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lundi 9 mai 2022

« Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française »

Le musée des Arts Décoratifs présente l’exposition « Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française ». Pour concurrencer la chaîne de magasins Uniprix fondée en 1928 par les Nouvelles Galeries, Pierre Laguionie, actionnaire majoritaire des grands magasins du Printemps à Paris, lance la chaîne de magasins Prisunic en 1931 afin de proposer des « prix bon marché pour des produits d’usage courant non alimentaires pour l’essentiel, avec de l’épicerie, des confiseries et quelques produits frais ». Malgré l'opposition des détaillants indignés par cette concurrence qualifiée de déloyale, Prisunic séduit une clientèle populaire. En 1997, Monoprix acquiert Prisunic, et intègre son réseau de magasins, généralement déficitaires, dans le sien. En 2002, la société Prisunic est dissoute et en 2003 la fermeture de l'enseigne Prisunic à Noisy-le-Sec signe la fin d'une aventure commerciale qui, à l'instar du modèle américain, avait démocratisé dès la fin des années 1950, selon le slogan officiel « Le beau au prix du laid » (Denise Fayolle) le mobilier et les vêtements contemporains de qualité, signés de talentueux designers et graphiques. 

L’histoire sous les pieds. 3000 ans de chaussures 
« Le Musée des Arts Décoratifs célèbre l’histoire du design pour tous à travers deux des plus grandes enseignes de distribution d’objets du quotidien qui ont su démocratiser le design : Prisunic puis Monoprix. »

« Née en 1931, la chaine de magasins Prisunic introduit en France, dès 1946, le marketing selon le modèle américain grâce à son nouveau directeur Jacques Gueden et a su démocratiser, des la fin des années 1950, le mobilier et l’habillement contemporains de qualité. »

« Le beau au prix du laid » devient le slogan officiel, créé par Denise Fayolle, directrice du bureau du style de 1957 à 1967. L’enseigne impulse les premières collaborations avec des créateurs. S’y côtoient les grands noms du design et du graphisme parmi lesquels Terence Conran, qui participe au premier catalogue de vente en 1968 présentant mobilier, luminaire et vaisselle que l’enseigne, pionnière par sa formule de vente par correspondance, met habilement en scène. En 1997, Prisunic fusionne avec Monoprix, anime par une volonté égale de rendre le design accessible a tous : l’enseigne, qui réaffirme « le plaisir de vivre a la française », occupe des lors une place de choix dans le quotidien des consommateurs. »

« L’exposition « Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française » retrace dans les collections permanentes du musée, à travers plus de 500 œuvres (mobilier, objets et affiches publicitaires), cette aventure créative et engagée, que résume le slogan devenu culte : « Le beau au prix du laid ».

« Elle revient sur les plus grands succès des collaborations initiées dans les années 1960 par Prisunic et poursuivies par Monoprix, avec des designers de renom comme Terence Conran, Marc Held, India Mahdavi, Constance Guisset ou Ionna Vautrin, mais aussi des graphistes, photographes et illustrateurs parmi les plus créatifs de leur époque, tels Roman Cieslewicz, Friedemann Hauss et des stylistes, tel Alexis Mabille. »

« L’exposition, thématique et chronologique, est conçue en deux parties : la première, consacrée à Prisunic, s’illustre par des collaborations majeures initiées avec des graphistes et designers que les catalogues de vente par correspondance diffusent entre 1968 et 1976. Le second volet met en lumière les réalisations phares de créateurs invites par Monoprix en reprenant un thème cher à l’enseigne – l’objet du quotidien – à travers l’art de la table, l’assise et l’habillement. »

 « Présenté dans les collections modernes et contemporaines, le parcours propose un dispositif original de « ready-made » (mobilier et présentoirs de magasin utilises comme systèmes de présentation) qui évoque l’univers de la grande distribution, servi par une scénographie colorée et lumineuse. »

« La scénographie a été confiée à l’architecte et designer India Mahdavi, qui a elle-même collaboré à deux reprises avec Monoprix. »


