Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

dimanche 29 novembre 2020

« L'invention du luxe à la française » de Stéphane Bégoin

Arte diffusera le 5 décembre 2020 « L'invention du luxe à la française
 » (Versailles - Wo Frankreich den Luxus erfand), documentaire de Stéphane Bégoin« Si la France symbolise le luxe sur le marché international, elle le doit à Louis XIV et son ministre Colbert. Un passionnant retour sur les débuts d’une aventure mouvementée qui mêle innovation scientifique et technique avec espionnage industriel pour aboutir à la création des industries du luxe en France ». Un luxe qui s'est "démocratisé" par les accessoires et qui s'était longtemps adapté aux évolutions de la société française.

« À la veille de la Révolution française, toute l'Europe accourt dans la capitale du luxe pour s’approvisionner en draps fins, porcelaines de Sèvres, miroirs de Saint-Gobain, soieries lyonnaises, dentelles d’Alençon et autres témoignages éclatants d'un savoir-faire admiré dans toutes les cours du continent ». 

« Plus de deux siècles plus tard, la France reste un symbole international du luxe, entre haute couture, cosmétiques et grands vins, mais on a oublié qu’elle le doit à l’ambition de Louis XIV et à la vision de son ministre Colbert, qui ont créé de toutes pièces un appareil industriel sophistiqué pour se lancer à la conquête des marchés ». 

« Car en 1665, le royaume est exsangue. Le budget militaire assèche des finances déjà mises à mal par une sévère crise économique ». 

« Alors qu'il devient indispensable de créer des emplois, la France importe deux fois plus qu’elle n’exporte ». 

« De la Chine à Venise en passant par les Pays-Bas, chaque contrée garde précieusement le secret de sa spécialité ». 

« Face à ces difficultés, le Roi-Soleil innove résolument, en choisissant de développer des industries d’exception ». 

« Fer de lance de la politique mercantiliste du gouvernement, le luxe se développe à travers les manufactures royales grâce à l’innovation technique et scientifique et à de nouvelles formes de savoir-faire et de travail ». Chimistes, industriels et artistes français ont conçu une palette chromatique particulière, dont le rose Pompadour s'avère peut-être la nuance la plus célèbre.

« Mais son essor repose aussi sur des méthodes moins avouables : espionnage industriel, débauchage systématique et, au besoin, rapt pur et simple ».

« Ce choix du haut de gamme, fût-ce au prix de quelques basses œuvres, va s’avérer doublement payant, en renflouant les caisses de l’État et contribuant au rayonnement du souverain et de son royaume ». 

« Entre excellence industrielle, évolution économique, légende dorée et nouvelles sociabilités, Versailles impose le luxe français en Europe pour plusieurs siècles ». 

« À la fin du XVIIIe siècle, le goût du faste, apanage de la noblesse, laissera place à un nouvel art de vivre "à la française" dont s’empare une bourgeoisie en plein essor, tandis que ses produits phares s’exportent désormais dans le monde entier ». De la reine Marie-Antoinette, la mode se diffusait via l'aristocratie, la bourgeoisie...

« De l’origine des glaces de la fameuse galerie du château de Versailles, conquises de haute lutte par Colbert en Italie, à la longue quête de la perfection en matière de fabrication textile, Stéphane Bégoin retrace, dans un récit fourmillant de détails et d’anecdotes, la palpitante genèse de l'industrie du luxe ». 

« Rythmé par des gros plans sur de précieux objets d’époque et des scènes de reconstitution éloquentes, son film entrelace les analyses et témoignages d’une multitude d’intervenants (archivistes, historiens, plasticiens...) avec de riches archives, notamment iconographiques. »

Ce luxe puisait dans un vivier d'artisans - brodeurs, plumassiers, etc. -, d'ouvriers travaillant dans les villes et les campagnes avoisinantes, et d'industriels - soyeux lyonnais (Bianchini-Férier qui recrute notamment le peintre Raoul Dufy pour concevoir des motifs, Malfroy et Million), parfumeurs de Grasse (Galimard, Molinard, Fragonard)... Cette collaboration fructueuse entre fabricants de tissus en soie à Lyon et haute couture parisienne est illustrée dans "Falbalas", film français réalisé par Jacques Becker (1945), et interprété par 
Raymond Rouleau, Micheline Presle et Jean Chevrier.

Les années 1970 semblent avoir amorcé un virage décisif, accentué dans les années 1990, dans le luxe à la française : raréfaction des clientes, changements dans les modes de vie de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie contractant la garde-robe en éliminant les changements fréquents de vêtements diurnes (robe de cocktail), désindustrialisation et délocalisation dans des pays à moindre coûts salariaux, pression fiscale sur les artisans, constitution de groupes de luxe méprisant les fondateurs - Jean-Louis Scherrer (1935-2013), fondateur en 1962 de la maison de haute couture portant son nom, a été licencié en 1992 par le groupe japonais Seibu -, abusant des changements fréquents de directeurs artistiques, misant sur un retour sur investissement rapide et élevé, imposant des tarifs prohibitifs pour un produit en partie fabriqué hors de France...

Surtout, c'est l'abandon de la beauté comme critère, du bon goût comme dénominateur commun et de l'élégance "à la française" au profit du scandale médiatisé, de la provocation dédaigneuse.

« Les secrets du luxe »  
Arte publie « Les secrets du luxe » de Laurence Picot. « La France est en crise : le chômage galopant, un dérèglement climatique et une pandémie encore incontrôlée mettent en péril l’existence du peuple et laissent vides les caisses de l’État. Malgré des points communs surprenants, nous ne sommes pas en 2020, mais… en 1661 !  Pour redresser le pays, la stratégie inédite choisie par le roi Soleil et son ministre Colbert consiste à transformer le pays en berceau des industries du luxe. »

« La France représente le luxe dans le monde entier.  Pas une marque de l’hexagone qui ne revendique cette French Touch comme l’aboutissement d’un long parcours d’excellence dont les origines se confondent avec la nuit des temps. Des années d’enquêtes dans les secrets des archives françaises et étrangères nous apportent un point de vue bien différent : la France n’a pas toujours été championne du luxe. »

« Jusqu’au XVIIe siècle, la France s’enorgueillit de savoir-faire nationaux, avec ses tissages au fil d’or, uniquement dédiés au roi. La Chine a sa porcelaine, l’Italie ses miroirs, les Anglais leurs draps fins… Des secrets de production que la France cherche à s’approprier. »

« Ce livre nous emmène, de 1661 à 1900, à la découverte de cette quête parfois rocambolesque au travers de personnages hauts en couleur, dévoilant des secrets peu avouables et éclairant les mystères de ces secteurs florissants restés méconnus. » 

