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lundi 23 août 2021

« Les routes de l'esclavage » par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant


« Les routes de l'esclavage » (Menschenhandel - Eine kurze Geschichte der Sklaverei ; Slavery Routes) est une série documentaire partiale en quatre parties réalisées par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant. Une histoire partielle et biaisée : celle « des traites négrières du Ve au XIXe siècle ». « Domination, violence, profit : le système criminel de l’esclavage a marqué l’histoire du monde et de l’humanité. Au fil de ses routes, cette série documentaire ambitieuse et passionnante  retrace la tragédie des traites négrières. Captivant et implacable », mais un angle restrictif, timoré. La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est commémorée le 23 août de chaque année.

« Esclaves blancs - maîtres musulmans » par Lisbeth Jessen 
« Les routes de l'esclavage » par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant

Dans son livre Les Traites négrières. Essai d'histoire globale, Olivier Pétré-Grenouilleau distingue trois traites négrières : la traite orientale (vers le monde musulman) - environ 17 millions d'Africains noirs entre 650 et 1920 - ; traite intra-africaine - plus de 14 millions durant treize siècles - ; la traite occidentale : la traite transatlantique a concerné 11 millions d'esclaves partis d'Afrique vers les Amériques ou les îles de l'Atlantique entre 1450 et 1869, et 9,6 millions y sont arrivés.

"Des discours abolitionnistes fustigeaient la traite transatlantique et l’esclavage en vigueur dans les Amériques tout en restant discrets sur les pratiques du même type dans d’autres aires géographiques. À cet égard, l’histoire des traites et de l’esclavage, telle qu’elle est abordée par la discipline, est en grande partie l’héritière du mouvement abolitionniste... Les historiens contemporains [relativisent] certains arguments des discours en question, notamment celui de la rentabilité de la traite. Il est désormais établi que les taux de profit de cette activité commerçante n’étaient pas aussi mirifiques que l’ont affirmé les abolitionnistes, même s’il ne faut pas les minimiser exagérément, auquel cas on ne comprendrait pas pourquoi la traite a duré si longtemps. Certes, Guillaume Daudin, cité par Pétré-Grenouilleau, estime que la rentabilité de la traite française était d’environ 6 %, ce qui n’est effectivement pas énorme. Mais l’activité était en soi très risquée, une « loterie », dit même Pétré-Grenouilleau, expression type d’un capitalisme aventureux et aléatoire, et ce pourcentage moyen ne laisse rien percevoir des profondes disparités qu’elle entraînait. Les historiens de l’économie, quant à eux, ont relativisé l’impact de la traite sur le développement du continent européen. Mais peut-être ne faut-il pas s’en tenir aux seuls aspects financiers ? Si l’on considère les éléments techniques, relatifs à la maturation des systèmes bancaires et commerciaux à grande échelle, par exemple, le perfectionnement des systèmes d’assurances, maturation justement permise par la traite, celle-ci a bien été décisive dans l’essor du capitalisme. Le fort penchant de l’historiographie pour les questions purement démographiques et économiques a trop négligé d’autres dimensions, pourtant essentielles, en particulier d’ordre politique, que l’auteur aborde en devant se contenter d’un corpus limité. Pour ne prendre qu’un exemple, les grandes familles négrières ont fourni un personnel politique important tant au niveau municipal (dans les grands ports européens) que national (ainsi, au Danemark, il y a eu deux ministres issus de la famille des Schlimmelmann). Le rôle de la traite dans l’histoire du continent africain lui-même est une question très polémique, qui déclenche des débats d’une grande vigueur. Je me rallie, sans crainte de pouvoir me tromper, à l’idée selon laquelle l’impact démographique du phénomène est impossible à mesurer, malgré des tentatives modélisatrices qui laissent tout de même perplexes et auxquelles Pétré-Grenouilleau lui-même se réfère avec beaucoup de réserve. « Que l’Afrique ait horriblement souffert de la traite est une évidence », écrit-il (p. 392), même s’il ne fournit pas beaucoup d’arguments pour le prouver, s’exposant en cela aux historiens africanistes qui lui reprochent de relativiser l’impact global de la traite. La théorie marxiste de l’« échange inégal » ne me paraît pas si caduque, en l’occurrence, car si des élites africaines ont participé à la traite et en ont retiré des bénéfices, cela ne signifie évidemment pas que les effets macroéconomiques du trafic aient été favorables au continent dans son ensemble. Il est probable que l’auteur serait d’accord avec moi sur ce point, mais l’économie générale du chapitre consacré à l’Afrique risque de suggérer le contraire", a écrit l'historien Pap Ndiaye. (N’Diaye Pap, « Les traites négrières : essai d'histoire globale », Critique internationale, 2005/3 (no 28), p. 201-205. DOI : 10.3917/crii.028.0201. URL : https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2005-3-page-201.htm) 



