Depuis 2008, année d'élection de Gilles Bernheim à cette fonction, Internet s'est imposé dans les élections consistoriales désignant le grand rabbin de France. Médias communautaires, mais surtout blogueurs et réseaux sociaux apparaissent comme des vecteurs privilégiés de candidats à cette fonction spirituelle suprême française. Haïm Korsia a été élu grand rabbin de France le 22 juin 2014.
Quelles différences entre les campagnes 2008 et 2014 ? La réduction des budgets, l'inflation du nombre de candidats, les effets de deux scandales et le changement de générations.
Les points communs ? Les rabbins candidats se situent dans le courant orthodoxe consistorial. Nombre d'entre eux ont des enfants vivant en Israël.
Certes, le programme et la personnalité d'un candidat seuls importent. Mais dans une ère de communication et à une époque de stigmatisation du judaïsme, il s'avère impératif qu'un grand rabbin de France sache communiquer et s'entourer de communicants compétents.
Mais surtout, nul ne s'interroge sur la pertinence de la fonction de grand rabbin de France à l'aube du XXIe siècle. L'empereur
Napoléon Ier a institué les Consistoires israélites en 1808. Or, depuis cette date, le judaïsme français institutionnalisé a évolué profondément. Il s'est doté d'associations ou de fédérations entamant le monopole de la représentation des Français juifs, tels le
Conseil représentatif des institutions Juives de France (CRIF) dont les Consistoires ne sont pas membres, le FSJU (Fonds Social Juif Unifié), le BNVCA (Bureau national de vigilance contre l'antisémitisme), etc. Il est irrigué par des mouvements juifs divers : l'
Union libérale israélite de France (ULIF) fondée en 1907 et "
plutôt "Reform" (UK) ou "Conservative" (USA)", le
Mouvement Juif libéral de France (MJLF) créé en 1977, le judaïsme
Massorti ("
conservateur ou conservative"), le mouvement
'Habad-Loubavitch. Dès lors, combien de Français Juifs représente le Grand rabbin de France ? La moitié de ses coreligionnaires ? Plus ? Moins ?
Deux candidats en 2008
Blogs de campagne, groupes de soutiens sur le réseau social Facebook, vidéos sur MySpace ou Dailymotion, sites Internet reflétant un débat à l’instar d’une
disputatio médiévale et assorti de commentaires de lecteurs… Les diverses opportunités du web ont été particulièrement prisées par les équipes des deux candidats - les grands rabbins Gilles Bernheim et Joseph-Haïm Sitruk - à l’élection du
grand rabbin de France (GRF) le 22 juin 2008.
A contrario, les candidats à la présidence du Consistoire central de France ont alors privilégié des médias traditionnels.
Pourquoi ? Plusieurs facteurs explicatifs peuvent être avancés : la plus grande visibilité/proximité de la fonction rabbinique auprès des membres de la communauté, l’alignement sur le recours à Internet lors des campagnes en vue des élections présidentielles et législatives en 2007, l’atout de présenter une image peaufinée du candidat, et les avantages du réseau : modernité, interactivité, rapidité, réactivité, utilisation aisée et ubiquité.
Peut-être aussi la volonté de proches du grand rabbin Gilles Bernheim de contourner un appareil présumé acquis au grand rabbin de France Joseph-Haïm Sitruk pour sensibiliser la base afin qu’elle influe sur les quelques 300 électeurs.
Autre originalité : pour suivre les élections aux deux instances suprêmes du Consistoire central de France, Jack-Yves Bohbot assurait dans son
blog un suivi curieux, honnête et de l’intérieur : ce blogueur est en effet vice-président de ce Consistoire. Une initiative critiquée par certains, étonnés par une pratique qui relatait de manière inédite des épisodes et rebondissements de ces campagnes… Quant au blog
http://electionsrabbiniques.blogspot.com, il se voulait un observateur neutre et anonyme.
Le grand rabbin Gilles Bernheim articulait sa communication autour de sa figure d’auteur prolifique (
http://www.unrabbindanslacite.fr), du site de son groupe de soutien
http://www.avenirdujudaisme.fr créé en janvier 2008 et qui éditait une newsletter hebdomadaire, et de son
blog de campagne http://www.gillesbernheim2008.fr, densifié par des textes, des vidéos, son programme, un chat, la diffusion en direct d’une soirée d’études parisienne… Le film
24 heures dans la vie du grand rabbin Bernheim (environ 25 minutes) inclus dans l’un des deux DVD envoyés aux électeurs, a été mis sur Internet.
Le grand rabbin de France Joseph-Haïm Sitruk bénéficiait du site
http://www.lesamisdugrandrabbin.com, un espace sans connotation électorale et qui proposait les vidéos des cours, conférences, discours et interviews du grand rabbin de France, sans mentionner ses livres ou sa candidature à l’élection du GRF. Ce site était dépourvu de texte et ne listait pas les réalisations du GRF. Un acte volontaire visant à dénoter une absence de vanité et à laisser les Internautes établir ce bilan. Internet était utilisé sur un registre affectif : les personnes attachées au grand rabbin de France Joseph-Haïm Sitruk étaient invitées à y exprimer ce qu’elles ressentaient. Un direct de Jérusalem par satellite au Kotel a eu lieu lors d’une « fête de l’unité » au Zénith.
Selon le blog
Electionsrabbiniques2008, les trois groupes de soutien à ce candidat (2 495 membres) devançaient le 6 juin ceux de son rival (895 membres).
Interrogés par
L’Arche, des proches des deux candidats indiquaient que cette campagne a suscité un fort engouement qui, pour l’un d’eux, aurait rayonné au-delà de la communauté Juive française.
Espérons qu’une réflexion suivra cette campagne émaillée de graves accusations, parfois véhiculées via sites ou courriels, concernant ces deux candidats et ayant concerné aussi les relations entre juifs et chrétiens.
Peut-être songera-t-on alors à créer une instance de régulation, indépendante et temporaire, pour assurer un meilleur déroulement des campagnes dans le respect de la neutralité de l’institution consistoriale et dans une plus grande transparence ou modération financières afin de ne pas décourager certaines candidatures ou prêter le flanc à des attaques.
Le 12 juin 2008, Raphy Marciano, directeur du Centre communautaire de Paris et de la campagne du grand rabbin Gilles Bernheim, a annoncé que celui-ci publiera ses comptes de campagne.
Six candidats en 2014
Dès le 24 février 2014, Philippe Meyer
publiait sur son site Internet une
lettre adressée à Joël Mergui, président des Consistoires de Paris Ile-de-France et de France, et
signée d'administrateurs du Consistoire ainsi que de
rabbins et grands rabbins (Haïm Korsia, Laurent Berros, André Elkiess, Moché Lewin, Mendel Samama, Alain Sénior, etc.), afin que ce président fixe rapidement la date de l'élection du Grand rabbin de France.
