Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mercredi 28 septembre 2016

« Humoristes et musulmans » de Frank Eggers


Arte diffusera les 28 septembre et 16 octobre 2016 « Humoristes et musulmans » (Humor Und Muslime), documentaire de Frank Eggers. Une série d'interviews de comiques musulmans sur les ressorts de leur humour. Des réflexions sur le pouvoir désarmant de l'humour.

« Tu choisiras le rire… » de Moïse Rahmani
Qu’est-ce qui fait rire les Européens ?
Le foulard islamique en France et en Allemagne 

« Pourquoi le métier de faire rire est-il devenu si risqué ? »

La « pression exercée sur les caricaturistes et les humoristes semble de plus en plus forte, a fortiori dans les pays islamiques, où ils sont souvent confrontés aux attentats, à la violence et à l'emprisonnement ». Qui exerce cette pression ? Qui commet ces attentats ? Arte n’ose pas évoquer le mot « islam » !

« Rencontre avec des professionnels du rire, dont Abdelkarim à Berlin, cet outil pour combattre les terroristes et les régimes autoritaires ». 

Ce « documentaire offre une large palette de rencontres avec des humoristes, des journalistes, des présentateurs de télévision, des comédiens et des blogueurs, musulmans ou non, qui exposent leur point de vue sur l'humour et son importance pour nos sociétés ».

« Des voix qui portent »
« L'animateur de télévision égyptien Bassem Youssef, lui, a été en novembre 2015 le premier Arabe à présenter les Emmy Awards à New York juste après les attentats de Paris et de Tunis. Il a osé dire à cette occasion que l'humour est un instrument qui permet d'aborder des sujets graves et de lutter contre le terrorisme. Son émission, El-Bernameg, est interdite en Égypte, mais sa présence sur Internet via Youtube en fait l'une des figures les plus influentes du monde arabe ».

M.K. Perker est un dessinateur turc pour Le Man. Un magazine qui collaborait avec Charlie hebdo. Ce dessinateur se dit athée.

Ahmad al-Basheer « présente quant à lui Albasheer Show, en Irak, dont l'énorme popularité ne l'empêche pas d'être la cible de menaces et de courriers haineux après chaque émission ». 

Aydin Engin « travaille pour le quotidien turc Cumhuriyet, qui a reçu des menaces suite à la publication des caricatures de Mahomet. Pour lui, l'humour est essentiel car il fait passer des vérités dérangeantes. Sous protection personnelle rapprochée depuis longtemps, il a vécu en exil en Allemagne... » Cumhuriyet, un "journal de centre-gauche".

« Victimes de pressions de gouvernements autoritaires et de fondamentalistes de tout poil, ces femmes (dont la dessinatrice Nadia Khiari et l'humoriste Samia Orosemane) et ces hommes n'en continuent pas moins, malgré les menaces, de faire entendre leur voix ». Samia Orosemane porte le foulard islamique en scène et dans sa vie quotidienne. Croyante, elle "dénonce les préjugés islamophobes". Elle prend position : les attentats, les terroristes, qui tuent en craient "Allah Ouaqbar", "n'ont rien à voir avec nous".

Djamel Debbouze et Cie
Notons que, dans son Comedy Club à Paris et dans son Jamel Comedy Club sur Canal +, le comédien Jamel Debbouze a formaté une génération d'acteurs à un comique stéréotypé, exprimé en un débit rapide, style "banlieue", et en évitant toute remise en question de l'islam. Il a loué Dieudonné malgré les propos antisémites proférés par ce dernier.

Le 14 février 2016, sur Canal +, Le Supplément (à partir de 57 minutes) présenté Ali Baddou a invité Fary, comique "dandy", émule "au message caustique" de Djamel Debbouze. Fary a fait rire en évoquant un "mec qui fait la quenelle au Mémorial de la Shoah", Puis il a dialogué avec son metteur en scène Kader Aoun. Celui-ci a évoqué le "conflit israélo-palestinien", Hitler... Après le reportage, Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme, n' a rien dit. Fary ne peut pas faire rire des attentats du 13 novembre, mais il fait rire sur la quenelle (!?)

On n'a guère entendu ces humoristes musulmans français défendre la rédaction de Charlie hebdo lors de la publication de dessins danois sur Mahomet, les Juifs victimes d'attentats terroristes, etc.

« Humoristes et musulmans » de Frank Eggers
ZDF, 2015, 52 min
Sur Arte les 28 septembre à 22h25 et 16 octobre 2016 à 3 h 15

Visuels : © YSO Film/Frank Eggers

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lundi 26 septembre 2016

« Six millions et un » de David Fisher


Arte diffusera le 27 septembre 2016 « Six millions et un » (6 Millionen Und Einer), documentaire primé de David Fisher. Le parcours en Autriche des quatre enfants israéliens - deuxième génération - d’un ancien déporté juif, né dans l'actuelle Roumanie et alors en Hongrie, ayant survécu à la Shoah et ayant fait son aliyah après la Deuxième Guerre mondiale.


Ecrit et réalisé par David Fisher, ancien directeur général du New Fund for Cinema and Television (NFCT) de 1999 à 2008, « Six millions et un » est le dernier volet d'une trilogie familiale débutée par Love Inventory (2000) et Mostar Round-Trip (2011).

« Déporté à l'âge de 16 ans, Joseph Fischer survit à son internement dans cinq camps de concentration successifs », dont ceux de Gusen II et Gunskirchen libéré par la 71e Infantry Division.

Après la fin de la Deuxième guerre mondiale, Joseph Fischer « s'installe en Israël, fonde une famille et... se tait ». 

« Seul témoignage de son calvaire : un journal intime, retrouvé » douze ans « après sa mort par son fils David, dans lequel il raconte dans une langue sèche et factuelle l'horreur et l'indélébile traumatisme ». 

« Ses quatre enfants reconstituent son itinéraire. Avec ses deux frères et sa sœur, le réalisateur David Fischer part alors pour l'Autriche visiter les camps où leur père a été déporté ». 

Ils explorent les tunnels de Gusen II transformés en usines sous-terraines produisant pour l'aviation du IIIe Reich en exploitant cruellement des déportés forcés à travailler dans des conditions inhumaines. Ils rencontrent deux vétérans américains ayant libéré le camp et racontant que les déportés, mourant de faim, avaient mangé les cigarettes que les soldats alliés leur avaient offertes. Quant aux déportés ayant mangé les rations alimentaires, ils sont morts deux heures après les avoir ingérées car leur estomac ne supportait plus cette soudaine alimentation normale, riche. Bouleversé, un des deux vétérans se souvient : « Je n'ai jamais vu un film d'horreur qui s'approche de ce que nous avions vu, de ce que nous avions entendu, de l'odeur que nous avions sentie". 