Et d'ajouter : "En revanche, la critique par l’auteur de la thèse selon laquelle l’esclavage africain aurait été moins brutal que l’esclavage américain, car adouci par des rapports intra-familiaux me semble tout à fait pertinente. Qu’il y ait eu des formes d’esclavage spécifiques à l’espace américain (formes qu’il faudrait d’ailleurs distinguer les unes des autres, mais où le régime de la plantation occupait tout de même une place centrale), nul ne songerait à le nier. Mais établir une différence de nature, voire une hiérarchie morale, entre les esclavages américain, arabe et africain constitue une impasse pour la démarche historienne que l’auteur souligne avec force. À cet égard, le décloisonnement historiographique dont participe cet ouvrage apparaît d’autant plus urgent.Au plan méthodologique, reste à souligner que l’histoire des traites se distingue assez nettement de l’histoire de l’esclavage, dans la mesure où celle-ci accorde, depuis les années 1970, une importance particulière aux témoignages des esclaves. Aux États-Unis, il existe ainsi quelque 120 récits autobiographiques publiés par des esclaves ayant fui le Sud, auxquels il faut ajouter les centaines d’entretiens avec d’anciens esclaves menés par les enquêteurs du Federal Writers’ Project dans les années 1930. Aujourd’hui largement exploitées par les historiens, ces sources ont contribué, en dépit des difficultés qu’elles soulèvent, à modifier les problématiques de recherche. Or il n’en est pas de même pour les traites, ne serait-ce que parce que les témoignages directs qui s’y rapportent sont très rares (Pétré-Grenouilleau cite celui, bien connu, d’Olaudah Equiano, mais peut-être en existe-t-il d’autres ?), ce qui rend assurément difficile une approche d’histoire anthropologique du phénomène".

Tidiane N’Diaye est l'auteur du Génocide voilé. Enquête historique, un essai  sur la traite arabo-musulmane qui décima l’Afrique du VIIe au XXe siècle. « Les Arabes ont razzié l'Afrique subsaharienne pendant treize siècles sans interruption. La plupart des millions d'hommes qu'ils ont déportés ont disparu du fait des traitements inhumains.  Cette douloureuse page de l'histoire des peuples noirs n'est apparemment pas définitivement tournée. La traite négrière a commencé lorsque l'émir et général arabe Abdallah ben Saïd a imposé aux Soudanais un bakht (accord), conclu en 652, les obligeant à livrer annuellement des centaines d'esclaves. La majorité de ces hommes était prélevée sur les populations du Darfour. Et ce fut le point de départ d'une énorme ponction humaine qui devait s'arrêter officiellement au début du XXe siècle. »


"Cette étude éclaire un drame passé à peu près inaperçu : la traite des Noirs d’Afrique par le monde arabo-musulman. Cette traite a concerné dix-sept millions de victimes tuées, castrées ou asservies, pendant plus de treize siècles sans interruption. Les razziés étaient contraints de traverser le désert à pied pour rejoindre le Maghreb, l’Égypte ou la péninsule Arabique via Zanzibar, par bateaux… Pourtant, cette traite négrière a été minimisée, contrairement à la traite occidentale vers l’Amérique. Pourquoi? Parce que seule la conversion à l'islam permettait d’échapper à l’esclavage, mais n’a pas épargné les Noirs. Toutefois, de nos jours la majeure partie de l’Afrique est devenue musulmane, d’où une forme de fraternité religieuse entre le côté «blanc» et le côté «noir» du continent, et une volonté commune de «voiler» ce génocide. Un livre polémique et courageux".


