Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 30 novembre 2022

« Frédéric II - La splendeur du Saint-Empire » par Markus Augé

Arte diffuse sur son site Internet « Frédéric II - La splendeur du Saint-Empire » (Friedrich II. - Der Staufer Der ewige Kampf mit dem Papst) par Markus Augé. « Portrait de l’empereur Frédéric II, dont le règne marque un tournant dans l’histoire du Saint Empire romain germanique. »
« Les chevaliers Teutoniques » de Krzysztof Talczewski 
« Frédéric II - La splendeur du Saint-Empire » par Markus Augé 


Le Saint-Empire romain était un regroupement politique de territoires localisés dans l'Europe occidentale et centrale au Moyen Âge. A sa tête : un monarque dénommé « empereur des Romains ». De sa création en 962 à son démantèlement en 1806 par Napoléon, il se situait dans le prolongement de l’empire d’Occident des Carolingiens et même de l’Empire romain. Le qualificatif "Saint" fut ajouté durant le règne de Frédéric Barberousse afin de conférer une légitimation "divine" ou "sacrée" au pouvoir.

Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250), « régna sur le Saint Empire romain germanique de 1220 à 1250". Il fut roi de Germanie, roi de Sicile, roi de Provence-Bourgogne (ou d'Arles), et roi de Jérusalem depuis 1229.

Petit-fils de Frédéric Barberousse, ultime empereur de la dynastie des Hohenstaufen, il "fut une figure historique hors norme ».  

« Né en Sicile, ce grand réformateur et promoteur des sciences est considéré par certains comme le premier souverain "moderne". Il est surnommé de son vivant "Stupor Mundi" (la « Stupeur du monde ») et « prodigieux transformateur des choses »,

Il dirigea la sixième croisade, pacifique, et fut le second, après Godefroy de Bouillon, à reconquérir les lieux saints de la chrétienté. 

Des différends l'opposèrent à la papauté. Frédéric a été à plusieurs reprises excommunié. Le pape Grégoire IX le surnommait « l'Antéchrist ». 

Polyglotte, « empereur cultivé, épris de beauté, Frédéric II se révéla pourtant un homme de pouvoir brutal, qui n’hésita pas à jeter en prison son propre fils pour défendre son trône ». 

« Retour sur la destinée de cet empereur du Moyen Âge, qui, en raison de son hégémonie, s'attira de nombreux conflits avec les papes qui se succédèrent au cours de son règne ainsi que deux excommunications ».

Juifs
« Nul ne subira de violence pour la raison qu'il est juif ou sarrasin.» Ainsi en disposent les constitutions de Melfi, édictées en 1231 par Frédéric II de Hohenstaufen, l'un des personnages les plus originaux et les plus contrastés de son siècle. Si elles conservent une bonne part d'inégalités – le sang d'un juif ou d'un sarrasin y vaut la moitié de celui d'un chrétien – les constitutions de Melfi sont la première tentative, au Moyen Age, de substituer un Etat laïque, organisé sur la loi et fondé sur un corps de fonctionnaires, à l'instabilité des allégeances féodales."

Ernst Hartwig Kantorowicz (1895-1963) était un historien allemand naturalisé américain, spécialisé dans l'étude des idées politiques médiévales. En 1927, il publie une biographie de l'empereur Frédéric II. Critiquée par certains historiens, cette oeuvre a été appréciée des nazis : le führer Hitler déclarait l'avoir lue plusieurs fois, et Göring en offrit un exemplaire au Duce Mussolini. 


Légendes
En 2015, les éditions Perrin ont publié "Frédéric II. Un empereur de légendes" de Sylvain Gouguenheim. « Frédéric II Staufen (1194-1250), l’empereur qui stupéfia le monde, selon les mots d’un chroniqueur contemporain, exerça son pouvoir dans une époque riche en mutations. Au cours d’un règne tumultueux, il déploya des qualités qui le placent parmi les souverains les plus fascinants de toute l’histoire médiévale occidentale. Héritier des rois normands de Sicile et des souverains germaniques, ce monarque réformateur et d’une volonté de fer apparaît comme l’une des figures majeures du Saint Empire. Dominant l’Allemagne, l’Italie et le royaume de Jérusalem, son objectif fut partout et toujours le même : exercer et défendre les droits royaux et impériaux, en usant avec souplesse des possibilités offertes par les situations locales. Les réussites, réelles, du règne ne masquent pourtant pas ses difficultés et ses échecs. Frédéric II se heurta à la révolte de son premier fils, Henri. En butte à l’opposition radicale de la papauté, il fut excommunié, puis, déclaré parjure et hérétique, il fut déposé par le pape Innocent IV. Par ce travail basé sur des archives aussi bien allemandes qu’italiennes et françaises, et en délaissant le mythe comme la psychologie supposée du personnage, mais en s’attachant à étudier le règne, sans a priori ni anachronisme, Sylvain Gouguenheim dresse le portrait renouvelé d’une figure médiévale d’exception ».

