Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 31 janvier 2022

« Exterminez toutes ces brutes » de Raoul Peck

Arte diffusera le 1er février 2022 à 20 h 50 « Exterminez toutes ces brutes » (Rottet die Bestien aus!), série documentaire partiale, avec des scènes quasi-insoutenables, en quatre parties de Raoul Peck. « Dans une puissante méditation en images, Raoul Peck  montre comment, du génocide des Indiens d'Amérique à la Shoah, l'impérialisme, le colonialisme et le suprémacisme blanc constituent un impensé toujours agissant dans l'histoire de l'Occident. » Denoël publie le livre éponyme.

« Esclaves blancs - maîtres musulmans » par Lisbeth Jessen 
« Les routes de l'esclavage » par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant

« Comprendre la société dans laquelle nous vivons, c'est aussi se pencher sur ses tares. Pour mettre en mots l'indicible, en images l'inimaginable, ARTE propose cette semaine une sélection de trois récits documentaires », dont « Exterminez toutes ces brutes », série biaisée, "islamiquement et arabiquement correcte", imputant à l'Homme blanc culpabilisé les pires maux. 

Quid de la traite négrière intra-africaine ? Pourquoi n'y a-t-il pas des millions de descendants d'esclaves africains dans le monde Arabe ? Pourquoi ne pas mentionner que c'est l'Homme blanc occidental qui a aboli la traite d'êtres humains, l'esclavage, etc. ? 

Pourquoi occulter le colonialisme ou l'impérialisme islamique ? Pourquoi ne pas mentionner la participation de musulmans à la Shoah ? 

Raoul Peck veut réduire l'Histoire du monde pour qu'elle entre dans sa vision manichéenne et fausse du monde, et imposer son narratif culpabilisant le seul Occidental.

Pourquoi l'argent public finance-t-il cette série partiale ? 

« Dans une fresque documentaire en quatre volets, Raoul Peck (Je ne suis pas votre nègre) revisite l’histoire du suprémacisme blanc, en reconstituant la chaîne des grands massacres du XIXe siècle qui ont conduit aux génocides du XXe, de l’esclavage à la Shoah en passant par celui des Indiens d’Amérique. Une remise en cause radicale de la manière dont on écrit l’histoire. »

« Quels liens peut-on établir entre l'esclavage et le génocide des Indiens d'Amérique ? Le colonialisme et la Shoah ? À travers un voyage dans le temps, Raoul Peck propose une relecture de ces différents chapitres de l’histoire de l’Europe et des États-Unis à l’aune du suprémacisme blanc. »

« Avec ce voyage non chronologique dans le temps, raconté par sa propre voix, à laquelle il mêle celles des trois auteurs amis qui l'ont inspiré (l'Américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, le Suédois Sven Lindqvist et Michel-Rolph Trouillot, haïtien comme lui), Raoul Peck réexamine l'histoire de l'Occident à l'aune de l'impérialisme, du colonialisme et du suprémacisme blanc. » Comme si l'Occident n'avait pas créé des civilisations, n'avait pas été guidé par des principes, n'avait pas amélioré l'état sanitaire et économique de territoires conquis, etc. !

« Repoussant les frontières du film documentaire de création, tissant avec une grande liberté de bouleversantes archives photo et vidéo avec ses propres images familiales, des extraits de sa filmographie mais aussi des séquences de fiction (incarnées notamment par l’acteur américain Josh Hartnett de Pearl Harbor) ou encore d'animation, Raoul Peck (nominé aux Oscars pour Je ne suis pas votre nègre, récompensé par un César et un Bafta) met en scène une structure dramatique implacable, fait apparaître un fil rouge occulté de prédation, de massacre et de racisme dont il analyse la récurrence, l'opposant aux valeurs humanistes et démocratiques dont l'Europe et les États-Unis se réclament, tout en nous guidant, à l’aide d’une narration personnelle, visuelle et littéraire, à travers les heures les plus sombres de l’humanité ».