Cet essayiste a déclaré au Monde (18 mai 2017) : « Je ne parle de génocide que pour qualifier la traite transsaharienne et orientale. La traite transatlantique, pratiquée par les Occidentaux, ne peut pas être comparée à un génocide. La volonté d’exterminer un peuple n’a pas été prouvée. Parce qu’un esclave, même dans les conditions extrêmement épouvantables, avait une valeur vénale pour son propriétaire qui le voulait productif et sans doute dans la longévité. Pour 9 à 11 millions de déportés lors de cette traite, il y a aujourd’hui 70 millions de descendants. La traite arabo-musulmane, elle, a déporté 17 millions de personnes qui n’ont eu que 1 million de descendants à cause la castration massive pratiquée pendant près de quatorze siècles. La castration totale, celle des eunuques, était une opération extrêmement dangereuse. Réalisée sur des adultes, elle tuait entre 75 % et 80 % des patients. Le taux de mortalité était plus faible chez les enfants que l’on castrait systématiquement. Entre 30 % et 40 % des enfants ne survivaient pas à la castration totale. Il existe une autre castration, celle où on n’enlève que les testicules. Dans ce cas, l’individu conservait une certaine force et de la résistance. Raison pour laquelle on en a fait des combattants utilisés dans les armées des sultans. Aujourd’hui, la grande majorité des descendants des captifs africains sont en fait des métis, nés des femmes déportées dans les harems. A peine 20 % sont noirs… C’est l’Empire romain qui a le plus pratiqué l’esclavage. On estime qu’à un moment, près de 30 % de la population de l’empire était mise en esclavage. Quant à l’Afrique, il faut préciser que tant que la propriété privée n’existait pas, les gens fonctionnaient en coopérative : ils mettaient en commun leurs biens, leurs terres pour les exploiter. Au fur et à mesure que la propriété privée s’est étendue, il a fallu de plus en plus de bras pour travailler. C’est à ce moment-là que les conflits ont commencé et se sont amplifiés. Les vaincus étaient alors réduits en esclavage. On estime que, au XIXe siècle, 14 millions d’Africains étaient réduits en esclavage. L’esclavage interne a existé avant et pendant les traites arabo-musulmane et transatlantique… La traite arabo-musulmane durera encore un siècle après la fin de la fin de la traite transatlantique. [Car] les Anglais n’ont pas joué le jeu et ont laissé faire pour éviter qu’on ne leur coupe la route des Indes. Il y a toujours eu une stratégie politique et des enjeux économiques derrière cela. La culture du clou de girofle, par exemple, était très rentable et profitait à certaines sociétés anglaises. Or elle reposait sur l’exploitation des esclaves africains, en particulier pour le comptoir de Zanzibar. La France abolit l’esclavage en Tunisie, au Maroc, où le dernier marché aux esclaves a été fermé en 1820. Mais cela a continué par le Sahara parce qu’on ne peut pas surveiller les frontières. Les soldats français avaient autre chose à faire et cela a aussi pu se poursuivre, comme en Mauritanie, parce qu’il y avait des complicités africaines… Dans l’inconscient des Maghrébins, cette histoire a laissé tellement de traces que, pour eux, un « Nègre » reste un esclave. Ils ne peuvent pas concevoir de Noirs chez eux. Regardons ce qui se passe en Mauritanie ou au Mali, où les Touareg du Nord n’accepteront jamais un pouvoir noir… On retrouve des marchés d’esclaves en Libye ! Seul le débat permettrait de dépasser cette situation-là. En France, pendant la traite et l’esclavage, il y a eu des philosophes des Lumières, comme l’abbé Grégoire ou même Montesquieu, qui ont pris la défense des Noirs alors que, dans le monde arabo-musulman, les intellectuels les plus respectés, comme Ibn Khaldoun, étaient aussi des plus obscurantistes et affirmaient que les Nègres étaient des animaux. Aucun intellectuel du Maghreb n’a élevé la voix pour défendre la cause des Noirs. C’est pour cette raison que ce génocide a pu prendre une telle ampleur et que ça continue. Au Liban, en Syrie, en Arabie saoudite, les domestiques africains vivent dans des conditions d’esclavage. La fracture raciale est réelle en Afrique ».


Et de préciser  : « Les Chinois ont une façon très subtile de passer sous silence leur implication avérée dans les tragédies des peuples noirs. Une inscription trouvée à Java et datée de 860 après J.-C., identifie sur une liste de domestiques des Zendj, originaires d’Afrique orientale vendus en Chine. Une autre mentionne des esclaves noirs offerts par un roi javanais à la cour impériale de Chine. Les Javanais avaient envoyé plus de 30 000 esclaves noirs à la dynastie des Ming. Un ouvrage écrit en 1178 par Tcheou Kin-Fei, Lingwai-Taita, indique que des milliers de Noirs provenant de K’ounLoun (l’île de Pemba, dans l’archipel de Zanzibar, et Madagascar) étaient vendus comme esclaves en Chine. On les appelait notamment he-hiao-seu (« serviteurs noirs »), ye-jen (« sauvages ») ou encore kouinou (« esclaves ressemblant à des démons »). Ce ne sont là que quelques exemples. Les Occidentaux n’ont pas été les seuls acteurs ou bénéficiaires de la traite et de l’esclavage des Noirs ».


