Pour sa première exposition « hors les murs », le Pavillon de l’Arsenal, fermé en raison de travaux, présente, sous le parvis de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, « Lieux sacrés - Bâtir, Célébrer, Coexister » (Sacred Places – Building, Celebrating, Coexisting). "Frise de documents historiques, photographies contemporaines, plans d’architectures et dessins originaux grands formats... rappellent que le sacré, religieux et non religieux, façonne les quartiers et les parcours, de l’Antiquité à nos jours. Qu’il soit religieux, mémoriel ou naturel, le sacré prend de multiples formes architecturales et urbaines, montrant à quel point il demeure un élément central de l’urbanité." Ce patrimoine immobilier cultuel survit parfois difficilement aux mutations démographiques - vieillissement ou départs de fidèles, etc. -, aux coûts d'entretien et à des décisions peu compréhensibles de propriétaires (synagogue rue Copernic).
« Après l’incendie du 15 avril 2019, la restauration de Notre-Dame a rappelé la centralité du sacré dans la capitale. Le chantier scruté par les yeux du monde entier a montré que cette sacralité est bien vivante, qu’elle dépasse le champ du religieux sans jamais l’exclure, et qu’elle dit quelque chose de ce qu’est la ville. Une sacralité vivante qui transcende le religieux ».
« L’exposition Lieux sacrés invite à découvrir comment s’incarne aujourd’hui le sacré dans le Grand Paris et dans toute sa diversité à travers des regards pluriels, entre histoire, géographie et sociologie. Lieux religieux et non religieux, lieux de mémoire, sacré dans la nature : l’exposition explore les formes multiples que revêt aujourd’hui le sacré. »
« Alors que les années 1980-1990 présageaient une nouvelle ère pour les villes hors du religieux et des sacralités civiques, le sacré semble continuer à faire de la ville sa demeure et résisterait mieux que d’autres types d’espaces, quand bien même il serait l’objet de tensions contradictoires. »
« Le sacré comme fonction urbaine continue à marquer profondément les identités de la métropole parisienne globalisée, suivant des modalités qui entrent à la fois en continuité et en rupture avec les héritages des siècles passés. Des dizaines de chantiers d’édifices sacrés, religieux ou mémoriels, de restauration ou de construction, sont ouverts, surtout dans les périphéries de la métropole qui affichent, par leur dynamisme en la matière, une forme de rééquilibrage, face à la densité patrimoniale du sacré dans le centre urbain. »
« En parcourant une frise de documents historiques, de photographies contemporaines, de plans d’architectures et de dessins originaux grands formats, l’exposition Lieux sacrés - Bâtir, Célébrer, Coexister rappelle que le sacré, religieux et non religieux, façonne les quartiers et les parcours de l’Antiquité à nos jours. Il impulse des rites collectifs au sein de la ville, donne du sens aux actions individuelles et collectives et marque les lieux et les temps de la cité. »
Le commissariat scientifique de l’exposition créée par le Pavillon de l’Arsenal est assuré par Mathieu Lours, historien de l’architecture.
Exposition réalisée avec le soutien de la Ville de Paris, la Métropole du Grand Paris, EDF. En partenariat avec Le Parisien
UNE GÉOGRAPHIE SACRÉE
« Paris naît de la rencontre d’un fleuve, de la croisée de deux grands axes de passage nord-sud et est-ouest et d’une couronne de collines. Cette géographie, intimement liée à la croissance de la ville, fait l’objet d’une sacralisation dès l’époque gallo-romaine. Le pilier des Nautes, érigé au Ier siècle sur le port de Lutèce, rend hommage à l’empereur romain Tibère et à Jupiter. Les cultes aux dieux de la cité ont lieu sur le forum de la montagne Sainte-Geneviève et deux temples romains – l’un consacré à Mercure, l’autre, à Mars – sont édifiés sur la colline de Montmartre. Du nord au sud, ces lieux sacrés sont évoqués dans le récit de la vie de saint Denis, premier évêque de Paris, qui les sacralise successivement au début de l’ère chrétienne, forgeant l’itinéraire du pèlerinage qui subsistera jusqu’à la Révolution. »
« Les rois en font l’axe symbole de leur pouvoir, le parcours de leurs retours de sacre et de leurs cortèges funèbres. »
« D’est en ouest, la colline de Montmartre – avec son abbaye – et le mont Valérien – consacré dans l’Antiquité à la divinité Surisna – dessinent un autre axe qui deviendra, à partir de l’époque moderne, un symbole politique. La croisée formée par ces deux axes majeurs, dont les noms de rues se réfèrent encore aux grands saints, constitue autant de viae sacrae (voies sacrées) dans la ville médiévale. Quant au fleuve, églises et couvents fleurissent et parsèment ses rives du Moyen Âge jusqu’à nos jours, avec pour point focal la cathédrale Notre-Dame « posée sur la poupe » de l’île de la Cité. Cette géographie du sacré irrigue Paris. »
LE TEMPS DU SACRÉ
« Les églises, mosquées, synagogues et autres édifices religieux s’inscrivent dans une continuité historique, reflétant la richesse patrimoniale de la métropole parisienne. » Dans l'ordre chronologique, les synagogues ont précédé les mosquées, et mêmes des églises.
