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mardi 11 janvier 2022

Mohamed Ali (1942-2016)

Mohamed Ali (1942-2016) était un champion de boxe américain, proche de la Nation of Islam et opposant à la guerre au Vietnam. Ses positions envers les Juifs et l'Etat d'Israël étaient complexes. 
Arte diffusera les 10 et 11 janvier 2022 « Mohamed Ali », série documentaire de Ken Burns, Sarah Burns et David McMahon « consacrée au destin du plus célèbre boxeur de tous les temps, Mohammed Ali, né Cassius Clay, héraut afro-américain musulman devenu un symbole mondial de liberté et de courage ».  

« Les sirènes de l’Hakoah » de Yaron Zilberman
« Né Cassius Clay Jr., Ali est passé de boxeur amateur à médaillé d'or olympique et champion du monde poids lourds. Il choisira de ne suivre que ses propres règles – sur le ring et dans la vie – exaspérant ses critiques, déconcertant ses adversaires et captivant des millions de supporters. Triple champion du monde poids lourds, Mohamed Ali a captivé des millions de fans fascinés autant par sa grâce, sa vitesse et sa puissance sur le ring que par son charme et ses joutes verbales percutantes. »

« Vole comme un papillon, pique comme une abeille, et vas-y cogne mon gars, cogne », avait-il dit. Sur un ring, il se déplaçait avec grâce, bondissant avec vivacité grâce à son jeu de jambes souple, dynamique comme un ressort. 

Autres spécificités : le « Shuffle Ali », le « rope-dope », ainsi que, en amont du combat, le « trash-talking »... Des tactiques orales visant à déstabiliser psychologiquement, humilier l'adversaire avant le combat, réduire sa confiance en ses capacités à vaincre ce champion.

« Mohamed Ali fut-il, comme l'écrivit Norman Mailer, "la plus parfaite incarnation de l’esprit du XXe siècle" ? » 

« Sa personne, et le destin qu'il s'est forgé de ses poings et de son verbe, ont en tout cas cristallisé certains des changements culturels majeurs qu'a connus l'Amérique à partir des années 1960 ». 

« Dans cette fresque magistrale, portée par de formidables archives, dont certaines inédites, comme les images du combat de Manille, Ken Burns, Sarah Burns et David McMahon nous offrent huit heures dans l'intimité solaire de l'athlète et héraut iconique du Black Power, pour le faire revivre dans toute sa complexité ». 

« Tissant la parole de dizaines de témoins – dont les filles du champion, Rasheda et Hana, leurs mères respectives, Khalilah Ali et Veronica Porché Ali, ses biographes David Remnick et Jonathan Eig, le promoteur du combat de Kinshasa, le très controversé Don King, ou encore le boxeur Larry Holmes, qui pleure de chagrin au souvenir du combat qu'il remporta contre son héros, affaibli par l'âge et, déjà, la maladie… –, ce portrait multidimensionnel, intensément humain, explore toutes les facettes, parfois contradictoires, du parcours extraordinaire de Mohamed Ali et de son héritage, sur le ring et en dehors. »

« Un récit rythmé par de fabuleux combats, qui rappellent combien la boxe, davantage peut-être qu'aucun autre sport, relève de l’épopée. »

« Avec de fabuleuses archives, dont certaines inédites, Ken Burns (Vietnam, The War) déroule le destin du plus célèbre boxeur de tous les temps, né Cassius Clay en 1942, héraut afro-américain musulman devenu un symbole mondial de liberté et de courage ».

Il était estimé par des personnalités juives célèbres, "dont le comédien Billy Crystal, qui avait imité Cassius Clay, et le journaliste sportif Howard Cosell, qui avait été un des premiers à appeler le boxeur par son nom musulman et l'avait défendu quand il avait été déchu de son titre à la fin des années 1960 pour avoir refusé d'entrer dans l'armée américaine en raison de sa foi musulmane."

En 1970, à son retour sur un ring après trois ans et demi d'interruption de carrière en raison de son insoumission, Muhammad Ali avait désigné "les promoteurs juifs et le contrôle sioniste du monde". Interrogé par un journaliste du New York Times après le combat au sujet d'un prochain combat avec le champion poids lourd Joe Frazier, Ali avait répondu : "Pour ceux qui le veulent, le combat viendra. Tous ces promoteurs juifs - ils veilleront à ce qu'il ait lieu". Le journaliste avait déclaré que l'athlète souriait en disant cela.

