Otto Preminger (1905-1986) était un talentueux réalisateur et producteur juif américain né dans l'empire austro-hongrois. Il a abordé avec succès divers genres cinématographiques : film noir (Laura), western (La Rivière sans retour), film historique et mélodrame (Ambre), drame musical (Carmen Jones), film politique (Tempête à Washington). Arte diffusera le 26 janvier 2020 « Exodus » d’Otto Preminger.

Il est né dans la Galicie de l'empire austro-hongrois. Quand il a dix ans, sa famille s'installe à Vienne durant la Première Guerre mondiale. Cet adolescent se sent une vocation artistique. Il entre dans la troupe théâtrale de Max Reinhardt qu'il dirige en 1933. Là, il y crée une cinquantaine de pièces.
En 1931, il réalise Die grosse Liebe (Le Grand Amour).
En 1934, il accepte la proposition de Joseph Schenck, président de la 20th Century Fox, un des major studios de Hollywood et arrive à New York en 1935.
Ses premiers films comme réalisateur - Under Your Spell (1936) et Danger - Love at work (1937) - ne laissent pas de souvenirs mémorables. De 1935 à 1940, Otto Preminger travaille à Broadway où il met en scène Outward Bound de Sutton Vane et Margin for Error de Clare Boothe Luce. Dans cette dernière pièce de théâtre, il incarne un officier nazi.
En 1942, Otto Preminger retourne à Hollywood comme acteur et réalisateur pour la 20th Century Fox.
Dans les années 1950, il rejoint la société de production United Artists.
Il a abordé avec succès divers genres cinématographiques : film noir (Laura), western (La Rivière sans retour), film historique et mélodrame (Ambre), drame musical (Carmen Jones, Porgy and Bess), film politique (Tempête à Washington, Condamné au silence, Le Cardinal, Rosebud)... Il ose aborder des sujets complexes (Un si doux visage, Autopsie d'un meurtre) ou sensibles comme la drogue (L'Homme au bras d'or). Mais la dureté de son caractère laisse un souvenir douloureux à certains acteurs, comme Jean Seberg (Bonjour Tristesse).
« Exodus »
Arte diffusera le 26 janvier 2020 « Exodus », film historique épique réalisé par Otto Preminger (1960). « Le voyage de milliers de réfugiés juifs, en 1947, sur le vieux navire "Exodus" en direction de la Palestine. Otto Preminger retrace la naissance de l'État d'Israël dans une fresque majestueuse portée par Paul Newman et Eva Marie Saint ».

« Alors que les Nations unies s'apprêtent à se prononcer sur le plan de partage de la Palestine, Ari ben Canaan, un agent de la Haganah, une organisation paramilitaire sioniste, se fait passer pour un officier anglais et embarque des centaines de réfugiés sur un vieux navire rebaptisé Exodus ».


A son neveu incarné par Paul Newman, un membre de l'Irgoun dit : Tu es dans la Haganah. Tu combats comme l'Irgoun. Mais ton coeur est Israël".

« Si elle s'autorise quelques libertés avec les faits et dédaigne le point de vue des Arabes, cette épopée, tournée dans des décors naturels à Chypre et en Israël, dépeint avec finesse le traumatisme des rescapés de l'Holocauste – personnifié par Dov, interprété par Sal Mineo, dans une bouleversante séquence d'interrogatoire ».