"Gouvernant l’Allemagne de loin, puisqu’il a passé l’essentiel de sa vie en Sicile et en Italie du Sud, Frédéric II représente « une pensée politique traduite en actes ». Le souverain, souligne Gouguenheim, s’attacha à construire un Etat puissant en exerçant les droits royaux et impériaux. Cette ambition, à l’instar de ses prédécesseurs, le fit entrer en conflit avec la papauté. Excommunié, déclaré parjure et hérétique, l’empereur finit par être déposé par le pape Innocent IV. S’il protégea les juifs, il combattit avec ardeur les hérétiques : contrairement à ce qui se dit, il ne fut nullement un apôtre de la tolérance, concept inconnu en son temps. De même ne fut-il pas un adepte du multiculturalisme, puisqu’il fit une guerre sans merci aux dernières poches musulmanes de Sicile. « Même délivré des mythes et des légendes qui le rendent multiforme et intemporel, voire opaque, conclut Gouguenheim, Frédéric II demeure un personnage étonnant, en aucun cas un souverain médiocre. » Une belle leçon d’histoire", a analysé Jean Sévillia.


« Frédéric II - La splendeur du Saint-Empire » par Markus Augé 

Allemagne, 2018
Sur Arte le 16 novembre 2019 à 21 h 45
Sur arte.tv du 02/11/2022 au 27/01/2023
Visuels : © Markus Augé

Articles sur ce blog concernant :
Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 14 novembre 2019.

mardi 29 novembre 2022

Le Qatar


Adepte du soft-power, enrichi par les ressources en pétrole et en gaz, le Qatar est devenu rapidement un acteur politique majeur au Moyen-Orient, et un investisseur « ami » ambigu, paradoxal, pour des Etats occidentaux. Arte diffusera le 29 novembre 2022 à 20 h 55 "Qatar, une dynastie à la conquête du monde" (Katar - Gas und Spiele) de Miyuki Droz et Sylvain Lepetit et le 30 novembre 2022 à 0 h 30, dans le cadre du "Dessous des cartes" (Mit offenen Karten), "Le foot, un enjeu de puissance" (Fußball: Spielfeld der Macht?) réalisé par Judith Rueff.

Vers un « vote halal » en France, en Belgique, en Grande-Bretagne et en Israël ? 
« Humoristes et musulmans » de Frank Eggers  
« Nouvelle génération, la bande dessinée arabe aujourd’hui » 
« Riad Sattouf. L’écriture dessinée »
« La croix gammée et le turban, la tentation nazie du grand mufti » de Heinrich Billstein 
« Pour Allah jusqu’à la mort. Enquête sur les convertis à l’islam radical » par Paul Landau
L'Etat islamique 
Interview de Bat Ye’or sur le califat et l’Etat islamique/ISIS 
« Les armes des djihadistes » par Daniel Harrich 
« L'argent de la terreur »
« Alger, la Mecque des révolutionnaires (1962-1974) » par Ben Salama
« Pictures for Peace. La douleur après l’attentat - Hocine Zaourar » par Rémy Burkel 
« Cheikh Zayed, une légende arabe » par Frédéric Mitterrand
« Emirats, les mirages de la puissance », par Frédéric Compain
L’Arabie saoudite 
Hajj, le pèlerinage à La Mecque
L’Irak, une ex-mosaïque ethnico-religieuse 
« Iran-Irak, la guerre par l'image » par Maryam Ebrahimi
« Oman, au pays des contes » par Nadja Frenz
Le keffieh, c'est tendance !

« Dirigé par le Cheikh Hamad Al Thani, le Qatar abrite 1,8 million d’habitants dont 10 % seulement sont des Qataris de souche, musulmans sunnites. Le reste est composé de travailleurs immigrés dont quelques jeunes Français de nos banlieues. Les Qataris sont depuis peu les premiers actionnaires de Lagardère, avec 26% du capital. Or, cette société est gros actionnaire de Hachette, Europe 1, Canal +, et EADS, société mère d’Airbus. Il n’y a pas plus stratégique que la communication et l’aéronautique ! Le Qatar a aussi des participations dans Total, LVMH, Vinci, Veolia, et possède plusieurs palaces hôteliers à Paris et à Cannes. S’ajoute à ces investissements une résidence somptueuse dans l’île Saint-Louis, l’Hôtel Lambert qui appartenait autrefois à Guy de Rothschild », écrit Roger Cukierman  en 2012.

Le Qatar soutient financièrement des mouvements terroristes islamiques, tel le Hamas.

Le 2 décembre 2010, la Fédération internationale de football (FIFA) a désigné le Qatar comme pays organisateur de la Coupe du monde 2022 (21 novembre-18 décembre 2022). Ce qui a soulevé l'indignation de dirigeants politiques. Et ce d'autant que des questions pertinentes concernent les raisons et les circonstances de ce choix. Les conditions de travail des ouvriers immigrés dans les chantiers de construction des stades climatisés devant accueillir les matches de football ont soulevé la réprobation d'ONG, dont Amnesty International.

"Le Vilain Petit Qatar"
En 2013, Fayard a publié "Le Vilain Petit Qatar", par Nicolas Beau,professeur à Paris VIII, ancien journaliste au Monde, à Libération et au Canard Enchaîné avant de fonder bakchich.info, et Jacques-Marie Bourget, grand reporter et spécialiste du Moyen-Orient, journaliste à France Inter, L’Express et Paris-Match, Prix Scoop pour avoir révélé l’affaire Greenpeace.

"Avec ses milliards de dollars à investir, le petit émirat qatari achète le PSG, finance des plans de sauvetage pour nos banlieues, soutient notre marché immobilier et entre au capital de nos entreprises : Saint-Qatar, sauvez-nous de la crise !, implorent nos responsables politiques de tous bords. Mais pour quelles raisons le Qatar se montre-t-il si généreux avec la France ? Que risquons-nous à accepter les cadeaux d’un tel « ami » ?"