"Exterminez toutes ces brutes", phrase prononcée par un personnage du récit de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, et que Sven Lindqvist a choisie comme titre d'un essai, résume selon Raoul Peck ce qui relie dans un même mouvement historique l'esclavage, le génocide des Indiens d'Amérique, le colonialisme et la Shoah : déshumaniser l'autre pour le déposséder et l'anéantir. »

« De l'Europe à l’Amérique, de l'Asie à l’Afrique, du XVIe siècle aux tribuns xénophobes de notre présent, il déconstruit ainsi la fabrication et les silences d'une histoire écrite par les vainqueurs pour confronter chacun de nous aux impensés de sa propre vision du passé. »

« Une puissante méditation en images qui fait émerger en filigrane les impensés toujours agissants dans nos sociétés occidentales. »


"Civilisation, colonisation, extermination" : trois mots qui, selon Raoul Peck, "résument toute l'histoire de l'humanité". 

« Celui-ci revient sur l’origine coloniale des États-Unis d’Amérique pour montrer comment la notion inventée de race s'est institutionnalisée, puis incarnée dans la volonté nazie d'exterminer les Juifs d'Europe ».

« Le même esprit prédateur et meurtrier a présidé au pillage de ce que l'on nommera un temps "tiers-monde".

« En réexaminant l’histoire du "Nouveau Monde" et du génocide des Nations amérindiennes, ce deuxième épisode décrypte les dénis du mythe de la "terre vierge" figé par la culture populaire, qui va asseoir la domination de l'Europe et justifier la "traite" de millions d’Africains. »

« Ce troisième volet montre comment l’industrie de l’acier et la maîtrise de la technologie ont permis aux Occidentaux de mener des guerres de plus en plus lointaines et meurtrières pour créer un cycle sans fin, qui culmine avec le crime de masse impuni que constituent les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, et dont les États-Unis se sont affirmés comme les maîtres. »

« Dans cet ultime épisode, Raoul Peck médite sur la Shoah, tout en soulignant l’impossibilité pour les États-Unis de concilier leur véritable histoire avec leurs idéaux de liberté et de démocratie. »

« L’annihilation amérindienne ainsi que les héritages esclavagiste et colonialiste forment les fondations du racisme qui revit aujourd'hui dans le rejet des exilés et des déshérités. "Ce n'est pas le savoir qui nous manque", conclut-il. »


« Pour prolonger la réflexion de James Baldwin, qu'il a brillamment portée à l'écran avec Je ne suis pas votre nègre, Raoul Peck a voulu sonder l'héritage, conscient et inconscient, du suprémacisme blanc, et ses échos dans le présent. Propos recueillis par Laetitia Møller. »

Après votre film précédent, Je ne suis pas votre nègre, sur le racisme et la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, pourquoi cette nouvelle série documentaire
?
Raoul Peck : J’ai travaillé près de dix ans sur Je ne suis pas votre nègre avant de trouver le fond et la bonne forme. Ce processus achevé, il n’y avait selon moi rien à ajouter. Soutenu par la radicalité de la pensée de James Baldwin ce film n’impliquait pas de suite. J’ai voyagé dans le monde entier pour assurer sa promotion. 
Mais en rencontrant le public et des critiques de différents pays, j’ai été saisi par certaines réactions. Schématiquement, elles étaient de deux ordres : d’un côté, ceux qui avaient tout de suite compris que le sujet s’adressait également à eux, par exemple en Australie ou au Brésil, et de l’autre, ceux, notamment ici même, en France, qui estimaient que ce problème américain ne les concernait pas vraiment. La vigueur de ce déni m’a plongé dans une grande perplexité. Beaucoup de journalistes français commençaient par me dire : « C’est tout de même atroce, ce qui se passe aux États-Unis », signe, selon moi, qu’ils n’avaient rien compris. Évacuer le problème vers l’extérieur, c’est une façon, consciente ou inconsciente, de ne pas s’y confronter localement. 
Dans une société clairement inégalitaire, traversée de colères, et dont une partie de la population reste invisible, il ne suffit pas d’être contre le racisme, il faut activement lutter contre. 
Au cours de cette tournée, j’ai aussi pris conscience que James Baldwin, qui a vécu plus de vingt ans en France, qui parlait couramment français et connaissait toute l’élite intellectuelle, y a laissé peu de traces. Aucun de ses livres épuisés n’y avait été réédité pendant très longtemps. Aujourd’hui, grâce au film, tous ses éditeurs ont ressorti ses livres.