En 1980, "lors d'un séjour en Inde, émissaire spécial du président Jimmy Carter, Mohamed Ali avait accusé les Sionistes de "contrôler" l'Amérique et le monde, selon une interview rapportée dans une publication de premier plan en Inde, dont le texte avait été obtenu par JTA. Dans le bihebdomadaire India Today daté du 1er au 15 février 1980, Ali avait parlé des sionistes quand il avait été interrogé sur le "réveil militant" de l'Islam en Iran et la prise en otage de "vos compatriotes". Affirmant que "ces gens en Iran sont des fanatiques" et que "les autres musulmans du monde ont condamné leur action", Ali avait  déclaré que "la religion n'est pas mauvaise ; ce sont les gens qui sont mauvais". Il avait ajouté : "Vous savez que toute la structure du pouvoir est sioniste. Ils contrôlent l'Amérique, ils contrôlent le monde... Ils sont vraiment contre la religion musulmane. Ainsi, dès qu'un musulman fait quelque chose de mal, ils accusent la religion."

En 1985, Ali s'était rendu en Israël pour organiser la libération de quelque 700 prisonniers musulmans chiites dans le camp de détention d'Atlit."

En janvier 2002, Muhammad Ali avait imploré les terroristes musulmans pakistanais à libérer le journaliste américain juif Daniel Pearl : "Je vous demande de faire preuve de compassion et de bonté envers Daniel Pearl... Traitez-le comme vous souhaiteriez que tous les musulmans soient traités par les autres. Daniel ne doit pas devenir une autre victime du conflit actuel. Ma prière la plus sincère est que Daniel Pearl puisse retourner sain et sauf auprès de sa famille. Qu'Allah ait pitié de nous tous." Ali avait assisté à l'office à la mémoire de Daniel Pearl en mars 2002.

En 2012, Mohamed Ali avait aussi assisté, à la synagogue Congregation Rodeph Shalom de Philadelphie, à la bar-mitsva de son petit-fils Jacob Wertheimer, le fils de Khaliah Ali-Wertheimer et Spencer Wertheimer. La fille d'Ali, qui a été élevée dans la religion musulmane, avait alors déclaré : "Personne n'a exercé de pression sur Jacob pour qu'il croie d'une manière ou d'une autre. Il a fait ce choix de lui-même parce qu'il se sentait proche du judaïsme et de la culture juive", et que la présence d'Ali "signifiait beaucoup pour Jacob".

« Premier épisode : comment Cassius gravit les échelons des compétitions amateur et remporte, à 18 ans, la médaille d’or aux JO de 1960. »

« Né en 1942 à Louisville, Kentucky, dans une famille chrétienne de la petite classe moyenne noire, Cassius Marcellus Clay Junior découvre la boxe par hasard, à 12 ans, et sa fascination est immédiate ». 

« En 1955, le lynchage dans le Sud d'un garçon de son âge, Emmett Till, attise sa révolte contre la ségrégation ». 

« Il croit aussi dur comme fer à son destin sur le ring ("Je serai le plus grand"). » 

« S'il a un don pour attirer les micros et les caméras, le jeune Cassius s'avère aussi un sportif acharné et déterminé, qui gravit les échelons des compétitions amateur et remporte, à 18 ans, la médaille d’or aux JO de 1960 dans la catégorie mi-lourds ». 

« Désormais professionnel, il part s’entraîner à Miami avec Angelo Dundee, qui restera son entraîneur pendant deux décennies. C’est là qu’il affine ses talents de boxeur et de "danseur" sur le ring, et démontre son génie pour l’autopromotion ».
 
« Parallèlement, il découvre le mouvement Nation of Islam et devient l'ami de Malcolm X, l'une de ses figures montantes ». 

