Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 30 octobre 2019

Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944


Le Mémorial de la Shoah présente l’exposition « Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944 » dotée d'un mini-site. Un panorama intéressant d’un marché de l’art particulièrement actif durant l’Occupation nazie (1940-1944) lors des spoliations d'oeuvres destinées généralement au futur musée d'Hitler à Linz et des collections de hiérarques nazis (Hermann Goering) ou de professionnels de ce marché, et de la politique originellement laxiste, puis tardive, parcellaire, onéreuse pour les ayants-droits, de restitution des œuvres volées à leurs propriétaires, généralement juifs. Des conférences et un catalogue passionnants accompagnent cette exposition. 

Rose Valland (1898-1980) 
Des galeries d’art sous l’Occupation, une histoire de l’histoire de l’art 
« Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944 »
« Main basse sur l’art. La méthode nazie » d’Oliver Halmburger et de Thomas Staehler 
« Francofonia, le Louvre sous l'Occupation » par Alexander Sokourov 

« Cette exposition est le résultat d’une longue enquête menée en Europe mais également aux États-Unis, et grâce à des archives jusque là inexploitées, le récit scénographique dresse un panorama précis du marché de l’art sous l’Occupation. À travers les nombreux documents se déploie une galerie éloquente de protagonistes, que ces derniers soient marchands, commissaires-priseurs, experts ou bien encore conservateurs de musées. Pour bien comprendre le rôle de chacun, on entre dans le lieu de leurs agissements : galeries d’art parisiennes, salles de ventes aux enchères à Paris mais également à Nice. C’est aussi l’occasion de rendre hommage au destin tragique de galeristes juifs victimes de « l’aryanisation » du monde de l’art et de souligner l’importance du pillage et de la spoliation artistique des familles juives. En présentant mes travaux de recherches au Mémorial de la Shoah, ceux-ci revêtent une charge symbolique forte, de même qu’ils démontrent la nécessité pressante de porter le sujet au grand public », a écrit Emmanuelle Polack, commissaire scientifique de l’exposition, docteure en Histoire de l’art, auteure de Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944 (Éditions Tallandier, 2019).

« Dès leur prise du pouvoir en 1933, les nazis jettent les bases de l’« aryanisation », leur politique de dépossession des entreprises appartenant aux Juifs, tant pour des raisons idéologiques qu’économiques. En France dès la promulgation du Statut des Juifs du 3 octobre 1940, certaines professions sont interdites à la population définie par ce texte de loi. »

« À compter de l’été 1941, sur l’ensemble du territoire français, les administrations françaises confisquent entreprises, biens immobiliers, financiers et œuvres d’art appartenant aux Juifs de France. Leurs comptes en banque sont bloqués tandis que les Juifs arrêtés voient leurs biens confisqués à l’entrée des camps d’internement français ».

« Dépouillés de leurs biens, victimes d’une double législation, nazie et du gouvernement de Vichy, les Juifs de France se voient exclus de tous les pans de la vie politique, sociale et économique, en préambule à leur élimination physique. Le pillage des biens et la spoliation ont contribué à fragiliser et à marginaliser les Juifs de France. Privés de ressources et des moyens qui leur auraient permis de fuir, des milliers de Juifs sont pris dans la nasse des arrestations, de l’internement, puis de la déportation ».

« Dans le même temps, pendant l’Occupation entre 1940 et 1944, le marché de l’art  est florissant en France. Une véritable « euphorie » touche tous les circuits traditionnels de transfert des œuvres d’art : ateliers, galeries et maisons de vente aux enchères publiques. Tous s’approvisionnent à Paris, où plus de deux millions d’objets transitent entre 1941 et 1942. Ces ventes, trafics et échanges d’objets réalisés parfois à des prix élevés ne sont pas sans conséquences sur la destinée des œuvres appartenant aux familles juives persécutées par la législation d’exception des ordonnances allemandes et des lois de Vichy. Les lois discriminatoires frappent également certains marchands juifs qui voient leurs commerces ou galeries « aryanisés ».

« Pour la première fois, une exposition dresse un panorama historique et artistique en interrogeant les dessous sombres du marché de l’art français. Sous le commissariat scientifique d’Emmanuelle Polack, et de Commissaire et coordinatrice en est Marie-Edith Agostini, Mémorial de la Shoah, l’exposition retrace le chaos inhérent à cette situation historique à nulle autre pareille dans l’Histoire française, le long d’un parcours incluant des exemples concrets, des documents historiques inédits et de véritables œuvres d’art spoliées puis rendues à leurs propriétaires à l’issue de longs combats juridiques ».

« Des tableaux de John Constable, de Thomas Couture ou encore de George Romney, témoins de leurs pérégrinations et présentés pour la première fois à Paris, clôturent le parcours. L’occasion pour les chercheurs de Provenance d’expliciter leur méthode et d’aider, autant que faire se peut, les familles désireuses d’obtenir des informations sur la disparition d’objets culturels sous l’Occupation ». Car les oeuvres d'art volées représentaient tous les styles : classicisme, impressionnisme, cubisme, etc.

Le parcours de l’exposition présente en introduction une brève histoire du goût et les principaux textes concernant la spoliation des Juifs en France [1940-1944] : mesures allemandes ainsi que les lois et décrets du gouvernement de Vichy. Cette partie aurait gagné à être plus développée. La première salle est consacrée à des galeries défendant l’art moderne sous l’Occupation : la galerie B. Weill, la galerie Pierre, la galerie Paul Rosenberg et René Gimpel, marchand d’art, de la place Vendôme au camp de Neuengamme (Allemagne). Puis le visiteur arrive dans une deuxième salle soulignant l’activité de l’Hôtel des Ventes aux enchères publiques de la rue Drouot. Un troisième espace va de la Libération à l’époque actuelle, des rares condamnations des acteurs de spoliations aux actions tardives contemporaines visant à restituer les œuvres volées. Enfin, un espace évoque l’atelier de la chercheuse Emmanuelle Pollack.

Dans la deuxième salle, trônent des vases en porcelaine, vraisemblablement pour signifier la variété des oeuvres d'art ayant transité par ce marché national aux ramifications en Suisse : l'exposition est centrée sur les tableaux volés durant l'Occupation.

On aurait aimé savoir la part des oeuvres d'art - peintures, sculptures, livres rares, meubles, etc. - volées dans le nombre et la valeur de l'ensemble des biens pillés durant l'Occupation en France, ainsi que la part des biens juifs spoliés dans celle de l'ensemble des biens spoliés. Un point de vue comparatif, même succinct, aurait été intéressant pour montrer les points communs entre d'une part la politique nazie et celle du régime de Vichy de spoliations d'oeuvres d'art en France, et d'autre part les actions menées par les Nazis dans les autres Etats européens occupés.

Les Éditions Tallandier ont publié le catalogue de l'exposition Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944 par Emmanuelle Polak et avec un index précieux. "Depuis des années, Emmanuelle Polack est à la recherche d’archives disséminées un peu partout, à l’appui desquelles elle met en scène, à Paris comme à Nice et à Genève, tous les protagonistes qui appartiennent à un même milieu : les marchands, les commissaires-priseurs, les antiquaires, les experts, les courtiers, les conservateurs de musée… Dans le contexte de ce marché de l’art formidablement prospère, elle décrit le rôle de chacun ainsi que la géographie de leurs actions, sur fond de pillage des collectionneurs juifs."