« Illustré par les images innovantes LuxInside®, mélange de scanner médical et de photo, révélant des mystères invisibles à l’œil nu, et par des archives inédites, l’ouvrage remplit les blancs que la mémoire collective avait oubliés. Il surprend et redonne du sens au luxe qui aujourd’hui pourrait plus s’apparenter au superflu qu’au nécessaire quand on n’en connaît pas les arcanes... »

« Spécialisée dans les industries du luxe, Laurence Picot a collaboré plus de quinze ans comme journaliste au Monde, ELLE et Paris Match, enseigné en master de gestion des Industries du Luxe à l’Université de Paris Est et créé le collectif art science LuxInside, première collection de photos associées au scanner médical décryptant 14 objets icônes du luxe contemporain. Laurence s’attache à mettre en lumière les qualités cachées du luxe: savoir faire et innovation scientifique. Depuis 2012, elle mène une enquête au long cours sur les origines du luxe français, remontant le temps jusqu’au XVIIe siècle afin d’en comprendre les arcanes. Elle s'est plongée dans les archives publiques et privées, en France et à l’étranger, s’appuyant sur des documents originaux souvent inédits ».

Parfums Houbigant
Créée en 1775 à Paris par Jean-François Houbigant, la maison de Parfums Houbigant est l'une des maisons de parfumerie françaises les plus anciennes et réputées. Parmi ses clients figuraient les reines Marie-Antoinette et Victoria, l'homme d'affaires, avocat et journaliste Thadée Natanson, l'écrivain russe Léon Tolstoï, le romancier anglais Oscar Wilde... A Paris, son magasin se trouvait au 19 rue de faubourg Saint-Honoré. 

Alfred Javal (1844-1912) débute à 16 ans comme apprenti tailleur. En 1865, il est recruté par la Parfumerie Violet qu'il représente dans les empires russe et allemand. En 1880, cet homme d'affaires juif français d'origine alsacienne devient propriétaire associé (50%) avec Paul Parquet (1856-1916) des parfums Houbigant pour 200 000 francs. En 1882, l'enseigne devient « Houbigant Javal-Parquet ». Alfred Javal séjourne en septembre à Fontainebleau, cité impériale où sa famille maternelle, Metzger, habite depuis la Restauration - "en 1819, son grand-père, Moïse Metzger, marchand", a co-signé pour l'acquisition "d'une maison, rue des Pins (rue des Maudinés)" pour la transformer en synagogue - et où il fait édifier trois villas pour ses deux filles et lui : la villa Saint-Honoré, la villa Les Thuyas et la villa Pierronnet. En 1916, au décès de Paul Parquet, Fernand Javal (1884-1977), fils d'Alfred Javal, prend comme associé l'ingénieur chimiste Robert Bienaimé (1876-1960) pour diriger « Javal et Bienaimé » puis « Houbigant S.A. ». Son fils Antoine Javal (1921-2008) est le dernier co-propriétaire jusqu'à la liquidation de l'affaire dans les années 1980.  Dans la famille Javal, citons deux éminentes personnalités : le Dr Louis Émile Javal (1839-1907), ophtalmologue ayant crée une méthode d'orthoptie, et lors de la guerre de 1870 chirurgien-major de l'armée de Paris, et la journaliste, femme de lettres, politicienne et féministe française, Louise Weiss (1893-1983).

Cœur de Jeannette (1899), Parfum idéal (1900), Quelques fleurs (1912)... Tels sont les noms de célèbres parfums Houbigant. "D'autres fragrances suivirent, présentées dans des flacons de René Lalique ou de Baccarat : La Rose France (1911), Parfum d'Argeville (1917), Subtilité et Mon Boudoir (1919), Au Matin (1923), Essence rare (1929), constitueront un patrimoine artistique et olfactif d'une rare qualité. En 1925, fut lancée La Belle Saison avec un flacon signé René Lalique. Idéal lancé en 1900 fut le premier parfum composite et un grand succès depuis de nombreuses années. Son créateur, Alfred Javal, eut l'idée de la conception de boîtes à partir d'un tapis d'Orient qu'il avait vu à Deauville. De grands artistes et de grands bourgeois se parfumaient chez Houbigant", a écrit Frédéric Viey (Tribu 12, n° 56, automne 2018).

En 2005, la famille Perris achète le nom Houbigant pour les "fragrances et cosmétiques" et relance la marque et la production. 

Coco Chanel
Durant l’Occupation, dans un contexte de persécutions antisémites et d'aryanisation des biens dont les propriétaires sont Juifs, Coco Chanel a tenté de récupérer les parts détenues par ses associés, les Wertheimer, dans les Parfums Chanel. 


En 1954, cette famille d'industriels juifs français rachète la maison de couture Chanel après le mauvais accueil de la collection de Chanel dans laquelle Coco Chanel décline son style novateur : un tailleur de tweed souple et gansé, arboré pour la première fois par sa créatrice en 1913, porté avec une blouse de soie fluide, des escarpins bicolores, des "bijoux fantaisie au style baroque" et un sac matelassé à la chaîne dorée, un accessoire devenu iconique. En 1933, apparaît dans les collections Chanel le camélia, que continue de fabriquer Lemarié, plumassier.


« Pourquoi les industries du luxe se sont-elles développées en France ? Au terme d'une enquête de la journaliste et plasticienne Laurence Picot, un documentaire trois étoiles retrace l'histoire mouvementée de cet emblème national. Entretien. Propos recueillis par Guillemette Hervé ».

« La France a-t-elle toujours été la championne incontestée du luxe ?
Laurence Picot : Non, même si cette idée reçue perdure depuis le début du XIXe et l'ère industrielle qui a suivi la Révolution. Or jusqu'au XVIIe siècle, le luxe – on parle à l'époque de “superfluité” – est l'apanage des pays étrangers : les miroirs proviennent de Venise, les tissus de Flandre, les porcelaines de Chine... Le tournant s'opère sous le règne de Louis XIV. À l'époque, l'économie française repose sur l'agriculture, alors malmenée par un dérèglement climatique. Le ministre Colbert élabore donc une stratégie visant à produire en quantité des objets d'exception dédiés à l'exportation, et non plus seulement à l'élite française.

Il va user à cette fin de méthodes peu scrupuleuses…
L'intention de Colbert est de copier les savoir-faire étrangers le plus rapidement possible. Pour cela, il aura recours à des opérations d'espionnage industriel et de débauchage d'artisans. Il réussira même à exfiltrer des ouvriers de la verrerie vénitienne de Murano, pourtant très protégée. Les secrets de fabrication des glaces sont alors convoités – un miroir de grande taille pouvait valoir le prix d'un château !

