Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 31 mai 2022

Jean Monnet (1888-1979)

Entrepreneur et financier français, Jean Monnet (1888-1979) est considéré comme « un des pères fondateurs de la Communauté européenne ». Arte diffusera le 1er juin 2022 à 01 h 25 « Jean Monnet - Le père discret de l’Europe » (Der Mann im Schatten. Das unglaubliche Leben des Jean Monnet) de Rüdiger Mörsdorf. 


« Il n’y aura pas de paix en Europe si les Etats se reconstituent sur une base de souveraineté nationale, avec ce que cela entraîne de politique de prestige et de protection économique (…) Les pays d’Europe sont trop étroits pour assurer à leurs peuples la prospérité et les développements sociaux indispensables. Cela suppose que les Etats d’Europe se forment en une fédération ou en une entité européenne qui en fasse une unité économique commune. » Discours au Comité de Libération Nationale prononcé le 5 août 1943.

« Les nations souveraines du passé ne sont plus le cadre où peuvent se résoudre les problèmes du présent. Et la Communauté elle-même n’est qu’une étape vers les formes d’organisation du monde de demain. » Mémoires, Fayard, Paris, 1976, p.617.

C'est donc une Europe ayant supprimé l'Etat-nation dont rêvait Jean Monnet (1888-1979).

« Jean Monnet - Le père discret de l’Europe »
Arte diffusera le 1er juin 2022 à 01 h 25 « Jean Monnet - Le père discret de l’Europe  » (Der Mann im Schatten. Das unglaubliche Leben des Jean Monnet) de Rüdiger Mörsdorf.

« Rien ne prédisposait ce négociant en cognac à devenir l’un des pères fondateurs de l’Europe. Plongée dans la vie romanesque et méconnue de Jean Monnet, homme de l’ombre visionnaire. »

« La vie de cet artisan majeur de la construction européenne est à peine connue ». 

« Né en 1888 en Charente, Jean Monnet n’a pas fait d’études supérieures ». 

« Négociant en cognac, il se forme sur le tas à la City de Londres, puis au cours de ses voyages d’affaires ». 

« En 1914, ce visionnaire doute des chances de la France de remporter la guerre ». 

« Il se rend à Bordeaux, où le gouvernement français s’est exilé, et le persuade de mutualiser les achats des Alliés pour un meilleur ravitaillement ». 

« En 1940, il refera le voyage pour convaincre, en vain, les représentants du futur régime de Vichy d’un projet fou, resté lettre morte malgré l’assentiment de Churchill : fusionner le Royaume-Uni et la France pour vaincre l’Allemagne nazie ». 
« Sur les décombres de la guerre, l’idée d’une construction européenne qui rendrait les États plus forts et empêcherait la résurgence des nationalismes mûrit en lui ».
 
« Peu à peu, ce fin négociateur affûte ce qu’on appellera plus tard la "méthode Monnet" : l’art de trouver une solution qui profite à l’ensemble des parties avec ce que cela suppose de renoncements ». 

« Doté d’un épais carnet d’adresses, il repère les personnalités influentes, les convertit à sa cause et s’efface pour les laisser défendre ses idées ». 

« Prémices de l’Union européenne, le plan Robert Schumann, ministre des Affaires étrangères de 1948 à 1952, qui prévoit de placer sous une autorité commune l’industrie du charbon et de l’acier de six pays européens, est ainsi sorti du cerveau fertile de Jean Monnet. »

« Constitué d’archives privées en partie inédites et des interventions de Jean-Claude Juncker, l’ex-président de la Commission européenne, de l’ancien ministre allemand Peter Altmaier, du Haut-Commissaire au plan François Bayrou et d’Éric Roussel, le biographe de Monnet, ce documentaire dresse le portrait d’un homme de l’ombre, carburant à la marche à pied et à l’optimisme, et dont la biographie s’avère aussi méconnue que romanesque ».
 
« Amoureux d’une artiste italienne, à qui il était à l’époque interdit de divorcer, Jean Monnet mit toute son habileté politique dans cet imbroglio privé, convolant avec sa belle à l’issue d’un tour de passe-passe diplomatique ». 