Le 3 mai 2014,
dix candidats, souvent quarantenaires ou cinquantenaires, étaient candidats à la fonction de grand rabbin de France dont l'élection aura lieu le 22 juin 2014 : Raphaël Banon, grand rabbin de Toulouse, chef d'entreprise de la société Bara et ayant défendu son
droit à porter la kippa devant la Cour d'appel de Paris malgré les
menaces choquantes du juge Marcel Foulon, Laurent Berros, rabbin depuis dix ans de Sarcelles (Val d’Oise) - une des deux communautés avec
Créteil les plus importantes de la région Ile-de-France - et proche de l’ancien grand rabbin de France, Joseph Sitruk,
Elie Elkiess, un des responsables de la
cacherout au Consistoire israélite de Paris, Bruno Fiszon, grand rabbin de Metz et de Moselle et vétérinaire spécialiste de l’abattage rituel (
che'hita) qu'il défend dans les instances européennes contestant cette pratique, Olivier Kaufmann, rabbin de la synagogue de la place des Vosges à Paris, directeur du Séminaire israélite de Paris depuis janvier 2013 et co-grand rabbin de France par intérim au côté du grand rabbin de Paris, Michel Gugenheim, depuis la démission de Gilles Bernheim en 2013,
Haïm Korsia, aumônier des armées depuis 2007, ancien rabbin de Reims auquel a été consacré un documentaire, collaborateur des deux précédents grands rabbins de France, et défenseur du droit pour les étudiants Juifs de ne pas passer leurs examens lors de Chabbat et de fêtes juives,
Yoni Krief, rabbin de Nantes et
aumônier régional des prisons, Meïr Malka, qui a été actif dans les conversions au consistoire de Paris, Alain Senior, grand rabbin de Créteil depuis environ vingt ans, et ancien secrétaire particulier de Joseph Sitruk, et David Shoushana, rabbin de Nice, de Martinique et maintenant de Charenton-le-Pont (Val de Marne).
Après le retrait du rabbin Bruno Fiszon, puis d'autres candidats, restent six candidats : Laurent Berros, Olivier Kaufmann, Haïm Korsia, Meïr Malka, Alain Senior et David Shoushana. Tous six rabbins franciliens. Comme si les rabbins de province étaient exclus
de facto de toute candidature.
Parmi ces six rabbins, certains sont médiatisés, tel Haim Korsia qui a participé dès 2006, et pendant plusieurs années, sur
Direct 8, avec le père Alain de La Morandais et l'anthropologue Malek Chebel, à l’émission télévisée
Les enfants d’Abraham et auquel
le réalisateur avait consacré un documentaire en 1999
. Le visage d'Olivier Kaufmann est familier des téléspectateurs car ce rabbin officie lors de cérémonies télévisées telles celle du souvenir diffusée sur France 2 le dernier dimanche avant Rosh HaChana (Nouvel an juif) et celle à la
mémoire des victimes des rafles et d'hommage aux Justes de France. Il est vraisemblablement le rabbin ayant le carnet d'adresses dans le Tout-Paris, politique, médiatique, artistique, militaire, religieux le plus densément rempli.
Quant à Raphaël Banon et Alain Senior, ils s'étaient déjà présentés à
l'élection au grand rabbinat de Paris en 2012 et avaient été interviewés par des médias et blogs communautaires, dont
celui créé par l'association
Avenir du judaïsme médiatisée lors de la
polémique récente sur le
guet.
Certains sont issus de lignées familiales rabbiniques : tels les rabbins Olivier Kaufmann, petit-fils du grand-rabbin
Henri Schilli (1907-1975), ancien directeur du Séminaire israélite de France et grand rabbin de France par intérim avec le grand rabbin Jacob Kaplan (1952-1955), et Alain Chlomo Senior (quatre générations de rabbins).
Mais beaucoup de rabbins candidats exercent en province ou en banlieue et sont donc inconnus ou méconnus de la majorité des Français Juifs
lambda. Aussi, ils se sont rendus dans les communautés Juives de la province française, et ont répondu aux interviews de
médias communautaires - journaux, radios - et de blogueurs.
Sur la fréquence francilienne, RCJ, Radio J, Radio Shalom et Judaïques FM ont consacré un temps important à interviewer des candidats. Sur Radio Shalom, Olivier Gandus a obtenu l'acquiescement du rabbin Olivier Kaufmann sur l'autorisation donnée à un imam de parler à la
bimah (
estrade de lecture dans la synagogue). Mais aucun des deux ne s'est intéressé au discours qui serait tenu par cet imam. A l'instar du candidat à la Présidence de la République François Hollande, c'est par une
anaphore que le rabbin Olivier Kaufmann a présenté son programme sur RCJ. Les candidatures de ces rabbins de province intéressent la presse locale : ainsi,
Maville Nantes interroge le rabbin Yoni Krief.
Actualité juive hebdo a couvert cette élection par un
dossier sur le
mode d'élection, la nature et la pertinence de la fonction de grand rabbin de France, par
quatre questions/quatre réponses de huit candidats, car le rabbin Raphaël Banon n'a pas souhaité s'exprimer, par la
republication d'un éditorial de son fondateur Serge Benattar relatif à la précédente élection du grand rabbin de France et un
article sur certaines vidéos des candidats. Des articles disponibles sur le
site Internet du journal.
De même,
Hamodia informe sur les
qualités attendues du grand rabbin, ainsi que sur les parcours et les professions de foi des candidats.
Manque de temps ou ignorance concernant la création de blogs et de comptes sur les réseaux sociaux et l'importance de la communication digitale, peu de candidats ont utilisé Internet, même s'ils sont présents sur LinkedIn ou Video.
Comptes sur Facebook -
Laurent Berros. Pour un souffle nouveau (1 580 J'aime) - et
Twitter (79 abonnés),
site Internet éponyme avec revue de presse et vidéos,
chaîne YouTube avec une dizaine de
vidéos... La campagne numérique du rabbin Laurent Chalom Berros s'avère exhaustive, et suppose une équipe particulièrement dynamique
. C'est également sur
YouTube que Laurent Chalom Berros a publié le 6 mai 2014 son message officiel de campagne - 2 959 vues - dans lequel il revient sur son parcours - rabbin à Montpellier, puis à Sarcelles - "
petite Jérusalem avec ses 27 synagogues, ses huit écoles, ses 26 commerces cacher, son Kolel" et "modèle de réussite et d'unité" - dans le département du Val d'Oise qui "
à lui seul compte 30 000 Juifs".
Le Parisien consacre un article à ce "
rabbin de proximité" tant la communauté Juive de Sarcelles est importante. Ce candidat arrive en tête d'un
sondage d'
Actualité juive.
C'est le chroniqueur judiciaire Clément Weill-Raynal sur France 3 et pour
Actualité juive qui a alerté son ami le grand rabbin Olivier Kaufmann sur les erreurs concernant les diplômes obtenus figurant sur la
page de ce rabbin sur Wikipedia. Des erreurs rectifiées, et objets de rumeurs d'autant plus graves après le
scandale de l'agrégation de philosophie attribuée à tort au grand rabbin Gilles Bernheim. Youtube héberge
cinq vidéos postées tardivement, dans les derniers jours de la campagne, dont trois interviews du candidat :
l'une sur RCJ par Shlomo Malka (195 vues),
l'autre par la journaliste médicale du Figaro Martine Perez (276 vues) et la
troisième sur Radio Shalom. Posté le 19 juin 2014, le clip de campagne du rabbin Olivier Kaufmann a été vu 1 657 fois. Une communication digitale tardive.
C'est cependant par une
vidéo réalisée à la fin d'une conférence à Nancy le 30 avril 2014 et publiée le 1er mai 2014 sur
Youtube que le
rabbin Haïm Korsia a annoncé sa candidature (1 071 vues). Le 2 mai 2014, ce membre du Conseil d'administration de l'OSE (Oeuvre de Secours aux enfants) a reçu sur
Facebook le
soutien de
Roger Fajnzylberg, précédent directeur général de l'OSE,
délégué général de la Fondation OSE MES (Mémoire Enfance Solidarité) et signataire en 1996 d'un appel contre « la judaïsation de Jérusalem-Est » qu'il n'a pas renié publiquement. Le
rabbin Haim Korsia n'a pas été interrogé sur ce soutien problématique dont il ne s'est pas distancé.