Comment la haute couture, autre symbole du luxe, s'est-elle développée en France ?
À mes yeux, la première styliste est Rose Bertin, qui concevait les tenues de la reine Marie-Antoinette à une époque où les femmes n'avaient pas le droit d'exercer la profession de tailleur. Très talentueuse, cette pionnière va imposer son style et esquisser les premiers pas de la mode française. Si les couturiers sont aujourd'hui reconnus, voire starifiés, c'est grâce à elle.

Vous avez entrepris de passer au scanner certains objets anciens. Cette démarche a-t-elle étoffé votre enquête ?
Le projet expérimental LuxInside a débuté en 2009 avec des pièces contemporaines. Dix ans plus tard, j'ai pu explorer de l'intérieur quatre symboles des industries du luxe françaises des XVIIe et XVIIIe siècles. Parmi eux, un médaillon de Louis XIV conçu grâce au verre coulé, une technique alors inédite qui permit à la France de dominer le marché des glaces. Autre objet surprenant : un éventail en papier, corne et soie peinte. Contre toute attente, des dessins sont apparus car les peintures, issues des progrès de la chimie, contenaient des métaux lourds. Là encore, le scanner a permis de déceler des innovations qui n'étaient pas visibles à l'œil nu ».

"Une histoire du luxe à Genève"
En 2011, 
La Baconnière a publié "Une histoire du luxe à Genève. Richesse et art de vivre aux XVIIe et XVIIIe siècles" de Corinne Walker. "Le nom de Genève suggère deux idées contradictoires. C'est d'abord la cité de Calvin, figure tutélaire qu'on crédite volontiers d'une austérité sans concession. C'est ensuite une ville de marchands, d'horlogers et de joailliers, qui a toujours cultivé les produits de luxe tandis que ses banquiers en faisaient un concentré de la richesse du monde. Austérité et richesse : Corinne Walker s'est demandé quelle est, dans l'histoire de la ville, l'origine de ces deux notions. Elle est remontée aux lois somptuaires attribuées à Calvin. Après en avoir scruté les expressions du XVIe au XVIIIe siècle, elle examine l'application qu'en faisait la " Chambre de la Réformation ", tribunal dont les délibérations permettent de reconstituer les représentations sociales en même temps que la vie quotidienne d'une société, de ses pratiques et de ses goûts. Dès le XVIIe siècle, et surtout au XVIIIe siècle, Genève s'inspire moins de " l'austère Calvin " que des modèles parisiens en matière de mode (les femmes sont ici à l'honneur), mais aussi d'architecture. Dans un souci d'ordre social, les patriciens genevois qui gouvernent la ville ne se croient pas tenus de respecter les limites qu'ils voudraient imposer aux basses classes. D'où un art de vivre dans des intérieurs confortables, rehaussés de miroirs et de tableaux de prix, qu'encourage Voltaire qui prend ses quartiers non loin de Genève. De ce monde cosmopolite qui apprécie les joies de l'existence, où l'on est sensible aux beaux-arts et où l'on pratique une musique de qualité, Corinne Walker nous propose un tableau attachant, en faisant revivre certains de ses représentants : les membres de la famille Pictet, le pasteur Ami Lullin et sa fille, la charmante Manon, ou le célèbre Horace-Bénédict de Saussure. Aussi bien le pasteur que le savant s'entendent à montrer comment il est possible de concilier une vie de haut vol avec une éthique qui recommande aux élites de cultiver les lumières, en donnant à l'art et aux nouvelles sciences la place qui leur revient dans la culture de l'honnête homme. »


« L'invention du luxe à la française » de Stéphane Bégoin
France, 2020, 90 min
Coproduction : ARTE France, Bellota Films, avec la participation d’Histoire TV et le soutien de CNC, Procirep-Angoa, MEDIA-Europe Créative 
Co-écrit avec Flore Kosinetz
D’après une idée originale de Laurence Picot
Sur Arte les 5 décembre 2020 à 20 h 50, 9 décembre 2020 à 9 h 25, 13 décembre 2020 à 15 h 45 et 24 décembre 2020 à 9 h 25
Disponible du 28/11/2020 au 02/02/2021
Visuels :

Colbert © Stephane Begoin © Bellota Films

Luxinside Montre © Luxinside-Bellota Films

Galerie des nobles © Bellota Films

Reconstitution d' un salon à la française du XVIIIème siècle © Manuel Irniger © Bellota Films

Vaucansson © Bellota Films

Boutique Rose Bertin © Bellota Films

Luxinside escarpin © LuxInside

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jeudi 26 novembre 2020

Des assureurs problématiques

Primes croissantes, diligence insuffisante à traiter les sinistres, réticences à indemniser pour des dommages stipulés pourtant dans les polices d’assurances, absence de réponse à des courriers, explications « abracadabrantesque » à l’inaction, judiciarisation coûteuse… Tels sont des reproches adressés par des assurés à leurs assurances et aux courtiers de ces dernières.


Les inondations et la pandémie de coronavirus  ont projeté dans l’actualité les comportements choquants d’assureurs. 

Ainsi, depuis fin mars 2020, Stéphane Manigold, propriétaire de quatre restaurants « réclamait à AXA l'indemnisation de la perte de son activité, liée au confinement » à la hauteur des préjudices subis. Ce que refusait l’assureur. Le 22 mai 2020, le tribunal de commerce avait condamné AXA à lui verser 45 000 euros pour l’un des restaurants. AXA a interjeté appel. Le 23 juin 2020, Le Point  révélait qu’Axa, malmenée par cette polémique médiatisée, avait signé avec le restaurateur Stéphane Manigold un « protocole transactionnel » pour mettre un terme à la procédure judiciaire ». 

Et le 24 novembre 2020, Frédéric Jeanjean, restaurateur et secrétaire général de l'Umih13, a dénoncé un assureur ayant invité un restaurateur à se suicider  pour que l’indemnisation soit plus importante.

Les deux exemples développés dans cet article concernent des copropriétaires français juifs ayant réclamé à l’assureur le respect des obligations contractuelles - « Lors de la réalisation du risque ou à l'échéance du contrat, l'assureur doit exécuter dans le délai convenu la prestation déterminée par le contrat et ne peut être tenu au-delà » (article 113-5 du Code des assurances) – et de la loi : « Le débiteur est condamné, s'il y a lieu, au paiement de dommages et intérêts soit à raison de l'inexécution de l'obligation, soit à raison du retard dans l'exécution, toutes les fois qu'il ne justifie pas que l'inexécution provient d'une cause étrangère qui ne peut lui être imputée, encore qu'il n'y ait aucune mauvaise foi de sa part » (article 1147 du Code civil).

Dans ces dossiers, comme dans l’affaire Manigold, l'assureur a refusé d’exécuter le contrat de bonne foi.

Covéa Risk/MMA IARD 
M. A. L. avait souscrit, auprès du courtier Verspieren, une assurance multirisque Habitation Covéa Risk, groupe d’assurance mutualiste, pour son appartement. Il était à jour du paiement des primes de sa police d’assurances.

