A Paris, les Archives nationales présentent l’exposition « Musique et République. De la révolution au Front populaire », organisée avec le concours du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris. Airs interprétés, partitions originales, parfois inédites ou manuscrites, instruments de musique, affiches... De la Révolution, qui organise de nouvelles institutions et utilise la musique pour fonder un sentiment patriotique, au Front populaire de 1936, qui fait le pari de l'émancipation sociale du citoyen par l'accès aux loisirs et à la culture, la formation et la pratique musicale permettent à la fois le partage d'un patrimoine sonore commun et l'expression personnelle, parfois subversive ». L’exposition « montre comment la République s’est construite avec la musique, et comment la musique contribue à affirmer l’identité nationale », et la démocratisation de la musique a induit une production nationale d'instruments. Entrée libre. Le 13 juillet 2025 (veille de la fête nationale) dès 19 h, dans la Cour d’honneur de l’Hôtel de Soubise : grand concert de la Musique des Gardiens de la paix. Entrée libre (dans la limite des places disponibles).
Paul Dessau (1894-1979)
Saleem Ashkar
Daniel Barenboim
Le camp de Theresienstadt ou Terezín
« L’Empereur de l’Atlantide », de Viktor Ullmann et Peter Kien
« Plus jamais les camps ! L'autre message de l'opéra Brundibar » (Wiedersehen mit Brundibar) de Douglas Wolfsperger
Frédéric Chopin, la Note bleue
« L’Empereur de l’Atlantide », de Viktor Ullmann et Peter Kien
« Plus jamais les camps ! L'autre message de l'opéra Brundibar » (Wiedersehen mit Brundibar) de Douglas Wolfsperger
Frédéric Chopin, la Note bleue
« Un virtuose sans égal. Le violoniste Jascha Heifetz » par Peter Rosen
« Hello I am David. Un voyage avec David Helfgott » par Cosima Lange
Herbert von Karajan (1908-1989)
« Hello I am David. Un voyage avec David Helfgott » par Cosima Lange
Herbert von Karajan (1908-1989)
Yehudi Menuhin (1916-1999), violoniste et chef d’orchestre
Ennio Morricone (1928-2020)
Jacques Offenbach (1819-1880)
Murray Perahia, pianiste et chef d’orchestre
Itzhak Perlman
Ennio Morricone (1928-2020)
Jacques Offenbach (1819-1880)
Murray Perahia, pianiste et chef d’orchestre
Itzhak Perlman
« Arthur Rubinstein » de Marie-Claire Margossian et « Arthur Rubinstein interprète Chopin, Concerto pour piano n° 2 »
« Sur la route de Jérusalem avec Jordi Savall. La ville des deux paix » par Michael Beyer
Arnold Schönberg. Peindre l'âme
Martial Solal, pianiste de jazz
« Requiem pour la vie », de Doug Schulz« Sur la route de Jérusalem avec Jordi Savall. La ville des deux paix » par Michael Beyer
Arnold Schönberg. Peindre l'âme
Martial Solal, pianiste de jazz
« Richard Wagner et les Juifs » de Hilan Warshaw
« Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » de Kurt Weill et Bertolt Brecht
Alexander von Zemlinsky (1871-1942)
« Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny » de Kurt Weill et Bertolt Brecht
Alexander von Zemlinsky (1871-1942)
« L’exposition « Musique et République, de la Révolution au Front populaire » — organisée avec le concours du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris — explore les liens entre la musique et la construction de la République en France. »
« De la Révolution, qui réorganise de nouvelles institutions et utilise la musique pour fonder un sentiment patriotique, au Front populaire de 1936, qui fait le pari de l’émancipation sociale du citoyen par l’accès aux loisirs et à la culture, la formation et la pratique musicale permettent à la fois le partage d’un patrimoine sonore commun et l’expression personnelle, parfois subversive. »
L'exposition s'achève en 1937. On reste admiratif devant l'intelligence et la persévérance ayant présidé à la démocratisation par l'enseignement, par la pratique, de la musique, notamment par des fanfares municipales, ainsi que par l'utilisation intelligente de la musique pour ancrer le patriotisme. La musique a contribué à la cohésion nationale.
