrie - avancent une solution de compromis : réaliser ce projet par phases : d’abord les pays africains, puis ceux arabes, enfin ceux européens. Pour le Kenya, ce projet « offre l’occasion d’un dialogue entre pays concernés. Il doit donc être initié, le Kénya ayant 8 lacs et 7 réserves de fonds naturels, toute une diversité à protéger, notamment en proposant des sites de la GRV à l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial ». Mais l’Egypte, soutenue par le Liban, la Thaïlande et Oman souhaite un report en 2004. Et le CPM cherche le consensus, i.e. l’unanimité. Procéder à un vote semble une incongruité. Pressentant ne pas obtenir de majorité favorable, Israël et le Kenya ne demandent pas à passer au vote.

Francesco Bandarin, Directeur du Centre du patrimoine mondial, appuie ce projet « dans l’esprit de la convention ». Et d’ajouter : « Le document qui vient d’être présenté va de le sens de celui examiné par le Bureau. Il est allégé. Si les pays arabes ne veulent pas participer à cette prochaine conférence, cela représente une économie pour le budget. Pourquoi attendre ? » L’Egypte récrimine : « D’importantes sommes ont été consenties pour ce projet alors qu’il n’est pas finalisé. La proposition de commencer d’abord par les pays africains ne peut être retenue : l’Egypte est en Afrique. Elle n’est pas seulement un pays arabe ». D’origine libanaise, brune, menue, bilingue (français/anglais), la présidente de la session, constate l’absence de consensus et ... le CPM reporte l’examen du financement d’une réunion modeste en 2004 ! Le lendemain, elle laisse échapper un « Désolée, l’Egypte », quand une proposition de ce pays n’a pas rencontré l’adhésion générale.

Hors de la salle de réunion, Yossi Leshem exprime avec véhémence son incompréhension devant une décision qui va à l’encontre des desseins-mêmes du CPM. Le refus du CPM pénalise doublement ledit projet : non seulement il n’obtient pas un financement du CPM, mais il n’obtiendra pas celui d’organismes internationaux contactés qui le subordonne à l’accord du CPM.

Le lendemain, la délégation israélienne a moralement récupéré. Le Comité du Patrimoine mondial refuse ce projet ?! Eh bien, le projet du GRV commencera quand même, avec la Turquie, Israël et la Tanzanie, et il sera de nouveau présenté en février 2004 ! Après le refus d’une minorité, « de nombreux diplomates m’ont assuré de leur appui », confie M. Turner. Et un autre projet s’esquisse avec le Saint-Siège et la Grèce sur Jésus et les Apostats...


- Tel Rumeida (Hebron)
Dans ces réunions du CPM, l’Egypte est le fer de lance des offensives anti-israéliennes. Alors qu’elle a signé un traité de paix avec l’Etat hébreu. Peut-être faudrait-il lui rappeler que la diplomatie ou la culture ne doivent pas être perverties en une poursuite ou reprise de la guerre.

Déjà, à Budapest (Hongrie), lors de sa 26e session (24-29 juin 2002), peu après l’opération militaire israélienne « Remparts », le CPM a adopté à l’unanimité une motion avancée par l’Egypte. Sa teneur ? Elle déplorait « la destruction et les dommages causés au patrimoine culturel de la Palestine ». Le Centre Simon Wiesenthal (CSW) avait protesté contre ce texte politique. Celui-ci se fondait sur des textes de droit international sans aucun rapport avec la culture et visait « la Palestine » [Ndlr : l’expression juridique exacte est « Territoires disputés »]. « Partial,il ne mentionne pas les dommages causés au patrimoine culturel juif tels que la tombe de Joseph à Naplouse ou celle de Rachel près de Bethlehem ». Shimon Samuels, directeur des relations internationales du CSW, avait aussi déclaré avoir été exclu pendant trois heures de cette réunion, et ce à la demande du délégué égyptien. Alors qu’il y était accrédité comme représentant de cette ONG avec statut d’observateur aux Nations-Unies.