Ce « voyage, scandé par la lecture du journal, libère la parole au sein de la fratrie. Esti, Gideon, Ronel et David évoquent leurs souvenirs d'enfance et leurs visions, souvent contradictoires, de l'histoire familiale ». 

« Après des décennies de non-dits, ils s'interrogent sur la signification du trop long silence paternel et ses conséquences sur ses proches ». 

« Je ne savais pas trop quoi faire, et j'ai serré les dents pour tenir », écrit Joseph Fischer au soir de sa vie ». 

« À l'heure où les derniers déportés disparaissent, ce témoignage d'une simplicité bouleversante fait entendre la voix des victimes indirectes de la Shoah ».

Pourquoi ce communiqué d'Arte ne contient-il pas les mots « Juif » et « nazi » ? 

Quelle était la nationalité de Joseph Fischer ?

Pourquoi une diffusion en pleine nuit ?

« Six millions et un », écrit et réalisé par David Fisher
Fisher Features Ltd, YesDocu, Arte, ZDF, NFCT, Claims Conference, 2011, 92 min
Sur Arte le 27 septembre à 2 h 40

Visuels : © Irit Shimrat

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jeudi 22 septembre 2016

« Un billet de train pour… Israël » de Grit Merten

     
Arte a diffusé Un billet de train pour… Israël (Mit dem Zug durch Israel) de Grit Merten (2011). Un documentaire sur la variété et le rôle des trains dans l’Etat Juif depuis 1892, date d’ouverture de la première ligne de chemin de fer (82 km) reliant Jaffa, puis Tel-Aviv, à Jérusalem, en Eretz Israël alors inclus dans l’empire ottoman et des liaisons jadis en activité (Syrie-Haïfa, Haïfa-Liban). En septembre 2016, une polémique a surgi en Israël à propos de travaux ferroviaires se déroulant durant chabbat.
  
L’auteur réalise un rêve d’enfance : retrouver la locomotive Deutz construite notamment par son père dans une entreprise de Cologne et livrée, avec des wagons de passagers et de marchandises, des autorails, des rails, des signaux, des panneaux et des formulaires de billets,  dans les années 1950 par l’Allemagne à l’Etat Juif au titre des dommages de guerre.

Une belle locomotive retrouvée dans le musée du train à Haïfa, après un périple-invitation à visiter l’Etat Juif pour découvrir au travers du train, dans toute sa variété, des paysages divers, millénaires – Jérusalem, Masada - ou récents – Ville blanche de Tel-Aviv conçue par les émigrés européens influencés par le Bauhaus - , arides – désert de Judée - ou urbains (Haïfa), Juifs, chrétiens – Saint-Sépulcre - et musulman… 

Un balagan (pagaille, en hébreu)
C’est en 1892, sous l'empire ottoman, que nait la première ligne ferroviaire reliant Jaffa à Jérusalem. A Jaffa-Tel-Aviv, cette vielle gare rénovée est envahie par les promeneurs et s’apparente « plus à un parc à thèmes qu’à un musée du train ».

Dans les années 1950, l’Etat d’Israël a fait le choix de développer les transports routiers  – le « lobby des puissants est puissant ».

De plus, de nombreux Israéliens survivants de la Shoah, surtout de Pologne et d’Europe de l’Est, refusaient de monter dans des trains leur rappelant les convois ayant amené les Juifs vers les camps de la mort.

« Le chemin de fer n’a pas la même importance qu’en Europe », précise l’historien Jakob Eisler. L’intérêt pour le train est récent : il remonte aux années 1990. Une décennie au cours de laquelle l’Etat Juif s’est soucié davantage d’investir dans des transports plus respectueux de l’environnement ». On décèle aussi un nouvel intérêt pour les trains miniatures.

Le réalisateur souligne la sécurité stricte dans toutes les gares israéliennes – bagages scannés – en raison des risques d’attentats terroristes, le coût faible d’un ticket, et la gratuité pour les soldats.

De 1998 à 2005, la circulation sur la ligne ferroviaire reliant les deux agglomérations a été suspendue afin de moderniser une installation vétuste : les tunnels menaçaient de s’écrouler.

Découvertes archéologiques
En octobre 2011, lors des travaux pour la nouvelle gare ferroviaire et la future ligne à grande vitesse Tel-Aviv/Jérusalem, une importante rivière souterraine a été découverte près du Palais des Congrès de Jérusalem.

Sur l’esplanade du Temple, se trouve le Kotel (mur des lamentations) et le dôme du Rocher. « Les Juifs du monde entier se tournent vers les ruines du temple de Jérusalem lors des prières. Elle sont le lieu le plus saint du judaïsme… Le temple a été construit par le roi Salomon au Xe siècle avant JC pour abriter l’Arche d’Alliance et les Tables de la Loi. Il a été détruit par les Romains ».

Tramway de Jérusalem
La municipalité de Jérusalem a doté les Hiérosolymitains d’un tramway dont le réseau avoisine 18 km. Les rames sont fabriquées par la société Alsthom. Ce projet a suscité des critiques en raison du retard dans les travux et de son coût exorbitant. « Sept sites archéologiques ont été découverts dont l’un situé près des remparts de la vieille ville. Trois pièces de monnaie ont été trouvées sur le tracé du tramway. Elles ont du être données par des commerçants aux Romains pour payer leur entrée dans la ville », a expliqué Nadav Meroz, directeur des transports de Jérusalem.

Autres critiques : celles politiques de ceux qui refusent ce tramway visant à relier « Jérusalem Ouest sous contrôle israélien aux quartiers arabes et aux colonies juives ». Or, parler de « Jérusalem Ouest » et de colonies - au lieu de localités ou d'implantations - relève d'une terminologie erronée et biaisée reprise de la propagande palestinienne, anti-israélienne. 

Le 22 mars 2013, la Cour d'appel de Versailles a condamné l'Association France-Palestine Solidarité (AFPS) et l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) représentée par Mahmoud Abbas, qui poursuivaient la société Alstom chargée de la construction du tramway à Jérusalem.

Au printemps 2013, a été annoncée la construction d'une nouvelle ligne ferroviaire et d'un arrêt concernant le tramway de Jérusalem. 

Citypass, société gérant le tramway, et la municipalité de Jérusalem ont lancé une campagne pour inviter les usager de ce tramway à faire preuve de plus de courtoisie et civilité lorsqu'ils l'empruntent.

