Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 25 avril 2013

Howard Greenberg Collection


La Fondation Henri Cartier-Bresson  (HCB) présente l’exposition éponyme, coproduite avec le musée de l’Elysée à Lausanne  (Suisse), et rendant hommage à Howard Greenberg, photographe, galeriste et collectionneur newyorkais Juif. Cet artisan pionnier et majeur de l’essor du marché actuel de la photographie a constitué une collection évolutive qui comprend des maitres : Abbott, Cartier-Bresson, Frank, Friedlander, Kertész, Klein, Lange, Model, Parks, Steichen, Strand, Sudek, Weston… Une « centaine de chefs-d’œuvre, caractéristiques » de ses choix avisés, éclectiques – du pictorialisme au modernisme via la Street Photography, le photojournalisme et des clichés contemporains conçus pour la publicité, la mode et l’industrie - et « pour la première fois dévoilés au public » à Paris.

« Le bon tirage de la bonne image trouvé au bon moment ». C’est ainsi qu’Howard Greenberg définit son métier ou/et sa passion : galeriste newyorkais et collectionneur.

Des plus de 500 photographies collectionnées, la Fondation HCB expose une centaine de chefs-d’œuvre inédits et caractéristiques des choix avisés du « galeriste-collectionneur » newyorkais.

Des « modernistes de l’école tchèque (Drtikol, Rössler, Funke) aux photographes de la FSA (Lange, Evans) en passant par les humanistes (Hine, Seymour) ou les maîtres américains (Callahan, Frank, Winogrand), c’est une histoire personnelle de la photographie qui est racontée. Parmi la sélection, sont présentés des tirages d’une qualité exceptionnelle et des photographes majeurs, parfois méconnus comme Roy DeCarava, Leon Levinstein ou Ralph Eugene Meatyard ».
« Une tendance obsessionnelle pour la collection »
Howard Greenberg  est né dans une famille américaine, dont le père est un représentant de commerce en cigares et cigarettes.

Il est un « collectionneur dans l’âme » depuis l’enfance : cartes de baseball, numéros du magazine Rolling Stone.

Howard Greenberg entame des études de psychologie.

« Engagé politiquement », il doit arrêter ses études de psychologie au niveau du doctorat. Voulant éviter de combattre au Vietnam, il s’enrôle comme réserviste. Au bout d’un an, il est démobilisé.

Il visite l’Europe, en particulier la France. Un grave accident de voiture le contraint à une longue convalescence.

Pendant une année « sabbatique » aux Etats-Unis, Howard Greenberg s’intéresse, ou plutôt se passionne pour la photographie à l’automne 1970.

Il s’installe à Woodstock en septembre 1972. « Pendant cinq ans, j’étais parallèlement professeur de photo, photographe pour la ville, photographe du journal local, photographe pour artistes : j’avais appris de l’un des meilleurs spécialistes de New York comment photographier les œuvres d’art ».

Howard Greenberg s’intéresse à « l’histoire de Woodstock et à cette colonie d’artistes – la seconde plus ancienne du pays, installée dès 1902 » –.

Il découvre Eva Watson-Schütze, photographe membre de la Photo-Secession que Stieglitz avait publiée dans Camera Work.

Il apprend que Russell Lee vivait à Woodstock, se lie avec Dennis Stock, photographe de Magnum, résidant près de la ville. « Dennis est devenu l’un de mes mentors », confie Howard Greenberg à Sam Stourdzé, à New York, le 23 mai 2012.

En 1977, à Woodstock, Howard Greenberg fonde le Centre de la photographie, puis ouvre une école. Il se heurte à la méfiance de cette « communauté d’artistes » à l’égard de la photographie considérée comme une œuvre artistique.

Lectures, visites mensuelles d’expositions de photographes dans la Big Apple, notamment au « MoMA  (Musée d’art moderne) pour voir l’accrochage de la collection permanente proposé par John Szarkowski »… Tels sont les « cours » intensifs de formation de cet autodidacte.
De la Photofind Gallery à la Howard Greeenberg Gallery
En 1981, Howard Greenberg  ouvre six mois par an sa galerie de photographies, Photofind Gallery à Woodstock. Il est alors un nouvel entrant dans un marché de la photographie encore émergent, et où les galeries ont déjà fidélisé ses photographes préférés.

« L’intérêt pour la photographie est balbutiant, seules quelques galeries spécialisées sont installées à New York, quelques-unes dans le reste du monde. Ces galeries proposent principalement des œuvres du XIXe siècle et du début du XXe. Le contemporain intéressait moins, certainement parce que nous étions nous-mêmes des contemporains ! », se souvient Howard Greenberg mû par sa curiosité de l’histoire de la photographie dont les débuts ont déjà été écrites, en particulier par Beaumont Newhall.

