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mardi 20 mai 2025

Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933)

Né dans une famille protestante, Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933) était un décorateur et ensemblier autodidacte français, au style élégant et épuré, un illustre représentant de l'Art déco magnifié par sa conception de 
l’Hôtel du collectionneur lors de l’Exposition de 1925, et à la clientèle fortunée. A l’occasion du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, le musée des Arts décoratifs présente l’exposition « Ruhlmann décorateur ».

L’histoire sous les pieds. 3000 ans de chaussures 

Le critique René Chavance a ainsi décrit Jacques-Émile Ruhlmann (1879-1933) : « Il était épris des formes pures, sveltes, finement rythmées, il goûtait amoureusement, presque sensuellement ces précieuses matières qu’il harmonisait à l’extérieur, comme à l’intérieur de ses meubles. »

La qualité des créations de ce décorateur le feront surnommer « le Riesener de l’Art déco ». Riesener était l'ébéniste admiré par la reine Marie-Antoinette.

Parmi ses créations : La Desserte, dite Meuble au char (1922), le pavillon Ruhlmann, dit Hôtel du collectionneur (1925), le grand hall du paquebot Île-de-France (1927), le bureau du ministre des Colonies Paul Reynaud, dit salon Afrique, Palais de la Porte Dorée (1931) devenu le musée de l'Immigration...

« Ruhlmann décorateur »
Le musée des Arts décoratifs « célèbre le centenaire de l’Art déco avec une exposition inédite dédiée à Jacques-Émile Ruhlmann, décorateur exceptionnel, véritable triomphateur de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925. À travers près de soixante-dix pièces, dont vingt-six carnets de dessins et plus de quarante papiers peints, mais aussi des textiles et des photographies, « Ruhlmann décorateur » met en lumière une facette méconnue de cet artiste visionnaire : son talent pour concevoir des revêtements muraux et des tissus en harmonie avec ses créations mobilières. » 

Ce « focus inaugure le cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies, un espace intime qui met en lumière des trésors issus des collections du musée, aménagé grâce au soutien de Sakurako et de William Fisher, en l’honneur d’Hélène David-Weill et de Maggie Bult. » 

Le « nouveau cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies a été créé pour faire découvrir au public les très riches collections d’œuvres sur papier qui, en raison de leur fragilité, ne peuvent être exposées en permanence dans le musée. Le cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies a été aménagé grâce au mécénat de Sakurako et William Fisher, en l’honneur d’Helene David‑Weill et de Maggie Bult. Il offre aux visiteurs un cocon chaleureux, intime, pour révéler des œuvres parfois célèbres, souvent inédites. Il se veut un miroir de la recherche menée dans cette source inépuisable de découvertes par de nombreux jeunes chercheurs ou experts confirmes. »

L’exposition a été réalisée grâce au soutien d’Hubert et Mireille Goldschmidt et de la Galerie Jacques Lacoste. Les Commissaires en sont Benedicte Gady, directrice des musées par intérim, et Marion Neveu, attachée de conservation, collections des papiers peints.

Jacques-Emile Ruhlmann (1879-1933), « figure emblématique de l’Art déco, est avant tout célèbre pour ses meubles d’exception mais son génie créatif va bien au-delà. Dans ses décors intérieurs, il orchestre une parfaite harmonie entre mobilier, textiles et revêtements muraux. »

« Lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, ses créations s’imposent comme des références majeures, faisant de lui l’un des décorateurs les plus admirés de son époque. Ruhlmann se forme auprès de son père qui dirige une entreprise de peinture, papiers peints et miroiterie. Il en hérite en 1907, ce qui lui permet de financer ses rêveries esthétiques. Les projets de revêtements qu’il invente, ou que d’autres, comme Henri Stephany, créent pour lui, servent aussi bien pour du papier peint que pour du textile. Ils peuvent être édités dans sa propre entreprise, Ruhlmann et Laurent, ou confiés à des manufactures spécialisées. »

« Des photographies historiques de l’Hôtel du collectionneur de l’Exposition de 1925, surnommé le Pavillon Ruhlmann, montrent la capacité du créateur à faire œuvre d’ensemblier. Les vues du grand salon frappent par la cohérence, le luxe et l’originalité de la pensée de Ruhlmann. »

« C’est avec le pavillon du Collectionneur qu’il a fait œuvre originale. Dans un bâtiment commandé à son ami l’architecte Pierre Patout, il a conçu une demeure idéale dont il a assuré la mise en œuvre. Meublier et ensemblier, il partageait le goût de ses contemporains pour des décors intérieurs harmonieux et cohérents. »