« En 1964, à tout juste 22 ans, il crée la surprise en remportant le titre de champion du monde des poids lourds contre Sonny Liston, pourtant donné grand favori. »


« Deuxième épisode : Cassius Clay rejoint la Nation of Islam et prend pour nom Mohamed Ali. Pendant trois ans, il domine le monde de la boxe dans la catégorie poids lourds… »

« Elijah Muhammad, le leader de Nation of Islam, veut faire fructifier la popularité du jeune champion si apte à capter la lumière ». 

« Pour l'éloigner de Malcolm X, qu'il vient de congédier pour dissidence, il "offre" à Cassius Clay le nom de Mohamed Ali en l'accueillant au sein du mouvement ». 

« Durant les trois années qui suivent, Ali, qui révulse une partie de l'Amérique blanche en proclamant son appartenance au mouvement musulman séparatiste, reste inégalé sur le ring, dominant de ses fulgurances le monde de la boxe poids lourds ». 

« Il n’hésite pas à humilier cruellement certains de ses adversaires, tels Floyd Patterson ou Ernie Terrell, qui refusent de l'appeler par son nom musulman et qu’il traite avec mépris d’"Oncles Tom". 

« Appelé sous les drapeaux pour aller combattre au Viêtnam, il refuse au nom de sa foi et réclame le statut d'objecteur de conscience. Une partie du pays l'acclame, l'autre le vilipende ». 

« Privé de son titre et de sa licence de boxe, il est jugé coupable d'insoumission et proscrit des circuits professionnels ». 

« Trois ans et demi plus tard, en 1970, il remonte sur le ring pour battre Jerry Quarry et se lancer à la reconquête de son titre. »

« Troisième épisode : Mohammed Ali affronte Joe Frazier lors du "combat du siècle". Malgré la défaite, Ali devient un héros... »

« Le 8 mars 1971, le Tout-New York se presse au "combat du siècle", au Madison Square Garden, pour voir Mohamed Ali et Joe Frazier s'affronter ». 

« Avant le match, retransmis dans le monde entier, Ali, jouant sur son statut de star, a multiplié les quolibets sur le physique et la supposée bêtise de son adversaire ». 

« Trop sûr de lui et mal entraîné, il perd l'avantage après deux rounds, et Frazier, qu'il affrontera encore deux fois, remporte le titre ». 

« Défiguré par une mâchoire brisée, Ali apparaît en héros déchu, mais aussi vulnérable ». 

« Il se retire alors dans son ranch, avec sa femme Khalilah – qui s'éloigne de lui en raison de ses infidélités incessantes – et de leurs filles, déterminé à redevenir "le plus grand". 

« Le 28 juin 1971, la commission d’appel de la Cour suprême annule sa condamnation et lui accorde le statut d’objecteur de conscience. Il est à nouveau libre de boxer comme il veut. »


« Dernier round : Mohammed Ali bat George Foreman au Zaïre, remporte de nouveau le titre de champion du monde des poids lourds et devient ainsi mondialement célèbre. »

« À l’automne 1974, le monde retient son souffle alors qu'il affronte George Foreman à Kinshasa, au Zaïre ». 

« À 32 ans, si son talent est sur le déclin, sa popularité reste immense, en Afrique comme en Amérique ». 

« Contre toute attente, il gagne le combat et devient champion du monde pour la deuxième fois ». 

« L’année suivante, il bat Joe Frazier lors d'une troisième rencontre à Manille, qui restera dans l’histoire pour son extrême violence ». 

« Ali monte encore sur le ring pendant cinq ans, mais même s'il remporte un troisième titre de champion du monde – un record inégalé dans l'histoire de la boxe – face à Leon Spinks, en 1978, il paie le prix fort de ses combats de trop, arrangés par des managers peu scrupuleux, dont Herbert Muhammad, le fils d'Elijah. »

« En 1984, on lui diagnostique la maladie de Parkinson ». 

« Il n'en continue pas moins à voyager dans le monde pour partager sa foi. » 

« Lors des JO de 1996 à Atlanta, il bouleverse le public en portant la flamme olympique, malgré sa faiblesse visible. » 

« Il meurt en 2016, et ses obsèques à Louisville sont dignes de celles d’un chef d’État. »


« Ken Burns et sa fille Sarah, avec le compagnon de celle-ci David McMahon, ont mis plusieurs années à coréaliser cette riche biographie de Mohamed Ali, à partir d'un énorme fonds d'archives publiques et privées et de dizaines de témoignages. À deux voix, ils évoquent quelques-unes des facettes de "leur" Ali. Propos recueillis par Laura Jung ».
 
