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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
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vendredi 30 mai 2025

Inés Corbière a comparu devant le Tribunal judiciaire de Paris notamment pour « apologie du terrorisme »

Le 
21 mai 2025, Inès Corbière, fille âgée de 23 ans d’Alexis Corbière et de Raquel Garrido, anciens députés La France Insoumise (LFI), convertie à l’islam, a comparu devant la XVIIe chambre du Tribunal judiciaire de Paris. Elle était poursuivie pour « apologie du terrorisme », « provocation à commettre un délit ou un crime » et refus de remettre à la justice les codes de déverrouillage de ses deux téléphones portables. Et ce, dans le contexte de recrudescence d’antisémitisme dès l’agression djihadiste, notamment par le Hamas, en Israël le 7 octobre 2023. Elle a nié certains faits reprochés, et son père a témoigné en alléguant une instrumentalisation politique dont sa fille serait une « victime collatérale ». Me Xavier Sauvignet, avocat de la prévenue, a plaidé la relaxe en arguant que les visuels litigieux étaient des faux.

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Les « 20 octobre 2023 et 14 novembre 2023 », Damien Rieu, « lanceur d’alerte », avait publié  sur son compte X, ex-Twitter, des « captures d’écran et une vidéo qu’il avait » imputés à Inés Corbière, fille âgée de 21 ans d’Alexis Corbière, et de Raquel Garrido, alors députés LFI-NUPES (La France Insoumise-Nouvelle Union populaire écologique et sociale).

Il les commentait ainsi : 
« 🔴⚠️ Inès, l’une des filles de @alexiscorbiere et @RaquelGarridoFr incite à attaquer l’hommage aux victimes du #Hamas au #Trocadéro et qualifie de « plutôt chiants » des enfants otages israéliens. 
Convertie à l’Islam, elle porte parfois le hijab. 
#Israel #LFI »

Deux photos montraient Inés Corbière portant un hijab et un keffieh couvrant presque tout son visage.

Deux autres visuels attribuaient à l’un des comptes sur X d’Inés Corbière, celui au pseudonyme « Inứ » @babynesou, lié à l’adresse électronique de la prévenue, d’une part d’avoir écrit, le 9 octobre 2023 à 6 h 41, « Bon qui se chauffe pr aller casser du sioniste là » en commentaire d’un post annonçant la marche de soutien à Israël le 9 octobre 2023 à Paris. Et, d’autre part, il était reproché à la prévenue d’avoir écrit « Alors g ptet pas d’ame mais ils me font pas du tt de peine je les trouve mm plutôt chiants surtt les gosses » suivi d’une tête de mort. Cette opinion concernait le post  de Fdesouche.com du 8 octobre 2023 à 2 h 17 diffusant la vidéo montrant « une famille israélienne prise en otage dans sa propre maison par des terroristes du Hamas ». Ce deuxième post ne comportait pas de date. En bas et à gauche, figurait une tache jaune.

De nombreux Internautes avaient signalé ces posts choquants à Pharos.

Le 16 janvier 2024, une perquisition avait été effectuée au domicile des parents d’Inés Corbière où la jeune fille vivait.

Interpelée par la police, Inés Corbière avait gardé le silence durant sa garde à vue (16-17 janvier 2024).
Ces élus n’avaient pas répondu aux sollicitations de la police en arguant que leur fille était majeure.

Le 18 janvier 2024, ils avaient publié sur les réseaux sociaux un communiqué : ils y exprimaient « avec émotion » leur « compréhension et affection auprès de toutes les personnes choquées à la lecture des propos ». Non membre de LFI, leur fille « déteste et réprouve le racisme et l’antisémitisme », et était « ciblée par ce responsable politique d’extrême-droite », Damien Rieu, en raison du lien de parenté. Ils regrettaient la médiatisation de l’enquête et souhaitaient préserver leurs deux autres filles de l’attention médiatique. Ils étaient « contraints au silence » pour éviter tout risque d’influencer la procédure en cours.

Damien Rieu avait déclaré à la police avoir reçu ces posts. L’identité de l’expéditeur est inconnue.

Inés Corbière
En ce début d’après-midi du 21 mai 2025, grande était donc la curiosité suscitée par les explications d’Inés Corbière comparaissant devant la XVIIe chambre du Tribunal judiciaire de Paris. Mais les rangs de la salle d’audience étaient clairsemés ; peu de journalistes couvraient le procès. Assis sur le banc de la prévenue, ses proches, dont sa mère Rachel Garrido à la chevelure soigneusement teinte et au parfait brushing. Un avocat s’est plaint de n’avoir « pas de copie imprimée des conclusions » de Me Xavier Sauvignet, avocat d’Inés Corbière.

Agée de 22 ans, Inés Corbière devait répondre de ces délits : « apologie du terrorisme », « provocation à commettre un délit ou un crime » et refus de communiquer à la police les codes de déverouillage de ses deux téléphones portables. 

La prévenue est apparue à l’audience simple dans la tenue vestimentaire (pantalon bleu marine bouffant, T-shirt à manches courtes bleu de Prusse, bottes noires), et coquette dans les détails (longs ongles manucurés, bracelets). La voix plutôt faible, elle a nié être l’auteure des messages incriminés, et s’avérait prudente dans ses dires.

Lycéenne, Inés Corbière avait arrêté sa scolarité, puis l’a reprise quelques années plus tard et a obtenu l’équivalent du Bac à la Sorbonne Nouvelle. Elle souhaite devenir professeur d’espagnol et suit des cours à l’Alliance française. La Présidente a cité Raquel Garrido ayant évoqué « une adolescence difficile. Les deux parents étaient moins présents ». Inés Corbière a arrêté la consommation d’alcool, sans lien avec l’islam. « J’assumerai la décision judiciaire. Je suis inquiète », a dit Inés Corbière.

La Présidente a autorisé la projection de quelques minutes de la vidéo montrant une famille israélienne otages d’« hommes armés » (sic). Terrifiés, les parents et leurs deux enfants d’environ dix ans venaient d’assister à l’assassinat de leur jeune fille âgée de 18 ans par les djihadistes. Les mains du père étaient couvertes de son sang. A plusieurs moments, entendant des bruits de missiles, les parents ont protégé de leurs corps leurs enfants allongés sur le sol.

Les propos incriminés ? « Choquants, surtout concernant la vidéo » de la famille israélienne otage.

Les visuels litigieux « sont des images, pas des captures d’écran. Des images créées par une tierce personne… », a allégué Inés Corbière.

La Présidente a rappelé le droit au silence durant une garde-à-vue. Comment conciler ce principe avec la manifestation de la vérité ? Présidente de l’OJE (Organisation juive européenne), Me Muriel Ouaknine-Melki a souligné que si Inés Corbière « avait communiqué ses codes, on aurait pu trancher, et mettre fin à la garde à vue ». La prévenue a exprimé son désarroi lors de sa garde-à-vue. « C’est de ma faute. Inés a voulu préserver ses parents », assurait ensuite Alexis Corbière. « C’est de ma faute. J’ignorais si Inés Corbière que je ne connaissais pas avait commis les faits reprochés. Je lui ai conseillé de garder le silence », affirmait Me Xavier Sauvignet. 

Les enquêteurs pensent qu’Inés Garrido a aussi un compte sur Instagram, et qu’elle l’utiliserait via le téléphone portable de son compagnon. Ce qu’elle niait.

Aux demandes d’informations adressées par la justice, Twitter a opposé un refus.

A plusieurs reprises durant l’audience, elle a été coachée par son avocat, Me Xavier Sauvignet.
 
Exclue des poursuites judiciaires, une autre vidéo a été évoquée à l’audience : Inés Corbière y disait « Je suis antisémite, je m’en bats les couilles. J’assume ». Ces propos « sont sortis du contexte ». Elle était « en conversation avec un ami sur le conflit Israël-Palestine ». Elle a répondu « à une provocation » C’était « de l’ironie. Mon ami le dit en rigolant… C’était une blague entre nous... C’était maladroit… L’époque était différente ». A l’avocat de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) qui l’interrogeait : « Vous dites que vous ne le feriez pas d’ironie car la situation a changé en 2023. Pourtant il y a eu l’attentat à Toulouse en 2012 », Inés Corbière a répondu avoir entendu parler de l’attentat de 2015, sans avoir fait le lien avec Israël, et avoir répondu « à une blague de mauvais goût ».

