Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 27 juin 2025

« Les Immortels » par Éric Toledano et Olivier Nakache

À l’occasion du 80e anniversaire de la libération des camps, le Mémorial de la Shoah présente l’exposition « Les Immortels ». Cinq rescapés européens de la Shoah - Larissa Cain, Judith Elkán, Ginette Kolinka, Yvette Lévy et Léon Placek – témoignent en étant filmés par les réalisateurs Éric Toledano et Olivier Nakache. Chacun s’adresse à un lycéen souvent issu de la diversité et chargé de transmettre sa mémoire. Entrée gratuite. 

« Julia Pirotte, photographe et résistante »
Régine Stépha Skurnik, ancienne combattante volontaire de la Résistance
Vichy
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 
Pierre Dac. Du côté d’ailleurs
Des enfants juifs cachés sous l'Occupation
Après la Shoah. Rescapés, réfugiés, survivants 1944-1947 
« La Babel des enfants perdus » par Théo Ivanez
Le Musée de la Libération de Paris - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin 

« À l’occasion du 80e anniversaire de la libération des camps, le Mémorial de la Shoah rend hommage aux derniers survivants à travers une série de cinq capsules vidéo inédites réalisées par Éric Toledano et Olivier Nakache. »

Il s'agit de recueillir les témoignages des derniers rescapés de la Shoah, et d'assurer la transmission de leur mémoire par des jeunes. Et ce, dans un but de contribuer à la lutte contre le négationnisme.

« Chaque film met en scène la rencontre entre un.e jeune et un.e rescapé.e. » Pourquoi un communiqué de presse en écriture inclusive ? Ces jeunes sont souvent issus de la diversité. 

« Dans ces échanges, Larissa Cain, Judith Elkán, Ginette Kolinka, Yvette Lévy et Léon Placek partagent leur expérience des persécutions antisémites et de la déportation. En conversant avec les jeunes, ils offrent une transmission intime et vivante de leur histoire. »

Tous ces rescapés sont des ashkénazes ayant vécu sur le continent européen. Et les deux réalisateurs de ces vidéos sont sépharades.

Le Mémorial de la Shoah n'a pas recueilli le témoignages de sépharades ayant vécu dans les départements et protectorats français d'Afrique du nord. Pourquoi ? C'est le Musée Mémorial de la Shoah à Washington qui a enregistré, en audio, ces souvenirs durant leur jeunesse en Tunisie de rescapés sépharades de la Shoah. 

En occultant ces rescapés de la Shoah ayant subi l'occupation nazie en Tunisie, le Mémorial de la Shoah présente une vision partielle, européenne, de la Shoah, et qui ne gênera pas les "jeunes issus de la diversité" et l'Histoire officielle "islamiquement correcte".

« Parallèlement aux capsules, les visiteurs sont invités à découvrir les archives personnelles, riches et essentielles, des derniers témoins de la Shoah. »

Cette exposition « questionne ainsi les évolutions de la mémoire et de la transmission indispensable de cette tragédie aux jeunes générations. »

Le « dossier pédagogique a été conçu comme un accompagnement à la diffusion en classe d’une ou plusieurs vidéos des Immortels d’Eric Toledano et Olivier Nakache. » Ce dossier comprend des biographies de chaque témoin, des chronologies ainsi que des éléments de contextualisation. À la fin du dossier, se trouvent plusieurs activités pédagogiques à destination des élèves. Elles peuvent être adaptées en fonction de leur niveau (une section pointe les liens possibles avec différents enseignements des programmes scolaires de la 3e à la terminale). Les films peuvent être visionnés ensemble, mais les enseignants ont aussi la possibilité d’aborder séparément les témoignages avec vos élèves. À cette fin, le présent dossier a été structuré de manière à ce qu’ils puissent facilement retrouver les éléments se rapportant à chacun des parcours ».

Dans la chronologie, la carte de la France le 10 juillet 1940 omet ses départements et protectorats (Tunisie, Maroc) d'outre-mer. Idem en page 16. Or, le statut des juifs s'est aussi appliqué au Maroc, en Algérie et en Tunisie.

En page 29, le dossier pédagogique évoque le procès d'Eichmann à Jérusalem, sans localiser la ville en Israël.



