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lundi 15 mai 2023

Le logiciel espion Pégase/Pegasus

Elaboré en 2013 par des informaticiens israéliens, Pegasus ou Pégase est un logiciel espion très puissant et dont la commercialisation est contrôlée par l'Etat d'Israël. 
Forbidden Stories et divers journaux ont publié une enquête alléguant que ce logiciel aurait été utilisé pour espionner des chefs d'Etats, des militants, etc. Arte diffusera le 16 mai 2023 à 23 h 45 « Pegasus, un espion dans votre poche », documentaire d’Anne Poiret.


Elaboré en 2013 par des informaticiens israéliens, Pegasus ou Pégase est un logiciel espion visant à s'introduire subrepticement, à distance, en neutralisant les systèmes de sécurité, dans les smartphones sous iOS et Android afin d'avoir accès au contenu - fichiers, mots de passe, etc. - de ces téléphones portables, d'entendre ou d'enregistrer des conversations téléphoniques, de géolocaliser l'appareil... Il est commercialisé par l'entreprise NSO Group, détenue majoritairement par Novalpina Capital, entreprise basée à Londres (Royaume-Uni). En occultant cette participation majoritaire d'une société britannique, en présentant NSO Group comme exclusivement israélien, de nombreux médias comme la BBC, ont manqué à leur devoir déontologique pour déliter l'image de la "seule démocratie" de la région. En outre, certains ont allégué que ce logiciel était utilisé par la police israélienne pour espionner certains politiciens et militants. Ce qui esquissait l'image d'Israël en "Etat de surveillance" (Alex Traiman) car, durant la pandémie de coronavirus, le gouvernement israélien a surveillé, via leur téléphone portable, des citoyens testés positifs et contraints temporairement à l'isolement afin de s'assurer qu'ils ne rencontrent pas leurs concitoyens et de réduire le risque de contagion. De plus, le 7 février 2022, le média Calcalist a révélé que la police israélienne avait utilisé illégalement ce logiciel, destiné au contre-terrorisme, pour espionner des ministres ou leurs proches, dont le fils du Premier ministre Benjamin Netanyahu, des journalistes, des militants, des entrepreneurs... Des allégations préjudiciables aux droits des citoyens israéliens, à la démocratie et à la firme.

Le ministère israélien de la Défense autorise la commercialisation de ce logiciel et interdit qu'il vise des Etats membres de l’alliance « Five Eyes » (Etats-Unis, Canada, Royaume-Uni, Australie, Nouvelle-Zélande).

En juillet 2021, des médias ont allégué dans une "enquête journalistique collaborative internationale", que Pégase/Pegasus aurait été utilisé par des pays à des fins d'espionnage : par exemple, le Maroc aurait espionné la France. Auraient été ciblés 189 journalistes, 85 militants des droits de l'homme, 65 chefs d'entreprises, 600 personnalités politiques, ministres et chefs d'Etats. 

Qui a financé cette "enquête journalistique" ?

Le 22 juillet 2021, durant un débat à l'Assemblée nationale sur un projet de loi de prévention d’actes de terrorisme et renseignement, Ugo Bernalicis, député LCI, s'est interrogé : "Ce n’est pas cette entreprise, implantée en Israël, qui est censée avoir accès aux données résultant de la surveillance et de l’espionnage, mais ses clients, c’est-à-dire des États tiers. Il en résulte un imbroglio qui amène à se poser de nombreuses questions : certains accusent le Maroc, d’autres disent que ce pays a surtout servi d’intermédiaire. L’aurait-il été au profit de nos propres services de renseignement, à qui la loi interdit a priori de recourir à ces techniques ?" 

Meir Habib, député UDI, a déclaré : « C'est grâce à ce genre de logiciel que les Israéliens ont pu fournir à nos services des informations qui ont permis d’éviter, à Villepinte, un attentat potentiellement meurtrier préparé par des Iraniens". M. Bernalicis a interrogé : "Comment se fait-il que vous soyez au courant ?" M. Habib a poursuivi : "En Belgique, un diplomate iranien a d’ailleurs été condamné à la prison pour ces faits. Il est bon qu’il y ait des Rafale, des kalachnikovs, des armes de guerre, dès lors qu’ils sont bien utilisés. C’est la même chose pour ce genre de logiciels : c’est une bonne chose qu’ils existent s’ils sont employés par des États contre les terroristes. La question est de savoir dans quelles conditions Pegasus a été utilisé, et par qui. C’est l’objet du conseil de défense qui s’est réuni ce matin. Il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que le Président de la République, qui est aussi le chef des armées, soit espionné. Mais qu’il existe des logiciels performants montre que certains pays sont performants, et heureusement qu’ils existent s’ils permettent de briser nos ennemis – car c’est cela qui nous intéresse aujourd’hui".

