Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 30 mai 2024

Franz Kafka (1883-1924)

Franz Kafka (1883-1924) était 
un romancier - Le Procès (Der Prozeß) et Le Château (Das Schloß) - et nouvelliste - La Métamorphose (Die Verwandlung), La Colonie pénitentiaire (In der Strafkolonie) - juif germanophone né à Prague, alors dans l'empire austro-hongrois. Son oeuvre est caractérisée par la description d'une société bureaucratique, lugubre. La Bibliothèque nationale d'Israël a mis en ligne des œuvres de Kafka. Arte diffusera le 3 juin 2024 à 22 h 45, dans le cadre d'"Un peu de littérature... Des grands classiques aux romans à scandales", "Kafka, cet inconnu illustre", documentaire de Pavel Šimák.

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 


"Kafka, cet inconnu illustre" 
Dans "Un peu de littérature... Des grands classiques aux romans à scandales",  ARTE "propose une large sélection d'œuvres incontournables, des romans controversés qui ont fait date à des portraits d'éminents écrivains. Quoi de mieux pour réviser les grands classiques ou découvrir de nouvelles pépites ?"

Arte diffusera le 3 juin 2024 à 22 h 45, dans le cadre d'"Un peu de littérature... Des grands classiques aux romans à scandales", "Kafka, cet inconnu illustre", documentaire de Pavel Šimák.

"Le 3 juin 1924 mourait Franz Kafka. S’attachant en fil rouge à l’élaboration de son roman inachevé "Le château", ce portrait déconstruit les idées reçues sur la personnalité du romancier, devenu une icône de la littérature du XXe siècle."

"Né en juillet 1883, c’est au cœur de la vieille ville de Prague, non loin de l’imposant château d’une province qui faisait encore partie de l’Empire austro-hongrois, que Franz Kafka a grandi dans une famille de commerçants aisés, des juifs germanophones peu portés sur la religion qui tenaient une mercerie prospère."

"Dans une cité alors rattrapée par la modernité et le progrès, il fait ses études au lycée allemand du quartier. Alors qu’il rêve depuis l’enfance de liberté et aspire à devenir écrivain, le jeune homme ne se plie pas au désir de son père de lui succéder à la direction du magasin."

"Il préfère fréquenter les cafés où se retrouve la jeunesse intellectuelle pragoise qu’il amuse par le burlesque de ses premiers textes."

"Entré comme auxiliaire dans une compagnie d’assurances, il en gravit les échelons, y tenant d’importantes responsabilités jusqu’à quelques mois précédant sa mort de la tuberculose". 

"Pendant son temps libre, Kafka écrit, dessine, fréquente ses amis et les bordels, entretient aussi des relations compliquées avec plusieurs femmes : Felice Bauer, avec laquelle il rompt par deux fois ses fiançailles, puis Julie Wohryzek qu’il délaissera brutalement pour Milena Jesenská, une jeune journaliste mariée avec laquelle il vivra une brève mais intense histoire d’amour..."

"Kafka est souvent présenté comme un génie mystérieux, un jeune homme maladif, un solitaire introverti et sombre, vivant coupé du monde."

"Mais la réalité est un peu plus complexe, comme l’éclairent les dernières recherches de spécialistes de la littérature, parmi lesquels Reiner Stach, considéré comme un expert mondial de l’écrivain tchèque de langue allemande."

"Suivant en fil rouge l’élaboration du Château, un roman inachevé et posthume, ce portrait déconstruit certaines idées reçues attachées à la personnalité de l’auteur du Procès et de La métamorphose, souvent confondue avec celle de ses personnages."

"Le documentaire mêle extraits de films adaptés de ses œuvres, scènes animées ou jouées par des comédiens et archives rares, notamment une brève interview inédite de son ami le poète Max Brod qui, contrevenant aux dernières volontés de Kafka, refusa de détruire ses créations non publiées."

"Un regard renouvelé sur l’une des grandes figures de la littérature du XXe siècle, dont les romans, pour avoir dépeint de manière quasi visionnaire une société brutale à la bureaucratie… kafkaïenne, furent censurés dans les pays du bloc de l’Est jusqu’à la chute du mur de Berlin." 

« Métamorphoses de Kafka » par Gérard-Georges Lemaire 
Dans le cadre de « Bohemia Magica, Une Saison tchèque en France » (mai-décembre 2002), le Musée du Montparnasse a évoqué Franz Kafka (1883-1924), son œuvre, ses proches et son époque. Extraits de ses romans, notamment sur ses voyages à Paris (1910, 1911), ses dessins à la plume, des tableaux, des photographies de Prague, et bien d’autres documents sont rassemblés pour nous inviter dans l’univers de cet écrivain tchèque, Juif, de langue allemande. 

« Les deux voyages de Kafka à Paris (1910 et 1911) avec Max Brod, à travers des tableaux et des photographies de l’époque, les peintres tchèques de Montparnasse à l’époque de ces séjours (Alphonse Mucha, François Eberl, François Kupka), ceux qui ont connu Kafka à Prague, avant leur arrivée à Paris (Georges Kars et Othon Coubine du groupe des Huit), les photographies de Roger Pic de la mise en scène du « Procès » par Jean-Louis Barrault au Théâtre Marigny (septembre 1947), la vie et l’œuvre de Franz Kafka, à travers la vision de peintres et de sculpteurs de notre temps, les promenades pragoises de Kafka illustrées par des photos d’époque et récentes de Hélène Moulonguet et Christian Parisot, la richesse culturelle de Praga Magica, sous l’empire austro-hongrois puis dans la Tchécoslovaquie, l’univers onirique de l’auteur du « Procès », son recrutement par une compagnie d’assurance et la chambre de Kafka imaginée par Jack Vanarsky ». Cette exposition, c’est cela et autre chose, en raison du hiatus entre ses deux titres et son contenu très divers.

Plus que de « métamorphoses », il s’agit de présentations, d’inspirations, d’adaptations et d’introductions à Kafka. Tels les portraits de la famille bourgeoise et commerçante de Kafka par Valerio Cugia. Ou ceux du Cercle de Prague par Gerardo Dicrola, et les rêveries des peintres Anne Gorouben et Andrea Fortina, ou « Le Château » par Nathalie du Pasquier. Des visions teintées de mystère d’une « œuvre peu connue du vivant de Kafka, bannie sous le nazisme, redécouverte en France après la guerre par André Gide, André Breton et Jean-Paul Sartre ».

La « reconstitution du cabinet de travail de Kafka » et la boule sombre de Vladimir Skoda (2002) laissent perplexe et leurs bruits irritent.