Ainsi, "la rue de la juiverie, aujourd’hui incorporée à la rue de la Cité, était le cœur du premier quartier juif de Paris dès le Ve siècle. Chassés de Paris en 636, les Juifs réoccupèrent cette rue deux siècles plus tard et s’étendirent dans le quartier. Elle était habitée principalement par des juifs riches. Ils édifièrent, au IXe siècle, une synagogue qui était située à l’emplacement du numéro 5 de la rue de la Juiverie dans l’angle avec la Rue des Marmousets-Cité. En 1183, Philippe Auguste expulsa les juifs du royaume de France et confisqua leurs bien. La synagogue devint l’église de la Madeleine-en-la-Cité. Au siècle suivant elle fut érigée en paroisse. Elle fut fermée en 1790, vendue en 1793 puis démolie durant la Révolution française. La partie de l’Hôtel-Dieu, côté rue de Lutèce, est sur son emplacement".
« Alors que le cœur de la ville abrite de grands monuments médiévaux et des constructions classiques des anciens faubourgs, les arrondissements périphériques accueillent des édifices des XIXe, XXe et XXIe siècles. »
« À mesure que l’on s’éloigne du centre de la ville, cette trame devient plus complexe, intégrant les lieux de culte d’anciens villages, puis, sans transition, ceux des XXe et XXIe siècles, tant dans les secteurs d’habitat individuel que collectif. »
« Les équipements cultuels accompagnent ainsi l’expansion de la métropole. Dès le XIXe siècle, celle-ci gagne en diversité religieuse grâce à la reconnaissance des cultes juif et protestant, suivie par l’arrivée de communautés chrétiennes orthodoxes et orientales, de croyants de l’islam ainsi que des religions bouddhiste et hindouiste. »
« Aujourd’hui, malgré une sécularisation de la société et une diminution de la pratique religieuse, ce foisonnement d’édifices du sacré engendre un véritable dynamisme architectural. La densité de la population et les nombreuses communautés – gardant des liens forts avec leur pays d’origine – amplifient ce phénomène au sein de la métropole. »
« Des mosquées et des temples évangéliques émergent, se mêlant au corpus significatif de projets catholiques érigés au cours des trente dernières années. La diversité des cultes et leurs styles architecturaux propres contribuent ainsi à forger l’identité monumentale de la métropole parisienne, tant dans ses zones centrales que périphériques. »
CÉLÉBRER
« Les rites qui se déploient dans l’espace urbain ou dans les édifices qui s’y trouvent font battre le cœur de la cité au rythme des fêtes, des moments de joie ou de recueillement. Les lieux sacrés abritent à la fois méditation individuelle et célébrations collectives. Ils ne peuvent être pensés sans que l’on porte un regard sur la vie qu’ils font naître. »
« Le reportage inédit du photographe Ferrante Ferranti donne chair à ces rites individuels et collectifs, et en révèle la beauté. Autour des sanctuaires assaillis par la foule, lors des grands rassemblements que reçoivent les lieux de culte, au sein d’édifices visibles ou cachés, le sacré foisonne dans la cité. Le photographe saisit ces instants qui participent au dynamisme de Paris et ses alentours. »
« Cette beauté exprime la relation de la métropole avec le monde grâce à la capacité de ce territoire à accueillir des communautés venues de tous horizons, et qui inscrivent la ville dans l’universel. »
« Ce reportage permet d’appréhender, de comprendre, de contempler cette rencontre entre la cité des hommes et la cité de Dieu, dans toute sa variété. »
« Des mosquées en passant par les synagogues, les églises coptes et arméniennes, des temples bouddhistes à ceux des hindous, ce sont autant de déclinaisons des sacralités vécues que le photographe capture, révélant les lieux qu’elles habitent et ceux qui les animent. »
RELIER ET COHABITER
« Comment les lieux sacrés s’inscrivent-ils dans l’espace urbain et s’articulent-ils avec l’espace public ? Comment le lien entre le sacré et le profane s’opère-t-il ? »
« Une première logique, celle de la séparation, peut s’appliquer de manière radicale, avec un édifice de culte en fond de parcelle, invisible depuis la rue. Une deuxième logique, celle de l’alignement, fait que tous les bâtiments, quels qu’ils soient, sont disposés sur une même ligne dans une rue, ou de façon rectiligne. Il en va ainsi de l’esplanade des Religions et des Cultures, en construction à Bussy-Saint-Georges. » Un projet relevant plus de l'incantation que fondée sur une réalité. Dans certaines grandes villes, des synagogues désacralisées sont vendues en raison du nombre devenu très faible de fidèles ayant quitté des quartiers peu sûrs. Elles sont parfois transformées en mosquées.