Ce candidat a aussi créé sa page Facebook intitulée
Haïm Korsia Grand Rabbin de France (1 204 J'aime). Il alimente Youtube en
interview, notamment celle "
Je suis prêt" dans laquelle il est interviewé par
Olivier Lerner, présenté comme "journaliste", alors qu'il s'agit d'un "ancien journaliste sur France 2 (1984-2001)" et actuel directeur d'Olivier Lerner Conseils, "
formation et coaching pour les interventions orales des dirigeants" dont les clients sont l'ENA, Sciences Po, des écoles de journalisme, etc.
Le rabbin Haïm Korsia a publié sur son
compte Twitter des informations sur sa campagne et ses positions
. En 2004, il avait déclaré vouloir inviter l'humoriste controversé Dieudonné au camp d'Auschwitz, car ce dernier est « l'un des rares à pouvoir parler à ces jeunes désocialisés qui insultent des Juifs. Bien malgré lui, il est devenu l'icône de ceux qui veulent s'opposer aux Juifs. Je suis certain qu'il peut avoir un impact positif sur ces jeunes qui peuvent avoir un rejet du judaïsme ». Devant la réprobation générale, notamment celle du grand rabbin de France Joseph Sitruk dont il était le conseiller, le rabbin Haïm Korsia avait abandonné son projet. Par sa proximité avec le grand rabbin Sitruk, c'est un habitué des campagnes consistoriales. Il est curieux que le Séminaire israélite n'ait pas prévu des cours idoine afin de remédier aux problèmes d'élocution de rabbins qui souffrent, comme le rabbin Haïm Korsia d'une articulation insuffisante. Ce qui rend l'écoute de ses discours souvent ardue.
Très peu de médias l'ont interrogé sur les
accusations de
plagiats visant deux de ses livres : "
Être juif et français.
Jacob Kaplan le rabbin de la République (2006) et
La Kabbale pour débutants (2007). "Dans le premier cas, les emprunts à un ouvrage de 1990 sur les institutions juives sous Vichy,
L'étoile et la francisque, de Maurice Moch et Alain Michel, vont de quelques lignes à une page entière", relève le
site Fait-Religieux (4 juillet 2014). Sur un ton un brin agacé, le rabbin Haim Korsia a indiqué avoir utilisé un logiciel concluant au très faible pourcentage des similitudes. Mais sans indiquer le pourcentage, sans communiquer tous les résultats de cet examen.
Le 2 juin 2014, le rabbin Meyer Malka a publié sa
vision du grand rabbin de France en étant filmé assis, devant une bibliothèque (732 vues). Une des onze vidéos diffusées sur sa
chaîne Youtube et sur son
site Internet. Celui-ci présente son CV, son programme, etc. Il a annoncé
le retrait de sa candidature le 21 juin 2014 au soir, après chabbat.
En plus de son compte Facebook, le rabbin Alain Senior dispose d'une page Facebook dédiée à sa candidature et appelée
Bâtir ensemble l'avenir de notre communauté.
Election du grand rabbin de France 22 juin 2014. A noter le drapeau tricolore à gauche de son affiche de campagne. Le 13 mai 2014, il a publié sur Youtube la
vidéo expliquant sa candidature (1 570 vues). Il "
a expérimenté ses projets dans la communauté de Créteil" et évoque ses contacts aux plus hauts niveaux politiques. Son
site Internet comprend son programme, des vidéos, une revue de presse, etc. Dans le bureau de cette "belle synagogue" de Créteil, il est interviewé par Michel Zerbib, rédacteur en chef de Radio J.
C'est aussi
Youtube que le rabbin David Shoushana, ancien étudiant en aéronautique au Technion, a choisi pour y publier son
clip de campagne le 1er juin 2014 dans lequel témoignent des fidèles (2 268 vues). Son
compte Facebook (756 vues). Après avoir officié en Martinique, à Toulouse, Grenoble et Nice, David Shoushana est le rabbin de Charenton-le-Pont, une "communauté dynamique, jeune". Son slogan : "Insufflons une nouvelle énergie pour le judaïsme".
Finalement, ce sont des blogs ou médias électroniques - JSSNews a interviewé le
rabbin David Shoushana - qui ont publiés les articles les plus intéressants sur Internet. Le professeur de Sciences politiques et droit
Raphaël Drai est l'auteur d'une
tribune publiée par
Actualité juive et sur
son blog. A noter que Bernard Musicant a publié sur son blog du Jérusalem Post
sa série remarquable d'interviews de six candidats.
Si certains candidats ont émis des propositions intéressantes - adoption de mesures préconisées par la
Conférence des rabbins européens sur le
guet (
divorce religieux), présence permanente d'un représentant du Consistoire israélite de France dans les instances européennes pour prévenir les actions hostiles au judaïsme, etc., d'autres se sont contentés de promesses vagues, notamment en évoquant le combat contre l'antisémitisme et le dialogue judéo-musulman sans en préciser la teneur. Pourtant celle-ci est liée étroitement à celui-là.
En outre, la crise affectant la fonction rabbinique en France est largement occultée et non entièrement résolue par l'application des mesures préconisées par des candidats (reconnaissance à l'international des rabbins formés en France, délocalisation à Strasbourg du Séminaire israélite formant les rabbins).
Par ailleurs, l'aspect financier de cette fonction est largement occulté.
Un communiqué de Sammy Ghozlan, membre du Conseil d'administration du Consistoire central de France, avait révélé le 28 février 2014, et sur Facebook, que le "montant mensuel total du salaire et des services" du Grand rabbin de France "s'élèvent à plus de 25 000 euros", et "à 34 000 euros par mois, si on rajoute son staff". Un communiqué guère repris par les médias communautaires...
Enfin, Akadem s'est interrogé
A quoi sert un grand rabbin de France ?, l'association
Avenir du judaïsme, qui s'était indignée de modifications apportées sur la liste des électeurs, a publié le 19 juin 2014 sur son site Internet et via sa newsletter l'article
Quel Grand Rabbin... pour la France ? sur cette élection cruciale, et le 20 juin 2014,
a réagi aux
explications de la Commission électorale du Consistoire centrale justifiant ces modifications par une actualisation liée aux résultats des élections consistoriales de l'automne 2013. Des arguments qui n'ont pas convaincu l'historien Claude Nataf qui, interviewé sur Judaïques FM le 23 juin 2014, a déclaré que Joël Mergui lui avait dit avoir choisi de retenir parmi les grands électeurs les seuls présidents de communautés. Or, Claude Nataf a relevé parmi ces électeurs les noms de membres, et non de présidents, de communautés, souvent proches de Joël Mergui.
Trois cent quinze électeurs représentant les communautés Juives françaises, consistoriales et associées, ont voté le 22 juin 2014.
Au second tour de scrutin, Haïm Korsia, aumônier des Armées âgé de 51 ans,
a été élu grand rabbin de France par 131 voix contre 97 pour le rabbin Olivier Kaufmann, âgé de 47 ans. Son mandat dure sept ans.
On peut s'étonner que le ministre de l'Intérieur chargé des Cultes, alors Manuel Valls, dont la parole avait été déterminante pour convaincre
in extremis Gilles Bernheim de se mettre en congé de la fonction de Grand rabbin de France, soit resté silencieux malgré les rumeurs de
plagiats visant Haïm Korsia.
Campagne 2021
Le 13 juin 2021, sera élu le Grand rabbin de France.
Au 7 février 2021, Haïm Korsia n'a pas annoncé publiquement s'il se représenterait. Aucun rabbin n'a exprimé officiellement sa volonté de présenter sa candidature. Trop tôt.