Le 22 octobre 2014, Abed a-Rahman a-Shaludi, terroriste résidant dans le quartier de Silwad, a foncé au volant de son automobile vers des piétons attendant à l'arrêt Ammunition Hill (Colline de munitions) du tramway de Jérusalem. Il a assassiné Haya Zissel Braun, bébé israélien de trois mois, et Karen Mosquera, Equatorienne de 22 ans en voie de conversion au judaïsme ; il a blessé plusieurs autres personnes. Il a été tué par un policier israélien.

« Les rails de la vie »
Dans le train pour Tel-Aviv, un wagon est réservé aux Juifs pieux, portant des phylactères ou tephillin (« petits étuis de cuir portés à la tête et qui renferment des parchemins sur lequel sont notés des versets bibliques »), pour leurs prières avec un rouleau de la Torah spécial pour ce lieu ambulant.

C’est la gare ferroviaire de Tel-Aviv que le groupe musical Hatikva 6, dont « les chansons dénoncent l’injustice dans le monde », a choisi comme cadre à son clip.

Quant à la ville portuaire de Haïfa, son « transport hybride entre le métro et le funiculaire », ou Carmelit, est doté de six stations sur moins de deux kilomètres et permet un départ dans les deux sens toutes les dix minutes. Il est surtout fréquenté par les touristes.
Un train utile pour acheminer les employés vivant dans des localités périphériques ou reculées jusque sur leur lieu de travail dans les métropoles : l’essentiel de l’activité économique se concentre dans le centre du pays.

Spécificités de ce chemin de fer israélien : il ne fonctionne pas pendant le chabbat et manque de liaison ferroviaire avec l’étranger en raison du conflit au Proche-Orient.

On peut reprocher à ce documentaire intéressant un anachronisme – la première ligne ne peut avoir débuté à Tel-Aviv car cette ville maritime a été fondée en 1909 -, des oublis – le rôle de Sir Moses Montefiore ayant eu l’idée d’un train dès 1839 -, un fait infondé – chômage important -, une terminologie erronée et partiale - « colonies » - et des images de barbelés de la « Cisjordanie » sans expliquer les raisons de la barrière de sécurité anti-terroriste.

Dommage qu’il soit diffusé pendant ce chabbat.