Le 5 septembre 2009, il a déclaré à Verspieren  par LRAR un dommage dans le plafond de la salle de bains. 

En 2011, il lui a envoyé en lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR) un devis évaluant le montant des travaux nécessaires à 1 047 € HT (1 104,52€ TTC).

Son avocate et lui ont sollicité, à plusieurs reprises au fil des ans, que ce dossier soit traité, et le dommage indemnisé. En vain.

En 2012, l’avocate de l’assuré a relancé Covea Risks pour obtenir l’indemnisation du sinistre.

En 2013, Verspieren a répondu enfin à A. L. en lui adressant un constat amiable : « La compagnie COVEA RISKS m'informe rester dans l’attente de votre réclamation chiffrée (devis) et du constat amiable rédigé avec le tiers responsable et le syndic de copropriété faisant apparaître l’origine du sinistre » (sic).

Las ! Près de quatre ans après la déclaration du sinistre, la compagnie d'assurance du tiers responsable a refusé de donner suite en raison de l'écoulement du délai de prescription.

A. L. a renvoyé ce constat amiable.

En raison de la négligence de sa compagnie d'assurance et de son courtier, A. L. s’est retrouvé dans l'impossibilité d'être indemnisé de son dommage. 

Son avocate a adressé vainement une mise en demeure par LRAR à Verspieren et COVEA RISK afin de réparer le préjudice de A. L. En vain.

Elle a poursuivi donc en justice Covéa Risks et Verspieren, qui n’a pas jugé utile de communiquer ses conclusions.

L’avocate a rappelé son respect du contrat d’assurance – déclaration immédiate du sinistre -, ses relances pour être indemnisée de ce sinistre, avant l’expiration du délai de prescription, l’inaction fautive de Verspieren et Covéa Risks, et l’aggravation des dommages abimant le plafond de sa salle de bains. Elle a sollicité essentiellement la condamnation in solidum (solidairement) des deux défendeurs à indemniser les préjudices subis : matériel (1 300 euros) et moral (1 500 €).

Quant à Covéa Risks, il s’exonérait de tout reproche en alléguant que l’origine du sinistre « est inconnue ». Or, cette origine inconnue s’avérait imputable à Covea Risks et Verspieren en raison de leur longue inaction : ils auraient du envoyer à A. L. dès réception de sa déclaration du sinistre (2009), et non en 2013, un constat amiable, puis mandater un expert afin de constater les dommages et d’en évaluer le responsable, ils auraient du aussi répondre aux LRAR envoyées durant près de quatre ans à Verspieren, etc.

En outre, Covéa Risks invitait A. L. à exercer « une action contre son voisin et/ou l’assureur de celui-ci » et alléguait que, « si son action en réparation devait être prescrite, cela ne serait imputable qu’à son seul manque de diligence ». Or, conformément au contrat Domtrio, il incombait au seul assureur de A. L. de l’indemniser, quitte à se retourner vers le responsable du dommage ou/et son assureur. 

Par ailleurs, Covéa Risks rejetait sur son courtier, destinataire des LRAR, comme le contrat le prévoyait, la responsabilité de silences épistolaires. Mais A. L. ne pouvait, et refusait de distinguer les responsabilités respectives de l’assureur et de son courtier. 

En 2016, sept ans après la déclaration du sinistre, le Tribunal a condamné in solidum Covéa Risks, devenue MMA IARD, et Verspieren à verser à A. L. 1 300 € en réparation du préjudice matériel et 800 euros en réparation du préjudice moral.

Le même duo s’est surpassé dans un autre dossier de sinistre : il n’a pas indemnisé un dommage depuis plus de vingt ans…

AXA et l’agence Salset-Sauvat
De la fusion de diverses sociétés d'assurance - la plus ancienne remonte à 1817 -, est né le groupe français AXA.

« En 2003, le groupe AXA a signé  avec les organisations juives un accord d'indemnisation pour des contrats d'assurance vie souscrits par des victimes de la Shoah. L'assureur français avait payé, avec les compagnies d'assurances suisses Winterthur Life et Zurich Life, 25 millions de dollars ».

En 2007, « AXA s'est engagé  à verser 17,5 millions de dollars (12,7 millions d'euros) aux descendants des Arméniens » victimes du génocide commis par les Ottomans/Turcs durant la Première Guerre mondiale,. Des victimes qui « détenaient, avant 1915, une police d'assurance vie auprès des filiales installées dans l'Empire ottoman », dont « L'Union-Vie, une société de la galaxie UAP, rachetée in fine par AXA en 1996 ».

R. Z. a souscrit une police d’assurance multirisques habitation AXA comme locataire d’un appartement auprès de l’agence Salset-Sauvat.

En mai 2019, R. Z. a déclaré à l’agence Salset-Sauvat un sinistre dans le plafond de la cuisine ainsi que le plafond et un mur de la chambre de cet appartement. Il a renvoyé le constat amiable dûment signé et une facture indiquant que le problème à l’origine du sinistre avait été réparé. 

Puis, il a déménagé et a oublié de résilier sa police d’assurance reconduite tacitement. Cet appartement, dont il a hérité alors, a ensuite été loué.

R. Z. a assuré la visite de l’appartement à l’expert mandaté et aux entreprises mandatés par AXA. Donc, AXA savait que l’appartement avait été mis en location.

Le 17 août 2020, pour résilier cette police d’assurance (811,92 €), il a adressé un courrier électronique à AXA et à son courtier. Il a rappelé qu’AXA devait effectuer depuis des mois des travaux de peinture dans la chambre car les parties sinistrées étaient sec. Il n’a reçu aucune réponse. 

Le 24 septembre, puis le 22 octobre 2020, R. Z. réitère par LRAR sa résiliation et sa demande concernant des travaux de réhabilitation de ces parties endommagées. En vain. Elle reçoit des courriers comminatoires d'EFFICO lui réclamant in fine, début novembre 2020, 829,92 €.

Au terme de semaines de négociations chronophages, en arguant de fautes réciproques – non respect de règles relatives à la résiliation et absence de réponses d’AXA et de son courtier - elle a obtenu de ne payer qu’une partie de sa police d’assurances, soit 241,03 €.

Les travaux de peinture ? Plus tard, en même temps que ceux à effectuer sur le plafond de la cuisine…
R. Z. a avancé subir des préjudices causés par AXA et son agent général, l’agence Salset-Sauvat : préjudices financiers – diminution du montant du loyer, soit 450 € depuis septembre 2020 en raison du préjudice de jouissance pour le locataire  -, moraux, soit 1 000 € - refus injustifié malgré des relances chronophages -, etc.

R. Z. a proposé une compensation (article 1347-1 du Code civil ) entre sa créance de plus de 1 000  € et  celle d'AXA envers lui de 241,03 €, soit une créance en sa faveur d’environ 760 €.