Longtemps, les synagogues étaient édifiées en France sans grande visibilité depuis la rue. Le 29 octobre 2019, le Centre Européen du Judaïsme (CEJ) à Paris a été inauguré en présence du Président de la République Emmanuel Macron, de le Dr. Joël Mergui, alors Président des Consistoires et initiateur du projet, du Grand rabbin de France Haïm Korsia, et de quelques centaines de personnalités juives, chrétiennes et musulmanes. Par son style, la synagogue rappelle celles édifiées dans les années 1950 aux Etats-Unis. Excentrée à Paris, elle vise à accueillir dans cette partie du XVIIe arrondissement de Paris les juifs français ayant du quitter des quartiers ou départements franciliens devenus dangereux depuis le déclenchement de l'Intifada II par Yasser Arafat en 2000. Un "exil interne".
« D’autres modalités d’inscription dans l’espace urbain facilitent la monumentalisation de l’édifice de culte : sa situation au sein d’un carrefour et, surtout, la présence, au-devant, d’une place ou d’un parvis. Cet espace antérieur peut être monofonctionnel, dédié uniquement à l’édifice religieux, ou alors être partagé entre plusieurs fonctions. »
« Il peut s’agir d’un espace structuré par le temps long ou imaginé comme tel par un aménageur. L’accessibilité, le stationnement, les circulations autour de l’édifice de culte sont aussi des questions fondamentales, différemment abordées suivant qu’il s’agit d’une ancienne construction ou d’une nouvelle. Le réaménagement des environs immédiats des édifices monumentaux est un enjeu majeur, comme le prouve le projet destiné aux abords de Notre-Dame de Paris, la cathédrale étant à la fois en connexion avec une place, inscrite dans un jardin et située le long de la Seine. »
PROTÉGER ET RESTAURER
« Les architectures sacrées s’inscrivent dans un certain paradoxe temporel. Vouées à « vivre » dans le présent, elles sont des héritages du passé à transmettre aux générations futures. Afin de garantir leur dimension patrimoniale et leur continuité fonctionnelle, il convient de les restaurer, de les entretenir et de les valoriser. »
« Les édifices sacrés représentent un véritable défi pour leurs propriétaires : qu’il s’agisse de l’État – pour les églises qui étaient cathédrales lors de la loi de séparation des Églises et de l’État de décembre 1905 –, des municipalités – pour les églises paroissiales et certains temples protestants et synagogues antérieurs à 1905 –, ou encore d’associations cultuelles – pour les édifices postérieurs à 1905. »
"Ouverte au culte en 1875, la Grande Synagogue de Paris fait partie des édifices cultuels dont la Ville de Paris est propriétaire. Pour ses 150 ans, une exposition y retrace son histoire".
Le 21 octobre 2021, le conseil d’administration de l’ULIF-Copernic (association propriétaire) et le cabinet d’architectes Valode et Pistre, chargé de « restructurer » l’édifice centenaire avaient déposé une demande de permis de destruction totale : façade, intérieurs de style Art Déco... Une association a été créée pour la protection du patrimoine de la synagogue rue Copernic (75016). "L’autorisation de démolition totale de la synagogue de la rue Copernic (Paris, 16e) avec sa salle de culte Art déco a été accordée" en 2024. La ministre de la Culture a refusé le classement de l'édifice.