Est-ce la prise de conscience de ce déni qui a fait naître cette série documentaire ?
Mes films ont besoin de mûrir longtemps. Assez éprouvé par la promotion de Je ne suis pas votre nègre, j’ai eu besoin de réfléchir, d’échanger, de lire. Alors président de la chaîne américaine HBO, Richard Plepler, que je connais depuis plus de vingt-cinq ans (il était déjà là lorsque HBO a acheté Lumumba, puis lorsque j’ai fait Sometimes in April avec eux), m’a donné ce temps. Peu à peu, l’ambition du film s’est dessinée. Puisque James Baldwin ne suffisait pas, il fallait que je creuse plus profondément, que je remonte à la source du suprémacisme blanc. Quand cela a-t-il commencé structurellement ? Quelles en ont été les étapes ? Vivre entre plusieurs continents m’apporte un recul qui m’a permis d’explorer les angles contradictoires ou convergents de la question. Ce qui m’intéresse ce ne sont pas tant les catégories raciales que l’analyse des rapports de classe et de domination, la façon dont les pouvoirs se sont mis en place dans l’histoire du monde.

Comment déconstruire le récit dominant ?
Imposé par le vainqueur, le récit historique n’est absolument pas objectif, ou en tout cas, certainement pas complet. Sans l’opposer frontalement à celui du “perdant”, il est essentiel de questionner les sources, de connaître l’ensemble des angles et perspectives de l’histoire et de ne pas se limiter au seul point de vue dominant. J’ai eu la chance de grandir entre Haïti et les États-Unis, l’Afrique et l’Europe. 
À travers ce documentaire, je reviens en archéologue (ou psychanalyste ?) sur les traces de ce qui m’a construit. À l’école primaire, j’ai appris l’histoire d’Haïti, celle des rois et des reines, des premiers habitants Taino et Arawak avant même celle de la colonisation. Les jeunes Haïtiens connaissent l’histoire de leur terre, sa résistance aux colons espagnols, français et anglais, et comment elle s’est libérée de l’esclavage pour devenir indépendante dès 1804. Il faut un sentiment de supériorité extrême pour pouvoir déclarer, en débarquant avec un tondu et deux pelés : “Nous vous avons découverts. Cette terre est maintenant à nous”.

En quoi l’histoire d’Haïti est-elle fondatrice de votre pensée critique ?
Pendant mes études secondaires aux États-Unis, puis en Europe, j’ai compris que chacun interprétait l’histoire selon son propre récit national. En France, alors qu’il s’agit d’une étape charnière de l’histoire française, et même mondiale, l’indépendance d’Haïti − l’une des plus riches colonies de l’empire se libère de l’esclavage ! − est passée sous silence.
Non seulement elle n’est pas racontée, mais je me suis aussi rendu compte qu’elle était totalement ignorée, alors que la question même de l’esclavage a vivement été débattue durant la Révolution française. Cette prise de conscience de la vérité toute relative de ce qui est enseigné a développé chez moi une propension quasi organique à la suspicion et au questionnement.

Vous remettez radicalement en question le récit national des États-Unis...
Absolument, et cela est violent, tant le mythe du Nouveau Monde définit l’identité américaine. La genèse des États-Unis ne repose bien évidemment pas, comme l’affirme leur récit fondateur, sur la découverte d’une terre prétendument vierge par Christophe Colomb, mais sur l’un des plus grands génocides de l’humanité, à savoir l’éradication de près de 90 millions d’Indiens qui peuplaient ces territoires du Nord au Sud. Les chercheurs ont démontré que les colons n’auraient pas survécu plus de cinq mois dans cette nature sauvage. Pendant les premières années, les Indiens ont pris soin d’eux, jusqu’à ce que les colons deviennent plus violents et s’emparent de leurs terres. L’histoire des États-Unis est le résultat d’une colonie de peuplement, à l’instar de l’Afrique du Sud ou d’Israël*, ce qui remet bien entendu fondamentalement en question le récit national américain.

