Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 17 juin 2019

Pierre Mendès France (1907-1982)


Bachelier à quinze ans, diplômé de Sciences Po (1925), avocat, député de l'Eure, maire de Louviers, résistant dans la France aérienne libre, Pierre Isaac Mendès France (1907-18 octobre 1982) a marqué les sept mois et dix-sept jours de sa Présidence du Conseil sous la IVe République par sa rigueur, la paix en Indochine et en Tunisie, la résolution des problèmes sarrois et des comptoirs français en Inde, l'adoption de mesures sociales et une relation régulière, radiophonique, avec ses concitoyens. Vers la fin de sa vie, il pensera favoriser une paix au Proche-Orient en accueillant à son domicile des membres de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine). Sa vie durant, il a cherché et réuni des archives sur sa famille afin d’en retracer l’histoire. Nul doute que les attaques antisémites dont il a été l’objet ont pour partie déterminé cet intérêt. Une journée d’études se tiendra le 17 juin 2019 au Palais Bourbon entre 9 h et 18 h. Son thème : "Mendès France parle aux Français". 


Pierre Isaac Mendès France (1907-18 octobre 1982) a profondément marqué les scènes française - plus jeune député (1932) de l'Eure, opposé à la tenue des Jeux Olympiques dans le Berlin de l'Allemagne nazie (1936) plus jeune sous-secrétaire d’Etat radical dans le 2e gouvernement Blum (1938), officier navigateur dans les bombardiers de la France aérienne Libre, ministre de l'Economie du gouvernement provisoire de Charles de Gaulle (1944-1945), qu'il admire pour son rôle historique, mais auquel il s'opposera politiquement, notamment aux mesures inflationnistes - "Je pense que l'homme politique a mission de défendre l'intérêt général contre la demande immédiate" -, Président du conseil et ministre des Affaires étrangères (1954-1955), évolution du Parti radical, dont il est avec Jean Zay l'un des Jeunes Turcs, au Parti socialiste unifié (PSU), illustre représentant d'une "nouvelle gauche" ni communiste ni socialiste -, et mondiale : président des débats lors de la conférence à Bretton Woods (1944) où est défini le système financier international.

Un politicien exigeant et moderne, notamment dans sa communication avec ses concitoyens (causeries radiophoniques du samedi soir). Il rappelait une anecdote qui l'avait marqué. Peu après son élection comme édile local, il avait été invité chez une de ses électrices. Celle-ci avait sorti d'un meuble la profession de foi du candidat Mendès France, et elle y avait coché toutes les mesures que cet élu avait déjà appliquées.

"Il n'était pas élitiste et pensait que l'on peut s'adresser raisonnablement à chaque citoyen", se souvenait Simon Nora, conseiller dans le cabinet du Chef de gouvernement.

Un homme d'Etat convaincu de la nécessité de moderniser l'économie française, opposant au gaullisme, pourfendeur de la constitution de la Ve République, épris de vertu et récusant le vocable "mendésisme". Un paradoxe politique défini par François Bloch-Lainé : « L'attrait, le rayonnement, le respect [...] et l'échec [...]. L'intelligence, la rigueur, la loyauté du raisonnement entraînent l'adhésion. Mais [...] le rejet de toute ruse utile traduit, semble-t-il, un goût d'avoir raison plus fort que le désir d'aboutir. »

Un Français juif traité de « sale youpin » par le communiste Jacques Duclos et de  « petit juif marchand de tapis » par des députés communistes. Et qui savait que ses positions en faveur de l'indépendance des protectorats français risquaient de le cibler comme « le Juif bradeur d’empire ».

Dans les années 1950, le magazine L'Express est "créé pour lui et ses idées", a précisé la journaliste François Giroud. Le Nouvel Observateur, media de la "nouvelle gauche" soutient le politicien. 

Heureux de la victoire de la gauche incarnée par François Mitterrand en 1981, Pierre Mendès France, pragmatique, rigoureux, affaibli par la maladie, demeure, avec raison, critique très tôt à l'égard de la politique socialiste.  Comme Léon Blum, il a choisi de "se redire, plutôt que se contredire".