Kafka, « l’émanation d’une culture qui n’est plus » (Gérard-Georges Lemaire)
Les angles retenus effleurent des faits ou suscitent des questions. Contre la volonté de Kafka qui souhaitait que ses manuscrits et lettres fussent détruits, son meilleur ami, Max Brod, les fait publier (« Le Château »), même inachevés (« Le Procès »), tant il est convaincu du caractère majeur de ces textes. 

Kafka, un fin juriste ? C’est ce qu’affirme l’exposition. Alors le raisonnement juridique a-t-il marqué les œuvres de Kafka ? Quelle est la part de sa judéité dans leurs genèses ? Car « après avoir rejeté les traditions du judaïsme, Kafka découvre vers 1910 la littérature yiddish, la Bible, les textes hassidiques et se passionne pour l’idéal communautaire des premières colonies (sic) sionistes. Il lit Dostoïevski, s’initie aux théories socialistes et anarchistes et fréquente les milieux d’avant-garde pragois, allemands et tchèques ».

Pourquoi ses amours furent elles « malheureuses et interrompues » ? Pourquoi Milena a-t-elle été l’amour impossible de Kafka ? Pourquoi n’avoir pas montré aussi les photos de l’adaptation théâtrale de « La Métamorphose » par Yasmina Reza et Roman Polanski (1988) ? 

Malgré cette multiplicité d’angles, la curiosité du visiteur demeure donc inassouvie. Le catalogue et le documentaire diffusé viennent suppléer certains manques.

Kafka et Prague
Le 28 mars 20149 de 20 h 30 à 22 h 30, le Cercle Bernard Lazare (CBL) proposa la conférence « Kafka et Prague » avec Daniel Chocron, écrivain et co-auteur avec Marinette Delanné, de « Ầ Prague, sur les traces de Kafka » (Éd. La Lucarne des Écrivains). « Comment cette ville si particulière a-t-elle marqué un des plus grands écrivains du XXème siècle ? ».

Arte diffusa jusqu'au 6 septembre 2020, dans le cadre d'"Invitation au voyage" (Stadt Land Kunst), "Prague la kafkaïenne" (Prag und Kafka). "Fin du 19ème siècle, Prague en Tchéquie est le cœur battant de la Mitteleuropa, cette Europe centrale qui brasse les cultures allemande, autrichienne, tchèque et juive. Dans ce brassage culturel unique naît Franz Kafka. Tchèque de confession juive et de langue allemande, l’auteur de la « Métamorphose » et du « Château » incarne l’identité à facettes multiples de sa ville".

 « Le procès » de Franz Kafka »
« L'Aventure des Manuscrits retrace la naissance et le parcours d'œuvres de portée internationale ou de récits majeurs du patrimoine européen dont le manuscrit original est parvenu jusqu'à nous. Témoin privilégié de la rencontre entre l'auteur, l'émotion et l'idée, la force d'évocation du manuscrit en fait un objet très convoité : tantôt offert, volé, caché, il est souvent vendu, perdu puis retrouvé...Dans un monde chaque jour plus dématérialisé, ces objets uniques font figures de merveilles. »

Arte diffusa, dans le cadre de « L'aventure des manuscrits », « Le procès » de Franz Kafka » documentaire réalisé par Anne-Sophie Martin. 

« La genèse et l’histoire de grandes œuvres du patrimoine européen en suivant la piste du manuscrit laissé par leurs prestigieux auteurs. »

« Avant de succomber à la tuberculose, le 3 juin 1924, l’écrivain tchèque de langue allemande Franz Kafka nomme son ami Max Brod exécuteur testamentaire et le charge de brûler après sa mort tous ses manuscrits, carnets, lettres, brouillons et dessins. Ne pouvant se résoudre à les faire disparaître, Max Brod n’exauce pas sa volonté... »

« En 1939, fuyant Prague avant l’invasion nazie, il les sauve une deuxième fois en les emportant avec lui à Tel-Aviv, où il s’exile. Jusqu’à son décès, en 1968, Max Brod va se consacrer à la diffusion et à la promotion de l’œuvre posthume de Kafka. Deux décennies plus tard, Esther Hoffe, sa secrétaire et légataire, met aux enchères le manuscrit du Procès, écrit par Kafka en 1915. Il est acquis pour près de 2 millions d’euros par les Archives littéraires allemandes de Marbach, où il est pieusement conservé. »

« Portée par la journaliste Anne-Sophie Martin, cette série documentaire retrace la naissance et la vie de grandes œuvres du patrimoine européen dont le manuscrit original est parvenu jusqu'à nous. Ces premiers jets, couchés sur le papier par leurs prestigieux auteurs, ont connu des destinées singulières, offerts, volés, perdus ou vendus aux collectionneurs à des prix faramineux. Ils offrent aujourd’hui une palpitante incursion dans l’univers de leurs créateurs. »