En février 2021, le grand rabbin Haïm Korsia s'est retrouvé au cœur d'un débat sur l'antisémitisme en France et le choix de l'exil, principalement
l'aliyah, de Français Juifs.
Dans le n° 1583 d'
Actualité Juive (14 janvier 2021), Ariel Kandel, directeur général de Qualita, a réagi, dans
sa tribune, au dossier de la précédente édition de l'hebdomadaire sur "La grande solitude des juifs de France". Il a écrit : "Il est en effet peut-être temps de dire tout haut ce que certains pensent tout bas. La France est dépassée. Elle est dépassée dans la lutte contre le Covid, dans la distribution des vaccins mais aussi dans la lutte contre l'islam radical et l'antisémitisme."
Il a poursuivi :
"Les forces de l'ordre sont dépassées et ne peuvent sécuriser l'immense majorité des sites de la communauté juive. Les tribunaux sont dépassés dans la façon de juger et de condamner les terroristes. Quant à la double allégeance, elle n'existe pas, elle n'existe plus, elle n'a peut-être jamais existé. Certes, il y a plus de 200 ans, les responsables communautaires avaient répondu "Oui ! Jusqu'à la mort" à la question qui leur était posée par Napoléon : "Les juifs nés en France et traités par la loi comme citoyens français regardent-ils la France comme leur patrie ? Ont-ils l'obligation de la défendre ?" Mais avaient-ils le choix de dire "non" vu qu'ils n'avaient pas où aller ? Ils l'ont d'ailleurs payé au prix fort, de leurs vies, des
dizaines de milliers d'entre eux
tombèrent pour la France durant la Première Guerre mondiale.
Aujourd'hui, les choses ont bien changé. Les juifs vivent en France pour des raisons pratiques, aimant la culture française mais soutenant au mieux la France... lorsqu'elle joue au football. Il y a trente ans, j'ai pris la décision définitive de faire mon Alyah exactement pour cette raison. Des années plus tard, à la question d'un journaliste de France 2 sur les motivations de mon Alyah, je lui répondis qu'à chaque fois que je me faisais "emmerder" dans le métro, personne ne bougeait, y compris aux heures de pointe... Il est temps de comprendre que les proches des juifs vivant en Israël, les enfants de responsables communautaires et les anciens grands rabbins de France qui y vivent également ne sont pas un simple hasard. Il est temps de faire plus, il est temps de faire mieux. On ne peut pas se contenter d'avoir la larme à l'œil lorsque Macron se rend au Kotel. Le sondage de 2015 de l'IFOP commandité par
François Hollande sur la communauté des juifs de France avait déjà révélé que 43% d'entre eux souhaitaient faire leur Alyah : 200 000 personnes. Ce qui voudrait dire que presque tous les juifs dits communautaires en France penseraient à la Alyah. Comment transformer ce souhait en réalité ?
Pour les jeunes, c'est plus simple et les programmes d'intégration Massa sont là pour cela. Pour les parents, c'est plus dur. Ce sera un des défis du prochain gouvernement israélien et nous feront tout pour que ce souhait devienne réalité, pou permettre à nos frères d'aller vivre "là-bas".
Le n° 1584 d'
Actualité juive (21 janvier 2021) a publié un
long texte du Grand rabbin de France, membre de l'Institut, Haïm Korsia. Celui-ci a répondu :
"Je laisse de côté le fait que monsieur Kandel professe forcément un point de vue biaisé, eu égard à son activité professionnelle de responsable de l'association
Qualita, un organisme très actif pour aider nos concitoyens à s'intégrer le mieux possible en Israël, car chacun sait les difficultés de langue, d'insertion et d'ancrage sans la si vivante et bouillonnante société israélienne.
Mais je ne peux partager cette vision si amère et la description caricaturale d'une société...
Ceux qui sont morts au front, et ne particulier mon arrière-grand-oncle Abraham Korsia le 22 août 1914 en Belgique, comme des millions de leurs compatriotes, sont morts parce que Français, non parce que Juifs ! Comme il y a plus de 200 ans, les Juifs de Tsarfat, cette si belle occurrence du prophète Abdias, regardent la France comme leur patrie. Et je ne porte pas ceci uniquement parce que j'ai servi dans les armées, mais j'ai consulté les dirigeants de toutes les grandes institutions communautaires sur cette réaction et ils partagent mon point de vue. Notre amour et notre engagement pour Israël sont absolus, et nul n'est besoin de déprécier la France pour aimer plus encore Israël.
C'est le sens de la prière pour la République que nous récitons dans nos synagogues, c'est le sens de l'injonction biblique à ne jamais mépriser l'Egyptien, car, malgré tout, nous avons séjourné en Egypte. J'aime cette idée profondément juive qu'on remercie toujours. Et s'il est toujours concevable, compréhensible et estimable que des membres de la Diaspora aient le projet de s'installer en Israël, sur la terre de nos ancêtres, pour y construire un autre avenir et d'autres espérances, ce projet, que nous aidons en enseignant dans nos synagogues et nos institutions un sionisme et un amour d'Israël aussi sincères qu'inconditionnels, pour être fructueux, ne peut être négatif, c'est-à-dire seulement fondé sur la fuite et la détestation d'un ailleurs. S'installer en Israël est un choix de vie, un choix spirituel, un choix idéologique, un choix libre et positif . Jamais un choix par défaut. Et je sais que les Juifs français qui se sont installés dans le pays où coulent le lait et le miel y ont emmené une partie de l'esprit de la France, de la culture de la France, et qu'ils y reviennent avec tendresse en y conservant toujours des racines fortes.
La France, dans un siècle de mondialisation, est confrontée aux mêmes difficultés et travers que les autres nations ; elle les affronte avec lucidité et, sans qu'il soit question ici de politique, elle porte le souci de la protection de ses citoyens, de tous ses enfants, quelles que soient leurs origines, leur religion ou leur couleur. Les policiers et les militaires devant nos synagogues et nos écoles en sont la parfaite illustration.
La communauté juive de France, certes confrontée à des difficultés spécifiques et victime d'agressions insupportables et tragiquement répétées, est solide, fermement ancrée dans ses valeurs et dans celles de la République, à qui elle a donné et continue de donner de grands serviteurs. Si, depuis le début des années 2000 jusqu'en 2015, nous avons pou souffrir d'une indifférence peut-être plus coupable que tout, les temps ont changé car, enfin, le mal de notre société est nommé. Nous luttons tous, oui, tous, contre l'islamisme radical, celui qui tue en France, et en Israël, ainsi qu'ailleurs dans le monde et nous devons être unis pour affronter cet ennemi commun. Si la communauté juive de France se pose légitimement des questions, comme tous les Français, elle a confiance en son devenir au sein de la Nation, où elle peut affirmer sa spécificité et son talent. Et cet avenir, comme toujours, elle le construira.
J'ai toujours considéré comme un privilège de pouvoir, en ma qualité de grand rabbin de France, l'accompagner dans cette voie".
Le 24 janvier 2021, dans un long post intitulé "
Le sens de l'Histoire" sur
Facebook, Me Nili Naouri, avocate israélienne à Jérusalem,
a fustigé la tribune du Grand rabbin de France Haïm Korsia :
"Décidément, les propos du Grand rabbin de France, le Rabbin Korsia, me scandaliseront toujours. Il a prouvé une fois de plus dans un papier publié sur ActuJ le 21/01 qu’il ne comprend rien ni à la réalité, ni au sens de l’Histoire, ni à la Torah. Et je pèse mes mots !