Autour de cette exposition didactique dotée d'un mini-site, ont été organisés des visites guidées et un cycle de rencontres et projections à l’Auditorium Edmond J. Safra :

- "Hitler Vs. Picasso et les autres"de Claudio Poli (Italie, documentaire, 94 min, 3 produzioni Nexo Digital, 2018, vostfr). "Au nom de l’art pur aryen, le régime nazi organisa deux expositions à Munich en 1937 : « l’art dégénéré » interdit, et « l’art classique » glorifié. Sous les ordres d’Hitler et de Goering commença alors le grand pillage des chefs-d’oeuvre de l’art. Commenté par l’acteur Toni Servillo (La Grande Belezza), Hitler vs Picasso est un documentaire fascinant. En présence de Pierre Assouline, auteur et journaliste et de Paul-Bernard Nouraud, historien de l’art.

- "L’espionne aux tableaux, Rose Valland face au pillage nazi" de Brigitte Chevet (France, Documentaire, 52 mn, Aber Images, France 3 Alpes et France 3, 2014, avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah).
"Assistante au musée du Jeu de Paume durant la guerre, Rose Valland a rassemblé les preuves des spoliations artistiques nazies au péril de sa vie. Puis, elle a sillonné l’Allemagne en ruine pour retrouver les oeuvres disparues. Des 100 000 oeuvres d’art expédiées en Allemagne, plus de la moitié reviendront en France grâce à son inlassable activité. Encore aujourd’hui, ses archives sont décisives pour les restitutions aux propriétaires. En présence de la réalisatrice, d’Olivier Cogne, directeur du Musée dauphinois et d’Emmanuelle Polack, historienne de l’art et commissaire de l’exposition. Animée par Johanna Linsler, documentaliste, centre de documentation du Mémorial de la Shoah".
- "La vie artistique sous l’Occupation : lecture, musique". "Qu’est-ce qu’être musicien pendant l’Occupation ? Comment la scène musicale a-t-elle réagi à l’exclusion de ses artistes juifs ? Que lisait-on ? Entre la censure mise en oeuvre par Vichy, et les interdictions et spoliations de l’Occupant, quelle fut l’attitude des éditeurs et des écrivains partagés entre collaboration, évitement ou résistance ?" En présence de Karine Le Bail auteure de La musique au pas (CNRS éditions, 2018) et de Jacques Cantier auteur de Lire sous l’occupation (CNRS éditions, 2018). Animée par Pascal Ory, historien et professeur, université Paris I.
- "La politique culturelle dans l’idéologie nazie".
 "En 1937, environ 16 000 oeuvres d’avant-garde sont retirées des musées nationaux allemands. Environ 650 d’entre elles sont rassemblées dans l’exposition Entartete Kunst ("Art dégénéré"), qui recevra près de trois millions de visiteurs. Pourquoi une telle importance de l’art dans l’idéologie nazie ? Quelles seront les conséquences de cette politique culturelle dans l’Europe occupée ? En présence d’Eric Michaud, historien de l’art, EHESS, Paris et de Johann Chapoutot, professeur d’histoire contemporaine à l’université Paris IV-Sorbonne. Animée par Perrine Kervran, productrice à France Culture.
- "Le régime de Vichy face à la spoliation et au pillage". "Durant la 2e Guerre mondiale, les lois anti juives du régime de Vichy ordonnent la spoliation et la récupération des biens appartenant aux Juifs: qu’en est-il pour les marchands et collectionneurs d’œuvres d’art ? De quelle manière la législation en place a-t-elle permis le pillage ? Quelle différence entre spoliation et pillage ?" En présence de Tal Bruttmann, historien, de Sarah Gensburger, sociologue, chargée de recherches au CNRS, et de Corine Bouchoux, docteure en histoire et enseignante en lycée. Animée par Laurent Douzou, Professeur d’histoire contemporaine, Sciences-Po Lyon.
- "Le pillage et la spoliation artistiques en Europe". "Le pillage des oeuvres d’art par les nazis a touché les pays européens qui furent sous leur domination pendant la Seconde Guerre mondiale. Dix ans après la déclaration de Terezin et vingt ans après la déclaration des principes de la conférence de Washington sur la restitution des oeuvres d’art confisquées par les nazis, où en est la politique de restitutions dans les pays signataires ?" En présence de Christian Fuhrmeister, historien de l’art, ZI, Munich, Allemagne, Sophie Lillie, historienne de l’art, Autriche, d’Ines Rotermund-Reynard, historienne de l'art, INHA, France, et de Geert Sels, journaliste, rédacteur culture De Standaard, Belgique. Animée par Christine Lecerf, productrice à France Culture.
- "Les maisons de ventes aux enchères sous l’Occupation". "L’euphorie du marché de l’art sous l’Occupation concerne les circuits traditionnels de la vente des oeuvres d’art, galeries, et maisons de ventes aux enchères publiques. Des commissaires-priseurs, des marchands, des intermédiaires, des amateurs et des collectionneurs garantissent le prix et le transfert de propriété des oeuvres d’art et participent, peu ou prou, de la surchauffe du marché de l’art." En présence de Monica Dugot, directrice internationale de la restitution chez Christie’s, d’Alexandre Giquello, commissaire-priseur et président du conseil de surveillance de l’hôtel Drouot, Anne Heilbronn, vice-présidente de Sotheby’s France, et d’Emmanuelle Polack, historienne de l’art, commissaire de l’exposition. Animée par Claire Bommelaer, grand reporter culture au Figaro.
- "Bibliothèques et archives spoliées". "À l’instar des oeuvres d’art, bibliothèques et archives furent la cible de spoliations de la part du régime nazi : les archives des ministères français – Armée, Affaires étrangères, Finances, Intérieur, etc. – à des fins stratégiques ou de propagande, les collections des ennemis du Reich, Juifs et francs-maçons, dépouillées de livres rares et de valeur. À l’issue de la guerre, on estime que, sur le territoire, restaient encore plus de 1,6 million de livres spoliés, sans compter ceux qui partirent hors des frontières. Des travaux d’ampleur sont menés depuis des années par les historiens et journalistes présents à cette rencontre afin d’en reconstituer l’histoire et d’en retrouver les traces. En présence de Sophie Coeuré, professeure d’histoire contemporaine à l’université de Paris Diderot, d’Eve Netchine, conservatrice générale et directrice du département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France et de Martine Poulain, conservatrice générale honoraire des bibliothèques, sociologue. Animée par Virginie Bloch-Lainé, journaliste à Libération.

Espérons que les teneurs de ces conférences seront publiées.

Une exposition et un catalogue à étudier à la lumière de l'actualité - procès aux verdicts variés pour restitution d'oeuvres d'art volées sous l'Occupation - et l'exposition "La Collection Emil Bührle. Manet, Degas, Renoir, Monet, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Modigliani, Picasso". Emmanuelle Polack a déploré que cette "exposition n'insiste pas sur le fait que ce dernier a acquis des œuvres spoliées aux juifs pendant la Seconde guerre mondiale. Pendant la guerre, et comme l'a soulevé Le Journal du dimanche, ce dernier a acquis des œuvres spoliées aux juifs. Emmanuelle Polack estime que l’absence de ce cadre tragique dans l’exposition est un manque de respect aux familles dépouillées. Emil Bürhle (1890-1956)  était un Allemand nationalisé suisse en 1937 alors qu’il était marchand d’armes et collectionneur d’art".