Addendum.
Le 3 juillet 2012 a marqué la signature d'accords de coopération entre l'Etat d'Israël et la Chine. Un volet concerne la construction de la voie ferrée reliant Tel-Aviv à Eilat, via la vallée Arava et Nahal Zinn, soit 180 km de la Méditerranée à la mer Rouge. Un projet destiné aussi à développer le Négev, à réduire les distances entre le centre du pays et Eilat, et à offrir une alternative au canal de Suez.
En 2013, débutera la construction de cette nouvelle ligne ferroviaire à deux voies qui permettra de transporter des marchandises du port d'Eilat, sur la mer Rouge, à celui méditerranéen d'Ashdod. Financée par le gouvernement chinois, elle s'achèvera en 2023.
Israel Railways est une compagnie ferroviaire d’Etat indépendante active dans le transport de passagers et de marchandises en Israël. Elle emploie 1900 personnes. En 2012 les ISR ont transporté 40 millions de voyageurs. Son chiffre d’affaires annuel des opérations est d’environ 200 millions d’euros et de plus de 400 millions d’euros pour l’activité de développement.
 Le 17 novembre 2013, Israel Railways (ISR) et la SNCF (Société nationale des chemins de fer français) ont signé à Jérusalem « un accord de coopération stratégique, dans le cadre de la visite officielle du Président de la République française, François Hollande en Israël ».
Signé par Boaz Zafrir, directeur général des Chemins de fer d’Israël (ISR), et par Guillaume Pepy, président de SNCF, cet « accord-cadre est une étape importante de la coopération déjà ancienne entre les deux sociétés. Mise en place dès 2000, cette coopération sera renforcée dans plusieurs domaines, notamment la formation des conducteurs de trains des ISR, le développement et la modernisation des gares israéliennes, l’information des passagers et le matériel roulant destiné au fret ». ISR « pourra ainsi bénéficier de l’expérience de SNCF dans la création et le développement d'opérateurs ferroviaires modernes attentifs aux besoins des voyageurs. Cela permettra aux ISR de réaliser leur ambitieux objectif stratégique d’atteindre 70 millions de passagers en 2020 (contre 12 millions en 2000) ». Filiale de SNCF pour la conception et la construction de gares, l’AREP « soutiendra les ISR dans leurs projets de développement de leurs grandes gares mais aussi la modernisation d’une quinzaine de gares plus petites. AREP fournira notamment son savoir-faire pour le développement du versant commercial des gares ainsi que des services aux voyageurs et des solutions d’intermodalité ».
« Il s'agit d'un partenariat stratégique qui s'inscrit dans l’élan de transformation d’Israël Railways en un transporteur moderne entièrement dédié aux services des voyageurs », a déclaré M. Boaz Zafrir.
« SNCF renforce ses liens avec les ISR en apportant l’expertise de l’ensemble du Groupe. C’est une nouvelle phase de notre engagement depuis plus de 10 ans en faveur du développement des transports publics en Israël », a ajouté Guillaume Pepy. Quid des actions menées aux Etats-Unis pour obtenir plus de transparence de la SNCF sur son action lors de la Seconde Guerre mondiale en matière de déportation des Juifs ?
 Un consortium israélo-allemand va construire  des lignes de chemin de fer de 60 miles (environ 96 km) dans le nord d’Israël. Il réunit DB Bahn Bau, filiale allemande de la Deutsche Bahn, et diverses compagnies israéliennes (Shikun & Binui, Lesico). D’un coût de 230 millions de dollars, le projet comprend une voie ferrée entre Haïfa et Beit Shean (42 miles ou 67,2 km et cinq gares) et une autre entre Acco (Saint-Jean d’Acre) et Carmiel (14 miles ou 22,4 km et deux gares). Selon Israel Hayom, une nouvelle ligne ferroviaire dans le centre d’Israël reliera Kfar Saba à Herzliya (11 miles ou 17,6 km).
En 2014, Tel-Aviv va installer le nouveau moyen de transport rapide destiné à réduire les embouteillages et la pollution atmosphérique, conçu par Sky Tran au sein de la NASA et développé en Israël avec IAI (Industries aéronautiques israéliennes) : des "cabines suspendues à un rail à quelques mètres du sol", dirigées grâce à l'informatique, "pouvant transporter deux à quatre passagers" qui commanderaient via Internet ou leur téléphone portable leur navette, et une fois à bord y indiquer leur destination, et y parvenir automatiquement.  Ces "nacelles créent un champ électromagnétique pour avancer jusqu'à 100 km/h". Elles pourraient utiliser l'énergie solaire. Le prix ? "Sept millions d'euros par kilomètre, contre 20 millions pour une voie bus et 75 millions pour un tramway". SkyTran reliera le quartier d'Atidim à Tel Aviv au port de Jaffa.
Le 2 juillet 2014, des émeutiers ont vandalisé plusieurs stations du Jerusalem Light Railway train. Ce qui a constitué selon Lee Kaplan un acte de guerre servant les intérêts du mouvement BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) et a induit la fermeture de cette ligne pendant plusieurs mois pour réparer les dégâts.
Le 6 octobre 2014, Benjamin NetanyahuPremier ministre, et Yisrael Katz, ministre des Transports, ont inauguré la construction d’un tunnel de train, dans le cadre du projet de train à grande vitesse entre Jérusalem et Tel Aviv. D'un coût de 1.9 milliard de dollars (7 milliards de shekels), ce projet qui devrait être achevé fin 2017, assurera la liaison ces deux villes en 28 minutes, via Modiin, Latrun et l’aéroport Ben Gurion. Le chemin de fer actuel reliant Jérusalem à Tel Aviv suit un tracé remontant à l'ère ottomane, et prend beaucoup plus de temps.
"Ce tunnel, le plus grand passage sous-terrain qui sera construit en dernier dans le cadre de ce projet, partira de l’intersection Sha'ar Hagai de la route 1, ira jusqu’à la région de Mevasseret Zion, ce qui équivaut à une distance – à vol d’oiseau – de 14-15 kilomètres. Le but ultime de ce projet est d’avoir un train à grande vitesse reliant tout le pays de « Kiryat Shmona dans le nord à Eilat dans le sud. Peut-être, un jour, ce réseau ferroviaire pourrait relier la Jordanie à l’est, mais ce n’est encore qu’un rêve », a expliqué Netanyahu. Yisrael Katz a insisté sur le but : grâce à des tunnels souterrains, la liaison ferroviaire arrivera « jusqu’au Kotel [le mur Occidental] et le mont du Temple ».  Le ministère des Transports a évoqué les "prouesses architecturales" de ce projet : "six cent quatre-vingt ingénieurs travaillant sur cette liaison vont créer les viaducs les plus hauts et longs d’Israël, et un tunnel à deux voies de plus de 11 km de long. 
Pour permettre aux trains d’entrer en gare, les autorités construisent un terminal souterrain sur plusieurs étages à l’entrée de Jérusalem". La gare "aura 80 mètres de profondeurs, et pourra servir, en cas d’urgence, d’abri en cas d'attaque nucléaire, en accueillant 2 000 personnes. Grâce à des escalateurs et 35 ascenseurs, les passagers arriveront sur les  quatre quais longs de 300 mètres. A terme, cette gare sera intégrée dans "la plus grande plaque tournante de transport du pays, qui ira du bâtiment Binyanei Hauma à la gare centrale". Ce "terminal sera composé de plusieurs arrêts de bus, d’une station de train, de deux gares de tramway, d’une station de taxis et d’un parking de plus de 1 000 places". Circulant à 160 km/heure, ces trains électriques "à grande vitesse aura une fréquence de quatre trains par heure en heure de pointe". 
Ce projet a été retardé en raison de polémiques. D'une part, des mouvements écologistes qui ont essayé de contraindre "les concepteurs du projet à faire passer le tunnel sous la source de Yitlah au lieu d’au-dessus, comme prévu à l’origine. La Commission de planification du ministère de l’Intérieur a fait valoir que le forage d’un tunnel retarderait le projet de deux ans et a pris sa décision en faveur d’Israel Railways [la compagnie ferroviaire israélienne]. D'autre part, cette "nouvelle liaison traverse deux fois la Ligne verte, une fois près de Latrun et une fois près de Mesaverret Zion". Ce qui a suscité l'indignation de "la gauche israélienne et des groupes pro-palestiniens internationaux. Face à la pression des activistes pro-palestiniens, la compagnie de conseil allemande s’est retirée du projet". Autre raison du retard : le dépassement de budget. Estimé à l'origine à 3.8 milliards de shekels, le budget de ce projet a cru de plusieurs milliards de shekels, ce qui a amené le gouvernement à abonder financièrement dans ce projet.


En mars 2016, Rakévet Israël a enregistré un record : les chemins de fer israéliens ont transporté en moyenne 225 000 passagers par jour, soit 5,4 millions pour mars 2016 et une augmentation de 17% par rapport à mars 2015. En décembre 2015, le nombre de passagers s'élevait à 245 200. Les lignes ayant connu une hausse remarquable sont Binyamina - Tel-Aviv (+25% par rapport à la même période en 2015), Ashkelon - Tel-Aviv et Hod Hacharon - Tel-Aviv. La raison semble résider dans la réforme tarifaire. Le bénéfice net de l'entreprise de 265 millions de shekels en 2015 résulte de l'augmentation du nombre de passagers et de l'aide financière étatique de 1,2 milliard de shekels. En 2015, la société a assuré le transport de 7,5 millions de tonnes de chargement, dont des cargaisons de minéraux, sable et déchets.


En septembre 2016, une polémique a surgi en Israël à propos de travaux ferroviaires se déroulant durant chabbat. "Les "ultra-orthodoxes" ont exigé qu’Israel Railways ne fassent pas de travaux pendant Shabbat. Face à la pression Haredi, Netanyahu a soudainement ordonné un arrêt des travaux sur la ligne de chemin de fer de Tel Aviv – Haïfa le week-end du 2 septembre, provoquant des retards importants le dimanche suivant lorsque les travaux de réparation ont repris pendant la journée de travail, obligeant quelque 150 000 Israéliens à trouver un moyen alternatif pour leurs déplacements du matin. La Cour suprême a ensuite jugé que la décision d’interdire le travail pendant Shabbat revenait au ministre du Travail, Haim Katz. Katz a promis de n’autoriser que les réparations jugées critiques pour la sécurité pendant le Shabbat et que les réparations non essentielles auront lieu pendant la semaine".