Inés Corbière avait écrit dans un message envoyé via son téléphone, au nom de sa mère qui payait les factures : « C’est moi j’ai tenu des propos qui sont selon la loi antisémites et qui appellent à la violence, je pourrais pas faire de mouv + que porter plainte ça se retournerais grave contre moi mdrrr ». Un texte qui semblait se référer au twitt incitant à aller « casser du sioniste ». Ce qu’a nié Inés Corbière, évoquant une autre vidéo. A la Présidente bienveillante qui soulignait l’incohérence et l’invraisemblance de sa réponse, Ines Corbière s’est entêtée, et a maintenu sa réponse. Au risque de se décrédibiliser. 

« Sioniste » pour ne pas dire « juif » ? L’antisionisme est-il synonyme d’antisémitisme ? Inés Corbière a défini l’antisémitisme comme « la haine des juifs… La critique du gouvernement israélien est différente de l’antisémitisme ». 

A l’avocate de l’OJE qui lui demandait de définir le sionisme, Inés Corbière a énoncé doctement : « Le terme a évolué avec le temps. La définition à la base, c’est la solution à deux Etats. Aujourd’hui, le sens, c’est être en accord avec le gouvernement israélien… Je suis engagée. Comme tout le monde, je suis ce qui se passe ». Quelles sont ses opinions ? Elle « désapprouve l’action du gouvernement israélien ».

Elle a nié tout rapport entre sa conversion à l’islam et son engagement pro-palestinien.

Inés Corbière a porté « le keffieh en octobre 2022 au Maroc lors d’une promenade en famille dans le désert. »

Les 200 à 300 abonnés à son compte privé Twitter ? « La famille, des amis, des proches ». Un compte Twitter qu’elle a supprimé fin 2023, puis a rendu fonctionnel. « Comment effectuez-vous votre choix d’abonnés ? », a insisté la Présidente. « Des connaissances personnelles ».

Alexis Corbière
Puis Alexis Corbière, qui s’est présenté comme enseignant, a témoigné. Il a dit que sa « fille innocente » était la « victime collatérale d’une affaire qui la dépasse ». Il a évoqué un « affrontement politique avec un courant politique durant la candidature d’Eric Zammour », de « vives controverses ». Il a désigné « Damien Rieu, candidat militant engagé ,responsable de la campagne numérique » lors d’élection, « sa volonté d’atteindre le couple Corbière-Garrido, de nous décrédibiliser comme « couple de gauche le plus important », nous démasquer : « Inés aurait été biberonnée à l’antisémitisme ». Damien Rieu a levé beaucoup d’affaires. Il a été condamné pour harcèlement numérique. Il est très fort sur les réseaux sociaux, a ce savoir-faire ». Le twitt initial de Damien Rieu « a été adressé, par plusieurs Internautes, à Pharos ». Il a pointé la responsabilité de « militants d’extrême-droite, d’identitaires ». Blessé par « l’attaque contre sa fille », il a insisté sur « des montages photos, et non pas des copies écrans ». 

Lui, antisémite ? Non. Alors conseiller de Paris, il avait demandé que soit renommé  le collège Vincent d’Indy (75012), « auteur d’un opéra antisémite La légende de Saint-Christophe. Raquel Garrido a été députée de Drancy, une circonscription avec deux gares d’où ont été déportés les 9/10e des juifs de France. J’ai participé à toutes les commémorations. Durant mes vacances, j’ai visité le Struthof. Notre vie n’a rien à voir avec l’antisémitisme. Il y a de l’antisémitisme en France. Il faut être vigilant. »

La photographie d’Inés Corbière portant un keffieh ne révélant que son regard ? Elle « a été prise durant des vacances familiales au bord d’une piscine au Maroc », où lui-même avait porté « un keffieh lors d’une promenade en chameau ». L’antisémitisme à LFI ? Alexis Corbière a répondu en citant Dieudonné… Il a fustigé un débat de l’émission sur C8 Touche Pas à mon Poste (TPMP) où Cyril Hanouna aurait été « humiliant ». 

Les propos litigieux « sont ignobles, insoutenables », a jugé Alexis Corbière. Et la vidéo où Inés Corbière affirmait être antisémite ?, a interrogé la Présidente. Alexis Corbière a « contextualisé. C’est une mineure alcoolisée (rire dans la salle, Ndlr). Une soirée entre copains où on dit des bêtises, comme « je suis de droite ». Inés a dit « Ne filme pas ». C’est une manipulation, hors contexte. C’est une bêtise… Je suis sûr qu’un tiers des Français est allé au Maroc, et s’est fait photographié avec un keffieh… Nous avons fait plusieurs voyages au Maroc ». Pour « éviter l’effet Streisand », il a préféré « communiquer par une déclaration sobre plutôt que porter plainte contre Damien Rieu. Je veux qu’on arrête de parler de ma fille comme antisémite. J’espère que la bulle médiatique retombe ».

Présidente de Me Muriel Ouaknine-Melki l’interroge : « Votre fille victime. C’est votre perception ? »

Alexis Corbières : « Elle est une victime collatérale car elle est la fille de Raquel Garrido et de moi… Elle est victime d’une machination… Le Point avait publié quelques mois auparavant une double page sur une femme de ménage, esclave algérienne terrorisée ».

Me Muriel Ouaknine-Melki : « Après 19 mois, il n’y a pas de journalistes dans la salle… Il y a aurait plusieurs personnes dans la machination politique ? »

Alexis Corbière : « Le mal est irréparable. A jamais le nom de ma fille sera associé à l’antisémitisme quelle que soit la décision du tribunal ».

La Présidente : « Non ».

Alexis Corbière : « Des messages me traitent d’antisémite sur les réseaux sociaux. »

Me Frank Serfaty, avocat du BNVCA (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme) : « Je suis de droite », « Je suis de gauche » pourraient-ils entrainer son auteur devant le tribunal correctionnel ? »

Alexis Corbière : « Non. Je retire la comparaison maladroite. [C’est un] propos absurde par une mineure alcoolisée qui dit « ne me filme pas ». Vous avez eu 17 ans. C’est dégueulasse de la faire circuler… Ce sont des conneries de soirées d’adolescents ». 

Il a fustigé « une société où on peut voler l’image d’une personne à moitié bourrée… Quand je fais du porte-à-porte, je ne dénonce pas les propos racistes des habitants… J’ai été professeur en lycée pendant vingt ans. Il ne faut pas parler comme ça, ce n’est pas bien ».

« Inés Corbière n’était pas alcoolisée quand elle a trouvé « les enfants chiants » de la vidéo », a observé Me Aude Weill-Raynal, avocate d’Avocats sans frontière (ASF), qui a rappelé des dérives antisémites de membres de LFI. 

Plaidoiries
Les deux avocates de l’OJE ont rappelé le bilan tragique de l’agression djihadiste du 7 octobre 1200 morts, 251 otages, le père filmé dans la vidéo a été assassiné dans la bande de Gaza et son cadavre rendu le 28 fév 2025. En un mois, en octobre 2023, on a recensé 1071 actes antisémites, 330 enquêtes ont été ouvertes. Inés Corbière « a une personnalité assez développée pour être l’auteure de ces messages. On découvre à l’audience que son compte aurait été piraté, une machination politique de la droite... Moquerie, raillerie, famille otage tournée en ridicule... L’apologie du terrorisme est présentée sous un jour favorable quand le contexte est gommé. La haine diffusée sur les réseaux sociaux prélude des violences physiques ».