« Rythmé par la partition exaltée d'Ernest Gold et magnifiquement interprété par Paul Newman et Eva Maria Saint, l'un des chefs-d'œuvre d'Otto Preminger ».
"Grâce à Sidonis/Calysta, on peut revoir Exodus (1960), le chef-d’œuvre d’Otto Preminger dans une édition combo Blu-ray et DVD d’excellente qualité. En 1947, à Chypre, des milliers de réfugiés juifs, en chemin pour la Terre Sainte, sont arrêtés par les Anglais et parqués dans des camps. Ari Ben Canaann (Paul Newman), un résistant, s’indigne de ces arrestations et prend la tête d’un périple qui les mènera jusqu’aux frontières de la Palestine. A bord d’un vieux bateau, l’Exodus, le héros et ses passagers affrontent tous les dangers dans un seul but : la liberté", écrit Olivier Père.
Et de poursuivre : "Exodus est la première grande fresque chorale d’Otto Preminger, dans laquelle la multiplicité des personnages, des opinions et des points de vue est censée restituer la réalité étudiée dans sa globalité et sa complexité – ici la naissance de l’Etat d’Israël. Exodus est une adaptation du roman éponyme de Leon Uris (inspiré d’événements réels) par le scénariste Dalton Trumbo. C’est avec ce film que Trumbo sort officiellement de la liste noire, puisque son nom apparaît au générique, alors qu’il était contraint de travailler sous pseudonyme depuis qu’il avait été condamné en 1947 à onze mois de prison pour « activités anti-américaines », puis réduit au chômage et à la clandestinité tant que dura la terrible chasse aux communistes à Hollywood. La même année, quelques mois plus tard, Kirk Douglas accepte également de mentionner le nom de Trumbo au générique du film qu’il produit et interprète, Spartacus de Stanley Kubrick. La décision courageuse de Preminger correspond à ses idées libérales et à sa haine de la censure, politique ou religieuse, qu’il combattit tout au long de sa carrière, l’utilisant parfois à des fins promotionnelles au moment de la sortie de ses films (par exemple La lune était bleue.)"
Et Olivier Père de conclure ; "Exodus apparaît comme l’apogée du classicisme et repose sur un art de l’équilibre et un génie de la composition plastique aussi bien que de la narration qui englobe destins individuels et histoire, violence et rétention, intelligence froide et émotion, scepticisme hautain et humanisme. Mais surtout, l’art de Preminger est un art de l’invisibilité, ce qui a certainement freiné sa reconnaissance comme auteur. Preminger est sans doute le cinéaste à avoir poussé à son plus haut degré de perfection les recherches sur le montage interdit, en créant des films non pas uniquement composés de plans-séquences, comme La Corde d’Hitchcock, mais donnant cette illusion de continuité par un travail sur la fluidité et l’harmonie à l’intérieur des plans et des séquences. Preminger est le cinéaste classique par excellence, car son art méprise l’expérimentation voyante et met la maîtrise de l’écriture cinématographique au profit de l’évidence, du réalisme et de la dramaturgie. Exodus est peut-être plus beau et le plus représentatif des chefs-d’œuvre de Preminger des années 60. Durant cette décennie, Preminger laisse éclater ses ambitions de cinéaste et producteur indépendants mais aussi son goût des grands sujets audacieux susceptibles de créer la controverse – ici le sionisme. La mise en scène de Preminger s’écoule dans Exodus comme un long fleuve majestueux, épousant le thème du film sur l’amplitude de l’histoire qui draine les conflits et les destins personnels. Le film contient plusieurs morceaux de bravoure, et les plus mémorables ne sont pas forcément les plus spectaculaires, bien à au contraire. Pour une seule scène, Exodus mérite sa place au panthéon des grands films de l’histoire du cinéma : celle où le jeune Dov Landau (Sal Mineo), interrogé par un chef de l’Irgoun, finit par avouer l’inavouable : enrôlé de force dans les sonderkommandos à Auschwitz, il fut contraint de participer au processus de la solution finale contre son peuple et de servir de prostituée pour les soldats allemands. Un long plan fixe dans la pénombre, avec une tache de lumière qui éclaire le visage de Sal Mineo perdu dans l’écran large, la seule puissance de la parole pour évoquer l’horreur : une leçon de mise en scène qui vient rappeler que l’esthétique et la morale ne peuvent se dissocier, que ce soit dans un documentaire ou une superproduction hollywoodienne".
Et de poursuivre : "Exodus est la première grande fresque chorale d’Otto Preminger, dans laquelle la multiplicité des personnages, des opinions et des points de vue est censée restituer la réalité étudiée dans sa globalité et sa complexité – ici la naissance de l’Etat d’Israël. Exodus est une adaptation du roman éponyme de Leon Uris (inspiré d’événements réels) par le scénariste Dalton Trumbo. C’est avec ce film que Trumbo sort officiellement de la liste noire, puisque son nom apparaît au générique, alors qu’il était contraint de travailler sous pseudonyme depuis qu’il avait été condamné en 1947 à onze mois de prison pour « activités anti-américaines », puis réduit au chômage et à la clandestinité tant que dura la terrible chasse aux communistes à Hollywood. La même année, quelques mois plus tard, Kirk Douglas accepte également de mentionner le nom de Trumbo au générique du film qu’il produit et interprète, Spartacus de Stanley Kubrick. La décision courageuse de Preminger correspond à ses idées libérales et à sa haine de la censure, politique ou religieuse, qu’il combattit tout au long de sa carrière, l’utilisant parfois à des fins promotionnelles au moment de la sortie de ses films (par exemple La lune était bleue.)"