Sur quelles recherches vous êtes-vous appuyé ?
Exterminez toutes ces brutes !,
c’est d’abord le titre d’un ouvrage de l’écrivain et historien suédois Sven Lindqvist. En le découvrant, j’ai su très vite qu’il constituerait l’un des piliers du film. Le regard qu’il porte sur le monde n’est ni racialisé, ni eurocentré, mais critique et radical, et met l’humanité au centre, en parfaite adéquation avec ma démarche de cinéaste. Les ouvrages Silencing the Past de l’anthropologue haïtien Michel-Rolph Trouillot, sur la construction du récit historique, et An Indigenous Peoples’ History of the United States de l’historienne américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, sur l’histoire des Amérindiens, ont complété ce socle théorique et critique. Comme dans les précédents, je revendique dans ce film mon point de vue, ma subjectivité et ma liberté artistique, mais je reste solidement ancré dans ces travaux de recherche.

En parcourant près de sept cents ans d’histoire, quels mécanismes voulez-vous mettre en évidence ?
Je cherche à identifier les moments où les équilibres basculent. Dans les siècles qui ont précédé les croisades, les rapports de force n’étaient pas figés.
Un peuple réduit à l’esclavage pouvait redevenir conquérant par la suite : les esclaves devenaient maîtres, les maîtres, esclaves ; se convertir pouvait faire de vous à nouveau un citoyen de plein droit. Cette sorte de fluidité dans les mouvements de domination se fige quand la religion catholique se lie au pouvoir et qu’apparaît le concept de pureté du sang. 
Cette rupture marque le début d’une suprématie européenne qui s’appuie sur la justification pseudo-scientifique de la hiérarchisation des races, et dont les théories, à leur apogée au XIXe siècle, vont mener entre autres à la Shoah. C’est toujours le même mécanisme, qui consiste à déshumaniser l’autre pour en faire un non-être et le vouer à la destruction.

Pourquoi ce choix d’une narration non linéaire plutôt que chronologique ?
Pour déconstruire le récit historique, il me faut aussi déconstruire la forme et la structure. Mes films sont souvent construits ainsi, dans une sorte de mouvement de spirale.
Rompre avec le confort du cinéma dominant, notamment hollywoodien, me paraît nécessaire pour sortir de ce cadre idéologiquement rassurant qui progresse toujours vers une résolution en trois actes. 
Cela permet de traduire la complexité, la dialectique des positions, de bousculer le spectateur dans le cheminement de sa propre pensée et de l’amener à remettre en cause ce qu’il croyait admis. Il devient acteur, et non plus simplement consommateur du récit.

Archives familiales, séquences de fiction, illustrations animées : votre film mêle les formes pour raconter cette histoire mondiale...
J’ai toujours réalisé des fictions qui s’ancrent dans le réel et des documentaires dans lesquels intervient le récit fictionnel. Cela m’a donné une agilité pour passer de l’un à l’autre. Pour ce récit, la difficulté provenait du fait que la plupart des images ont été fabriquées par les Européens, le reste du monde n’ayant pas participé à la constitution des archives, ou ces rares sources ayant été détruites. Pour échapper à un récit eurocentré, il fallait donc élaborer autre chose, soit en mettant en scène différemment les images qui existaient, soit en en inventant de nouvelles. La fiction m’a permis de transmettre émotionnellement quelque chose d’indicible et de construire des représentations inédites, comme ces enfants blancs enchaînés qui projettent une image inconfortable et jamais vue à l’écran.

Quels sont les enjeux contemporains de cette déconstruction de l’histoire ?
Il me semble qu’il y a un enjeu de survie pour ce monde occidental qui agonise devant ces défis, et qui ne semble parfois pas à même de réagir autrement que par le déni ou la désignation de nouveaux coupables. 
Or il ne peut y avoir de paix durable qu’en acceptant qu’il n’y a en fait qu’une seule et même histoire des peuples. 
Le dialogue restera impossible tant que chacun inventera sa propre histoire de son côté, en s’y enfermant obstinément.
Il ne s’agit pas de donner des leçons, ni de condamner tel ou tel récit, mais de sortir de ce déni pour se confronter à la réalité. Pour agir, il faut d’abord reconnaître les faits. C’est le sens de mon cinéma, que j’ai toujours envisagé comme un instrument de discussion et de changement. 