"Nommé Président du Conseil par le Président de la République René Coty en 1954, Pierre Mendès France restera au pouvoir seulement huit mois. Durant ce si bref mandat, il mettra un terme aux combats en Indochine. Partant de cet épisode historique, le réalisateur Marc Bessou nous propose un portrait de cet homme qui, loin des clivages politiciens, bénéficie encore aujourd’hui d’une aura universelle", indique le communiqué de presse du documentaire Le mystère Mendès France. Le 2 juin 2014, son réalisateur, Marc Bessou, a relaté une anecdote révélatrice du caractère de Pierre Mendès France. Lors du recrutement d'un collaborateur, il ne réclamait pas son curriculum vitae, mais s'enquérait : "Est-ce un homme d'honneur ?" 

Généalogie
Durant toute sa vie, Pierre Mendès France a cherché et réuni des archives sur sa famille Juive séfarade afin d’en retracer l’histoire. 

Ses recherches généalogiques l’ont fait remonter jusqu’à Luis Mendès de França, né en 1641 au Portugal. Victime de l’Inquisition, cet ancêtre trouve refuge à Agen en 1684, avant de se fixer à Bordeaux.

Son fils baptisé, Jean Mardochée, signe vers 1738 un livre en hébreu publié à Amsterdam. A Saint-Domingue, il acquiert un domaine au Petit Goave.

Plus tard, David Mendès France importe le chocolat des Amériques en France…

George Weill, ancien conservateur de la bibliothèque de l’Alliance israélite universelle (AIU), avait convaincu Pierre Mendès France d’y déposer ses archives à caractère personnel, soit une centaine de boîtes archivées aux dossiers classés et titrés incluant des notes explicatives. Rappelons que des documents se rapportant à la vie, à l’action ou à la pensée politique de PMF sont conservés par l’Institut Pierre Mendès France.

Des archives à caractère personnel sur lesquelles se sont fondés Gérard Boulanger et Eric Roussel, auteurs de deux biographies publiées respectivement chez Calmann-Lévy et Gallimard. Et consultables sur autorisation de Michel Mendès France.

Pour valoriser ce fonds d'archives familiales et à l’occasion du centenaire de la naissance de cet homme politique radical, puis membre du PSU, une exposition a été conçue et réalisée en 2007 à l'AIU par Joan Mendès France, épouse de Michel Mendès France, fils cadet de Pierre Mendès France, Simone Gros, secrétaire de ce dernier, Arie Danan et Jean-Claude Kuperminc.

Photos, arbre généalogique, coupures de presse, fausse carte d’identité au nom de Jean Besson fabriquée par Pierre Mendès France à la prison de Clermont-Ferrand, argumentaire pour sa défense lors du procès de Riom, carnet de vol du navigateur du groupe Lorraine au sein des Forcesfrançaises libres (FFL), correspondances de Robert et Edward Kennedy témoignant de l’estime de leur frère John et du leur, portrait de Jules Isaac Mendès France par Lily Mendès France (1910-1967), née Cicurel, première épouse et peintre juive d'origine égyptienne du politicien, etc. Tous ces documents inédits ou peu connus révélant des facettes peu connues.

"Un tribunal au garde-à-vous : Le procès de Pierre Mendès France"
En 2001, les éditions Fayard ont publié "Un tribunal au garde-à-vous : Le procès de Pierre Mendès France" par Jean-Denis Bredin. "Le récit du procès de Mendès France, en mai 1941, injustement accusé de « désertion devant l'ennemi » par un tribunal pétainiste. "

"Pierre Mendès France est le symbole même de ces juifs qui ont identifié leur destin avec celui de la République. Né en 1907, ce jeune homme pétri de dons, sous-secrétaire d’État au Trésor dans le second cabinet Blum (1938), est, dès septembre 1939, volontaire dans l’aviation. Faisant partie des députés qui refusent l’idée d’un armistice, il s’embarque pour le Maroc à bord du Massilia (juillet 1940). Sous le prétexte qu’il n’est pas démobilisé, Vichy le fait arrêter pour désertion, le fait interner et juger à Riom parmi les responsables de la défaite. Le procès, sans fondement juridique, finira par être suspendu, mais il donnera l’occasion à Vichy de donner libre cours à l’antisémitisme le plus grossier. Mendès France sera, de tous les accusés de Riom, celui qui se défendra avec le plus d’ardeur et de conviction. Jusqu’à la fin des années 1950, il se battra juridiquement pour sa réhabilitation avec panache et ténacité, tant il croit aux principes républicains."