Et Olivier Père de conclure ; "Exodus apparaît comme l’apogée du classicisme et repose sur un art de l’équilibre et un génie de la composition plastique aussi bien que de la narration qui englobe destins individuels et histoire, violence et rétention, intelligence froide et émotion, scepticisme hautain et humanisme. Mais surtout, l’art de Preminger est un art de l’invisibilité, ce qui a certainement freiné sa reconnaissance comme auteur. Preminger est sans doute le cinéaste à avoir poussé à son plus haut degré de perfection les recherches sur le montage interdit, en créant des films non pas uniquement composés de plans-séquences, comme La Corde d’Hitchcock, mais donnant cette illusion de continuité par un travail sur la fluidité et l’harmonie à l’intérieur des plans et des séquences. Preminger est le cinéaste classique par excellence, car son art méprise l’expérimentation voyante et met la maîtrise de l’écriture cinématographique au profit de l’évidence, du réalisme et de la dramaturgie. Exodus est peut-être plus beau et le plus représentatif des chefs-d’œuvre de Preminger des années 60. Durant cette décennie, Preminger laisse éclater ses ambitions de cinéaste et producteur indépendants mais aussi son goût des grands sujets audacieux susceptibles de créer la controverse – ici le sionisme. La mise en scène de Preminger s’écoule dans Exodus comme un long fleuve majestueux, épousant le thème du film sur l’amplitude de l’histoire qui draine les conflits et les destins personnels. Le film contient plusieurs morceaux de bravoure, et les plus mémorables ne sont pas forcément les plus spectaculaires, bien à au contraire. Pour une seule scène, Exodus mérite sa place au panthéon des grands films de l’histoire du cinéma : celle où le jeune Dov Landau (Sal Mineo), interrogé par un chef de l’Irgoun, finit par avouer l’inavouable : enrôlé de force dans les sonderkommandos à Auschwitz, il fut contraint de participer au processus de la solution finale contre son peuple et de servir de prostituée pour les soldats allemands. Un long plan fixe dans la pénombre, avec une tache de lumière qui éclaire le visage de Sal Mineo perdu dans l’écran large, la seule puissance de la parole pour évoquer l’horreur : une leçon de mise en scène qui vient rappeler que l’esthétique et la morale ne peuvent se dissocier, que ce soit dans un documentaire ou une superproduction hollywoodienne".
« Le Canada sauvage de la Rivière sans retour »
Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre de « Invitation au voyage » (Stadt Land Kunst), « Le Canada sauvage de la Rivière sans retour » (Das wilde Kanada vom Fluss ohne Wiederkehr). Linda Lorin nous emmène à la découverte de notre patrimoine artistique, culturel et naturel.
« Dans l’ouest du Canada, cours d’eau tumultueux et forêts sauvages s’égrènent le long de la chaîne des Rocheuses ».
« Un film a su capter l’essence de ces montagnes : “Rivière sans retour” d’Otto Preminger ».
« Le réalisateur américain a trouvé dans cette nature dévorante le décor et les ambiances à même de faire de son film un chef-d’œuvre ».
« Exodus » d’Otto Preminger
Etats-Unis, 1960
Auteur : Leon Uris
Scénario : Dalton Trumbo
Production : Carlyle Productions
Producteur : Otto Preminger
Image : Sam Leavitt
Montage : Louis R. Loeffler
Musique : Ernest Gold
Avec Paul Newman, Eva Marie Saint, Lee J. Cobb, Sal Mineo, Ralph Richardson, Peter Lawford, John Derek, Karen, David Opatoshu
Sur Arte le 26 janvier 2020 à 20 h 55
Visuels :
Jill Haworth est Karen Hansen et Sal Mineo joue le rôle de Dov Landau dans le film d' Otto Preminger " Exodus" (1960)
Eva Marie Saint (Kitty Fremont), Jill Hawroth (Karen Hensen) et Paul Newman (Ari Ben Canaan) sur le tournage du film d' Otto Preminger " Exodus" (1960)
Jill Haworth est Karen Hansen et Sal Mineo joue le rôle de Dov Landau dans le film d' Otto Preminger " Exodus" (1960)
Le bâteau Exodus et les réfugiés, scène du film d' Otto Preminger " Exodus" (1960)
© Otto Preminger Films - Carlyle
Eva Marie Saint (Kitty Fremont), Jill Hawroth (Karen Hensen) et Paul Newman (Ari Ben Canaan) sur le tournage du film d' Otto Preminger " Exodus" (1960)
Jill Haworth est Karen Hansen et Sal Mineo joue le rôle de Dov Landau dans le film d' Otto Preminger " Exodus" (1960)
Le bâteau Exodus et les réfugiés, scène du film d' Otto Preminger " Exodus" (1960)
© Otto Preminger Films - Carlyle
France, 2020, 14 min
Disponible sur Arte du 07/01/2020 au 07/01/2022
Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur le film sont d'Arte.
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