Crédits: 
“EN THERAPIE’’
Interprété par Yuksek
Composé par Yuksek
Édité par Chativesle, Federation Music, Explosante Fixe, Les Films du Poisson avec la participation de Velvetica Music

INTERVIEW DES RÉALISATEURS

« -Qu’est-ce qui vous a motivés à vous engager dans ce projet de la série « Les Immortels » et à qui s’adresse-t-il ?
Notre motivation première, c’est un sentiment déjà ancien d’inquiétude qui envahit, chaque fois, quand on apprend la disparition peu à peu de derniers témoins de la Shoah. Chaque départ est un éloignement toujours plus grand, plus douloureux, de leurs récits, comme une extinction de leurs voix.

Comment aborde-t-on le tournage avec un témoin de la Shoah ? Quelles précautions prenez-vous, ou au contraire choisissez-vous parfois de ne pas prendre, pour capturer l’authenticité de leur récit tout en respectant leur histoire et leur vécu ? 
La première étape, c’est la rencontre. L’idée est d’éviter le neutre, le tiède. On cherche un cadre aussi intime que possible, le mieux étant au domicile de l’interviewé. Un environnement proche, personnel, humain. Établir une relation pour engendrer la confiance. Parce que l’une des clés c’est que les jeunes ne connaissent pas encore celles et ceux qu’ils vont interroger. Donc, lorsqu’on voit la porte qui s'ouvre, la rencontre se produit réellement pour la première fois. On a un besoin crucial de la vérité de cet échange. Sans cette spontanéité, le témoignage n’a pas la même force, la même profondeur. C’est comme un pari qu’on se lance, parce que, si la chimie réussit, on voit une sincérité dans la connexion et c’est là que notre démarche prend toute sa dimension. L’autre précaution, toujours pour s’assurer autant que possible de l’authenticité, tout en respectant l’histoire et le vécu du témoin, c’est un rendez-vous de préparation, cette fois uniquement avec nous deux. On définit le cadre, les attentes. Parallèlement, on rencontre aussi le jeune qui va réaliser l’interview pour le préparer, au thème à aborder, discuter librement sur tout ce qu’il peut se passer pendant un tel échange qui sera filmé. Et la discussion porte évidemment un éclairage sur la période. Avec tous les jeunes, on a eu l’honneur d’être reçus au Mémorial de la Shoah avec le directeur Jacques Fredj qui nous a présentés un exposé d’une grande valeur. Ce travail en amont a été très important pour aborder le travail et espérer une rencontre respectueuse et enrichissante. 

- En quoi la rencontre entre deux générations aussi éloignées, celles des rescapés de la Shoah et des jeunes d’aujourd’hui, a-t-elle influencé votre manière de filmer ? 
On n’a pas modifié fondamentalement notre approche. Un tournage reste un tournage. La mission reste la même : « capturer ». En revanche, on a insisté sur certains aspects, les non-dits, les silences, les regards, les ressentis. On s’est servi d’une phrase d’Emmanuel Lévinas souvent employée lorsqu’on fabriquait En thérapie : “Le visage parle”. Un silence, un regard exprime parfois bien plus que des mots. Le non-dit qu’on trouve parfois davantage dans un geste, une expression, même dans un silence. Pour être « au plus près » : la réaction, de chacun des deux côtés de l’interview, nous avons privilégié des plans serrés, rapprochés. Techniquement, on a aussi porté une attention particulière à la lumière. Naturelle. Sans artifices. Toujours pour refléter le spontané, l’authentique de la rencontre. On rend hommage au travail subtil d’Augustin Barbaroux, à la fois sur le cadre et l'éclairage. Grâce à ses choix, c’est l’image elle-même qui est devenue un témoin de ces échanges uniques. 