Cependant, Newhall avait négligé « la photographie sociale, la photographie documentaire. Il avait rapidement abordé Lewis Hine et peut-être quelques autres, mais globalement, il avait laissé un manque dans l’histoire du milieu du XXe siècle. J’ai ainsi fait la connaissance de photographes étonnants que peu connaissaient à l’époque. Ce n’était pas le résultat d’une stratégie de développement économique, mais simplement le fruit de ma curiosité. J’ai ainsi découvert, un peu par accident, l’histoire de la Photo League  à travers le propriétaire d’un cinéma à Woodstock qui en avait été membre ».

Au fil de ses rencontres, Howard Greenberg expose « des photographes obscurs et inconnus dont je pensais qu’ils méritaient d’être connus. C’était osé car ils n’étaient pas faciles à vendre ! Parallèlement, je montrais donc des grands maîtres. Ainsi je faisais une exposition Alfred Stieglitz ou Margaret Bourke-White et entre les deux une exposition de Louis Faurer ou de Rosie Green (une formidable photographe de mode) ».

En 1986, Howard Greenberg déménage sa galerie de Woodstock à Soho (New York), dans un lieu « au même étage que Laurence Miller », et en la dénommant désormais par ses prénom et nom.

Puis, en 2003, il installe la Howard Greenberg Gallery dans le Fuller Building au 41 East 57th Street. Ce qui lui permet de présenter plusieurs expositions simultanées dans un espace modulable .

Howard Greenberg montre aux visiteurs de sa galerie, aux collectionneurs, le travail des grands photographes décédés et celui d’inconnus en vie. Il « expose ce qui lui tient à cœur, sans tenir compte de l’aspect commercial, le travail des grands maîtres aidant à financer le reste ». Il « utilise le même principe pour sa collection qu’il complète au gré de ses coups de cœur, de sa sensibilité sans courir après une liste de photographies idéales ».

Découvrant les photographes actifs à New York dans les années 1940 ou 1950, il sensibilise avec succès le public à ces artistes.

Dénué de tout esprit d’exclusion, Howard Greenberg déplore que des pans entiers de la photographie aient été alors minorés, méconnus. « Beaucoup ont réalisé que l’histoire de la street photography devait être écrite. Aujourd’hui, nous avons un livre sur la New York School, un autre sur la Photo League ; les figures secondaires ont eu des expositions muséales et des livres. Dans les quinze dernières années, il y a eu de grands changements. C’est vrai que j’ai souvent présenté pour la première fois au public beaucoup de ces photographes ».

« Je me suis focalisé sur la photographie du milieu du XXe siècle ; peut-être parce que je suis un humaniste, parce que j’ai une formation en psychologie, parce que je m’intéresse aux gens. La photographie que j’ai exposée, celle que j’ai collectionnée, est vraiment la photographie de gens. Cette photographie est la plus difficile à vendre. Les collectionneurs qui achètent de la photographie pour la mettre sur leurs murs ne veulent pas être sous le regard d’une image. Bien sûr, il y a des exceptions comme Diane Arbus. Mais Diane Arbus s’adresse à une marge, c’est différent. La photographie de rue, le New York style, c’est plus difficile à collectionner. Les avant-gardes ou le modernisme, c’est plus facile ; surtout le modernisme, parce que c’est du design ».

Howard Greenberg « s’affirme très vite comme l’un des piliers de la scène photographique new yorkaise ».

Grâce à son activité de galeriste, il acquiert des pièces majeures, auréolé de sa notoriété d’expert ès photographie new-yorkaise du milieu du XXe siècle.

S’il acquiert par troc sa première photographie – de Jerry Uelsmann - en 1972 et pratique des « échanges avec des photographes », il n’initie sa collection qu’en 1981.

Il se lie d’amitié avec Sid Avery, photographe de cinéma à Hollywood et collectionneur qui lui vend des photos de sa collection : la première est un tirage de Karl Struss sur une rue newyorkaise. Cet achat marque le vrai début de sa collection. Une activité en conflit parfois avec celle de galeriste.

Il est parfois contraint de vendre des clichés - Penny Picture de Walker Evans – par besoin d’argent pour sa vie familiale, pour acquérir de nouvelles œuvres, ou pour racheter des tirages de photographies dont il avait du se défaire (La Jeune femme américaine en Italie de Ruth Orkin).