"Il y a moins d’un siècle, cette péninsule grande comme la Corse n’était qu’un repaire de pêcheurs de perles. Depuis que le gaz a surgi sous ses pieds, ce nain est traité en géant et sa télévision, Al-Jazeera, considérée comme le lieu de la libre expression proche ou moyen-orientale. En plongeant dans les secrets du sérail qatari, ce livre révèle les impostures de l’Émir et de son clan. Non, ce champion des colloques sur la corruption n’est pas un modèle de vertu quand lui-même lave l’argent des dictateurs ! Non, cet État qui a soufflé sur les braises du printemps arabe n’a jamais sponsorisé un islam tolérant, pas plus dans nos banlieues qu’au Nord-Mali ! Derrière la vitrine occidentale, c’est un ogre wahhabite qui tient la caisse."

Softpower
Enrichi par ses gisements de pétrole et de gaz – troisième exportateur de gaz au monde - , la monarchie Al-Thani du Qatar qui règne sur un petit émirat, une avancée aride de 11 000 km² dans le golfe Persique, investit à bon escient - fleurons industriels (17%  des actions de Volkswagen), équipes et chaîne sportives tel le Paris Saint-Germain (PSG), organisation du Mondial de football en 2022 obtenue dans des circonstances suspectes, droits télévisuels du championnat de football de Ligue 1 et de la coupe d’Europe pour la chaîne qatarie al-Jazeera - dans les pays occidentaux pour préparer l’ère d’épuisement de ses matières premières (hydrocarbures). Et il s’est porté acquéreur de 24 Rafales pour 6,3 milliards d’euros, et négocie pour obtenir l’octroi de droits de trafic à Qatar Airways. La prochaine ouverture de la ligne Lyon-Doha a été démentie par la France en 2015.

Craignant ses puissants voisins – Arabie saoudite, Iran -, le Qatar, ancien protectorat britannique, est devenu incontournable pour des Présidents français, de droite ou de gauche, silencieux sur son rigorisme islamique, ses soutiens à des mouvements terroristes islamistes, tel le Hamas, et sur la longue séquestration de ressortissants français - Stéphane Morello, entraîneur de foot, Zahir Belounis, footballeur -, mais généreux en signant une convention fiscale exonérant d’impôts le Qatar.

C’est avec réticence que la France a encadré certaines initiatives du Qatar dans les banlieues de l’hexagone, tel le fonds initial de 50 millions d’euros pour inciter les créations d’entreprises dans les banlieues de l’hexagone, refus d’entrée opposé par la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la France au prêcheur islamiste Yûsuf Al-Qaradâwî, membre du Conseil Européen pour la Recherche et la Fatwa, fondateur en 1977 et doyen de l’Université des études et sciences islamiques à Qatar 1977, exhortant à la haine des Juifs.

Un des vecteurs du soft-power du Qatar s’avère la chaîne de télévision al-Jazeera, rival des chaines informations anglo-saxonnes, telles CNN et Fox News.

« Le Qatar, puissance régionale ou mondiale »
En 2015, Arte a diffusé le numéro du Dessous des cartes intitulé Le Qatar, puissance régionale ou mondiale, présenté par Jean-Christophe Victor, et réalisé par Frédéric Ramade. Le « printemps arabe », la révolte chiite au Bahreïn, la récente victoire de l’axe Egypte du président al-Sissi-Arabie saoudite… Ces événements ont amené le Qatar à infléchir, à adapter son agenda politique au Moyen-Orient à une conjoncture défavorable à ses visées régionales et à son alliance avec la Turquie et les Frères musulmans. 

« Aujourd’hui, le Qatar aspire à devenir une puissance régionale incontournable. Comment cette nation relativement jeune s’est-elle imposée comme un acteur global ? Quelle est la véritable force de ses capacités d’investissement ? Jean-Christophe Victor revient sur les supposés paradoxes de ce pays riche, conservateur et ouvert sur le monde ».

"Nos très chers émirs"
En 2016, est paru "Nos très chers émirs" de Christian Chesnot et Georges Malbrunot (Michel Lafont). "Alors que notre pays est la cible d’attentats d’une violence inédite, nombre de Français s’interrogent : nos alliés d’Arabie saoudite et du Qatar financent-ils le terrorisme ? Les auteurs ont enquêté. Ils ont rencontré un financier du djihad qui vit librement au Qatar, un émirat dont ils démontrent, chiffres à l’appui, qu’il subventionne la branche syrienne d’al-Qaida. En outre, en Arabie saoudite, le pèlerinage à La Mecque permet des levées de fonds au profit d’organisations terroristes. Mais si Riyad, qui exporte en France le salafisme, semble souvent jouer un double jeu, que dire des maires français qui interdisent le burkini sur leurs plages mais accueillent les mosquées saoudiennes ? D’autre part, plusieurs officiels du Golfe, las d’être pris pour des « distributeurs de billets de 500 euros », dénoncent nommément l’attitude ambiguë de certains de nos responsables politiques. Tant de compromissions alors que, finalement, en ce qui concerne les grands contrats, malgré les prévenances de François Hollande et la complaisance de Laurent Fabius qui interdisait au Quai d’Orsay qu’on critique les atteintes saoudiennes aux droits de l’homme, la France reste pour Riyad un simple « partenaire de compensation » ! À quelques mois de l’élection présidentielle, ce livre, qui nous apprend aussi comment les Émirats arabes unis ont proposé de financer le parti de Marine Le Pen, est une contribution brûlante au débat sur l’opportunité de revoir nos relations avec nos chers émirs."