Me Muriel Ouaknine-Melki a souligné le rôle crucial de l’éducation. « Ce n’est pas une machination politique. Les délinquants se disent souvent victimes de complots… Il n’y a pas d’explication et d’excuse d’Inés Corbière. Pendant les 48 heures de sa garde-à-vue, comme n’importe quel délinquant aguerri, elle n’a pas donné une information, pas un code. Elle n’ a rien dit. Elle n’a pas voulu participer à la manifestation de la vérité. Pour échapper à une sanction pénale, elle dit que ses abonnés forment une « communauté d’intérêt » [notion juridique, Ndlr]. Quelle preuve ? Quel est l’affectio ?... Les répercussions ont touché de plein fouet les Juifs qui ne sont pas responsables d’un gouvernement situé à plus de 4000 km. »

« Le parquet est débordé par les plaintes contre des députés de LFI qui ne sont pas encore jugées. Il n’y a pas de machination politique. Si on est innocent, on essaie de le faire savoir », a résumé Me Aude Weill-Raynal qui ne « croit pas à un complot d’extrême-droite ». Elle a évoqué l’antisémitisme de la gauche en renvoyant à un livre paru récemment et demandé que le jugement soit exécutoire.

L’avocat de l’Observatoire juif de France (OJF) a analysé la notion juridique de « communauté d’intérêt » défini par un groupe restreint de personnes, et conclu sur le « danger dans le contexte actuel » des messages litigieux.

« Une machination ? Un complot ? Par qui ? Quand ? », a ironisé l’avocat de la LICRA qui a récusé l’idée de « communauté d’intérêt » car un abonné, un « ami », a diffusé la vidéo d’Inés Corbière. Pour lui, cette dernière est l’auteure de ces propos : « sa chronologie ne correspond pas ».

Me Frank Serfaty a déploré la faille éducative.

Me Brigitte Lapeyronie, avocate du MICRA (Mouvement international contre le racisme et l’antisémitisme), récemment dénommé C.H.A.R.  (Contre la haine, l’antisémitisme, le racisme) a précisé que Damien Rieu n’est pas membre du parti Reconquête ! Elle a demandé la publication du jugement à venir dans trois quotidiens nationaux et que soit prononcée une peine d’inéligibilité. 

La procureure. Infractions caractérisées. Nature des propos incompatibles avec la République. Droit au silence, droit de ne pas s’autoincriminer. Elle est l’auteure des messages et les a diffusés. Elle a requis six mois de prison avec sursis et que soient confisqués le téléphone portable d'Inés Corbière.

Vint la plaidoirie théâtrale à rebondissements de Me Xavier Sauvignet, avocat au catogan. Il exultait : il était le seul à avoir trouvé THE preuve attestant l’innocence de sa cliente : l’horodatage par Twitter de la connexion d’Inés Corbière à son compte. Cet horodatage, à la date et à l’heure d’un twitt litigieux indiquait que sa cliente n’était pas alors connectée à son compte, donc ne pouvait pas être l’auteure des twitts incriminés. Que l’heure soit celle du siège (San Francisco) ou du siège européen en Irlande, Me Xavier Sauvignet assurait qu’il n’y avait « rien à moins de 10 h de la publication ».

« Pas d’URL, pas de preuve, seulement des images du 20 octobre 2023 de Damien Rieu », résumait Me Xavier Sauvignet brandissant une « manipulation extrême-droite… La photographie a été modifiée, l’identité a été biffée en bas et à gauche. Il n’y a pas de preuve au sens du droit de la presse ». 

Il interprétait l’absence de contestation de sa démonstration dans ses conclusions par les avocats des parties civiles comme une preuve supplémentaire. Me Frank Serfati s’est plaint de les avoir reçues en début d’audience. La Présidente lui a rappelé que l’heure était à la défense. 

Se fondant sur les articles de Wikipedia, France Info et Libération concernant Damien Rieu, il a indiqué que ce dernier avait diffusé de fausses nouvelles et été condamné pour cyberharcèlement ». 

Il a estimé que le nombre d’abonnés au compte Twitter de sa client correspond à la définition de la « communauté d’intérêt », et que les publications ne sont pas publiques.

Evoquant vraisemblablement et sans la nommer Me Brigitte Lapeyronie, Me Xavier Sauvignet s’est interrogé, songeur, sur de l’islamophobie. 

Il a estimé que les statuts de certaines associations ne leur permettaient pas de se porter parties civile dans ce procès.

Il a sollicité la relaxe de sa cliente et la restitution de ses deux téléphones portables, mis sous scellés.

Enfin, Inés Corbière a présenté des excuses pour la vidéo. « Ce n’est pas moi qui ai publié » les messages litigieux.

Délibéré le 8 juillet 2025.

Contextes et enjeux
Flash back. Lors du dîner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) du 25 janvier 2003, Roger Cukierman, alors Président de cette fédération, avait dénoncé dans son discours l'antisionisme qui « fédère ce courant qui s'étend des partis révolutionnaires, tels Lutte ouvrière et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), à une fraction de l'extrême-gauche… Cette alliance brun-vert-rouge donne le frisson ». Convive, le secrétaire national des Verts, Gilles Lemaire, avait alors quitté la salle pour dénoncer les « amalgames » : « Ce n'est pas responsable dans cette période de tensions internationales. Je n'accepte absolument pas des propos de ce type qui ne peuvent que mettre de l'huile sur le feu ». 

La Ligue communiste révolutionnaire (LCR) avait porté plainte pour injure publique contre Roger Cukierman et Haïm Musicant, alors directeur de la publication du site Internet du Crif, et celui qui avait mis en ligne le discours du Président du Crif. Elle réclamait un euro symbolique. Elle était dirigée par Alain Krivine qui qualifiait ces déclarations d'« insultantes à l'égard de tous les antifascistes », et dénonçait « un amalgame scandaleux qui voudrait que toute critique de la politique de Sharon [Ndlr, alors Premier ministre israélien] soit assimilée à de l'antisémitisme ».

En 2008, la XVIIe chambre du Tribunal correctionnel avait relaxé  les deux prévenus. Elle avait reconnu « le caractère contestable et contesté d'un tel amalgame », mais avait considéré que les propos litigieux « se situent bien dans le cadre d'un débat de nature politique, les relations entre antisémitisme et antisionisme figurant au cœur de cette confrontation d'idées et d'opinions », et que M. Cukierman avait « pu légitimement s'exprimer, dans un discours politique, pour dénoncer des débordements et mettre en garde contre les risques de certaines dérives ». 

Dix-sept ans plus tard, le Rassemblement national (RN) a un discours pro-israélien et dénué d’antisémitisme. L’alliance rouge-vert perdure. Et c’est encore à des questions sur l’antisémitisme qu’ont répondu Inés Corbière et Alexis Corbière, ancien membre de la LCR (1993-1997), du Parti socialiste jusqu’en 2008, du Parti de gauche dès 2008, et de LFI (2016-2024). Lors des élections législatives anticipées de 2024, Alexis Corbière n’a pas obtenu l’investiture de LFI, et a été réélu député. Il a ensuite créé avec quatre autres « purgés », dont Raquel Garrido, le mouvement politique L’Après.

Dès l’agression djihadiste  du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël - 1193 personnes assassinées, plus de 4834 blessés -, par environ 6 000 Gazaouis lourdement armés - 3 800 terroristes islamistes, notamment du Hamas, et 2 200 civils, alors même que les images du massacre des civils israéliens sont diffusées, le nombre d’actes antisémites augmentait dramatiquement pour atteindre 563 pour le seul mois d’octobre 2023. 

Le CRIF a alors organisé  des rassemblements dans les principales villes françaises, dont le 9 octobre 2023 à Paris. 

C’est dans ce contexte que se situent les propos et visuels attribués à Inés Corbière. En 2015, la campagne nationale gouvernementale intitulée « Tous unis contre la haine  » avait souligné  : « L'antisémitisme, ça commence par des mots. Ça finit par des crachats, des coups, du sang ». 

Ce procès s’est déroulé dans une France au nombre très élevé d’actes antisémites - 1570 en 2024 – et le jour de la publication  du rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » sur l’entrisme de cette organisation islamiste.