Des galeries défendant l’art moderne sous l’Occupation
« Les galeries d’art tendent toutes vers des objectifs communs : faire connaître les artistes au public, révéler leur don aux critiques et commercialiser leurs productions pour en tirer un bénéfice financier. En échange, elles prennent en charge le confort matériel de leurs protégés. Avant la guerre, Paris tient assurément la première place du marché de l’art international, où les grandes galeries d’art moderne sont installées principalement sur la rive droite de la Seine. Sous l’Occupation, certains marchands, stigmatisés comme étant de « race juive », ont été touchés de plein fouet par les lois d’exception, qu’elles soient d’origine allemande ou qu’elles émanent de l’antisémitisme du gouvernement de Vichy. Seule une mise en évidence des parcours de certains marchands d’art permet de s’en rendre compte. »

Ces galeries sont localisées sur une immense carte de Paris que, malheureusement, le mini-site et le dossier de presse de l'exposition ne reproduisent pas. Les catalogues d'expositions publiés par des galeristes juifs sont exposés.

- La galerie B. Weill
« Berthe Weill (1865-1951) est l’une des premières femmes marchandes de tableaux, métier qu’elle exerce pendant quarante ans. Elle inaugure la galerie B. Weill en 1901, au 25, rue Victor Massé (Paris, IXe arrondissement), en s’imposant d’emblée comme la principale découvreuse des talents émergents. »
« Berthe Weill, d’origine juive, est ciblée par les attaques de la presse antisémite. Un long article publié par Le Cahier jaune, en janvier 1943, souligne chez elle « le manque complet de sens esthétique de la race juive ». Pour échapper au joug d’un administrateur aryen, elle place l’une de ses amies à la tête de sa galerie, qui reste ouverte jusqu’en 1941. Vivant misérablement dans son appartement, elle semble ne pas avoir quitté Paris pendant l’Occupation. »
« En 1946, les anciens protégés de la « petite mère Weill », comme l’avait surnommée Raoul Dufy, se réunissent pour organiser une vente aux enchères. Chacun fait don d’une œuvre et l’ensemble de la recette lui est versé en reconnaissance du soutien désintéressé qu’elle leur avait témoigné dès la première heure. »
- La galerie Pierre
« Le 17 octobre 1924, Pierre Loeb (1897 - 1964) ouvre la galerie Pierre au 13 rue Bonaparte, Paris 6°, transférée en 1927 au 2 rue des Beaux-arts ».
« Le 15 mai 1941, Pierre Loeb, commerçant juif, est « invité » par Serge Roche, administrateur gérant, à céder sa galerie à un marchand de tableaux aryen. Il tente de prendre de vitesse l’administrateur et s’entend avec son confrère Georges Aubry pour arranger l’aryanisation de son propre fait. »
« Pour mettre les siens à l’abri des dangers de l’Occupation, Pierre Loeb décide de quitter la France. »
« À son retour dans un Paris libéré, Pierre Loeb revendique la propriété de sa galerie ».
« Georges Aubry est réticent à honorer le contrat moral qui stipule la restitution, à l’issue de la guerre, de la galerie Pierre à son ancien propriétaire. Pierre retrouve ensuite son ami Picasso qui l’accueille à bras ouverts. Apprenant les réticences d’Aubry. »
« Picasso l’appelle immédiatement et lui intime : « Pierre est revenu, il reprend sa galerie ». Aubry s’incline ; en 1945 aucun galeriste de la place de Paris n’osait s’opposer au « maître des Modernes ».
- La galerie Paul Rosenberg
« Paul Rosenberg (1881-1959) est, à partir de 1908, l’un des principaux marchands de l’avant-garde en France. Sa galerie du 21, rue La Boétie (Paris, VIIIe arrondissement) sert d’écrin aux peintres cubistes sans renier toutefois les maîtres classiques. »
« Le 17 juin 1940, le jour même où le maréchal Pétain demande à l’Allemagne les conditions de l’armistice, Paul Rosenberg quitte précipitamment la France avec les siens, après avoir déposé 162 tableaux dans un coffre d’une banque à Libourne. Le coffre est forcé le 28 avril 1941 par les autorités occupantes. Le 6 mai 1941, le directeur de l’École des beaux-arts de Bordeaux en dresse l’inventaire. La majeure partie des oeuvres spoliées du coffre est transportée au musée du Jeu de Paume à Paris ».
« Réfugié aux États-Unis, Paul Rosenberg poursuit son activité de marchand de tableaux sur la 57e Rue à New York. Dès la Libération de Paris, aidé de son fils Alexandre (1921-1987), il part sur les traces des oeuvres spoliées de sa collection. Il décède le 29 juin 1959 sans avoir recouvré l’intégralité des oeuvres disparues. Aujourd’hui encore, une cinquantaine d’objets d’art de la collection de Paul Rosenberg est en déshérence. »
- René Gimpel, marchand d’art, de la place Vendôme au camp de Neuengamme (Allemagne)
« René Gimpel (1881-1945), Juif originaire d’Alsace, ayant fait le choix de la France en 1914, est un marchand international qui se définit, avant tout, comme collectionneur d’art puis comme négociant de tableaux et d’objets d’art. Déployant son activité à Paris, Londres et New York, il est un des grands marchands des impressionnistes ».
« Déjà touché par l’onde de choc de la Grande Crise qui parvient en France dans les années 1930, il est conforté par la tournure des événements internationaux dans sa décision de fermer en 1939 sa galerie située place Vendôme ».
« René Gimpel et les siens quittent Paris le 12 juillet 1940. Le 28 janvier 1942, le domicile des Gimpel, situé 6, place du Palais-Bourbon à Paris, est réquisitionné par la mission consulaire de l’ambassade d’Allemagne. La même année, leurs locaux du boulevard Garibaldi font l’objet d’une visite, au cours de laquelle un détachement de la Kriegsmarine enlève d’autorité « un lot de 81 caisses contenant divers objets, tableaux, meubles, sculptures, etc. appartenant à Monsieur René Gimpel, qui devaient être dirigées sur Monte-Carlo ».
« René Gimpel est arrêté le 28 septembre 1942 par la gendarmerie à Charolles (Saône-et-Loire) et interné au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn). Libéré en janvier 1943, il est de nouveau incarcéré en mai 1944, suite à la dénonciation de son confrère Jean-François Lefranc. Déporté le 2 juillet 1944 vers le camp de Neuengamme dans le nord de l’Allemagne, René Gimpel y meurt le 3 janvier 1945 ».

« L’Hôtel des Ventes aux enchères publiques de la rue Drouot
L’hôtel des ventes aux enchères publiques de la rue Drouot (XIe arrondissement) est le haut lieu parisien des ventes mobilières ».

« Les commissaires-priseurs ont de belles ventes d’objets d’art sous leur maillet. La surchauffe observée à cette occasion est aussi le reflet d’un afflux des marchandises, dont certaines sont issues des spoliations artistiques des familles juives. Le règlement de l’hôtel Drouot s’attache le plus possible à suivre les directives de la préfecture de police. En ce sens, le commissariat général aux questions juives interdit aux Juifs l’accès aux salles de vente. Dès la matinée du 17 juillet 1941, des affiches portant la décision d’exclusion sont apposées sur les murs. Pour l’occasion, une seule entrée sur trois reste ouverte et le service d’ordre habituel est renforcé, chaque arrivant étant prié de montrer sa carte d’identité. Parmi la clientèle de la salle des ventes, il se trouve de fins observateurs pour dénoncer la présence d’« éléments juifs ».

- Le pendant du marché de l’art sur la French Riviera (zone libre)
« L’aryanisation des biens juifs, décrétée dès l’automne 1940 en zone occupée, s’étend également en zone libre. Partant de ce constat, les circonstances des ventes aux enchères publiques réalisées sous l’administration de Vichy sur la Côte d’Azur, à Nice tout particulièrement, permettent d’observer les ramifications d’un marché organisé ».