« À travers l’âme d’influenceur de Monnet, plus visionnaire que militant, ses combats gagnés ou manqués, ce film éclaire aussi les forces et faiblesses de l’Europe actuelle. »


France, Allemagne, 2021, 53 min
Coproduction : SR/ARTE, Rüdiger Mörsdorf Filmproduktion, Cerigo Films, France 3 Grand Est, CNA Luxembourg
Sur Arte les 1er juin 2022 à 01 h 25, 09 juin 2022 à 2 h 10
Sur arte.tv du 31/05/2022 au 29/06/2022

lundi 30 mai 2022

« Briand et Stresemann : le rêve d'une Europe nouvelle » de Gordian Maugg

Arte diffusera le 1er juin 2022 à 00 h 30 « Briand et Stresemann : le rêve d'une Europe nouvelle » (Zwei Leben für Europa - Gustav Stresemann und Aristide Briand) de Gordian Maugg. « Portraits croisés d’Aristide Briand et de Gustav Stresemann, deux hommes qui ont cherché, dans les années troubles de l’entre-deux-guerres, à bâtir la paix en Europe ».

« Au lendemain du chaos de la Première Guerre mondiale, deux hommes tentent de guider leurs pays respectifs, la France et l’Allemagne, sur le chemin d’une Europe unie : Aristide Briand et Gustav Stresemann ».

« Tous deux ministres des Affaires étrangères − Stresemann devient également chancelier en 1923 −, ils œuvrent à un rapprochement entre les deux nations, ennemies héréditaires ». 

« Après la crise liée à l’occupation de la Ruhr en janvier 1923, la conférence de Locarno en 1925 aboutit, sous leur impulsion, à la signature d’accords entre plusieurs puissances européennes, dont la France et l’Allemagne, alors admise au sein de la Société des Nations à Genève. »

« Nommée "ère Briand-Stresemann", la période qui s’ensuit est marquée par une certaine embellie des relations franco-allemandes, essentielles, selon eux, à une paix durable en Europe ». 

« Lauréats du prix Nobel de la paix en 1926, tous deux peinent pourtant à s’accorder sur les moyens requis pour atteindre leur idéal commun ». 

En 1903, Gustav Stresemann (1878-1929) a épousé Käte Kleefeld (1883–1970), fille d'un riche homme d'affaires berlinois, et sœur de Kurt von Kleefeld, dernière personne à avoir été anoblie en Allemagne (en 1918). Durant sa carrière politique, il a été la cible d'attaques antisémites.

« Peu soutenus dans leurs pays respectifs, ils meurent à la veille de l’accession de Hitler au pouvoir, sans assister à l’effondrement des espoirs nés de leur engagement. »

« Mêlant images d’archives et reconstitutions historiques, ce documentaire brosse le portrait émouvant de deux hommes, qui, malgré leurs désaccords, s’employèrent avec ferveur à bâtir la paix en Europe. » 

« Si leurs efforts n’ont pas empêché la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, leur foi en une Europe unie a inspiré leurs successeurs. » 

« Une immersion dans l’entre-deux-guerres, qui rappelle aussi la fragilité de la paix. »


Allemagne, 2022, 52 minutes
Auteurs : Gordian Maugg et Leila Emami
Production : Gordian Maugg Filmproduktion Gmbh
Sur Arte les 1er juin 2022 à 00 h 30 et  09 juin 2022 à 1 h 15
Sur arte.tv du 31/05/2022 au 28/08/2022

« Flee » de Jonas Poher Rasmussen

Arte diffusera le 30 mai 2022 à 20 h 55, lors de la soirée des 30 ans d'ARTE, « Flee », documentaire d'animation de Jonas Poher Rasmussen. Nommé trois fois aux Oscars, « récompensé dans de nombreux festivals, ce remarquable documentaire retrace en animation l’histoire vraie d'Amin, un réfugié afghan qui a fui son pays à la fin des années 1980 pour rejoindre l’Europe. Entre drames et résilience, une odyssée bouleversante ».

Des dirigeants communautaires français et l'homosexualité 

« Pour sa soirée anniversaire des 30 ans, ARTE affirme un geste artistique fort avec en prime time ce documentaire animé, grande coproduction européenne, emblématique de la ligne éditoriale de la chaîne ».