Journaliste et écrivain ivoirien, Venance Konan a écrit l'article Traite négrière occidentale et arabe : l’indignation sélective de l’Afrique (Le Monde, 26 août 2016) : « La traite négrière a vidé le continent africain de ses bras les plus valides et elle n’est pas pour rien dans la situation de pauvreté généralisée que vivent nos pays. Nous avons toutes les raisons d’en vouloir à l’Amérique et à l’Europe qui ont bâti leurs économies avec la force des bras de nos ancêtres. Aujourd’hui, nous réclamons réparation en espèces sonnantes et trébuchantes pour le mal qui nous a été fait…. Ce qui est étrange est que notre colère n’est dirigée que contre l’Europe et l’Amérique, et nous oublions sciemment que l’esclavage fut aussi le fait de ceux que nous appelons nos cousins, lorsque nous partageons les mêmes galères en Europe, à savoir les Arabes... De la Mauritanie au sultanat d’Oman en passant par le Maroc, la Tunisie, le Soudan, l’Arabie saoudite, l’esclavage fut pratiqué à grande échelle pendant des siècles… Le mot couramment utilisé pour désigner les Noirs africains dans bon nombre de pays arabes signifie « esclave ». Dans un pays comme la Mauritanie, qui se trouve en Afrique de l’Ouest, à côté du Sénégal, l’esclavage ne fut officiellement aboli qu’en 1981. Et, en 2014, l’ONG Walk Free estimait qu’il y avait encore 4 % d’esclaves, soit environ 150 000 personnes au sein de la population du pays. Il est vrai que le 13 août 2015, le Parlement mauritanien avait adopté une loi considérant l’esclavage comme un « crime contre l’humanité ». Cependant, le 20 août 2015, c’est-à-dire une semaine plus tard, c’est Biram Dah Abeid, figure emblématique de la lutte contre l’esclavage qui était condamné à deux ans de prison, pour en avoir réclamé la fin. En 2000, au moment où Mouammar Kadhafi militait pour la création de l’Union africaine, les Noirs subsahariens qui vivaient dans son pays étaient victimes de terribles pogroms dans le silence assourdissant des chefs d’Etat et des intellectuels africains. Au moment de la chute de Kadhafi, les Noirs africains qui vivaient dans son pays furent massacrés par les forces rebelles du pays. Et depuis que l’organisation terroriste Etat islamique (EI) s’est emparé d’une partie du pays, c’est l’enfer pour les Noirs africains qui y vivent. Et bon nombre d’Africains qui empruntent les bateaux de fortune pour tenter de traverser la Méditerranée au péril de leur vie le font pour fuir cet enfer. Il y a quelques mois, ce sont tous les Noirs africains d’une ville algérienne qui ont été victimes d’un pogrom. Toutes ces informations sont régulièrement données dans la presse, mais rien de tout cela ne nous émeut. Jamais nous n’avons organisé de manifestations pour protester contre l’esclavage qui est encore pratiqué dans un pays comme la Mauritanie. Malgré la pratique de cette abomination, ce pays fut membre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) jusqu’à ce qu’il décide de la quitter, pour rejoindre l’Union du Maghreb arabe. Il est toujours membre de l’Union africaine qui ne lui a jamais demandé de faire encore plus d’effort dans sa lutte contre l’esclavage. On a l’impression que pour nous, Africains, ce qui se passe dans ces pays arabes, dont certains se trouvent sur notre continent, est une sorte de folklore local dont il ne faut surtout pas se mêler. Il s’agit pourtant de la dignité d’êtres humains, de notre dignité à nous autres, Africains, qui subissons aussi ces discriminations et vexations lorsque nous nous rendons dans ces pays. Mais je crois que la vérité est que notre indignation dépend de celle de l’Occident. Quand il s’est indigné contre l’esclavage qu’il avait lui-même pratiqué, nous nous sommes aussi indignés. Et dans la foulée, nous lui avons réclamé un peu de sous, comme si nous reconnaissions que nous avions vendu nos aïeuls à un prix trop bas. Il en fut de même pour l’Afrique du Sud. Nous avons accompagné l’indignation du monde occidental. Pour le moment, l’Occident ne s’est pas encore indigné contre l’esclavage arabe. Les Arabes non plus. Nous attendons donc ».

Série documentaire biaisée
« L’histoire de l’esclavage  n’a pas commencé dans les champs de coton. C’est une tragédie beaucoup plus ancienne qui se joue depuis l’aube de l’humanité. Pour la première fois, cette série retrace l’histoire des traites négrières du VIIe au XIXe siècle. Récit d’un monde où la traite d’esclaves a dessiné ses territoires et ses propres frontières. Un monde où la violence, la domination et le profit ont imposé leurs routes ». La série assimile donc esclaves et Africains, et lie indissolublement, et à tort, l’esclavage à la traite négrière. Il eût été intéressant d’aborder la dhimmitude, et donc le djihad.

« Menée dans huit pays, avec l’éclairage croisé d’historiens européens, africains et américains, cette ambitieuse série documentaire retrace la tragique épopée de la traite négrière au travers de ses circuits et de ses territoires ». En fait, les historiens distinguent trois traites négrières. Sans parler des traites des victimes de razzias, etc.


