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jeudi 20 avril 2023

« Résistances » de Patrick Rotman

Arte diffusera le 25 avril 2023 dès 20 h 55 « Résistances », série documentaire en quatre volets de Patrick Rotman. « À travers les parcours d’une trentaine d’hommes et de femmes, Patrick Rotman (Goulag, une histoire soviétique) reconstitue le puzzle de la Résistance. Une fresque magistrale, tissée d’images et de témoignages d’archives, de documents méconnus et de reconstitutions en animation. » Mais qui omet la résistance notamment en Algérie en 1942 et celle à Londres dès 1940.

« La blonde province de Himmler Une expérimentation en Pologne » par Klaus Salge et Jacek Kubiak 
1940 : Les Parisiens dans l’exode 
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 
Le Musée de la Libération de Paris - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin 
« Churchill, un géant dans le siècle » par David Korn-Brzoza
Pierre Mendès France (1907-1982)
Pierre Dac. Du côté d’ailleurs


« Quand le maréchal Pétain décide de l’armistice le 17 juin 1940, nombre de Français n’acceptent pas la débâcle et entrent en résistance. Après les premiers actes résistants « bricolés » des débuts, l’armée des ombres s’organise en réseaux et leurs actions prennent de l’ampleur. A travers les destins entrelacés d’une trentaine d’hommes et de femmes, cette série documentaire « Résistantes et résistants sous Vichy » reconstitue le puzzle de la Résistance.

« De l’appel du 18 juin 1940 à la Libération, retour sur les destins d’une trentaine de résistantes et résistants ».

« La Résistance ne fut pas une, mais plurielle. De la débâcle à la Libération, des embryons d’organisations à la difficile unification sous l’égide du général de Gaulle, Patrick Rotman restitue cette hétérogénéité en entrelaçant les destins d’une trentaine d’hommes et de femmes, chefs et fantassins de l’armée des ombres. »

« Composée de témoignages, souvent poignants, de résistants – à l’instar d’une archive où Christian Pineau raconte avoir rasé Jean Moulin, affreusement torturé, à la prison de Montluc –, d’images rares de la France occupée, de documents méconnus (lettres, rapports, fiches d’agents infiltrés…) et de remarquables reconstitutions en animation d’épisodes clés – d’une réunion sous tension entre Frenay et Moulin à l’attentat du métro Barbès –, cette fresque aussi dense que passionnante explore trois facettes d’une même histoire : celle des mouvements et réseaux clandestins, celle de leur relation avec l’opinion française, et celle de la répression orchestrée par l’occupant et le régime de Vichy. »

Des résistants marqués par la solitude, le froid, la faim qui caractérisèrent leur vie quotidienne durant ces années cruciales.

Il est regrettable que cette série documentaire omette la résistance en Algérie en 1942 et celle à Londres dès 1940.


« À l’été 1940, la France est vaincue. Si certains refusent la capitulation, l’immense majorité des Français se rangent derrière le maréchal Pétain, qui a demandé l’armistice."

"L’appel à la résistance d’un général inconnu, Charles de Gaulle, le 18 juin sur les ondes de la BBC, pousse Jeanne Bohec, Daniel Cordier ou encore Gilbert Renault, alias le colonel Rémy, à rejoindre Londres. Ce dernier créera l’un des premiers réseaux de renseignements sur le sol français ».

« De petits groupes se constituent en parallèle, qui diffusent des tracts, feuilles et journaux clandestins. En zone occupée, le syndicaliste Christian Pineau fonde Libération-Nord, tandis que Philippe Viannay, avec le soutien d’Hélène Mordkovitch, lance Défense de la France. En zone libre, un groupe baptisé "La Dernière Colonne" (futur Libération-Sud) se constitue autour d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie, avec le philosophe Jean Cavaillès et les époux Aubrac ». 

« À Lyon, Henri Frenay et Berty Albrecht créent ce qui deviendra Combat, pendant que Jean-Pierre Levy pose les bases de Franc-tireur ». 

« Les forces de sécurité du Reich prennent rapidement la menace au sérieux et recrutent des agents doubles. Infiltré, le réseau du musée de l’Homme, auquel participe l’ethnologue Germaine Tillion, est démantelé début 1941. Lui aussi trahi, Honoré d’Estienne d’Orves, l’un des premiers agents de la France libre, est fusillé en août. »