Et on déplore la destruction de cet enseignement public, gratuit, par des gouvernements, essentiellement de gauche, depuis plus de quatre décennies.
La cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été à Paris, le 26 juillet 2024 a symbolisé le dédain macroniste pour la musique républicaine, la culture classique. Du siège de l'Académie française détruite par les flammes, sortait la chanteuse de pop-afro-zouk Aya Nakamura, chanteuse trentenaire franco-malienne blondie, chantant en playback. Après avoir interprété un pot-pourri de chansons de Charles Aznavour, dont For me formidable, elle chante son succès Djadja (2018) sans lien avec le sport, difficilement compréhensible, accompagnée par le Chœur de l'Armée française et entourée par les musiciens de la Garde républicaine bougeant. Le gardien de la langue français disparait par le feu, et après l'intermède du franco-anglais, c'est l'avènement d'une autre culture, d'autres mœurs, auxquels la République, représentée par la Garde républicaine, se soumet :
"Oh, Djadja
Y a pas moyen, Djadja
J'suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça
Oh, Djadja
Y a pas moyen, Djadja
J'suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça
Tu penses à moi, j'pense à faire de l'argent
J'suis pas ta daronne, j'te ferai pas la morale
Tu parles sur moi, y a R
Crache encore, y a R
Tu voulais m'avoir, tu savais pas comment faire
Tu jouais un rôle, tu finiras aux enfers
"T'façon, Nakamura, je l'ai couchée"
Le jour où on se croise, faut pas tchouffer
Tu jouais le grand frère pour me salir
Tu cherches des problèmes sans faire exprès
Putain, mais tu déconnes
C'est pas comme ça qu'on fait les choses".
Aux Archives nationales, « le public découvre cette histoire au fil d’un parcours riche en iconographie. »
« Une scénographie audacieuse met en valeur, dans un dispositif central, La Marseillaise et certaines de ses adaptations. Le public pourra admirer non seulement des partitions inédites, des instruments oubliés et étonnants, des documents politiques, mais également écouter des airs de musique, dont certains, enregistrés spécialement pour l’exposition, n’ont pas été entendus depuis la Révolution. »
« COMMISSARIAT
MARIE RANQUET,
conservatrice en chef du patrimoine aux Archives nationales
SOPHIE LÉVY
responsable des archives au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
CHRISTOPHE BARRET
chargé d’exposition au département de l’Action culturelle et éducative des Archives nationales.
CONSEIL SCIENTIFIQUE
MATHIAS AUCLAIR
conservateur général des bibliothèques, directeur du département de la Musique de la Bibliothèque nationale de France
RÉMY CAMPOS
professeur d’histoire de la musique au Conservatoire de Paris, responsable de la recherche à la Haute école de musique de Genève / HES-SO
MYRIAM CHIMÈNES
directrice de recherches émérite au Centre national de la Recherche scientifique (IReMus)
PETER HICKS
historien, chargé des relations internationales à la Fondation Napoléon et rédacteur en chef de Napoleonica the journal
ÉMELINE ROTOLO
chargée d’études documentaires, responsable du fonds musique au département Éducation, Culture et Affaires sociales des Archives nationales
CHARLOTTE SEGOND-GENOVESI
docteure en musicologie »
Autour de l’exposition, les Archives nationales organisent une programmation - conférences-concerts partenariat avec différentes formations musicales (Musique des Gardiens de la paix, ensembles de conservatoires…), un grand concert de la Musique des Gardiens de la paix le 13 juillet 2025 (veille de la fête nationale) dès 19 h. Cour d’honneur de l’hôtel de Soubise. Entrée libre (dans la limite des places disponibles) -, des visites guidées, des conférences-concerts, et un dépliant enfant (7-10 ans), en visite autonome avec leurs parents.