« Pour la première fois, le film décrypte un phénomène mondial, à l’origine de la plus grande déportation de l’histoire de l’humanité ». 

« Par le prisme de la géographie et de l’économie, cette ample investigation historique, nourrie de témoignages et subtilement illustrée par des séquences d’animation, analyse ce système de domination massive au nom du profit – le commerce, l’émergence du capitalisme, la construction de la race, le colonialisme – et en restitue la violence et la barbarie ». 

« Loin du discours moralisateur ou victimaire, la série met aussi au jour avec acuité les traces profondes que cette histoire universelle a imprimées à notre monde contemporain, deux siècles après l’abolition de l’esclavage. Magistral ». L’esclavage fut interdit en 1848. Mais il persiste dans de nombreux pays. Des procès en France pour esclavage ont révélé l’incroyable laxisme judiciaire. Sans parler des diplomates esclavagistes.

La coréalisatrice Fanny Glissant a déclaré à Arte  : Après « Juifs et musulmans – Si loin si proches  », série controversée et "islamiquement correcte", « nous avions l’ambition d’une autre série qui embrasserait une histoire immense, géographiquement, démographiquement et économiquement. Celle de l’esclavage s’est imposée comme une évidence. De façon plus conjoncturelle, après la loi Taubira de 2001 [la reconnaissance de la traite et de l'esclavage transatlantique en tant que crime contre l'humanité, NDLR], de nouveaux historiens ont travaillé avec passion sur ce sujet et croisé leurs recherches avec leurs pairs au Brésil, en Afrique, aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ce qui a permis de décentrer le regard et d'appréhender une histoire globale, un phénomène mondial. S’appuyant sur les plus brillants d’entre eux, ce film, tourné dans huit pays, se veut une synthèse de cette somme. Chacun des quatre épisodes traite d’une question : l’esclave, le commerce, la violence, la race. »

"476-1375 : au-delà du désert"
Premier volet : de la chute de Rome en 476 à la fin du XIVe siècle.

Après la chute de Rome en 476, les peuples (Wisigoths, Ostrogoths, Berbères, Slaves, Byzantins, Nubiens et Arabes) se disputent les ruines de l’Empire. Tous pratiquent l’asservissement – « esclave » viendrait du mot « slave ». 

Mais au VIIe siècle émerge un Empire arabe. Au rythme de ses conquêtes se tisse, entre l’Afrique et le Moyen-Orient, un immense réseau de traite d’esclaves, dont la demande ne cesse de croître et qui converge vers Bagdad, nouveau centre du monde. 

Après la révolte des Zanj – des esclaves africains –, qui s’achève dans un bain de sang, le trafic se redéploie vers l’intérieur du continent. 

Deux grandes cités commerciales et marchés aux esclaves s’imposent : Le Caire au nord, et Tombouctou au sud, place forte de l’Empire du Mali d’où partent les caravanes. Au fil des siècles, les populations subsahariennes deviennent la principale « matière première » de ce trafic criminel.

"1375-1620 : pour tout l'or du monde"
Deuxième volet : 1375-1620. « À l’issue des croisades, l’Europe à son tour se tourne vers l’Afrique, source d’immenses richesses... »

« Contournant les musulmans en Méditerranée, les navigateurs portugais, qui convoitent l’or du continent, entreprennent en pionniers de le conquérir, et reviennent avec des milliers d’esclaves, issus notamment du royaume Kongo, pour les vendre en Europe du Sud, avec la bénédiction de l’Église ». 

« Sur l’île de São Tomé, sorte de « laboratoire » de l'esclavage situé au large du Gabon, ils passent du négoce de captifs à la production d’esclaves au service d'une plantation sucrière à la rentabilité inégalée, et mettent en place la première société esclavagiste ». 

« À partir de 1516, la découverte du Brésil ouvre de nouvelles routes de traite, inaugurant le commerce triangulaire entre les continents – or, esclaves, sucre. Bientôt apparaissent les premières communautés armées de fugitifs, les mocambos ».

"1620-1788 : du sucre à la révolte"
« Troisième volet : de 1620 à 1789, de la guerre du sucre aux premières voix qui s'élèvent contre la barbarie de la traite ».

« Imitant le modèle portugais, Espagne, Hollande, France et Angleterre, en quête de colossaux profits, se disputent les Caraïbes pour y cultiver la canne ». 

« L’Atlantique devient le champ de bataille de la guerre du sucre, laquelle va multiplier les routes de l’esclavage à grand renfort d’investissements, avec la complicité des banques et des compagnies d’assurances ». 