"Flee" est un « documentaire hybride - dans sa forme et dans son récit. Les images d’archives s’alternent avec plusieurs sortes d’animation. La réalité est supportée par le dessin de choses que l’on ne peut représenter, de ce qui n’est jamais filmé, comme la fuite de migrants clandestins, la maltraitance des passeurs, la violence de s’arracher à son pays. »

« Pour la première fois, Amin, 36 ans, un jeune réfugié afghan homosexuel, accepte de raconter son histoire. Allongé les yeux clos sur une table recouverte d’un tissu oriental, il replonge dans son passé, entre innocence lumineuse de son enfance à Kaboul dans les années 1980 et traumatismes de la fuite de sa famille pendant la guerre civile, avant la prise du pouvoir par les talibans. Après des années de clandestinité en Russie, Amin – un pseudonyme – arrive seul à 16 ans au Danemark, où il rencontre le réalisateur qui devient son ami. Au fil de son récit et des douleurs enfouies, l’émotion resurgit. Aujourd’hui universitaire brillant installé avec son compagnon danois Kasper, le jeune homme confie un secret qu'il cachait depuis vingt ans. »

« Pour retranscrire ces poignants entretiens et préserver l’anonymat de son ami, le réalisateur danois Jonas Poher Rasmussen, qui endosse ici à la fois la posture de l’intervieweur et de complice, a choisi la puissance évocatrice de l’animation, laquelle immerge dans le vibrant témoignage d’Amin, doublé par le comédien Kyan Khojandi ». 

« Passeurs au cynisme brutal, familles ballotées de marches éreintantes dans la neige en traversées dantesques à bord d’épaves, violences policières et corruption : si le film raconte en couleurs l’effroyable épopée du jeune demandeur d’asile afghan, les événements les plus traumatiques sont relatés dans des séquences en noir et blanc au fusain, traversées d’ombres fantomatiques. »

« Des archives de journaux télévisés balisent aussi le récit, dont celles du naufrage du ferry "Estonia" en 1994 : ces incursions du réel trouvent une puissante résonance, alors que les drames de réfugiés se répètent, comme l’illustre aujourd’hui la guerre en Ukraine ». 

« Mêlant intime et politique, "Flee" transmet avec une rare sensibilité la dimension universelle de ces traques et exils forcés ». 

« Au travers du parcours d’Amin qui, enfant, aimait arborer les robes de sa sœur, avant de fantasmer sur Jean-Claude Van Damme, ce beau documentaire, distingué par une avalanche de prix (plus de quatre-vingts) et trois nominations aux Oscars, retrace aussi la quête identitaire d'un jeune homosexuel pour trouver sa place et vivre librement ». 

« Une bouleversante confession qui permet à son auteur de se délivrer de son lourd passé. »

« En sélection officielle au Festival de Cannes 2020, primé plus de 80 fois (Cristal du long métrage, FIFA Annecy 2021 - Grand Prix World Documentary, Sundance Film Festival 2021 - Meilleur long métrage documentaire, Gotham Independent Film Awards 2021 - European Film Awards 2021 du meilleur film d’animation et du meilleur documentaire…), Flee est entré dans l’histoire des Oscars en devenant le premier film documentaire nommé dans trois catégories : meilleur long métrage d’animation, meilleur long métrage documentaire et meilleur film étranger. »



De sa rencontre, adolescent, avec Amin, un jeune demandeur d’asile afghan devenu son ami, au poignant documentaire d’animation qui lui a consacré, le Danois Jonas Poher Rasmussen revient sur le long processus de Flee. Propos recueillis par Sylvie Dauvillier.

« Quand et comment avez-vous rencontré Amin ?
Jonas Poher Rasmussen : J’avais 15 ans quand, réfugié d’Afghanistan, il a été placé dans une famille d’accueil de mon village. Nous prenions le bus ensemble pour aller au collège. Il a vite appris le danois et nous sommes devenus amis. C’était un adolescent modeste, malheureux et drôle aussi, qui adorait écouter de la musique. Je savais vaguement qu’il avait vécu en Russie et qu’il avait de la famille en Suède. Mais si j’étais curieux de son histoire, lui ne voulait pas en parler, ce que j’ai respecté. Son passé est devenu une sorte de “boîte noire” entre nous pendant vingt-cinq ans.

