
« War Story, 1995-1996 » de Mikael Levin
« 1945. L'ouverture des camps en Allemagne », par Serge Viallet
« Images de la libération des camps. Chronique d’un film inachevé », par André Singer
Filmer la guerre : les Soviétiques face à la Shoah (1941-1946)
« 1945. L'ouverture des camps en Allemagne », par Serge Viallet
« Images de la libération des camps. Chronique d’un film inachevé », par André Singer
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Albert Göring (1895-1966)
« Descendants de nazis. L’héritage infernal » de Marie-Pierre Raimbault et Michael Grynszpan
« Descendants de nazis. L’héritage infernal » de Marie-Pierre Raimbault et Michael Grynszpan
David Oler « naît à Varsovie le 19 janvier 1902 » dans une famille juive bourgeoise.
Agé de 13 ans, malgré le numerus clausus, il est admis à l'école des Beaux-Arts de Varsovie. Des musées et des galeries de Dantzig et de Berlin (Allemagne) exposent les gravures sur bois de cet adolescent de seize ans.
Bénéficiaire d'une bourse, il se rend à Dantzig puis en 1921 à Berlin (Allemagne). Il est alors recruté par le réalisateur Ernst Lubitsch à l'Europäische Film Allianz comme peintre, maquettiste et décorateur de studio.
Olère travaille aussi à Munich et à Heidelberg, puis en 1928 s'installe dans le quartier Montparnasse à Paris. Il se lie d'amitié avec de nombreux artistes et gagne sa vie comme affichiste et décorateur à la Paramount et pour Pathé-Nathan (Les Misérables, Tartarin de Tarascon en 1934). Il enseigne à l'académie de la Grande Chaumière (Paris VIe).
En 1930, il épouse Juliette Ventura, modiste. Le couple a un fils, Alexandre (1930-2010).
En 1937, il est naturalisé français sous le nom de « David Olère ».
« À la déclaration de guerre il est affecté au 134e régiment d’infanterie de l’armée française » à Lons-le-Saunier. Démobilisé, il devient chômeur quand la Paramount cesse son activité. Le statut des Juifs le déchoit de sa nationalité, et lui interdit d'exercer son métier dans le cinéma. Il est contraint de se faire recenser comme Juif - sa pièce d'identité porte la mention « Juif » -, de porter une étoile jaune.
« Arrêté le 20 février 1943 chez lui par la police française en 1943 dans les rafles de Juifs opérées en Seine et Marne, il est interné à Drancy. Le 2 mars 1943, il est déporté vers Auschwitz par le convoi 49 avec 1000 autres Juifs. » Peu après leur arrivée, 881 autres, hommes femmes et enfants sont assassinés dans des chambres à gaz. Olère fait partie des 119 personnes sélectionnées pour le travail - six survivront. Tous sont privés de leurs biens, rasés, tatoués, revêtus d'un pyjama rayé, et apprennent à marcher zu fünf (en rang par cinq).
« Ses talents d’illustrateur et sa connaissance de plusieurs langues – polonais, russe, yiddish, français, anglais et allemand – le rend utile aux SS. Il écrit pour eux des lettres à leurs proches dans une élégante calligraphie y ajoutant des illustrations. Il est cependant affecté de temps à autres au travail dans les crématoires ou au nettoyage des chambres à gaz. Häftling du Sonderkommando, il est alors le témoin de la cruauté sans limite des nazis. »
« Entre 1943 et 1945, quelques centaines de prisonniers juifs, immatriculés au camp d’Auschwitz, sont affectées au fonctionnement de l’appareil d’extermination mis en place à Birkenau. Il s’agit des membres du Sonderkommando. Intervenant dans les chambres à gaz et les crématoires, ils sont les témoins des évènements les plus occultés de l’extermination de masse. » Parmi les survivants du Sonderkommando, « commando spécial » : David Olère (Matricule 106144) qui a travaillé au Bunker 2 puis au Crematorium III. "Il est en premier lieu creuseur de fosses servant de fosses communes de crémation, alors à proximité des Bunkers, avant d'être un Häftling (détenu) principalement rattaché au K III, se trouvant à l’extrémité droite de la voie ferrée, pendant les 20 mois de son calvaire au Sonderkommando."
David Olère « y était notamment affecté aux corvées de poubelles, au vidage des chambres à gaz et fut, à ce titre, témoin des séances de déshabillage dans les vestiaires, de gazage mais aussi de récupération des dents en or et des cheveux des victimes, ainsi que de l'incinération des corps », explique Serge Klarsfeld, qui l'a bien connu et aidé après-guerre."