« Pegasus, un espion dans votre poche » 
Arte diffusera le 16 mai 2023 à 23 h 45 « Pegasus, un espion dans votre poche », documentaire d’Anne Poiret.

« En 2021, un consortium international de médias révélait le scandale Pegasus : la surveillance illégale d’opposants, de journalistes ou de chefs d’État pratiquée par de nombreux pays via le logiciel israélien. Ce documentaire raconte les coulisses de l’enquête et expose les dérives mises au jour. » 

« Le 18 juillet 2021, dix-sept médias internationaux levaient le voile sur les dérives de Pegasus, l’un des logiciels espions les plus intrusifs au monde, créé par la société israélienne NSO Group ». 

« Présentée comme un outil de lutte contre le terrorisme et le crime organisé, cette arme informatique, capable de prendre le contrôle d’un téléphone en toute discrétion, a été utilisée par de nombreux États pour surveiller, à l’intérieur comme hors de leurs frontières, des responsables politiques, des journalistes, des avocats ou encore des militants des droits humains, mais aussi leurs contacts ». 

« Un an avant les révélations, Forbidden Stories accédait à une fuite de données contenant 50 000 numéros potentiellement visés entre 2016 et 2020. » 

« Avec le renfort de journalistes du Guardian, de Frontline et de quatorze autres rédactions, le collectif fondé par Laurent Richard se lançait alors dans une enquête tentaculaire pour identifier les personnes concernées et faire analyser leurs téléphones par des experts en sécurité informatique (Security Lab d’Amnesty International, Citizen Lab), afin d’y rechercher d’éventuelles traces d’infection ». 

« C’est ainsi que Diana Priest, du Washington Post, a pu établir que deux femmes proches de Jamal Khashoggi, son confrère saoudien assassiné à Istanbul – sur ordre probable du prince héritier Mohammed ben Salmane –, avaient été espionnées par Pegasus ». 

« De son côté, Le Monde a dévoilé que des ministres en exercice, et jusqu’au président Emmanuel Macron, figuraient sur la liste des numéros ciblés par le Maroc, pays pourtant "ami" de la France… »

« Plongeant dans les coulisses du "Projet Pegasus", Anne Poiret (Mossoul, après la guerre) et Arthur Bouvart mettent en lumière le rigoureux travail d’investigation mené par les médias associés, ainsi que certaines des effarantes affaires qu’ils ont contribué à faire émerger ». 

« À travers les témoignages de journalistes, du patron de WhatsApp Will Cathcart, qui a attaqué NSO en justice, de l’eurodéputée allemande Hannah Neumann ou d’un vétéran anonyme de l’unité 8200, le service de renseignements le plus avancé de Tsahal, qui alimente en ingénieurs les start-up de la tech israélienne, leur documentaire décrypte les rouages de ce système mondial d’espionnage hors de contrôle, outil de soft power pour l’État hébreu, instrument de répression pour des régimes autoritaires ». 

« En donnant la parole à des personnes traquées, il éclaire par ailleurs les répercussions intimes de cette intrusion invisible, vécue comme un traumatisme par les victimes et leurs proches. » 


France, 2023, 94 min
Coproduction : ARTE France, Forbidden Films, PBS Frontline/WGBH, BBC Storyville, Mediawan Rights
Sur Arte les 16 mai 2023 à 23 h 45, 24 mai 2023 à 9 h 25
Sur arte.tv du 09/05/2023 au 18/11/2023
Visuels :
Latifa Al Maktoum
Dana Priest
Teresa Aristegui - Karina Maciel
Jamal Khashoggi
Emilio Aristegui et Carmen Aristegui
Claudio Guarnieri
© FORBIDDEN FILMS

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