« De nombreux artistes et artisans participèrent au projet, dont il a été le chef d’orchestre. Il a coordonné près de cinquante artistes. Jean Lambert‑Rucki donne ainsi un dessin animalier réjouissant, où la stylisation devient humoristique, pour un bahut fabriqué par les ateliers Ruhlmann mais laqué par Jean Dunand. De même, un éclatant damas bicolore ornait les murs du grand salon et de la chambre à coucher : il a été fabriqué à Lyon par Cornille frères à partir d’un projet d’Henry Stephany, collaborateur de Ruhlmann et grand fournisseur de modèles de papier peint. »

« Parallèlement, l’exposition présente des papiers peints que Ruhlmann a réalisés en collaboration avec les manufactures Desfossé & Karth et ESSEF. Les projets gouaches et les petits échantillons qui préparent les grands lés de papiers peints, géométriques, floraux ou abstraits, permettent de découvrir les différentes étapes de leur création, et les variations de couleurs proposées. Ils indiquent parfois les techniques d’impression utilisées, telles que l’impression à la planche de bois ou au cylindre. » 

Ruhlmann « éditait lui-même des papiers peints de moindre qualité. Il participe ainsi à la décoration de la nouvelle Cité Universitaire Internationale de Paris, entre 1924 et 1933. Des chambres d’étudiants de trois importantes Fondations ont été ornées de papiers de la firme Ruhlmann et Laurent, qui se trouvait au 27, rue de Lisbonne à Paris. Des reproductions photographiques de la Maison des Province de France, tirées des archives de la Cite, offrent un témoignage du confort moderne et de l’intimité des pièces. Elles permettent de montrer en situation les papiers peints ornes de cellules fleuries et de roses stylisées et de constater l’harmonie qu’ils forment avec le mobilier contemporain et les tissus d’ameublement. »

Les « vingt-six carnets de croquis, que la veuve de Ruhlmann a légués au musée en 1959, donnent à voir toute l’inventivité et la fantaisie du décorateur qui pense le crayon ou la plume à la main. Au fil de ses journées, il y consigne ce qu’il voit, comme des paysages ou des personnages croqués sur le vif, aussi bien que ce qu’il conçoit. Partout se glissent des motifs graphiques, d’un trait volontairement tremblé, ou le géométrique se fait aléatoire et vibrant : ils servent ensuite indistinctement à orner des tapis, revêtir des murs, animer une marqueterie ».

La « numérisation complète de ces carnets permet au public d’explorer en détail ces trésors. Deux fac-similes viennent enrichir l’expérience en permettant au visiteur de se plonger dans ces esquisses et ces réflexions. »

« A travers les dessins et les projets de papiers peints, pour la plupart inédits, cette exposition-dossier révèle toute l’originalité de la pensée ornementale de Ruhlmann, dont l’héritage est durable dans le monde du design. »

« A l’occasion du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, le musée des Arts décoratifs célèbre celui que l’histoire a retenu comme son véritable triomphateur, Jacques-Emile Ruhlmann. »

« Publié à l’ occasion de l’exposition inaugurale du nouveau cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies, cet album apporte un éclairage nouveau sur l’intérêt de Ruhlmann pour l’ornementation des murs et des sols. Quatre essais présentent ses carnets de croquis, ses collaborations avec les manufactures de papiers peints Desfossé & Karth et l’Essef, et ses réalisations de papiers peints pour les chambres de la Cité universitaire, autant d’œuvres issues des collections du musée des Arts décoratifs. Ils sont accompagnes d’une soixantaine d’illustrations permettant d’apprécier le style Art déco dont Ruhlmann a été l’un des plus grands ambassadeurs. »

Galerie Friedman Vallois
« Pour le mobilier et les objets d’art, les années Art Déco (1918-1940) ont été une période de luxuriance et de sophistication des matières utilisées (galuchat, ivoire, parchemin, laque, nacre, bois exotiques précieux…), sublimées par une grande créativité des formes. Elles ont exercé une influence majeure sur le design contemporain. Ces années marquent l'apogée des ensembliers et des artisans français ».