LA RÉVOLUTION DE LA MUSIQUE
« Pendant la Révolution, pas de fête publique sans chansons ; pas de commémoration sans orchestre ; pas de charge militaire sans roulement de tambours. Il s’agit de former des musiciens au service de la Nation. »
« Dès 1789, les révolutionnaires se saisissent de la musique pour fonder un nouvel univers sonore : celui de la République. Le tout jeune État encourage la composition d’hymnes, de chants et de marches à la gloire de la patrie et du nouveau régime : le 27 prairial an II (15 juin 1794), le Comité de Salut public « appelle les poètes à célébrer les principaux événements de la Révolution française, à composer des hymnes et des poésies patriotiques ».
« Cet encouragement à l’expression spontanée est entendu et, de tout le pays, citoyens et citoyennes adressent à la Convention odes, hymnes et chants divers. Certains célèbrent les avancées révolutionnaires, spécialement l’établissement d’une Assemblée, garante de la souveraineté du peuple ; d’autres expriment des positions plus nuancées ou personnelles. »
« Les paroles des chants conservés aux Archives nationales, dans les archives du Comité d’instruction publique, illustrent cet élan citoyen. »
« Si nombre de pièces restent durablement méconnues, tout un répertoire s’est alors forgé et transmis, grâce aux fêtes révolutionnaires, qui sont autant d’occasions pour encourager la création musicale. »
« La pratique change : la place des instruments à cordes baisse, au profit des cuivres et bois, dont le son porte beaucoup mieux en extérieur. »
« Certaines œuvres comme La Marseillaise ou Le Chant du départ connaissent un succès aussi fulgurant que durable, tandis que d’autres témoignent de l’adaptation de leurs auteurs aux changements politiques. »
« En supprimant les maîtrises religieuses, la Révolution a démantelé les principales structures de formation musicale. Cet enseignement est progressivement réorganisé : l’école municipale de musique de la Garde nationale est créée en 1792, puis l’Institut national de musique en 1793. Finalement, la loi du 16 thermidor an III (3 août 1795) instaure le Conservatoire national de musique. Son ambition pédagogique est de former des artistes pour glorifier les vertus de la République, au service des armées, lors les fêtes nationales et dans les théâtres publics. Le rôle civique de la musique est ainsi officiellement affirmé. »
FOCUS
Instruments
« Les facteurs d’instruments enrichissent et renouvellent une production qui doit être toujours plus maniable et sonore. »
« C’est l’âge d’or des buccins (trombones à coulisse), des bassons russes (serpents droits) rehaussés de têtes de dragons polychromes, des trompettes naturelles à oriflammes et des tambours peints. »
« Les instruments à anches, tels que les hautbois, bassons et clarinettes, sont quant à eux peu adaptés aux défilés, par manque de puissance et d’homogénéité sonore. S’agissant des cuivres à son naturel (c’est-à-dire dépourvus de piston), ils sont limités dans leurs gammes et ne facilitent pas la création musicale. »
Méhul
« Étienne-Nicolas Méhul est l’un des compositeurs les plus importants de la Révolution et l’un des fondateurs du conservatoire national de musique. Il est l’auteur de la musique du très célèbre Chant du départ, écrit par Marie-Joseph Chénier. Ce tableau peint aux débuts de la Troisième République montre la postérité de Méhul enthousiasmant les foules parisiennes par ses chants patriotiques. »
Chansons
« Au sein des archives du Comité d’instruction publique sont conservés bon nombre de chants, hymnes, airs ou odes composés par les citoyens à la suite du décret du 27 prairial an II [15 juin 1794] appelant les artistes à « célébrer les principaux événements de la Révolution ».