Une pétition pour sauver l'édifice de la démolition a revêtu 12 769 signatures au 1er juin 2025: "Sans égard pour le patrimoine mémoriel et Art Déco de la salle de culte historique (un des deux seuls patrimoines Art déco synagogaux en France), il s’agît pour eux de construire à sa place un nouveau centre communautaire à l'architecture ostentatoire en rupture totale avec l’harmonie haussmannienne de la rue Copernic... D’autres communautés parisiennes (La Victoire, N.D.-de-Nazareth), qui ont souhaité rénover et aménager leurs espaces, ont eu le plus grand soin de ne pas détériorer leur patrimoine architectural. Pourquoi pas Copernic ! L’enjeu est aussi tout symbolique. Comment supporter que cette synagogue, qui a survécu à deux attentats, en 1941 et en 1980, soit aujourd’hui démolie ? Pire, ce projet est mené au nom des générations futures, comme si le judaïsme devait se dépouiller de son histoire pour mieux accueillir ses nouveaux venus sur un terreau vierge. C’est selon nous un contresens. Car si le judaïsme libéral se doit d’être tourné vers l’avenir, il cessera d’être juif s’il piétine l’héritage dont il est dépositaire. Ce tribut, empreint de souvenirs de joie comme de douleur, imprègne l’atmosphère à la fois solennelle et chaleureuse de la synagogue Copernic. L’épaisseur historique dont elle est porteuse est irremplaçable. Nous n’avons pas le droit d’en priver les générations futures."
L'association SOS Paris s'est indignée sur X, ex-Twitter, par la présentation du projet dans cette exposition : "Le nouveau Copernic. Projet de réhabilitation", alors qu'il s'agit de destruction totale. "La salle de culte Art déco n'est jamais montrée, ni dans cette expo qui aurait pourtant été l’occasion, ni pendant les journées du patrimoine. Elle est soigneusement dissimulée pour qu’on ne prenne pas conscience de sa valeur et qu'on puisse la détruire tranquillement."
Le 17 juin 2025, Laurent Strichard, administrateur de la synagogue Copernic, maitre d'oeuvre du projet, co-fondateur et directeur d'Open Partners, a répondu à mes questions. Il a déclaré que ce projet immobilier répondait à l'obligation de mettre la synagogue en conformité avec toutes les normes, notamment de sécurité et d'accessibilité aux personnes handicapées, de respecter les directives de la Mairie de Paris (une architecture correspondant à l'identité du lieu) ainsi que le souci d'accueillir un plus grand nombre de fidèles et un public non-juif curieux du judaïsme. La nouvelle synagogue conservera les décors Art Déco et bénéficiera de la lumière naturelle. Dans un but d'écoresponsabilité (empreinte carbone), la pierre de Jérusalem devant couvrir la façade pourrait être remplacée par une pierre en calcaire d'une carrière à Gennevilliers. En raison de la hausse des coûts des matériaux, le budget initial de 25 millions d'euros est en train d'être réévalué et sera communiqué fin 2025. Les responsables du projet sont ouverts au dialogue, et intéressés par des propositions.
« Ces chantiers de rénovation, mobilisant d’innombrables corps de métier (architectes, archéologues, tailleurs de pierre, maçons, charpentiers, couvreurs, verriers, facteurs d’orgues, artisans d’art, sculpteurs, restaurateurs, etc.), ponctuent la cité. Parmi les chantiers récents menés par la Ville de Paris, on peut mentionner la restauration en cuivre de la couverture des coupoles de l’église du Saint-Esprit, livrée en 2022. Aujourd’hui, deux programmes de reconstruction emblématiques montrent la capacité de l’architecture sacrée à retenir l’attention du grand public : la flèche en bois de la cathédrale Notre-Dame de Paris, réinstallée en décembre 2023, et la flèche en pierre de la basilique de Saint-Denis, dont le chantier a été lancé en début d’année 2025. »
RÉINVESTIR
« Certaines architectures bâties pour le religieux sont aujourd’hui entrées dans le domaine du profane. On observe qu’un édifice de culte affecté à d’autres usages reste souvent identifié comme sacré, s’avérant capable de conférer une aura de sacralité aux nouvelles fonctions qu’il abrite. »
« Au sein de la métropole, et par vagues successives, maintes constructions ont connu ce sort. Soulignons ici un paradoxe propre à l’agglomération parisienne : il s’agit en France d’un des territoires où les édifices cultuels sont assez peu nombreux à être inutilisés. Les réaffectations cultuelles y sont également plus fréquentes. En effet, depuis les années 1980, on tend à attribuer aux architectures sacrées des fonctions nobles et sacralisatrices, en particulier ceux qui entretiennent un lien avec les arts et la culture. À Paris, on peut mentionner l’exemple de l’église Saint-Eustache, laquelle accueille des œuvres d’artistes contemporains, comme, en 1994, La Semaine sainte, une installation de Christian Boltanski constituée de vêtements entassés sur le sol, ou encore l’ancienne église du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, affectée au musée du Conservatoire national des arts et métiers, dont la nef a été reconvertie en spectaculaire « salle des machines ».
