dimanche 30 juillet 2023

« Exclusion, rébellion, affirmation - Newark USA » de Stephen Faigenbaum

Banlieue de New York (Etats-Unis), Newark est la deuxième ville la plus peuplée du New Jersey. Parmi les célébrités nées à Newark : 
le comédien et réalisateur Jerry Lewis (1926–2017), l'acteur Ray Liotta (1954–2022), le compositeur et chanteur Paul Simon (né en 1941), la chanteuse de jazz Sarah Vaughan (1924–1990), Amiri Baraka (1934–2014), poète afroaméricain antisémite, le romancier Philip Roth (1933–2018)... Arte diffusera le 1er août 2023 à 23 h 25 « Exclusion, rébellion, affirmation - Newark USA » de Stephen Faigenbaum.


Située dans le comté d'Essex, banlieue de New York, Newark est la ville la plus peuplée de l'État du New Jersey : en 2020, elle avait 305 344 habitants. Elle dispose du deuxième plus important aéroport de l'agglomération new-yorkaise : l'aéroport international Liberty de Newark, localisé à 15 km de Manhattan. Plusieurs maires ont été condamnés pour divers délits financiers.

Juifs - Conservative, Orthodox and Reform Judaism - et musulmans représentent la deuxième communauté religieuse (3%). La plupart des mosquées sunnites sont membres de l'Islamic Society of North America. La Nation of Islam avait une mosquée à Newark présidée par Louis Farrakhan.

Parmi les célébrités nées à Newark : l'écrivain Paul Auster (né en 1947), le poète Allen Ginsberg (1926–1997),  l'acteur oscarisé Joe Pesci (né en 1943), le réalisateur Brian De Palma (né en 1940), le compositeur Jerome Kern (1885–1945), le comédien et réalisateur Jerry Lewis (1926–2017), l'acteur Ray Liotta (1954–2022), le compositeur et chanteur Paul Simon (né en 1941), la chanteuse de jazz Sarah Vaughan (1924–1990), Amiri Baraka (1934–2014), poète Laureate of New Jersey, Philip Roth (1933–2018)...

Everett LeRoi Jones (1934-2014), connu sous le nom d'Amiri Baraka nom qu'il adopta lors de sa conversion à l'islam en 1968, était un dramaturge, romancier, nouvelliste, poète, essayiste, éditeur et professeur d'université afro-américain politiquement engagé. Il a fondé le Black Arts Movement. Il a loué une beauté afro-américaine non liée aux  canons occidentaux.  Il a produit les Jihad Singers (1970). "De 1979 au milieu des années 1980, il a enseigné les Black Studies ou African Studies dans différentes universités".

En 1958, il épousa Hettie Cohen Jones, avec qui il coédita jusqu'en 1963 le magazine littéraire Yuge. Le couple a eu deux filles, Kellie Elisabeth et Lisa Victoria Chapman, et divorça en 1965. L'année suivante, Amiri Baraka s'est remarié avec Sylvia Robinson qui adopta le nom de Bibi Amina Baraka ; le couple a eu cinq enfants : Dbalaji Malik Ali, Ras Jua Al Aziz, Shani Isis, Amiri Seku et Ahi Mwenge.

Proche de la Nation of Islam, marqué par l'assassinat de Malcolm X en 1965, ce poète controversé, qualifié parfois d'homophobe, de raciste anti-Blanc et de misogyne, était antisémite

Dans un livre édité en 1969, Amiri Baraka a écrit : “Smile, jew. Dance, jew. Tell me you love me, jew,” and, “I got the extermination blues, jewboys. I got the hitler syndrome figured.” Dans un poème, il a évoqué son ex-épouse comme une "grosse fille juive" (“fat jew girl".

Dans un article publié en 1985, Amiri Baraka a écrit que l'"impérialisme israélien et l'apartheid sudafricain étaient frères de sang."

En septembre 2002, peu après avoir été désigné poète lauréat du New Jersey, Baraka a signé un poème intitulé “Somebody Blew Up America” qui suggérait qu'Israël a eu connaissance à l'avance des attentats terroristes islamistes du 11 septembre. Il y alléguait : “Who knew the World Trade Center was gonna get bombed/Who told 4000 Israeli workers at the Twin Towers/To stay home that day/Why did Sharon stay away?”

Cet auteur est décédé au Beth Israel Medical Center, à Newark, New Jersey. Beth Israel est un des hôpitaux "juifs".

« Exclusion, rébellion, affirmation - Newark USA »
Arte diffusera le 1er août 2023 à 23 h 25 « Exclusion, rébellion, affirmation - Newark USA », documentaire français de Stephen Faigenbaum (2022).