Avec patience et prudence, sa collection s’est enrichie lors des 30 dernières années selon « deux approches : l’utilisation expérimentale de la photographie qui s’interroge comme médium et à l’opposé, l’utilisation documentaire, portée par sa fonction d’enregistrement du réel. Cette dualité aux apparences inconciliables, prend corps cependant au sein de cette collection, grâce à l’acuité d’un regard passionné et curieux, qui laisse une large place à la découverte des figures, longtemps négligées, de la scène new yorkaise d’après-guerre : les photographes de la Photo League  et de la New York School (Abbott, Liebling, Faurer, Friedlander, Model ) ».
L’importance du tirage
Howard Greenberg « accorde une place essentielle au tirage. Celui des Trois mineurs gallois d’Eugene Smith est ainsi entré dans sa collection lorsqu’il découvre le premier tirage utilisé pour la reproduction dans Life, un tirage d’une grande simplicité », sur papier très fin, un tirage brut à partir du négatif. C’est ce tirage qu’il privilégie pour sa force d’expression.

Dans les archives de TimeLife, il trouve un tirage de La Mort d’un soldat républicain de Capa. « Ce n’est peut-être pas le vintage absolu ». Malgré ses marques de retouches, ce « tirage fait très tôt a une vraie marque d’authenticité… [Il] parle de l’Histoire, c’est une représentation de la guerre ».

Ses motivations de collectionneur ? « La première tourne autour de la magie. C’est lié au processus photographique, c’est l’idée d’une vision mécanique. Le photographe voit la photo qu’il veut créer. Il la cherche, la voit et la restitue. La restitution, c’est le tirage... Parmi les milliards de photos qui ont été réalisées depuis 150 ans, c’est pourtant rare de se retrouver face à un morceau de papier qui vous touche profondément, qui vous emmène ailleurs. Cette émotion est simplement indescriptible, mais lorsqu’elle se produit, je tombe amoureux du tirage que je regarde. C’est ce que j’appelle la magie. C’est l’expérience de l’art. C’est transcendant, cela peut arriver quand on regarde une peinture, mais aussi quelquefois quand on regarde un tirage. Dans ma collection, il y a aussi des photos que j’appelle « hommage ». Hommage aux artistes que j’ai admirés quand j’étais jeune photographe. Ils m’ont influencé par leurs photos, parfois aussi à travers leur enseignement. Je pense à Nathan Lyon, à Van Deren Coke. Il y a aussi des grands commissaires d’exposition qui ont repoussé les frontières. J’ai eu la chance de connaître la plupart d’entre eux. Ils ont compté et ils comptent toujours.
Eclectisme
Ceux qui ont influencé Howard Greenberg ? D’abord, John Szarkowski, conservateur « génial, formidable » du MoMA, en raison de sa « façon d’appréhender la photographie, sa manière unique de la regarder, de la penser. Il était génial et m’a vraiment inspiré. Je l’ai connu à la fin de sa vie. C’était un élitiste, un intellectuel particulièrement snob… Il avait une façon particulière de vous entraîner dans une conversation, il vous mettait sur un pied d’égalité ».

Et Minor White : « En 1972, le premier jour du stage avec Jerry Uelsmann, je suis arrivé un peu plus tôt dans la ferme où se tenaient les cours. En attendant, j’ai attrapé le livre de Minor White, Mirrors Messages Manifestations, qui venait de sortir. Le peu que je connaissais de Minor White, je l’avais découvert dans le magazine Aperture, dont il était fondateur. J’ai découvert une autre dimension de la photographie et son potentiel. Minor White photographie le réel et le transforme en quelque chose de cosmique. Il a toujours laissé libre cours à son imagination et tendu vers une pure abstraction ».

Une partie de la collection d’Howard Greenberg comprend des photographies ayant « une dimension politique, plus connectée à la réalité ».

Les images qui ont fasciné Howard Greenberg ? Celle de Livia de Frederick Sommer découverte lorsqu’il débute dans la photographie : « Elle m’a laissé une impression indélébile. J’ai attendu trente ans pour pouvoir l’acquérir. C’est comme la photographie de la pomme de Caponigro, je l’ai cherchée pendant des années pour finalement la trouver il y a seulement deux ans ».