« Alors que les méthodes s’industrialisent et que la terreur s’intensifie – razzias, tortures et décapitations publiques pour prévenir toute rébellion –, près de 7 millions d’Africains sont entraînés dans la tourmente, vendus par des marchands locaux à des flibustiers et armateurs négriers, tandis que s’élèvent en Europe les premières voix contre la barbarie de la traite, socle du capitalisme émergent ».

"1789-1888 : les nouvelles frontières de l'esclavage" 
« Le dernier volet débute en 1789. À Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagne du terrain... »

« À Londres, Paris et Washington, le courant abolitionniste gagne du terrain. Après la révolte des esclaves de Saint-Domingue, la Grande-Bretagne abolit la traite transatlantique en 1807 ». 

« Mais l’Europe, en pleine révolution industrielle, ne peut se passer de la force de travail des esclaves ». 

« Pour satisfaire son besoin de matières premières, elle repousse les frontières de l’esclavage, fermant les yeux sur les nouvelles formes d’exploitation de l’homme au Brésil et aux États-Unis ». 

« En Afrique, l'Europe se lance dans de nouvelles conquêtes coloniales ». 

« À l’heure où la traite légale est enfin interdite, la déportation des captifs africains va exploser, plus importante que jamais. En cinquante ans, près de 2,5 millions de personnes sont déportées ». Interdite par quels pays ? Des pays occidentaux. Car l'esclavage n'a pas été interdit dans des pays musulmans.

"Esclavage en Italie"
Le 26 novembre 2018, à 13 h, Arte diffusa, dans le cadre d'ARTE Regards, "Esclavage en Italie" (Re: Sklaverei in Italien. Yvan Sagnets Kampf für Erntehelfer), documentaire (Allemagne, 2018). "Originaires d’Afrique ou d’Europe de l’est, des centaines de milliers de travailleurs sont employés dans les campagnes italiennes pour récolter tomates, oranges et olives, en échange d'un salaire de misère. Yvan Sagnet milite pour mettre fin à cette situation de non-droit, et a créé une association visant à labelliser les produits récoltés de manière éthique. En 2011, un Camerounais a mené une grève couronnée de succès, déclarant la guerre aux "caporaux", ces employeurs criminels qui exploitent les travailleurs précaires en leur extorquant la majeure partie de leurs revenus, allant jusqu’à les menacer de mort s’ils osent se révolter."

"Vies d'esclaves"
Le 27 novembre à 22 h 20, Arte diffusa "Vies d'esclaves" (Slaves - Auf den Spuren moderner Sklaverei) par Marc Wiese. "Qui sont les nouveaux esclaves ? Entre enfants-soldats et marins birmans asservis, une enquête alarmante nourrie de bouleversants témoignages. Ils quittent leur Birmanie natale en pensant trouver un emploi chez des patrons thaïlandais. Mais leur périple tourne au cauchemar : contraints de s'embarquer sur des chalutiers pour rembourser leur dette aux passeurs, ils y travaillent parfois pendant quinze ans sans revenir à terre. Jamais payés, certains sont assassinés, d'autres sont torturés en toute impunité. Seuls les plus chanceux parviennent à fuir".

"En Ouganda, l'Armée de résistance du Seigneur (LRA pour Lord's Resistance Army) mène une guérilla d'autant plus féroce qu'elle se nourrit du rapt d'enfants (plus de 100 000 en trente ans selon l'ONU) enrôlés de force comme soldats – ou impitoyablement assassinés. Révélant ces deux tragédies, ce film pointe un fléau en pleine expansion. On estime aujourd’hui à près de 45 millions les esclaves dans le monde, plus que jamais dans l'histoire de l'humanité. Travail, sexe, esclaves domestiques ou enfants-soldats composent les multiples visages de cette servitude moderne."


"Pour étayer son réquisitoire, le réalisateur Marc Wiese s'appuie sur des témoignages circonstanciés : Birmans débarqués, jeunes guerriers, ancien chef de la LRA... Autant de récits sidérants sur la déshumanisation de ces victimes. Mais le réalisateur met aussi en lumière les initiatives pour lutter contre cet esclavage moderne".

"Grâce à sa fortune, le milliardaire australien Andrew Forrest tente de l'endiguer en Inde, quand l'écrivaine Lydia Cacho, au péril de sa vie, contribue au démantèlement d’un réseau de pédopornographie. Des îlots de résistance, qui entretiennent l'espoir d'une prise de conscience générale." Pourquoi n'avoir pas évoqué les enfants-soldats palestiniens ?


"Ambitieuse et passionnante série documentaire, Les routes de l’esclavage retrace l’histoire des traites négrières du VIIe au XIXe siècle, entre domination, violence et profit. Entretien avec la coréalisatrice Fanny Glissant. Propos recueillis par Sylvie Dauvillier".