- Qu’est-ce que le cinéma peut apporter à la transmission de la mémoire et de l’histoire de la Shoah ? 
Le cinéma, le documentaire est multiple. Transmettre en est une de ses vertus. Maintenir. Revivre. Les voix, les visages. La magie c’est que les témoins ne vieillissent pas. Ils ne disparaitront jamais. Le passé ne passe pas, au contraire : il reste vif parce que, très rapidement, on comprend qu’il nous concerne. Évidemment, l'initiative de Spielberg, son projet de mémoire de la Shoah, a ouvert la voie. Grâce à sa vision, la parole continue de vivre. Aucun passé n'est plus enterré. Effacé. Ce serait la pire des situations. Le risque qu’on combat aussi, c’est de déformer. Le négationnisme est un poison violent, un crime abject. 80 ans après, on doit préserver le vécu. Les rescapés sont comme une bouée de secours, leurs témoignages, leurs expressions, une assurance contre tout le fake qui nous entoure et nous menace. La captation sert aussi à ça : rester incandescent. Malgré les années, demeurer immédiat. Un dialogue direct. Comme dans une même famille. Un relais sans filtre. Un flambeau, au-delà du temps, intense, touchant. Une main tendue. Une solidité. Une permanence. 

- Êtes-vous inquiet sur la perception et le devenir de cette histoire auprès des jeunes générations ? 
Bien sûr. Les jeunes s’éloignent. La Shoah c’est la faillite absolue. Comme d’ailleurs pour tous les génocides du 20e siècle. Ce qu’on a apprécié aussi dans le travail du Mémorial de la Shoah, c’est qu’il évoque aussi les autres génocides, en Arménie, des Tutsi au Rwanda. Chaque tragédie est, aussi, un peu la nôtre. Nous tenons absolument à les garder présents. L’ennemi c’est l’ignorance, ou pire l’indifférence. Pour avancer, pour éduquer, pour préparer l’avenir, on connaît l’impératif : étudier ces tragédies, leurs contextes, leurs mécanismes. Les pièges dans lesquels, sans vigilance, on peut tomber si facilement. Le danger, autour de nous, c’est ce malsain mélange entre vrai et faux, vérité et mensonge qui sont entrelacés. Les réseaux qui déforment tout. L’IA, les deepfake qui engendrent la confusion. En tant que créateurs, nous avons voulu affronter notre responsabilité : déjà rendre l’honneur que méritent ces femmes et ces hommes, et enfants, qui, quand ils n’ont pas disparu, ont, au mieux, traversé ces épreuves inimaginables. Qui ont connu dans leur chair, la véritable signification de ces mots aujourd’hui galvaudés : totalitarisme, fascisme. La cruauté de la barbarie. Mais aussi préserver. Relayer. Combattre l’oubli qui mène à reproduire. C’est aussi pour cela qu’on a été heureux de réaliser ces modules. Transmission et vigilance. »

BIOGRAPHIES

Ginette Kolinka
« Ginette Cherkasky est née à Paris le 4 février 1925. Son père, Léon Youda Cherkasky, fabricant d’imperméables, est né en 1883 à Paris. Sa mère, Berthe Fairstin, couturière, est née en 1889 à Pitesti en Roumanie. Benjamine d’une famille de sept enfants, composée de six filles et d’un garçon, Ginette grandit dans le 11ᵉ arrondissement de Paris, au 8 rue d’Angoulême, après un passage par Aubervilliers. Elle fréquente l’école de la rue Amelot et obtient son certificat d’études. 
En juillet 1942, pour fuir les arrestations, la famille franchit clandestinement la ligne de démarcation et s’installe à Avignon, au 72 rue Joseph Vernet. Ginette travaille alors avec ses parents et ses sœurs sur les marchés. Le 16 janvier 1943, sa soeur Léa est arrêtée à Paris et déportée à Auschwitz-Birkenau par le convoi n°48, où elle périra. 
Le 13 mars 1944, Ginette est arrêtée à Avignon avec son père, son frère Gilbert, 12 ans, et son neveu Georges Marcou, 14 ans, par des agents de la Sipo-SD et de la Milice. Ils sont détenus à la prison des Baumettes à Marseille, puis transférés à Drancy avant d’être déportés à Auschwitz Birkenau par le convoi n°71, le 13 avril 1944. À leur arrivée, son père et son frère sont assassinés. Ginette est sélectionnée pour le travail forcé parmi 91 femmes, tandis que Georges est envoyé au camp des hommes. 
En octobre 1944, elle est transférée au camp de Bergen-Belsen, puis, en février 1945, dans une usine de matériel aéronautique à Raguhn, près de Leipzig. En avril 1945, elle est envoyée au camp-ghetto de Terezin, où elle contracte le typhus. Elle est libérée par l’Armée rouge le 9 mai 1945. 
Rapatriée à Lyon le 3 juin par avion sanitaire, Ginette rentre à Paris le 6 juin, en passant par l’hôtel Lutétia. Elle retrouve sa mère et quatre de ses sœurs. À son retour, elle ne pèse plus que 26 kilos. 
Elle reprend le travail sur les marchés et, en 1951, épouse Albert Kolinka, ancien prisonnier de guerre. Le couple aura un fils. À partir des années 2000, Ginette décide de témoigner auprès des jeunes et accompagne des voyages éducatifs à Auschwitz. »