Extrait. « Vient l'ultime formalité : la signification de l'arrêt au condamné. Elle a lieu dans la salle d'audience qui a été évacuée. Ni le public ni les juges ne sont plus là. La garde assemblée présente les armes. C'est le greffier qui donne, solennellement, lecture de l'arrêt : "Le lieutenant Mendès France est-il coupable de désertion à l'intérieur en temps de guerre ?" À la majorité de six voix contre une, oui, l'accusé est coupable."
Mendès France l'interrompt : "Le tribunal a menti."
Le greffier, décontenancé, s'est arrêté un moment. Puis il enchaîne : "Sur la seconde question, à la majorité, il existe des circonstances atténuantes." En conséquence, le tribunal condamne le lieutenant de réserve Mendès France Pierre, Isaac, Isidore à la peine de six ans d'emprisonnement et à la perte du grade..."
Le greffier arrive au bout de sa lecture. À peine s'est-il arrêté que le condamné se tourne vers la garde. Les soldats sont blêmes. Mendès France s'avance vers eux. Il leur dit : "On vient de condamner un innocent par haine politique. Ce n'est pas la justice de la France, c'est celle de Hitler. Ne désespérez pas de la France." » (L'auteur)

Campagne pour le lait
En 1954, Pierre Mendès France, alors Président du Conseil (Premier ministre),  voulait lutter contre la consommation élevée d'alcool et la dénutrition en France : des parents, notamment dans les milieux ruraux pauvre, veillaient à ce que leurs enfants partent à l'école le matin après avoir consommé un verre d'un vin fort. 

Pierre Mendès France entend lutter contre "un des non sens les plus évidents de la politique suivie jusqu'ici : la production excédentaire d'alcool... Le régime artificiel auquel il se heurte a modelé, directement ou indirectement, presque toute notre agriculture. Le modifier, c'est transformer profondément celle-ci. Ce régime remonte à la création du monopole de l'alcool, en 1919. Employée à régler la concurrence entre la betterave du Nord et le raisin du Midi par la séparation des marchés de l'alcool industriel et de l'alcool de bouche, cette institution a donné peu à peu les effets que l'on pouvait attendre de l'obligation d'achat par l'Etat, c'est-à-dire d'une garantie de débouchés et de prix. La production betteravière s'est développée, et des excédents d'alcool industriel sont apparus. Pour les écouler, on a pensé tout naturellement aux moteurs d'automobile, d'où le carburant national. Pour la récolte qui va avoir lieu cette année, un autre moyen va être employé. Le gouvernement recourt, cette fois, à un procédé radical en détournant vers les sucreries les deux tiers des betteraves qui devaient aller aux distilleries. Notons en passant, pour dissiper une équivoque, que l'alcool de betterave ne sert pas à la consommation de bouche et n'est pas responsable de l'alcoolisme. Quoi qu'il en soit, il vaut mieux avoir des excédents de sucre que d'alcool industriel. Il est possible de leur trouver des débouchés comme les distributions de lait sucré aux enfants, qui entreront en vigueur à partir du 1er janvier prochain dans toutes les écoles". (Marcel Tardy, Vers la transformation de l'agriculture française, Le Monde, 28 septembre 1954)

Et sa campagne en faveur du lait a suscité l'hostilité de ceux vivant de la vente du « gros rouge » : betteraviers, propriétaires de cafés, etc. 

Malgré cette opposition teintée d'antisémitisme, Pierre Mendès France a persévéré en argumentant : « Quels sont les faits ? Aucune population ne consomme plus d'alcool que la population française. Nos hôpitaux psychiatriques ne peuvent abriter toutes les victimes de l'alcool, dont le nombre croît chaque année... Il s'agit de rendre des hommes libres, conscients des dangers qui les menacent, et de les aider à éviter ces dangers... Les sommes annuellement gaspillées, tant pour la production exagérée des boissons alcoolisées que pour le traitement des victimes de l'alcoolisme, atteignent un montant astronomique, des centaines et des centaines de milliards ». 