Israel Airways envisage la création d'une ligne ferroviaire nord-sud reliant Hadera à Lod qui évitera la métropole Tel-Aviv. Ce qui implique la construction de neuf gares. Ce projet a été approuvé  par le gouvernement en 2012 et devrait être opérationnel en 2022. Ministre des Transports, Yisrael Katz a alloué un budget de huit millions de shekels à ce projet et a déclaré : "Ce projet créera aussi une artère de transport de marchandises qui augmentera la capacité des ports de Haïfa et de Ashdod" .
  
Dès le 19 septembre 2016, et pendant une huitaine de jours, trois gares à Tel Aviv sont fermées pour permettre des travaux de modernisation et réhabilitation. Ce qui contraint des milliers de personnes à emprunter d'autres modes de transport.

Le 21 septembre 2016, le tribunal de Lod a condamné Yonatan Vaadya, vétérinaire, à six ans d'emprisonnement pour avoir causé un accident ferroviaire, et lui a retiré son permis de conduire pendant 25 ans à compter du jour de sa libération et lui a ordonné de payer 50 000 shekels ($13 235) à la famille de chaque personne tuée. Cet automobiliste conduisait sa voiture après avoir consommé des drogues et des médicaments auto-prescrits, quand il a heurté un train à Beit Yehoshua le 12 juin 2006, après avoir causé deux autres accidents. Lors de cet accident, cinq personnes ont été tuées et 81 blessées. 

Issu d'un projet initié en 2001, un train relie depuis fin décembre 2019, et en 32 minutes - contre 1 h 30 par un train classique -, pour 22 shekels (environ cinq euros), Jérusalem à Tel Aviv, deux villes distantes de 60 km. "Les premiers rails avaient été posés par des Français, pour le compte des Chemins de fer ottomans, en 1892. Au fil des siècles, à part quelques rafistolages par les Britanniques ou les Israéliens, la ligne n’a pas bougé, une ligne sinueuse, qui traverse les collines. Dans le pays, depuis, tout a évolué. Même les gares de départ et d'arrivée – les trains partaient de Jaffa car Tel Aviv n'existait pas – et Jérusalem a inauguré une nouvelle gare, ultra moderne. Le trajet en train, lui, était resté le même et durait une heure et demie. Tout le monde privilégiait donc le bus, la voiture, ou le sherout (un taxi collectif) pour un trajet d’un peu moins d’une heure, quand il n'y avait pas trop d'embouteillages. Ce nouveau train est donc une petite révolution. Un train 100% électrique, qui roule à 160 km/h." "Depuis 2019, un premier tronçon relie Jérusalem à l'aéroport Ben Gourion, situé à une vingtaine de kilomètres de Tel-Aviv et parcourable en vingt minutes au départ de Jérusalem".

"S'il s'agit bien d’une ligne à grande vitesse, le chantier, lui, a été très lent. On en parle depuis les années 70, le projet a été lancé en 2001 par le Premier ministre Ariel Sharon, mais cette fameuse ligne a vu le jour 18 ans après le lancement du projet et 11 ans après la date d'inauguration officielle.
Ce retard vient à la fois de la géographie locale – il a fallu construire cinq tunnels et neuf ponts – mais aussi de plusieurs batailles avec des militants écologistes, qui ont fait arrêter le chantier pendant trois ans. Il y a eu aussi des problèmes de budget, des abandons de soutiens internationaux à cause du trajet qui traverse les Territoires occupés, des problèmes d’électrification…" Le coût total s'élève à 1,8 milliard d'euros. "Il faudra encore des travaux pour que le train circule vers d’autres villes d’Israël."

De Grit Merten
Avanga Filmproduktion, SWR, Arte, 2011, 44 minutes
Diffusions les :
-          21 octobre 2011 à 19 h 55,  28 octobre 2011 à 14 h, 1er novembre 2011 à 17 h
-      12 mars 2013, 27 juin 2014 à 17 h 30.

Visuels :
En couleurs : © SWR-Grit Merten, Citypass
En noir et blanc :

Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié pour la première fois le 18 octobre 2011 et modifié le 26 octobre 2014.
Il a été republié le :
- 31 mars 2012 à l'occasion de la diffusion par Arte le 2 avril 2012, à 22 h, d'Un tramway à Jérusalem de Frédéric Lernoud dans le cadre du Dessous des cartes de Jean-Christophe Victor ;
- 10 mars 2013 à l'occasion de la diffusion d'Un train pour le... Proche-Orient, sur Arte, le 12 mars 2013, à 8 h ;
- 29 mars, 25 juin et 21 novembre 2013 ;
- 25 mars, 26 juin et 7 octobre 2014.

« Sépharades 2004, Un état des lieux » de Moïse Rahmani


Moïse Rahmani a recensé les communautés sépharades, pays par pays. Ce directeur de l’Institut sépharade européen a offert un tableau historique clair d’une communauté forcée à des exils et qui brille par ses talents.  Il est mort le 18 septembre 2016. Barou'h Dayan HaEmeth (Loué soit le Juge de vérité, en hébreu). Les funérailles auront lieu le 22 septembre 2016, à 10 h 45 au cimetière – rue du Long Chene 88 – 1970 Wezembeek-Oppem Belgique. J'adresse mes condoléances émues à la famille de Moïse Rahmani, un Juif sioniste, qui a œuvré avec efficacité pour préserver la mémoire des Juifs sépharades et que soit relatée leur histoire.
« Les Sépharades sont les descendants des Juifs habitant l’Espagne et le Portugal expulsés entre 1492 et 1497. La présence juive remonte [dans ces deux pays] au règne de Salomon (973 à 930 avant l’ère civile) ». 

A la fin du XVe siècle, entre deux et trois cent mille Juifs se dirigent vers l’Afrique du Nord, la France, l’Italie et l’Empire ottoman où ils retrouvent leurs coreligionnaires établis depuis des millénaires. Une partie des Juifs convertis, ou marranes, quitte la péninsule au XVIe siècle pour les Pays-Bas méridionaux (actuels Belgique et Pays-Bas), l’Angleterre ou l’Amérique. Là, ils contribuent à l’essor de leurs terres d’accueil, conservant leurs rites, langue – le judéo-espagnol -, leurs coutumes, etc.

Fait peu connu, ce sont vingt-trois Juifs sépharades qui, fuyant l’Inquisition au Brésil, arrivent en 1654 à la Nouvelle Amsterdam, future New York. A la fin du XVIIe siècle, près de la moitié des deux mille Juifs d’Amérique du Nord sont sépharades. Les Etats-Unis fêtent cette année le 350e anniversaire de la naissance de leur communauté dans ce pays.

Dans les pays musulmans, les Juifs sépharades subissent le statut inférieur et déshumanisant de dhimmi (« protégés »).