Léon Placek 
« Léon Placek naît le 19 août 1933 à Hussigny Godbrange, en Meurthe-et-Moselle. Son père, Ajzyk Pinkus Placek, dit Paul, est cordonnier et militant communiste. Né en 1906 près de Varsovie, il a immigré en France où il rencontre Ida Szmul, née la même année à Turek, près de Lodz. Très pratiquante, Ida quitte la Pologne en 1926 pour rejoindre une soeur déjà installée en Meurthe-et-Moselle.
Le couple se marie et s’installe dans une maison avec jardin. Léon a un frère cadet, Max, né en 1935. Lorsque la guerre éclate, la famille, vivant près de la ligne Maginot, est évacuée à Civrac-en-Médoc, en Gironde. 
Ajzyk s’engage dans la Légion étrangère, mais est fait prisonnier en 1940 et envoyé au stalag 11B, en Allemagne. Ida et ses fils s’installent en 1942 chez sa sœur à Paris, dans un petit appartement rue Pajol, l’étoile jaune. 
Léon se souvient de son exclusion des lieux publics, comme le square Hébert. 
En 1943, la famille est brièvement arrêtée, mais relâchée grâce au statut d’Ida, reconnue comme femme de prisonnier de guerre. En février 1944, ils sont à nouveau arrêtés à leur domicile et internés au camp de Drancy. Le 2 mai 1944, Ida et ses fils sont déportés par le convoi 80A vers Bergen-Belsen. Léon a 11 ans, Max, 9 ans. Dans le camp, surnommé le "camp de l’étoile", ils survivent au froid, à la faim et aux privations, soutenus par leur mère. 
Peu avant la libération de Bergen-Belsen, la famille est transférée par train vers le camp de Terezin. Après deux semaines d’errance, ils sont libérés le 23 avril 1945 à Tröbitz, au nord de Dresde, par l’armée soviétique. Léon contracte le typhus et tombe dans le coma pendant quinze jours. À son réveil, il apprend la mort de sa mère, victime des mauvais traitements subis. 
Le 23 juin 1945, Max et Léon sont rapatriés à Paris et passent à l’hôtel Lutétia. Ils s’installent d’abord chez leur oncle, puis rue Polonceau avec leur père, qui reprend son métier de cordonnier. Léon poursuit ses études au lycée Jacques-Decour. En 1963, il se marie avec une ancienne enfant cachée. Le couple aura deux fils. Léon Placek rejoindra l'Amicale de Bergen-Belsen pour témoigner de son histoire. » 