Ce livre révélait l'ampleur des relations politico-financières entre le Qatar et des acteurs majeurs de la vie politique française : Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement - "La Ligue de défense juive est un mouvement raciste, d'extrême-droite qui devrait être dissous", a-t-il déclaré dans une interview sur la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien à l'ONU, en occultant le terrorisme palestinien (Le Figaro, 20 septembre 2011) -, Nicolas Bays, député socialiste, Rachida Dati, magistrate devenue ministre de la Justice de 2007 à 2009 (Les Républicains), eurodéputée (2009-2019), maire du huppé VIIe arrondissement de Paris depuis 2008 et avocate d'affaires, Dominique de Villepin, ancien Premier ministre (2005-2007), diplomate puis avocat d'affaires, ou Nathalie Goulet, sénatrice UC (Union centriste).

"Qatar, guerre d'influence sur l'Islam d'Europe"
"Qatar, guerre d'influence sur l'Islam d'Europe" (Katar: Millionen für Europas Islam) est un documentaire intéressant réalisé par Jérôme Sesquin révélant les actions et objectifs de Qatar Charity. Une enquête de Doha à Mulhouse, de Paris à Munich, via Dublin et Bruxelles.

Ce film accompagne la publication du livre "Qatar Papers. Comment l'émirat finance l'islam de France et d'Europe" signé des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot (Michel Lafon, 2019) ainsi présenté par son éditeur : "Les « Qatar papers » révèlent la cartographie du prosélytisme en France et en Europe mené par Qatar Charity, la plus puissante ONG de l’émirat. Ces documents confidentiels, divulgués pour la première fois, détaillent la plupart des 140 projets de financement de mosquées, écoles et centres islamiques, au profit d’associations liées à la mouvance des Frères musulmans. Ils dévoilent le salaire payé à Tariq Ramadan, figure de l’islam politique que Doha sponsorise hors de ses frontières. Au terme d’une enquête dans six pays européens et une douzaine de villes de l’Hexagone, les auteurs exposent la dissimulation, parfois le double langage, des associations islamiques sur leur financement étranger, ainsi que la politique de l’autruche suivie par de nombreux maires, par électoralisme ou ignorance. Ils pointent l’absurdité de la situation : avec le seul argent des fidèles comme subside, comment les mosquées en France pourraient-elles se priver des aides venues de l’étranger ? Un voyage dans les coulisses d’une ONG richissime et opaque liée au sommet de l’État qatarien, comme le révèle son financement par plusieurs membres de la famille régnante, les al-Thani. Une contribution essentielle au débat sur les ramifications étrangères de l’islam de France au moment où Emmanuel Macron cherche à le structurer. Christian Chesnot et Georges Malbrunot, grands reporters respectivement à France Inter et au Figaro, détenus pendant quatre mois en Irak en 2004, sont tous deux des spécialistes du Moyen-Orient et ont écrit ensemble plusieurs livres sur le conflit israélo-palestinien, al-Qaida et l’Irak.'

"Révélant le financement par l’ONG Qatar Charity de projets de mosquées, de centres islamiques et d’écoles en Europe, tous liés aux Frères musulmans, une édifiante enquête au cœur des réseaux d’influence de l’émirat." De Sicile en Allemagne, de Suisse en Belgique, de France en Grande-Bretagne...

"À l’origine de cette investigation, une clé USB, livrée en 2016 par un lanceur d’alerte aux journalistes Georges Malbrunot et Christian Chesnot, laquelle contient des milliers de documents confidentiels émanant de l’opaque Qatar Charity, une ONG fondée en 1992 et aujourd’hui présente dans soixante-dix pays".

Listes de donateurs (dont des membres de la famille régnante Al-Thani), virements bancaires, mails… : cette fuite sans précédent révèle l’offensive prosélyte de l’émirat en Europe, la puissante organisation finançant quelque cent quarante projets de mosquées, de centres islamiques et d’écoles, tous liés à la nébuleuse des Frères musulmans".

"Malgré les dénégations de Doha concernant cette implication religieuse, les journalistes ont enquêté pendant deux ans sur le terrain pour mettre au jour l’influence du Qatar sur l’islam du continent. Du centre islamique An-Nour à Mulhouse, le plus grand chantier en Europe dans une région frontalière qui compte 200 000 musulmans, au dispositif d’accueil des migrants en Sicile en pleine crise syrienne en passant par le musée des Civilisations de l’islam (Mucivi) en Suisse ou encore un centre de formation des imams à Château-Chinon, ce film plonge au cœur de ces réseaux, traversés par la même idéologie."