La réalité est que la France, gangrénée par l’islam qui l’a choisie car cible facile, n’est plus à même d’assurer la sécurité de la communauté juive. C’est une simple constatation objective. La France n’est ni « lucide » ni « courageuse » ! La France pense bien faire en se soumettant à l’électorat musulman beaucoup plus nombreux que l’électorat juif, et qui sait se montrer violent en cas de non satisfaction contrairement aux citoyens juifs qui ont pour règle de toujours respecter les lois du pays qui les accueille. Non seulement la France ne se mobilise pas pour ses juifs assassinés, mais elle relaxe leurs assassins !
Oui, Israël est aussi confronté aux attentats. La différence fondamentale est que la politique appliquée face au terrorisme est aux mains d’un gouvernement juif et que la sécurité est assurée par Tsahal, nos policiers juifs et par les citoyens eux mêmes qui considèrent comme un frère celui qui est en danger et qui sont capables de risquer leur vie pour lui !
Le sens de l’Histoire est que nous vivons le Retour du Peuple juif sur sa Terre ancestrale ! Le Rabbin cite avec fierté ces juifs qui ont donné leur vie pour « leur pays » (lire : « la France »…) durant la 1ere Guerre Mondiale « morts parce que français, non parce que juifs ». Faut-il lui rappeler ces scènes horribles lorsqu’un soldat juif allemand tirait sur un soldat juif français et qu’il l’entendait réciter le shema Israel en agonisant, et inversement ?! Faut-il lui rappeler que durant la Seconde Guerre Mondiale, les juifs de France sont morts parce que juifs, et menés vers les camps de la Mort par les autorités françaises ?!
Les communautés juives à l’extérieur d’Israël ne constituent pas une « Diaspora », comme l’expliquait mon père, Jacques Kupfer ZAL : C’est un Exil auquel il est grand temps de mettre fin. « Liquidez la Galout, ou la Galout vous liquidera » avait déjà prévenu Zeev Jabotinsky à la veille de la Shoah. L’assimilation et le regain terrible d’antisémitisme prouvent que cette phrase est toujours d’actualité.
Que ce ne soit pas évident pour tout un chacun de manière immédiate de faire son Alyah est tout à fait compréhensible. Mais s’installer en Israël n’est pas un « choix de vie » ! C’est comprendre le Destin de la Nation Juive. Ce n’est pas un « choix spirituel » ! Quelle conception chrétienne de notre identité ! Certes, pas étonnant de la part de quelqu’un qui « se sentait chez soi à Notre Dame de Paris »…
Toute notre Torah a pour axe Eretz Israel. Le don de cette Terre a été le sujet de la Promesse faite à nos Patriarches Abraham, Isaac puis Jacob. Le récit biblique relate la sortie de l’exil de l’Egypte jusqu’à l’entrée en Eretz Israël. Nos prophètes ont rapporté le temps de l’Exil après la destruction du Temple mais ils ont rapporté aussi le temps du Retour à la Patrie avec des détails que nous voyons se réaliser chaque jour sous nos yeux. Le Ramban englobe toutes les mitzvot dans la mitzva de s‘implanter en Israël. Ne pas en avoir conscience est une incompréhension totale de notre Foi au mieux, une infamie au pire.
Le Rabbin Korsia affirme que les responsables communautaires partagent son avis. Pourquoi ne suis-je pas surprise ? Les Explorateurs envoyés par Moshe, à la demande du Peuple, sont revenus en affirmant qu’il était impossible de conquérir Eretz Israel. Il s’agissait pourtant de hauts notables, des responsables de chaque Tribu. Le problème est, d’après nos commentateurs, qu’ils craignaient perdre leur statut de chef de tribu une fois en Israël. Il est temps que la Communauté juive de France ouvre les yeux : si aujourd’hui, les rabbins et responsables communautaires n’encouragent pas, dans leur majorité (D merci il y a des exceptions) à quitter l’Exil c’est qu’ils veulent garder leur titre de président, de vice-président, de rabbin de la communauté x ou y etc… ; c’est qu’ils craignent que leurs ouailles quittent le navire et qu’ils se retrouvent seuls ; c’est qu’ils craignent, s’ils font leur Alyah, de perdre leur titre !
Ces responsables feraient bien de lire l’œuvre «
Em Habanim Semeh’a » du Rav Teichtal, rav antisioniste d’avant-guerre, qu’il avait rédigée dans une cage d’escaliers se cachant des nazis, et dans laquelle il se repent ouvrant les yeux sur le destin de la Galout, se rallie à la cause sioniste, émettant une critique virulente contre les rabbins qui avaient exhorté leurs fidèles à ne pas quitter leur pays de résidence pour Israël alors qu’ils auraient pu être sauvés s’ils l’avaient fait.
Contrairement à ce que pense le Rabbin Korsia, je suis intimement persuadée que la communauté juive ne croit plus en son Avenir en France car elle est lucide !
Juifs de France, je sais que quitter la vie que vous avez construite, votre carrière professionnelle, votre environnement social, vos habitudes, vos facilités n’est pas chose aisée. Il faut s’y préparer. Je sais que tourner la page de la France et en recommencer une nouvelle en Israël n’est pas chose facile et peut effrayer. Mais ce sera une page exaltante et qui vous inscrira dans le sens de l’Histoire juive qui aujourd’hui s’écrit en Israël."
Le 29 janvier 2021,
Tribune juive a publié
la réponse de
Mikael Journo, rabbin de la communauté de
Chasseloup-Laubat à Paris (75015), aumônier général israélite des Hôpitaux de France, secrétaire général de l'association des Rabbins français, conseiller auprès du Grand rabbin de Paris, au Grand rabbin de France Haïm Korsia :
"Cher Haïm Korsia, Cher Monsieur le Grand Rabbin de France,
Dans l’hebdomadaire Actualité juive daté du 21 janvier, vous ouvrez un débat fondamental sur la place des Juifs en France et leur rapport à Israël. Où sont-ils chez eux ? Doivent-ils choisir entre ces deux pays ? Pour quelles raisons l’Alyah est-elle justifiée ? Pour lesquelles ne l’est-elle pas ?
Vous mettez en garde contre une “Alyah par défaut“, qui ne résulterait pas d’une adhésion à un projet spirituel ni même à un “choix idéologique”, mais qui serait fondée sur le rejet du pays que l’on quitte.
J’aimerais, en tant que Rabbin d’une communauté parisienne, Chasseloup-Laubat, vous rappeler la grande détresse que vivent nombre de membres de nos communautés et qui justifie de ne pas porter de jugement sur ceux inquiets de leur condition de Juif en France.
Reprenons vos propres arguments de ces “difficultés spécifiques” : Ces “agressions insupportables et tragiquement répétées” que subit la communauté juive en ce début du XXIe siècle et “aggravées depuis le début des années 2000 jusqu’en 2015” et qui ont mis en évidence cette “indifférence peut-être plus coupable que tout“.
Peut-on porter un jugement sur ceux qui pensent pouvoir plus facilement accomplir leur judaïsme en Israël ? Ceux qui partent pour pouvoir porter la kippa dans la rue, respecter le shabbat sans difficultés, offrir une éducation à leurs enfants sans se sentir en danger ?
Qu’il s’agisse de l’antisémitisme, de la pratique des Mitzvots, ou de toute autre raison, il est de notre responsabilité, en tant que dirigeants religieux, de ne pas accabler ceux qui décident de partir et de les accompagner, quelles que soient leurs raisons.
Dans cette tribune, vous réaffirmez aussi votre appartenance au “franco-judaïsme“, ce courant qui mêle patriotisme français et fidélité religieuse qui fut la doctrine officielle du Consistoire jusqu’en 1940. Vous rappelez à juste titre que le patriotisme des Juifs français ne repose pas seulement sur la Révolution française, mais sur un enracinement exceptionnel.