Et lors de débats sur une union de la gauche en vue des élections municipales (mars 2026), alors que LFI enregistre des échecs locaux lors d’élections partielles partielles (première circonscription des Ardennes en décembre 2024, 1ère circonscription de l’Isère  en janvier 2025, 5e circonscription de Saône-et-Loire  en mai 2025), que des livres analysent l’antisémitisme de gauche – « La gauche antisémite, une haine qui vient de loin  » de Clément Weill-Raynal (Ed. L’Artilleur), « La gauche et l'antisémitisme  » de Philippe Val (Ed. de l’Observatoire), « La Gauche et les Juifs  » de Robert Hirsch (Le Bord de l’eau) - et dévoilent le fonctionnement autoritaire de LFI - « La Meute. Enquête sur la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon » de Charlotte Belaïch et d’Olivier Pérou (Flammarion). Un mouvement présenté dans certains articles comme le « parti de l’étranger » (Frontières).

Interrogés sur l’agression djihadiste du 7 octobre 2023, Inés Corbière et Alain Corbière exprimaient leur indignation, mais aucune compassion. Aucune émotion ne paraissait perceptible au son de leur voix. Aucune évocation des victimes, dont Maayan Idan, alors âgée de 18 ans, assassinée par les djihadistes et dont la famille était filmée, terrifiée, par les djihadistes à son domicile.

Alexis Corbière a éludé l’antisémitisme de LFI dont il a été un membre influent, et a donc préservé son idéologie gauchiste. Pourtant, des déclarations notamment de Jean-Luc Mélenchon, de David Guiraud ou de Rima Hassan, ont été analysées par des journalistes, politiciens et essayistes via la grille antisémite : réactivation de stéréotypes antisémites , affiche  d’inspiration nazie représentant Cyril Hanouna, etc. Alexis Corbière n’a évoqué aucune de ces déclarations, antérieures ou postérieures à la purge qui l’avait privé de l’investiture de LFI. Oubli ? Prudence ? Cause gauchiste oblige ?

A entendre le discours victimisant d’Alexis Corbière, en particulier son évocation d’un débat tendu sur C8 revenait en mémoire « Face à Baba », émission de C8 présentée par Cyril Hanouna et ce qui s'était déroulé dans les coulisses après la fin du débat. Le 16 décembre 2021, l’invité principal était Eric Zemmour. Corbière l’avait qualifié de « leader d'extrême droite effrayant ». Et le fondateur de Reconquête ! avait stigmatisé « le sectarisme de la gauche ». Dans une « vidéo  diffusée sur les réseaux sociaux, on voyait notamment Raquel Garrido invectiver Stanislas Rigault, président de "Génération Zemmour", en des termes très insultants : "Espèce de lâche ! Et sucer la **** à ton chef, tu trouves ça glorieux ? C***ard !" lance l'avocate qui est aussi chroniqueuse dans une autre émission de Cyril Hanouna sur C8 ».

Exit
aussi l’antisémitisme islamique. Inés Corbière s’est convertie à l’islam vers 2019-2020 selon son ancien compagnon musulman. Des photos la montrent portant le hijab et le keffieh. Ce ne sont pas là des vêtements neutres. Une femme qui se convertit à l’islam ne porte pas nécessairement le hijab. Quant au keffieh, il est arboré de diverses manières : avec Arafat, il était disposé en forme de « Palestine de la mer au fleuve », par une fashionista ou modeuse, il enroule le cou. Inés Corbière l’a porté plutôt comme les fedayins palestiniens, comme ceux qui attaquent les Israéliens, comme ceux qui mènent les manifestations pro-Hamas, diffamant Israël. 

Une question se pose : d’où vient l’antisémitisme revendiqué par la jeune fille dans une vidéo ? Alexis Corbière a affirmé n’être pas antisémite, et a rappelé avoir obtenu le changement du nom du collège auparavant dénommé Vincent d'Indy (1851-1931), compositeur et enseignant français, un des créateurs en 1894 de la Schola Cantorum de Paris qui avait pourtant accueilli… des élèves et professeurs juifs. Et d’après Charlotte Belaïch et d’Olivier Pérou, auteurs de « La Meute. Enquête sur la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon » (Flammarion), certains à l’intérieur de LFI ont surnommé Raquel Garrido, mère de la prévenue, « Merkava », « le nom des chars israéliens car identifiée comme sioniste… Il [Jean-Luc Mélenchon] peut aussi glisser, tout sourire : « Raquel, elle est super. Le seul problème, c’est qu’elle est extrêmement naïve sur l’influence de la communauté juive en France ». D’où vient donc l’antisémitisme revendiqué avec aplomb par la jeune fille dans une vidéo ?

Inés Corbière répondait à cette question en contextualisant sa revendication. Et son père faisait de même, en s’emportant. 

On ne pouvait alors s’empêcher de songer à l’audition filmée, le 5 décembre 2023, de trois Présidentes d’universités américaines prestigieuses – Claudine Gay de Harvard, Liz Magill de l’Université de Pennsylvania, Sally Kornbluth du Massachusetts Institute of Technology (MIT) – devant la Commission de l'éducation  de la Chambre des représentants en décembre 2023. Devant le sous-comité Enseignement supérieur et développement de la main-d'œuvre  de cette Commission, ces trois dirigeantes avaient été interrogées , notamment par la membre du Congrès républicaine Elise Stefanik , sur l’antisémitisme  dans les campus. Cette élue de New-York assimilait les appels d'étudiants à l’« intifada » à une incitation à « un génocide contre les Juifs en Israël et dans le monde », et écartait la justification de l’inaction de Présidentes par le respect de la liberté d’expression. Lorsque cette Représentante avait demandé : « Appeler au génocide des Juifs viole-t-il les règles de Harvard en matière d’intimidation et de harcèlement ? Oui ou non ? », Claudine Gay avait répondu : « Cela peut dépendre du contexte ». A Elise Stefanik qui expliquait : « C’est destiné aux étudiants juifs, aux personnes juives. Comprenez-vous que votre témoignage les déshumanise ? Comprenez-vous que la déshumanisation fait partie de l’antisémitisme ? », Claudine Gay avait dit : « Cela dépend du contexte ». Même réponse  de Liz Magill à la même question. Devant l’indignation suscitée par ses propos, Liz Magill avait exprimé ses regrets et, le 9 décembre 2023, annonçait  sa démission. Le 7 décembre 2023, critiquée pour ses réponses, Claudine Gay présentait ses excuses, et, le 2 janvier 2024, aussi accusée de plagiat, elle démissionnait .

Et revendiquer être antisémite, cela pourrait n’être pas antisémite… en fonction du contexte ?! Et cela n’a justifié aucune poursuite judiciaire par le parquet !? Pourquoi ?

La consommation d’alcool est une circonstance aggravante pour le responsable d’un accident d'automobile. Pourquoi, en l’espèce, deviendrait-elle une circonstance exonératrice du fait revendiqué ?

« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » (Corneille, Le Cid). Me Xavier Sauvignet a sciemment sorti son joker durant sa plaidoirie, donc après la clôture des débats, et sans grand respect du contradictoire. Si cette preuve était indubitable, pourquoi cet avocat ne l’avait-il pas avancée lors des débats lorsqu’était évoqué le refus de Twitter de communiquer les informations demandées par la justice ? Pourquoi Twitter aurait-il communiqué à un avocat des informations sensibles refusées à un policier ou un magistrat ? De plus, comment les avocats des parties civiles pouvaient-ils suivre l’audience tout en découvrant ses conclusions et étudiant ses pièces ? Si cette preuve avait été révélée dès le début de l’audience, cela aurait permis d’écourter l’interrogatoire de sa jeune cliente et de réduire la durée de l’audience qui s’est achevée vers 19 h. Et surtout cela aurait évité à Inés Corbière, partialement idéologisée, de révéler le degré élevé de sa politisation - c'est une avocate des parties civiles qui a rappelé la définition du sionisme, mouvement politique national du peuple Juif visant la recréation d'un Etat Juif dans sa terre historique -, l’étendue de son ignorance et son aplomb en maintenant une explication non crédible.