A Mulhouse (Haut-Rhin), ville "qui compte 30 % de musulmans", le "Centre An-Nour est financé par le Qatar, géré par une filiale de l'UOIF et loué par des prêcheurs radicaux". Son directeur apprécie la situation géographique : en France, près de l'Allemagne et de la Suisse. "Le complexe pharaonique coiffé d'un dôme comprend deux salles de prière en marbre de Carrare permettant d'accueillir 3 000 fidèles, une bibliothèque, une médiathèque, 11 salles de classe, une piscine de 25 mètres, une salle de sport, un sauna, un hammam, un spa, un salon de coiffure et même un funérarium ! Au total, le coût faramineux du Centre An-Nour était estimé à 26 millions d'euros à l'automne 2018 par Christian Chesnot et Georges Malbrunot, dont 80 % d'origine étrangère (14 millions accordés par le Qatar et 5 à 6 par le Koweït. Un record !"

"Quelle stratégie tente de déployer le Qatar par le biais de cette aide aux communautés musulmanes d’Europe ? Ce discret noyautage ne cache-t-il pas sa volonté d’imposer sur le continent l’islam politique prôné par les Frères musulmans, cette confrérie radicale née en Égypte en 1928 ?" Le documentaire retrace l'histoire des Frères musulmans sans évoquer les liens, notamment idéologiques et financiers, de la confrérie fondée par al-Banna avec les Nazis. Il montre des images du raïs Nasser se gaussant des demandes des Frères musulmans réclamant le port du foulard islamique par les Égyptiennes.

"En 2018, à la conférence de Paris "No money for terror" organisée par le Président de la République Emmanuel Macron, "l’émirat, sur la sellette, a annoncé officiellement des mesures pour mieux contrôler ses organisations caritatives. Mais cette enquête souligne aussi combien le financement qatari de l’islam en Europe est venu combler le vide laissé par les États concernés, autorisant ces inquiétantes dérives."

On peut regretter que les auteurs du documentaire omettent les élus locaux ayant soutenu ces projets de mosquées ou centres islamiques. De nombreuses questions perdurent : quand un proche des Frères musulmans est arrêté dans un train français alors qu'il transportait une énorme somme d'argent en liquides, les services fiscaux ou policiers initient-ils une enquête pour déterminer l'origine de ce montant, voire sa destination ?

Ilhan Omar
Elue démocrate du Minnesota à la Chambre des Représentants, Ilhan Omar porte le voile islamique et tient des propos anti-israéliens, pro-BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), et s'oppose à la reconnaissance du génocide des Arméniens par les Turcs.

Le 25 novembre 2019, Al Arabiya a publié l'article "US Rep Ilhan Omar accused of being a foreign agent – legal deposition". Ilhan Omar était accusée d'être une espionne pour l'Iran afin de transmettre au régime des mollahs des informations confidentielles et d'avoir reçu de l'argent du Qatar pour financer sa campagne électorale.

Al Arabiya English, dont le siège est à Dubaï, se fonde sur une déposition de l'entrepreneur canadien né au Koweït, Alan Bender, en date du 23 octobre 2019. Alan Bender avait témoigné lors du procès contre le frère de l'émir du Qatar.

Au cours "d'une rencontre avec trois hauts responsables qataris, Alan Bender aurait appris qu'Ilhan Omar était "le joyau de la couronne" recrutée par le Qatar et qu'elle avait obtenu son poste actuel grâce à l'argent de l'émirat qui aurait financé sa campagne. L'homme d'affaires a déclaré qu'Omar avait utilisé sa position à la Chambre des représentants pour recruter d'autres hommes politiques. Elle aurait également partagé des informations sensibles avec le Qatar, qui les a transmises à l'Iran. 

Ilhan Omar a nié ces accusations.

Rashida Tlaib, autre élue démocrate, et elle avaient été interdites d'entrée sur le territoire israélien en août 2019.

Ilhan Omar fait partie de la délégation qui accompagne le Secrétaire d'Etat Antony Blinken au Qatar pour le Mondial 2022.

"Mondial 2022 : carton rouge pour le Qatar ?"
Sous le titre "Mondial 2022 : carton rouge pour le Qatar ?", Arte réunit des documentaires à la thématique commune. "Le Qatar espère attirer 1,2 million de supporters à l'occasion de la Coupe du monde de football qui se se tiendra sur son sol du 20 novembre au 18 décembre 2022. Un Mondial lancé sur fond de polémiques : bilan environnemental, soupçons de corruption sur le choix de l'émirat par la FIFA, et surtout menaces sur les droits humains... Malgré certains appels au boycott, 32 équipes nationales feront le trajet à Doha".

"Qatar, une dynastie à la conquête du monde"
Arte diffusera le 29 novembre 2022 à 20 h 55 "Qatar, une dynastie à la conquête du monde" (Katar - Gas und Spiele) de Miyuki Droz et Sylvain Lepetit.

"Comment le Qatar, petit royaume du golfe Persique, a-t-il conquis sa place dans le concert des nations ? À travers le portrait de la famille régnante, ce documentaire explore les paradoxes d'un pays dont l’ascension fascine autant qu'elle effraie."

"C'est un État minuscule aux ambitions démesurées. En trois décennies, le Qatar, territoire désertique tenaillé entre l'Arabie saoudite et l'Iran, s’est imposé comme l'un des pays les plus riches au monde. Autrefois province ottomane reculée puis protectorat anglais, le royaume proclame son indépendance en 1971 par la voix de son futur émir Khalifa ben Hamad al-Thani."