Milan Kundera
Le 3 juin 2014, BibliObs a publié l'article "J'aimerais définir la beauté de Kafka, mais je n'y arriverai jamais" de 
Milan Kundera (hors-série du "Nouvel Observateur" consacré à la bibliothèque idéale des XIXe et XXe siècles, paru en mai 2013) :
"On a écrit un nombre infini de pages sur Franz Kafka qui, pourtant, est resté (peut-être justement grâce à ce nombre infini de pages) le moins compris de tous les grands écrivains du siècle passé. «Le Procès», son roman le plus connu, il s’est mis à l’écrire en 1914. C’est-à-dire exactement dix ans avant la publication du premier «Manifeste» des surréalistes, qui n’avaient pas alors la moindre idée de la fantaisie «sur-réelle» d’un Kafka, auteur inconnu dont les romans ne seront publiés que longtemps après sa mort. Il est donc compréhensible que ces romans qui ne ressemblaient à rien aient pu paraître comme hors du calendrier de l’histoire littéraire, cachés dans un lieu qui n’appartenait qu’à leur auteur.
Pourtant, malgré cet isolement, leurs innovations esthétiques précoces représentaient un événement qui ne pouvait pas ne pas influencer (même à retardement) l’histoire du roman. «C’est Kafka qui m’a fait comprendre qu’un roman, on pouvait l’écrire autrement», m’a dit une fois Gabriel Garcia Marquez. 
Kafka examine les protagonistes de ses romans d’une façon toute particulière, comme on peut le constater clairement dans «le Procès» : il ne dit pas un mot de l’aspect physique de K. ; pas un mot de sa vie avant les événements du roman ; même de son nom, il ne nous laisse connaître qu’une seule lettre. En revanche, dès le premier paragraphe et jusqu’à la fin du livre, il se concentre sur sa situation : sur la situation de son existence.
Dans le cas du «Procès», il s’agit de la situation de celui qui est accusé. Cette accusation se présente d’abord d’une façon plutôt drôle: deux messieurs tout à fait ordinaires arrivent le matin chez K., qui est encore au lit, pour lui faire savoir, pendant une conversation plutôt agréable, qu’il est accusé et qu’il doit s’attendre à ce que l’examen de son cas s’étende sur une très longue période. La conversation est aussi absurde que drôle. D’ailleurs, quand Kafka a lu ce chapitre pour la première fois à ses amis, ils ont tous ri.
Le crime et le châtiment ? Ah non, ces deux notions dostoïevskiennes n’ont absolument rien à faire ici. Pourtant, des régiments de kafkologues les ont considérées comme le thème principal du «Procès». Max Brod, l’ami fidèle de Kafka, n’a pas le moindre doute sur la présence, chez K., d’une lourde faute cachée: d’après lui, K. est coupable de «Lieblosigkeit» (incapacité d’aimer ) ; de même, Edouard Goldstücker, un autre kafkologue célèbre, tient K. pour coupable «parce qu’il a permis que sa vie se fût mécanisée, automatisée, aliénée» et qu’il a transgressé ainsi «la loi à laquelle toute l’humanité est soumise et qui nous dit: Sois humain».
 Mais encore plus fréquente (et je dirais encore plus bête) est l’interprétation juste contraire qui, pour ainsi dire, orwellise Kafka : selon elle, K. est persécuté par les criminels d’un pouvoir «totalitaire» avant la lettre, comme c’est le cas, par exemple, dans la célèbre adaptation cinématographique du roman réalisée par Orson Welles en 1962.
Or K. n’est ni innocent, ni coupable. C’est un homme culpabilisé, ce qui est une chose toute différente. Je feuillette le dictionnaire: le verbe culpabiliser a été utilisé pour la première fois en 1946 et le substantif culpabilisation encore plus tard, en 1968. La naissance tardive de ces mots prouve qu’ils n’étaient pas banals: ils nous faisaient comprendre que chaque homme (si je peux moi-même jouer avec des néologismes) est culpabilisable ; que la culpabilisabilité fait partie de la condition humaine. Soit à cause de notre bonté qui craint d’avoir blessé les faibles, soit à cause de notre couardise qui a peur de froisser ceux qui sont plus forts que nous, la culpabilisabilité est toujours avec nous.
Kafka n’a jamais formulé de réflexions abstraites sur les problèmes de la vie humaine ; il n’aimait pas inventer des théories ; jouer le rôle d’un philosophe ; il ne ressemblait ni à Sartre ni à Camus ; immédiatement, ses observations de la vie se transformaient en fantaisie ; en poésie - la poésie de la prose.
Un jour, K. est invité (anonymement, par téléphone) à se présenter, le dimanche suivant, dans une maison de banlieue pour y participer à une petite enquête le concernant. Pour ne pas compliquer le procès qu’il ne veut pas prolonger inutilement, il décide d’obtempérer. Donc, il y va. Même s’il n’a pas été convoqué à une heure précise, il se dépêche. D’abord il veut prendre un tramway. Puis il refuse cette idée pour ne pas s’abaisser devant ses juges par une ponctualité trop docile.
Mais en même temps, il ne souhaite pas prolonger le déroulement du procès, et donc il court ; oui, il court (dans l’original allemand le mot «courir», «laufen», se répète trois fois dans le même paragraphe) ; il court parce qu’il veut garder sa dignité et, cependant, arriver à temps à un rendez-vous dont l’heure reste indéterminée.
Ce mélange du grave et du léger, du comique et du triste, du sens et du non-sens, accompagne tout le roman jusqu’à l’exécution de K. et fait naître une étrange beauté qui n’a pas son pareil ; j’aimerais bien la définir, cette beauté, mais je sais que je n’y arriverai jamais."

Le 10 juin 2021, à Prague (République tchèque), le Prix Franz Kafka 2020 a été "décerné à l’écrivain franco-tchèque Milan Kundera à l’occasion d’une cérémonie organisée à Prague, a fait savoir l'ambassade de France en République tchèque. A la demande de l'auteur, le prix sera remis à Anna Kareninová, la traductrice officielle de ses œuvres françaises en tchèque."
 
"Agé de 92 ans, Milan Kundera est un des plus célèbres écrivains contemporains. Il vit en France depuis la moitié des années 1970. Il est le 20e lauréat de ce prix littéraire international décerné par la Société Franz Kafka et la ville de Prague. La date traditionnelle de la cérémonie de remise du prix, en octobre, a dû être reportée en raison de la pandémie" de coronavirus.

Manuscrits
Le 7 juillet 2015, un tribunal israélien a statué : les manuscrits de Kafka, dont avaient hérité Eva Hoffe et Ruth Wiesler, filles de la secrétaire de Max Brod, Esther Hoffe, reviendront à la Bibliothèque nationale d'Israël. 

Le 8 août 2016, la Cour suprême d’Israël a confirmé un jugement de 2012 concernant les manuscrits de l’écrivain praguois Franz Kafka (1883-1924) détenus par la Bibliothèque nationale d’Israël. Elle a statué en faveur de la détention par cette Bibliothèque de ce fonds. Elle a donc "rejeté l’appel des sœurs Hoffe, héritières de Max Brod, un ami et exécuteur testamentaire de l’auteur du Procès, qui avaient été déboutées".