Comment l’avez-vous convaincu de faire ce film d’animation ?
Cela n’a pas été nécessaire, parce que lui-même a éprouvé, à un moment, le besoin de reconnecter son passé à son présent. Il y a quinze ans, alors que je réalisais des documentaires radio, je lui avais proposé de témoigner. Mais à l’époque, il ne se sentait pas prêt. Il m’a dit que le jour où il se déciderait ce serait avec moi qu’il partagerait son histoire. Un atelier associant au Danemark cinéma documentaire et animation a fourni une forme appropriée à ce projet. Outre qu’elle rendait émotionnellement vivants des événements passés, l’animation garantissait à Amin un anonymat qui, en le soustrayant au regard du public, lui permettait de se raconter librement et de vivre sans être renvoyé à ses traumas. Mais remonter le cours de sa mémoire s'est avéré un lent processus : il lui a fallu du temps pour se replonger dans certains épisodes et les raconter.

Avait-il aussi l’intention de porter la voix de centaines de milliers de migrants et de réfugiés dans le monde ?
Oui et non. Amin n’a pas grandi avec le sentiment d’appartenir à une communauté de destins ni à une identité collective de migrants ou de réfugiés, laquelle les enferme dans un statut. Il souhaitait avant tout se délester d’un passé qu’il avait longtemps caché. Quant à moi, je n’ai pas cherché à faire un film politique : je voulais raconter l’histoire d’un ami, le récit universel de quelqu’un qui cherche sa place. Mais ma perspective a évolué, tant son récit donnait un visage humain à une expérience vécue par des millions de gens.

S’il traverse des épreuves effroyables, Amin impressionne aussi par ses capacités de résilience…
Absolument. Mais il a eu la chance d’être entouré par une famille forte et soudée qui a su l’aider, le protéger et aussi l’accepter comme il était. En ce sens, il n’a pas été seul, à la différence de tant d’autres.

Dans le film, Amin lève le voile sur un secret qui concerne sa famille…
La révélation de cette vérité a été un moment étrange, très puissant. Mais ce qui m’a le plus ému, c’est de comprendre qu’il avait si longtemps tu son passé et combien cela l’avait affecté. Je pense notamment à une scène terrible qu’il avait gardée pour lui : quand le bateau des passeurs sur lequel il a embarqué coule et qu’un paquebot approche avec, à son bord, des touristes qui, d’en haut, prennent en photo les réfugiés paniqués. Le choc de deux conditions : d’un côté des femmes et des hommes en danger et, de l’autre, des gens qui les observent.

Flee retrace aussi son parcours de jeune Afghan homosexuel…
Amin m’avait confié à 17 ans qu’il était gay, et, pour moi, cela a toujours fait partie de son identité. Il m’avait aussi parlé de la difficulté pour lui de devoir cacher son identité sexuelle en Afghanistan, comme il devra plus tard occulter une part de son passé en Europe. Ce film retrace ainsi le chemin d’un homme condamné à fuir, qui cherche sa place pour s’assumer dans toute sa singularité.

Ce film a-t-il eu une dimension cathartique pour lui ?
C’est ce qu’il m’a dit. Vivre avec un secret oblige à maintenir une distance avec les autres pour éviter de s’exposer. S’être libéré de son secret lui permet d’être enfin lui-même et de se sentir davantage chez lui. Aujourd’hui, lui et son mari vivent heureux dans la maison qu’on voit dans le film. Amin tient toujours à garder l’anonymat, d’autant qu’il ne veut surtout pas être considéré comme une victime. »


« Flee » de Jonas Poher Rasmussen
Danemark, France, Suède, Norvège, Pays-Bas, 2020, 85 min
Coproduction : ARTE France, Vivement lundi !, Final Cut For Real, Sun Creature Studios, MostFilm, Mer Film, VPRO, VICE Studios, Ryot Films 
Directeur artistique : Guillaume Dousse
Avec les voix de Kyan Khojandi et Damien Bonnard
Sur Arte le 30 mai 2022 à 20 h 55
Disponible du 23/05/2022 au 28/07/2022