« Bien souvent ne sont écrites que les paroles, avec l’indication « sur l’air de… » : afin d’en faciliter l’impression et la diffusion, on a recours à des airs connus de tous, que tout citoyen peut donc facilement reprendre. »
LA MARSEILLAISE
« Dès sa création par Rouget de Lisle, en 1792, le Chant de guerre pour l’armée du Rhin remporte un succès fulgurant. Apportée à Paris par les troupes venues de Marseille, cette ode à la liberté est aussi un appel à la mobilisation générale pour sauver « la patrie en danger ». Elle devient brièvement hymne national en 1795, avant d’être détrônée par Le Chant du départ ou Veillons au salut de l’Empire sous Napoléon. Elle ne disparait cependant pas des mémoires. Berlioz en propose une nouvelle orchestration lors des révolutions de 1830 et 1848. »
« Ce n’est qu’en 1879 qu’elle redevient hymne national, sous la jeune et encore fragile Troisième République. Son exécution en de multiples circonstances de la vie publique rappelle le souvenir de la grande Révolution. »
« Mais elle devient aussi une expression de l’identité nationale et manifeste une adhésion patriotique : elle est, à ce titre, peu à peu revendiquée par toutes les composantes politiques de la Nation. »
« Son rôle fédérateur se fait évident lors des guerres quand elle encourage à l’assaut ou incite à la résistance. »
« Son caractère emblématique, sa sacralité même incite aux détournements, tantôt burlesques, tantôt subversifs : Marseillaise des féministes, Marseillaise des mineurs... Sa capacité à devenir un chant de lutte universel est sa force ! »
LA RÉORGANISATION DE LA FORMATION MUSICALE
« L’exposition retrace l’histoire d’une démocratisation de l’accès à la musique.
Dispensée d’abord uniquement aux jeunes adultes, à Paris avant d’être déclinée dans différents départements, la formation atteint l’enseignement primaire à la fin du XIXe siècle, grâce aux lois Jules Ferry. La jeune Troisième République, encore fragile et attaquée de toutes parts, se sert de la musique pour rallier les cœurs à sa cause. »
« Après la Révolution, la pratique musicale se démocratise. Elle s’exprime au sein des sociétés de musique amateur, des harmonies et fanfares municipales, des orphéons. Avec le retour durable des Républicains au pouvoir à partir des années 1870, les musiciens se font entendre dans les bals populaires du 14 juillet, en même temps s’épanouissent goguettes et cafés concerts. »
« Les lieux d’écoute se multiplient : grandes salles comme celle du Trocadéro ou de l’Opéra Garnier à Paris, mais aussi kiosques en plein air qui deviennent un élément incontournable du paysage urbain. »
« La Troisième République utilise la musique pour renforcer la cohésion de la Nation, par l’enseignement et l’encouragement de la pratique en amateur. Le monde musical reflète l’adhésion progressive du pays aux valeurs portés par les « héros français » et les musiques de compositeurs vivants. »
« À partir de 1882, l’État intègre la musique aux programmes de l’école primaire. La population enfantine se voit enseigner les rudiments de la musique et s’approprie ainsi un répertoire commun. »
« Les compositeurs français qui ont fait vibrer la corde patriotique dans leurs œuvres sont honorés : Hector Berlioz, Charles Gounod, Claude Debussy, ou encore Camille Saint-Saëns. »
« En 1889, l’Exposition universelle organisée par une République encore fragile est l’occasion de faire jouer une Ode triomphale célébrant la Révolution de 1789 devant 15 000 spectateurs. »
Loi du 28 mars 1882
« Cette loi votée le 28 mars 1882 fait partie de l’édifice consacré à l’éducation et voté sur l’impulsion de Jules Ferry entre 1879 et 1886. Pour la première fois, l’enseignement de la musique est inscrit parmi les matières obligatoires de l’école primaire. »
« Cet enseignement limité aux notions de base (« éléments ») permet à des générations d’écoliers de découvrir l’art de la chorale, plus simple à transmettre qu’une pratique instrumentale. »
Ode triomphale à la République
d’Augusta Holmès
« Le 19 septembre 1889, au palais de l'Industrie, à l'occasion de la distribution des récompenses de l'Exposition universelle sur le point de s’achever, est jouée la pièce qu’Augusta Holmès a composée « en l’honneur du centenaire de la République » - celui-ci étant le thème de l’exposition. L’ode met en scène la République descendant parmi ses fidèles et les recouvrant de sa lumière. »
Bannières d’harmonie