Judith Elkan Hervé
« Judith Steinbach-Molnar naît le 15 mars 1926 à Oradea, en Roumanie. Son père, Rudolf Molnar, ancien officier de l’armée austro-hongroise durant la Première Guerre mondiale, est né en 1888 à Kirchvarda en Hongrie . Après la guerre, il devient directeur d’une aciérie et exploitant forestier. Sa mère, Edith Leimdorffer, née en 1905, transmet à Judith un attachement aux traditions juives, tout en vivant dans un cadre assimilé. Fille unique, Judith partage une relation privilégiée avec sa tante Régine, la soeur de son père. 
Judith grandit dans un environnement bilingue, maîtrisant le hongrois et le roumain. Scolarisée dans une école mixte, puis au lycée d’État, elle se lie à des amis juifs et non-juifs. Elle apprend également le français et l’anglais, témoignant d’une éducation ouverte et ambitieuse.
En 1944, les mesures antisémites bouleversent leur quotidien. Rudolf perd son emploi, et des gendarmes hongrois font irruption chez eux pour confisquer leurs biens, forçant ses parents à retirer leurs alliances. Judith obtient son baccalauréat le 1er mai 1944, mais, quelques jours plus tard, le 5 mai, la famille est arrêtée et enfermée dans le ghetto d’Oradea. Ils espèrent encore être envoyés dans des camps de travail en Hongrie. Pourtant, les brutalités commencent : sa tante Régine, emmenée hors du ghetto avec d’autres chefs de famille, est torturée avant de se donner la mort en ingérant du poison. 
Le 30 mai 1944, Judith, ses parents et sa grand-mère sont déportés à Auschwitz-Birkenau. Surplace, des détenus conseillent aux familles de se présenter comme aptes au travail et de laisser les enfants avec les plus âgés. Judith, ses parents et sa grand-mère subissent la sélection : Rudolf et Edith sont jugés aptes au travail, mais la grand-mère et une autre tante sont assassinées à leur arrivée. 
Au camp, Judith et sa mère survivent en s’appuyant sur une solidarité indéfectible. La première nuit dans leur baraque du camp C, Judith rêve de sa tante Régine, qui lui murmure : « Je suis morte pour que tu vives ». Avec le soutien constant de sa mère, elle échappe à plusieurs sélections et réussit à éviter un Kommando extérieur en se dissimulant. 
En novembre 1944, elles rejoignent clandestinement une sélection de 500 femmes pour le camp-usine de Zittau en Saxe. 
Début mai 1945, les gardiens allemands quittent les lieux. Judith et Edith partent à pied avec un groupe de 50 femmes. Elles sont libérées par les Soviétiques et arrivent à Budapest d’où elles rejoignent Oradea. 
Après la guerre, elles apprennent que Rudolf a été transféré à Mauthausen où il a été assassiné.
Edith travaille dans une épicerie et Judith poursuit des études de sociologie et de psychologie à l’université de Cluj. Elle gagne Paris en 1947, où sa mère la rejoint. En 1950, Judith épouse Lazlo Elkan, dit Lucien Hervé, photographe. Ils auront un fils. »

Larissa Cain
« Larissa Sztorchan naît le 8 octobre 1932 à Sosnowiec, en Pologne, au sein d’une famille ancrée dans des traditions juives et un engagement politique affirmé. Sa mère, Dorka Tenenbaum, née en 1903 à Czestochowa, et son père, Jakob Hersch Sztorchan, né en 1904 à Dombrowa, appartiennent à une génération portée par les idéaux sionistes. Dorkaimmigre en Palestine mandataire en 1921, où elle travaille dans un kibboutz, avant d’être expulsée en1929 par les autorités britanniques pour ses activités politiques. 
Jakob, ouvrier, suit un parcours similaire. Après avoir rejoint la Palestine en 1923, il rencontre Dorka dans le cadre du mouvement de jeunesse Hashomer Hatsaïr, avant d’être lui aussi expulsé en 1929.
De retour en Pologne, Dorka et Jakob se marient en1930 et s’installent à Varsovie en 1934, où ils tiennent une confiserie rue Mylna, dans le quartier juif.
Ils mènent une vie active et multilingue, parlant polonais, yiddish et hébreu. 
L’irruption de la Seconde Guerre mondiale transforme leur existence. Lors de l’invasion de la Pologne en septembre 1939, Jakob fuit temporairement en URSS, mais revient à Varsovie peu avant que les autorités allemandes ne mettent en place le ghetto en octobre 1940. La famille, désormais confinée dans un petit deux-pièces avec sept autres personnes, fait face à des conditions de vie drastiques : famine, maladies et répression omniprésente. 
Malgré tout, Larissa, alors âgée de neuf ans, parvient à fréquenter une école clandestine. 
En juillet 1942, les premières déportations vers Treblinka commencent. Les rafles se succèdent et, en septembre, Dorka est arrêtée sur son lieu de travail. Grâce à son oncle Mayer et son réseau de résistants, Larissa parvient à quitter le ghetto clandestinement en décembre 1942. Son père, de son côté, s'évade en janvier 1943, mais leurs chemins se séparent définitivement.
Larissa passe la fin de la guerre cachée dans plusieurs refuges, notamment une ferme en Galicie et chez des membres du réseau de son oncle. En janvier 1945, elle est libérée et placée dans un orphelinat juif. Sa tante Sophie et son oncle Zanwel, seuls survivants de sa famille avec leur fille Irène, la retrouvent en 1946 et l'accueillent à Nancy.
En France, Larissa reprend ses études et obtient un diplôme en chirurgie dentaire. Elle épouse en 1956 Hubert Cain, ingénieur, avec qui elle aura trois enfants. »