*Voir le livre de Mahmood Mamdani, Neither Settler nor Native: The Making and
Unmaking of Permanent Minorities (Harvard Uiversity Press, 2020) »


« Exterminez toutes ces brutes » de Raoul Peck
France, Etats-Unis, 2021, 57 min x 4
Production : Velvet Film, Hbo, en association avec ARTE France 
Auteurs : Raoul Peck, Sven Lindqvist, Michel-Rolph Trouillot et Roxanne Dunbar-Ortiz
Meilleure série documentaire - AAFCA TV Honors 2021 African American Film Critics Association
Sur Arte 
1ère partie : 1er février 2022 à 20 h 50
2e partie  : 1er février 2022 à 21 h 50 et 24 février 2022 à 2 h 55
3e partie : 1er février 2022 à 22 h 50
4e partie : 1er février 2022 à 23 h 45 et 25 février 2022 à 2 h 50
Disponible du 25/01/2022 au 08/04/2022
Visuels 
Extrait du documentaire : le drapeau (Josh Harnett en soldat)
Narrative Shot by Velvet Film - The Flag
© Velvet Film

© Velvet Film

Sven Linqvist
© Archives personnelles de Sven

Un condamné à mort sur la chaise électrique à la prison de Sing Sing, New York, États-Unis
© adoc-photos

Le dernier combat d' Annie, extrait du documentaire
© Velvet Film

Indigènes de Cordova, Copper River, Alaska, photographie par Eric A Hegg, entre 1906 et 1915
Cordova natives and dogs, Copper River, Alaska, by Eric A Hegg, between ca 1906 and 1915 
© Library of Congress, Prints & Photographs Division

Dessin représentant un esclave
© Velvet Film

© Velvet Film

Malcolm X dénonçant le terme " nègre" lors d' un sermon au Temple 7 à Harlem, août 1963
© Richard Saunders / Getty Image

© Velvet Film

Exposition sur l' eugénisme et la santé, concours " Fitter Families " , Kansas Free Fair, vers 1925
Eugenic and Health Exhibit, Fitter Families Contest, Kansas Free Fair, ca 1925, 870.053
© Courtesy of American philosophical society

Long Feather, tribu des Dakota, et le Père Craft, 2, photographie par David Francis Barry, années 1880
© The Denver Public Library, Western History Collection.jpg

© Velvet Film

« Les colères de la Terre », par Sam Stourdzé


En 2003, la galerie 14-16 Verneuil  devenue galerie Léo Scheer a présenté l’exposition éponyme accompagnée d’un catalogue signé par Sam Stourdzé. « Sortie de son actualité, isolée de ses pages », la photographie de presse témoigne d’un regard engagé et esthétique. Article republié après le séisme en Italie. Arte diffusera le 3 février 2022 à 12 h 05 « Survivre aux catastrophes : les stratégies de la nature » (Naturkatastrophen: Wie Tiere und Pflanzen überleben) de Keebe Kennedy.


Consacré aux « colères de la terre », le livre « couvre - à partir des collections des agences Gamma, Keystone et Rapho du Groupe Hachette Filipacchi Photos - près d’un siècle d’histoire, un siècle d’innovations techniques qui ont marqué la photographie ».

Les 77 clichés, en noir et blanc ou en couleurs, de l’exposition étaient extraits des archives de trois agences de presse françaises, Gamma, Keystone et Rapho. 

Ils couvraient un siècle d’événements et constituent un hommage au photojournalisme qui a marqué les mémoires de nombre d’entre nous.

Quand la Nature se déchaîne
L’espace de la galerie a été consacré aux quatre éléments : l’eau, l’air, la terre et le feu. 

Ce qui apparaissait en filigrane, c’était bien sûr la force violente, implacable et destructrice, parfois inattendue, de la Nature.

Mais c’était aussi les dimensions humaines de ces colères d’un environnement. La solidarité débonnaire pendant une crue en Angleterre (1936) ou celle vitale pour sauver une ville du Tennessee (1937), la tristesse d’un clown entouré des restes du chapiteau du cirque Pinder détruit par une tornade (1999), les icônes d’un salon épargnés par les fissures d’un séisme au Mexique (Oliver Rebbot, 1973), la fascination pour l’éruption du volcan Irazu, en Amérique centrale (Michael Friedel, 1964), la lutte contre l’incendie (Jacques Windenberger, 1974) et les sacs destinés à circonscrire l’étendue d’une crue (Fritz Hofman, 1993).