Le 26 mai 2021, la Bibliothèque nationale d'Israël a mis en ligne des œuvres restaurées et numérisées de Kafka :
"The writer Franz Kafka (1883–1924) is considered a key figure in the annals of modern world literature. Kafka was born to an assimilated Jewish family in Prague, then one of the most important cities in the Austro-Hungarian Empire. He studied law at the German University in Prague, where he met the writer Max Brod, who would become his close friend.
During his academic studies, Kafka developed an intense interest in literature and philosophy, and begin writing his first works soon after. Kafka died of tuberculosis at the age of 41. Skeptical of its literary value, throughout his short life Kafka hesitated to publish his work, and as a result he received little recognition as a literary figure during his own lifetime. Thanks to Brod, who encouraged Kafka to complete and publish his works, Kafka’s writing has entered the canon of Western literature. The Schocken publishing house also contributed to Kafka’s worldwide recognition: in 1934, with Brod’s mediation, the publisher agreed to print a complete edition of Kafka’s writings. The first volumes were published in Germany and later in Czechoslovakia and the United States. Shocken also published Kafka’s works in Hebrew translation.
Kafka’s Estate
In 1921 and 1922, Kafka wrote two notes to Brod asking that all his manuscripts, paintings and letters be destroyed after his death. In defiance of this clear directive, from June 1924 Brod collected all of the materials from the various locations, examined them and began to publish what Kafka had stored away during his lifetime. The three unfinished novels The Trial, America and The Castle are among the most well-known of these works. Brod took all of Kafka’s writings with him when he left his native Czechoslovakia for Mandatory Palestine in March 1939, just hours before the Nazis invaded the country. In the early 1960s, he returned most of them to Kafka’s heirs.
These materials are preserved today in the Bodleian Library at Oxford, while hundreds of letters, a number of short manuscripts and even many of Kafka’s drawings remained in Brod’s possession, comprising a significant part of Kafka’s literary legacy. Between 2016 and 2019, Brod’s own extensive personal archive, along with Kafka’s items, was deposited in the National Library of Israel. A number of other original items of Kafka’s, including notebooks in which he practiced his Hebrew, are also preserved today at the National Library, and together these materials represent the third largest collection in the world of the great writer’s original material.
The digitization was performed by photographer Ardon Bar-Hama and was made possible thanks to the generous support of George Blumenthal".
"La plupart des documents récupérés avaient déjà été publiés par Max Brod, à part des dessins inédits ni signés ni datés. Parmi ces documents figurent « environ 120 dessins, plus de 200 lettres à l’écrivain Max Brod, [dont] l’original de son testament littéraire demandant à son ami qu’il brûle tous ses écrits », a expliqué à l’Agence France-Presse Stefan Litt, conservateur chargé du projet".

"Kafka va au cinéma"
Le 7 février 2016, dans le cadre de Toute la mémoire du monde, 4e festival international du film restauré, la Cinémathèque française présentera Kafka va au cinéma, de Hanns Zischler (France / 2002 / 52 min) : "Durant des années, au gré de ses voyages et de ses déplacements professionnels, Hanns Zischler a tenté de retrouver, dans les archives et les cinémathèques, la trace des films évoqués par Franz Kafka dans sa Correspondance et dans son Journal entre 1908 et 1913. Ce film documentaire propose un jeu de pistes sur les traces de l'écrivain, entre Prague, Vérone et Paris, à la rencontre de personnalités qui viennent éclairer les réflexions de Zischler. Michal Bregant, des Archives du cinéma de Prague, évoque le cinéaste tchèque Jan Krizenecky dont les films, souvent comparés à ceux des frères Lumière, dévoilent Prague telle que Kafka l'a connue. Peter-André Alt apporte une analyse de la méthode d'écriture de Kafka à l'aune de sa vision du cinéma. Ce film offre des perspectives pleines d'esprit sur la fascination de Franz Kafka envers le cinématographe, et la fascination de Hanns Zischler envers Kafka".

Variations sur Kafka
En 2016-2017, les trois galeries Saphir, notamment à Paris, présentèrent l'exposition Variations sur Kafka. Xylographiesde Sergio Birga, "artiste contemporain italien qui travaille avec brio la gravure sur bois". Il avait rencontré des peintres expressionnistes allemands, tel Kokoschka.

Né en 1940 à Florence, cet artiste a été à l'honneur en 1977 par l’exposition collective « Mythologies Quotidiennes 2 » (ARC), qui réunissait des oeuvres de peintres du mouvement « Figuration Narrative ».

Il "peuple ses paysages d'Italie, de Jérusalem ou de France, de réminiscence classiques étrangement revisitées par une inquiétante poésie". Ce Chevalier des Arts et Lettres vit et travaille à Paris depuis 1966.


"Kafka, cet inconnu illustre" de Pavel Šimák
République tchèque, 2024, 52 min
Coproduction : ARTE GEIE, Ceska Televize
Sur Arte le 3 juin 2024 à 22 h 45 
Sur arte.tv du 24/05/2024 au 23/05/2029

« Le procès » de Franz Kafka » par Anne-Sophie Martin 
France, 2020, 27 min
Coproduction : ARTE France, Little Big Story
Commentaire dit par Suliane Brahim, de la Comédie-Française 
Disponible du 05/03/2023 au 16/06/2023
Sur Arte le 14 avril 2023 à 03 h 35

"Prague la kafkaïenne"
France, 2018

Gérard-Georges Lemaire, « Métamorphoses de Kafka ». Editions Eric Koehler-Musée du Montparnasse, 2002. 288 pages. ISBN : 2 7107 0701 2

Jusqu'au 15 janvier 2017
Aux Galeries Saphir
Rambuteau 69, rue du Temple. 75003 PARIS. TEL :  01 42 72 61 19
Wagram  : 69, avenue de Villiers.  75017 PARIS. TEL : 01 44 40 26 84
Lundi – Vendredi : 13:00 à 19:00  -  Dimanche : 13:00 à 19:00
Face Parking : 38, rue du Maréchal Leclerc  35800 DINARD. TEL : 02 99 46 86 85

Visuels :
 Sergio Birga
Quadridessins

Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié en 2002 par Guysen, et sur ce blog le :
- 23 octobre 2012 en raison du récent jugement d'un tribunal de Tel-Aviv imposant que soient déposés à la bibliothèque nationale d'Israël tous les écrits de Kafka et de Max Brod, son ami et exécuteur testamentaire. Arte a déprogrammé Kafka, le dernier procès de Sagi Bornstein le 24 octobre 2012 ;
- 4 juillet 2013. Hier était le 130e anniversaire de la naissance de Kafka ;
- 25 avril 2014. La Crypte du Martyrium Saint-Denis (75018) présente Le Journal de Kafka (1h15) les samedi à 20 h 30 et dimanche 16h30, dans une adaptation, nouvelle traduction et mise en scène de Béatrice Guéna (alias Laura Ley) ; les textes sont dits par Zygmunt Blazynsky ;
- 7 juillet 2015, 3 février, 13 août et 22 décembre 2016, 28 mars 2019, 10 juin 2021, 13 avril 2023.

mercredi 29 mai 2024

Pirates et corsaires

La piraterie existe depuis l'Antiquité et perdure au XXIe siècle. En 2002, le Musée de la Marine avait hissé le pavillon noir en évoquant l'âge d'or de la piraterie aux Caraïbes. Naviguant entre le mythe et la réalité, cette exposition avait présenté des visions passionnantes, l'une classique et l'autre renouvelée, d'un monde cruel et révolutionnaire.
Il y eut des pirates Juifs séfarades aux Antilles... Pour vaincre les Barbaresques, les Etats-Unis crée un corps d'élite, l'United States Marine Corps. Arte diffusera le 1er juin 2024 à 22 h 25 « Les corsaires barbaresques », documentaire de Robert Schotter.