« La vente aux enchères du « Cabinet d’un amateur parisien », qui se tient dans le hall du Savoy-Palace à Nice, du 24 au 27 juin 1942, renvoie à la dispersion de la collection d’art d’Armand Isaac Dorville (1875-1941), petit-fils du fondateur de l’oeuvre philanthropique La Bienfaisance israélite, avocat au barreau de Paris et généreux donateur du musée des Arts décoratifs, du musée Carnavalet et du musée du Louvre. À l’été 1941, traqué par les ordonnances allemandes et les lois de Vichy, Armand Dorville se réfugie dans sa propriété de Cubjac en Dordogne, où il décède le 28 juillet 1941. Sans lignée directe, Armand Dorville a pour héritiers son frère, ses sœurs et nièces. Ceux-ci ne peuvent entrer en possession de la succession, tous persécutés par les législations antisémites. L’héritage et les biens dévolus sont mis sous administration provisoire. Un administrateur désigné par le commissariat général aux questions juives se charge d’obtenir le règlement de la succession en général, et de la collection d’art en particulier. Le produit de la vente est remis à l’administrateur provisoire. L’instrument de Vichy au service de la « déjudaïsation » de la France peut ainsi s’emparer des liquidités générées par la vente de la collection Dorville ».

Le marché de l'art suisse a profité lui aussi de ces spoliations d'oeuvres d'art.

Conclusion
« Dans l’immédiat après-guerre, les protagonistes français du marché de l’art, dont les pratiques suspectes ont fait florès pendant les années sombres, sont peu ou pas inquiétés ».

« Seule une poignée d’entre eux ont à répondre de leurs méfaits et des profits exceptionnels tirés des opérations réalisées avec l’ennemi. Cherchant à se disculper, certains professionnels du marché de l’art n’hésitent pas à adopter des prises de position diamétralement inverses de celles qui ont été les leurs lors de la guerre. Ainsi, plusieurs commissaires-priseurs organisent des ventes aux enchères, sous le haut patronage de personnalités de la Résistance, au profit des enfants évacués des Alpes-Maritimes, des FFI et de leurs familles, des maisons d’accueil des prisonniers et déportés rapatriés, ou bien encore au bénéfice des enfants sinistrés de Londres ».

« L’histoire du marché de l’art sous l’Occupation a longtemps été frappée d’une forme d’amnésie, elle croise pourtant l’histoire des pillages, des aryanisations et des spoliations perpétrés par les nazis sur le patrimoine artistique des familles juives de France. À l’occasion de la commémoration de la rafle du Vél’d’Hiv le 22 juillet 2018, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé l’engagement de l’État en faveur des victimes de spoliations antisémites. Un renforcement des services dédiés à la restitution des biens culturels spoliés pendant l’Occupation devrait ainsi intervenir auprès du ministre de la Culture et de la Commission d’indemnisation des victimes de spoliations antisémites ».

Workshop
« L’atelier du chercheur de provenance : sessions d’informations avec Emmanuelle Polack sur rendez-vous » 
« Les recherches de provenance sont indissociables de la discipline de l’histoire de l’art. En ce sens, il s’agit pour l’historien de l’art de retracer scientifiquement la chaîne de transmission des propriétaires successifs d’une œuvre d’art depuis sa réalisation jusqu’à sa localisation actuelle. Pour retracer ce parcours, l’expert dispose des catalogues raisonnés des artistes, des catalogues de ventes aux enchères, des archives des galeries, des archives publiques (commissaires-priseurs, musées), de diverses bases de données, etc. »

« La problématique de l’art spolié est devenue, depuis le milieu des années 1990, l’enjeu central des recherches de provenance ».

« Les acquisitions réalisées sur le marché de l’art depuis 1933 en Allemagne nazie et dans les pays annexés ou occupés doivent présenter une provenance claire ».

« En décembre 1998, quarante-quatre États, dont la France, se retrouvent à Washington autour d’une déclaration qui détermine les règles de restitution des biens culturels volés par les nazis ».

« L’adoption des Principes de la Conférence de Washington préconise une participation active des États et une vigilance renforcée quant à l’identification des œuvres spoliées par les nazis principalement aux familles juives ».

Emmanuelle Polack y proposa "des sessions d’informations. Ces rendez-vous permettront aux familles ayant réclamé des oeuvres ou ayant été victimes de pillages et spoliations pendant la guerre de venir recueillir des informations auprès de la spécialiste".

Dans cette salle, sont montrés des tableaux volés à des particuliers juifs français et restituées récemment à leurs ayants-droit.

Trois questions à Emmanuelle Polack

« Avez-vous une idée du nombre d’œuvres spoliées aux familles juives et transférées en Allemagne entre 1940 et 1944 ?
Emmanuelle Polack : Au total, sur 100 000 œuvres et objets d’art transférés depuis la France en Allemagne pendant les années d’Occupation, 60 000 ont été récupérés dès l’immédiat après-guerre. Parmi eux, 45 000 ont été restitués, entre 1945 et 1950, à leurs propriétaires ou ayants droit ; 13 000 objets d’art ont été vendus par les Domaines soit le ministère des Finances ; 2 000 œuvres Musées Nationaux Récupération (MNR) ont été confiées à la garde des Musées de France. Par décret en date du 30 septembre 1949, ses oeuvres ne sont pas inscrites dans les inventaires des Musées nationaux, elles n’appartiennent pas à l’État, il en est seulement le détenteur provisoire.

Certaines familles juives sont-elles encore aujourd’hui à la recherche d’oeuvres qui leurs ont été spoliées pendant la guerre ? Le cas échéant, quels sont leurs recours ?
L’absence de base de données, en France, référençant précisément les objets culturels spoliés aux familles juives m’amène à vous répondre par l’affirmative. Oui, aujourd’hui encore, des familles recherchent activement leur bibliothèque, leur collection d’art ou bien encore leurs instruments de musique. 
Pour tenter de recouvrir leurs biens en déshérence, les familles peuvent se faire aider dans l’espace privé par des cabinets d’avocats et des études de généalogistes.
Dans l’espace public, la création d’une structure publique a été exprimée lors du discours d’Edouard Philippe, Premier ministre, le 22 juillet 2018 à l’occasion de la commémoration du Vél’ d’Hiv’. Inscrit dans la droite ligne de la Commission Mattéoli, l’exposé du chef du gouvernement annonçait un renforcement des services dédiés à la restitution aux familles juives des biens culturels spoliés pendant l’Occupation auprès du ministère de la Culture.

Quel est, selon vous, le sens, 75 ans après les faits des restitutions de biens juifs spoliés lors de la Seconde Guerre mondiale ?
La restitution des biens juifs s’entend au sein d’une mission qui, loin de s’attacher à diverses opérations comptables où la valeur numéraire d’une oeuvre serait questionnée, se donnerait tous les moyens nécessaires à l’établissement de l’origine de la propriété d’une oeuvre ou d’un objet culturel. Et ce afin de réparer un vol légalisé par l’aryanisation économique, qu’il soit issu des ordonnances de l’autorité occupante ou bien des lois de Vichy. L’action de restituer doit être entendue alors comme une volonté d’apporter compréhension et empathie aux familles des victimes de persécutions raciales. C’est seulement en sous-tendant une reconnaissance certaine des exactions perpétrées lors de la Seconde Guerre mondiale que la restitution peut apparaître véritablement réparatrice. C’est seulement si cet esprit de justice et d’humanité prévaut dans la cohérence de ce travail de mémoire que l’expérience de la restitution des biens appartenant aux familles juives peut tendre vers l’universalité. Il nous faut trouver une solution juste et équitable comme préconisée par les accords de Washington de 1998 dont nous fêtons cette année les 20 ans ». 