« Cette logique s’accompagne d’une réflexion sur les usages culturels des lieux de culte, à condition qu’ils soient compatibles avec la fonction religieuse. Concerts, expositions, conférences peuvent être donnés dans les édifices et bénéficier de leur architecture sacralisée pour renforcer le pouvoir expressif de ces événements. »
COMMÉMORER
« La ville médiévale et moderne sacralise Dieu et le roi, tandis que celle du XIXe siècle glorifie la nation et l’histoire à travers la dimension monumentale de ses architectures. »
« Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la ville est devenue un espace mémoriel. Les drames et les héroïsmes de ce siècle ont conduit à donner un caractère sacré aux mémoires, et non plus seulement à l’histoire. Comment les architectes inscrivent-ils cette fonction dans la cité ? En sacralisant et en rendant intouchable l’espace lié aux événements vécus. »
« Le site revêt ici la plus haute importance, ainsi la colline sacrée du Mont-Valérien abrite depuis 1960 le Mémorial de la France combattante. À Paris, sur la pointe orientale de l’île de la Cité, le Mémorial des martyrs de la Déportation inauguré en 1962 s’ouvre sur la Seine, à proximité de laquelle il a été établi. »
« Ces monuments s’inscrivent parfois sur les lieux mêmes des drames, comme à Drancy ou à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, centres névralgiques de déportation vers les camps d’extermination nazis, dotés respectivement d’un Mémorial de la Shoah et du Mémorial de l’ancienne gare de déportation. »
« Au siège de l’Unesco, à Paris, dans un espace de méditation interreligieux sont rappelées les atteintes à l’humanité constituées par les bombardements atomiques de 1945. »
« Sur la place Saint-Gervais, le jardin du Souvenir commémore les attentats du 13 novembre 2015 en rendant hommage aux victimes. »
« La ville devient ainsi un lieu ponctué de respirations mémorielles. »
HONORER LES MORTS
« La place des morts dans la cité interroge la relation au sacré. Le cimetière constitue un espace intouchable au sein de l’agglomération. »
« Dans la cité antique, les nécropoles sont en dehors de la ville ; au Moyen Âge, pour reposer près des saints et de leurs reliques, clercs et fidèles se font enterrer dans ou à proximité des églises. »
« Au XIXe siècle, les cimetières sont à nouveau bâtis aux marges de la ville puis dans les communes voisines, à l’instar des cimetières parisiens extra-muros du Père-Lachaise ou encore du Montparnasse. En raison de la croissance urbaine, ils sont rapidement cernés par la ville et offrent, dès lors, de vastes respirations vertes et silencieuses, constituant des lieux de projection du rapport romantique à la mort au travers d’architectures funéraires, religieuses et mémorielles. »
« À partir du XXe siècle, les cimetières sont marqués par l’identité religieuse de communautés issues de l’immigration, comme à Thiais ou à Bobigny. »
« Aujourd’hui, le développement du rite de la crémation conduit à imaginer de nouvelles architectures : crématorium, columbarium ou encore « jardin du souvenir », où sont versées les cendres après incinération, lequel jardin fait de la nature le lieu d’une mémoire plus abstraite pour le défunt. »
« Au Père-Lachaise, on observe depuis plusieurs années l’apparition d’une véritable oasis de biodiversité dans l’espace urbain. »
Le refus d'utiliser des désherbants chimiques dans les cimetières parisiens a induit la croissance de plantes que des visiteurs avaient du mal à enlever.