"Comment appréhende-t-on un phénomène d’une telle ampleur ?
Fanny Glissant : Après Juifs et musulmans – Si loin si proches, nous avions l’ambition d’une autre série qui embrasserait une histoire immense, géographiquement, démographiquement et économiquement. Celle de l’esclavage s’est imposée comme une évidence. De façon plus conjoncturelle, après la loi Taubira de 2001 [la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, NDLR], de nouveaux historiens ont travaillé avec passion sur ce sujet et croisé leurs recherches avec leurs pairs au Brésil, en Afrique, aux États-Unis ou au Royaume-Uni, ce qui a permis de décentrer le regard et d'appréhender une histoire globale, un phénomène mondial. S’appuyant sur les plus brillants d’entre eux, ce film, tourné dans huit pays, se veut une synthèse de cette somme. Chacun des quatre épisodes traite d’une question : l’esclave, le commerce, la violence, la race.

Comment définiriez-vous l’esclavage ?
C’est la négation de l’autre et de son humanité, afin de pouvoir le construire comme outil et de l’instrumentaliser pour utiliser sa seule force de travail. Cela explique aussi en partie pourquoi il a fallu si longtemps pour raconter ce phénomène comme une histoire universelle ; celle, dans la douleur, de la mondialisation de la violence et de la déportation de 25 millions de personnes. J’espère qu’en voyant ce film on comprendra qu’il s’agit d’une histoire commune. J’aimerais que chacun se sente à la fois descendant d'esclaves et de propriétaires d’esclaves.

La série n’aborde pas l’esclavage au travers du prisme des droits de l’homme, mais de celui de la géographie et de l’économie. Pourquoi ce choix ?
Nous nous savions à un moment charnière. D’un côté, la posture victimaire avait produit nombre d’œuvres et un certain discours, de l’autre, celle de la culpabilisation ne nous paraissait pas pertinente, tant elle empêche de voir les seuls faits, sur lesquels nous voulions porter notre investigation historique : où, pourquoi, comment cette demande de main-d’œuvre est-elle apparue ? Embrasser la complexité du phénomène exige de se dégager de conceptions morales. Il ne s’agissait donc pas de partir du ressenti de l’esclavage – d’ailleurs assez contemporain, puisqu’il faut attendre le XIXe pour qu’il soit considéré comme un crime et que cette institution devienne illégale –, mais de l’analyser au travers de ses territoires et de ses circuits.

Si la domination est aussi vieille que le monde, comment l’Afrique s’est-elle retrouvée au centre des routes de l’esclavage ?
Ce piège qui se referme sur l’Afrique résulte d’un long processus. Depuis l’Antiquité, les grands empires se construisent par l’asservissement des hommes. D’un esclavage qui inclut, entre autres, des Slaves ou des Caucasiens, la traite se resserre progressivement – avec l’émergence de l’Empire arabo-musulman – sur l’Afrique subsaharienne puis équatoriale. À partir du XVe siècle, l’esclave devient exclusivement africain.

En quoi les Portugais inventent-ils l’esclavage moderne ?
Après le "laboratoire" de la culture sucrière que les Portugais mettent en place à São Tomé, la traite transatlantique entraîne une "production" industrielle d’esclaves. Il ne s’agit plus de constituer des butins de guerre mais de faire rentrer dans les réseaux de traite des gens nés libres, des citoyens lambda. Au sommet, on atteint ainsi 100 000 captifs déportés par an, soit 8 millions en quelque trois siècles. D’où une augmentation de la violence, avec les razzias, et de la barbarie à toutes les étapes. Parallèlement, pour légitimer l’esclavage, il faut un arsenal idéologique, à laquelle l’Église contribue, en cautionnant officiellement l’institution.

La série montre combien le capitalisme y puise ses racines…
À ses débuts, le capitalisme occidental a eu besoin des esclaves pour se mettre en place, et tous les revenus coloniaux l’ont alimenté, dans une production exponentielle de richesses, avec la complicité des banques et des assurances. Massifié par de nouvelles techniques – les caravelles portugaises sur les océans, les moulins hollandais pour les plantations sucrières, les machines à vapeur pour le transport fluvial ou les filatures de coton... –, l’esclavage a constitué l’un des rouages majeurs du système puis de la révolution industrielle : il existe un continuum entre esclavagisme, capitalisme et colonialisme.

Élites blanche et noire s’allient parfois dans cette course au profit...
Noire ou blanche, peu importe. La question n’est pas de savoir si des Africains ont vendu d’autres Africains ou des Européens d’autres Européens. Il s'agit avant tout d'une domination des puissants sur les plus démunis.

