Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 24 février 2023

André Suarès (1868-1948)

Né dans la cité phocéenne, Isaac Félix Suarès, dit André Suarès, (1868-1948) était un poète, essayiste, musicologue, dramaturge et écrivain - Voyage du condottiere -, prolifique et engagé, dreyfusard et antifasciste, juif français distingué en 1935 pour l'ensemble de son œuvre, par le Grand Prix de littérature de l'Académie française. Arte diffusera le 1er mars 2023 à 17 h 25, dans le cadre d’« Invitation au voyage », « André Suarès à Marseille » (In Marseille: André Suarès rechnet ab).

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

Dans Marelles sur le parvis (Plon, 1958), l’écrivain Gabriel Bounoure a présenté André Suarès comme « le grand témoin de la grande crise de sa génération, quand on ne pouvait même pas croire à la vie, sauf sous cette forme sublime qu'on appelle art ».

Isaac Félix Suarès (1868-1948), dit André Suarès, est né dans une famille juive de la cité phocéenne. Son père Alfred Jacob Abraham Suarès est un négociant originaire de Gênes, et sa mère, Aimée Cohen, membre de la bourgeoisie du comtat Venaissin, décède quand leur enfant est âgé de sept ans. Alfred Jacob Abraham Suarès est rapidement atteint par une maladie grave. 

Au lycée Thiers de Marseille, cet élève brillant reçoit des Prix d'excellence et le premier prix du Concours général de français. L’écrivain Anatole France l’évoque dans une chronique publiée par le quotidien Le Temps.

Reçu troisième à l'École normale supérieure, Isaac Félix Suarès se lie, rue d'Ulm, d’amitié avec son compagnon de thurne, Romain Rolland. Trois ans après son entrée dans la prestigieuse école, il échoue à l'agrégation d'histoire. 

Ruiné, sans revenu après le décès de son père, il survit sans vie sociale à Marseille jusqu'en 1895. 

Grâce à son frère Jean, officier de marine, qui décède accidentellement en 1903, et à sa sœur Esther, à ses oncles maternels, les Cohen, et à Maurice Pottecher, fondateur du théâtre du Peuple, il sort de cette période difficile, et se remet à écrire en étant publié, et en bénéficiant de l'aide de mécènes, dont la comtesse Thérèse Murat, femme de lettres, Édouard Latil, industriel, et Gabriel Cognacq, propriétaire du grand magasin La Samaritaine.

En 1886 ou 1887, André Suarès découvre la Bretagne où vit son frère. Niant ses origines juives, il allègue avoir une ascendance bretonne, celtique. Il exprime avec poésie son amour de la Bretagne dans Le Livre de l'Émeraude (1902).

De juin à septembre 1895, André Suarès parcourt à pied l’Italie. Un pays dans lequel il séjourne de nouveau de septembre à novembre 1902, de mai à août 1909, en 1913, puis en 1928. Ce qui lui inspire son œuvre principale Le Voyage du condottière, publié pour parties en 1910 (Vers Venise, Ed. Cornély), en 1932 (II. Fiorenza ; III. Sienne la bien-aimée). Émile-Paul édite la première édition complète du Voyage du condottière et les deux derniers volumes en 1950. Un livre loué par Jean d’Ormesson pour la finesse de son analyse de l'art et de l'âme de l'Italie.

Dès 1912,  André Suarès est, avec André Gide, Paul Valéry et Paul Claudel, un des quatre animateurs principaux de La Nouvelle Revue française. Ses relations difficiles avec Jacques Rivière expliquent une interruption dans sa collaboration (1912-1914) et (1926-1940) avec la prestigieuse revue de Gallimard.

En février 1913, André Suarès rencontre le grand couturier, collectionneur et mécène Jacques Doucet. Il le conseille dans les années 1920, avant André Breton et Louis Aragon,  dans l'élaboration de sa bibliothèque (1916-1929). Tous deux entretiennent une correspondance.

Dans les années 1920, expulsé de son appartement en raison de ses revenus insuffisants pour vivre, André Suarès est soutenu par la comtesse Martine de Béhague qui achète l'Hôtel de Sully afin qu'il y place son mobilier et ses livres.

Cet intellectuel engagé est dreyfusard, pourfend l'impérialisme prussien, alerte dès 1933 sur les dangers du fascisme italien et du nazisme dans 
Vues sur l'Europe. 

En 1935, André Suarès, doté d'une grande culture générale, ayant cultivé sa liberté, est distingué par le Grand Prix de la Société des gens de lettres, et pour l'ensemble de son œuvre, par le Grand Prix de littérature de l'Académie française.

En juin 1940, André Suarès fuit l'arrivée des Allemands à Paris et se rend à Bonnat, dans la Creuse, avec l'aide de Mme Audoux-Desmaisons, directrice du Cours Maintenon. Il y demeure plus d'un an avant de se réfugier à Antibes. Ses œuvres figurent sur la « liste Otto ». A Antibes, un couple de résistants, les Girard, vient à son secours. André Suarès se refugie chez son ami le poète Pierre de Massot, à Pontcharra-sur-Turdine, près de Lyon.