France, 2022, 2 minutes
Disponible du 29/04/2022 au 31/05/2022

vendredi 27 mai 2022

« Paris - Berlin, destins croisés » de Frédéric Wilner

Arte diffusera 
dès le 28 mai 2022 à 7 h 25 « Paris - Berlin, destins croisés. L'histoire de deux capitales » (Nachbarschaftsgeschichten: Paris / Berlin. Zwei Metropolen und ihre Geschichte), série documentaire en quatre épisodes de Frédéric Wilner« Comment, en trois siècles d'une histoire tumultueuse, les capitales française et allemande ont grandi en miroir l'une de l'autre. Une passionnante épopée urbaine, qui combine art de la synthèse et lumineux sens du détail. »

« Descendants de nazis. L’héritage infernal » de Marie-Pierre Raimbault et Michael Grynszpan 

« Paris et Berlin deux villes qui ont grandi ensemble à 850 km de distance, dans la fascination, le mépris, le conflit ou la critique, mais jamais dans l'indifférence ». 

« En plus de trois siècles d'une histoire tumultueuse, du XVIIe à la fin du XXe siècle, la relation entre Paris et Berlin ne s'est pas résumée à des guerres terribles et incessantes ». 

« C'est aussi leur compétition pacifique, leur émulation et leur fascination réciproques qui ont façonné en partie les deux métropoles que nous connaissons aujourd'hui ». 

« Paris - Berlin, destins croisés. L'histoire de deux capitales » (Nachbarschaftsgeschichten: Paris / Berlin. Zwei Metropolen und ihre Geschichte), cette mini-série documentaire montre comment, depuis 1685, ce jeu d'aller-retour a modelé la physionomie de ces deux villes et comment leurs histoires de haine et d'amour ont donné forme à ce qu'elles sont aujourd'hui devenues ». 

« Frédéric Wilner retrace avec fluidité cette foisonnante épopée urbaine, racontant l'évolution territoriale et architecturale des deux villes à la lumière de leurs histoires politiques et sociales parallèles, et faisant vivre les grandes phases de leurs métamorphoses successives grâce à un lumineux sens du détail. »

« Images aériennes, images de synthèse, témoignages d’historien et d’urbaniste, des reconstitutions en 3D, une riche iconographie et de magnifiques prises de vue d'aujourd'hui, en grande partie aériennes, illustrent le récit alerte de spécialistes français et allemands de l'urbanisme ou de l'architecture (dont Alexandre Gady, Nicolas Chaudun, Étienne François, Florian Hertweck et Gabi Dolff-Bonekämper). Une réussite ».

« Ce premier épisode est l'histoire d'une fascination : celle que nourrit une petite ville sans passé envers une cité à l'histoire prestigieuse ».

« Qu'y a-t-il de commun entre la ville la plus peuplée de son époque et une capitale en devenir qui compte environ vingt fois moins d'habitants ? » 

« C'est ainsi que l'on pourrait résumer le rapport de force entre Paris et Berlin quand, en 1685, Louis XIV provoque l'exil de centaines de milliers de ses sujets protestants, et que le Grand Électeur du Brandebourg en attire quelques milliers en Prusse. » 

« La grande ville est alors à la pointe de l'architecture ; et la petite ville s'en inspire pour inventer son propre modèle ». 

« Où l'on voit planter les tilleuls de la célèbre avenue Unter den Linden, naître les grands boulevards et le faubourg Saint-Germain, expulser les morts du centre de Paris et, sous l'égide de Frédéric II, le premier et francophile roi de Prusse, surgir sur les bords de la Spree la réplique de places inaugurées sur les rives de la Seine. »

« En 1806, les troupes de Napoléon entrent à Berlin. L'occupation française fait naître le nationalisme prussien, mais entraîne aussi une spectaculaire modernisation du royaume et de sa capitale. »

« En 1806, grâce aux victoires d’Iéna et d’Auerstedt, les troupes de Napoléon entrent à Berlin. L’occupation française fait naître le nationalisme prussien, mais entraîne aussi une spectaculaire modernisation du royaume et de sa capitale ». 