Témoins de la Shoah, les membres de Sonderkommandos sont régulièrement, environ tous les deux mois, tués pour éviter toute éventuelle divulgation sur cette phase de la Shoah à Auschwitz-Birkenau. Ils sont dirigés par des SS sadiques représentés dans les dessins d'après-guerre de David Olère : "Johann Gorges (1900-1971), Rottenführer à son arrivée à Birkenau et Unterscharführer (sous-officier de faible grade) à sa sortie ; Herbert avec le grade de Hauptscharführer ; l'Oberscharführer Erich Muhsfeldt (1913-1947), arrivant du camp de Majdanek, directeur à Birkenau les K II et III en juin 44 avant de devenir le chef de l’ensemble des crématoires ; l'Oberscharführer Peter Voss (1897-1976), chef des crématoires jusqu’en mai 44 puis des K IV et V ;O. Moll".
Polyglotte - yiddish, polonais, russe, français, anglais, allemand - « atout important, voire essentiel pour accroître les chances de survie dans le camp », il traduit aux Allemands, pressentant la fin prochaine du IIIe Reich, les nouvelles diffusées par la BBC. Ainsi, il apprend la libération de Paris et de Strasbourg.
« En janvier 1945 devant l’avancée des alliés, le camp d’Auschwitz est évacué et David Olère est emmené avec 50 000 déportés dans la « marche de la mort ». Il parvient au camp autrichien de Mauthausen, puis au camp annexe de Melk où il est astreint au travail dans des mines. Ses cinq essais d'évasion échouent. David Olère arrive au camp d'Ebensee (Autriche).
« Le 6 mai 1945 il est libéré par les Américains. » après la fuite des SS. Affaibli et traumatisé pour longtemps, il retourne alors à Paris, retrouve sa femme et son fils qui étaient cachés, et apprend ensuite que toute sa famille polonaise a été exterminée à Varsovie.
« L’artiste David Olère décrit minutieusement en cinquante dessins son expérience de la déportation, le processus complet de l’extermination des Juifs dans les chambres à gaz et les crématoires, les scènes atroces dont il a été le témoin. »
Le Mémorial de la Shoah « conserve une partie de ces dessins qu’il présente à l’occasion du 80e anniversaire de la découverte du camp d’Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 1945 par l’Armée rouge. »
« Ces dessins seront la base documentaire des peintures qu’il réalisera les années suivantes. Ils révèlent que, dans ces conditions atroces, de nombreux membres du Sonderkommando ont réussi à rester des hommes ».
David Olère "est le seul artiste à avoir travaillé comme membre du Sonderkommando et à avoir survécu. Dès sa libération, il dessine, peint ou sculpte. Au début, David Olère ne produit que des dessins (témoignage-documentaire) puis passe à la peinture à l'huile sur toile (témoignage-allégorie) quelques années plus tard. « Le travail de David Olère est à la fois d’une grande valeur artistique et d’une grande valeur informative grâce à son incroyable précision jusque dans les détails ». Il l'intitule Memento."
Ses "dessins d'Auschwitz, produits dès 1946, sont parfois les seuls documents visuels restants et ont une valeur documentaire exceptionnelle, particulièrement ceux représentant les chambres à gaz, les fours crématoires et leurs victimes. Aussi, lorsque des photographies d'époque faites par des SS ou des plans sont trouvés plus tard, par exemple de la salle des fours ou des bâtiments du crématoire, il s'avère qu'ils sont superposables aux dessins d'Olère, qui grâce à sa mémoire photographique, sont d'une « précision d'architecte ». Olère fournit par exemple des plans en coupe de ces installations, détruites sur ordre nazi peu avant l'évacuation du camp, afin d'expliquer comment fonctionnaient ces usines de mort."