« Le développement des orchestres d’harmonie au XIXe siècle témoigne de la vitalité de l’enseignement et de la pratique musicale sur tout le territoire. L’harmonie devient un élément de l’identité d’un lieu, comme ici à Saint-Juéry (Tarn) : l’harmonie Saint-Éloi, plus ancienne association de Saint-Juéry, a été fondée en 1853 par les ouvriers des Aciéries du Saut-du-Tarn. C’est donc tout naturellement qu’elle prend le nom du saint patron des métallurgistes. Cette bannière a pu être réalisée à l’occasion du concours musical d’Albi de 1874, lors duquel l’harmonie se classe première ex-aequo de sa catégorie. »
FOCUS
Wagner
« Dans l’atmosphère revancharde qui règne en France après l’annexion par la Prusse, en 1870, de l’Alsace-Lorraine, certains musiciens font les frais de leur nationalité : Wagner et Offenbach sont par exemple identifiés comme compositeurs prussiens et donc rejetés par une partie de la population. »
« Richard Wagner en particulier, chantre de l’esprit germanique et promoteur ardent d’une musique allemande, déchaîne les passions. Ainsi la représentation à Paris de l’opéra Lohengrin en 1891 donne-t-elle lieu à des affrontements, d’abord par voie de presse, puis sur la voie publique, entre patriotes français et amateurs de musique, les premiers dénonçant la supposée germanophilie des seconds. Les esprits s’échauffent, au point que la police doit intervenir. »
Dépêches contrôlées
« Il s’agit de dépêches de particuliers (ici on note des noms de journaux) dont l’administration des postes adresse une copie au ministère de l’Intérieur quand elles sont jugées importantes. Celles-ci ont été interceptées à l’occasion de la représentation de Lohengrin en 1891. On y lit notamment : « Affluence énorme. Manifestation devant cercle militaire. On chante Marseillaise. Brutalités policières. 300 arrestations. Garde à cheval charge. Cent mille personnes entre Madeleine et Opéra. À intérieur représentation continue sans incident devant salle bondée policiers. » Ou sur une autre : « Foule alentours Opéra paraît état siège (…) Préfet police surveille service ordre (…) Patrie en danger dit fausse annonce représentation. »
LA MUSIQUE AU SERVICE DU RENFORCEMENT DE LA COHÉSION NATIONALE
« Au tournant des XIXe et XXe siècles, la musique reste intrinsèquement liée à la politique. Elle sert l’expression des mouvements populaires de contestation. »
« Elle fait entendre les aspirations des classes laborieuses dans des chansons « engagées » qui revendiquent une République plus sociale. »
« Au XIXe siècle, la Révolution industrielle engendre l'émergence des mouvements ouvriers. Lors des mobilisations collectives, la musique fédère les énergies : les slogans chantés et les danses dans les usines occupées renforcent le sentiment de communauté. La chanson militante dépeint les conditions de vie, exprime les revendications des travailleurs, appelle à la solidarité, réclame égalité et justice. Les musiques de ces chansons sont parfois écrites par un compositeur mais, très souvent, l’auteur rédige son poème sur un air déjà connu : La Marseillaise se fait alors ouvrière ou féministe. Paroles percutantes et rythmes éprouvés facilitent la mémorisation et la transmission des messages politiques et certains textes, d’une grande postérité, permettent la transmission de la mémoire d’éléments douloureux (Commune de Paris ou fusillade de Fourmies par exemple). »
« Pour l’État républicain, comme cela avait été le cas en 1792, la musique est appelée au secours de la Patrie menacée lors de la Première Guerre mondiale. Alors que les concerts, sur le front comme à l’arrière, témoignent d’un patriotisme ardent, des compositeurs renommés comme Saint-Saëns, Debussy ou Ravel proposent des œuvres glorifiant les victimes. »
« Cependant, à mesure que le conflit s’enlise, la chanson se fait contestataire et dénonce les horreurs vécues par les Poilus. »
« Si elle est un outil de revendication et de propagande, la musique est aussi un enjeu d’éducation. »
« Après la victoire du Front populaire en 1936, l’État républicain manifeste la volonté de démocratiser l'accès à la culture. Cela se traduit par le renforcement de la place de la musique dans l'éducation générale et la promotion des activités musicales de loisir. »
« La musique populaire et la chanson bénéficient des avancées techniques qui permettent d’élargir leur diffusion. »
FOCUS
Partitions de chants de lutte
« Les manifestations sont toujours accompagnées de chansons : appelant à la grève générale, la révolution ou la fraternité internationale, elles font passer le message des militants bien mieux qu’un discours. »
« Diffusées sur feuilles volantes ou publiées en petits recueils, les chansons sociales se présentent souvent sous forme de partitions simples, avec uniquement la partie chantée, incluant les paroles.