« Car une fois l’envahisseur défait, Berlin développe sa propre architecture et trouve sa vocation dans l’industrie ferroviaire et la sidérurgie. »
 
« Après avoir payé au prix fort la défaite de Napoléon, Paris s’offre un formidable rebond avec les grands travaux d’Haussmann, le "chirurgien fou" taillant dans le vif pour faire advenir la "capitale du XIXe siècle". 

« Où l’on révèle aussi une correspondance méconnue entre le cheval noir d’Henri IV et le quadrige de la porte de Brandebourg ; où un prolétariat berlinois de plus en plus nombreux s’entasse dans des logements insalubres, les Mietskasernen ; où les "fortifs" de Thiers voient s’étendre à leur périphérie le plus grand bidonville d’Europe, la "zone"... »

3e épisode : « Face à face (1870-1921) » - (Gegenüber)
« Ce troisième épisode nous raconte la mutation de Berlin, devenue alors capitale impériale, tandis que Paris renoue peu à peu avec sa notoriété d'antan... »

« 18 janvier 1871. L'Empire allemand est proclamé dans la galerie des Glaces de Versailles. Cet épisode raconte la mutation de Berlin, devenu capitale impériale : une immense cathédrale, de grands musées, un parlement colossal, et un développement urbain accompagné d'un essor industriel spectaculaire ». 

« Paris, d'abord ruiné par la défaite et par le soulèvement de la Commune, se remet du traumatisme de 1870 et retrouve le chemin de la prospérité avec le développement d'une industrie inventive et l'organisation des expositions universelles ». 

« Où l'on comprend pourquoi la rue de Rennes commence au n° 48. Où les premières cathédrales industrielles voient le jour sous l'influence naissante du Bauhaus, jusqu'au désastre de la Première Guerre mondiale. »

4e épisode : « Le choc (1918-2015) » (Erschütterung)
« Suite et fin d'une passionnante épopée urbaine : alors que Paris a su renaître de ses cendres, Berlin vit des heures difficiles aux lendemains de la Première Guerre mondiale bientôt accentuées par la folie et la jalousie de Hitler... »

« Un pays vaincu, ruiné, épuisé, une révolution avortée, la fin de l'empire et l'avènement de la démocratie : Berlin vit en 1918 une situation analogue à celle de Paris en 1871 ». 

« De la même manière, la ville se montre ensuite dynamique, inventant les formes de la modernité ainsi qu'un logement social de grande qualité ». 

« Une modernité radicale interrompue par le nazisme. Hitler nourrit une relation de haine et de fascination pour Paris et tente de surpasser son modèle à Berlin, avec le rêve d'ériger une capitale destinée à régner sur le monde : Germania ». 

« La ville va payer au prix fort cette folie destructrice, mais les cicatrices de l'histoire l'aideront à devenir la métropole d'aujourd'hui, ouverte et éclatée, quand Paris, engoncé dans l'archaïsme de son périphérique, se referme sur son centre. »


« Paris-Berlin, destins croisés raconte en quatre épisodes comment les deux capitales ont évolué en face-à-face depuis le XVIIe siècle pour incarner aujourd'hui deux modèles opposés. Un brillant condensé d'histoire urbaine réalisé par Frédéric Wilner. Entretien. Propos recueillis par Irène Berelowitch.

« Pourquoi comparer deux villes aussi différentes que Paris et Berlin ?
Frédéric Wilner : J'ai voulu montrer à travers cette série comment l'histoire politique et sociale génère une forme, en l'occurrence urbaine et architecturale. Quel impact le long affrontement entre Paris et Berlin, marqué par cinq guerres successives (1806, 1812-1815, 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1945), a-t-il eu sur leur développement ? Leur compétition mutuelle a-t-elle influencé leur façon de grandir et de se structurer ? À l'arrivée, il ne fait aucun doute que ce face-à-face, qui a aussi nourri de part et d'autre une indéniable fascination, a été déterminant. Par exemple, après 1870 en France, et après 1918 en Allemagne, le traumatisme de la défaite et le désir de surpasser la rivale a constitué un moteur très puissant de renouveau et d'invention. L'autre intérêt de cette démarche comparative, c'est qu'elle donne au film une dynamique qui met en perspective ces grands moments de l'histoire urbaine. Cela a permis de mieux définir les caractères, si distincts, presque opposés, des deux capitales. À condition, bien sûr, de s'autoriser des ellipses importantes dans la chronologie historique.