"En 1995, ce dernier est renversé par son fils Hamad, qui investit dans l’exploitation du gaz, modernise le pays à marche forcée, et use de ses capitaux illimités et des outils du soft power pour affermir l’influence du Qatar à l’étranger, jusqu’à obtenir l’organisation de la Coupe du monde de football 2022". 

"Affaibli par la crise des printemps arabes – après avoir encouragé les mouvements révolutionnaires, le Qatar a été critiqué pour son soutien à la confrérie radicale des Frères musulmans –, Hamad abdique en 2013 au profit de son fils Tamim. Le jeune cheikh au profil de gendre idéal résiste aux tempêtes (scandales autour du Mondial, mais surtout embargo total imposé par l’Arabie saoudite et ses alliés contre le pays de 2017 à 2021) et parvient, à la faveur du retrait des troupes américaines d’Afghanistan et de la guerre en Ukraine, à s’affirmer comme un partenaire indispensable des Occidentaux."

"À travers le portrait de la dynastie Al-Thani et de trois générations de dirigeants, ce documentaire raconte, de l’intérieur, le destin d’une nation assise sur le plus important gisement gazier de la planète, propulsée sur l’échiquier mondial par le pouvoir de l’argent et une habile diplomatie."

"Alors que le coup d’envoi du Mondial est prévu le 20 novembre, le film s’immerge dans une société ultrahiérarchisée où l’opulence des uns (les 300 000 Qatariens, à 80 % fonctionnaires, bénéficient copieusement du ruissellement des richesses) côtoie la misère des exploités. Entre conservatisme bédouin et modernité occidentale, entre success-story et zones d’ombre, une plongée dans les paradoxes du royaume aux côtés de Qatariens (dont des membres de la famille régnante), d’experts internationaux et de travailleurs étrangers." 



"En cinquante ans, le Qatar s’est imposé sur la scène internationale grâce aux milliards des hydrocarbures, à sa stratégie de soft power et à sa diplomatie active. Derrière cette ascension, trois émirs successifs, issus de la dynastie Al-Thani. Par Manon Dampierre".
 

"KHALIFA - Le modéré
Premier ministre, il annonce, en 1971, l’indépendance du pays à la télévision. Le royaume a choisi de faire cavalier seul plutôt que d’intégrer la fédération des Émirats arabes unis. L’année suivante, Khalifa devient émir. Sous son règne, le Qatar poursuit sa modernisation à pas prudents : le souverain craint les conséquences d’un développement fulgurant et ne croit guère à l’exploitation du gaz. Il se repose sur ses réserves pétrolières, dont il dépense la rente au cours de voyages à l’étranger, déléguant l’exercice du pouvoir à son fils Hamad. En 1995, ce dernier profite d’une de ses absences pour le renverser.

"HAMAD - L’ambitieux
Après son coup d’État, le charismatique Hamad, formé à l’académie royale militaire de Sandhurst, au Royaume-Uni, investit dans la construction de méthaniers. Pari gagné : à la fin des années 1990, la demande en gaz explose. L’émir réforme les lois islamiques et se lance dans des chantiers pharaoniques qui transforment Doha en capitale ultramoderne. Les travailleurs étrangers, cadres supérieurs et petites mains exploitées, affluent. Avec sa deuxième épouse, la glamour "Cheikha Moza", Hamad mise sur la culture (création de la chaîne Al Jazeera, ouverture de musées, de succursales d’universités occidentales) et le sport comme instruments de soft power. En 2010, il frappe un grand coup en remportant l’organisation de la Coupe du monde de football 2022. Trois ans plus tard, l’homme qui a fait du Qatar l’un des pays les plus riches au monde abdique en faveur de Tamim, son quatrième fils".

"TAMIM - Le diplomate
Propulsé à la tête de l’État à 33 ans, il a fait ses armes dans la diplomatie sportive, œuvrant au rachat du PSG. Alors que la préparation du Mondial suscite une pluie de critiques (soupçons de corruption, morts sur les chantiers, atteintes aux droits humains, aberration écologique), le souverain affronte une autre crise. En 2017, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et leurs alliés accusent le Qatar de collusion avec l’Iran et de soutien à des groupes terroristes, et décrètent un blocus contre leur voisin – qui prendra fin début 2021. L’émir tient bon, diversifiant ses alliances et son économie. Adulé par sa population, il parvient à replacer son pays au centre du jeu : en jouant les médiateurs entre Américains et talibans, puis en contribuant à l’évacuation des civils afghans à l’été 2021, le Qatar a gagné le statut d’"allié majeur des États-Unis hors de l’Otan". Avec la guerre en Ukraine, ses réserves gazières sont plus que jamais courtisées par les Européens".

"Le foot, un enjeu de puissance"
Arte diffusera le 30 novembre 2022 à 0 h 30, dans le cadre du "Dessous des cartes" (
Mit offenen Karten), "Le foot, un enjeu de puissance" (Fußball: Spielfeld der Macht?) réalisé par Judith Rueff.

"Les grandes compétitions sportives passionnent des millions de fans à travers la planète. Ces événements comportent aussi une dimension géopolitique : ils sont l'occasion de poursuivre la confrontation entre États selon d’autres modalités. Démonstration avec la 22e édition de la Coupe du monde de football, qui se déroulera fin 2022 au Qatar."