Niet, ont asséné AXA et son courtier en feignant d’ignorer le sens juridique de la compensation – « Il n'est pas possible d'effectuer une compensation entre un sinistre et un contrat » (sic) - et que le contrat signé est synallagmatique (article 1106 du Code civil) : chaque cocontractant est tenu de respecter ses obligations. 

Le 13 novembre 2020, R. Z. a adressé ces questions à AXA et à l’agence Salset-Sauvat :
- "AXA s'investit dans une relation client responsable au moyen d'un marketing produits et d'une communication claire et transparente tout en gérant de manière responsable ses processus de règlement de sinistres". 
AXA se prévaut aussi d'un "engagement d'entreprise responsable qui développe son activité tout en protégeant ses clients".
Comment l'attitude d'AXA et de son courtier respecte-t-elle ces engagements officiels d'AXA ?
En quoi leurs gestions des sinistres dans l'appartement seraient-elles « responsables » ?
- Pour quelles raisons refusez-vous d'envoyer une de vos entreprises effectuer les travaux de réhabilitation (peinture) dans le plafond et le mur secs de la chambre de l'appartement ;
- Pour quelles raisons refusez-vous d'indemniser les préjudices financier (manque-à-gagner locatif) et moral établis ; 
- Pour quelles raisons avez-vous mis tant de mois à ramener le montant initial de 811,92 € à 241,03 € ?
- Pour quelle raison un assureur aussi important qu'XA accepte-t-il que ses salariés et son courtier consacrent tant de temps à un différend aisément et rapidement réglable notamment par la bonne volonté ?
- Pensez-vous qu'il soit agréable d'habiter un appartement sinistré comme le prouvent les photographies ?
- Comment AXA et son courtier pourraient-ils ignorer la compensation entre deux créances et assimiler une créance à un sinistre ?
- Comment AXA concilie-t-il son engagement d'« entreprise responsable » soucieuse de l'environnement et son attitude envers ce client ?
- AXA et son courtier se comportent-ils avec leurs autres clients comme ils l'ont fait avec lui ? 
Le 18 novembre 2020, Stéphanie Burger, Direction Relations clientèle AXA France, répondait : 
« Le délai relatif aux engagements d’AXA commencera à courir dès que nous aurons la confirmation de la réparation de l’origine de la fuite d’eau qui entraine des dommages à votre appartement. Ces délais de réparation ne nous sont en aucun cas imputables ;
Nous n’envoyons pas d’entreprise pour la réfection de vos embellissements pour les mêmes motifs évoqués précédemment: la fuite n’est pas réparée et les supports ne sont pas secs. Ils ne peuvent donc recevoir correctement une nouvelle mise en peinture;
Le 1er janvier 2018, un avenant a été établi à votre contrat, avenant signé et accepté par vos soins, pour modifier votre qualité d’occupant dans l’appartement. Vous étiez locataire à la souscription du contrat et au 1er janvier 2018, vous avez déclaré devenir propriétaire occupant. A ce titre vous ne pouvez bénéficier de perte locative. Concernant le préjudice moral, sur ce point, nous vous rappelons que conformément à l’article 1353 du Code civil «  celui qui demande l’exécution d’une obligation doit la prouver »;
Les délais de traitement de votre demande de résiliation sont effectivement anormalement longs, et pour cela je vous renouvelle nos excuses pour les désagréments occasionnés. Quoi qu’il en soit, lorsque nous avons réceptionné votre réclamation, un courrier de mise en demeure vous avait déjà été adressé pour le paiement de la prime dûe de juin 2020;
Si vous le souhaitez, nous pouvons faire évaluer le montant de vos dommages et vous en adresser le règlement; cependant, cela ne changera pas le souci majeur de votre dossier, à savoir la réparation de la fuite;
Non il est certain qu’il n’est pas agréable de vivre dans un logement sinistré; c’est pour cela qu’il est préférable de mobiliser votre demande vers la personne qui doit procéder à la réparation de la fuite, de façon à ce que nous puissions procéder à la remise en état de vos dommages;
Nous ne procédons pas par compensation. Si vous le souhaitez, nous pouvons vous adresser un acompte sur le sinistre du montant de la prime à régler. Vous devrez alors verser cette même somme à l’entreprise qui viendra faire les travaux;
Nous agissons dans votre dossier en entreprise responsable: nous ne souhaitons pas faire déplacer à tort une entreprise avec un véhicule utilitaire polluant qui, et nous le savons tant que la fuite n’est pas réparée, ne pourra procéder aux travaux et se déplacera pour rien.
Avant la réparation des dommages provoqués par un dégât des eaux, oui, nous attendons que la fuite à l’origine de ce sinistre soit réparée. »

Mauvaise foi ? Ignorance du droit ? Méconnaissance du dossier ? Perte du volet du constat amiable et de la facture de plomberie indiquant que le problème avait été résolu ? Oubli des rapports de l'expert d'AXA et de ses entreprises indiquant que l'appartement avait été mis en location ? On reste dubitatif devant ces allégations tardives et sans fondement.

AXA n’a pas jugé utile de fournir une explication sur ce « délai anormalement long », ni sur l’absence de réponse à des courriers.

On en apprend de belle ! AXA, qui « s'engage à réduire son impact direct sur l'environnement en gérant activement sa consommation d'énergie, de papier et d'eau, ainsi que ses émissions de CO2 et ses déchets », recourt à une entreprise ayant un « véhicule utilitaire polluant » !?

Car, c’est promis et juré, du grand patron au plus modeste employé d’AXA, aucun n’utilise un « véhicule utilitaire polluant ». Tous sont écologiquement vertueux. C’est toujours la faute des autres, jamais celle d’AXA. Or, toutes les sources d’énergies  – éolienne, charbon - sont polluantes, mais à des degrés divers.

Lire la prose d’AXA sur son engagement environnemental prêterait à sourire si elle ne révélait une accumulation d’allégations erronées, mais à la mode :
« La science est claire : la terre se réchauffe à un rythme sans précédent et les émissions de carbone d'origine humaine en sont la cause principale. Les impacts probables du changement climatique sont également bien documentés, et les prévisions passées, comme l'élévation du niveau de la mer et les vagues de chaleur plus intenses, commencent à se concrétiser ».
Non, l’être humain n’est pas la « cause principale » du « réchauffement » : les variations de l’activité du Soleil y contribuent grandement. Et il a toujours su s’adapter aux changements climatiques. On ne peut qu’inviter AXA à lire les analyses de Patrick Moore, co-fondateur de Greenpeace, sur l’absence de fondement du « caractère anthropique » du « réchauffement climatique ». Et ce « réchauffement » correspond-il à une « période interglaciaire » ? C'est un sujet d'étude et de débats de « la science ».