« Survivre aux catastrophes : les stratégies de la nature »
Arte diffusera le 3 février 2022 à 12 h 05 « Survivre aux catastrophes : les stratégies de la nature » (Naturkatastrophen: Wie Tiere und Pflanzen überleben) de Keebe Kennedy.

« Au cours de millions d'années, face à des phénomènes géologiques majeurs et des conditions météorologiques extrêmes, de nombreuses espèces du vivant ont fait preuve d'impressionnantes capacités d’adaptation. Qu'en sera-t-il dans les décennies à venir, avec la multiplication des catastrophes climatiques ? »

Des catastrophes attribuées à un "dérèglement climatique" alors qu'elles sont induites par des actions humaines : bétonisation, destruction de haies pouvant fixer la terre en cas d'inondations, etc.

« Face à des catastrophes naturelles plus fréquentes et violentes, causées par le changement climatique, la faune et la flore tentent de s’adapter ». 

« Certaines espèces, comme les squales, capables de sentir le changement de pression atmosphérique annonçant l’arrivée d’un ouragan, s’éloignent du danger ». 

« D’autres apprennent à vivre avec, comme les courlis, qui utilisent la cendre chaude issue des volcans éruptifs de Papouasie-Nouvelle-Guinée pour couver leurs œufs ». 

« Des végétaux profitent même de ces phénomènes climatiques extrêmes pour se reproduire. Ainsi, sur l’île Kangourou, dans le sud de l’Australie, les incendies géants de 2019 et 2020 ont contribué à disperser les graines de certaines plantes en faisant éclater les gousses qui les contenaient. Un documentaire surprenant et inspirant sur le caractère résilient de la nature. » 



France, 2021, 43 min
Sur Arte le 3 février 2022 à 12 h 05
Disponible du 21/12/2021 au 27/03/2022

Sam Stourdzé, « Les Colères de la Terre  ». Ed. Léo Scheer, 2003. 112 pages. 15 €. ISBN : 914172-95-8

A lire sur ce blog :
Articles in English
Les citations sur le film sont d'Arte.
Cet article a été publié dans Actualité juive. Il a été publié sur ce blog le 16 mars 2015, puis le 2 septembre 2016.

vendredi 28 janvier 2022

Le Brexit

Entré en 1973 dans le Marché commun (CEE), le Royaume-Uni est sorti de l'Union européenne (UE) et de l'Euratom par le référendum britannique du 23 juin 2016. C'est le Brexit qui a révélé le profond attachement des Britanniques à la souveraineté nationale et aux libertés. Arte diffusera le 29 janvier 2022 « Le Royaume-Uni et le Brexit » (Rule, Britannia! Das gespaltene Königreich und der Brexit), documentaire partial en deux volets - « La grande puissance en mutation » (Weltmacht im Wandel) et « Le pays des contradictions » (Land der Gegensätze) - de Sebastian Bellwinkel.


Membre depuis 1973 du Marché commun (Communauté économique européenne, CEE), le Royaume-Uni est sorti de l'Union européenne (UE) et de l'Euratom 
par le référendum britannique du 23 juin 2016 (51,9% de suffrages favorables au Brexit), et conformément au traité de Lisbonne

Le Brexit a été mis en œuvre en 2000.

Les relations entre le Royaume-Uni et l'UE sont fixées par deux accords majeurs, dont un accord de commerce et de coopération.

Certains politiciens français prônent le Frexit, sortie de la France de l'UE.

« Brexit : histoire d'une désunion »

« Le 23 juin 2016, les Britanniques décidaient à 51,9% de ne plus lier leur sort à celui du continent... C'était la victoire du "leave" face au "remain", première étape du Brexit. Qui en a connu bien d'autres !... Avant d'aboutir à la sortie effective du Royaume-Uni, le 1er janvier 2021. Mais tout n'est pas réglé pour autant... » 

« A l'image du protocole nord-irlandais qui empoisonne encore les relations entre Londres et Bruxelles. Retrouvez dans ce dossier, reportages et analyses, pour revivre les temps forts du Brexit ».