"Le Qatar mise depuis longtemps sur le ballon rond pour accroître son prestige, du rachat du Paris-Saint-Germain au sponsoring des maillots du FC Barcelone. Business juteux avec les droits TV, voire douteux avec les affaires de corruption de la Fifa, tribune politique quand les défenseurs des droits humains s’invitent sur le gazon, enjeu de "soft power" pour les États... : et si le football n’était pas qu’un sport ?"


 
"Qatar, une dynastie à la conquête du monde" de Miyuki Droz et Sylvain Lepetit, avec Sébastien Séga 
France, 2022, 94 min
Coproduction : ARTE France, Brainworks 
Sur Arte les 29 novembre 2022 à 20 h 55, 02 décembre 2022 à 9 h 25
Disponible du 20/10/2022 au 27/01/2023
Visuels :
Ce documentaire retrace de façon chronologique, articulé autour des grandes décisions et des moments forts des règnes des trois générations de dirigeants, l' histoire, la politique et la société du Qatar
© Brainworks

France, 2021, 13 min
Présentation : Emilie Aubry
Sur Arte les 30 novembre 2022 à 00 h 30, 02 décembre 2022 à 6 h 00
Disponible du 29/01/2022 au 27/12/2028

"Qatar, guerre d'influence sur l'Islam d'Europe" par Jérôme Sesquin
France, 2019, 91 min
Sur Arte le 24 septembre 2019 à 20 h 50
Visuels :
L' ONG ' Qatar Charity' finançant la mise en place de centres islamiques en Europe
Brochure du programme européen de ' Qatar Charity'
Prière à la mosquée de Penzberg en Allemagne
Benjamin Idriz, imam de Penzberg et président du Forum pour L' Islam à Munich (MFI)
Lulwa El Khater, porte parole du ministère des affaires étrangères du Qatar
L' émir du Qatar Cheikh Tamim Al Thani
© Flach Films
    
Le Qatar, puissance régionale ou mondiale, présentation de Jean-Christophe Victor, réalisation de Frédéric Ramade
2014, 13 min
Sur Arte le 16 mai 2015 à 19 h 30
Visuel : © ARTE/Mit offenen Karten
La citation sur les émissions proviennent d'Arte. Cet article a été publié les 15 mai 2015, 24 septembre 2019.

lundi 28 novembre 2022

« De l'Asie à l'Amérique. Histoire de l’immigration asiatique aux États-Unis » de Jeffrey Bieber

Arte diffuse sur son site Internet « De l'Asie à l'Amérique. Histoire de l’immigration asiatique aux États-Unis » (Von Asien in die USA - Die Geschichte der Asian Americans), série documentaire en cinq parties de Jeffrey Bieber. « L’histoire des Américains d’origine asiatique du XIXe siècle à nos jours. Mêlant grande histoire et récits intimes, une passionnante série-fleuve sur ces mal-aimés d’un pays qu’ils ont façonné avec ardeur. »

« De l'Asie à l'Amérique. Histoire de l'immigration asiatique aux États-Unis ». Cette série documentaire en cinq épisodes, nourrie de captivantes archives et interviews, retrace la difficile intégration des Asio-américains. Ce sont cent cinquante ans de lutte, et de bonne volonté, pour, peut-être enfin, être reconnus comme de bons américains et dans l'espoir d'une meilleure destinée. Retour sur une part trop souvent ignorée de la tumultueuse histoire des États-Unis.

« Multipliant les formes narratives, cette série documentaire, nourrie de captivantes archives, s’essaie aussi à l'animation pour raconter l'histoire de ces "rêveurs", illustres ou inconnus, en quête d'une meilleure destinée ».

« Les cinq épisodes, denses, retracent cent cinquante ans de volonté d'intégration des Asio-Américains, ébranlée par les guerres et le rejet mais marquée aussi par de réelles avancées ».

« Aux conditions de vie d'abord effroyables, à construire des chemins de fer ou à travailler la terre sans salaire décent ni reconnaissance, succèdent les images de succès arrachés par ces communautés longtemps honnies, encore mal aimées ». 

« Les interviews de descendants des premiers immigrés, de vétérans de guerre, de militants politiques ou encore de stars de la culture populaire apportent par ailleurs une dimension intimiste à cette fresque, occasion de revisiter la tumultueuse histoire des États-Unis, tout en questionnant nos visions de l'immigration. »

« Dans la seconde partie du XIXe siècle, des centaines de milliers de travailleurs arrivent de toute l'Asie aux USA. Une vie de labeur et des salaires de misère les attendent. Ils vont aider à développer, dans les champs et les usines, un pays qui les rejette et les caricature en fumeurs d'opium. En 1882, une loi les vise directement. »

« Dans la seconde partie du XIXe siècle, alors que l'impérialisme américain s'étend, des centaines de milliers de pionniers arrivent de toute l'Asie. Loin du rêve américain, une vie de labeur et des salaires de misère les attendent. Ils vont aider à développer, dans les champs et les usines, un pays qui les rejette et les caricature en fumeurs d'opium. Principales victimes d'une violence raciste endémique parfois meurtrière : les Chinois, accusés de voler le hamburger des Américains. En 1882, une loi les vise directement. » 

« Malgré les humiliations et les portes closes, la deuxième génération des immigrés asiatiques s'approprie la culture américaine. »

« 1942 marque un tournant. Après l'attaque de Pearl Harbor, Franklin Roosevelt décrète l’internement des citoyens américains d’origine japonaise dont la loyauté est considérée comme suspecte. Des familles se déchirent autour de conflits d’allégeances. » Le Japon impérial est alors l'allié de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste, et domine une partie de l'Asie du Sud-est conquise dans sa Sphère de coprospérité de la Grande Asie orientale.