Nous sommes d’accord pour rappeler que les Juifs font partie intégrante de la Gaule puis de la France depuis deux mille ans. Ils ont servi Julien II, empereur romain, à Lutèce, les rois mérovingiens dans leurs palais de Neustrie et d’Austrasie. Charlemagne les respectait tout particulièrement et envoya un ambassadeur juif à Bagdad. Rashi, les Tosafistes, les sages de Provence, étaient français au point de gloser parfois la Torah dans le langage du pays. Cerf-Berr n’a pas attendu 1789 pour équiper les armées de Louis XV et de Louis XVI. Et en 1940, au moment-même où le piège de Vichy se refermait sur le “franco-judaïsme”, les “Israélites” auto-émancipés redevenus Juifs étaient au premier plan de la France libre et des maquis.
Or, et cela fait aussi partie de notre histoire, le maréchal Pétain a aussi livré aux nazis les soldats et officiers juifs qui avaient servi la France sous ses ordres à Verdun. La Shoah a structurellement refondé ce rapport : pour nombre de Juifs français dont je suis, la collaboration est une tâche indélébile, une preuve de la faillite et de l’abandon de l’Etat.
Depuis cette époque, la plupart de nos coreligionnaires se méfient de ce “franco-judaïsme” qui a mené une telle tragédie notamment en cessant de se qualifier d’ “Israélites”, et en reprenant au contraire le terme franc de “Juifs”. Ils ont renversé la charge de la preuve.
Israël est inscrit dans l’histoire de tous les Juifs du monde qui peuvent y trouver refuge à tout moment. Pour résumer, certes “Sans les Juifs, la France ne serait pas elle-même“, comme l’ont dit un Premier ministre et un Président de la République au cours des dernières années. De même, sans l’horizon d’Israël et l’accompagnement des dirigeants communautaires dans leurs démarches, s’ils le souhaitent, les Juifs ne seraient pas eux-mêmes.
Je vous prie de recevoir, cher Haïm Korsia, cher Monsieur le Grand Rabbin de France, l’expression de mes salutations respectueuses.
Mikael Journo"
"Cher.e.s Ami.e.s
Le texte publié par le rabbin Mickaël Journo répondant à la tribune du grand rabbin de France, Haïm Korsia, démontre, de toute évidence, une lecture superficielle, voire tendancieuse, du texte qu’il incrimine.
Son auteur a voulu instrumentaliser les trois principales préoccupations des Juifs français en les sortant de leur contexte historique et politique, lorsqu’il aborde l’antisémitisme, la France sous Vichy et l’Alyah en Israël.
Si son regard avait été quelque peu averti, il aurait pu constater que l’antisémitisme qui sévit en France reste essentiellement le fait de l’islamisme radical qui a frappé aussi bien les enfants de Toulouse, les clients de l’Hypercacher que les journalistes de Charly-Hebdo et les spectateurs du Bataclan. Toute la société française, voire européenne, est touchée par ce fléau. Ces attentats ne sont pas la conséquence de l’antisémitisme traditionnel de l’extrême droite. Il s’agit avant tout du rejet des principes républicains et de la volonté de créer un particularisme islamiste.
Cependant, les gouvernements français tiennent compte de la spécificité des attaques antijuives en protégeant nos écoles, nos synagogues et nos institutions. La création d’une délégation interministérielle de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, la DILCRAH en liaison avec le Bureau de vigilance, le BNVCA, permet d’inventorier les agressions antisémites et de poursuivre leurs auteurs. Enfin, la loi sur les séparatismes, actuellement débattue, va tenter de limiter les atteintes islamistes aux valeurs et aux principes de notre société.
Autre confusion qui est sans doute due à sa méconnaissance de la réalité historique, lorsque le rabbin Mickaël Journo évoque le rôle de Vichy. Fait indéniable, le gouvernement de Vichy a collaboré avec l’Occupant. Cependant, dans son remarquable discours du 16 juillet 1995, le président Jacques Chirac nous a rappelé que la : « France, une certaine idée de la France, droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n’a jamais été à Vichy ». La France que nous aimons et pour laquelle nous avons combattu se trouvait à Londres et dans la Résistance intérieure. Après les déportations les plus importantes de l’été 1942, le pasteur Boegner de l’Eglise Réformée, Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, Mgr Théas, évêque de Montauban et bien d’autres forces spirituelles et politiques se sont dressées contre les persécutions antijuives, menées par Vichy et les Nazis.
Grâce à leurs actions de sauvetage, c’est en France que nous trouvons le plus grand nombre de Justes de l’Europe occidentale. Deux tiers des Juifs qui vivaient en France ont été sauvés grâce au courage, « au péril de leur vie », de ces hommes et de ces femmes. Contrairement aux Pays-Bas où hélas, les 75 % de la population juive a disparu.
Autre question instrumentalisée par le rabbin Mickaël Journo, car il sait, combien elle nous est chère, à nous Juifs de France ! En dramatisant volontairement la situation des Juifs français, mêlant confusément évènements récents et histoire passée, il a voulu nous faire croire que le grand rabbin Haïm Korsia nous mettait en garde contre l’Alyah. Bien au contraire, si sa lecture avait été un peu plus attentive, il aurait pu lire ces lignes écrites par le grand rabbin qui soulignait l’importance de l’Alyah : « ce projet que nous aidons en enseignant dans nos synagogues et dans nos institutions un sionisme et un amour d’Israël ». De même lorsqu’il évoque une Alyah consciente : « un choix de vie, un choix spirituel, un choix idéologique, un choix libre et positif ».
Autrement dit, Cher.e.s Ami.e.s, je trouve excellent le texte du Grand Rabbin de France, qui répond clairement à nos interrogations de Juifs français. Quant au texte du rabbin Mickaël Journo, en y introduisant des confusions, que je n’ose croire volontaires, il crée des divisions entre nous, Juifs de France, au lieu de nous réunir. Ne serait-ce pas le rôle d’un rabbin que de rassembler ?"
Curieusement, cet éditeur écrit de manière erronée le titre "Charlie hebdo" et qualifie les Français juifs de "Juifs de France". Une question se pose : l'unité devrait-elle s'établir dans le suivisme silencieux ou thuriféraire envers le Grand rabbin de France Haïm Korsia ? Que serait le Judaïsme sans questionnements ?
Selon
Makor Rishon (31 janvier 2021), important journal israélien créé en 1997
, rappelle avec ironie que le Grand rabbin de France Haïm Korsia, qui reproche à Ariel Kandel sa partialité, reçoit son salaire de l'Etat, que les forces de l'ordre ne protègent plus visiblement les synagogues, et que le rabbin Mikael Journo souligne que, sans le soutien de l'Etat d'Israël aux Français juifs, "leur situation ne serait pas la même". Il souligne que le Grand rabbin de France Haïm Korsia "souhaite continuer à occuper ses fonctions et a envoyé son texte aux 330 « électeurs » votant à l'élection du Grand rabbinat, et que le rabbin Mikael Journo songerait à se présenter à cette élection.
Pour Dov Maimon, responsable pour l'Europe du Jewish People Policy Institute, le Grand rabbin de France proposerait "d'aimer Israël à distance, littérairement aliéné de lui. Il est tombé amoureux de sa galout [exil].”
"Monsieur le Grand-Rabbin de France,
Le 25 janvier dernier, vous avez adressé par courriel un « Message » à divers Grand-Rabbins et Rabbins, à des Présidentes et Présidents de Communauté, et à d’autres personnes – notamment, je le suppose, des membres du Conseil du Consistoire Central -, que vous qualifiez plus simplement de « Chers Amis ».