2003 : Bis repetita. C’est sur le fondement de cette décision de 2002 que l’Egypte présente le 4 juillet relatif un texte informe des menaces sur le site historique et archéologique de Tel Rumeida, à Hébron, exhorte à « prendre, dans les meilleurs délais possibles des mesures appropriées pour arrêter toute construction sur le site et oeuvrer en vue de la sauvegarde durable de ce site ». Diverses délégations amendent ce texte en le durcissant.

Le 5 juillet, le CPM, informé de ’’ menaces pesant sur le site de Tel Rumeida, dans les Territoires palestiniens, demande au Centre du Patrimoine Mondial et aux organisations consultatives de mener une mission pour étudier le plus rapidement possible son état de conservation, dans le cadre de la décision 26 COM 6.1 concernant la protection du patrimoine culturel des Territoires palestiniens, et de présenter un rapport au Comité à sa 28e sesssion, en 2004 », en Chine. Le CPM ’’ lance un appel à toutes les parties concernées pour qu’elles veillent à préserver le patrimoine culturel et naturel de la région, et à éviter une destruction ou des dommages irréversibles ’’.

Comme il est coutume à l’UNESCO, c’est par consensus, i.e. à l’unanimité, que cette décision est adoptée. La Belgique ayant tenu à l’ajout de la mention : « destruction ou dommages irréversibles ».


Le CPM décide que « le Secrétariat présentera au Comité, à chacune de ses sessions ordinaires, un Rapport sur la mise en œuvre des décisions prises par le Comité du patrimoine mondial. Ce rapport remplacera le rapport du Secrétariat ». Donc affaire à suivre...

Une décision de nouveau politique, partiale, et qui élude les dégâts causés par des Palestiniens à la tombe de Joseph à Naplouse (Shehem) ou celle de Rachel près de Bethlehem.

« Quand, au cours de travaux, on trouve un objet archéologique, on arrête les travaux. Israël est le pays de l’archéologie par excellence. Il fait tout pour mettre en valeur le patrimoine, qu’il soit juif, chrétien ou musulman. Le Cour suprême d’Israël a statué : elle a interdit à Tsahal de détruire des maisons d’où les terroristes palestiniens tiraient sur les Israéliens. Et c’est pour des raisons de sécurité qu’Israël a décidé de construire un mur de protection », explique M. Eldan. En l’occurrence, elle a fait primer le respect de l’habitat sur la sécurité d’êtres humains.

Quid du « patrimoinepalestinien » ? Le Centre du Patrimoine mondial a envoyé « une mission dans les Territoires palestiniens, du 1er au 8 octobre 2002 ». Résultat : agréé par l’Autorité palestinienne, un plan d’action vise à l’établissement d’un inventaire de sites, culturels et naturels, pouvant prétendre à être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, d’une déclaration sur l’état de conservation de deux desdits sites et des activités, financées par des ressources extra-budgétaires (50 000 USD donnés par l’Italie), pour préparer des spécialistes palestiniens aux procédures et objectifs de la Convention sur le Patrimoine mondial. En 2002, le Fonds du Patrimoine mondial devait allouer 150 000 dollars pour la « protection du patrimoine culturel des Territoires palestiniens ». Une bagatelle au regard des multiples privilèges dont bénéficient les Palestiniens au sein notamment de l’UNESCO.

Mais cette année, nulle association, pas même Israël, n’a émis la moindre condamnation du déroulement de cette réunion. Pourtant, Israël est visé par deux missions. Et, décision après décision, les ennemis d’Israël édifient un mur de diffamation. Il serait peut-être utile de rappeler au représentant de l’Egypte que son pays a signé un traité de paix avec l’Etat hébreu, que la diplomatie et la culture ne sont pas des manières de poursuivre la guerre par d’autres moyens.

L’Observatoire des Nations Unies (UNWatch) a révélé trois résolutions anti-israéliennes votées début juillet 2003, « lamentables et rituelles » votées par le Conseil Economique et Social des Nations Unies (ESOCOC) la semaine dernière, à Genève. UNWatch s’interroge sur l’objectivité et la crédibilité des Nations Unies, un membre du Quartet dont des instances additionne les résolutions partiales, anti-israéliennes ! Ces textes concernent les « effets économiques et sociaux de l’occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le Territoire palestinien occupé », « la situation et l’aide aux Palestiniennes » et « la situation en matière de droits de l’homme des Libanais détenus en Israël ».