Dans sa collection, de nombreux petits formats de grandes photos car Howard Greenberg a « toujours été attiré par les petits formats… J’aime être proche, être très près, même d’une grande photo. Un petit format recèle une forme d’intimité. Déjà, quand j’étais photographe, on ne tirait plus vraiment en petit format. Les grands tirages étaient en 40 x 50 cm, le format moyen 30 x 40. Si on voulait faire des économies, on choisissait le 18 x 24, mais on tirait très rarement en plus petit. Dans les petits formats, il y a un sens de l’histoire qui m’attire. A de rares occasions, je me suis trouvé face à des images célèbres, proposées en petits formats. Je les ai tout de suite intégrées dans ma collection. J’ai un petit format de « The Critic » de Weegee ; j’ai un Robert Frank des Américains ; j’ai un petit polaroid de Helmut Newton  des quatre femmes nues. J’ai vu passer plusieurs tirages de « Pioneer » de Rodchenko, mais le tirage que j’ai gardé, c’est celui que j’ai trouvé en petit format. Chez Mondrian par Kertész  est au format carte postale. Il est petit et je l’aime dans cette taille. Mais je ne l’ai pas acheté parce qu’il était petit, je l’ai acheté parce que c’est la parfaite expression d’une photographie parfaite ».

La part importante de la mode et des VIP dans la collection d’Howard Greenberg ? « A la galerie, j’ai régulièrement organisé des expositions de photographes de mode. Mon seul critère pour les montrer, c’était de trouver des photographes qui faisaient de bonnes photos. La mode, c’était peut-être une excuse parce qu’il fallait gagner sa vie. D’ailleurs, certains photographes ont fait du journalisme, d’autres ont enseigné. William Klein  est l’exemple d’un photographe brillant qui pouvait exercer son talent dans la mode. Ces photos, je ne les vois pas comme des photographies de mode. C’est la même chose avec les célébrités. Beaucoup de photographes ont travaillé avec des gens célèbres et ont fait de bonnes photos, c’est d’ailleurs souvent leur job. Mais quelques-uns ont photographié des gens connus et réalisé des portraits mémorables. C’est ce qui m’attire. Ainsi j’ai dans la collection des portraits signés Arnold Newman, William Klein, Lillian Bassman, ou encore le portrait de Bacon par Bill Brandt. Et comme toujours, posséder le bon tirage est essentiel, parce qu’il s’agit d’images connues dont il existe énormément de tirages tardifs sur le marché ».

Les internautes peuvent acheter des photographies sur le site internet de la Howard Greenberg Gallery, lancé en 2000.

Jusqu’au 28 avril 2013
A la Fondation HCB

2, impasse Lebouis. 75014 Paris
Tel : 01 56 80 27 00
Du mardi au dimanche de 13 h à 18 h 30. Le samedi de 11 h à 18 h 45. Nocturne gratuite le mercredi de 18 h 30 à 20 h 30

Visuels :
 Henri Cartier-Bresson, Madrid, 1933
© Henri Cartier-Bresson/Magnum Photos. Courtesy Fondation HCB et Howard Greenberg Gallery

Leon Levinstein, Cinquième Avenue, ca 1959
© Howard Greenberg Gallery / Courtesy Howard Greenberg Gallery

Dorothea Lange, Cueilleur de coton saisonnier, Eloy, Arizona, 1940
© Library of Congress / Courtesy Howard Greenberg Gallery

Dorothea Lange, Migrant Mother, Nipomo, Californie, 1936
© Library of Congress / Courtesy Howard Greenberg Gallery

Ruth Orkin, Jeune femme américaine en Italie, 1951
© Ruth Orkin / Courtesy Howard Greenberg Gallery

Walker Evans, Eglise pour les noirs, Caroline du Sud, 1936
© Library of Congress / Courtesy Howard Greenberg Gallery

A lire sur ce blog :
Articles in English

Les citations sont extraites du dossier de presse, et de l’entretien réalisé à New York le 23 mai 2012 par Sam Stourdzé.  

mardi 9 avril 2013

Dans l’affaire al-Dura, la Cour d’appel de Paris reporte son délibéré au 22 mai 2013


Le 3 avril 2013, la Cour d’appel de Paris  a annoncé sa décision de reporter son délibéré au 22 mai 2013 dans la plainte pour diffamation initiée par France 2 et Charles Enderlin, son correspondant en Israël, contre Philippe Karsenty, maire-adjoint de Neuilly et directeur de l’agence de notation des médias Media-Ratings. Au centre : le reportage controversé de Charles Enderlin et Talal Abu Rahma, diffusé par France 2 le 30 septembre 2000, et accusant Tsahal d’avoir intentionnellement tué l’enfant dénommé Mohamed a(l)-Dura et blessé son père Jamal.

Ce 3 avril 2013, vers 13 h 30, la salle d’audience de la Cour d’appel de Paris est ensoleillée, mais peu remplie.

Sont présents Me Bénédicte Amblard, avocate de France Télévisions et de Charles Enderlin, Philippe Karsenty, ainsi que quelques journalistes.