« Au palier du niveau 3, la visite s’ouvre sur des pièces de design emblématiques de Monoprix, montrées avec fantaisie dans des réfrigérateurs réutilisés en vitrines : reproduites dans une finition dorée, elles sont signées Marion Lesage, India Mahdavi ou Ionna Vautrin. Des films publicitaires et des interviews filmées animent cet espace. Dans l’enfilade de salles, une chambre et un salon Prisunic sont reconstitués en deux period rooms. Les designers réalisent pour l’enseigne un mobilier simple, accessible et fonctionnel à partir de matériaux colores en métal ou polyester. Certaines pièces, comme le lit en polyester moule réalisé par Marc Held (1970) ou bien l’ensemble de mobilier en tôle émaillée créé par le plasticien Jacques Tissinier (1973), conserves dans les collections du Musée des Arts Décoratifs, sont aujourd’hui devenues des icones du design des années 1970 ».

« Au niveau 5 du pavillon de Marsan, l’exposition apporte un éclairage sur l’histoire de chaque enseigne. Elle dévoile des documents d’archives rares et objets de « merchandising » tels des sacs de courses, pin’s et porte-clés publicitaires, ainsi que des caddies, présentés avec originalité sur des caisses enregistreuses. »

« A travers une sélection d’affiches issues du musée, la galerie d’actualités revient sur le marketing des deux enseignes, dont l’image graphique forte est portée par les grandes agences de publicité et leurs graphistes. Parmi eux, Friedemann Hauss, Roman Cieslewicz pour MAFIA (Maime, Arnodin, Fayolle, International Associes), qui participe activement, mais également les publicitaires T.B.W.A.(Tragos, Bonnange, Wiesendanger, Ajroldi) et R.S.C.G. (Roux, Seguela, Cayzac, Goudard) qui ont su singulariser l’identité visuelle de Prisunic. Plus récemment, c’est l’agence FCB (Denis Garcia Garcia & Lily Van der Stokker) qui collabore avec Monoprix puis Cléo Charuet avec l’Agence Havas City devenue Rosapark, qui relance l’identité avec ses lettres capitales et ses bandes de couleurs. En 2021, pour accompagner les différentes périodes de confinement, Monoprix choisit l’agence DDB pour réaliser ses campagnes publicitaires. »

« La seconde partie de l’exposition revient sur les collaborations qui ont marque ces deux dernières décennies. La visite se poursuit, toujours au niveau 5, à travers le prisme du rêve et de la fantaisie en révélant les dimensions les plus oniriques de certaines créations telles que la robe de mariée du couturier Alexis Mabille qui dialogue avec le mur d’assiettes signées G by Gien, ou bien la collection d’assiettes Dominoté par Antoinette Poisson qui redonne vie aux techniques ancestrales et au savoir-faire artisanal. »

« Le parcours est également rythmé par une period room qui présente une sélection d’objets conçus pour les activités quotidiennes : manger, sortir ou se vêtir. »

« Il met aussi en avant des monographies telles que Maison Château Rouge, dont la collection de 2018 a célébré le travail de l’entreprise sociale de femmes en Inde Creative Handicrafts. » 

« Le pavillon de Marsan accueille également des monographies de créatrices parmi les plus emblématiques de Monoprix (India Mahdavi, Paola Navone, Ionna Vautrin, Constance Guisset et Nadia Gallardo). »

« Les créations artisanales réalisées en Inde et en Afrique se mêlent aux collections permanentes, évoquant la scène internationale. Dans la même salle, les visiteurs replongent dans l’enfance, terrain d’exploration fécond pour les créateurs, illustre par des vêtements d’enfants et des jouets des collections du musée. » 

« Dialoguant avec des réalisations majeures d’icones du design, les Petites Robes Noires par Alexis Mabille, Hussein Chalayan, Yiqing Yin, Anne Valérie Hash et Giles Deacon (2013) habillent la chambre de Jean Prouve pour la Cite Universitaire d’Antony tandis que la cuisine de Le Corbusier, réalisée d’après un projet de Charlotte Perriand pour la Cite radieuse de Marseille, est investie d’objets et ustensiles du quotidien. » 