Le CPM est confronté à des problèmes graves : ordre du jour très chargé, inflation des sites proposés et des documents (environ 5 kg), parfois peu clairs, politisation anti-israélienne qui perdure, etc. Le CPM a décidé de limiter à 40 le nombre de sites proposés à la Liste du patrimoine mondial. Un nombre encore élevé, et une restriction à laquelle s’est opposée l’Italie. Le tourisme en Italie, riche en monuments culturels, dont certaines sur ladite Liste, génère autant de devises qu’en France, bien qu’avec deux fois moins de touristes que dans l’hexagone.

Cette situation où une minorité de 22 Etats ou organismes arabes isole et condamne injustement Israël va-t-elle prendre fin avec le retour imminent des Etats-Unis à l’UNESCO ? Rien n’est moins sûr. D’une part, Israël n’y disposera plus d’un ambassadeur : pour des raisons budgétaires, il réduit sa représentation dans maints pays et organismes. Ce sera vraisemblablement un diplomate de l’ambassade à Paris qui sera chargé, en plus de ses tâches, de l’UNESCO. D’autre part, les Etats-Unis sont mûs - ce qui est normal - par leurs intérêts, qui ne correspondent pas nécessairement avec ceux de l’Etat Juif.

Le Comité du Patrimoine Mondial devait étudier la « préservation du patrimoine culturel et naturel dans les Territoires palestiniens ». Il étudiera le rapport de la mission de l’UNESCO qui s’est rendue du 1er au 8 octobre 2002 dans les Territoires disputés. Il envisage d’établir un inventaire dudit patrimoine. Il évoque « la Palestine », au lieu semble-t-il des territoires administrés par l’Autorité palestinienne.

Texte après texte, ces Etats ou entités édifient un mur diffamant Israël, et l’isolant. Il semble que Israël prenne conscience de la délégitimation induite par des résolutions des Nations Unies et va réagir. 

Quelques CRITERES RELATIFS A L’INSCRIPTION DE BIENS culturels sur la Liste du patrimoine mondial


(ii)   le bien témoigne d’un échange d’influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l’architecture, ou de la technologie des arts monumentaux, planification des villes ou de la création de paysages ;
(iii)  le bien apporte un témoignage unique ou du moins exceptionnel sur une tradition culturelle ou une civilisation vivante ou disparue ;
(iv)  le bien offre un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural ou technologique ou de paysage illustrant une ou des période(s) significative(s) de l’histoire humaine ;
(vi)  le bien est directement ou matériellement associé à des événements ou des traditions vivantes, des idées, des croyances ou des oeuvres artistiques et littéraires ayant une signification universelle exceptionnelle (le Comité considère que ce critère ne devrait justifier une inscription sur la Liste que dans des circonstances exceptionnelles et lorsqu’il est appliqué concurremment avec d’autres critères culturels ou naturels).

Ces sites se trouvent sur la rive nord de la rivière Jihlava (Moravie du Sud).

Sur la colline dominant la ville de Trébic, la basilique Saint-Procope, qui associe les arts romans et gothiques, faisait partie d’un monastère bénédictin fondé en 1101 sur « un lieu stratégique qui favorisa l’établissement d’un marché et attira les commerçants, et parmi eux les Juifs ».

Le quartier juif s’est installé au cœur du foyer commercial en expansion, près du monastère et du gué permettant la traversée de la rivière. Comme ce quartier, la ville subit les attaques et destructions, notamment celles des Hongrois au XVe siècle, et des catastrophes naturelles (incendies, inondations). Preuve de la tolérance des autorités locales, l’ordre d’expulsion des Juifs édicté au XVIe siècle ne fut pas appliqué. De même, les restrictions affligeant les Juifs ne se sont pas transformées en persécutions ou pogroms. Les premières activités exercées par les Juifs furent le prêt d’argent et l’artisanat : tannage des cuirs, fabrication de perles pour la joaillerie, de gants et de savons. Puis, dès le XVIIe siècle, ce furent essentiellement le commerce et l’artisanat.