Yvette Lévy
« Yvette Dreyfuss naît le 21 juin 1926 à Paris au sein d’une famille originaire du Bas-Rhin. Son père, Lazare Dreyfuss, né en 1886 à Fegersheim, travaille aux Grands Moulins de Pantin. 
Sa mère, Mathilde Muller, née en 1892 à Struth, élève Yvette et ses deux frères, Simon, né en 1924, et Claude,né en 1928, dans le respect des traditions juives. En1937, la famille quitte Paris pour s’installer à Noisy-le-Sec, en banlieue parisienne.
Après l’exode de 1940, qui les conduit jusqu’à Tours, les Dreyfuss reviennent à Noisy-le-Sec, où ils subissent les premières mesures antisémites. Yvette, surnommée « Gypsie », est monitrice aux Éclaireurs Israélites de France et s’occupe de jeunes orphelins à Paris, jusqu’à leur dispersion dans la clandestinité. 
La nuit du 18 au 19 avril 1944, Noisy-le-Sec est bombardée par les Alliés. La famille, désormais sans toit, se sépare : les parents trouvent refuge chez une tante, tandis que Simon et Claude sont hébergés dans un foyer de l’Union des Israélites de France, rue de Montevideo, et Yvette, rue Vauquelin. 
Le 27 juillet 1944, la Gestapo arrête les 27 jeunes filles et les 8 adultes du foyer de la rue Vauquelin. Yvette est internée à Drancy pendant dix jours, puis déportée depuis la gare de Bobigny vers Auschwitz-Birkenau par le convoi n° 77 le 31 juillet 1944. A son arrivée le 3 août, elle est sélectionnée pour le travail. En octobre 1944, elle est transférée avec quatre amies au camp-usine de Weisskirchen-Kratzau en Tchécoslovaquie.
Le 6 mai 1945, le camp est abandonné par les SS. Yvette et ses camarades parviennent difficilement à organiser leur rapatriement en France. Contre toute attente, elle retrouve toute sa famille.
Après la guerre, la famille s’installe à nouveau à Noisy-le-Sec. Yvette travaille dans un magasin de linge de maison, puis épouse Robert Lévy en 1950. Ensemble, ils auront une fille. 
Dès 1946, elle adhère à l’amicale des anciens déportés d’Auschwitz. À partir des années 1960, elle témoigne régulièrement dans les lycées, à Drancy, au Mémorial de la Shoah et à Auschwitz, contribuant à transmettre la mémoire des événements qu’elle a vécus. »


Du 23 janvier au 30 juin 2025
Entresol
17, rue Geoffroy–l’Asnier. Paris 4e
Tél. : 01 42 77 44 72
Tous les jours, sauf le samedi, de 10h à 18h.
Nocturne jusqu’à 22h le jeudi.
Visuels :
Vue de l’exposition Les Immortels au Mémorial de la Shoah, basée sur les vidéos éponymes réalisés par Éric Toledano et Olivier Nakache.@ Mémorial de la Shoah - Photo Laurent Bagnis

Nadir Kherfi, Camille Marty, Anna Schneid-Corbier, Tara Joseph, quatre de cinq jeunes qui ont rencontré les rescapés Ginette Kolinka, Léon Placek, Larissa Cain, Yvette Levy et Judith Elkan-Hervé dans le film Les Immortels

Vue de l’exposition Les Immortels. @ Mémorial de la Shoah - Photo  Laurent Bagnis

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