Emmanuelle Polak, Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944. Éditions Tallandier, 2019. 336 pages, 22,50 €. ISBN : 9791021020894

Du 20 mars au 3 novembre 2019
17, rue Geoffroy–l’Asnier - Paris 4e
Tél. : 01 42 77 44 72
Ouverture de 10 h à 18 h tous les jours, sauf le samedi. Nocturne jusqu’à 22h le jeudi.
Visuels :
Affiche
Vente aux enchères à la galerie Charpentier. Paris, juin 1944. Crédit : © LAPI/Roger-Viollet

Ventes à l’Hôtel Drouot, 1942
© Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN – Grand Palais / Noël Le Boyer

Adolf Hitler et André François-Poncet, homme politique et diplomate français, lors d'une exposition d'art français. Berlin, Parizer Platz, 1937. Photographie de Heinrich Hoffmann publiée dans le journal "B.Z.".
© Ullsteinbild/Roger-Viollet

Vente aux enchères. Paris, galerie Charpentier, juin 1944.
©Lapi/Roger-Viollet.

Ventes à l’Hôtel Drouot, 1942
© Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN – Grand Palais / Noël Le Boyer

Ventes à l’Hôtel Drouot, 1942
© Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN – Grand Palais / Noël Le Boyer

La salle des antiquités orientales du musée du Louvre sert d’espace de stockage aux œuvres d’art spoliées. France, 1943-1944.
© Mémorial de la Shoah / Coll. Bundesarchiv.

Vente aux enchères. Paris, galerie Charpentier, juin 1944.
©Lapi/Roger-Viollet.

Livres spoliés entreposés à l'Offenbach Archival Depot. Allemagne, après juillet 1945. © Mémorial de la Shoah

Ventes à l’Hôtel Drouot, 1942
© Ministère de la Culture – Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN – Grand Palais / Noël Le Boyer

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Les citations proviennent du dossier de presse.

Anna Stein : peintures & sculptures


Anna Stein est une peintre, sculptrice et vitrailliste d'origine hongroise. Vivant à Paris, cette artiste primée crée des œuvres lyriques, souvent lumineuses, figuratives, ou à la limite de l’abstraction, et illustre le mouvement, l'élan, le groupe, la rencontre et l'Eden ainsi que l’élévation. Le Musée d'art et d'histoire de Meudon présente l'exposition "Regards croisés, Andras Beck / Anna Stein". 
  

« Comme toute œuvre, la peinture d’Anna Stein comporte des racines du passé et la redécouverte des régions et des temps lointains. Ces bribes du subconscient sont en lutte avec l’à peine consciente… Chaque toile est un corps à corps, en même temps qu’un plongeon dans l’inconnu. Mais aussi chaque toile s’ouvre sur un jamais vu, jamais pressentit, jamais ressentie », a déclaré en 1978 le photographe Lucien Hervé  originaire, comme Anna Stein de Hongrie.

Anna Stein est née dans une famille Juive à Budapest en 1936.

 Elle survit à la Shoah et se forme à l’Ecole des Beaux-arts de Budapest (1954-1956), puis à celle de Paris (1957-1962).

A Paris, elle est l’élève des peintres figuratifs Jean Souverbie (1891-1981) et Jean Aujame (1905-1965), section fresque.

Cette artiste primée a exposé en Europe, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud.

Ses thèmes : le groupe décliné en couple, l’Eden, l’être humain, son unité et ses dédoublements, la rencontre, les divinités antiques (« Aphrodite »).

C’est une œuvre en mouvement, et du mouvement. Une peinture de l’action et de la pensée, de la réflexion mystérieuse. Et du déséquilibre moteur.

Anna Stein souligne l’élan vital, ce qui nous motive, ce qui nous fait avancer quasi-instinctivement, ce qui nous élève.

Elle affectionne les couleurs lumineuses, les harmonies chromatiques.

« L’univers plastique d’Anna Stein est celui de la métamorphose. Celle de l’histoire, induite par le mythe, et celle de la matière à travers laquelle s’exprime le récit. Il en naît un langage lyrique personnel. Il exorcise son passé mêlé des empreintes des grands modèles du baroque perméable à ses fantasmes et à un imaginaire prêt à réinventer une syntaxe des formes et des couleurs dans un nouvel espace. Monumentalité, équilibre et harmonie sont ses expressions prioritaires… Les architectures se transforment en personnages, le paysage devient anthropomorphe et décline un monde dans lequel la couleur donne vie aux corps en mutation, aspirés par un élan ou chutant dans des mouvements de draperies aux envolées tourbillonnantes qui fragmentent la surface en zones d’ombre et de lumière », analyse Lydia Harambourg, membre correspondant de l’Académie des Beaux-arts.

En 2014, la Galerie Couteron  a présenté l’exposition  de peintures et sculptures d’Anna Stein.

"Regards croisés, Andras Beck / Anna Stein"
Le Musée d'art et d'histoire de Meudon présente l'exposition "Regards croisés, Andras Beck / Anna Stein". Deux artistes d'origine hongroise, marqués par "les événements du XXe siècle" et dont la majorité de la carrière s'est déroulée en France. L'exposition présente soixante peintures, sculptures et bijoux réalisés par Anna Stein depuis les années 1960. Les oeuvres exposées par Anna Stein peuvent être acquises auprès de l'artiste qui "réalise des séries aux teintes subtiles et aux formes flottantes, mais structurées autour de "vies intérieures", des "intérieurs" de machines qui deviennent au fil du temps des corps et organes humains".

"Née en 1936, Anna Stein débute sa carrière en Hongrie avant de rejoindre la France en 1957. Peintre et sculptrice, son œuvre foisonnante, son approche sensible de la matière, s’étend sur près de 60 ans de création artistique. Son œuvre est ouverte sur l'histoire et la poésie, sur le mythe, le récit et l'émotion, sur le mémoire et l'instinct. Aussi reconnaît-elle que l'histoire de la peinture se confond, avec sa propre histoire, de laquelle ne pouvait éclore qu'une œuvre unique, marquée des fortes empreintes du passé. Le mystère, la joie, le drame, l'attente, l'espoir et la matière picturale sont consubstantiels. (Lydia HARAMBOURG – 1999)"

"Andras Beck (1911 – 1985) est un sculpteur d’origine hongroise qui a rejoint la France en 1956. Artiste engagé, ses sculptures, figuratives ou abstraites, témoignent de l’attention passionnée qu’il portait à ses contemporains, partageant leurs peines et leurs joies, leur désespoir et leurs attentes. Un nombre très important de ses œuvres a été donné au Musée d’art et d’histoire de Meudon en 1993 par sa veuve. Parmi ce fonds de plus de 200 sculptures et 400 dessins, nous vous présentons une sélection s’intégrant parfaitement avec les collections permanentes de l’art du XXe siècle du musée."