« L'histoire de la ville cosmopolite et sinistrée de Newark, laboratoire dans les années 1960 de la lutte pour les droits civiques, racontée à travers les regards de Philip Roth et Amiri Baraka, deux auteurs qui y ont grandi. »

« Newark n'est pas New York, sa voisine située de l'autre côté de la rivière Hudson ». 

« C'est une petite ville de banlieue dont la spécificité industrielle est tombée dans l'oubli. »

« La promesse de prospérité avait jadis fait venir dans cette cité du New Jersey des vagues d'immigrés européens, puis des Noirs du Sud fuyant la violence des lois ségrégationnistes. »

« Dans cette ville longtemps pluriethnique, les remous du mouvement des droits civiques, la pauvreté endémique des Noirs, l'omniprésence de la mafia, de la violence policière et de la corruption déclenchent en 1967 des émeutes sanglantes. »

« Les élites blanches de Newark abandonnent alors la ville, qui se dépeuple pour devenir majoritairement noire et qui sombre dans le marasme. » 

« Deux auteurs originaires de Newark, issus de la même génération, incarnent mieux que personne l'histoire du lieu, dont ils sont devenus, chacun à leur manière, des figures incontournables : le romancier Philip Roth (1933-2018), issu d'une famille d'immigrants juifs, et le poète et dramaturge afro-américain Everett LeRoi Jones, connu sous le pseudonyme d'Amiri Baraka (1934-2014), qui fondera le Black Arts Movement et deviendra l'un des visages les plus engagés et éloquents du Black Power. »

"Newark était la clé qui m'a ouvert les sens à tout le reste", affirme Philip Roth, dont près de la moitié des romans - Pastorale américaine, Complot contre l'Amérique, La tache... - ont pour décor la ville et le quartier juif qui l'ont vu grandir, et dont l'observation des tensions sociales a affûté le regard sur le délitement de l'American way of life. » Ses parents, Bess Finkel (1904-1981) et Hermann Roth (1901-1989), agent d'assurances, venaient de Galicie. La famille Roth a vécu dans un quartier où vivait une bourgeoisie modeste de Newark.

« C'est aussi son retour à Newark qui forge le parcours militant d'Amiri Baraka, pour qui l'art - et notamment l'écriture de son essai Peuple du blues - devient une arme contre l'oppression. Militant pour l'éviction d'une municipalité blanche corrompue, il a contribué à faire élire le premier maire noir de la ville. L'auteur mourra d'ailleurs quelques semaines avant que son propre fils, Ras Baraka, soit élu à ce même poste en 2014. » Pourquoi Arte occulte-t-elle l'antisémitisme d'Amiri Baraka ?

« Ce beau documentaire de l'Américain Steve Faigenbaum retrace l'histoire d'un lieu, modèle réduit de l'Amérique, à travers des images d'archives et des extraits de textes de ces deux auteurs emblématiques. »



France, 2022, 1 h
Coproduction : ARTE France, TS production
Sur Arte le 1er août 2023 à 23 h 25
Visuels :
© TS PRODUCTIONS
© Newark Public Library
© Courtesy Johnson Publishing Company, LLC. All rights reserved
© Three Lions/Hulton Archive/Getty Images
© Library of Congress

Eve Babitz (1943-2021)

Eve Babitz (1943-2021) était une journaliste, nouvelliste, essayiste - Eve's Hollywood (1974), Slow Days, Fast Company (1977), Fiorucci, The Book (1980) -, artiste visuelle et femme de lettres américaine, célèbre pour son rôle - auteure, muse de Jim Morrison - dans la contre-culture à Los Angeles, en Californie, dans les années 1960-1970. Arte diffusera les 1er août 2023 à 17 h 25 et 02 août 2023 à 8 h 10, dans le cadre du "magazine de l'évasion culturelle" « Invitation au voyage », « Eve Babitz, la femme de Los Angeles » (2022).

Raymond Aron (1905-1983) 
« ENS : L'école de l’engagement à Paris » par Antoine de Gaudemar et Mathilde Damoisel
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 

Eve Babitz (1943-2021) est née à Los Angeles dans une famille californienne bohême - père juif russe Sol, violoniste classique dans l'orchestre de la 20th Century Fox, mère artiste et architecte cajun catholique - et amie du compositeur Igor Stravinsky, parrain d'Eve Babitz.

Elle fréquente la contre culture angeline, dont elle exprime les revendications notamment en matière de sexualité, thème de certains de ses essais en partie autobiographiques, et expérimente des drogues, dont le LSD.