« Malgré les humiliations et les portes closes, la deuxième génération des immigrés asiatiques s'approprie la culture américaine. D'autant plus qu'en Asie les bruits de botte se font menaçants. Mais en 1942, c'est la stupeur. Après l'attaque de Pearl Harbor, Franklin Roosevelt décrète l’internement des citoyens américains d’origine japonaise dont la loyauté est considérée comme suspecte. Des familles se déchirent autour de conflits d’allégeance ».  

« Dans les années d'après-guerre, les Asio-américains se font patiemment une place dans la société : à force de bonne volonté, ils ont l'espoir d'être enfin reconnus comme de "bons américains". C'est ainsi que beaucoup se sont engagés pour défendre leur pays et la liberté, dans l'espoir d'une vie meilleure pour leur famille. »

« La guerre froide modifie peu à peu l'image des citoyens d’origine asiatique dans le pays : ils deviennent de "bons Américains". Les promesses d'ascension sociale se concrétisent, à condition de s’inscrire dans une culture de l'effort avec laquelle les aînés ne transigent pas : travailler dur à l'école, ne pas se plaindre, se montrer reconnaissant envers les États-Unis, qu'il faut se garder de critiquer. En parallèle, les portes de la culture populaire – où les clichés restent vivaces – s'entrouvrent, de même que celles de la politique. Bruce Lee et Patsy Mink, première femme non blanche élue au Congrès, en sont les symboles. »

« À l'inverse de leurs parents, les membres de la 3e génération d’immigrés asiatiques, toujours victimes de discriminations et de racisme, ne comptent plus courber l'échine. Ils dénoncent l'exploitation des travailleurs asiatiques, se lèvent pour les droits civiques, rejoignant les Afro-Américains dans la lutte. La guerre du Viêtnam provoque de vifs remous générationnels. »

« Années 1960. Les révoltes des jeunesses occidentales gagnent aussi les communautés asiatiques des États-Unis. À l'inverse de leurs parents, les membres de la troisième génération, toujours victimes de discriminations et de racisme, ne comptent plus courber l'échine. Dénonçant l'exploitation des travailleurs asiatiques, ils se lèvent également pour les droits civiques, rejoignant les Afro-Américains dans la lutte. La guerre du Viêtnam provoque quant à elle de vifs remous générationnels au sein des familles ».  

« En 1982, l'assassinat de Vincent Chin, un jeune Sino-Américain battu à mort par deux hommes qui l'accusaient d'être un "Japonais" responsable de leur chômage, provoque la stupéfaction chez les Asio-Américains, encore renvoyés à ce statut d'étrangers perpétuels. Comment faire société et avancer ensemble en tant qu’Américains ? »

« En 1982, l'assassinat de Vincent Chin, un jeune Sino-Américain battu à mort par deux hommes qui l'accusaient d'être un "Japonais" responsable de leur chômage, provoque la stupéfaction chez les Asio-Américains, encore renvoyés à ce statut d'étrangers perpétuels. Jusqu'à aujourd'hui, et alors qu'ils n'ont jamais été aussi présents dans la culture et l'économie du pays, incarnant parfois les visages du rêve américain, une question les taraude : comment faire société et avancer ensemble en tant qu’Américains ? » 

Larry Weinstein a réalisé le documentaire américain « Hits de Noël. Les succès musicaux des immigrants juifs » (Dreaming of a Jewish Christmas). Né dans une famille juive américaine, Larry Weinstein était amené, enfant, par ses parents dans un restaurant chinois le soir de Noël. Une habitude commune à de nombreux Juifs américains qui, le matin, allaient au cinéma, et, le soir, allaient dans ces restaurants. Les deux seuls endroits ouverts en cette fête de Noël.

Jadis favorisés par la "discrimination positive" pour entrer dans des universités, des étudiants asiatiques s'estiment défavorablement discriminés au bénéfice d'étudiants afroaméricains. "Des candidats d'origine asiatique réunis au sein de l’association « Students for Fair admission », avaient saisi la justice en 2014 se disant discriminés par ces dispositifs. Selon eux, ils sont proportionnellement sous-représentés dans ces établissements compte tenu de leurs résultats académiques, supérieurs à la moyenne. Après avoir perdu en première instance puis en appel, malgré le soutien du président Donald Trump, ils se sont tournés vers la Cour suprême. En acceptant leur recours, la haute Cour a indiqué qu’elle pourrait leur donner satisfaction" fin 2022. "Jusqu’ici ils ont toujours perdu. La Cour suprême a elle-même jugé en 2003 que les universités pouvaient prendre en compte certains critères raciaux à condition qu’ils visent uniquement à assurer la diversité de la population étudiante. Le temple du droit américain, où six des neuf juges sont des conservateurs dont trois nommés par Donald Trump, pourrait désormais faire marche arrière".


Etats-Unis, 2021, 55 min
Auteurs : Alex Keipper, Aldo Velsaco 
Production : WETA Washington DC, CAAM, ITVS, Flash Cuts, Tajima-Pena Productions
Disponible du 16/03/2022 au 28/02/2023
Visuels :
© Willem Hester, DR