Le plan de Pierre Mendès France « est arrêté : les récoltes de betteraves seront prioritairement orientées vers la production de sucre, et non plus d'alcool ; les 3,5 millions de bouilleurs de cru amateurs et professionnels seront surveillés pour que la fraude sur les quantités distillées cesse. Enfin, le lait sera promu et distribué chaque jour aux écoliers de France et de Navarre ». Et aux jeunes effectuant leur service militaire.

Pierre Mendès France au quotidien"
Les éditions Lharmattan ont publié "Pierre Mendès France au quotidien" par Simone Gros. Préface de Michel Mendès France. Professeur d'histoire, Simone Gros, "simple militante de base au Parti Radical mendésiste en 1955, devint au fil du temps une collaboratrice de P.M.F. Elle a publié La politique de Carthage (Plon, Tribune Libre, 1958) et a participé à l'élaboration des Oeuvres Complètes de Pierre Mendès France (6 volumes, Gallimard, 1984-1990)."

"Il y a 50 ans, un président du Conseil de la IVe République a dirigé la France pendant 7 mois et 7 jours et a réveillé l'intérêt des Français pour la vie politique. Ce qui fait l'originalité de ce livre c'est qu'il ne s'intéresse qu'au côté humain du personnage. Par petites touches, au hasard de moments de vie, se dessine un portrait de cet homme mythique. Cela grâce au témoignage d'une personne qui a eu le privilège de le côtoyer pendant une vingtaine d'années. Alors apparaît un être attachant, parce que chaleureux, sensible et bien éloigné de l'image d'économiste austère généralement connu du grand public."


Le mystère Mendès France
Marc Bessou a construit son documentaire Le mystère Mendès France (2014) en mettant en parallèle l'avis de proches de ce politicien - Michel Rocard, Léone Georges-Picot - et celui critique d'Edouard Balladur. 

Seule exception à cette règle d'équilibre : l'accueil par Pierre Mendès France à son domicile, dès les années 1970, de représentants de la gauche israélienne et de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), dont la charte ne reconnait pas, à ce jour, l'Etat d'Israël. Seul André Azoulay, à l'origine de ce rapprochement, dont était informé Shimon Peres, évoque ces réunions qui s'avèrent problématiques. On demeure perplexe et choqué car on ne comprend pas comment un homme intègre, lucide, rigoureux, sioniste et attaché à la sécurité de l'Etat d'Israël, a pu accueillir des membres d'une organisation terroriste visant à ce jour à l'éradication de l'Etat Juif et a pu croire que l'OLP avait changé ou changerait. 


On peut aussi regretter l'insuffisance des interviews de Pierre Mendès France, notamment ses critiques fondées de la Ve République. Le coût élevé des archives explique vraisemblablement ces carences.

Hommages
En octobre 2012, la ville de Louviers a présenté une exposition consacrée à Pierre Mendès France. Celui-ci y avait ouvert son cabinet d'avocat, et y avait été élu maire (1935-1939 et 1953-1958) .


L’association Ciné-Histoire a organisé, avec le soutien de la Ville de Paris et de l’A.P.H.G., la séance « Français libre, homme libre » du cycle « Ces résistants à ne pas oublier » consacrée à Pierre Mendès France, en présence de Michel Mendès France, le 17 mars 2014 de 14 h 30 à 17 h 30, à l'Auditorium de la Ville de Paris. La projection a été suivie d’une intervention de  Jean-Louis Crémieux-Brilhac. Ont été diffusés des extraits de Juin 1940, le piège du Massilia de Virginie Linhart - "Juin 1940. L'armée française est en déroute et le gouvernement se replie sur Bordeaux. Au sein des instances politiques, un débat oppose ceux qui veulent l'armistice avec l'Allemagne à ceux qui veulent poursuivre la guerre aux côtés de l'Angleterre, avec laquelle la France est liée par un pacte qui exclut toute paix séparée. Il est finalement décidé que le gouvernement français poursuivra la lutte depuis l'Afrique du Nord, et que seul le maréchal Pétain restera en France: le Parlement sera évacué à bord du "Massilia" depuis Bordeaux et le gouvernement rejoindra Perpignan d'où il embarquera pour Alger. Mais cela ne se fera jamais; seuls 27 parlementaires embarquent à Bordeaux le 21 juin 1940 et apprennent, en mer, le 22 juin, que l'armistice a été signé" - et de Pierre Mendès France, l’empreinte  de François Lanzenberg.