En 1963, cette vingtenaire devient célèbre en étant photographiée nue, par Julian Wasser, alors qu'elle joue aux échecs avec l'artiste Marcel Duchamp durant une rétrospective historique de son œuvre au Pasadena Museum of Art. Une exposition dont le commissariat était assuré par Walter Hopps, alors compagnon d'Eve Babitz. Les Archives of American Art considèrent ce cliché comme « une des principales images documentaires de l'art moderne américain ».

Eve Babitz débute comme illustratrice pour l'industrie de la musique (Atlantic Records) en créant des couvertures d'albums pour Linda Ronstadt, The Byrds et le groupe folk-rock Buffalo Springfield ( Buffalo Springfield Again, 1967)...

Ses articles et nouvelles sont publiés par Rolling Stone, The Village Voice, Vogue, Cosmopolitan et Esquire

Eve Babitz apparaît dans Le Parrain II.

Parmi les œuvres romanesques en partie autobiographiques d'Eve Babitz, grande lectrice, chroniqueuse de l'esprit de sa ville natale dans une décennie d'excès festifs, citons 
Eve's Hollywood (1974), Slow Days, Fast Company (1977), 
Sex and Rage (1979), Fiorucci, The Book (1980), LA Woman (1982),  Two By Two (1999) et Black Swans (1993)

Eve Babitz, qui a présenté Salvador Dali à Frank Zappa, est la muse ou la compagne du chanteur/poète Jim Morrison, des artistes et frères Ed Ruscha - Ed Ruscha l'a incluse dans Five 1965 Girlfriends (Walker Arts Center 's Design Journal, 1970) et Paul Ruscha, le comédien et écrivain Steve Martin , l'acteur Harrison Ford et l'écrivain Dan Wakefield.... 
 
En 1997, Eve Babitz est grièvement blessée dans sa voiture qu'elle conduit : elle laisse tomber accidentellement une allumette allumée sur sa jupe, ce qui provoque des brûlures au troisième degré sur plus de la moitié de son corps. 

Comme elle n'a pas d'assurance maladie, ses amis et sa famille réunissent l'argent nécessaire à payer les factures médicales et sa convalescence par des dons, en vendant des œuvres d'art. 
Dès 2010, certains essais d'Eve Babitz sont réédités et contribuent à une nouvelle célébrité. En 2016, la bibliothèque publique de New York organise la table-ronde "The Eve Effect" avec l'actrice Zosia Mamet et l'écrivain new-yorkais Jia Tolentino. 

En 2022, la bibliothèque Huntington en Californie a annoncé qu'elle avait acquis les archives personnelles - brouillons, journaux, photographies, lettres (1943-2011) - d'Eve Babitz. 

« Eve Babitz, la femme de Los Angeles »
« Invitation au voyage » est « le magazine de l'évasion culturelle ». « Du lundi au vendredi à 18h10, Linda Lorin nous entraîne autour du monde à la découverte de lieux qui ont inspiré des artistes, de cités et de cultures uniques, de notre patrimoine artistique, culturel et naturel, et nous invite dans les cuisines et les restaurants du monde entier. Le samedi à 16 h 35, "Invitation au voyage spécial" propose une escapade à la découverte d'une ville, d'une région ou d'un pays. »

« Linda Lorin nous emmène à la découverte de notre patrimoine artistique, culturel et naturel ». 

Arte diffusera le 1er août 2023 à 17 h 25, dans le cadre d’« Invitation au voyage », « Eve Babitz à Los Angeles » (2022).

« L.A. Woman est un titre mythique signé Jim Morrison. Un hymne "sexe, drogue et rock and roll" dédié à sa muse : Eve Babitz, une femme de Los Angeles. »

« Cette égérie de la contre-culture américaine, journaliste et autrice, a su capturer les années 1960-1970 en Californie et leur folle liberté ». 

« Dans ses autobiographies, elle dépeint l'âme de Los Angeles dont elle est inséparable ; une cité qui, sous son regard et sa plume désinvolte, s'anime au fil des rencontres. »


« Eve Babitz, la femme de Los Angeles » de Fabrice Michelin
France, 2022, 46 min
Sur Arte les 1er août 2023 à 17 h 25, 02 août 2023 à 8 h 10
Disponible du 25/07/2023 au 30/10/2023


jeudi 27 juillet 2023

« Fatima - Mourir à 14 ans » de Hakim El Hachoumi et Andrei Schwartz

Arte diffuse sur son site Internet, dans le cadre de « La vie en face », « Fatima - Mourir à 14 ans » de Hakim El Hachoumi et Andrei Schwartz. « En 2013, à Agadir, une jeune domestique succombait aux sévices infligés en toute impunité par ses employeurs. Enquête sur un fait divers glaçant qui a mis en lumière un Maroc à deux vitesses. »

Une version abrégée de cet article a été publiée en anglais par JewishRefugees 

« Du 21 juin au 16 août, ARTE 
ausculte les mutations de nos sociétés à travers une collection documentaire, diffusée chaque mercredi en deuxième et troisième parties de soirée. Un tour du réel en dix-huit films ».