Du 21 septembre au 20 décembre 2019
Au Musée d'art et d'histoire de Meudon
11, rue des Pierres. 92190 Meudon
Tél. : 01 46 23 87 13
Du mardi au dimanche de 14 h à 18 h. Fermé : les lundis, les jours fériés

Du 30 septembre au 8 novembre 2014
16, rue Guénégaud - 75006 Paris
Tél : +33 (0) 143 256 249
Du mardi au samedi de 14 h à 19 h et sur rendez-vous au : +33 (0) 661 866 114
Rencontres avec l’artiste les 14 octobre à partir de 18 heures et 6 novembre à partir de 18 heures
Vernissage le 2 octobre 2014 à partir de 18 heures

Visuels :
Carton d'invitation
Hommage à Mallarmé - bronze - 43 x 16 x 8 cm - xxxx
Flamboyante - huile sur toile - 61 x 50 cm - 2011

Aphrodite
bronze
60 x 31 x 20 cm - 2004

Histoire d’une famille
Huile sur toile
116 x 89 cm - 2009

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Cet article a été publié le 30 septembre 2014, puis le 11 octobre 2015 sur ce blog.

mardi 29 octobre 2019

La Turquie d'Erdogan sur Arte


Né en 1954 à Beyoğlu (Turquie)Recep Tayyip Erdoğan a co-fondé le Parti de la justice et du développement. Ancien maire d'Istanbul (1994-1998), député à la Grande Assemblée nationale de Turquie (2003-2014), Premier ministre (2003-2014) et Président de la République de Turquie depuis 2014, ce politicien islamiste mène une politique liberticide, contrôle les minorités turques en Europe, s'impose sur la scène moyen-orientale en soutenant des mouvements terroristes, les "Palestiniens" et manifestant une hostilité à l'Etat d'Israël et, via les "migrants" sur son territoire exerce un chantage sur les Etats de l'Union européenne. Le 29 octobre 2019, Arte consacrera sa soirée à des documentaires sur la Turquie d'Erdogan, notamment "Turquie, nation impossible" par Nicolas Glimois.
Soirée Erdogan sur Arte 
« 24 septembre 622 : l'an 1 de l'islam » par Denis van Waerebeke 
Vers un « vote halal » en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et en Israël ? 
« Humoristes et musulmans » de Frank Eggers  
« Des humanitaires sur le chemin d’Allah » par Claire Billet, Constance de Bonnaventure et Olivier Jobard 
« Nouvelle génération, la bande dessinée arabe aujourd’hui » 
« Riad Sattouf. L’écriture dessinée »
« La croix gammée et le turban, la tentation nazie du grand mufti » de Heinrich Billstein 
« Pour Allah jusqu’à la mort. Enquête sur les convertis à l’islam radical » par Paul Landau
L'Etat islamique 
Interview de Bat Ye’or sur le califat et l’Etat islamique/ISIS 
« Les armes des djihadistes » par Daniel Harrich 
« L'argent de la terreur »
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama
« Pictures for Peace. La douleur après l’attentat - Hocine Zaourar » par Rémy Burkel 
« Cheikh Zayed, une légende arabe » par Frédéric Mitterrand
« Emirats, les mirages de la puissance », par Frédéric Compain
L’Arabie saoudite 
Hajj, le pèlerinage à La Mecque
L’Irak, une ex-mosaïque ethnico-religieuse 
« Iran-Irak, la guerre par l'image » par Maryam Ebrahimi
« Oman, au pays des contes » par Nadja Frenz
Le keffieh, c'est tendance !

Arte consacra sa soirée du 22 novembre 2016 à Erdogan et à la Turquie en diffusant Erdogan, l'ivresse du pouvoir (Erdogan - Im Rausch der Macht) de Guillaume Perrier et Gilles Cayatte, puis La Turquie face à la terreur (Türkei - Drehkreuz des Terrors?) de Halil Gülbeyaz, et enfin un entretien avec Samim Akgönül (Türkei: Gespräch mit Samim Akgönül). 

"Erdogan, l'ivresse du pouvoir"
« À l'heure où la guerre et ses tragédies embrasent le Moyen-Orient, le président de la République turque Recep Tayyip Erdoğan est devenu l’une des personnalités incontournables dans le jeu des nations, l'une des plus contestées aussi ».

Élu maire d'Istanbul, Erdoğan a résolu certains problèmes, tels l'eau, le ramassage des ordures. Un levier pour sa carrière.


En 1997, l'armée organise un putsch contre le gouvernement islamiste. Ce qui affecte le populaire Erdoğan poursuivi en justice. Il est condamné à dix mois d'incarcération. Il en purge quatre et tire les leçons de la réaction de l'armée et de la justice.


Erdoğan s'est inspiré de la "tactique du salami" utilisé par les communistes pour s'emparer du pouvoir en Hongrie. Il a mis au point sa stratégie : créer un parti politique islamiste (Parti de la justice et du développement, AKP) en 2002, économiquement "libéral", pro-européen. Puis Erdoğan a progressivement isolé les fidèles à Atatürk et à la laïcité à la turque dans les bastions, telle l'Armée, défendant la spécificité de la Turquie fondée en 1923 et définie par le kémalisme. Il a placé des jeunes militants dévoués à la cause islamiste dans ces institutions, etc. Les confréries religieuses appuient Erdoğan par leurs réseaux.

Les Européens peinent à comprendre qu'en Turquie l'Armée est le garant des acquis d’Atatürk, de la laïcité. Ils ont souvent exprimé de l'indignation à l'égard des interventions des militaires dans la vie politique. Et Erdoğan s'est "allié avec les Européens contre l'Armée" turque. Il fait "inculper des centaines d'officiers, procède à des purges" dans l'armée, etc. L'état-major est décimé au terme de procès iniques.

« Parvenu au pouvoir en 2003, en tant que Premier ministre, il s'est d'abord imposé aux yeux du monde, et même des opposants à son Parti de la justice et du développement, l'AKP, comme un dirigeant moderniste d'un genre nouveau ». 

« Pro-européen et libéral mais prônant l'islam politique, ce chef charismatique rebat les cartes du jeu national en arrachant l’État au contrôle de l’armée, en concédant aux Kurdes une certaine dose d’autonomie culturelle et en renouant avec la tradition ottomane dans toute la région. À l'extérieur, il semble chercher une « troisième voie », entre coopération et distanciation avec l'Occident ».

Il multiplie les chantiers de construction à Istanbul. Il "a créé un boum de la construction qui a enrichi" ses amis. Deux juges turcs vont arrêter et juger des proches d’Erdoğan, dont son fils, accusés de corruption.

« Parallèlement, il renforce peu à peu son pouvoir et fait preuve d’une grande dureté face à ceux qui s’opposent à lui : minorités, intellectuels libéraux, jeunesse, journalistes, magistrats… Depuis les élections de novembre 2015, qui ont redonné à l'AKP la majorité absolue au Parlement, et plus encore depuis qu'il a déjoué, le 15 juillet dernier, une tentative de coup d’État, sa dérive autoritaire semble s'accélérer. Accusé de présider à un régime corrompu, paternaliste et intolérant, maniant les élections pour renforcer sa domination, il écrase de son emprise la scène politique nationale en bâillonnant l'opposition et les médias. Un despote d’un genre nouveau est-il en train de naître ? »

Le président turc veut édifier un musée en hommage à Mehmet II, septième sultan de l'empire ottoman et conquérant (Fatih) de Constantinople en 1453.

En « Turquie, aux États-Unis et en Allemagne, Guillaume Perrier et Gilles Cayatte ont pu s'entretenir avec nombre des partisans et des adversaires d’Erdoğan. Ils ont notamment recueilli le témoignage exceptionnel de son ancien allié, Fethullah Gülen, que le président turc accuse d'avoir fomenté le coup d'État depuis son exil américain. Cette enquête très documentée dresse ainsi le portrait intime et politique d'un homme saisi par l’ivresse du pouvoir, qui détient une des clés d'un règlement de la crise au Moyen-Orient avec, entre autres, le témoignage de Fethullah Gülen, ex-allié et désormais homme à abattre ».