AXA a retourné un prétendu argument écologique contre un client !? Faire passer la « préservation de la Nature » avant un être humain, me semble inquiétant et rappelle des précédents tragiques pour l’Humanité.

Et si AXA respectait ses engagements contractuels, ce serait un cataclysme écologique ? Foin d’ironie ! 

Pourquoi pas un règlement amiable d'AXA avec R. Z. ? Les montants que cet assuré réclame demeurent si faibles comparés à ceux alloués par AXA, condamné judiciairement, au restaurateur Stéphane Manigold…

Articles sur ce blog concernant :

Sassoun, association arménienne d’amitié entre les peuples Juif et Arménien


Créée en 1992 par Paul Kieusseian, victimologue, et Loïc Ohanian, podologue, Sassoun, association arménienne d’amitié entre les peuples Juif et Arménien, apporte son soutien indéfectible à l’Etat d’Israël. Diverses personnalités et l'Unesco alertent sur le patrimoine arménien menacé après le conflit déclenché par l'Azerbaidjan au Haut-Karabakh ou Artsakh.

Dans tous les rassemblements à Paris en solidarité avec l’Etat d’Israël ou contre l’antisémitisme, tous deux sont là. Qui forme ce duo loyal à toute épreuve ? Paul Kieussean, victimologue, et Loïc Ohanian, podologue. Deux enfants français de survivants du génocide commis contre les Arméniens par des Turcs (1915-1916).

"Mes parents sont nés en Turquie près d’Ankara; ma mère a vu son père déporté, tué, et jeté dans une fosse commune avec la plupart des hommes du village. Ils sont arrivés en France en 1920 échappant au génocide des Arméniens, perpétré par l’Empire Ottoman dès 1915. Ils étaient enfants à leur arrivée à Marseille, âgés respectivement de dix et douze ans », avait confié Paul Kieussean à l'agence de presse Guysen International News, le 20 avril 2012.

Enfants d’Arménie et d’ailleurs
 A l’origine de cette proximité avec Israël, peuple et Etat, l’amitié qui les lie, depuis leurs études au début des années 1980, à Israël Feldman, victimologue franco-israélien et représentant de Sassoun en Israël.

« J’ai rencontré Loïc Ohanian au début des années 1980, alors qu'étudiant, j'occupais un poste d'animateur au Blanc-Mesnil, dans une maison de jeunes. Ce qui m'a frappé, c'est que bien qu'étant un Arménien, Loïc avait pour Israël (le pays) et pour le peuple Juif, un amour sincère et véritable ! Loïc avait un frère jumeau, Jean-Marc (malheureusement décédé depuis), et tous les deux se sont engagés dans le rapprochement entre le peuple arménien et le peuple juif, malgré des oppositions, à cause de la compétition des victimes - les Arméniens reprochent en général aux Juifs de ne pas assez évoquer leur génocide au profit de la Shoah -, et du problème du rapprochement entre la Turquie (leur génocidaire) et l'Etat d'Israël. Ils n'ont jamais failli à leur mission ! En août 1987, Loïc Ohanian a payé un encart dans Le Monde » en soutien à Israël, se souvient Israël Feldman.

Et d’ajouter : « Par la suite, j'ai rencontré Paul Kieusseian, lors de mes études en faculté de médecine avec lui. Paul est devenu médecin à Issy-les-Moulineaux, ville à composante arménienne importante. Dès le début de nos entretiens, Paul a aussi manifesté un grand désir de rapprochement entre les Arméniens et les Juifs. Cela n'a pas été facile pour lui, à cause de l'opposition de certains membres de sa communauté ! Il a également tenu bon. En 1984, j'ai fait mon aliyah, ce qui a été un grand choc pour Paul. Il ne comprenait pas ma décision ! Du coup, il est venu me voir en Israël, pour comprendre ma démarche. Cette visite a été décisive pour lui. Il a décidé de créer à son retour l'Association « Sassoun » avec les frères Ohanian. Depuis, cette association ne cesse de soutenir les Juifs, l'Etat d'Israël. Ils m'ont invité à deux reprises en Arménie, et je les ai invités plusieurs fois en Israël, où ils ont été reçus avec honneur, par les plus grandes autorités du pays ». 

Ils ont créé HEVEL-France, une association d'aide aux peuples victimes de la violence, et réunissant Arméniens, Juifs et Noirs. Affiliée à HEVEL International, membre de la World Society of Victimology, HEVEL-France récuse toute concurrence des souffrances. Elle « rappelle que chaque fois qu’un peuple victime marque un point dans son combat pour la dignité, cela conforte les autres peuples victimes, même si le chemin peut sembler encore plus long à parcourir : toute compétition entre victimes ne profite qu’aux bourreaux. Les peuples victimes ne peuvent vaincre le négationnisme que s’ils s’unissent et s’entraident ; afin de comprendre et d’expliquer les mécanismes et les procédés des négations ; afin de guérir ensemble du traumatisme trans-générationnel ; et afin de prévenir de futurs génocides ». Elle organise des colloques, notamment celui en 2005 intitulé « Arméniens, Juifs, Tutsis : des peuples face au négationnisme ». 

HEVEL-France a aussi poursuivi le quotidien Libération pour avoir diffusé en Une, dans son édition du 30 septembre 2000, la photographie de l’étudiant américain Juif Tuvia Grossman au visage ensanglanté placé devant un policier israélien brandissant un gourdin en le présentant à tort comme un jeune Palestinien blessé par ce policier. Or, Tuvia Grossman venait d'être frappé par une foule palestinienne et était protégé par le policier israélien. Le 3 avril 2002, la XVIIe chambre du Tribunal de Grande instance de Paris a condamné Libération et Associated Press à indemniser Tuvia Grossman pour atteinte à son image, ainsi que pour « erreur flagrante » caractérisée : Associated Press avait « fourni la photographie de Tuvia Grossman à ses correspondants en présentant à tort le jeune homme comme appartenant à la communauté palestinienne » et Libération avait « publié le cliché litigieux en le légendant de la même manière erronée et en lui attribuant ainsi une signification et une portée qu'il ne pouvait avoir ».

En 2005, Paul Kieussean et Loïc Ohanian ont aussi signé, à titre personnel et comme dirigeants de HEVEL-France, l’Appel du Collectif Urgence Darfour.

Sassoun
En 1992, Paul Kieusseian et Loïc Ohanian ont fondé l’association arménienne d’amitié entre les peuples Juif et Arménien, par extension Arménie-Israël, Sassoun qui apporte son soutien indéfectible au peuple Juif et à l’Etat d’Israël.