Attentif aux explications et documents de cet avocat, le tribunal sanctionnera-t-il une violation du principe du contradictoire ? Cela me semble peu vraisemblable. La Cour de cassation ne sanctionne pas dans plusieurs arrêts, dont l’un concerne un contentieux  entre une journaliste de L’Arche et le Fonds social juif unifié (FSJU), cette violation du contradictoire. 

Me Xavier Sauvignet a évoqué avec réprobation une « islamophobie ». Un terme à la définition variable selon les locuteurs, sans portée juridique, et souvent brandi pour interdire toute critique de l’islam ou décrédibiliser le locuteur de ce vocable. Au pays de Voltaire, la critique des religions est autorisée. Au nom de la liberté.

Enfin, pour écarter l’application du droit, Me Xavier Sauvignet a comparé le nombre d’abonnés de son compte sur les réseaux sociaux à celui d’une vingtenaire, invoqué le droit européen sans grand respect du principe fondamental du contradictoire garanti par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). C’est, comment dire…

Me Xavier Sauvignet  a évoqué son compte sur les réseaux sociaux. Sur son compte X, ex-Twitter, il met en avant sa « légère obsession pour les libertés fondamentales et la lutte contre les discriminations ». 

Le 9 novembre 2023, il twittait  : « Vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas. #cessezlefeuGaza » et renvoyait vers le communiqué  du Haut commissariat onusien aux droits de l’Homme, en date du 2 novembre 2023, intitulé « Gaza is ‘running out of time’ UN experts warn, demanding a ceasefire to prevent genocide » (« Gaza « manque de temps », avertissent les experts de l'ONU, qui exigent un cessez-le-feu pour empêcher le génocide »). Parmi ces experts : Francesca Albanese, « Rapporteure spéciale sur la situation des droits de l'homme dans le territoire palestinien occupé depuis 1967  ». Le 20 mai 2025, UNWatch a publié  le rapport « Nothing to Hide: How the UN and Francesca Albanese Engaged in a Cover-Up to Conceal Her Funding by Pro-Hamas Lobby Groups  » (« Rien à cacher » : Comment l'ONU et Francesca Albanese ont dissimulé son financement par des groupes de pression pro-Hamas). « En novembre 2023, Mme Albanese a effectué un voyage de lobbying en Australie et en Nouvelle-Zélande, au cours duquel elle n'a mené aucune enquête dans le cadre de son mandat. Contrairement à ses dénégations et à celles de l'ONU, ce rapport démontre que ce voyage a été partiellement financé par des groupes « externes », dont l’Australian Friends of Palestine Association (AFOPA).

Le 26 décembre 2023, Me Xavier Sauvignet a reposté un twitt de Johann Soufi : « Dans ce long entretien avec @pbarbancey dans l’@humanite_fr, je reviens sur l’obligation juridique des États de prendre des mesures concrètes pour prévenir un génocide à #Gaza, et faire respecter le droit international en #Palestine sans duplicité. 🗞️ »

Le 2 juillet 2024, cet avocat a posté  : « Écoutez @SylvainMaillard, devant des jeunes qu'il pense crédules, se lancer dans 1 démonstration aussi mensongère qu'immonde, accusant ses adversaires de gauche de développer une "haine des juifs". Le macronisme déchu n'a plus pour se défendre qu'un trumpisme nauséabond. Naufrage ».

Policiers, juges d’instruction… Aucun n’aurait détecté la faille révélée par Me Xavier Sauvignet ? Aucun n’aurait songé à vérifier l’authenticité des twitts attribués à Inés Corbière ? Cela semble pourtant un acte élémentaire. Certains n’auraient quand même pas sciemment évité d’interroger Twitter pour espérer une relaxe possible de la prévenue et arguer : « Nous avons raison de nous « hâter lentement » dans l’instruction des plaintes visant des élus LFI. Vous voyez. On a poursuivi Inés Corbière, et cela a fait « Pschitt » ! 

Il serait bon, voire indispensable, que les avocats des associations parties civiles à ces procès depuis 2023 établissent un bilan de leurs actions.

Et les juifs dans tout cela ? Les dindons de la farce ? Instrumentalisés cyniquement dans un combat politique contre LFI ?
Si le tribunal, dont la Présidente dénommait « hommes armés » des terroristes, relaxait la prévenue, ce pourrait être une victoire à la Pyrrhus pour la prévenue et sa famille. 
Au travers des débats et des plaidoiries, ce sont deux conceptions du monde, du droit, de l’éducation parentale qui s’affrontaient. 
Durant cette audience, notamment en voyant la vidéo de la famille juive israélienne otage dans sa maison au kibboutz Nahal Oz, c’est à une autre jeune fille que l’on pensait : Maayan Idan , âgée de 18 ans, assassinée par des djihadistes le 7 octobre 2023 dans la pièce sécurisée de cette maison alors qu’avec son père Tsachi, elle tentait de maintenir fermée la porte de cette pièce où s’était réfugiée la famille. 

Attentat antisémite à Washington
Dans la nuit du 21 au 22 mai 2025, devant le Lillian & Albert Small Capital Jewish Museum à Washington (Etats-Unis), Elias Rodriguez, âgé de 31 ans, a assassiné un jeune couple, Yaron Lischinsky, âgé de 30 ans, et Sarah Milgrim, âgée de 26 ans, travaillant à l’ambassade d’Israël et sortant d’une réception dans ce musée. Il a été filmé criant : « Free, free Palestine! »

Aucun post sur X de Raquel Garrido et d’Alexis Corbière sur cet attentat antisémite et les victimes. 

Ce 21 mai 2025 à 23 h 27, Alexis Corbière a reposté le post de Memorial 98 : « Nouvelle manifestation organisée par nos amis de #StandingTogether à la frontière de #Gaza ce vendredi 23 à 12h00 "afin d'arrêter la guerre, le massacre à Gaza et l'abandon des otages" Solidarité ! »

Le 22 mai 2025 à 15 h 42, Charles Enderlin, ancien correspondant de France 2 à Jérusalem (Israël), avait reposté  le post de Noga Tarnopolsky en le commentant « Le gouvernement israélien veut saisir un domaine français à Jérusalem: Le tombeau des rois https://x.com/ntarnopolsky/s/ntarnopolsky/status/1925528311368675476 » 
Ce 22 mai 2025 à 18 h 17, l’ambassade d’Israël en France a posté : « Un faux document circule actuellement sur les réseaux sociaux, usurpant l’identité du Ministre israélien des affaires étrangères Gideon Saar, lequel demanderait que le Tombeau des Rois faisant partie du domaine national français en Terre Sainte, revienne sous contrôle israélien. Le Ministère des affaires étrangères dément formellement être à l’origine de ce document. Nous déplorons que cette fake news ait été relayée et appelons chacun à la vigilance quant aux informations non sourcées sur les réseaux sociaux ». 

Le 22 mai 2025 à 18 h 25, Raquel Garrido a reposté sur X le post de Charles Enderlin en le commentant : « Netanyahou veut créer le chaos. Il est vraiment temps d’y mettre un arrêt ».

No comment.


« Paris, capitale de la perle »

L’École des Arts Joailliers propose l’exposition « Paris, capitale de la perle ». L'histoire 
d’une perle au centre d'un intense commerce entre le golfe Arabo-persique et la France entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle, et au cœur de l’industrie du luxe et de la culture parisienne. » Entrée gratuite, sur réservation. 