LE FRONT POPULAIRE
L’invention d’une politique culturelle musicale
« La musique figure en bonne place parmi les priorités du programme culturel du Front populaire. Jean Zay, ministre de l 'Éducation nationale et des Beaux-Arts dans le gouvernement de Léon Blum, met en place une politique de démocratisation culturelle et entreprend des réformes éducatives. La musique affirme sa place au sein de l’école publique, et les cours d’instrument et de chant sont promus. »
« La pratique en amateur est encouragée et l’offre culturelle s’élargit : le développement de la radiophonie et de l’enregistrement contribue à promouvoir la musique auprès d’un large public. Certains genres prospèrent, comme le jazz, qui se diffuse dans les clubs et les cabarets, de même que la chanson qui connaît un essor considérable. »
LA CHANSON ENGAGÉE
« Colportée par des marchands ambulants ou diffusée par voie de presse, la chanson commente l’actualité, tourne en dérision ou soutient des revendications. »
« De grandes figures émergent au XIXe siècle, en particulier celle de Pierre-Jean de Béranger (1780-1857), dont les textes célébrant liberté et haine des tyrans ont marqué des générations de chansonniers. »
« De goguettes en cafés-concerts, la chanson se fait tour à tour burlesque ou satirique et se met au service des grévistes, des anarchistes, des féministes… Elle est un espace d’expression politique. »
« À la fin du XIXe siècle, Aristide Bruant devient célèbre au cabaret du Chat noir avec la chanson réaliste, qui, en écho aux romans de Zola, dépeint la misère et les joies des quartiers populaires. »
« L’avènement de la radio et la diffusion du disque enregistré, à partir de l’entre-deux guerres, entraînent la gloire durable de nombre de figures de la chanson populaire, parmi lesquels Fréhel, Damia, Félix Mayol, Maurice Chevalier, Charles Trenet, etc. »
REPÈRES
Création d’un corps de musique commun au sein de la Garde nationale, à l’initiative de Bernard Sarrette
1792
La Marseillaise
1793
Création de l’institut national de musique
1794
Le Chant du départ
1795
Réorganisation de l’institut national de musique, qui, englobant désormais le chant, devient Conservatoire national
1826
Établissement des écoles succursales du Conservatoire
1830
Berlioz arrange La Marseillaise pour orchestre
Années 1850
Début de l’âge d’or des harmonies et des orphéons
1861
Création des concerts populaires de musique classique, par Jules Pasdeloup
1866-1868
Le Temps des cerises
1871
L’Internationale
1875
Inauguration de l’Opéra Garnier à Paris
1877
Débuts du phonographe et de l’enregistrement sonore
1879
La Marseillaise devient hymne national
1882
Loi sur l’instruction primaire introduisant la musique à l’école
Ode triomphale à la République
1898-1900
Naissance de la radiodiffusion
1914
À ceux qui glorieusement sont morts pour la patrie
1915
Noël pour les enfants qui n’ont plus de maison
1916
Création de la Ligue pour la défense de la musique française
1917
Chanson de Craonne
Années 1920
Émergence et structuration des mouvements de jeunesse
1936
Mouvements de grève et début du Front populaire
1938
Réforme de l’enseignement du chant pour les classes de la 6e à la 3e »
À propos des Archives nationales
« Les Archives nationales, établissement du ministère de la Culture, sont le plus grand centre d’archives d’Europe. Mémoire de la France, elles conservent et communiquent aux publics les archives de l’État depuis le Moyen Âge, celles des notaires parisiens et des archives privées d’intérêt national. Elles contribuent à la connaissance de l’histoire et au partage des valeurs citoyennes auprès du grand public, en particulier des plus jeunes, par leurs expositions, publications et autres activités de médiation. »
À propos du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