David Olère "se représente parfois dans ses dessins, témoin fantomatique identifiable par son matricule 106144, notamment sur l'un d'entre eux en train de réaliser une marine sur un abat-jour de peau. Outre des scènes d'arrivée à Auschwitz comme son dessin en couleurs ternes représentant une famille épuisée et hagarde, intitulé Parisiens à Birkenau Auschwitz, des scènes de sélection (Selektion, en allemand) et de gazage, concernant des groupes ou des individus, il montre dans son travail les mines après l'évacuation de Birkenau, ou encore des scènes de prière, ayant rapidement croqué une étoile de David et une figure de Jésus sur du papier d'emballage pour ses camarades de baraque lors du dernier hiver passé à Auschwitz. Un dessin représente juifs et chrétiens priant côte à côte pendant qu'un prisonnier fait le guet, cette activité étant comme beaucoup d'autres interdite. Un autre dessin, Les Inaptes au travail, réalisé après 1945, renvoie au funeste destin des déportés ne pouvant travailler. Certaines de ses œuvres illustrent le témoignage de l'écrivain Shlomo Venezia (recueilli en 2006), sur son expérience concentrationnaire, le Sonderkommando et la révolte de ce dernier".
En 1952, Olère réalise Les Vivres des morts pour les vivants. "Cette huile sur carton mesurant 102 × 76 cm est exposée au musée de l'Holocauste à New York aux États-Unis. Le tableau, réalisé peu après la Seconde Guerre mondiale, montre un mouvement expressionniste."
"Après la guerre, ses œuvres ne semblent intéresser personne dans un premier temps. « Les peintures sont souvent crues et répulsives, les scènes horribles semblent repousser le public plutôt que de l'attirer. ».
Ses "œuvres sont parfois exposées de son vivant et après sa mort notamment au Musée des Invalides, au Grand Palais (1982) et au Mémorial de la Shoah (1995 et 2005 dans une exposition intitulée « Au Cœur de l’Enfer ») à Paris, au Musée juif de New York, au Musée de Berkeley, à Chicago ou en Russie,, également à Yad Vashem à Jérusalem (en 1997) mais le plus souvent, elles restent confidentielles dans les archives des musées. Sa peinture d'1m30 x 1m60 réalisée en 1960, considérée comme l'une de ses œuvres majeures et intitulée Gazage, est donnée à un musée new-yorkais mais n’est pas exposée pour autant. Dix-huit de ses tableaux sont offerts au Museum of Jewish Heritage de New York et un au musée de la résistance de Champigny-sur-Marne (1989), seul tableau exposé en France."
« La soixantaine de dessins qu'il effectue entre 1945 et 1949, et qui représentent les effroyables visions qui le hantaient, est aujourd'hui conservée entre la France (au Mémorial de la Shoah) et Israël (à Yad Vashem et au musée des Combattants du ghetto du kibboutz Lohamei HaGeta'ot) ». Eb 2017, le musée d'Auschwitz a acheté des œuvres de David Olère.
En 1989, Jean-Claude Pressac publie son ouvrage de référence Auschwitz: Technique and Operation of the Gas Chambers, en s'étant appuyé notamment sur les archives du musée d'Auschwitz-Birkenau en Pologne et sur l'œuvre d'Olère.
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« Aucune photographie n'existe de l'intérieur des bâtiments où femmes, enfants et vieillards étaient amenés à entrer dans de fausses salles de douche avant que n'y soit vaporisé le terrible Zyklon B... utilisé par les nazis pour les tuer » ; les œuvres graphiques de David Olère « complètent les témoignages des rares Sonderkommandos (une centaine au total pour l'ensemble des camps de mise à mort) à ne pas avoir été exécutés par leurs tortionnaires », et constituent des témoignages bouleversants, exposés dans des musées importants.
Coordination de l'exposition au Mémorial de la Shoah : Élise Petitpez, muséographe, Sophie Nagiscarde, responsable du service des activités culturelles du Mémorial de la Shoah
Du 23 janvier au 26 juin 2025
1er étage
17, rue Geoffroy–l’Asnier. Paris 4e
Tél. : 01 42 77 44 72
Tous les jours, sauf le samedi, de 10 h à 18 h
Nocturne jusqu’à 22 h le jeudi.
Entrée gratuite
Visuels :
Vers la mort.
David Olère
34 x 49,5 cm, 1945
Mémorial de la Shoah, Paris
Birkenau 1944. Pour écouter la BBC après minuit, par une brute emmené sans savoir mon sort, David Olère Crayon, 33,3 x 24,5 cm. 1949. Collection Mémorial de la Shoah Un groupe qui a réussi à se cacher fut retrouvé. David Olère 33 x 27 cm, 1946. Mémorial de la Shoah, Paris Vers la mort. David Olère 34 x 49,5 cm, 1945. Mémorial de la Shoah, Paris.
Un groupe qui a réussi à se cacher fut retrouvé.
David Olère
33 x 27 cm, 1946
Mémorial de la Shoah, Paris
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