À sa mort, André Suarès laisse 20 000 pages inédites et un manuscrit inachevé, Le Paraclet.

Quatre-vingts livres édités de son vivant, une trentaine d’œuvres posthumes... Son oeuvre est constituée de pamphlets, de poèmes - Airs, Bouclier du Zodiaque, Rêves de l'ombre -, de biographies ou d'études sur Tolstoï, Dostoievski, Villon, Ibsen, Pascal, Molière, Mallarmé, Péguy, Stendhal, Baudelaire, Rimbaud, Cervantès, Shakespeare, Goethe ou Napoléon, de récits de voyages - Le Voyage du condottière -, de portraits de villes - Marsiho ou Cité, nef de Paris -, d'études sur Bach, Beethoven, Wagner ou Debussy, ou des tragédies inspirées de l’antique - La Tragédie d'Elektre ou Hélène chez Archimède -, des recueils de pensées et des aphorismes : Voici l'Homme, Sur la vie, Remarques, Variables, Valeurs, etc.

« À Marseille, André Suarès règle ses comptes »
« Invitation au voyage » (Stadt Land Kunst) est « le magazine de l'évasion culturelle. Du lundi au vendredi à 18h10, Linda Lorin nous entraîne autour du monde à la découverte de notre patrimoine artistique, culturel et naturel, de lieux qui ont inspiré des artistes, de cités et de cultures uniques, et nous invite dans les cuisines et les restaurants du monde entier. Le samedi à 16 h 35, "Invitation au voyage spécial" propose une escapade à la découverte d'une ville, d'une région ou d'un pays. »

Arte diffusera le 1er mars 2023 à 17 h 25, dans le cadre d’« Invitation au voyage », « André Suarès à Marseille » (In Marseille: André Suarès rechnet ab).

 « Pour maltraiter Marseille avec autant de talent et de malice, le mieux est encore d’être Marseillais ». 

« André Suarès, natif de la ville, s’y applique avec autant d’amour que de haine ». 

« En 1929, il en fait la démonstration dans son poème épique Marsiho. »

« Tantôt écœuré, tantôt séduit, il livre une vision unique de Marseille et de ses habitants. »

CITATIONS

"Comme tout ce qui compte dans la vie, un beau voyage est une oeuvre d'art: une création. De la plus humble à la plus haute, la création porte témoignage d'un créateur. Les pays ne sont que ce qu'il est. Ils varient avec ceux qui les parcourent".
André Suarès, Le Voyage du Condottiere (1932)

"La foule est la bête élémentaire, dont l'instinct est partout, la pensée nulle part".

"Comme on fait la guerre avec le sang des autres, on fait fortune avec l'argent d'autrui".

"La vie est le don propre de l'artiste : la vie seule est la marque de l'art. Où il y a un homme vivant, il y a une oeuvre d'art."

"Je plains ceux pour qui il n'y a pas de mystère : ils n'ont de mystère pour personne ; et aussi peu de vie, à proportion."

"L'intuition est une vue du cœur dans les ténèbres."

"La bassesse est le plus sur moyen de parvenir."
"L'erreur des démocrates est de croire que leur vérité en soit une pour tout le monde, et force l'adhésion."
"On ne se hait point soi-même ; mais on ne peut pas s'aimer."

"Les hommes croient, et ils s'imaginent qu'ils pensent."

"Nos choix sont plus nous que nous."
"Le voyageur est encore ce qui importe le plus dans un voyage."
"Toute misère est à la mesure du rêve ou de l'ambition qu'elle trahit."

"L'ambition est la seule maîtresse dont l'homme ne se lasse jamais ; elle lui rend le goût de lui-même. Et quand même elle nous trompe, on ne se résout pas à la tromper."
"La mode est la plus excellente des farces, celle où personne ne rit car tout le monde y joue."
"Celui qui réclame pour tous, reçoit pour soi. Et celui qui réclame pour soi, est frustré de tous. C'est la loi."
"La voix ne trompe point même si les paroles trompent."

"La pudeur est le parfum de la volupté ; la satiété est l'arôme du dégoût. Et la pudeur accroît la volupté, comme la satiété l'écœure."

"Le goût est le génie du talent."

"En politique, la sagesse est de ne point répondre aux questions. L'art, de ne pas se les laisser poser".

"Venise : quelle ville pour les marins ! Tout flotte et rien ne roule. Un silence divin !"

"La pauvreté est une compagne ardente et redoutable ; elle est la plus vieille noblesse du monde. Bien peu sont dignes d'elle."


France, 2023, 46 min
Coproduction : ARTE France, Éléphant Doc
Sur Arte les 1er mars 2023 à 17 h 25, 2 mars 2023 à 8 h 10
Disponible du 22/02/2023 au 29/05/2023
Visuels : Éléphant Doc

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