L’arrivée des puissances européennes coloniales (France, Egypte, Italie, etc.) libèrera ces Juifs de ce statut cruel et leur offre de nouvelles perspectives de vie et de promotion, notamment par les écoles de l’Alliance israélite universelle.

De nombreux juifs sépharades périrent lors de la Shoah. « Quatre-vingt dix pour cent du judaïsme grec n’a pas survécu ».

Et depuis 2002, une plaque au camp d’Auschwitz rend hommage aux cent soixante mille victimes sépharades, locuteurs du judéo-espagnol, et à leur langue.

La naissance de l’Etat d’Israël en 1948 et l’indépendance des pays musulmans vont induire des menaces à l’égard des Juifs vivant dans les pays arabo-musulmans. C’est « l’exode oublié » de sept cent mille à un million de Juifs vers Israël, l’Europe, l’Amérique et l’Australie. Restent dans les pays arabo-musulmans quatre mille deux cents personnes.

De ces Sépharades, Moïse Rahmani (1944-2016) brosse un tableau vivant, nuancé, sans cacher les divisions par exemple entre Juifs livournais, les « Granas », immigrés en Tunisie dès le XVIIe siècle, et les « Tonsi », Juifs locaux.

Peut-être peut-on regretter que ne soit pas évoquée une autre langue des Sépharades : le judéo-arabe. Mais certains historiens distinguent les Sépharades des Juifs Mizrahim (Juifs d'Orient).

Ce livre, dont l'avant-propos peut être lu sur Internet, s’achève par la présentation des fêtes et du calendrier juifs, un lexique et une bibliographie.

Ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances des Sépharades peuvent s’abonner à la remarquable revue trimestrielle bilingue « Los Muestros », la voix des Sépharades qu'a dirigée de main de maître Moïse Rahmani pendant vingt ans.

Moïse Rahmani est né au Caire dans une famille juive dont la branche maternelle était originaire de Rhodes. En 1956, sa famille est contrainte de quitter l'Egypte et s'installe au Congo belge (Zaïre), puis fuit ce pays en proie à une guerre pour se fixer en Belgique. Il a beaucoup œuvré à préserver la mémoire des Juifs sépharades, ceux de "l'exode oublié",  notamment des Juifs de Rhodes et du Congo. Ce fervent défenseur de l'Etat d'Israël est mort le 18 septembre 2016. Barou'h Dayan HaEmeth (Loué soit le Juge de vérité, en hébreu). Les funérailles auront lieu le 22 septembre 2016, à 10 h 45 au cimetière – rue du Long Chene 88 – 1970 Wezembeek-Oppem Belgique.

Le 18 janvier 2016, à 17 heures, à l’École normale supérieure - salle Dussane, 45 rue d’Ulm, 75005 Paris -, le Centre Alberto-Benveniste d’études sépharades proposa, dans le cadre de la XVe Conférence Alberto-Benveniste, sous le patronage de la Section des sciences religieuses de l’École pratique des hautes études et de l’École normale supérieure, la conférence La banque sépharade en France au XIXe siècle : les Pereire et les autres…? par Cyril Grange, directeur de recherche au CNRS. Seront remis les Prix Alberto-Benveniste 2016 de littérature à Ralph Toledano, pour Revoir Tanger (La Grande Ourse), Prix Alberto-Benveniste 2016 de la recherche à la collection « Péninsules » des éditions Chandeigne (Paris) et la bourse Sara Marcos de Benveniste en Etudes juives 2016. Suivra un récital de chansons traditionnelles judéo-espagnoles par Keren Esther (voix), accompagnée de Narciso Saul (voix et guitare) et de Sylvain Fournier (percussions).


« Sépharades 2004, Un état des lieux », de Moïse Rahmani. Préface de Rivka Cohen.Editions N.L.A 2004. 68 pages. ISBN : 2 9521706 0 6

A lire sur ce blog :
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Cet article a été publié par Guysen. Cet article a été republié sur ce blog le 18 janvier 2016.

mercredi 21 septembre 2016

Une ADIAM problématique


 L’Association d’aide aux Israélites âgés et malades (ADIAM) offre une large gamme de prestations - aide à la toilette et à l’habillage, entretien du logement, prise de médicaments, etc. – assurées par des auxiliaires de vie salariées au domicile des bénéficiaires. Elle est reconnue par les pouvoirs publics. Une affaire récente – vols d’objets appartenant à un octogénaire Juif français, refus d’assurer le ménage chez lui - suscite des questions concernant le recrutement et la formation des auxiliaires de vie par l’ADIAM. Le 21 septembre 2016, l'ADIAM a annoncé à l'un des enfants de ce bénéficiaire juif français qu'elle cessera ses prestations à la fin du mois de septembre 2016 et de lui allouer l'aide qui lui a été accordée par la Claims Conference. Elle m'a envoyé un droit de réponse que je publie - la loi n'impose pas la publication du droit de réponse au-dessus de l'article - et auquel je réponds.
L’Association d’aide aux Israélites âgés et malades (ADIAM) « a été créée pour aider les rescapés de la Shoah, puis les immigrés et les rapatriés d’Afrique du Nord, attachés à leur religion et à leur identité ».

En plus de cette mission, l’ADIAM « dispense aujourd’hui ses services à tous, dans le respect de la liberté et des croyances de chacun. Au cours des dix dernières années, l’ADIAM a développé l’ensemble de ses activités. Elle a diversifié ses services afin de favoriser l’autonomie et le bien-être des usagers qui ont fait le choix de vivre chez eux. Depuis longtemps, ses équipes travaillent à l’accompagnement des pathologies dégénératives comme la maladie d’Alzheimer ou à l’utilisation des technologies de l’information et de la communication pour améliorer le service et la sécurité des personnes âgées ou handicapées ».

« L’expertise de l’ADIAM est reconnue par les Pouvoirs Publics ainsi que par toutes les caisses de retraite, la sécurité sociale, les mutuelles, les tribunaux... » L’Adiam ‘est reconnue dans ses missions et délégations de service public par le Conseil général, les organismes publics, les ministères… »

Les tâches et services proposés par l’ADIAM : « l’entretien du logement (ménage, repassage, lit, vaisselle…), la préparation des repas (en veillant au régime alimentaire et aux prescriptions religieuses le cas échéant), l’aide à la toilette et à l’habillage, l’aide à la mobilité (transferts, déplacements à l’intérieur ou à l’extérieur du domicile), les petites tâches administratives, la prise des médicaments, l’aide à la maîtrise du matériel technique (fauteuils roulants, lit médicalisé, lève-malade…)

Pour assurer ces prestations, l’ADIAM emploie des auxiliaires de vie intervenant au domicile des bénéficiaires.