« Le Royaume-Uni et le Brexit »
Arte diffusera le 29 janvier 2022 « Le Royaume-Uni et le Brexit » (Rule, Britannia! Das gespaltene Königreich und der Brexit), documentaire partial en deux volets - « La grande puissance en mutation » (Weltmacht im Wandel) et « Le pays des contradictions » (Land der Gegensätze) -, documentaire partial de Sebastian Bellwinkel.

« Pourquoi les Britanniques ont-ils décidé de quitter l’Europe ? En deux volets, un voyage dans la genèse du Brexit à travers des témoignages éclectiques. »

« À travers les témoignages de citoyens aux profils variés (cinéaste, ancien syndicaliste, chef d’entreprise, psychologue, humoriste...), Sebastian Bellwinkel (Policiers et citoyens, une relation sous tension) retrace le long processus – historique, économique, politique… – qui a conduit une majorité de Britanniques sur la voie du Brexit. » 

« Cette première partie aborde l’héritage colonial de l’empire – qui fit du petit État insulaire la première puissance mondiale au XIXe siècle – et le souvenir victorieux de la Seconde Guerre mondiale, deux éléments clés ayant nourri l’aspiration à l’indépendance nationale, l’euroscepticisme et le racisme d’une partie des Britanniques. » 
« Depuis le référendum de 2016, qui a scellé la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne au 31 décembre 2020, les menaces proférées à l’encontre des musulmans et les agressions contre les immigrés d’Europe de l’Est et les homosexuels ont bondi de 40 % dans le pays ». 
« Ravivé par le mouvement Black Lives Matter, né outre-Atlantique, le passé colonial de la Grande-Bretagne pèse de plus en plus sur les débats dans un pays fracturé entre europhiles et europhobes ». 
« Comment en est-on arrivé là ? De 1945 à aujourd’hui en passant par l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne en 1973, cette première partie aborde notamment l’héritage colonial de l’empire – qui fit du petit État insulaire la première puissance mondiale au XIXe siècle – et le souvenir victorieux de la Seconde Guerre mondiale, deux éléments clés ayant nourri l’aspiration à l’indépendance nationale, l’euroscepticisme et le racisme d’une partie des Britanniques ». 

« Second volet de ce voyage dans la genèse du Brexit : comment les politiques économiques menées depuis Thatcher ont-elles nourri la montée du discours eurosceptique au Royaume-Uni ? »
« Les années Thatcher semblent avoir été déterminantes. Alors que la politique de privatisations menée à marche forcée par la Dame de fer a fragilisé le tissu économique et ébranlé la classe ouvrière, la perte de souveraineté du royaume s’est imposée comme un lancinant leitmotiv. » 
« Après les espoirs déçus suscités par son successeur, le travailliste Tony Blair, la défiance vis-à-vis des institutions européennes n’a fait que croître au sein de la population. Pour un grand nombre de Britanniques, s’en émanciper est alors perçu comme la seule solution pour mettre un frein au déclin économique et géopolitique de leur pays. » 


« Le Royaume-Uni et le Brexit » de Sebastian Bellwinkel
Allemagne, 2020, 2 x 52 mn
Production : Vincent Productions, en association avec ZDF/ARTE 
Sur Arte 
1ère partie : le 29 janvier 2022 à 13 h 35
2e partie : le 29 janvier 2022 à 14 h 25
Sur arte.tv du 28/01/2022 au 28/04/2022

Mark Zuckerberg et Facebook

Mark Zuckerberg est un informaticien et mécène américain juif qui a co-fondé Facebook, un réseau social critiqué pour sa puissance, ses censures et son utilisation des données personnelles de ses inscrits. Arte diffusera le 30 janvier à 21 h « The Social Network » de David Fincher avec Jesse Eisenberg 


Né en 1984, Mark Zuckerberg est un informaticien américain juif talentueux qui a cofondé en 2004, chef d'entreprise et américain. Il est le cofondateur du site et réseau social Facebook en 2004. Actionnaire majoritaire de Facebook dont il est le président-directeur général (PDG), ce mécène détient une fortune évaluée à 74,1 milliards de dollars par le magazine Forbes qui le classe 8e fortune mondiale en 2019.