Un « Message du Grand-Rabbin de France », acheminé sous le sceau du Consistoire Central, c’est a priori quelque chose de rare et donc de solennel. En tout cas, le simple membre du Conseil du Consistoire Central et Ami que je suis n’en a pas souvent reçu (exception faite des déclarations ou communiqués cosignés avec le président du Consistoire Central).
Je m’attendais donc à un texte particulièrement important dans l’ordre thoranique ou halakhique. Lorsque j’ai ouvert votre « Message », je n’ai rien trouvé de tel, hélas, mais menue polémique.
M. Ariel Kandel, le directeur de l’organisation francophone israélienne Studio Qualita, venait de publier une opinion sur l’aliyah des juifs français dans le journal Actualité juive. Vous en désapprouviez la teneur, ce qui est votre droit. Vous aviez fait parvenir votre propre opinion, fort différente, au même journal, ce qui peut ou ne peut pas être votre droit : car le Grand-Rabbin de France a tout de même un rang à tenir, bien au dessus d’un duel d’ op-ed. Mais ce qui est plus discutable encore, c’est que vous ayez ensuite diffusé votre texte de façon officielle, ex cathedra, par le biais de votre secrétariat. En affirmant que « beaucoup d’entre nous » partageaient votre « stupéfaction » devant le billet de M. Kandel.
M. Kandel dit assurément des choses dures sur la France, ou sur son déclin. Mais est-ce interdit à un Israélien d’origine française ? Et est-il interdit à un juif français de 2021 de partager un tel diagnostic, partiellement ou entièrement ? Au nom de quelle police de la pensée, de quel « politiquement correct » parfaitement étranger – pour le coup – aux traditions profondes de ce pays ? Tout le monde en France s’interroge actuellement sur la France, sans concession ni ménagement, de même que tout le monde en Amérique redoute ou constate un déclin américain. Pourquoi les juifs n’auraient-ils pas le droit de prendre part à de tels débats ?
M. Kandel observe que la condition juive en France, qui n’a jamais été parfaite, semble se détériorer. Là encore, consultez les médias, personne (parmi les observateurs de bonne foi) ne le nie plus : ni juif, ni gentil.
Enfin, M. Kandel conclut en donnant raison aux juifs français, nombreux, qui ont fait leur aliyah, et à ceux, non moins nombreux, qui envisagent de la faire. Il n’est pas seulement dans son rôle professionnel, comme vous le notez cavalièrement. Il est dans la droite ligne de tous ses engagements personnels puis qu’il avait fait lui-même fait ce choix dans sa jeunesse.
Je veux bien admettre que votre ardent patriotisme ait été froissé. Mais – la chose est assez étrange – vous souscrivez en fait à la plupart des propos que vous prétendez réprouver. Vous parlez longuement des réussites morales et matérielles du sionisme, de « l’amour absolu » des juifs pour Israël. Et vous énumérez tout aussi longuement les raisons que les juifs français ont eu, depuis l’an 2000, de douter de leur avenir. S’il fallait procéder à une analyse statistique de votre texte, les phrases ou paragraphes qui confirment M. Kandel l’emporteraient sur ceux qui l’infirment.
Dès lors, où voulez-vous en venir ? Pourquoi accabler un interlocuteur dont vous n’êtes pas si loin ? Que reprochez-vous réellement à M. Kandel ? Peut-être de ne pas souscrire à un narratif qui vous est cher, et qui, de l’an II à l’an Quarante, fut en effet cher à tous les Israélites français : celui d’une fusion entre le Décalogue et les Droit de l’Homme, d’un amalgame entre le messianisme biblique et le messianisme républicain, d’une assimilation qui serait en même temps une fidélité. Je suppose que ce ne sont pas seulement les grâces vintage de ce narratif qui comptent pour vous, mais que vous y voyez aussi un modèle qui pourrait, dans une France du XXIe siècle, être repris par d’autres communautés et contribuer à apaiser de graves tensions. Il est fort possible que vous en parliez autour de vous – à l’Institut, par exemple – et qu’on vous écoute attentivement.
Malheureusement, comme le suggère M. Kandel (et comme, en définitive, vous en convenez aussi) ce narratif ou ce modèle n’a pas apporté, en son temps, tout ce qu’on attendait de lui. Il n’a empêché ni
l’affaire Dreyfus, ni les
lois de Vichy. De telle sorte que la grande majorité des juifs français lui préfèrent aujourd’hui un narratif plus large, où s’inscrit également le sionisme. C’est peut-être contre-intuitif, mais c’est ainsi : « Dieu écrit droit sur des lignes courbes », disait Paul Claudel. Les juifs français ont découvert qu’ils étaient plus pleinement français, et plus profondément respectés par leurs concitoyens, depuis la restauration d’un Etat juif en Terre Sainte.
Vous attachez beaucoup d’importance à la chose militaire, à juste titre. Les juifs français ont été de bons et de grands soldats français tout au long des XIXe et XXe siècle ; et ce sont des ingénieurs juifs qui, souvent, ont forgé les meilleures des armes françaises, notamment dans l’aviation et la marine. Mais on a longtemps persisté, ce nonobstant, à douter de leurs capacités guerrières ou de leur loyauté. C’est la saga de
Tsahal, à partir de 1948, qui a rendu son plein honneur sur ce plan, ou son plein prestige, au peuple juif tout entier et aux juifs français en particulier.
De même, vous le savez ou devriez le savoir, les efforts du Rabbinat dit
concordataire, ou post-concordataire, n’ont pu empêcher, jusqu’aux années 1950, un dépérissement du judaïsme en tant que religion. C’est Israël, à travers la résurrection de l’hébreu et le retour à l’Etude, qui nous a rendus à notre foi. Et qui a accru notre légitimité, notre éclat, parmi les familles spirituelles françaises.
Je suis sûr, Monsieur le Grand-Rabbin de France, que vous voudrez remonter de l’arène où vous n’auriez pas du descendre, et employer vos talents, qui sont grands, à la défense et illustration du judaïsme traditionnel de notre pays et de Klal-Israël. Il vous faudra aussi, à cette fin, empêcher tels ou tels de vos amis de mal vous défendre en attaquant urbi et orbi le rabbin Mickaël Journo, qui a voulu s’exprimer à sa manière sur l’affaire Kandel. Sans quoi vous n’empêcherez pas nombre de juifs français d’attribuer d’autres motivations, infiniment plus prosaïques, à votre indignation et à la leur. Ce qui n’est pas ni ne saurait être.
Veuillez agréer, Monsieur le Grand-Rabbin de France, et cher Ami, l’assurance de mon profond respect.
Administrateur du Consistoire Central
Administrateur du Consistoire de Paris"
Ce débat public montre que l'antisémitisme en France et le devenir des Français juifs - en France, en Israël, voire ailleurs ? - se trouvent déjà placés au centre de cette élection. Et que, débutée dans un hebdomadaire communautaire, cette controverse s'est close par un média électronique.
Le discours du Grand rabbin de France Haïm Korsia s'avère classique, régulièrement réitéré par lui, mais déconnecté de la réalité : une France qui a supprimé le service militaire et rogné sur ses dépenses militaires face à un
djihad mondial, a accepté de croissants abandons de sa souveraineté nationale au profit de l'Union européenne, est dirigée par des politiciens médiocres ainsi que par une alliance entre le "gouvernement des juges" et le quatrième pouvoir (médias) "politiquement corrects", ne sait/peut/veut enrayer ses déclins - économiques, moraux, éducatifs, etc. - et assimiler des immigrants, principalement musulmans - une partie d'entre eux refusent l'assimilation, etc. Et durant la Première Guerre mondiale, ces "
Fous de la République" ont eu à cœur de prouver aussi que, contrairement aux stéréotypes antisémites, ils n'étaient pas couards ou traîtres, mais de courageux et fervents patriotes.