Pirates !

Qui n'a pas rêvé en lisant « L’île au Trésor » de R.L. Stevenson ou en voyant Errol Flynn incarner « L’Aigle des mers » ?

Corsaires, pirates, flibustiers, forbans, boucaniers, écumeurs de mers... Ces marins hantent bien des imaginaires. Pourtant, ces vocables recouvrent des réalités distinctes.  

La piraterie, qui existe dès l'Antiquités, subsiste actuellement dans certaines mers d'Asie ; les pirates agissent pour leurs propres comptes, attaquent des bateaux qu'ils choisissent et risquent la pendaison s'ils sont capturés. 

Quant au corsaire - Jean Bart, Robert Surcouf -, il détient une lettre de course, lettre de marque, ou lettre de commission. c'est-à-dire une lettre patente d'un souverain autorisant un capitaine et son équipage à chercher, attaquer, capturer et détruire les navires, après s'être emparé de ses marchandises et individus, d'un pays adversaire de ce monarque dans des eaux territoriales, étrangères ou internationales. La course est régie par des principes régissant la condition des équipages traités comme prisonniers de guerre, et la part revenant au monarque et au corsaire.

Par ailleurs, le flibustier est un aventurier libre attaquant les navires des rois d'Espagne et du Portugal, transportant les richesses du Nouveau Monde, dans les Antilles durant les XVIIe et XVIIIe siècles, durant "l’âge d’or de la piraterie". Il a souvent fui des guerres ou persécutions religieuses en Europe.

"Pirates !"
Rien ne manquait à l'exposition Pirates ! au Musée de la Marine pour raviver les souvenirs : de la reconstitution d'une partie d'un navire aux tableaux d’arraisonnements, en passant par les armes, cartes, sabliers et attributs des pirates.

Le « monde à l'envers », de ces marins habiles est dual. Les rebelles hostiles à l'injustice côtoyaient des bandits, des bannis, et des dissidents politiques et religieux, tels les Protestants chassés des Pays-Bas et de France. Leur bateau était à la fois abri et enfermement.

Les couleurs omniprésentes y étaient le noir et le rouge.

Y s’avéraient précieux le charpentier et le chirurgien.

Si la discipline était acceptée à bord, c'est la relâche dans les tavernes d'iles où les nourrissent les boucaniers. Les longues périodes d'attente sont rompues par des moments de grande violence lors des abordages.

Après une vie frôlant la mort, c'est la solitude à terre pour le vieux flibustier, parfois handicapé.

L'univers des « Chiens et Gueux de la mer », c'est enfin une république dont le Code fixe, sur un mode égalitaire, les règles de partages et compensations en cas de blessures.

Les partisans de la liberté des mers ont surtout inspiré les Anglo-Saxons : les Anglais, car les pirates ont défié la puissante Armada, au profit de leur-reine protestante, isolée dans l'Europe catholique.

En quête d'histoire, les Américains se sont retrouvés dans ce monde nouveau.

A la paix d’Utrecht (1713), assurée de leur suprématie, l’Angleterre, la France et la Hollande décident alors de réprimer le brigandage.

Une communauté pirate s'exile à Madagascar pour tenter de créer une société utopique.

La littérature (Daniel Defoe), la peinture (école du Delaware), le cinéma et les bandes dessinées ont popularisé l’image d’un pirate portant foulard ou tricorne, anneau à l’oreille, perroquet à l’épaule, sabres ou revolvers aux mains, jambe de bois, voire crochet au poignet. C'est oublier John Hawkins ou Sir Francis Drake, riches armateurs.

Autre mythe altéré : les abordages sont rares, car les équipages des navires attaqués, contraints de s'engager, ne demandent qu’à éviter un combat.

La rapidité est alors le meilleur atout pour s’assurer la victoire, le galion convoité, et les trésors qu'il recèle.

Arte a présenté le 22 décembre 2013 la série documentaire sur la représentation des pirates au cinéma.

Pirates Juifs
Dans Les pirates juifs des Caraïbes - L'incroyable histoire des protégés de Christophe Colomb, Edward Kritzler retrace dans "un style extrêmement vivant, la formidable histoire, haute en couleurs et encore mal connue, de ces Juifs séfarades partis au XVIe siècle à la conquête du Nouveau Monde après l'expulsion d'Espagne. Un récit qui se lit comme un roman d'aventures, qui nous mène d'Espagne à New York et d'Amsterdam au Brésil et à Mexico. L'aventure débute avec Christophe Colomb au XVe siècle, à l'âge des Grandes découvertes. De nombreux Juifs de la péninsule ibérique massacrés, expulsés ou contraints d'abjurer leur foi, ont l'idée de s'embarquer clandestinement avec les explorateurs et de se mêler aux conquistadors. L'accès au Nouveau Monde leur étant globalement interdit du fait de leur religion, ces marranes se feront passés pour des "nouveaux-chrétiens" du Portugal (par opposition aux "vieux-chrétiens" ou chrétiens de souche). Leurs fabuleuses aventures sont relatées avec leur lot d'intrigues, de drames, de rebondissements, de défaites et de victoires sur les Inquisiteurs encapuchonnés de la Sainte Terreur. La narration est également traversée par la rocambolesque entreprise de trois Juifs hollandais et de leurs enfants, tous des pirates notoires ! partis à la recherche du trésor de Christophe Colomb dans les montagnes de Jamaïque. On prétend que leur quête aurait échoué. Mais pour avoir découvert aux archives l'existence de documents inédits, l'auteur, Edward Kritzler, a cependant de bonnes raisons de croire le contraire..."