« L’ensemble des catalogues Prisunic qui ont marqué des générations, complète par des lithographies alors vendues en « libre-service » entre 1967 et 1973 à l’initiative de Jacques Putman, achèvent le parcours dans la bibliothèque du Musée des Arts Décoratifs. Cette dernière partie interroge la notion de la couleur – véritable manifeste chromatique des deux enseignes – au regard des collections de la bibliothèque. »

« A travers « Le design pour tous : de Prisunic à Monoprix, une aventure française », le Musée des Arts Décoratifs, qui consacre pour la première fois une exposition à l’univers de la grande distribution, fait revivre une aventure créative et graphique qui a marqué l’histoire du design en France. Elle apporte un nouveau regard sur le parcours permanent, qui présentait déjà, depuis 2018, une sélection de pièces Prisunic issues des collections du musée. »


Quelques dates clés

« 1931
Ouverture, par Le Printemps, d’un magasin de vente à prix unique à Paris : le premier Prisunic.

1932
Création de Monoprix par le groupe Galeries Lafayette et Max Heilbronn.
Premier magasin Noma rebaptisé Monoprix à Rouen.

1936
Adoption du nom de Prisunic pour quatre magasins.

1946
Jacques Gueden est nommé directeur général de la centrale d’achat (SAPAC) de Prisunic.

1949
Etienne Moulin est nommé directeur général de Monoprix.

1953
Denise Fayolle intègre Prisunic : amélioration du secteur de la confection femme, puis homme et enfant.

1957
Denise Fayolle dirige « le bureau du style et de la publicité » de Prisunic. Elle lance « Le beau au prix du laid », slogan inspiré par le livre de Raymond Loewy La laideur se vend mal (paru en France en 1953).

1960
Première présentation publique des collections du bureau du style et de la publicité Prisunic au Théâtre en rond à Montmartre.

1961
Maime Arnodin dessine les collections de prêt-à-porter pour Prisunic jusqu’en 1970
Création, par Denise Fayolle et Claude Thiriet, du service d’esthétique industrielle, centre unique de promotion du design. Le secteur maison se développe.

1964
Terence Conran fonde Habitat à Londres.

1967
Denise Fayolle quitte Prisunic. Elle est remplacée par Jacques Lavaux (jusqu’en 1972).
Lancement des Suites Prisunic, estampes originales d'artistes, à l’initiative de Jacques Putman (jusqu’au début 1973).

1968
Lancement du premier catalogue de meubles Prisunic.  
Création par Maime Arnodin et Denise Fayolle du célèbre cabinet de style MAFIA : Maime Arnodin Fayolle International Associés.

1988 (15 juin – 29 août)
Exposition « Prisunic, une expo des produits nouveaux » au Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou.

1995
Jo Bueters, styliste formée a l’agence MAFIA, prend la direction des achats textiles à Monoprix. Appel à des stylistes pour des collections événementielles.

1997
Fusion de Prisunic (Groupe PPR Printemps) avec Monoprix (groupe Galeries Lafayette).

1998 (7 – 15 novembre)
Exposition « Prisunic », à la Biennale de Saint-Etienne.

2000
Première collaboration à Monoprix : Terence Conran.

2008 (5 septembre – 30 novembre)
Exposition « Prisunic et le design, une aventure unique » à la galerie VIA à Paris.

2012
Cession de Monoprix par Les Galeries Lafayette au groupe Casino.
Développement des collaborations de créateurs ».

Du 2 décembre 2021 au 15 mai 2022
107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Tél. : +33 (0) 1 44 55 57 50
Du mardi au dimanche de 11 h à 18 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h
Visuels :
Bureau du style et de la publicité Prisunic — Catalogue Prisunic/4 Décor et confort e la maison
Octobre 1970
Impression sur papier.
Musée des Arts Décoratifs
Andy Warhol
Diptyque Marilyn, 1962
© The Andy Warhol
Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by Adagp, Paris, 2021

Ionna Vautrin — Vase
2021
Céramique
Photo © Eugénia Sierko / Monoprix

Hussein Chalayan, Giles Deacon, Anne Valérie Hash, Alexis Mabille, Yiqing Yin 
Petites robes noires
2013
Textile
Photo © Monoprix

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