Arte a omis de mentionner certains faits : aspiration au « califat », corruption, soutien à l’Etat islamique (ISIS), Chypre, chantage à l'égard de l'Union européenne via les "migrants" et les minorités turques dans certains pays (Allemagne, France), antisémitisme, refus de reconnaître les génocides commis à l’égard des Arméniens, Assyriens, etc.

Las, l'ADL (Anti-Defamation League), importante organisation juive américaine fondée pour lutter contre l'antisémitisme, a honoré Erdoğan en lui remettant un prix - Courage to Carre Award - en 2005 afin de rendre hommage aux diplomates turcs ayant sauvé les Juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ce qui illustre les errements de Juifs américains instrumentalisés, oublieux de leur mission et frappés de cécité à l'égard de l'antisémitisme de la gauche et de l'islam. Erdoğan avait condamné l'antisémitisme et souligné son engagement visant à maintenir les relations entre la Turquie et l'Etat d'Israël. En 2010, il soutenait la flottille visant à briser le blocus naval israélien de la bande de Gaza dirigée par le Hamas et dont certains passagers, des terroristes de l'IHH (Insani Yardim Vakfi, "humanitarian relief fund”), entretenaient des liens étroits avec Erdoğan, et avaient très violemment agressé les soldats israéliens.

La Turquie face à la terreur de Halil Gülbeyaz 
La Turquie, « longtemps chantre de la laïcité, a fait machine arrière sous le régime d’Erdoğan avec un gouvernement à majorité musulmane. Dans un pays où les libertés de la presse et de l'opinion sont bafouées en permanence, les arrestations et les incarcérations de journalistes, d’opposants politiques, de chercheurs et d’acteurs économiques se multiplient. Qui plus est, l’ancien pont entre l’Europe et l’Asie constitue désormais une étape de transit privilégiée pour les terroristes de l’État islamique (EI), qui peuvent s’y fournir en matériel de guerre et en recrues, notamment en kamikazes prêts à se faire sauter sur les sites touristiques d'Istanbul et d'Ankara ».

Un « sondage montre que 8 % de la population turque serait favorable aux djihadistes et, selon un haut fonctionnaire, il existerait des cellules secrètes de l’EI dans plus de soixante-dix villes du pays. Après avoir toléré, voire aidé les islamistes, dans la foulée d’une politique de plus en plus marquée par la religion sunnite, le gouvernement Erdoğan semble prendre la mesure du problème. Mais n’est-il pas déjà trop tard ? » Environ 3 000 Turcs auraient rejoint  les rangs de l'Etat islamique dans le djihad.

"Nous sommes tous Mahomet". C'est ce qui est inscrit sur une banderole à Istanbul lors de l'anniversaire de l'attentat terroriste islamiste contre la rédaction de Charlie hebdo. Le rare journal ayant manifesté sa sympathie pour l'hebdomadaire satirique est menacé par les terroristes.

Le nombre de chrétiens a diminué considérablement à Antioche dont Saint-Pierre a été le premier patriarche. Al Nosra a décapité des hiérarques chrétiens et sont revenus tranquillement en Turquie.


La Turquie laisse les terroristes islamistes de Daech passer la frontière pour mieux attaquer les villages kurdes. Et elle bombarde les cibles kurdes sous couvert de guerre contre l'Etat islamique.

La Turquie face à la terreur, documentaire réalisé par Halil Gülbeyaz « analyse la situation et ses enjeux via des entretiens avec des décideurs politiques, des experts et des victimes. Une analyse des raisons pour lesquelles la Turquie est devenue la cible d'attentats de l'État islamique, à travers des interviews d'experts, de décideurs politiques et de victimes ».
Enfin, Andrea Fies s’est entretenue « avec le politologue franco-turc Samim Akgönül sur l’escalade de la répression en Turquie depuis le putsch raté de juillet dernier. Elle évoque également avec lui la grande purge d’Erdoğan (au sein de l'armée, de la justice et des médias) et les rapports ambigus qu’entretiennent l’Union Européenne et la Turquie ».

Samim Akgönül a évoqué la "stratégie identitaire et celle de rupture d’Erdoğan. Les Européens sont en train de tomber dans un piège politique avec l'accord inacceptable signé concernant les réfugiés et inspiré par la peur, et la question du terrorisme avec l'Etat islamique. Trois millions de personnes sont sans statut en Turquie, ils ne sont pas appelés "réfugiés". La peur de l'extrême-droite en Europe fait que les partis de centre tiennent le même discours que l'extrême-droite. Nos dirigeants peuvent expliquer que nous avons des principes et rappeler à la Turquie qu'elle est membre fondatrice du Conseil de l'Europe. L'empire ottoman a été réhabilité depuis les années 1950. Ce rêve de devenir une puissance régionale est devenu une réalité. Le seul espoir de devenir le chef consiste à dominer le nord de la Syrie et le nord de l'Irak où vivent des Kurdes".

"Turquie, nation impossible

"Turquie, nation impossible" (Väter der Türken) est un documentaire réalisé par Nicolas Glimois. "L'histoire tourmentée et violente d'une jeune nation de cent ans, à travers le destin de ses deux leaders les plus emblématiques, Mustafa Kemal, dit "Atatürk", le "père des Turcs", et l'actuel président Recep Tayyip Erdogan, le "refondateur".

"Les 15 et 16 juillet 2016, une tentative de coup d'État militaire échoue à renverser Recep Tayyip Erdogan dont le pouvoir, déjà très autoritaire, émerge de ce putsch raté à la fois renforcé et endurci. Un épisode de plus dans les cent ans de vertiges chroniques qu'a connus la République turque, depuis sa création sur les ruines de l'Empire ottoman, à l'issue de la Première Guerre mondiale. Un siècle d'une histoire tragique, ponctuée de coups d'État à répétition, et marquée par le génocide des Arméniens en 1915, suivi de persécutions de même nature contre les populations grecques en 1923, puis kurdes et alévies dès 1928, et la tentation permanente d'éliminer toute contestation".

"Remarquablement écrit, ce film décrypte la construction d'une nation en croisant les destins de ses deux dirigeants les plus populaires, Mustafa Kemal, dit "Atatürk", le "père des Turcs", et Recep Tayyip Erdogan, le "refondateur". Kemal, premier président de la République de 1923 à sa mort en 1938, fut un général révolutionnaire, puis un "despote éclairé", laïc et d'inclination occidentale". 

"Le fondateur de l'AKP, au pouvoir depuis 2003, s'affirme comme un réactionnaire, nouveau sultan islamiste se tournant vers l'Orient, et promoteur d'un essor international retrouvé. Opposés en apparence, ils partagent en réalité, comme le montre ce documentaire, le même rêve de puissance pour leur pays, la République turque. Au prix du sacrifice des "ennemis intérieurs" – les autres peuples et religions, les opposants –, les deux potentats furent portés par la même idéologie : le mythe de la nation unie. Aujourd'hui, Erdogan aimerait apparaître comme l'Atatürk sunnite, en réunificateur du monde musulman... Ce film vérité, nourri d'archives inédites, éclaire la face cachée de la Turquie et la crise géopolitique actuelle en donnant la parole à des intellectuels turcs (journalistes, auteurs, historiens…) qui n'ont pas renoncé aux chemins de la liberté."

"L‘AKP d’Erdogan : une ambition, un parti"

"L‘AKP d’Erdogan : une ambition, un parti" (Erdogans AKPEine Partei verändert die Türkei) est un documentaire réalisé par Osman Okkan et Halil Gülbeyaz. "Enquête sur l’ascension du parti islamiste d’Erdogan, au pouvoir depuis plus de quinze ans, mais dont le règne donne quelques signes de faiblesse."