Facebook compte près de trois milliards d'Internautes inscrits. Il est critiqué pour son utilisation des données personnelles des Internautes, son rôle dans la diffusion de posts haineux, sa censure d'images ou de textes...

« The Social Network »
Arte diffusera le 30 janvier à 21 h « The Social Network » de David Fincher. 

« Pour se venger de sa petite amie qui l’a quitté, Mark Zuckerberg, brillant étudiant de Harvard, invente le premier réseau social de son campus, ancêtre de Facebook... Par David Fincher, l’ascension d’un antipathique "nerd" de génie, interprété avec brio par Jesse Eisenberg. »

« Harvard, automne 2003. Brillant étudiant en informatique, Mark Zuckerberg, 19 ans, vient de se faire plaquer par sa petite amie, Erica Albright ». 

« De retour dans sa chambre, il décide, pour se venger, de créer Facemash, un site web sur lequel ses condisciples masculins pourront élire la plus jolie fille du campus grâce aux photos "hackées" sur les différents trombinoscopes de l’université ». 

« Pour y parvenir, il demande à Eduardo Saverin, l’un de ses colocataires, de lui fournir l’algorithme utilisé pour le classement Elo servant à évaluer le niveau des joueurs d’échecs ». 

« À peine mis en ligne, le site fait tomber le réseau informatique du campus et Zuckerberg passe en conseil de discipline ». 

« Mais la popularité grandissante de Facemash intéresse les jumeaux Cameron et Tyler Winklevoss, membres de l’équipe olympique américaine d’aviron, et leur ami Divya Narendra… »

« Mules en plastique aux pieds et sweat à capuche sur les épaules, le juvénile Jesse Eisenberg campe Mark Zuckerberg, nerd surdoué devenu multimilliardaire, dans cette adaptation de La revanche d'un solitaire – La véritable histoire du fondateur de Facebook de Ben Mezrich, lui-même diplômé de Harvard en 1991 ». 

« Le post-ado éconduit, brillant programmeur doté d’un capital d’affects proche de zéro, va se révéler habile à écarter un à un tous ceux qui ont contribué à développer une idée, puis une entreprise dont il deviendra l’unique maître ». 

« Loin du portrait hagiographique de bâtisseur d’empire tel que l’Amérique aime à les célébrer, The Social Network dessine en filigrane le changement d’ère amorcé à l’orée des années 2000 par la montée en puissance du Web 2.0, qui voit l’intimité de chacun voler en éclats et les règlements de comptes personnels s'exhiber en ligne, tandis que les jeunes mâles des classes dominantes jouent sans tabou les prédateurs face à des bataillons de jolies filles. »

« De soirées animées en confrontations judiciaires, David Fincher (Zodiac, Fight Club…) retrace ainsi en flash-back la genèse d’une double ascension : celle d’un inventeur asocial et controversé, et celle de sa création, qui comptabilise aujourd’hui plus de 2,8 milliards d’utilisateurs – contre 500 millions en 2009, date à laquelle s’arrête le film. »

Meilleurs scénario adapté, montage et musique, Oscars 2011 – Meilleurs film dramatique, réalisateur, scénario et musique, Golden Globes 2011 – Meilleurs réalisateur, scénario et montage, Bafta Awards 2011 – Meilleur film étranger, César 2011



« The Social Network » de David Fincher 
Etats-Unis, 2010, 1 h 56
Auteur : Ben Mezrich
Scénario : Aaron Sorkin
Production : Scott Rudin Productions, Michael De Luca Productions, Trigger Street Productions
Producteurs : Scott Rudin, Dana Brunetti, Michael De Luca, Ceán Chaffin
Image : Jeff Cronenweth
Montage : Angus Wall, Kirk Baxter
Musique : Trent Reznor, Atticus Ross
Avec Jesse Eisenberg (Mark Zuckerberg), Andrew Garfield (Eduardo Saverin), Justin Timberlake (Sean Parker), Armie Hammer (Cameron Winklevoss / Tyler Winklevoss), Max Minghella (Divya Narendra), Josh Pence (Tyler Winklevoss), Rooney Mara (Erica Albright)
Sur Arte les 30 janvier 2022 à 21 h 00 et 18 février 2022 à 13 h 35