Un service de soins infirmiers à domicile réputé
Le 10 décembre 2002, l’ADIAM  a célébré à Paris le premier anniversaire de son Service de soins infirmiers à domicile (SSIAD). Dans le respect des valeurs juives, le SSIAD répond à une forte demande.

Installée dans ses locaux depuis cinq ans, l’ADIAM a mis à l’honneur le SSIAD en présence de David Messas, alors grand rabbin de Paris, de Nelly Hansson, alors directrice de la Fondation du Judaïsme français (FJF), de représentants d’élus, de responsables du FSJU, de la DDASS et de la préfecture, et de son équipe. Souffrant, Gérard Baumann n’avait pu être présent. 

« L’ADIAM se débat pour qu’une partie de nos concitoyens ayant perdu leurs jeunesses ne subissent pas l’indifférence et ne se trouvent pas dans le besoin. Elle leur apporte aide et chaleur », indiquait-il dans son discours lu.

Avec le SSIAD, l’ADIAM présentait une offre globale comprenant des fonctions - prestataire, mandataire, gérant de tutelle, intermédiaire - et un espace conseil et écoute. 

Dotée d’un budget d’environ trois millions d’euros, elle dispose de psychologues spécialistes en gérontologie, de conseillères en économie sociale et familiale, d’infirmières, d’aides soignantes, d’ergothérapeute et de juristes. 

Elle s’occupait de 900 personnes dans Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne.

Un projet exemplaire
« Le degré de responsabilité d’une communauté se mesure à ses engagements envers les anciens », confiait le grand rabbin Messas. 

« L’ADIAM œuvre dans l’expression des valeurs juives - justice, tsedaka - de la solidarité appliquées à tous. Elle forme ses collaborateurs aux patients juifs pour la cacherout, le shabbat, et en cas de décès. Le SSIAD fonctionne de 8 h à 20 h, 7 jours sur 7, sur prescription du médecin traitant ou de l’hôpital. En « équivalent temps plein », il dispose de 3, bientôt 4 infirmières, et de 9, bientôt 11 ou 12 aides-soignantes. Il fonctionne par des « transmissions quotidiennes de patients vus » de chaque professionnel et des réunions hebdomadaires sur des questions plus générales - comment réagir en cas de défaut de lucidité du patient ?- ou pour mettre en place des projets d’équipes », expliquait Yveline Silvestri Charlotte, infirmière coordinatrice du SSIAD.

Le SSIAD avait ouvert une soixantaine de places. Grâce aux aides essentiellement publiques, il devait porter ce nombre à 75 en janvier 2003. Mais il recevait plus de 200 demandes. 

« Comme l’espérance de vie augmente, les besoins sont immenses », conclut Betty Elkaim, dévouée directrice générale de l’ADIAM.

En 2007, Betty Elkaim a reçu pour l'ADIAM a reçu de Jacques Beslin, directeur délégué de l'AFAQ-AFNOR, le diplôme de certification NF-Service : "Services aux personnes à domicile" (norme NF X 50-056). Membre de l'UNA (Union Nationale de l'Aide, des Soins et des Services aux Domiciles) Paris, elle est la première association à recevoir cette certification à Paris. L'ADIAM dispose de 330 professionnels - infirmières, auxiliaires de vie, ergothérapeute, etc. auprès de 2 000 bénéficiaires parisiens.

Problèmes
L’APA (Allocation personnalisée d’autonomie) permet, « sous conditions d'âge – au moins 60 ans -, de lieu de résidence, des ressources et de dépendance », notamment de « financer des services de maintien à domicile ».

Octogénaire juif français vivant à Paris, M. H. souffre des lourdes séquelles de deux AVC (Accidents vasculaires cérébraux). Il souffre d'incontinence urinaire et vit dans son appartement avec un chien et un chat. Il recourt, dans le cadre de son APA, à l’ADIAM pour assurer des tâches ménagères et d’aides à la toilette à son domicile. Il a obtenu aussi une aide que la Claims Conference lui a allouée et lui verse via l'ADIAM.

Voici quelques mois, une auxiliaire de vie d’origine marocaine a volé chez lui deux oreillers, deux couettes - l'une bleue, l'autre violet - exemptes d'avoir été en contact avec de l'urine, un couvre-lit et une couverture : devant cet octogénaire handicapé, elle a empaqueté ces objets et les a emportés. « Coriace, virulente », une autre auxiliaire de vie d’origine algérienne a refusé d’assurer le ménage, par exemple de nettoyer un lit humecté par de l'urine car elle pensait que l'urine provenait de ses animaux domestiques. D'autres auxiliaires de vie n'assurent pas toutes leurs heures de présence : elles restent une heure au lieu des deux ou trois heures planifiées et payées. Au fil des mois, les enfants H. ont découvert aussi le vol d'un mortier et de son pilon, tous deux en bronze, ayant appartenu à leur mère.

Gênés, les enfants de M. H. se sont plaints au bout de quelques mois auprès de l’ADIAM de ces faits indélicats et choquants.

Ils n’ont pas porté plainte contre l’auxiliaire de vie qui avait dérobé des éléments de la literie de leur père veuf. Mais l’un d’eux s’interroge : « Et si mon père n’avait pas eu d’enfant ou s'il avait de l'argent chez lui, que se serait-il passé ? Cette auxiliaire de vie va-t-elle continuer à voler chez des bénéficiaires âgés, diminués physiquement ? »

Il arrive que des auxiliaires de vie volent des biens appartenant à des personnes âgées vivant chez elle ou en maisons de retraite, ou hospitalisées. Et il ne s'agit pas d'extrapoler à partir de ces exemples. De nombreuses auxiliaires de vie s'avèrent loyales, honnêtes, serviables.

Par sécurité, des associations similaires à l’ADIAM réclament le casier judiciaire des candidats et se renseignent auprès de précédents employeurs de postulants. Et se heurtent parfois aux réticences de leurs homologues à reconnaître les méfaits commis par d'anciens salariés, car c'est révéler leurs failles.

Quelles sont les modalités de recrutement et de formation de l’ADIAM ? Pourquoi cette auxiliaire de vie a-t-elle refusé d’assurer des tâches ménagères ? Manque de formation par l’ADIAM ? Mépris pour une tâche ménagère mal payée ? Autre raison ? Pourquoi les auxiliaires de vies ayant remplacé leurs collègues indélicates ont-elles refusé d'assurer leurs tâches en arguant souffrir d'asthme, ce qui serait contre-indiqué avec la présence de chien et chat. Un moyen d'éviter d'évoquer la qualification d'"impur" accolée au chien en islam ? L'ADIAM va-t-elle indemniser M. H. ?