L’histoire sous les pieds. 3000 ans de chaussures 

« Qui ne connaît la perle, recherchée depuis la haute Antiquité et source d’inspiration des plus grands joailliers modernes ? Mais qui sait qu’elle fut au cœur d’un intense commerce entre le golfe Arabo-persique et la France entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe siècle ? Qui surtout se souvient qu’elle fut pendant des décennies au cœur de l’industrie du luxe et de la culture parisienne ? »

« C’est l’histoire oubliée d’une incroyable aventure artistique, commerciale et humaine que conte l’exposition « Paris, capitale de la perle », organisée par L’École des Arts Joailliers. » 

« De la fin des années 1860 à la fin des années 1930, période correspondant en France au régime de la IIIe République, une majorité des perles pêchées dans le Golfe ont été progressivement acheminées en France, vendues à Paris et montées par les plus prestigieux joailliers de la place Vendôme. Les livres de comptes, les télégrammes, les documents d’archives et les photographies de l’époque disent l’ampleur de ce commerce. Des routes terrestres, maritimes puis aériennes ont été ouvertes, de grandes figures ont émergé tant dans le Golfe qu’en France, des fortunes se sont construites et le négoce de la perle a été à l’origine d’un essor économique sans précédent. Au gré du développement de nouvelles routes commerciales, des liens se sont tissés entre les hommes et les cultures, de la « côte des perles », comme on appelait alors les pays du Golfe, à la France du premier tiers du XXe siècle. »

« Outre la célébration de près d’un siècle d’histoire commune, cette exposition entend montrer dans quelle mesure tant la perle fine que la perle de culture, arrivée en France dans les années 1920, ont su inspirer non seulement les joailliers parisiens mais également les artistes au sens large. Tous semblent en effet avoir été poussés par une même « perlomanie », et ce quel que soit leur mode d’expression artistique, de l’opéra au cinéma en passant par la peinture, la photographie, l’affiche ou les illustrés, au point de faire de la perle l’une des formes symboliques des Années folles. »

« Se proposant enfin de percer les derniers mystères du biominéral qu’est la perle, cette exposition se situe au croisement de l’histoire, de l’art et de la science ; cette vision large de la connaissance est au cœur des missions de L’École des Arts Joailliers. Fondée en 2012 avec le soutien de la maison Van Cleef & Arpels, elle propose au public de s’initier à l’histoire du bijou, aux savoir-faire ou encore aux pierres à travers des cours, des conférences, des publications et des expositions, à Paris et dans le monde. »

« En soutenant la recherche et en rendant possible la redécouverte de cette extraordinaire saga perlière parisienne, L’École des Arts Joailliers confirme sa volonté de contribuer non seulement à la diffusion de la culture joaillière mais aussi à l’enrichissement du savoir. »

« L’exposition « Paris, capitale de la perle » présente près de 100 pièces de joaillerie et une cinquantaine de dessins et documents iconographiques provenant d’une vingtaine de prêteurs parmi les plus prestigieux, tels le Musée des Arts Décoratifs de Paris, le Petit Palais, les collections patrimoniales des Maisons Van Cleef & Arpels, Cartier et Fred, ou encore l’exceptionnelle collection privée Albion Art. » 

« Après une introduction gemmologique sur les origines de la perle, l’exposition retrace l’histoire d’une passion joaillière pour la perle depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours à travers 6 parties : 
I. La perle et ses secrets 
II. Orient de perles et perles d’Orient 
III. Autour de 1900, la conquête d’un marché 
IV. La perle, forme symbolique de la modernité : les années 1910 
V. 1925 : perlomanie parisienne 
VI. La perle parisienne, d’hier à aujourd’hui » 

« Au sein de sa nouvelle adresse parisienne des Grands Boulevards, toute proche de la rue Lafayette qui regroupait jadis les négociants de perles fines, et à l’occasion de cette exposition dédiée à la perle, L’École des Arts Joailliers propose au public une palette de chemins d’apprentissage à la découverte de cette gemme fascinante. Autour de l’exposition se déploient la publication d’un livre, des conférences, un cours de 4h à la croisée de la gemmologie et de l’histoire du bijou ponctué de nombreuses expérimentations autour de cette matière envoûtante, ou encore une sélection de publications de référence à consulter à la bibliothèque, disponible à la librairie L’Escarboucle – qui viennent d’ouvrir leurs portes. Enfin, une saison entière de 4 épisodes de notre podcast La Voix des Bijoux raconte les secrets des perles. Nous sommes très heureux de pouvoir partager ce contenu riche avec le public au cours des quatre mois de l’exposition ! », a écrit Élise Gonnet-Pon, Directrice de L’École France & Europe.

Le commissariat scientifique est assuré par Léonard Pouy, Docteur en Histoire de l’art et Responsable Contenus et Transmission à L’École des Arts Joailliers, et Olivier Segura, Gemmologue et Directeur de L’École des Arts Joailliers Asie-Pacifique.

Léonard Pouy est « Docteur en Histoire de l’art des universités de Paris-Sorbonne et de Genève. Co-commissaire avec Olivier Segura de l’exposition « Marchands de perles, redécouverte d’une saga commerciale entre le Golfe et la France à l’aube du XXe siècle » (Dubaï, 2019), il est aujourd’hui Responsable Contenus et Transmission au sein de L’École des Arts Joailliers. L’un de ses dernier ouvrages est consacré à l’histoire de l’hôtel de Mercy-Argenteau (Parigramme / L’École des Arts Joailliers, 2023). »

« Homme de passion, Olivier Segura n’arrive dans l’univers de la joaillerie qu’après quelques années consacrées à la publicité et à la communication. Une fois sa formation initiale, des études scientifiques de biologie et géologie, complétée par un diplôme de gemmologie, il s’installe à Bangkok où il crée sa société de négoce de gemmes. Grâce à elle, il découvre le monde fascinant des bijoux et des savoir-faire. Revenu à Paris pour prendre la direction du LFG (Laboratoire Français de Gemmologie), une fonction exercée durant dix ans, il entre au Conseil scientifique de L’École des Arts Joailliers. En 2018, Olivier Segura franchit le pas et intègre l’institution en tant que Directeur scientifique. Passionné de perles, on lui doit notamment la création du cours « La perle : histoire, science et légendes » ainsi que l’exposition « Marchands de perles, redécouverte d’une saga commerciale entre le Golfe et la France à l’aube du XXe siècle » qui avait eu lieu à Dubaï en 2019, où il était déjà co-commissaire avec Léonard Pouy. » 

« Pensée avec une approche sensorielle, la scénographie de l’exposition permet d’éveiller les sens des visiteurs – à la fois la vue, l’ouïe, mais aussi le toucher. Par ailleurs, un visioguide donnant accès à une somme iconographique supplémentaire d’environ 80 dessins, illustrations et autres visuels d’époque, permet de prolonger l’immersion dans l’univers de la perle et de découvrir l’imaginaire qu’elle a permis de faire naître depuis la Belle époque jusqu’à nos jours. 

Des visites gratuites pour adultes, les mardis, vendredis, samedis et dimanches à 15h15 et 16h15, et les jeudis à 18h15 et 19h15, et enfants de 7 à 11 ans, les mercredis à 15h15 et 16h15, sont proposeés.
Cours d’initiation « La perle : histoire, science et légendes », disponible en français et en anglais, (4 heures) par 2 professeurs (1 historien de l’art et 1 gemmologue) « Découvrez la première gemme de l’humanité. Embarquez pour un voyage fascinant au coeur de la perle, gemme issue d’un organisme vivant aussi célèbre que mystérieuse, témoin rare et précieux des premières traces de l’humanité. Entre perles fines et de culture, perles d’eau douce et d’eau de mer, les secrets de leurs origines et formation vous seront dévoilés. Un tour du monde de la perle vous permettra de vous initier aux différents types de perles existants. Vos sens seront sollicités en manipulant des perles de différentes origines, formes et tailles, et serez sensibles à la puissance d’émerveillement qu’elles suscitent. Vous participerez à une expérience de classification d’une perle selon les différents critères en usage.