Comment résumeriez-vous ces deux caractères ?
Paris a l'obsession, la maladie du centre, au point de s'être enfermée dans la ceinture étroite et désormais archaïque de son périphérique. Tournant le dos à la modernité, elle s'est repliée sur elle-même. Hors du centre, point de salut ! À chaque fois que cette logique a été menacée, le pouvoir l'a rétablie, au besoin par la manière forte : dans la seconde moitié du XIXe siècle, Haussmann, qu'Hitler tenait d'ailleurs pour le plus grand urbaniste au monde, a normalisé ce centre populaire, insalubre, que les élites étaient en train de déserter. Berlin, au contraire, pour avoir prétendu sous le nazisme devenir le centre du monde, a été obligée de prendre la direction inverse : c'est aujourd'hui une ville ouverte, décentralisée, plurielle, dont la diversité est l'un des grands atouts.

Et au départ ?
En 1650, quand s'ouvre cette histoire commune, on ne joue pas à armes égales. Berlin n'est encore qu'une bourgade de 15 000 habitants, face à une capitale depuis longtemps établie, qui compte 350 000 âmes. Paris a pour elle le temps et l'histoire. C'est une œuvre d'art, ville écrin de la puissance française depuis des siècles. Longtemps, Berlin cherche à l'égaler, puis avec le développement de l'industrie – construction ferroviaire, chimie, sidérurgie, etc. –, elle prend réellement son essor. Au regard de ce phénoménal dynamisme, Paris ressemble un peu à Narcisse, tellement éprise de sa propre beauté qu'elle pourrait un jour en mourir.

Dans l'énorme flux des événements et des personnages, comment avez-vous fait le tri ?
J'ai utilisé comme grille de lecture l'avancée vers la modernité. Par exemple, j'ai été fasciné par la manière dont l'architecte Schinkel, dans la première moitié du XIXe siècle, invente Berlin comme capitale, en créant des formes radicalement nouvelles, bien qu'inspirées du classicisme. Un autre moment clé de la série est l'avènement de l'architecture moderne avec Behrens en Allemagne, avant la Première Guerre mondiale : des industriels s'allient avec des hommes de l'art et parviennent à concilier beauté des formes et fonctionnalité. C'est à ce moment que Paris, la Ville Lumière, qui vient pourtant d'accueillir le monde entier dans la magnificence de son Exposition universelle, en 1900, commence imperceptiblement à "décrocher" de la modernité.

Avez-vous, dès le départ, adopté le principe des animations en 3D, pour montrer les transformations successives des deux villes ?
Oui, peut-être parce que je ne me rendais pas compte du travail colossal que cela allait représenter. J'avais en tête le film Gangs of New York [de Martin  Scorsese, NDLR], dans lequel on voit la ville grandir en accéléré, du XIXe siècle jusqu'à aujourd'hui. Dans la pratique, ça a été une folie, un cauchemar ! Chaque plan prenait énormément de temps à mettre en place, d'autant que le moindre détail devait être validé scientifiquement. Mais il est essentiel de donner l'image concrète de ce qu’on décrit dans le récit. Par exemple, l'ampleur des destructions par les Communards lors de l'assaut des Versaillais, ou la mégalomanie de Germania, la capitale dessinée par Albert Speer à la demande d'Hitler pour éradiquer le Berlin ancien… Mon autre parti pris de départ, c'était qu'il nous fallait de très belles images, dont beaucoup de plans aériens – même si faire voler un drone au-dessus de Paris a constitué un casse-tête de plus… »


France, 2015, 4 x 53 min
Producteur : ARTE France, Iliade Productions, Les Films de l'Odyssée
Sur Arte le 28 mai 2022 :
Episode 1 : Les frères ennemis (1650 - 1789) : à 07 h 25
Episode 2 : La course à la modernité (1806 - 1870) : à 8 h 20
Episode 3 : Face à Face (1870 - 1921) : à 9 h 15
Episode 4 : Le choc (1918 à nos jours) : à 10 h 10
Sur arte.tv du 21/05/2022 au 26/07/2022