« Comme chaque été, la collection “La vie en face” éclaire les grands enjeux de société en prenant le temps du documentaire. Cette année, pas moins de dix-huit films posent des regards singuliers sur : les mécanismes de l'emprise sectaire (Adeptes, de l'emprise à la déprise) ; une championne de natation accusée de trafic de migrants (Sara Mardini – Nager pour l'humanité) ; la vie de forçat d'un travailleur sans papiers (Premier de corvée) ; une communauté de bénédictines (Sœurs) ; le blues de jeunes chercheurs (Profs de fac, la vocation à l’épreuve) ; le revirement d’un partisan de l’extrême droite (Une jeunesse polonaise) ; l’édifiante enquête d’une veuve du Doubs sur une célèbre firme (Sophie Rollet contre Goodyear) ; les morts suspectes en prison (Mitard, l’angle mort) ; l’euthanasie (Les mots de la fin) ; l’abstinence (No Sex) ; la congélation des ovocytes (35 ans, les choix d’une femme) ; de jeunes cow-girls qui ruent dans les brancards (Rodeo Girls) ; l’esclavage moderne (Fatima – Mourir à 14 ans) ; ou le parcours d’un homme sorti du coma (44 heures entre la vie et la mort). »

« Sur les terres du Rodéo américain, à travers le quotidien d'un travailleur clandestin malien ou derrière les barreaux d'une prison en France, les documentaires de « La vie en face » sont de retour pour faire vibrer votre été.  Une ode à l'intime où les existences les plus ordinaires dévoilent un visage hors du commun. Une collection de documentaires disponible jusqu'au 16 août 2023 » en partenariat avec Brut et Libération.

« L’kheddama » (« La bonne »), c'est ainsi, ou par son prénom, que les employeurs marocains désignent leur très jeune domestique. En 2010, elles étaient entre 60 000 et 80 000 "petites bonnes" de moins de quinze ans exploitées dans des maisons malgré la loi marocaine interdisant le travail des mineurs de moins de quinze ans. Les intermédiaires entre les familles pauvres et les employeurs potentiels sont des « samsars », enrichis par ce commerce officiel. Des agences sont actives aussi sur ce "marché". 

En mars 2009, un Collectif marocain pour l’Eradication du Travail des « Petites Bonnes » avait été créé par l’Association INSAF, la Fondation Orient - Occident, Amnesty International - Maroc et l’Association Marocaine des Droits Humains. Le Collectif comptent aujourd’hui 26 associations agissant pour la défense et la promotion des droits de l’Enfant, en général, et le travail de proximité avec les petites filles, âgées de moins de 15 ans, en situation de travail domestique, en particulier." Une forme d'esclavage contemporain dans un Maroc à l'urbanisation accélérée, le travail croissant des femmes hors de leurs foyers, le faible nombre de crèches, etc.

« C'est un village berbère de l'Atlas, beau et misérable, où la sècheresse fait de plus en plus de ravages. "On doit tout le temps choisir entre nourrir les bêtes et donner à manger aux enfants", explique Zaina. Sa fille, Fatima, y a grandi jusqu'à ses 11 ans, au milieu de dix frères et sœurs. »

« Puis, cette écolière joyeuse et serviable, parfois critique aussi - elle reprochait à sa mère de faire trop d'enfants -, a dû partir travailler comme employée de maison à Agadir, à environ 180 kilomètres de là. Un lot commun pour les filles du village, contraintes d'arrêter l'école tôt sans autre solution pour subvenir aux besoins de leur famille. "Louée" pour 30 euros par mois à un gendarme et sa femme, avec la complicité du président du conseil communal du village, Fatima donnait peu de nouvelles, hormis de brefs appels téléphoniques, probablement surveillés, où elle assurait que tout allait bien. » 

« Trois ans plus tard, en 2013, ses parents ont appris la mort de leur fille et découvert avec horreur son corps couvert de cicatrices et de brûlures. Depuis, l'employeuse de Fatima est en prison. » A son procès, le “Collectif pour l’éradication du travail des petites bonnes” était partie civile. En 2014, la cour d'appel d'Agadir a condamné cette employeuse, fonctionnaire au ministère de l'Education nationale, à 20 ans de prison. 