Podcast « La Voix des Bijoux » 
Saison 5 : La légende des perles
 « La Voix des Bijoux est un podcast de L'École des Arts Joailliers avec le soutien de Van Cleef & Arpels, qui vous dévoile les fascinantes histoires et les savoirs secrets que renferment les plus beaux bijoux. » 
« Larmes d’Aphrodite, rosée tombée du ciel, symbole de pureté ou de majesté… les perles n’ont jamais cessé de fasciner l’humanité. Dans cette nouvelle saison, La Voix des Bijoux nous entraîne aux côtés des pêcheurs de nacre du Néolithique, des grandes reines de la Renaissance et des stars d’Hollywood, à la découverte des chef-d'oeuvres de la joaillerie inspirés par les perles. »
Avec la participation d'Inezita Gay-Eckel, historienne du bijou et professeur à L'École des Arts Joailliers et de Léonard Pouy, docteur en histoire de l'art et responsable des Contenus et de la Transmission à L'École des Arts Joailliers. Écrit par Martin Quenehen et Aram Kebabdjian, interprété par Pierre-François Garel et produit par Bababam. 


PLAN DE L’EXPOSITION

LA PERLE ET SES SECRETS
« Tous les mollusques à coquille sont susceptibles de produire des perles composées de carbonate de calcium. Toutefois, leur qualité va dépendre de leur espèce, ainsi que des conditions de température, de salinité et de nutrition de l’animal. Les plus belles perles utilisées en joaillerie proviennent généralement d’huîtres marines des régions chaudes, de part et d’autre de l’équateur. »

« La fameuse théorie du grain de sable comme élément déclencheur de la biominéralisation, si répandue soit-elle, ne repose sur aucune réalité scientifique, de même qu’aucun grain de sable n’a jamais été trouvé à l’intérieur d’une perle. »

« Si les causes véritables de la formation des perles demeurent mal connues (virus ? bactérie ?), toute formation de perle résulte d’un déplacement de cellules épithéliales sécrétant la coquille à l’intérieur du tissu conjonctif du manteau du mollusque. »

« Historiquement, mais aussi selon les normes internationales et la loi française, le mot « perle » utilisé seul, en joaillerie, désigne une perle fine ou naturelle. On qualifie ainsi les perles pour souligner qu’elles ont été formées sans intervention humaine. Mais une telle distinction n’a pas vraiment lieu d’être en France avant les années 1920 et l’arrivée progressive sur le marché parisien des perles de culture. »

ORIENT DE PERLES ET PERLES D’ORIENT
« Aussi fantaisiste soit-elle, l’histoire des Pêcheurs de perles (1863), opéra de Georges Bizet, se déroule dans l’océan Indien, provenance avérée de perles – avec notamment le golfe de Mannar – déjà citée par Pline l’Ancien dans le livre IX de son Histoire naturelle. »

« La perle est en effet étroitement associée dans la seconde moitié du XIXe siècle à l’esthétique orientaliste, en peinture comme à la scène. »

« Connue depuis l’Antiquité, la région du golfe Arabo-Persique demeure par ailleurs une provenance de choix en matière de perles, au point que cette spécificité se trouve inscrite sur les cartes géographiques dès la Renaissance. Sa rive occidentale se distingue par l’importance du nombre de bancs d’huîtres perlières qu’elle concentre. »

« L’estime portée par les Occidentaux aux perles du Golfe ne s’est, de fait, jamais démentie, quand bien même d’autres sources et d’autres perles ont été découvertes au fil des siècles, en Amériques centrale et du Sud, notamment. »

« Voilà notre domaine !
C’est ici que le sort
Tous les ans nous ramène,
Prêts à braver la mort !
Sous la vague profonde,
Plongeurs audacieux
À nous la perle blonde
Cachée à tous les yeux ! »
Extrait de l’opéra de Georges Bizet Les pêcheurs de perles (1863)

AUTOUR DE 1900, LA CONQUÊTE D’UN MARCHÉ
« Autour de 1900, les plus belles perles sont avidement recherchées par les grandes maisons joaillières de la rue de la Paix et de la place Vendôme, qui se plaisent à l’associer au platine et au diamant. C’est la Belle Époque, période au cours de laquelle les bijoux se distinguent par leur blancheur, leur éclat, leur légèreté, leur géométrie et leur inspiration aristocratique. Sur la tête, aux oreilles, autour du cou ou des poignets des reines, des premières dames comme des courtisanes, les perles parent les femmes du gotha et celles qui le fréquentent. »

« Toutes se disputent alors les petites perles du Golfe, reconnaissables à leur ton crème parfois légèrement rosé. »

« On retrouve des perles en très grand nombre dans les vitrines des frères Paul et Henri Vever, du génial René Lalique ou encore du toujours très innovant Georges Fouquet, ainsi que chez tous les autres représentants de ce que l’on nommera plus tard, en France, l’« Art nouveau ». Inspirés par les formes extrême-orientales et la nature, ces derniers s’intéressent, notamment, aux variétés de perles les plus baroques. Ils n’hésitent pas à se détourner alors des traditionnelles perles du Golfe pour se pencher sur celles formées par les moules du Mississippi. D’autres perles encore, proposant des formes ou des couleurs inédites, sont également très appréciées des acteurs en tout genre de la nuit parisienne. »

LA PERLE, FORME SYMBOLIQUEDE LA MODERNITÉ. LES ANNÉES 1910
« Marquées par l’explosion du marché parisien de la perle, les années 1910 sont longtemps restées un point aveugle dans l’étude des arts décoratifs, à la fois ombragées par les diverses floraisons européennes de l’Art nouveau et par l’avènement du futur Art déco, en vogue dans l’entre-deux-guerres. »

« Cette période nécessite toutefois d’être approchée de manière autonome, ne serait-ce que pour mieux apprécier les talents d’un groupe de jeunes artistes dandys parisiens partageant une même passion pour les perles et se surnommant eux-mêmes « les Chevaliers du bracelet ».

« Au même moment, les frères Rosenthal, figurant parmi les tout premiers marchands de perles parisiens à s’être rendus à Bahreïn, règnent sans partage sur la région. Dès 1912 cependant, le joaillier Jacques Cartier décide de se rendre lui-même dans le Golfe où il est accueilli en véritable dignitaire. »

« Si la valeur des perles en France n’a jamais été aussi élevée, c’est aux États-Unis que la demande en perles se fait la plus forte : en 1917, Pierre Cartier obtient son hôtel particulier new-yorkais de la 5e Avenue en échange d’un collier de deux rangs de 65 et 73 perles. »

1925 : PERLOMANIE PARISIENNE
« Après la Première Guerre mondiale, la frénésie perlière continue de battre son plein à Paris comme dans le Golfe. Tandis que des marchands tels que Léonard Rosenthal, Jacques Bienenfeld ou Mohamedali Zainal Alireza se retrouvent à la tête de véritables empires commerciaux, de nouveaux acteurs émergent, attirés par l’insolent essor d’un marché que rien ne semble pouvoir ébranler. »

« L’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, organisée à Paris d’avril à octobre 1925, relance de plus belle la « perlomanie » qui déferle alors sur Paris. »

« Si l’arrivée des perles de culture, issues du Japon, marque encore, pour certains, « la fin de l’âge de la perle parisienne », un tel constat doit être nuancé : tandis que la demande en perles fines ne cesse de croître, l’offre ne cesse de diminuer avec l’abandon de la pêche dans le golfe de Mannar et le déclin progressif de la production dans le Golfe. Surtout, des voix commencent alors à s’élever pour dénoncer la grande précarité des conditions de vie des pêcheurs. Amorcé surtout par la crise économique de 1929, le crépuscule du règne parisien de la perle viendra véritablement avec la Seconde Guerre mondiale et la déportation des marchands juifs de la rue La Fayette. »

LA PERLE PARISIENNE, D’HIER À AUJOURD’HUI
« La Seconde Guerre mondiale porte un coup fatal aux échanges entre la France et le Golfe. Nombre de négociants français redirigent alors leur activité vers les perles de culture, à commencer par les Rosenthal, dont l’histoire continue de s’écrire… à Tahiti ! Afin d’éviter la disparition des perles noires typiques de la région, affectée à son tour par la surpêche à la fin des années 1950, Français et Japonais vont joindre leurs forces pour y installer des fermes perlières. Tandis que la perle de culture connaît une grande popularité, notamment auprès des plus jeunes, le commerce, exsangue, de la perle fine a quitté Paris. »