En quoi l’esclavagisme a-t-il engendré le racisme et non l’inverse ?
Le "passage du milieu", ce voyage entre les côtes africaines et les Caraïbes des plantations, entraîne dans son sillage les prémices de la race, une notion tardive qui légitime la domination. Arme de contrôle social, la race est même, à l’heure de l’abolition, inscrite dans la loi et, pire encore, devient un outil scientifique, pour asseoir la mission civilisatrice européenne en Afrique. Par exemple, la justification biblique de la mise en esclavage des populations africaines qu’on nomme "la malédiction de Cham" a, elle aussi, une histoire. Elle a été récupérée au XVIe siècle pour justifier l’entrée dans la traite négrière des investisseurs hollandais.

Mais l’histoire de l’esclavage inclut aussi celle de résistances…
Parler de ces résistances, c’est faire entendre les sans-voix, les subalternes, ceux qui n’ont pas laissé de traces. Au Brésil ou au Venezuela, on ne parle ni bantou, ni lingala, ni yorouba. Pourtant, avant 1820, pour un Européen qui débarque au Nouveau Monde, on compte quatre Africains. C’est dire à quel point la domination a été puissante pour ces millions de personnes qui n’ont pu transmettre leur langue, et a fortiori leur histoire. Pourtant celle-ci a été ponctuée par les révoltes. Souvent passée sous silence, la rébellion est omniprésente, de celle des Zanj au IXe siècle à l’indépendance d’Haïti, en passant par l’épopée marron dans les Caraïbes, et notamment en Jamaïque.

Pourquoi recourir à des séquences d’animation pour évoquer cette histoire ?
Comment évoquer le vécu de ces hommes qui ont laissé si peu de traces ? Cette question a été présente à chaque moment de l’élaboration du film. Il fallait trouver une façon sensible de le faire, en rendant l’animation la plus charnelle possible. Il fallait que ce soit vivant.

La série tire les fils de cette histoire jusqu’à aujourd’hui…
Sans les voir, nous vivons partout avec les traces de l’esclavage. Nous voulions prendre le temps de les regarder. Les historiens évaluent par exemple la population de l’Europe du Sud au sang mêlé à 50-60 %. Archaïque mais en même temps d’une incroyable plasticité, l’esclavage ne cesse en outre de muter. Aujourd’hui, le monde compte encore environ 40 millions de victimes de l’esclavage moderne."


"Esclavage en Italie" (Re: Sklaverei in Italien. Yvan Sagnets Kampf für Erntehelfer) Allemagne, 2018
Sur Arte le 26 novembre 2018, à 13 h

"Vies d'esclaves" (Slaves - Auf den Spuren moderner Sklaverei) par Marc Wiese
Allemagne, 2016
Sur Arte le 27 novembre à 22 h 20

Visuels :
© EJ Foundation
© Screenocean/Duncan Roxburgh
© Thomas Reuters/Sylvia Buchholz
© Ifage Filmproduktion/St. Bohn

« Les routes de l'esclavage  » par Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant
France, 2018
Sur Arte :
1ère partie : 476-1375 : au-delà du désert (476-1375: Jenseits der Wüste) : les 1er mai 2018 à 20 h 50, 7 juillet 2020 à 20 h 50
2e partie : 1375-1620 : pour tout l'or du monde (1375-1620: für alles Gold der Welt) : les 1er mai 2018 à 21 h 40, 7 juillet 2020 à 21 h 40
3e partie : 1620-1788 : du sucre à la révolte (1620-1789: der Zucker und die Aufstände) : les 1er mai 2018 à 22 h 35, 7 juillet 2020 à 22 h 35
4e partie : 1789-1888 : les nouvelles frontières de l'esclavage (1789-1888: letztes Kapitel der Sklaverei?) : les 1er mai 2018 à 23 h 30, 7 juillet 2020 à 23 h 30
         
Visuels :
Visuel du générique
Credit : © CPB Films

A la fin du Moyen-âge, l’Europe s’ouvre au monde et découvre qu’elle se situe en périphérie de la principale zone de production de richesses de la planète : l’Afrique.
Les Conquistadors portugais sont les premiers à se lancer à la conquête de l’Afrique. Ils partaient chercher l’or, ils vont revenir avec des centaines de milliers de captifs pour les vendre en Europe...
1480... A Sao Tome, au large des côtes africaines, les Portugais inventent le système d’exploitation le plus rentable de tous les temps : la plantation sucrière. Un siècle plus tard, toute l’Europe cherche à les imiter. À produire à l’infini de la canne à sucre pour devenir riche, démesurément riche.
© Olivier Patté/CPB Films

Portrait en studio d'une riche brésilienne sur une litière, avec ses esclaves, Sao Paulo, c 1860
Credit : © Bridgeman

Départ pour la cueillette, Vale do Paaiba, 1885, Marc Ferrez
Credit : © Institut Moreira Salles

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 1er mai 2018, puis le 25 novembre 2018, puis le 6 juillet 2020.

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