Après les 4 août à 21 h et 25 novembre 2015, le 10 juin 2016, TV5 Monde diffusa Accusé Mendès France, téléfilm de Laurent Heynemann (2010, 90') avec Bruno Solo, Jacques Spiesser, Didier Benureau, Jean-Claude Dauphin : "Au printemps 1941, un homme se tient debout, face à son destin, devant ses juges: il comparaît devant un tribunal militaire, aux ordres du gouvernement, qui d'avance a décidé de le condamner. Pierre Mendès France, injustement accusé de désertion, va défendre jusqu'au bout son honneur, son nom et, plus que tout, les principes républicains auxquels il croit tant. Son procès, à Clermont-Ferrand, le confronte à des mensonges, coups tordus, tentatives de déstabilisation et à des témoins manipulés, un juge d'instruction acquis au gouvernement de Vichy. Comment assurer sa défense? Comment rétablir la vérité ? Comment prouver qu'il cherchait à poursuivre le combat contre Hitler, et non à déserter ?"


Le 22 mars 2018 à 12 h 35, Histoire diffusa, dans le cadre de "Histoire de comprendre", Mendès France pouvait-il sauver la IVe République ?, documentaire réalisé par Robert Mugnerot, produit par Roche Productions (1997). "Lorsque Pierre Mendès-France accède à la présidence du Conseil, en juin 1954, la IVe République, impuissante, s'enlise dans le conflit indochinois. Elle ne laissera à l'ancien résistant que le temps de la tirer d'affaire avant de le congédier et de s'embourber dans un autre conflit colonial, en Algérie".


En 2018, CNRS Editions ont publié Écrits de résistance de Pierre Mendès France. "Édition critique établie par Vincent Duclert, historien, professeur à Sciences Po, directeur du CESPRA (CNRS – EHESS). Avec la collaboration de Joan et Michel Mendès France, et de Simone Gros."

"Pour la première fois, voici ici rassemblés les principaux écrits de Pierre Mendès France lors de la Seconde Guerre mondiale. "De Liberté, liberté chérie qui raconte les tentatives de l’auteur de poursuivre le combat en 1940 puis son évasion de prison après sa condamnation pour désertion, aux discours qu’il prononça à la radio en 1944-1945 alors qu’il était en charge du ministère de l’Économie nationale, c’est l’engagement dans la guerre par un acteur de la France Libre qui est ici raconté à la première personne."

"Le lecteur trouvera notamment dans ce recueil les notes tenues quotidiennement par Pierre Mendès France lors de périlleuses missions aériennes sur l’Europe occupée au sein du mythique Groupe Lorraine, dans lesquelles il décrit le quotidien et le courage de ces aviateurs dont beaucoup perdront la vie, une petite armée qui symbolisa la France combattante et sauva l’honneur. Les Écrits de résistance de Pierre Mendès France représentent un témoignage essentiel et incontournable du combat militaire, civique et patriotique d’un des plus éminents responsables politiques français du XXesiècle. Souligner sa résistance personnelle à la dictature vichyste et son engagement dans la France Libre constitue à la fois un devoir d’histoire et un acte de mémoire pour aujourd’hui."

Le 9 décembre 2018, la Chaîne Parlementaire-Assemblée nationale diffusa, dans le cadre de Rembob'INA, L´homme en question (1977) avec Pierre Mendès-France. "Retrouvez les séquences fortes de cette émission politique présentée par Anne Sinclair en 1977 durant laquelle..." "Anne Sinclair et Jean-Louis Bourlanges racontent cette émission du 15 mai 1977. 

Rembob’INA vous propose de (re)découvrir une des premières émissions d’Anne Sinclair, « L’homme en question » avec Pierre Mendès France (15 mai 1977). C’est le début de la carrière d’Anne Sinclair à la télévision, une de ces premières émissions. Redécouvrez aussi la première apparition télévisée de Jean-Louis Bourlanges, avec l’extrait où, alors jeune étudiant à l’ENA, il interpelle Pierre Mendès France." 