« Les zones de pêche sont désormais très protégées et contrôlées : seule une infime quantité de « nouvelles » perles fines vient alimenter un marché essentiellement nourri par les collections familiales et les perles desserties de bijoux anciens. À Paris comme dans le reste du monde, la perle fine continue toutefois d’inspirer l’élite joaillière. »

« Par ailleurs, différentes interactions artistiques contemporaines émergent au début du XXIe siècle entre la France et le Golfe. La perle y est chaque fois centrale, redonnant vie à une aventure culturelle et humaine déjà ancienne, tout en préservant sa mémoire. »

LEXIQUE

« La perle fine
C’est la perle formée naturellement, sans intervention humaine.
La perle d’imitation
Elle peut être réalisée en verre recouvert d’une laque à base d’écailles de poisson, en céramique ou encore en plastique.
La perle de culture
L’homme introduit dans la chair de l’huître un morceau d’un autre mollusque (greffe) pour provoquer la production de nacre. Pour obtenir une grande perle bien ronde, on ajoute parfois une bille de nacre sur laquelle vont se déposer de nouvelles couches. »

« En effet, la qualité de la nacre, cette matière aux reflets arc-en-ciel qui tapisse l’intérieur de la coquille et dont est faite la perle, varie selon les espèces mais aussi la température ou la quantité de sel dans l’eau. Savais-tu que les huîtres ne sont pas les seuls mollusques à en produire ? On trouve aussi des perles dans les moules d’eau douce ! »
« Les plus belles perles utilisées en joaillerie proviennent d’huîtres marines des régions chaudes. »
« Dès les années 1900, Anglais et Français se livrent une véritable guerre commerciale dans le golfe Persique, entre l’Iran et la péninsule arabique, réputé pour la qualité de ses perles. »
« Les spécialistes considèrent que la mode est née à cette époque. Des revues présentent les créations des grands couturiers et joailliers, elles influencent le goût des lectrices. »

Des maisons prestigieuses

La maison Cartier
« À sa création, en 1847, il ne s’agit que d’un petit atelier parisien. Mais en quelques années, la marque connait le succès dans le monde entier. Elle devient fournisseur officiel du roi d’Angleterre et de nombreuses cours royales. À partir des années 1930, la maison imagine des parures révolutionnaires pour l’époque, dignes d’un bestiaire : serpents, canards, crocodiles… »
Un hôtel contre un collier
« Il était une fois, en 1917, l'épouse d’un riche homme d’affaires américain appelée Maisie Plant. Passionnée par les bijoux, Mae comme on la surnomme, entre dans la boutique du joaillier français Pierre Cartier à New York… et tombe amoureuse d’un magnifique collier de deux rangs de perles fines. Son prix ? La valeur de l’hôtel particulier des Plant sur la célèbre 5e Avenue ! L’affaire est conclue : en échange de l'hôtel, Mae repart avec le collier au cou… »

La maison Van Cleef & Arpels
« Tout est né d’une histoire d’amour entre Estelle Arpels et Alfred Van Cleef, tous deux passionnés de bijoux et pierres précieuses. Ils se marient et ouvrent leur première boutique à Paris en 1906. En 1956, le prince Rainier offre un cadeau à sa fiancée, la célèbre actrice américaine Grace Kelly, future princesse de Monaco : une parure signée Van Cleef & Arpels en perles et diamants. »

La maison Fred
« Né en Argentine, Fred Samuel se passionne pour les trésors de la nature et ouvre sa joaillerie alors qu’il n’a que 28 ans, en 1936 à Paris. Outre son amour pour les perles de culture, celui qui se présente comme le « Moderne Joaillier Créateur » mêle humour et audace dans ses créations. En 1989, il imagine les Fredy’s, une famille de petits personnages malicieux faits d’or et de perles, à collectionner. »

La perle racontée

« Les écrivains se sont eux aussi inspirés des perles. »

Un récit documenté
« Dans son roman d’aventure 20 000 lieues sous les mers, Jules Verne décrit le travail des pêcheurs de perles avec la précision d’un journaliste » :
« Les pêcheurs ne se rassemblent que pendant le mois de mars au golfe de Manaar, et là, pendant trente jours, leurs trois cents bateaux se livrent à cette lucrative exploitation des trésors de la mer.
Chaque bateau est monté par dix rameurs et par dix pêcheurs. Ceux-ci, divisés en deux groupes, plongent alternativement et descendent à une profondeur de douze mètres au moyen d’une lourde pierre qu’ils saisissent entre leurs pieds et qu’une corde rattache au bateau. »
L’École des Arts Joailliers

« Fondée en 2012 avec le soutien de Van Cleef & Arpels, L’École des Arts Joailliers a pour mission de diffuser la culture joaillière auprès du public le plus large. C’est une école d’initiation, ouverte à tous, sans prérequis. L’École s’adresse au néophyte comme à l’amateur éclairé, au collectionneur de bijoux comme au simple curieux. » 
« L’École propose des cours, dans trois grands domaines : l’histoire du bijou, le monde des pierres et les savoir-faire. Les cours sont fondés sur la pratique. » 
« Les élèves expérimentent les gestes, les savoir-faire et les outils, guidés par leurs professeurs – historiens de l’art, gemmologues et artisans. » 
« L’École propose également d’autres activités : expositions, livres, vidéos, podcasts ainsi que conférences en ligne et en présentiel. Des ateliers ont également été créés pour les enfants et adolescents. » 
« L’École possède aujourd’hui cinq adresses permanentes : deux à Paris, une à Hong Kong, une à Shanghai et une à Dubaï. »
« Par ailleurs, depuis sa création, L’École se déplace à l’étranger, en Europe, en Amérique, en Asie et au Moyen Orient, à l’occasion de sessions nomades, qui durent de deux à trois semaines. L’École contribue ainsi, à l’échelle internationale, au rayonnement de la culture joaillière. »
Pour plus d’informations : https://www.lecolevancleefarpels.com/fr


Du 21 novembre 2024 au 1er juin 2025
16 bis, boulevard Montmartre, Paris 9 
Tél. +33 (0)1 70 70 38 40
Du mardi au dimanche, de 11h à 19h 
Nocturne jusqu’à 21h le jeudi 
Entrée gratuite, sur réservation 
Visuels :
Affiche
Collier « Belle Époque » à cinq rangs de perles fines, circa 1910
Collection Privée, avec l’autorisation du Albion Art Institute
© Albion Art Jewellery Institute

Jean-Gabriel Domergue (1889-1962)
Publicité pour la maison Van Cleef & Arpels,
La Renaissance de l’art français et des industries de luxe,
janvier 1923

Collier, 1890, perles fines, diamants, or, argent.
Collection Privée, avec l’autorisation du Albion Art Institute.
© Albion Art Jewellery Institute

Henri Vever (1854 - 1942)
Devant de corsage, 1905
Perles du Mississipi,
diamants, émail, or, argent
Collection Faerber © Faerber

Carlo et Arturo Giuliano
Collier, vers 1890
Perles fines, émail, or
Collection Privée, avec l’autorisation du Albion Art Institute
© Albion Art Jewellery Institute

Frank Eugène (1865-1936)
La Perle, 1900-1909.
Photographie
New York, Metropolitan Museum of Art
© Roger Fund, 1972

Germain Bapst (1853-1921) et Lucien Falize (1839-1897)
Pendentif, vers 1880
Perles fines grises, diamants, or
Wartski, Londres

George Barbier, « La fontaine de coquillages. Robe du soir de Paquin »
Gazette du Bon Ton, n° 3, planche 27, 1914.

Van Cleef & Arpels
Nécessaire, vers 1925
Platine, or jaune, perles fines, émail, diamants
Collection Van Cleef & Arpels

Van Cleef & Arpels
Broche, vers 1930
Platine, perle, diamants
Collection Van Cleef & Arpels

JAR
Clip « Tête de mouton », 2006
Perles fines, saphirs étoilés 
cabochon, aluminium, argent, or
Collection privée



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Les citations sur l'exposition proviennent du dossier de presse et du livret du visiteur.