Dans ce quartier sont préservées toutes les fonctions sociales, les écoles, les synagogues et une tannerie. On retrouve la trace d’une synagogue en 1590. Construite en style baroque entre 1639 et 1642, la synagogue ancienne est utilisé en église par les Hussites. Erigée au XVIIIe siècle, la nouvelle synagogue a été transformée en un musée et une salle de réunion. En raison de la « séparation » (eruf), les Juifs ne pouvaient se déplacer librement ni acheter des biens hors l’espace de leur quartier restreint. Avec leur émancipation, vers 1875, les plus riches se sont installés ailleurs. La maison juive se caractérise par la multiplicité des styles, l’utilisation d’un espace limité et son organisation en multiples propriétés (jusqu'à 16 copropriétaires) : les propriétés étaient en permanence divisées et échangées selon les besoins. On y pénètre par l’entrée sur rue ou, via des passages, par une autre maison. « Voûté, construit en pierre, le rez-de-chaussée sur rue était souvent occupé par un magasin ou un atelier, les niveaux supérieurs, en bois,  étaient réservés à l’usage résidentiel ».

Le cimetière comprend deux parties : l’une remonte au XVe siècle, l’autre au XIXe siècle. C’est l’un des plus grands du pays. Certaines des 4 000 pierres tombales sont ornées de « sculptures remarquables. A l’entrée, la petite salle de cérémonies construite en 1903 est restée intacte ».

« Dès l’origine, le quartier juif disposa de son propre gouvernement avec un magistrat et deux conseillers élus. En 1849, il eut sa propre administration, avec un maire à sa tête, et s’appela Zamosti (i.e. : au-delà du pont) ». C’est dans les années 1920 que la zone est rattachée à la ville de Trebic. En 1890, 1 500 Juifs vivaient dans ce quartier. Dans les années 1930, ils n’étaient plus que 300. Tous les habitants juifs furent déportés pendant la Seconde Guerre mondiale. Actuellement, aucun Juif n’habite ou n’est propriétaire d’une maison de ce quartier.


Addendum ! Fin septembre 2012, Ynet a publié l'article Ignorer l'histoire Juive de Yochanan Visser évoquant le quartier juif de Třebíč (République tchèque) : absence d'informations sur les 1 700 habitants Juifs du ghetto de Třebíč ayant péri dans la Shoah, hôpital Juif de cette ville transformé en immeuble d'habitations et non en musée, statue sur la crucifixion du Christ dans la synagogue de Třebíč, etc.



A Doha (Qatar), lors de sa 38e session (15-25 juin 2014), sous la présidence de la Sheikha Al Mayassa Bint Hamad Bin Khalifa Al Thani, le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la Culture) a approuvé le 20 juin 2014 l'inscription du site "Palestine : pays d’olives et de vignes – Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir" proposé par la "Palestine", sur la Liste du patrimoine mondial. Situé en Judée, en zone C sous contrôle militaire israélien, Battir est localisé sur le site de Beitar ou Bethar, lieu de l'histoire Juive. La barrière de sécurité anti-terrorisme traverse la vallée Nahal Refaim où se trouvent des terrasses de pierre édifiées sous l'époque romaine, il y a environ 2 000 ans.
"A l'issue d'un vote secret remporté contre l'avis des experts conseillant l'Unesco" et "dans le cadre d'une procédure d'urgence", il a aussi inscrit "le bien sur la Liste du patrimoine en péril considérant que le paysage a été fragilisé par l’impact des transformations socioculturelles et géopolitiques susceptibles de causer des dommages irréversibles à son authenticité et à son intégrité, faisant référence au début des travaux de construction d’un mur de séparation qui pourrait isoler les fermiers des champs qu’ils ont cultivés pendant des siècles".