"Il y a quelques années encore, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan était une alliée solide de l’Union européenne. Cofondé en 2001 par ce dernier sur les ruines d'une formation islamiste dissoute par la Cour constitutionnelle, l'AKP (Parti de la justice et du développement), arrivé au pouvoir dès 2002, avait été le moteur de profonds changements économique et sociaux dans le pays. Ces avancées ont laissé place à un autoritarisme croissant, amplifié avec la tentative de putsch militaire avortée de 2016. Depuis, comme son chef, le parti islamiste a encore durci le ton envers ses adversaires politiques : des centaines de milliers de personnes ont été poursuivies, et des dizaines de milliers d’opposants, incarcérés ou contraints de fuir le pays. Mais le parti semble désormais en perte de vitesse : sur fond de crise économique, la coalition au pouvoir a notamment perdu la mairie d’Istanbul lors des élections municipales de 2019."

"Ce documentaire revient sur les dix-huit années de montée en puissance du leader et de son parti autour du projet de "Nouvelle Turquie". Comment l'AKP a-t-il suivi Erdogan dans son essor, puis négocié le virage de l'autocratie ? Comment la formation a-t-elle vécu la perte de la métropole – à deux reprises, puisque la première victoire du nouveau maire social-démocrate Ekrem Imamoglu, en mars, avait été contestée, avant d'être confirmée de façon éclatante par les électeurs en juin ? Quelle stratégie l'AKP compte-t-il adopter pour assurer sa longévité au pouvoir ? Des membres du parti, mais aussi des opposants, s'expriment dans ce film, révélant au passage, derrière l'unanimité de façade, scissions internes et contradictions idéologiques."

"Gülen contre Erdogan"

"Gülen contre Erdogan" (Die freundlichen Islamisten?Auf den Spuren der Gülen-Bewegung) est un documentaire réalisé par Osman Okkan et Halil Gülbeyaz. "Sur les traces de l'organisation confessionnelle turque Gülen, dont la rupture avec le régime d’Erdogan, après 2016, a donné lieu à une purge massive dans la fonction publique."

"Fondé dans les années 1970 par l’imam Fethullah Gülen, le mouvement qui porte son nom a été pendant des années l’un des plus importants soutiens du régime d’Erdogan. Cette confrérie religieuse musulmane, dont de nombreux membres ont intégré progressivement la police et l’armée turques, est aujourd’hui devenue l’ennemi public numéro un du gouvernement. Redoutant son poids politique, le Premier ministre et bientôt président Erdogan avait pris ses distances dès 2013, avant d’accuser Gülen d’être à l’origine de la tentative de putsch dirigée contre lui, en 2016. Se sont ensuivies une purge massive et une vague d’arrestations, contraignant des milliers de partisans du mouvement à fuir à l’étranger".

"Mais Gülen est loin d’être anéanti : la confrérie disposerait aujourd’hui de cadres dans 160 pays. En Europe, elle a ses quartiers généraux en Allemagne, qui abrite une importante communauté turque. Que représente aujourd’hui cette organisation, qui a été décrite tour à tour comme une secte radicale ou, au contraire, un mouvement œuvrant pour la compréhension entre les peuples, et fut un temps considérée comme une alternative plus pacifique au salafisme ? Ce documentaire en décrypte les ressorts idéologiques et revient sur ses liens rompus avec le pouvoir turc."

"Turquie : la puissance selon Erdogan ?"

"Le Dessous des cartes" (Mit offenen Karten) consacre un numéro à la "Turquie : la puissance selon Erdogan ?(Türkei: Alle Macht für Erdogan?) réalisé par Pierre-Olivier François. "Recep Tayyip Erdogan a remis la Turquie sur le devant de la scène internationale en effaçant les humiliations de l'histoire et en lui redonnant une position centrale entre Occident et Orient. Mais en concentrant tous les pouvoirs et en bridant les libertés à l’excès, il s’expose à la contestation, exacerbée par la récession économique. Erdogan est-il allé trop loin dans ses ambitions de puissance ?"

Entretien avec Düzen Tekkal

Arte diffusera le 29 octobre 2019 un entretien en deux parties avec Düzen Tekkal : "Turquie : entretien avec Düzen Tekkal" (Türkei: Gespräch mit Düzen Tekkal). "Düzen Tekkal est journaliste, correspondante de guerre, cinéaste et militante des droits de l’homme. Elle est spécialiste des Yézidis, de l'islamisme et du salafisme. Elle est à l’origine de la création de l’association Hawar.help. L’essentiel de son action porte sur les migrations, le salafisme, la place des femmes et l’organisation État islamique. De nombreuses distinctions sont venues saluer son engagement."

"Qui sont les vainqueurs ? Qui sont les grands perdants de l’offensive d’Erdogan dans le nord de la Syrie ? Le rêve kurde d’un Rojava autogéré part encore une fois en fumée. Que va-t-il se passer désormais ? Andrea Fies s'entretient avec la journaliste allemande Düzen Tekkal, spécialiste des Yézidis, de l'islamisme et du salafisme."



"Turquie : la puissance selon Erdogan ?" par Pierre-Olivier François
Présentation : Emilie Aubry
France, 2018, 13 min
Sur Arte le 30 octobre 2019 à 01 h 15
Disponible du 24/08/2019 au 27/12/2019

"Gülen contre Erdogan" par Osman Okkan et Halil Gülbeyaz
Allemagne, 2019, 53 min
Sur Arte le 30 octobre 2019 à 00 h 20
Disponible du 28/10/2019 au 26/01/2020
Visuels : © AFP/Getty Images

"Turquie : entretien avec Düzen Tekkal
France, 2019, 10 min
Sur Arte le 29 octobre 2019 à 22 h 20 et 23 h 15
Disponible du 29/10/2019 au 27/11/2019

"L‘AKP d’Erdogan : une ambition, un parti" par Osman Okkan et Halil Gülbeyaz
Allemagne, 2019, 53 min
Sur Arte le 29 octobre 2019 à 23 h 20
Disponible du 28/10/2019 au 26/01/2020
Visuels : © Halil Gülbeyaz

"Turquie, nation impossible" par Nicolas Glimois
France, 2018, 91 min
Auteur : Jean-François Colosimo.
Coproduction : Arte France, LCP, RSI, RTS
Soutiens : CNC, Procirep-Angoa, Région Ile-de-France
Distribution : Arte France Distribution
Sur Arte le 29 octobre 2019 à 20 h 50
Disponible du 22/10/2019 au 17/10/2021
Visuels :
Mustafa Kemal Atatürk et Recep Tayyip Erdoğan
Le massacre de Maraş en 1978
Mustafa Kemal Atatürk, fondateur et premier président de la République de Turquie
Manifestantes en Turquie
© D.R.

« Erdogan, l'ivresse du pouvoir » de Guillaume Perrier et Gilles Cayatte
Arte, 2016, 58 min
Sur Arte les 22 novembre à 20 h 50 et 9 décembre 2016 à 10 h 55

La Turquie face à la terreur, de Halil Gülbeyaz
NDR, 2016, 53 min
Sur Arte les 22 novembre à 21 h 50 et 9 décembre à 11 h 55

Entretien avec Samim Akgönül présenté par Thomas Kausch
2016, 12 min
Sur Arte le 22 novembre à 22 h 45

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Les citations sont d'Arte et des documentaires. Cet article a été publié le 22 novembre 2016, puis les 12 juillet 2017, 29 octobre 2019.