Dans un secteur certes associatif, mais concurrentiel, avec un nombre de bénéficiaires potentiels en baisse en raison de l'aliyah, l'ADIAM gagnerait à régler ces problèmes, à renforcer ses contrôles sur ses futurs employés, à s'aligner sur les pratiques d'autres associations qui notamment envoient chaque mois le planning des prestations à venir  avec, pour chaque prestation, les noms et prénoms des auxiliaires de vies, vérifient que les auxiliaires de vie ont bien assuré toutes leurs prestations en les contraignant à signaler leur heure d'arrivée et de départ par téléphone, etc.

L'ADIAM doit se souvenir que le public juif français n'est pas captif, et est particulièrement sensible au sort de ses aînés et de ses enfants. Ainsi, l'OSE (Oeuvre de secours aux enfants) a longtemps pâti, et pâtit encore, du fait que des enfants juifs français, qui lui avaient été confiés, avaient été placés dans des familles non-juives, notamment musulmanes.

Le 15 septembre 2016, j’ai interrogé l’ADIAM. Je publierai ses réponses dès réception.

Le 21 septembre 2016, soit deux jours après la publication de mon article, l'ADIAM a annoncé à l'un des enfants de ce bénéficiaire juif français d'une part qu'elle cessera ses prestations à la fin du mois de septembre 2016 et, d'autre part, de lui allouer l'aide qui lui avait été accordée par la Claims Conference. Une attitude qui semble doublement choquante : d'une part, cet arrêt de prestations peut être perçu comme une mesure de rétorsion à l'égard de la victime de vols, et, d'autre part, retenir l'aide de la Claims Conference risque d'être ressenti comme un abus de confiance, a fortiori au détriment d'un coreligionnaire vulnérable et à la situation modeste.

Conseil de l'ADIAM, Me Dahlia Arfi-Elkaïm m'a envoyé ce droit de réponse que je publie in extenso :
"Face à vos accusations stigmatisantes et  inadmissibles, l'ADIAM tient à exercer son droit de réponse.
Vous procédez par voie d'accusation à notre encontre  sans enquête journalistique approfondie préalable puisque vous demandez notre version des faits APRES publication de votre article sur votre blog et non pas AVANT.
L'association ADIAM qui bénéficie d'une compétence hautement reconnue par les pouvoirs publics et d'une certification AFNOR n'a aucun moment été informée par écrit d’un quelconque agissement délictueux de la part d’une  aide à domicile, tel que décrit dans votre article.
Aucune enquête pénale n'est en cours à notre connaissance.Des visites de contrôle à domicile ont été régulièrement effectuées comme systématiquement auprès de tous nos usagers et à aucun moment des faits de cette nature n’ont été portés à notre connaissance par Monsieur H."
Voici mes réponses :
1. Les faits relatés sont exacts et ni l'ADIAM ni son conseil ne les réfutent ;

2. Le 15 septembre 2016, j'ai envoyé le  courrier électronique ci-contre à l'ADIAM en l'interrogeant sur les faits sur lesquels j'avais été informée. Je lui ai indiqué mon intention d'écrire un article et je lui ai adressé six questions précises.
Le 19 septembre 2016, donc quatre jours après cet envoi, j'ai écrit à l'ADIAM pour lui signaler mon article, et de nouveau, je l'ai interrogée.
Dans le courrier de cette avocate, il est fait mention de mon courrier électronique du 15 septembre. Donc, l'ADIAM aurait pu me répondre pour me demander plus de précisions si elle le souhaitait.
Je rappelle que la réponse de l'ADIAM "ne doit pas non plus comporter des assertions contraires à l’honneur ou à la considération du journaliste".

3. L'un des enfants de M. H a informé Madame Cohen, son interlocutrice au sein de l'ADIAM, de ces vols, puis sa remplaçante Madame Hadida du refus de la dernière auxiliaire de vie d'assurer le ménage chez son père.
Le courriel ci-contre du fils de M. H. en date du 7 septembre 2016 s'avère éloquent :
"Nous sommes lassés de rencontrer systématiquement des problèmes avec l'un des membres de votre personnel qui opère chez mon père monsieur H. . Cette personne est venue aujourd'hui (le 7 septembre).
A toutes fins utiles, je tenais à vous rappeler que nous recherchons pour mon pére une aide à domicile susceptible de faire entre autre le ménage...Donc, cette dame se refuse à tous travaux ménagers, ou du moins elle pratique un tri sélectif à sa convenance. . Madame a décidé de ne pas faire le sol des deux chambres inoccupées. Ce choix très aléatoire nous laisse dubitatifs. Nous ne sommes pas la pour subir les désideratas de cette dame. Compte tenu du prix de la prestation et surtout de l'incompétence et l'impertinence de celle ci, je vous remercie vivement de bien vouloir mettre en place  pour les prochaines vacations une autre personne désirant effectuer les taches pour lesquelles elle est employée.  Cela évitera les altercations qui sont nuisibles à l'état de santé de mon père.
Je reste désolé de cet état de fait, mais je n'ai pas d'autre choix de vous aviser de ce manquement".
4. M. H. et ses enfants n'ont pas porté plainte.
L'ADIAM a-t-elle procédé ou va-t-elle procéder à une enquête administrative ?

5. Je regrette que l'ADIAM m'ait mise en cause sans fondement et n'ait pas répondu sur le fond.
Que va faire l'ADIAM à l'égard de ces deux auxiliaires de vie ?
Pourquoi a-t-elle annoncé si sèchement la fin prématurée,dans neuf jours, de ses prestations auprès de M. H ?
Pourquoi a-t-elle annoncé qu'elle retiendrait l'aide versée par la Claims Conference à M. H. ?
Il me semble révélateur que l'ADIAM ait préféré judiciarisé - recours tarifé à Me Dahlia Arfi-Elkaïm ? - ce qui aurait pu se régler par le dialogue.
Mais c'est une préférence fréquente parmi d'importantes associations juives françaises qui le dissimulent à leurs donateurs.



ADIAM. 42, rue le Pelletier, 75009 Paris. Tél. : 01 42 80 34 73. www.adiam.net

Articles sur ce blog concernant :

Cet article a été publié en une version partielle par Actualité juive hebdo. Il a été publié le 19 septembre 2016 sur ce blog.