Edward Kritzler écrit :
"C'est en feuilletant les pages jaunies du journal de bord d'un pirate anglais du XVIIe siècle que je suis tombé sur cette scène stupéfiante. Lors de l'invasion de la Jamaïque en 1643, William Jackson raconte avoir trouvé la capitale de l'île entièrement déserte, à l'exception, écrit-il, de «divers Portugais issus de la nation hébraïque, venus à nous pour solliciter notre protection, en échange de quoi ils promirent de nous montrer où les Espagnols avaient caché leur trésor». J'avais toujours cru jusque-là que les premiers conquistadors espagnols et portugais du Nouveau Monde étaient tous de fervents catholiques. Que faisaient donc des Juifs portugais sur une île espagnole à demander protection à un corsaire anglais et à son équipage ? Je fis cette découverte en 1967, dans la salle de lecture de la Bibliothèque nationale de la Jamaïque où, parti de New York, je menais des recherches sur les premiers boucaniers à avoir accosté sur l'île. Plus qu'intrigué par ce passage du journal de Jackson, je décidai de mener l'enquête.
J'allais ainsi découvrir ce fait étonnant qu'avant la conquête de la Jamaïque par l'Angleterre en 1655, l'île avait en fait appartenu à la famille de Christophe Colomb. Mieux, que celle-ci avait offert asile aux Juifs persécutés par l'Inquisition. Le responsable de la communauté juive de l'île dans les années 1960, Sir Neville Ashenheim, alla même plus loin, m'expliquant que Christophe Colomb était probablement d'origine juive et que l'arbre généalogique des Juifs de Jamaïque remontait en vérité aux tout premiers immigrants. Cette histoire me parut à ce point incroyable que j'allais passer les quatre décennies suivantes sur la trace de ces pionniers méconnus. Oubliées, les tribulations du célèbre marchand de Venise de Shakespeare : ses cousins du Nouveau Monde étaient, eux, de fascinants aventuriers - des Juifs explorateurs, des Juifs conquistadors, des Juifs cow-boys et, oui, des Juifs pirates ! Une certaine communauté d'esprit unissait certes ces Juifs clandestins, dont la plupart continuaient de pratiquer leur religion en secret, aux autres colons. Mais tandis que ces derniers se lançaient à l'assaut des empires aztèque et inca pour y trouver la gloire et la richesse, convertir les païens et s'approprier les femmes indiennes, les Juifs, eux, cherchaient surtout à échapper aux bûchers des Inquisiteurs.
L'aventure débute avec Christophe Colomb au XVe siècle, à l'âge des grandes découvertes. C'est alors que de nombreux Juifs de la péninsule ibérique - massacrés, expulsés ou contraints d'abjurer leur foi -, eurent l'idée de s'embarquer avec les explorateurs et de se mêler aux conquistadors. L'accès au Nouveau Monde leur étant globalement interdit du fait de leur religion, ils se firent donc passer pour de «nouveaux-chrétiens» du Portugal (par opposition aux «vieux-chrétiens» ou chrétiens de souche), le pays n'exigeant pas encore, contrairement à l'Espagne, qu'ils prouvent la «pureté» de leur ascendance catholique. Rappelons en effet qu'en 1497, Manuel Ier, le roi du Portugal, décida que la seule façon de déjudaïser son royaume tout en gardant ses Juifs - lesquels jouaient un rôle trop important dans l'administration et l'économie pour qu'il se résigne à les expulser - était de les convertir en bloc. C'est ainsi que la majorité des Portugais opérant dans l'empire espagnol étaient en fait des nouveaux-chrétiens, des conversos (aussi appelés marranes), autrement dit des Juifs convertis de force au catholicisme, mais qui continuaient souvent à pratiquer, d'une manière ou d'une autre, une forme de cryptojudaïsme (de judaïsme clandestin ou caché)".
Le 20 novembre 2016, à Deauville, Pierre Cohen, conférencier, et Isaac Bensimhon, chant, guitare, évoqueront "Espions et pirates juifs - La revanche des sépharades" : "Après l'Inquisition en Espagne, un certain nombre de juifs se sont organisés pour faire "la revanche des sépharades". Une page d'histoire juive agrémentée de chansons judéo-espagnoles".

"La véritable histoire des pirates"
Arte diffusa "La véritable histoire des pirates" (Piraten - Wie lebten sie wirklich?), documentaire de Stéphane Bégoin.
 
"Figures populaires de la littérature et du cinéma, les pirates ont écumé les mers aux XVIIe et XVIIIe siècles. Dans le sillage de deux campagnes de fouilles dirigées par l’archéologue Jean Soulat, Stéphane Bégoin nous entraîne sur leurs traces à l’île Maurice et à Madagascar."

"Depuis le 7 janvier 1702, le Speaker repose à quelques mètres de profondeur sur la barrière de corail au large de l'île Maurice. Découverte en 1979, la frégate anglaise – un ancien navire négrier battant à l’origine pavillon français –, est l’une des six épaves de vaisseaux pirates à avoir été retrouvées dans les fonds marins du globe. Entouré d’une équipe pluridisciplinaire de chercheurs, l’archéologue Jean Soulat, du laboratoire LandArc, entreprend de mener l’enquête sur les circonstances de son naufrage alors que le pirate John Bowen, connu aussi sous le nom de Jean Bouin, s'en était emparé. Il tente de découvrir aussi, à terre, des informations sur ce que fut la vie quotidienne de l’équipage du flibustier lorsqu’il n’était pas en mer. Après une plongée dans les eaux mauriciennes autour des vestiges du bateau, le chercheur met le cap sur Madagascar. C'est sur l'île Sainte-Marie, qui aurait servi de camp de base aux pirates, que John Bowen se serait emparé par ruse en 1700 du Speaker..."

"Qui étaient ces flibustiers qui sillonnaient les mers aux XVIIe et XVIIIe siècles pour s’emparer des cargaisons des navires marchands dont ils croisaient la route ? Que faisaient-ils de leurs butins et où se cachaient-ils à terre pour échapper à la justice ? À partir de l'étude du Speaker et d'archives conservées dans différents musées et institutions – à l’île Maurice, en France, en Espagne, en Angleterre et aux États-Unis –, Stéphane Bégoin (Naachtun – La cité maya oubliée, L'invention du luxe à la française) accompagne l’archéologue Jean Soulat sur deux de ses campagnes de fouilles dans l’océan Indien. Illustré par de superbes dessins d'Antoni Carné et des animations graphiques issues du jeu vidéo Skull and Bones *, et étayé par les éclairages d’experts (historiens, conservateurs, biologiste, géophysicienne spécialiste des investigations aériennes...), ce documentaire nous invite à une plongée captivante dans l’histoire méconnue de la piraterie, qui accompagna l’essor du commerce maritime entre l’Europe et l’Asie."

* La sortie de ce nouveau jeu pour consoles et PC d'Ubisoft est annoncée pour mars 2023.

"L'Aigle des mers"
Arte diffusa L'Aigle des mers (The Sea Hawk ou Beggars of the Sea), film d'aventures américain réalisé par Michael Curtiz (1940) et librement inspiré du roman de Rafael Sabatini "The Sea Hawk". 

Interprété par Errol Flynn, Brenda Marshalll et Claude Rains, il fut sélectionné dans quatre catégories à la cérémonie des Oscar.