Pour la deuxième fois, Charles Enderlin est absent d’une audience d’une procédure qu’il a initiée, mais sera présent à Paris, à quelques jours de cette audience, pour lancer son nouveau livre. En effet, il donnera sa conférence/débat  Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif organisée par La Paix Maintenant , le 9 avril 2013, au cercle Bernard Lazare. Il y parlera de son nouveau livre Au nom du Temple. Israël et l’irrésistible ascension du messianisme juif (1967-2013).

Coïncidence : alors que l’arrêt de la Cour est attendu en silence, sort dans les salles de cinéma françaises Inch Allah d’Anaïs Barbeau-Lavalette, film distillant le narratif palestinien, dont deux blood libels.
 
Report sans motivation éclairante
Vers 13 h 40, les trois magistrats de la Cour d’appel de Paris entrent dans la salle.

« La Cour n’est pas en mesure de rendre son arrêt. Le délibéré est prorogé au 22 mai 2013 », déclare laconiquement Jacques Laylavoix, président de la Cour.

Six heures de débats judiciaires, plus de deux mois et demi de réflexion… A l’évidence, la Cour a conscience de l’importance de son prochain arrêt dans une affaire confinant à la « politique arabe de la France », au retentissement international, et aux effets tragiques.

Dans le hall attenant à la salle d’audience, Philippe Karsenty loue la liberté d’expression auprès des journalistes.

Placide, il déclare  : « La Cour d’appel veut plus de temps ». Elle a « conscience que l’arrêt sera décortiqué précisément... Je suis un politicien. Les journalistes sont critiques et demandent beaucoup de transparence aux hommes politiques. Et la société demande beaucoup de transparence aux journalistes. Il n’y a pas une caste de citoyens qui doit être protégée de la critique... Il est très important que les journalistes aient à rendre des comptes quand ils commettent des fautes avec des conséquences aussi importantes et aussi graves ».

Me Orly Rezlan, avocate  dans une autre procédure dans l’affaire a(l)-Dura, s’engouffre dans la salle d’audience. Las ! La Cour a déjà annoncé le report de son délibéré. Avec une ironie mordante, Philippe Karsenty interpelle l’avocate lors d’un bref échange verbal.

Quelques heures après l’annonce du report du délibéré, TéléObs titre son article Affaire Enderlin : Philippe Karsenty sera fixé fin mai. Un glissement sémantique significatif : il ne s’agit plus de l’affaire a(l)-Dura ; l’affaire est désormais dénommée curieusement du patronyme d’une partie civile, comme si Charles Enderlin devenait le prévenu.

A la différence de médias israéliens et américanophones, peu de médias français ont informé sur ce report.

Le 4 avril 2013, le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) a annoncé ce report du délibéré et publie une interview filmée de Philippe Karsenty au sortir de l’audience. Lors même que le CRIF n’a publié aucun texte sur l’audience cruciale du 16 janvier 2013. C’est si emblématique de la position paradoxale du CRIF…

Le 4 avril 2013, Times of Israel  publie une des rares interviews du physicien Nahum Shahaf, le premier à avoir mené une enquête sérieuse - analyse scrupuleuse des images, reconstitution exacte des lieux, etc. - fondamentale, devenue incontournable sur le controversé reportage a(l)-Dura, et à avoir exclu toute responsabilité israélienne dans les tirs. Souligné les invraisemblances : impact rond de balles sur le mur selon des tirs de face, alors que la position militaire israélienne est située en oblique par rapport à l’emplacement des a(l)-Dura, faible impact de poussière liée à des tirs présumés obliques, etc. Et exclu tout décès, le 30 septembre 2000, de l’enfant filmé.

Cet ancien instructeur balistique à l’université Bar Ilan songe à poursuivre Charles Enderlin et France 2 aux Etats-Unis.

Le 8 avril 2013, la Société des personnels de Libération (SCPL), qui représente les salariés au Conseil de surveillance du journal, a déploré  « que Libération ait relayé ce matin une rumeur sans fondement sur un prétendu compte en Suisse de Laurent Fabius, avec pour effet de l’accréditer. Notre travail de journaliste ne consiste pas à rendre publique une rumeur, mais à enquêter pour savoir si elle correspond à des faits. Ce travail élémentaire n’a pas été fait. Il s’agit là d’une faute déontologique grave ».

Le 11 avril 2013, Nicolas Demorand, directeur de ce quotidien, a présenté ses excuses aux lecteurs de Libération. Il a assumé la responsabilité pour des erreurs.

A méditer par Charles Enderlin et France 2…


A lire sur ce blog :

Cet article a été publié le 9 avril 2013 et modifié le 11 avril 2013.