« Créé en 1795, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris est le premier établissement public français de transmission des arts musicaux et chorégraphiques. »
« Ses nombreux partenariats internationaux et la renommée de ses professeurs et anciens étudiants en font une référence internationale. Le Conservatoire mène une politique ambitieuse de création, de recherche et d’ouverture aux publics, grâce à une riche programmation de concerts, spectacles de danse, conférences, cours et colloques, gratuits et ouverts à tous. Le Conservatoire trouve ainsi naturellement sa place dans l’archipel formé avec la Philharmonie de Paris et la Cité de la Musique, La Villette et le Centre national de la danse (CND), où création, interprétation, recherche et transmission se mêlent pour constituer un ensemble unique en Europe. »
« L’établissement accueille près de 1 400 étudiants. »
www.archives-nationales.culture.gouv.fr
UN PARTENARIAT RADIO PRIVILÉGIÉ
« Sans frontières, la musique classique traverse le temps et se joue des époques, malgré les épreuves et l’adversité. Partie intégrante de la grande histoire, la radio France Musique retrace régulièrement le rôle majeur que la musique joue dans la transformation de nos sociétés. À l’écoute du monde foisonnant qui nous entoure, France Musique donne à entendre cette vitalité musicale d’hier et d’aujourd’hui. »
« Elle s’adresse à un million d’auditeurs, chaque jour, et plus encore sur la toile, en offrant des programmes diversifiés aux multiples formats (podcasts, séries vidéos, webradios, salle de concert virtuelle…) Courroie de transmission entre les générations, France Musique cultive ce lien, avec passion, enthousiasme et dans un esprit de partage. C’est donc tout naturellement qu’elle soutient et accompagne l’exposition Musique et République. De la Révolution au Front populaire, présentée aux Archives nationales. »
France Musique, c’est
+ 1 million
d’auditeurs/jour
+ de 3 millions
d’écoutes live/mois
+ de 2 millions
d’écoutes à la demande tous supports »
Musée des Archives nationales – L’hôtel de Soubise
60, rue des Francs-Bourgeois - 75003 Paris
Tél. : 01 75 47 20 02
Lundi, mercredi, jeudi, vendredi : 10h – 17h30
Samedi, dimanche : 14h – 17h30, 14h – 19h
Entrée gratuite
Visuels :
Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen mise en vers et en musique par les citoyens Mentelle et Langlé. 6 ventôse an II [24 février 1794]. Archives nationales, D/XXXVIII/5
Dans cette version de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen mise en strophes et musique, chaque article devient un quatrain d’alexandrins rimés.
Archives nationales / DIS / Rémi Champseit
Trombone à coulisse, dit buccin. Laiton peint. Fabricant : anonyme. Époque révolutionnaire
Collection Bruno Kampmann, inv. 31 Cliché : Association des collectionneurs d’instruments à vent / Lionel Renoux
La Marseillaise, Archives nationales, AB/XIX/3358
Une loge de l’Opéra de Paris. Dessins de la représentation gratuite du 14 juillet 1899 publiés dans L’Illustration. 1899. Archives nationales,
AE/II/3865/1899/2 Archives nationales / DIS / Rémi Champseit
Lettre de Richard Wagner au ministre des Beaux-Arts sur la représentation de Tannhäuser. 9 avril 1861.
Archives nationales, F/21/1069
Archives nationales / DIS / Rémi Champseit
Marthe Chenal (1881-1947) chantant La Marseillaise. Georges Bertin Scott. 1914
Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris, inv. D-7962
CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet
La sortie du conservatoire de musique. Jean Béraud. Vers 1899.
Musée Carnavalet, Histoire de Paris, inv. P1622
CCØ Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Articles sur ce blog concernant :
Les citations proviennent du dossier de presse.














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