 "En l'an 1585, les côtes britanniques sont protégées par les aigles des mers, marins chevronnés qui écument les mers au service d'Élisabeth. Le roi Philippe II d'Espagne envoie Don Alvarez de Cordoba à Londres en qualité d'ambassadeur. En mer, la Sainte-Eulalie, où se trouvent De Cordoba et sa nièce Maria, est attaquée par l'Albatros, bateau corsaire de "l'aigle des mers" Geoffrey Thorpe. Thorpe ramène lui-même l'équipage à la reine. Mais un espion de Philippe II veille à la cour..."

"Corsaires de la reine contre pirates du roi, combats, trahisons et galères : l'apogée du film d'aventures maritimes et le sommet de la complicité entre Errol Flynn et Michael Curtiz". La musique du film est signée par Erich Wolfgang Korngold."

Un film en phase aussi avec son époque : la Grande-Bretagne lutte alors contre le IIIe Reich.

Série "Pirates"
Pirates. Francis Drake - Corsaire de Sa Majesté  (Piraten. Der Pirat und die Königin) et Pirates. Les corsaires barbaresques (Piraten. Die Jagd nach dem weißen Gold) est un documentaire en deux volets de Robert Schotter et Christoph Weinert.

Le deuxième volet a été diffusé par Arte sous le titre "Pirates - Les corsaires barbaresques" de Robert Schotter.

"Pirates, corsaires et flibustiers n’étaient pas simplement des rebelles assoiffés de trésors : pendant que les premiers n’agissaient que pour leur propre compte, les autres servaient les intérêts des souverains européens. Des scènes reconstituées sont complétées par des éclairages de spécialistes de l’histoire maritime".

Premier voletPirates. Francis Drake - Corsaire de Sa Majesté. XVIe siècle. 

« Après la découverte de l'Amérique, le monde est dominé par l’empire espagnol du très catholique Philippe II. La jeune souveraine anglicane Élisabeth Ire s'en inquiète et veut que son royaume devienne une grande puissance maritime".

"Pour cela, elle fait appel au fascinant Francis Drake, qui a commencé sa carrière comme simple mousse. Il mène régulièrement des raids contre les possessions espagnoles et parvient, entre 1577 et 1580, à effectuer la deuxième circumnavigation autour du globe, après Magellan", sans information sur l'itinéraire à suivre, en finançant sa traversée grâce à l'argent récolté auprès d'hommes d'affaires confiants en sa réputation et à bord du Golden Hind.  Il remonte la côte Pacifique d'Amérique du sur, surprend les Espagnols, pille des dizaines de navires de l'Invincible Armada. Ce corsaire traitait bien ses prisonniers : aussi, à l'abordage, les marins ennemis avaient-ils intérêt à se rendre sans se battre. Il décide de contourner le continent américain par le nord. Pour chaque livre que la reine Elisabeth 1ère a investi, elle en gagne 47. Elle peut financer la construction de navires petits, très mobiles. Le royaume, qui connait une ère de prospérité économique et culturelle, domine les mers. Anobli par la reine en 1588, Drake "devient vice-amiral de la flotte anglaise et contribue la même année à la retentissante défaite de l'Invincible Armada espagnole ».

Second volet. 
« Les corsaires barbaresques »
Arte diffusera le 1er juin 2024 à 22 h 25 « Les corsaires barbaresques », documentaire de Robert Schotter.

« Pirates, corsaires et  flibustiers ont marqué l'histoire maritime. Des reconstitutions soignées et les éclairages de spécialistes retracent leurs aventures. »

Plus d'un million d'Européens, marins et passagers, « ont été ainsi enlevés par des pirates musulmans en Méditerranée et dans l'Atlantique » afin d'être vendus dans des marchés d'esclaves d'Alger, de Tunis et de Tripoli. Beaucoup meurent en captivité, comme galériens ou domestiques. Ces pirates musulmans sont appelés Barbaresques apparus après que les Maures aient été chassés d'Espagne. Alger, Tunis, Tripoli créent des régences en Afrique du nord, des Etats barbaresques. Échaudés, les Européens ne sont pas enclins à commercer avec les musulmans. Les corsaires barbaresques capturent les navires européens, pillent. Ils vont jusqu'en Islande pour se procurer des esclaves. Les familles des captifs reçoivent des demandes de rançons, négocient. Les paroisses reçoivent des dons. La traite des Européens s'avère un thème encore peu étudié par les historiens.

« Au XVIIIe siècle, l'Europe est terrorisée par les corsaires barbaresques. Ces derniers partent en quête de « l'or blanc » d'alors, c’est-à-dire des Européens des deux sexes, à la peau claire, qui seront vendus comme esclaves en Afrique du Nord et en Orient. Hark Olufs", marin d'une île de la mer du nord sous domination danoise, "est l'une de ces victimes. Devenu esclave, il parvient, grâce à son intelligence, à passer du rang de serviteur" à la cour du bey de Constantine à celui de trésorier, puis commandant en chef de la cavalerie ! "À force de remporter des victoires, il recouvrera sa liberté » après douze ans de service. En 1736, il rentre "dans sa mère patrie" et dissimule sa conversion à l'islam. Il se marie et fonde une famille. La conversion à l'islam ouvrait des opportunités à l'esclave.

« Parallèlement, à la fin du siècle, les jeunes États-Unis se défendent contre ces pirates en fondant une redoutable unité de soldats des mers : le United States Marine Corps. Plus de deux siècles après sa création, cette unité d’élite est toujours en activité. »


En raison de la perte des navires, le commerce est presque paralysé en mer méditerranéenne.

C'est pour mettre un terme à ces mises en esclavage, à cette piraterie des Barbaresques, à ces confiscations de navires pillés - en 1800, le total des rançons, spoliations, etc. imposées par les pirates musulmans représentaient 20% des revenus annuels du gouvernement fédéral américain -, que les Etats-Unis créent leur Marine de guerre (1794), une US Navy victorieuse lors des deux guerres barbaresques (1801-1805, 1815) au cours desquelles s'illustre l'officier de marine Stephen Decatur. Les « jeunes États-Unis se défendent contre ces pirates en fondant une redoutable unité de soldats des mers : le United States Marine Corps. Plus de deux siècles après sa création, cette unité d’élite est toujours en activité ».

