Citations

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jeudi 26 janvier 2017

« Lapse » de Moshe Ninio


Le Musée d’art et d’histoire du Judaïsme (MAHJ) présente l’exposition Lapse de Moshe Ninio, composée de deux œuvres récentes Glass(es)(2010-2011), œuvre créée à partir de photographies, et Morgen (2010-2015), vidéo. Prix Maratier 2015, Moshe Ninio est un artiste israélien dont l’œuvre minimaliste exprime sa réflexion sur l’image.


« Si je m’approche de techniques obsolètes comme l’hologramme, c’est parce que je recherche plutôt des images faibles, fragiles, à la marge, mais capables de survivre, d’atteindre un certain degré de présence, d’existence. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas ce que l’image peut montrer, c’est sa nature, son degré de présence, sa relation avec le spectateur », a déclaré Moshe Ninio en 2001.

Moshe Ninio, né en 1953 à Tel-Aviv (Israël), « occupe une place singulière au sein du paysage artistique contemporain ». 

Il travaille à Paris et à Tel Aviv. Là, il enseigne aux Beaux-arts.

En 1994, il a participé à l’exposition Reflect on the Holocaust à Washington.

En 2001, la galerie Chantal Crousel a proposé sa première exposition individuelle à Paris. « Les œuvres sont toujours spectrales, qu'elles soient vidéographiques, photographiques ou holographiques, trois médiums principalement utilisés par l'artiste. Elles sont hantées par la réminiscence et participent dans ce phénomène aux deux opposées : l'apparition et la disparition. Le spectateur - avec son point de vue ou sa situation dans l'espace - peut occulter l'image, et fait entrevoir par cette ouverture un nouveau questionnement. C'est là le grand secret de l'œuvre de Moshe Ninio. Le dormeur surpris dans son réveil appréhende le monde chargé des rêves de la nuit ».

En 2015, le Santa Monica Museum of Art a présenté l’exposition Rainbow: Rug (Arc-en-ciel : tapis), de Moshe Ninio. Un hologramme d’un tapis partiellement plié du Moyen-Orient. Il y a un seul angle dans l’installation où l’image est pleinement visible, et les visiteurs doivent chercher cet angle dans l’espace.

Lauréat du prix Maratier 2015, Moshe Ninio « produit peu de pièces, qui sont le fruit d’une longue maturation et d’une minutieuse élaboration. Son travail tend à faire évoluer le statut de l’image vers un ailleurs, polémique ou même « spirituel ».

Moshe Ninio « a choisi d’intituler son exposition « Lapse ». Le terme anglais revêt le sens français d’«intervalle de temps», mais aussi celui de temps condensé, compressé, accéléré, par réduction de l’expression time lapse. Le procédé est fréquemment utilisé en cinéma numérique, notamment pour évoquer en une brève séquence l’écoulement du temps. Ainsi, l’artiste nous invite-t-il ici à penser l’effet du temps sur les processus historiques, à l’instar des effets de l’érosion sur les ruines archéologiques ». 

Le mahJ « présente deux cycles d’œuvres récentes : Glass(es) (2010-2011), Morgen et son extension, Décor: Morgen_Appendix (2010-2016) ».

Moshe Ninio « s’y livre à partir d’images existantes à une exploration « médico-légale » qui fait vaciller un objet muséal et une archive audiovisuelle du statut de « vestige » historique à celui d’abstraction inquiétante », le « statut de « vestige » historique – ici d’un objet muséal, d’une archive audiovisuelle, datant l’un et l’autre des années 1960 – et en réactive le sens ».

Glass(es) « est une œuvre conçue à partir de photographies prises depuis l’arrière de la cage de verre dans laquelle fut protégé Adolf Eichmann lors de son procès à Jérusalem en 1961 et qui est aujourd’hui exposée dans un musée en Israël. C’est une séquence ordonnée, composée de trois pièces qui sont autant d’étapes d’un processus au cours duquel des manipulations simples – duplication, superposition – font apparaître, au centre de l’image, une ombre menaçante, un fantôme ».

Morgen « est une vidéo projetée sur un double écran ». Il « a été conçu pour une exposition intitulée « Shibboleth », à la galerie Dvir de Tel-Aviv, en référence au poème éponyme de Paul Celan et à un épisode biblique (Juges XII : 4-6), où le défaut de prononciation d’un mot de passe signe l’arrêt de mort des membres de la tribu d’Ephraïm ».

En 1965, la remarquable Esther Ofarim (Le vent et la jeunesse, Un Prince en Avignon) « est la première chanteuse israélienne à se produire à la télévision allemande. Cette prestation est perçue en Israël comme une trahison ». 

Elle interprète Morgen ist alles vorüber (« Demain tout est fini »), une « chanson apprise phonétiquement ». Moshe Ninio « pratique sur la vidéo originale deux interventions qui en renforcent la dramaturgie : il la recadre sur deux écrans verticaux, faisant passer et disparaître la chanteuse d’un côté à l’autre, mettant ainsi en scène sa « transgression ». La plus « chirurgicale » de ces interventions consiste à retravailler numériquement le mouvement original de la caméra.

Et Moshe Ninio « fait le point sur la fraction de seconde où elle peine à prononcer une syllabe allemande – muss (doit) ». Cet instant bref « devient le climax de sa prestation ». Cet accroc évoque l’épisode biblique où le défaut de prononciation du mot de passe shibbolet permet de distinguer les Éphraïmites et signe leur arrêt de mort ».

Décor: Morgen_Appendix, « ancrage physique de l’œuvre vidéo, est le « remake » d’un détail des « coulisses » du plateau – un décor cinético-optique – devant lesquelles se produit Esther Ofarim ».
         

Du 28 septembre 2016 au 29 janvier 2017
Anciennes écuries
71, rue du Temple 75003 Paris
Tél. : (33) 1 53 01 86 60
Mardi, jeudi, vendredi de 11 h à 18 h. Mercredi de 11 h à 21 h. Samedi et dimanche de 10 h à 19 h
Entrée libre

Visuels 
Moshe Ninio Glass II, 2012
Impression jet d'encre pigmentaire, 105,5 x 72 ,5 cm
Œuvre acquise en 2013 avec le concours d’un groupe de collectionneurs et la participation du Fram-Île-de-France

Moshe Ninio, Décor: Morgen_Appendix
2015-2016
Capture d’écran, impression jet d’encre sur aluminium
Trois éléments
220 x 123 cm chacun
Photo Aurélien Mole

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Les citations sont extraites du communiqué de presse.

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