SACRALISERLA NATURE
« Le poète Charles Baudelaire, qui parlait de la nature comme d’un temple, rappelle le parallèle existant entre le Créateur et la création. »
« Le siècle des Lumières a vu naître l’épanchement romantique sanctuarisant la nature, qu’illustrent les parcs et jardins à fabriques – constructions ornementales aux formes diverses, parfois extravagantes –, à l’exemple du Désert de Retz, dont le parcours évoque différentes cultures et courants de pensée. La sacralisation de la nature renvoie ici aux sacralités immanentes liées aux forces de la nature dans le Paris antique, au rôle fondamental des jardins intérieurs des cloîtres au sein des abbayes rurales et urbaines au Moyen Âge, ou encore à l’époque contemporaine comme l’incarne le jardin-forêt de la Bibliothèque nationale de France conçu comme le jardin d’un cloître. »
« Depuis quelques décennies, cette nature est toujours partie prenante du paysage de la métropole parisienne, où elle revêt des formes de sacralités nouvelles. »
« Dans nos sociétés modernes, le sport, la musique ou les arts visuels ont acquis un caractère sacré. »
« Malgré tout, les espaces naturels sont sans doute ceux qui s’apparentent le plus au sanctuaire inviolable (temenos), en grec ancien, à l’exemple de l’île d’Herblay sur la Seine, qu’aucun pont ni passerelle ne relie aux rives du fleuve. L’être humain y trouve une expérience qui naît à la fois de son appartenance à la nature, mais aussi à sa radicale séparation d’avec le cours de son existence. »
DES LIEUX ET DES LIENS
« Les lieux sacrés constituent des jalons au sein du Grand Paris. »
« Leur géographie forme un maillage très dense, que ce soit dans son centre ou dans sa périphérie. Unissant l’espace et établissant un lien temporel entre les héritages et la création architecturale contemporaine, les lieux sacrés permettent de lire la ville tel un espace continu, malgré les ruptures et les apports culturels successifs. »
« Patrimoniales ou récentes, ces architectures apparaissent toutes comme des éléments qualitatifs au sein de la ville actuelle. La dignité particulière associée à l’espace sacré contribue à l’enracinement des habitants dans leur ville, quelles que soient leur croyance, ou non-croyance, et la nature de la religion qu’ils pratiquent. »
« L’affirmation de la laïcité comme principe de vie commune, la sécularisation des sociétés, l’expression de la ferveur de certaines communautés dans l’ensemble des familles religieuses ne paraissent pas contradictoires dans ce contexte. »
« Même si la dimension religieuse d’un édifice sacré n’emporte pas l’adhésion de tous, l’esthétique du monument, les prouesses architecturales qu’il implique, les émotions qu’il suscite sont des éléments qualitatifs unanimement reconnus. »
« Ce creuset urbain des sacralités a conduit à l’affirmation d’architectures mémorielles et funéraires, à l’émergence de sanctuaires dédiés à la sacralisation des arts, de la culture, mais aussi de la nature. »
« De nouveaux espaces communs qui repoussent les limites du sacré, tout comme le sacré épouse les limites de la ville. »
6, rue de la Cité, 75004 PARIS
Entrée libre
7/7 jours de 10 h à 20 h
Visuels :
Affiche
Dessins © Aline Zalko
ARSENAL_LIEUX_SACRES_©11h45
Synagogue de la rue Pavée, Paris 4e, Hector Guimard, architecte, 1913-1914 ; photo Charles Lansiaux, 1917. © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Projet pour la façade de l’église Saint-Vincent-de-Paul, place Franz-Liszt, Paris 10e, Jacques-Ignace Hittorff, architecte, 1824-1844 ; dessin de Jacques-Ignace Hittorff, 1833. © Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris
Communauté juive libérale d’Île-de-France
Rue Moufle, Paris 11e
Célébration de Soukkoth, 18 octobre 2024
© Ferrante Ferranti
Temple Sivan Parvathi
Avenue Paul-Vaillant-Couturier
La Courneuve (93), Fête de Divali, 31 octobre 2024
LHay les Roses St Paul de la vallée aux renards PICOT PROUVE
1963. Église Saint-Paul-de-la-Vallée-aux-Renards, L’Haÿ-les-Roses (94), Paul
Picot, architecte, Jean Prouvé, ingénieur. © Photo : R. Manson, mars 1964.
Archives Chantiers du Cardinal
Basilique Saint-Denis, projet pour la reconstruction de la tour nord et de sa flèche ; perspective du projet. © 3D WNS-Studio / photo Julie Guiches
Les collections Transports du musée des Arts et Métiers, dans l’ancienne église Saint-Martin-des-Champs, restauré et réaménagé par Andrea Bruno et Luciano Pia, structure de la salle réalisée par François Deslaugiers, 1991-1999, Paris 3e, photo 2008. © Musée des arts et métiers-Cnam, Paris / photo M. Favareille
Cimetière du Père Lachaise, Paris 20e. © Romain Duflos / Ville de Paris
Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur l'exposition proviennent du dossier de presse.
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