« David de Sassoun est un héros arménien qui a résisté à l’envahisseur avec une poignée d’hommes et Sassoun, en hébreu, signifie la joie : l’union de nos deux peuples apporte donc résistance d’un petit nombre et joie ! Sassoun est une association arménienne à but humanitaire souhaitant resserrer les liens entre Arméniens et Juifs, à travers une collaboration à tous les niveaux, notamment culturelle, scientifique, intellectuelle et commerciale », avait expliqué Paul Kieussean à Guysen le 20 avril 2012.

Et de poursuivre : « L’existence de l’Etat d’Israël, depuis 1948, est un exemple et un espoir pour le peuple Arménien. Nous sommes convaincus que l’union entre les Arméniens et Israël par les échanges qu’elle suscite ne pourra être que bénéfique. Lors d’une table ronde à Erevan, Israël Feldman avait bien résumé notre similarité : « Si le peuple Juif porte la souffrance du père en tant que premier peuple monothéiste, le peuple Arménien porte la souffrance du fils en tant que première nation chrétienne ». Au delà du rapprochement entre nos deux peuples nous œuvrons pour la défense du peuple Juif et d’Israël dans toutes les circonstances afin de lui rendre justice. Devant le danger de l’antisémitisme, de l’antisionisme (antisémitisme politique), notre association se veut être un allié éclairé afin de pouvoir répondre, par la connaissance, à la haine aveugle, à la désinformation. Sassoun est membre du Conseil constitutionnel des Arméniens de France (CCAF, Conseil de coordination des organisations arméniennes de France) qui regroupe la majorité des associations arméniennes. Nous apportons en son sein une parole d’amitié et d’échange entre nos deux peuples. Nos activités se font par nos écrits que nous diffusons dans les média arméniens et français - par exemple, la lettre publiée dans Le Monde par Loïc Ohanian -, en étant présent aux manifestations pour le peuple Juif et Israël - attentat de Copernic, sortie des Juifs d’URSS, sortie des Juifs de Syrie, libération du soldat Guilad Schalit, attentat de Toulouse, etc. -, mais aussi dans des moment plus festifs, tels la célébration du jour de l’indépendance d’Israël et le congrès des amis d’Israël en France en avril 2012. L'association SASSOUN est animée d’un immense espoir de paix et de justice ».

A ce titre, Paul Kieussean et Loïc Ohanian ont accompagné en Israël, du 22 au 29 avril 2012, le quintette à cordes arménien Naïri, qui s'était produit dans le cadre des amitiés judéo-arméniennes. Trois concerts étaient programmés à Jérusalem et à Tel Aviv.

« L’histoire du peuple Juif constitue un miracle de l’histoire. A savoir que ce peuple, dispersé sur la surface du globe, en butte aux persécutions les plus terribles, et qui retrouve son identité après presque 2000 ans est un fait unique. En tant qu’Améniens, nous avons aussi un passé de souffrances et un histoire quelque peu similaire : persécutions, diaspora, etc. Ceci nous a poussés vers une véritable et profonde réflexion et par voie de conséquence à établir un pont d’amitié entre nos deux peuples », explique Loïc Ohanian.

« Les Arméniens ont eu une histoire quelque peu comparable a celle du peuple Juif : un passé de souffrances et d’errance, une diaspora, un génocide - la Shoah étant cependant un événement unique dans l’histoire de l’humanité -, une période très longue sans pays, et enfin une résurrection avec un Etat, en 1948 pour les Juifs et pour nous en 1991. Donc deux jeunes pays ne pouvant compter que sur eux-même afin d’exister, souvent dans la douleur et les conflits. C’est dans la confrontation amicale avec des amis juifs, tels qu' Israël Feldman, ou bien nos amis de "Hevel" (Association Internationale d'aide aux victimes de la violence) que notre pensée s'est petit à petit construite en faveur d'Israël », surenchérit  Paul Kieussean (entretien publié par Guysen).

Pour leur engagement, Paul Kieusseian et Loïc Ohanian ont reçu le 2 mai 2004 le Prix des droits de l’Homme du B’nai Brith de France, en présence de Roger Cukierman, président du CRIF.

Ils entretiennent des relations « excellentes et sincères » avec les principales organisations françaises Juives, dont le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). 

Ils ont co-écrit Recettes pour l’anéantissement du peuple Juif (Editions L'Àpart de l'esprit, 2013).

Le 29 janvier 2014, lors du dîner annuel du Conseil de Coordination des organisations Arméniennes de France (CCAF), Paul Kieusseian a présenté Sassoun à Charles Aznavour, invité d’honneur de la soirée. L’artiste lui a confié avoir des petits-enfants Juifs américains. Que lui a répondu Paul Kieusseian ? « Je suis pro-israélien ».

« Notre engagement est concret. Ne nous trompons pas de victimes. Israël est isolé sur la scène internationale. Très souvent, trop souvent, nous assistons à une véritable collusion des nations à l’égard de ce pays. C’est injuste », s’indigne Loïc Ohanian.

Au printemps 2015, l’association Sassoun a proposé un voyage passionnant (6-14 mai 2015, 9 jours et 8 nuits) en Arménie, premier pays à édicter en 301 le christianisme comme religion d’Etat. Au programme du circuit attrayant : rencontre avec des Arméniens juifs et chrétiens, traversées de paysages variés, découverte d’un patrimoine religieux et culturel remarquable, dont la bibliothèque Matenadaran inscrite dans la Mémoire du monde de l’UNESCO  (Organisation des Nations unies pour l’Education, les Sciences et la Culture).

 « 2015 est l’année de la commémoration du 100e anniversaire du génocide ayant visé les Arméniens. A cette occasion et dans le cadre de l’amitié judeo-arménienne, l’association Sassoun a voulu organiser ce séjour. Nous avions organisé un voyage similaire il y a quatre ans. Cela avait été couronné de succès et s’était révélé une expérience très positive pour les participants », relève Loïc Ohanian.

Le but de Sassoun ? « Mieux nous connaître et partager nos valeurs d’humanisme. Montrer la grande complémentarité entre nos deux peuples. Rapprocher la culture arménienne et juive car le peuple Juif est le premier peuple monothéiste et le peuple arménien est reconnu comme le premier peuple à avoir accepté le christianisme comme religion d’Etat. Les destinées de nos deux peuples s’entrecroisent et, jusqu’à ce jour, il existe une communauté juive d’Arménie, peu nombreuse certes, mais très dynamique  ».