« Après l’invasion de l’URSS par Hitler en juin 1941, le Parti communiste se lance dans la lutte armée. En août, le colonel Fabien (Pierre Georges), qui dirige l’Organisation spéciale, exécute un officier nazi à la station de métro Barbès. »
« Les attentats individuels conduisent à de terribles représailles : des otages, comme Guy Môquet, sont fusillés, provoquant l’effroi parmi la population. Au printemps 1942, l’ensemble des groupes armés communistes sont regroupés au sein des FTP (Francs-tireurs et partisans), dont la branche FTP-MOI (Main-d’œuvre immigrée) se spécialise dans la guérilla urbaine ».
« À Londres, des responsables de la résistance intérieure, dont Christian Pineau, convainquent le général de Gaulle de s’engager publiquement pour la démocratie et la république ». 
« Chef du gouvernement de Vichy depuis avril, Pierre Laval a nommé René Bousquet à la tête de la police ». 
« Entre la traque des résistants et les rafles de juifs, la collaboration s’intensifie. Parachuté en France en juin 1942, Jean Moulin a reçu pour mission d’unifier les mouvements de résistance de la zone sud. »
« Après d’âpres discussions avec Frenay, d’Astier et Levy, un comité de coordination est créé sous l’autorité de l’ancien préfet, tandis que le général Delestraint est choisi pour diriger l’organisation militaire commune, l’Armée secrète. »

« En réaction au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, l’armée allemande envahit la zone sud le 11 novembre 1942. Début 1943, Libération-Sud, Combat et Franc-tireur fusionnent au sein des MUR (Mouvements unis de la Résistance), dirigés par Jean Moulin ».
« En réaction au débarquement anglo-américain en Afrique du Nord, l’armée allemande envahit la zone sud le 11 novembre 1942 ». 
« Début 1943, Libération-Sud, Combat et Franc-tireur fusionnent au sein des MUR (Mouvements unis de la Résistance), dirigés par Jean Moulin ». 
« En février, sous la pression de Hitler, qui manque de main-d’œuvre, Laval signe une loi instaurant le Service du travail obligatoire (STO). Les réfractaires au départ se réfugient dans les maquis, souvent aidés par les populations locales. »
Alors que les Alliés lui préfèrent le général Giraud, de Gaulle doit maintenant unifier l’ensemble de la résistance intérieure pour asseoir sa légitimité. Pierre Brossolette est chargé d’inventorier et de coordonner les mouvements de la zone nord. Malgré de vives oppositions, le Conseil national de la résistance (CNR), présidé par Jean Moulin, voit le jour aux forceps en mai 1943. Regroupant les grandes organisations des deux zones, la CGT et la CFTC, ainsi que six partis politiques, le CNR réclame l’instauration d’un gouvernement provisoire à Alger sous la présidence du général de Gaulle ». 
« Dans le même temps, les combattants de l’ombre, traqués, subissent de lourdes pertes : le général Delestraint, chef de l’Armée secrète, est arrêté et déporté. Le climat de méfiance et de rivalité qui règne au sein de la Résistance favorise par ailleurs la chute de Jean Moulin, arrêté le 21 juin près de Lyon. »

« Malgré les coups durs et le manque de moyens, la résistance armée prend une ampleur inédite à l’été 1943. »
« En septembre, une unité des FTP-MOI, emmenée par le jeune Marcel Rayman, abat un colonel SS à Paris. Mais un vaste coup de filet de la police française anéantit bientôt le groupe, dirigé par Missak Manouchian ». 
« Si les maquisards défilent au grand jour à Oyonnax le 11 novembre, la bataille des Glières, quelques mois plus tard, rappelle la férocité de la répression, menée conjointement par la Wehrmacht et la milice de Joseph Darnand. » 
« Fin 1943, de Gaulle est à la tête d’institutions républicaines (Comité français de libération nationale et Assemblée consultative provisoire) qui intègrent un grand nombre de représentants de la résistance intérieure. L’unification se poursuit avec la fusion des organisations militaires au sein des Force françaises de l’intérieur (FFI). »
« Après le débarquement allié du 6 juin 1944, les maquis, comme celui de Georges Guingouin dans le Limousin, voient affluer les volontaires, tandis que les Allemands, en déroute, se vengent sur les populations civiles. »
« À Paris, le chef des FFI, Henri Rol-Tanguy, déclenche l’insurrection, ouvrant la voie au général Leclerc ». 
« Après la libération complète du territoire, de Gaulle peut rétablir les institutions et mettre en œuvre le programme du CNR. Un grand nombre de résistants, qui ont rêvé ces lendemains qui chantent, seront les cadres de la reconstruction du pays. »


« Dans cette remarquable série documentaire, Patrick Rotman (Goulag, une histoire soviétique) rend compte, à travers des destins individuels, de la diversité de l’armée des ombres et de la complexité de ces années de lutte. Entretien. Propos recueillis par Manon Dampierre. »

Qu’est-ce qui vous a donné envie de réaliser cette fresque ?
Patrick Rotman : J’y pensais depuis des années mais j’hésitais car l’histoire de la Résistance est si complexe, vaste et morcelée que l’entreprise me semblait un peu folle. Après avoir lu, relu et annoté des dizaines d'ouvrages sur le sujet, j’ai finalement trouvé mon mode de narration : raconter la lutte de l’intérieur, de manière plus charnelle, dense, humaine. Au travers des itinéraires croisés d’hommes et de femmes, célèbres ou méconnus, de 1940 au retour des camps, en 1945, la série reforme le grand puzzle de la Résistance.