"Dans cet entretien avec Anne Sinclair, Pierre Mendès France évoque les différentes étapes de sa carrière, explicitant ses nombreux refus et rendez-vous ratés avec les responsabilités nationales, et analyse la situation du moment en France, rappelant à l’occasion sa conception de la vie politique, sa foi dans la démocratie. Archive suivie d’une mise en perspective orchestrée par Patrick COHEN en présence de Anne SINCLAIR, Jean-Louis BOURLANGES et Agnès CHAUVEAU (INA). Rembob’INA (coproduction LCP/INA), c’est une plongée dans l’histoire de notre pays au travers d’une incursion dans sa mémoire audiovisuelle. Fictions, magazines d’actualité, émissions de divertissement, débats politiques… Après la diffusion d’un programme issu des fonds de l’INA, place au débat ! En présence d’acteurs ou de témoins de l’époque mais aussi d’un spécialiste de l’INA, Patrick COHEN revient sur les grandes heures de la télévision."

Une journée d’études se tiendra le 17 juin 2019 au Palais Bourbon entre 9 h et 18 h. Son thème : "Mendès France parle aux Français". "Une rencontre, proposée par l’Institut Pierre Mendès France, les Archives nationales, l’INA et la Fondation Jean-Jaurès, soixante-cinq ans après son investiture, analysera plus largement les différentes formes de communication de Pierre Mendès France avec les citoyens entre 1930 et 1982, en valorisant les nouvelles sources disponibles. Le but est d’explorer ce que fut cette parole publique « humaine ».

"Lors de sa première causerie le 26 juin 1954, le nouveau président du Conseil Pierre Mendès France déclarait aux auditeurs à la radio son « intention de [s]’adresser régulièrement à vous, pour vous parler en toute simplicité (…) et vous tenir au courant de ce que fait et de ce que pense le gouvernement qui est votre gouvernement ».

"Parler « en toute simplicité » signale une personnalité et un projet politique qui, pour aller à une vérité, ont cheminé sur une ligne de crête entre fidélité républicaine et espoir démocratique, entre discours hérité et propos renouvelés. La rencontre parcourt cette ligne-là. Elle prend en compte les nouvelles archives : la source audiovisuelle mais aussi la correspondance et les archives privées, qui nourriront déjà des exposés."

"Au titre des héritages assumés, elle questionne le radical de souche, l’élu de l’Eure, le parlementaire, le chef de gouvernement, l’homme d’État. Elle interroge aussi le « mendésiste », le tenant de la République moderne, l’expert pédagogue, l’homme de presse et le pionnier radiophonique. Sans oublier l’homme réduit au silence, dans sa solitude."

"Elle signale ainsi une tension politique qui n’a pas disparu aujourd’hui : celle qui s’installe entre le discours partisan et, signalé par « PMF » au micro le 29 janvier 1955, « le contact nécessaire entre le peuple, le Parlement et le gouvernement » pour exercer le pouvoir en vue du bien commun ; entre le gouvernement et l’élection d’une part et, de l’autre, les sondages, les médias, les mouvements et les réseaux ; entre l’urgence nationale et l’alarme mondialisée. En somme : entre action, civisme et opinion."

"Comme si, en voulant parler directement aux Français et établir avec eux « des relations étroites qui seules permettent la franchise réciproque la plus complète », Pierre Mendès France avait tenté de franchir une porte étroite de la démocratie. Puisque « les hommes passent. Les nécessités nationales demeurent ».