Le 7 juillet 2017, à Cracovie (Pologne), lors de sa 41e session (2-12 juillet 2017) - après le 27e Festival de la culture juive (24 juin-2 juillet 2017) -, le Comité du patrimoine mondial de l'Unesco a inscrit la "Vieille ville d’Hébron/Al-Khalil (Palestine)" simultanément sur la Liste du patrimoine mondial et sur la Liste du patrimoine en péril et en l'attribuant à la "Palestine". 

Sur les 21 membres du Comité, lors d'un vote secret, 12 pays ont voté Pour, trois ont voté Contre et six se sont abstenus. 

Un vote salué avec enthousiasme par Elias Sanbar, ambassadeur de la "Palestine" à l'Unesco.

"L’utilisation d’une pierre calcaire locale a marqué la construction de la vieille ville d’Hébron /Al-Khalil au cours de la période mamelouke entre 1250 et 1517. Le centre d’intérêt de la ville était le site de la mosquée Al-Ibrahim/le tombeau des Patriarches dont les édifices se trouvent dans l’enceinte construite au Ier siècle de notre ère pour protéger les tombes du patriarche Abraham/Ibrahim et de sa famille. Ce lieu devint un site de pèlerinage pour les trois religions monothéistes : judaïsme, christianisme et islam. La ville était située au croisement de routes commerciales de caravanes cheminant entre le Sud de la Palestine, le Sinaï, l’Est de la Jordanie et le nord de la péninsule arabique. Bien que la période ottomane (1517-1917) présente une extension de la ville dans les zones environnantes et apport de nombreux ajouts architecturaux, en particulier la surélévation des maisons avec la construction d’étages supplémentaires, la morphologie globale de la ville mamelouke a persisté dans l’organisation hiérarchique des quartiers déterminés par des rassemblements autour de l’origine ethnique, la religion ou la profession, et des maisons dont les pièces sont organisées selon un système d’arborescence".

Le Comité a  aussi adopté une résolution sur Jérusalem stigmatisant l'Etat d'Israël.

Ces décisions ont suscité l'indignation de l'Etat juif qui a réduit encore sa contribution à l'UNESCO , des Etats-Unis, de l'Australie et du Canada.
  
Photo de la délégation israélienne prise par Leslie Limage. Cette délégation comprend le Pr Michael Turner, président du Comité israélien du patrimoine mondial, Pe’era Goldman, Directrice de la conservation à la Mairie de Tel Aviv-Yafo, l’architecte Danny Kaiser, ingénieur à la Mairie de Tel Aviv-Yafo, Doron Sapir, Président de l’association des villes de la région de Dan, et le Dr Yossi Leshem, directeur du Centre International d’Etudes des Migrations d’Oiseaux.


Site de la municipalité de Tel Aviv-Yafo :

Site de l’association des villes de la région de Dan :

SNPI (Société pour la Protection de la Nature en Israël) :

Le Centre International d’Etudes des Migrations d’Oiseaux :

Palestine Wildlife Society (Société de protection de la Nature) :
http://www.wildlife-pal.org
   
Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié le 28 juillet 2003 par Guysen, sur ce blog les :
-  11 août 2012 à l'occasion du reportage du 9 août 2012 de Radio Prague sur le quartier Juif de Třebíč (République tchèque) ;
- 24 septembre 2012 ;
- 26 avril 2013, pendant la 191e session (10-26 avril 2013) du Conseil exécutif de l'UNESCO, qui présente régulièrement des résolutions stigmatisant le seul Etat d'Israël, et  ID Bauhaus, une semaine culturelle israélienne à Marseille à la salle Mistral M-Pavillon M (21-28 avril 2013) ;
- 17 janvier 2014. Sous la pression du groupe Arabe, l'UNESCO a "reporté"  le 14 janvier 2014 l'exposition du Centre Simon Wiesenthal (CSW) intitulée Le Peuple, le Livre, la Terre - La relation de 3500 ans du peuple Juif avec la Terre d'Israël. et dont l'inauguration était prévue le 20 janvier 2014 Dix jours auparavant, les Etats-Unis avaient retiré leur qualité de co-sponsor de l'exposition en invoquant la même raison reprise par l'UNESCO : les "négociations de paix entrent dans une phase délicate" ;
- 22 juin 2014.