Interrogé par Actualité juive (n° 1593, 25 mars 2021), Alexis Blum, ancien rabbin de la synagogue de la rue Ancelle, à Neuilly (banlieue huppée située à l'ouest de Paris) qui a fait son aliyah, a qualifié le grand rabbin Haïm Korsia, de dernier des "patriotes républicains". "Pas la peine de creuser, il n'aime pas les conflits. On ne sait jamais s'il est ironique", commente la journaliste Eve Boccara. Alexis Blum a aussi déclaré : "En Israël, vivent nos trois enfants et nos douze petits-enfants, nous pourrons les voir grandir. Et puis, on trouve aujourd'hui plus de rabbins français en Israël qu'en France".
Haïm Korsia a éludé les questions fondamentales soulevées par Ariel Kandel, en particulier les faiblesses de la France dans la lutte contre l'antisémitisme, la peur de nombreux coreligionnaires face à cette violence antisémite non jugulée, la décision de nombreux dirigeants communautaires français, dont les grands rabbins de France René-Samuel Sirat et Gilles Bernheim, de faire leur alyah ou d'acheter des appartements en Israël... Des centaines de milliers de Juifs ont été contraints de quitter leur pays d'origine, des
Etats musulmans, pour faire leur aliyah, car l'Etat d'Israël était l'un des rares, voire le seul, à les accueillir. Et je connais peu de Juifs français ayant fait leur aliyah qui reviennent en France ou parlent de ce pays "avec tendresse".
Dans deux articles du journaliste Cnaan Liphshiz,
JTA et The Jerusalem Post m'ont citée, en particulier sur mes remarques concernant la distance entre des dirigeants communautaires français juifs, préservés de la violence antisémite, émanant généralement de musulmans, et leurs coreligionnaires/concitoyens lambdas. Des dirigeants souvent perçus plus comme des porte-paroles du pouvoir politique auprès de leurs coreligionnaires, que l'inverse. L'effet d'une vingtaine d'années d'agressions anti-juives.”
En 2018, le devenir des Français juifs avait déjà été abordé par un rabbin et un président d'une communauté juive parisienne consistoriale proche de la Grande synagogue de la rue des Victoires. Et en termes directs. Preuve que cette question existentielle taraude nombre de Français juifs déstabilisés et inquiets par les mutations de leur pays.
"L'Europe n'a pas de mémoire. Elle a vécu l'impensable et puis la guerre finie, elle a juré "plus jamais cela". Elle croit se rattraper par une politique conciliatrice avec les migrants et continue à se laisser ronger par un antisémitisme qui ne se cache plus. Les juifs réfléchissent sur leur devenir et sont plus nombreux à opter pour d'autres destinations plus clémentes. Quelque part nous faisons partie de ces biscornus qui par paresse et parfois par inconscience pensons à des lendemains meilleurs parce que le pouvoir en place offre une parole agréable sans aucune garantie sur le futur. Il reste Kippour et son lot d'espoir. Les sages pourtant avertissent que la partie est loin d'être gagnée. La prière n'est qu'un palliatif".
Le calendrier israélite 2019-2020 de la
synagogue Berith Chalom s'ouvrait sur un texte de Sam Attia, président de cette synagogue :
"Les actes antisémites qui se sont produits ces dernières années ne trouvent pas la qualification exacte qui s'impose. Y-a-t-il une volonté de la part de la justice de taire cette évidence, ou bien est-ce nous qui semblons être frappés de paranoïa ?
Les faits sont bien là. La population juive se replie sur elle-même dans les quartiers les plus sûrs de la capitale pour échapper à une communauté hostile. Devrons-nous éternellement vivre dans la crainte ? Devrons-nous déployer plus de moyens pour simplement protéger nos enfants durant leur trajet qui les mènent au collègue ou au lycée ? L'antisémitisme est-il si difficile à combattre en France ou y-a-t-il une incapacité à le faire ? Beaucoup de questions qui attendent des réponses. Les instances communautaires, certains intellectuels et certains hommes politiques font tout leur possible pour lutter contre ce fléau.
Pour l'instant il ne nous reste qu'à compter sur nous-même et faire preuve d'une extrême vigilance en attendant un climat meilleur".
"On conteste le droit à la Mila parce qu'on prétexte défendre le droit de l'enfant. On nie le droit à la Cacherout parce qu'on croit protéger le droit de l'animal. Bientôt on n'aura pas le droit au repos du Chabbat parce qu'on se distinguerait des autres donc danger dans la demeure. On oublie l'entourloupe du port de la kippa, affaire classée parce que désignée signe ostentatoire, et la double nationalité, problème prétendu de non respect et infidélité. Pour le moment à cause probablement d'autres urgences, comme les contestations étudiantes et surtout les manifestations hebdomadaires engendrant des casseurs de tous bords, on laisse tous ces interdits futurs en suspens.
Cette année a été marquée par la recrudescence des actes antisémites et leurs banalisations. Bien que les pouvoirs publics et à leur sommet le Chef de l'Etat ont condamné fermement ces abominations, il paraît difficile de trouver les moyens efficaces pour les annihiler. Il y a une sorte de démission au nom de la sacro-sainte devise de la démocratie qui autorise la libre opinion et le droit d'expression. La seule alternative de notre communauté se focalise à sa migration vers des frontières plus clémentes, notamment en Israël.
Lorsque l'année 5780 est annoncée, l'être se met à espérer que les coups reçus devront cesser pour laisser place à un meilleur comportement. On croit au pouvoir de changement des femmes et des hommes raisonnables. Mais faut-il au moins reconnaître les blessures commises pour les empêcher de se reproduire. Faisons confiance à notre optimisme cette année encore même s'il n'a plus l'intensité des décennies antérieures. Le rapport avec D. étant constant, l'année nouvelle garante et ses promesses sont une évidence céleste".
Décédé du coronavirus Covid-19 au printemps 2020, le rabbin Salomon Malka a été enterré en Israël.
[2] https://twitter.com/lbrdsv
[3] https://www.youtube.com/channel/UCzMSpOAqopy_Z3LxQ-644lg/videos
[4] https://www.youtube.com/watch?v=mLPDnj7EjWU
[5] https://twitter.com/OlivierKaufmann
[6] https://www.youtube.com/watch?v=CLL_BikQcJE
[7] https://www.youtube.com/watch?v=cKLxtC0e9HY
[8] https://www.youtube.com/watch?v=zbcfI4NgNUs
[9] https://www.facebook.com/pages/Haim-Korsia-Grand-Rabbin-de-France/525538530889561
[10] https://twitter.com/HaimKorsia
[11] https://www.youtube.com/watch?v=JJGl3l6ThfQ
[12] https://www.youtube.com/watch?v=Ba8dpglKAoo
[13] http://rabbinmalka.free.fr/MeyerMALKA/appel-du-18-juin-2014.html
[14] https://www.facebook.com/profile.php?id=100008305621192&fref=ts
[15] https://www.facebook.com/events/1503511629879818/
[16] https://twitter.com/RabbinSenior
[17] https://www.youtube.com/watch?v=qTWYQCPXcAY
[18] http://rabbinsenior.over-blog.com/
[19] https://www.facebook.com/ravshoushanacgrf?fref=ts
[20] https://www.youtube.com/watch?v=vFtqb0CAZvY