"Programme
9h : Accueil

9h45 : Ouverture : Parler aux Français, parler au monde
André Azoulay, président de l’Institut Pierre Mendès France

10h30 – 12h45 : « Du nouveau aux archives »
Sous la présidence de Sabine Jansen, professeur des universités, CNAM Paris

– Les archives privées : le Fonds 115 A.J Pierre Mendès France
Vivien Richard, responsable du Pôle des archives des chefs de gouvernement

– La correspondance de PMF aux Archives nationales et à Louviers : présentation d’une année charnière de la correspondance privée 1962
Françoise Chapron, maître de conférences honoraire, attachée scientifique de l’Institut Pierre Mendès France

– Les sources audiovisuelles conservées à l’INA, PMF et la télévision
Manuela Dubessy, documentaliste à l’Institut national de l’audiovisuel

Débat

14h15 – 17h30 : « Dire le vrai »
Sous la présidence de Robert Frank, professeur émérite, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

– Dialoguer avec les concitoyens de l’Eure 1932-1962
Françoise Chapron, maître de conférences honoraire, attachée scientifique de l’Institut Pierre Mendès France

– Le pédagogue de l’économie : faire comprendre la complexité
Olivier Feiertag, professeur à l’université de Rouen

– Une presse nouvelle, pour une République moderne
Émeric Bréhier, ancien député, directeur de l’Observatoire de la vie politique de la Fondation Jean-Jaurès

– Causeries, allocutions et débats radiophoniques
Christian Delporte, professeur à l’université Versailles Saint-Quentin

Débat

17h15 : Clôture : Un parler vrai
Jean-Pierre Rioux, inspecteur général honoraire de l’Éducation nationale".


L´homme en question (1977) avec Pierre Mendès France
Sur LCP-AN,  les 9 décembre à 21 heures, 15 décembre à 14 heures, 23 décembre 2018 à 16 heures
Visuel :
LCP – Rembob INA – P-Cohen-A-Sinclair – JL Bourlanges – copyright S-Caillet Panoramic pour LCP-jpg

Le mystère Mendès France, de Marc Bessou
AB Production, 2014, 52 mn
Diffusions sur Toute l'Histoire les 28 et 30 mai, 2 et 4 juin 201413 octobre 2014, 15 avril 201513 juin 2016. 

45, rue La Bruyère, 75009 Paris
Tél. : 01 53 32 88 55

Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié en une version concise par L'Arche. Il a été modifié le 8 juin 2014.
Il a été republié le :
- 11 juillet 2012 à l'occasion de la diffusion par Arte du Chagrin et la pitié, chronique d'une ville française sous l'Occupation de Marcel Ophüls - Pierre Mendès France (1907-1982) y témoigne sur cette période et son action - et du 32e congrès de généalogie Juive à Paris (15-18 juillet 2012). Jean-Claude Kuperminc y présenta les ressources généalogiques de la bibliothèque de l'AIU, notamment les archives personnelles de Pierre Mendès France ;
- 24 octobre 2012, 18 mars, 24 octobre et 1er décembre 2013, 13 mars, 13 mai et 24 juillet 2014 à l'approche de la diffusion par la chaîne Histoire du numéro de la série Histoire de comprendre intitulé Mendès France pouvait-il sauver la IVe république ? et réalisé par Robert Mugnerot les 24 octobre, 15 et 18 novembre 2012, les 19 et 27 mars, 4 et 6 avril 2013, 25 octobre 2013 à 2 h 15, 2 et 20 décembre 2013, 13 et 19 mai 2014, 25 juillet 2014  ;
- 29 mai 2014 et 4 août 2015. Toute l'Histoire a diffusé Le mystère Mendès France, documentaire de Marc Bessou, les 30 mai, 2 et 4 juin 2014, 4 août 2015 ;
- 13 octobre 2014 ;
- 15 avril et 24 novembre 2015. La chaîne Toute l'Histoire rediffusera le 15 avril 2015 Le mystère Mendès France, documentaire de Marc Bessou ;
- 7 juillet 2015. Dans le cadre d'Histoire de comprendre, Histoire diffusa les 8, 16, 28 juillet Mendès France pouvait-il sauver la IVe République ?, réalisé par Robert Mugnerot : "Lorsque Pierre Mendès-France accède à la présidence du Conseil, en juin 1954, la IVe République, impuissante, s'enlise dans le conflit indochinois. Elle ne laissera à l'ancien résistant que le temps de la tirer d'affaire avant de le congédier et de s'embourber dans un autre conflit colonial, en Algérie".
- 13 juin 2016. Le 13 juin 2016, Toute l'Histoire diffusa Le mystère Mendès France.
- 19 octobre 2017, 22 mars et 8 décembre 2018.

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