Ken Burns : Il existe des douzaines de documentaires, dont quelques-uns excellents, sur Mohamed Ali. Pourtant, selon nous, aucun n'avait jusque-là embrassé tous les aspects fondamentaux de sa vie.Ce qui nous a poussés à réaliser cette série, c'est avant tout le fait que, pour nous, il n'est pas seulement le plus grand athlète du XXe siècle, mais la personnalité américaine la plus captivante de son temps. Nous voulions comprendre son cheminement d'être humain dans toutes ses dimensions : sportive, politique, spirituelle, affective... 
Sarah Burns : Cet homme constamment sous le regard des objectifs, que nous avons regardé vivre au fil des plus de cinq cents heures d'archives vidéo et 15 000 photos rassemblées pour la série, est-il l'authentique Mohamed Ali, ou l'image qu'il souhaitait donner ? Nous avons compris peu à peu que la représentation, le jeu font intrinsèquement partie de lui. C'est un showman né. On le voit quand il fait l'acteur, enfant. Il a toujours voulu se trouver au centre de l'attention et cela a modelé une grande part de ses choix.

K. B. : Nous rappelons aussi combien il a été haï à une certaine époque. Une grande part de l'Amérique blanche a jugé intolérable sa célébration de l'identité noire, son refus de partir au Viêtnam, et même sa capacité à mettre les médias de son côté. Il ne s'est jamais conformé, même à ses débuts, à la soumission alors attendue d’un athlète noir. Quand Mohamed Ali proclame tranquillement son indépendance et son droit absolu à faire ses propres choix, c’est pour lui-même, bien sûr, et en même temps pour tous les autres : c'est l'une des clés de sa personnalité. Dans les années 1960, cette liberté constitue en soi une provocation. Elle a fait de lui l'un des catalyseurs d'un combat qui constitue l'un des principaux moteurs de l'histoire américaine : celui des Afro-Américains pour obtenir la liberté qui leur était déniée, et qui, dans une certaine mesure, l'est toujours, dans un pays qui place pourtant cette liberté au-dessus de tout.

K. B. : Il s'est montré parfois irréfléchi et cruel, comme envers Joe Frazier, ce qu'il a regretté par la suite. Mais en racontant ce qu'on peut appeler son voyage spirituel, nous avons été confrontés à des questions existentielles auxquelles on préfère souvent éviter de répondre : qu'est-ce que le courage, la liberté ? Pourquoi met-on sa vie en jeu ?
S. B. : J'ai découvert son aptitude à toucher autrui et à se laisser toucher en retour. Son côté fanfaron, cette façon de clamer toujours qu'il est le meilleur, le plus beau, avec ce que cela implique de narcissisme, ont pu éclipser la générosité hors du commun avec laquelle il se donnait aux autres. Spontanément, il se dépouille un jour de son manteau neuf, une autre fois de tout l'argent qu'il a en poche, parce que quelqu'un en a besoin. Surtout, il savait voir les gens et les aimer, et ils le lui ont rendu dans le monde entier. »
 

« Mohamed Ali » de Ken Burns, Sarah Burns et David McMahon
Etats-Unis, 2021, 4 x 2 h
Coproduction ARTE GEIE, Florentine Film 
Sur Arte :
- Round 1 : Le plus grand (1942-1964) (123 min) : les 11 janvier 2022 à 20 h 50 et 3 février 2022 à 1 h 00. Sur arte.tv du 16/12/2021 au 11/03/2022
- Round 2 : Comment je m'appelle ? (1964-1970) (1 h 48 mn) : le 11 janvier 2022 à 22 h 55. Sur arte.tv du 16/12/2021 au 11/03/2022
- Round 3 : La rivalité (1970-1974) (104 min) : les 12 janvier 2022 à 20 h 55 et 10 février 2022 à 23 h 35. Disponible du 16/12/2021 au 12/03/2022
- Round 4 : Une destinée (1974-2016) (94 min) : le 12 janvier 2022 à 22 h 40. Disponible du 16/12/2021 au 12/03/2022

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