« Dans un livre sur l'Art Déco, Alastair Duncan dit que : "S'il y avait eu dans la France de 1920 une monarchie, Ruhlmann y aurait certainement tenu la place le l'ébéniste du Roi". Il tirait directement son inspiration du XVIII° siècle, et son mobilier est aujourd'hui considéré comme la synthèse de l'Art Déco. L'exposition de 1925 lui assura un succès énorme et le fit connaître dans la France entière. En dehors de l'exposition de 1925 et des deux salons annuels, il expose à Madrid, Milan, New York, Athènes, Barcelone ainsi qu'à l'Exposition Coloniale de 1931 où il meubla le bureau du Maréchal Lyautey. Ruhlmann n'utilisa pour ses meubles que les matériaux les plus rares et les plus raffinés. Si l'on considère le fait que sa réputation tenait en partie à l'usage de placages de bois somptueux, Ruhlmann réagit avec une remarquable efficacité à l'apparition du métal à partir de 1925. Le bureau pour le Maharajah d'Indore en est un bel exemple. Ruhlmann mourut relativement jeune à 54 ans le 15 novembre 1933. L'entreprise fut dissoute. »

En 2009-2010, « à l’occasion de son 10e anniversaire, la galerie Friedman Vallois présenta, pour la première fois, un one man show de Jacques-Émile Ruhlmann. Depuis la Biennale des Antiquaires de 1998, Bob et Cheska Vallois ne lui avaient pas consacré d’exposition monographique. »

« Cette anthologie d’une quinzaine de pièces, exécutées entre 1916 et 1932, dresse un panorama de l’œuvre de Ruhlmann dont l’évolution démontre toute l’originalité, au-delà de l’Art Déco. Sa carrière éphémère court sur à peine vingt ans, de 1913 jusqu’à la fin de sa vie, en 1933. La portée de son oeuvre se mesure aussi à l’aune de sa brièveté. »

« Cet hommage rassemblait mobilier et objets, parmi lesquels cabinet, sièges, coiffeuse, guéridon, lampe… Pour les meubles les plus anciens, on note une table d’appoint en amarante avec marqueterie en cailloutis de bois clair, datée 1916. Pour les objets, un coffret rectangulaire en bronze argenté de 1925. Concernant les plus récents, circa 1930, on remarque notamment un bar-vitrine en acier nickelé, onyx et verre ou encore la coiffeuse Variante Francel, en bois de violette, bronze chromé et verre, accompagnée de son siège pivotant en métal chromé. »

« Avec cet ensemble, on saisit l’évolution matérielle, chromatique autant que conceptuelle du travail de Ruhlmann. Si les matériaux précieux ont fait sa notoriété, il se tournera, plus tard vers le verre et le métal, considérés comme anti conventionnels. »


« L’architecture de ses meubles et leurs lignes progressent vers la pureté des proportions et la netteté des volumes. Ainsi la coiffeuse Variante Francel conjugue l’ébénisterie traditionnelle (corps en bois de violette) et les matières originales : le verre et le chrome. La modernité et le fonctionnalisme s’unissent également dans ce siège de métal sans parenté avec un siège de coiffeuse traditionnel. »

« Aux antipodes du mobilier haut perché sur des pieds fuseaux, caractéristique de ses débuts, peut-on imaginer qu’elle fût conçue par le même créateur ? Cette progression met en perspective le passage de la décoration à l’architecture intérieure pour celui qui déclarait avec humour : « Je suis né dans le bâtiment. »

« La créativité de Ruhlmann s’exprime dans la conception de ses meubles et leur ornementation mais aussi dans la volonté de ne pas rester prisonnier d’une recette stylistique déjà couronnée de succès. Le présent florilège le démontre. En outre, force est de constater un dénominateur commun à l’intégralité de son oeuvre : l’exigence. Sa devise la résumait ainsi : « Voir grand, voir beau. »

« Ses vingt années de recherches ont été dominées par le désir de perfection et une résistance au mouvement pendulaire des effets de mode. Il s’agit précisément de la différence entre la mode et le style. »


Du 12 mars au 1er juin 2025
107, rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : +33 (0) 1 44 55 57 50
Du mardi au dimanche de 11h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h 
Visuels :
Affiche
Jacques-Émile Ruhlmann pour la Société anonyme des Anciens Établissements Desfossé & Karth. Papier peint à motif répétitif. 1917. Papier, impression au cylindre 
© Les Arts Décoratifs

Le cabinet des Dessins, Papiers peints et Photographies —
© Les Arts Décoratifs / Noemi Graciani

Les Arts Décoratifs
© DR

Anonyme — 
Photographie du Grand Salon du Pavillon du Collectionneur à l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris
1925
Tirage gélatino-argentique
© Les Arts Décoratifs

Jacques-Émile
Ruhlmann pour la Société anonyme des Anciens Etablissements Desfossé & Karth — Projet de papier peint
Monnaie du pape
1914-1917
Papier, gouache
©Les Arts Décoratifs

 Jacques-Émile Ruhlmann —
Croquis de chaises
1917
Papier, encre noire
© Les Arts Décoratifs

Jacques-Émile Ruhlmann —
Croquis d’ornements et de meubles
1918
Papier, encre noire
© Les Arts Décoratifs


Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur l'exposition proviennent du communiqué de presse.

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