Les principales étapes et originalités de ce séjour touristique : « L’aspect culturel est bien évidemment illustré par la visite de la capitale; Erevan, et le Maténadaran, institut-musée regroupant les manuscrits les plus riches du monde, et bibliothèque inscrite en 1998 dans la Mémoire du monde de l’UNESCO : « Sa collection d’environ 17.000 manuscrits couvre tous les domaines de la culture et de la science arméniennes de l’Antiquité et du moyen âge : histoire, géographie, grammaire, philosophie, droit, médecine, mathématiques, cosmographie, théorie du calendrier, chronologie, alchimie, chimie, traductions, littérature, miniatures, musique, théâtre. Elle comprend aussi des manuscrits en arabe, en persan, en syriaque, en grec, en latin, en amharique, dans certaines langues de l’Inde, en japonais, etc. De nombreux documents dont la texte original a disparu et qui ne sont connus que par leur traduction arménienne, ont été préservés dans ce centre voué à la conservation du patrimoine culturel. La fondation du Matenadaran remonte à l’invention de l’alphabet arménien, en 405". La collection du Maténadaran "se compose d’environ 17000 manuscrits englobant tous les domaines de la culture et de la science de l’Arménie ancienne et médiévale ainsi que des manuscrits en arabe, en perse, en grec, en éthiopien, en japonais, etc. »

« Nous visiterons le musée d’histoire d’Arménie - il "donne une vision exhaustive des 3000 ans d’histoire du pays à travers plus de 150.000 pièces dont les remarquables objets du royaume d’Ourartou et des pièces provenant du site de Karachamb du IIe millénaire avant J.-C." -, la cathédrale d’Etchmiadzine, saint siège de l’église apostolique arménienne, Garni-temple païen "construit au Ier siècle après Jésus-Christ, sur le canyon triangulaire de la rivière Azad, et qui avait servi de résidence d’été aux rois Arméniens, et unique temple hellénistique conservé sur le territoire de l’Arménie, les autres étant détruits après l’adoption du christianisme". Nous nous rendrons au lac Sevan, réservoir d’eau du pays et dont la dimension est similaire à celle du lac Leman, "Perle Bleue”, lac d’eau fraîche d’origine volcanique, et le seul lac situé actuellement sur le territoire arménien. Nous rencontrerons la communauté juive de Erevan : l’histoire des Juifs d’Arménie remonte à environ 2800 ans. Nous nous recueillerons dans un vieux cimetière juif remontant au XIe siècle ». Last, not least, un conférencier reconnu, Israël Feldman, psychologue, victimologue, apportera des éléments de réflexion quant à nos deux peuples ».

Au programme aussi : le musée d’Histoire d’Arménie et  le musée et le mémorial de Tsitsernakaberd, la Colline aux hirondelles. Un mémorial dédié aux victimes arméniennes du génocide de 1915. Et le monastère de Gherart et la Haute vallée de l’Azat : inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO, le "monastère de Gherart abrite un certain nombre d'églises et de tombes – pour la plupart troglodytes – représentatives de l'apogée de l'architecture médiévale arménienne. Cet ensemble de bâtiments médiévaux situé au milieu des escarpements, à l'entrée de la Vallée de l'Azat, s'intègre à un paysage d'une grande beauté naturelle".

Le 15 avril 2015, de 11 h 30 à 12 h 30, le Dr Paul Kieusseian a donné une conférence sur le génocide commis à l'égard des Arméniens en 1915, à la salle des conférences de la Mairie de Saint-Mandé, 3 avenue de Liège.

Après avoir proposé deux voyages passionnants en Arménie, premier pays à édicter en 301 le christianisme comme religion d’Etat, Sassoun invitait à sa 2e journée d'amitié de tous les peuples avec le peuple Juif, le 22 novembre 2015, à 17 h, à la Halle des Epinettes, à Issy-les-Moulineaux. Une rencontre festive et musicale - tombola avec une sculpture en bronze de Gariné Atchémian, projection du film sur le voyage de 2015, chant, etc. - suivie d'une collation. 

Quatrième journée d’amitié Judéo-Arménienne
Le 17 novembre 2019 à 14 h 30, à l'Espace Icare d'Issy-les-Moulineaux, avec la participation du centre culturel Deutsch de la Meurthe, l'association Sassoun a organisé la quatrième journée d’amitié Judéo-Arménienne en présence de Madame Hasmik Tolmadjian, Ambassadrice d’Arménie en France, Madame Aliza Bin-Noun, Ambassadrice d’Israël en France, Monsieur André Santini, Maire d’Issy-les-Moulineaux. Au programme : chants et musiques arméniennes et israéliennes, filme, intervention de Monsieur Israël Feldman et tombola. Entrée gratuite. Un cocktail suivit le spectacle. Réservation : 0625702541.

Arte
Arte diffusa le 25 août 2018 à 17 h 35 "Voyage en Arménie" ("Abenteuer Armenien. Von Seiltänzern, Geiern und kosmischer Strahlung"), documentaire allemand de Till Lehmann (2018). "À la découverte de l'Arménie via ses traditions et ses paysages."

"Située dans la région montagneuse du Caucase, l’Arménie est connue aussi bien pour la beauté de sa nature que pour son patrimoine culturel riche. Cette civilisation chrétienne a produit de magnifiques "khatchkars"– des stèles ornées de croix sculptées – dont Varazdat Hambardzumyan est l'un des artisans depuis plus de vingt-cinq ans.


Deux biologistes du Caucasus Wildlife Refuge – réserve naturelle de 5 000 hectares – étudient les animaux sauvages, tout en les protégeant des braconniers. Une famille de bergers vivant dans les hauts plateaux, des astrophysiciens travaillant à l’observatoire de Byurakan ainsi qu’un remarquable quintette vocal viennent compléter ce tableau haut en couleurs".

Haut-Karabakh/Artsakh
Diverses personnalités et l'Unesco ont alerté sur le patrimoine culturel et religieux arménien menacé après le conflit déclenché par l'Azerbaidjan au Haut-Karabakh ou Artsakh et auquel un cessez-le-feu a mis récemment fin.


Le 17 novembre 2019
A l'Espace Icare 
31, boulevard Gambetta. 92130 Issy-les-Moulineaux
Tel. 01 40 93 44 50

 "Voyage en Arménie" de Till Lehmann 
Allemagne, 2018, 45 minutes
Visuels :
Le monastère de Geghard. De nombreuses salles de prière et chapelles du site du patrimoine mondial de l'UNESCO ont été creusées dans la roche.
Hovsep Atinyan lors d'un spectacle de danse sur fil dans un festival de la bière à Erevan. Son numéro le plus compliqué : le vélo.
© Till Lehmann

Contacter l’agence SABERATOURS  en mentionnant le voyage de Sassoun
11, rue des Pyramides. 75001 Paris
Tél. : 01 42 96 13 08
Nombre de places limitées. Date limite d’inscription : 3 avril 2015

Visuels :
Maténadaran
© UNESCO

Monastère de Gherart et la Haute vallée de l’Azat
22/06/2011
© Ko Hon Chiu Vincent


Articles sur ce blog concernant :
Articles in English 
Cet article a été publié les 27 mars, 13 avril et 19 novembre 2015, puis les 23 août 2018 et 28 novembre 2019.