Humiliation : en 1795, le dey d'Alger a exigé la construction d'un navire de guerre au lieu d'un tribut. Ce qu'accepte la jeune nation américaine. En innovant, les Américains fabriquent des navires pouvant circuler sur toutes les mers, et surpassant les navires des Barbaresques. Le USS Constitution est une frégate en chêne de Virginie, variété rare, qui a nécessité l'abattage de 2 000 arbres. Sa coque a trois couches de chêne massif sur 50 cm sur lesquelles le boulet rebondit. En 1801, le pacha de Tripoli exige une fortune pour épargner les navires américains. Silence des Américains. Le pacha leur déclare la guerre. Le président Thomas Jefferson obtient l'accord du Congrès. L'Amérique est divisée entre les partisans du commerce, et les tenants du repli sur le continent. Stephen Decatur étudie le monde islamique, lit les récits des captifs chrétiens, etc. Les Barbaresques capturent le Philadelphia et des centaines de marins américains. Decatur, intrépide, se rend à Tripoli et met le feu à ce navire. Une mission suicidaire pour un commando de volontaires bien entraînés. L'amiral Nelson a salué l'audace et le courage des Américains. Decatur est promu. En 1805, un traité est signé prévoyant le versement d'une rançon par les Américains. Ce traité est respecté... jusqu'en 1812. C'est le début de la "politique de la canonnière", commente un historien. Sans aller à l'affrontement, Decatur dicte ses conditions. Les trois régences s’engagent à libérer sans rançon leurs esclaves et renoncent à capturer les navires américains. Commerce de l'or et des esclaves constituent des fondements des économies barbaresques. Donc, les pirates barbaresques poursuivent clandestinement leurs activités.

La France entreprend une opération militaire couronnée de succès (1827-1830) contre la Régence d'Alger qui offrait un havre aux pirates barbaresques. Elle libère les derniers captifs à Alger.


"Autour de fouilles dirigées par l’archéologue Jean Soulat sur l’épave du Speaker et les vestiges du repaire du pirate John Bowen, un éclairage sur l’histoire de la piraterie maritime dans l’océan Indien. Par Christine Guillemeau".
 
"Qui était John Bowen ?
Né aux Bermudes vers 1660, John Bowen est emmené par des pirates à Madagascar. Il y intègre l’équipage de George Booth, qui écume la mer Rouge et l’océan Indien. Après la mort de ce dernier en 1700, Bowen s’empare, le 16 avril, du Speaker, un navire anglais repéré au mouillage dans la rivière malgache de Methelage. Pour accomplir son forfait, il ruse : soudoyant l’un de ses marins, il invite le capitaine du vaisseau à festoyer avec lui à terre. À bord du Speaker, qui fera naufrage en 1702, Bowen, connu aussi sous le nom de Jean Bouin, navigue vers la côte ouest de l’Inde où il capture deux navires arabes, puis deux vaisseaux marchands anglais. Après chaque expédition, il rejoint son repaire, établi sur l’île Sainte-Marie (Nosy Boraha), à Madagascar. Repenti, il s’installe jusqu’à sa mort, en 1705, sur l’île Bourbon (La Réunion), grâce à l’amnistie octroyée par son gouverneur.

Du corsaire au pirate
Au XVIe siècle, la criminalité maritime sévissait dans les Caraïbes et le golfe du Mexique. S’estimant lésées par le partage du monde entre l’Espagne et le Portugal, la France et l’Angleterre chargent des corsaires d’attaquer leurs vaisseaux qui convoient depuis l’Amérique du Sud de l’or, de l’argent, mais aussi du tabac, de la canne à sucre ou des bois exotiques. Les corsaires conservent la moitié des butins, l’autre étant réservée à leur Couronne respective. Au début du XVIIe siècle, de nouvelles alliances sont scellées entre les grandes nations d’Europe et les navires corsaires sont désarmés. Migrant vers la mer Rouge et l’océan Indien, certains d’entre eux reprennent du service pour leur propre compte : les voilà pirates. Profitant de l’essor du commerce européen avec l’Orient, ils s’emparent des navires marchands des compagnies des Indes portugaises, anglaises, néerlandaises ou françaises qui transportent de riches cargaisons en provenance d’Inde, de Chine ou d'Extrême-Orient.

Des héros populaires… fantasmés
Depuis L’île au trésor de Robert L. Stevenson, la littérature puis le cinéma ont fantasmé la figure du pirate, exaltant sa vie aventureuse dans des contrées exotiques. Un imaginaire bien loin de la réalité qui a souvent éclipsé la face plus sombre de ces marins, rudes, libres, souvent cruels, mais aussi la violence de leurs destins. Selon les historiens, un pirate ne pouvait espérer poursuivre ses activités plus de deux ou trois ans. Aux conditions de vie déplorables en mer (scorbut, épidémies…) s’ajoutait la dureté des combats d’abordage au cours desquels beaucoup étaient blessés. Désignés comme des criminels par les justices européennes, ils étaient en outre pourchassés et généralement pendus lorsqu’ils étaient capturés."


Edward Kritzler, Les pirates juifs des Caraïbes - L'incroyable histoire des protégés de Christophe Colomb. Traduction par Alexandra Laignel-Lavastine. André Versaille, 2012.

Visuels 
© Warner Bros

"La véritable histoire des pirates", documentaire de Stéphane Bégoin
France, 2022, 1 h 30 mn
Coproduction : ARTE France, Gedeon Programme, Curiosity Stream
Sur Arte les 07 janvier 2023 à 20 h 55, 10 janvier 2023 à 9 h 25, 25 janvier 2023 à 9 h 25
Sur arte.tv du 31/12/2022 au 07/03/2023

« Pirates », documentaire en deux volets de Robert Schotter, Christoph Weinert
ZDF, 2015
Sur Arte
Pirates. Francis Drake - Corsaire de Sa Majesté  (Piraten. Der Pirat und die Königin: les 31 octobre à 20 h 50, 1er novembre à 15 h 20 et 3 novembre 2015 à 16 h 25 (53 min)
Pirates. Les corsaires barbaresques (Piraten. Die Jagd nach dem weißen Gold: les 31 octobre à 21 h 40, 1er novembre à 16 h 10 et 4 novembre 2015 à 16 h 25, 15 avril 2020 à 09 h 25. (50 min).

Visuels : © Taglicht media/Bastian Barenbrock

« Les corsaires barbaresques » de Robert Schotter
Allemagne, 2015, 50 mn
Sur Arte les 1er juin 2024 à 22 h 25, 09 juin 2024 à 16 h 35
Sur arte.tv du 31/05/2024 au 30/06/2024


A lire sur ce blog :
Articles in English

Cet article a été publié par Actualité juive et sur ce blog le 22 décembre 2013, puis le 29 octobre 2015, 19 novembre 2016, 16 avril 2020, 6 janvier 2023.