Cette mosaïque de destins, de même que le pluriel du titre, souligne le caractère multiforme du combat clandestin…
Les historiens ont recensé 268 mouvements et 44 réseaux. Le pluriel pointe effectivement cette nébuleuse, dont les multiples facettes se retrouvent dans le choix des personnages. À côté des chefs, la série s’intéresse à ceux que Pierre Brossolette a appelés "les soutiers de la gloire". L’agent de liaison, comme Denise Jacob, la sœur de Simone Veil, le maquisard, l’agent de renseignements et le saboteur, telle la plastiqueuse à bicyclette Jeanne Bohec, ne menaient pas les mêmes actions, mais tous ont participé à ce grand mouvement. Tous, au-delà de la torture, de la déportation et de la mort, ont enduré d’immenses souffrances au quotidien : la solitude, le froid, la faim, la peur…

La série montre également que les résistants venaient de tous horizons…
J’ai été frappé par l’extraordinaire diversité de leurs origines politiques, de l’extrême droite à l’extrême gauche. Pourtant, ces hommes et ces femmes ont travaillé ensemble, comme en témoigne le fameux exemple du colonel Rémy, proche de l’Action française, et de Pierre Brossolette, grande plume socialiste. Ces rapprochements sont difficilement imaginables aujourd’hui, où l’on met tout le monde dans des tiroirs. Mais, ni noire ni blanche, cette époque était grise. Dans tous mes films, j’essaie de rendre compte de la complexité de l'histoire, de fuir les jugements définitifs et a posteriori.

Le processus d’unification n’a-t-il pas été houleux ?
Il s’est avéré long et compliqué, émaillé de différends d’idées et de stratégies. Loin de l’image de combattants marchant dès le premier jour comme un seul homme derrière de Gaulle, j’ai voulu montrer, sans les estomper, les débats et affrontements violents qui ont opposé Jean Moulin, en charge de l’unification, et les chefs des principaux mouvements de la zone sud. Ces derniers, Henri Frenay en tête, étaient contre l’intégration des vieux partis politiques – qui avaient failli à leurs yeux – dans le Conseil national de la Résistance. Moulin, lui, voyait l’urgence de rassembler tout le monde derrière l'homme du 18 juin à un moment où les alliés anglo-américains misaient sur le général Giraud, aux positions plus conservatrices, Roosevelt détestant de Gaulle.

Au travers des trajectoires des résistants, vous évoquez aussi la répression dont ils ont été victimes…
On sait peu à quel point la Résistance a été minée de l’intérieur par des trahisons. De Germaine Tillion à Jean Moulin en passant par Honoré d’Estienne d’Orves, un grand nombre d’individus et de réseaux sont tombés à cause des V-Männer, les agents d’infiltration recrutés par les Allemands – qu’ils aient adhéré à l’idéologie nazie ou aient été "retournés". L’évolution de l’opinion française vis-à-vis des combattants de l’ombre, et plus généralement de l’occupant et du régime de Vichy, se trouve également au cœur du film. Dans les rangs mêmes de la Résistance, certains leaders, comme Frenay, n’ont rompu définitivement avec le pétainisme qu’en 1942. Si des milliers d’anonymes ont rendu des services, la résistance active n’aurait concerné que 2 % de la population. En ce sens, la série démystifie le discours de la France héroïque.

Comment avez-vous abordé la mise en images de ce récit ?
Nous avons utilisé des images peu ou pas connues de l’Occupation ainsi qu’un grand nombre de documents inédits : des fiches de résistants, de V-Männer, des lettres, des rapports, des ordres de mission... Des plans, des cartes et des organigrammes ont par ailleurs été conçus pour aider à se repérer dans cette histoire compliquée. Enfin, j’ai décidé de recourir à l’animation pour reconstituer des moments clés de la Résistance. À chaque fois que c’était possible, j’ai fait en sorte de raconter ces épisodes par la voix des protagonistes eux-mêmes. Les témoignages de résistants, issus du site de l’Institut national de l'audiovisuel, constituent un élément essentiel du récit. »


« Résistances » de Patrick Rotman
France, 2020
Sur Arte :
1ère partie (55 min) : 25 avril 2023 à 20 h 55
Visuels :
Henri Frenay, clandestin avec barbiche et lunettes
© Musée de l' Ordre de la Libération
Avis de recherche de Georges Guingouin de mars 1941
© Préfecture de Police de Paris
Honoré d' Estienne d' Orves lors de son arrestation, 1941
© Musée de l' Ordre de la Libération

2e partie (55 min) : 25 avril 2023 à 21 h 50
3e partie (56 min) : 25 avril 2023 à 22 h 45
4e partie (55 min) : 25 avril 2023 à 23 h 40
Disponible du 18/04/2023 au 23/06/2023


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