« Mais des questions restent en suspens. Pourquoi l'adolescente a-t-elle subi de tels sévices ? Quel a été le rôle du mari, qui prétend ne rien savoir, et n'a pas été inquiété ? Pourquoi la justice n'a-t-elle demandé qu'un examen sommaire du corps de la jeune fille ? » Fatima a-t-elle été victime aussi du racisme d'Arabes envers des Berbères ?

« Remontant le fil d'un poignant fait divers, qui a mis le Maroc en émoi au point de faire évoluer la loi sur les employées de maison en 2018, ce documentaire s'appuie sur un travail d'enquête, mené aux côtés de lanceurs d'alerte : la médecin, qui, après avoir examiné l'adolescente aux urgences, a tiré la sonnette d'alarme, et deux avocats militants des droits de l'homme. »

« Sans leur intervention, le meurtre de Fatima aurait pu être passé sous silence, comme beaucoup d'autres. »

« Le film nous immerge aussi au sein d'une famille éprouvée mais déterminée à découvrir la vérité, dans un village ébranlé où les femmes ont réagi en créant une coopérative, afin d'offrir un avenir à leurs filles sur place. » 

« L'œil de cinéaste de Hakim El Hachoumi fait le reste : dosant l'émotion, il porte un regard tendre et respectueux sur les personnes interrogées. Ses plans d'une grande beauté, qui témoignent des inégalités de classe et de genre dans le royaume, savent saisir la mélancolie d'une petite sœur ou l'esclavage niché dans un immeuble cossu. »

"En 2016, le Haut-Commissariat au plan (HCP) estimait à 193 000 les enfants de 7 à 17 ans exerçant un travail dangereux, dont 42 000 filles... [En juillet 2016], le Parlement marocain avait voté une loi donnant pour la première fois un cadre juridique aux travailleuses domestiques, autrefois exclues du code du travail. Le texte fixe à 18 ans l’âge minimum de travail, avec une période de transition de cinq ans, à compter de l’entrée en vigueur de la loi, pendant laquelle les filles de 16 à 18 ans peuvent continuer de travailler".

Le 3 août 2017, avaient été rendus publics "deux décrets relatifs aux conditions de travail des employées de maison âgées de 16 à 18 ans. Présentés comme une avancée significative dans la protection des droits pour les jeunes travailleuses, les décrets ont toutefois suscité une vague d’indignation du côté des associations, qui regrettent des mesures « inapplicables » et « une loi prétexte » pour légaliser l’emploi des 16-18 ans. Vivement critiqué depuis son entrée en vigueur le 10 août, un des décrets dresse une liste de quinze travaux ménagers interdits aux mineurs : l’utilisation du fer à repasser, des appareils électroniques ou tranchants, la manipulation des produits médicamenteux ou des détergents composés de substances reconnues dangereuses, entre autres. Mais comment faire appliquer ces mesures ? « Les domiciles sont inviolables. Les inspecteurs, déjà peu nombreux, et les assistantes sociales, qui n’ont pas de statut juridique, ne peuvent pas y accéder. Il est impossible de garantir les mesures de contrôle prévues par la loi », déplore Bouchra Ghiati, présidente de l’Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse (Insaf)... Les employés de maison n’ont droit qu’à 60 % du salaire minimum marocain (2 570 dirhams par mois, soit environ 225 euros), avec des horaires contraignants et des congés insuffisants. Et le gouvernement doit encore s’attaquer à un gros morceau : offrir aux travailleuses domestiques le droit à la couverture sociale, qui ne leur a encore jamais été accordé".

"L'ONG Insaf, a pu aider depuis 2007 plus de 300 filles mineures à sortir du travail domestique. Elles sont désormais 179 à être scolarisées dans des collèges et des lycées. Huit de ces filles ont réussi leur baccalauréat entre 2011 et 2016 et poursuivent actuellement leurs études supérieures. L’ONG espère porter ce nombre à 85, d’ici 2020".

Des employeurs marocains recrutent aussi comme "petites bonnes" des enfants asiatiques ou originaires d'Afrique sub-sahariennes. 


« Fatima - Mourir à 14 ans » de Hakim El Hachoumi et Andrei Schwartz
Allemagne, 2019, 52 mn
Coproduction : ARTE/NDR, Tag/Traum
Sur Arte le 26 juillet 2023 à 23 h 35
Sur arte.tv du 26/07/2023 au 24/08/2023
Visuels : © Tagtraum