Citations

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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 30 décembre 2025

Un calamiteux 39e dîner du CRIF. Et après...

Le 3 juillet 2025, s’est tenu au Carrousel du Louvres à Paris le 39e dîner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France). Réélu le 15 juin 2025 Président du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), Yonathan Arfi a tenu un discours désespérant. Rarement applaudi par un public doutant de la pérennité de la présence Juive en France, François Bayrou, alors Premier ministre, n’a pas rassuré. Un évènement national calamiteux et inutile. Un énième échec public cuisant pour le CRIF, et désastreux pour les Français juifs.

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Yonathan Arfi, Président du CRIF, et François Bayrou, alors Premier ministre, avaient en commun une carence démocratique. François Bayrou, qui s’était imposé à cette fonction lors d’une réunion houleuse à l’Elysée le 13 décembre 2024 avec le Président de la République Emmanuel Macron, ne disposait pas d’une majorité à l’Assemblée nationale. Quant à Yonathan Arfi, il avait été réélu, le 15 juin 2025, dans des conditions curieuses, Président d’une fédération d’associations juives ayant généralement un faible nombre d’adhérents ou étant inactives.

Une des différences entre ces deux dirigeants ? La cacophonie du gouvernement Bayrou, par exemple sur l’arrêt du financement des énergies renouvelables, s’opposait au refus de la direction du CRIF de toute contestation de sa ligne politique récusant tout dialogue avec le Rassemblement national (RN).

Revenons à ce 15 juin 2025. Diffusée  sur X, ex-Twitter, par le CRIF, la photographie officielle de l’évènement montrait Yonathan Arfi, Président réélu, prononcer un discours devant des rangs clairsemés, mais aucune urne ayant recueilli les bulletins de vote n’était visible. Peu de public, un seul candidat… « On se serait presque cru le jour de l’élection du Président de l’Union des étudiants juifs de France… L’UEJF dont avait été Président Yonathan Arfi de 2003 à 2005 », a ironisé un fin observateur des institutions communautaires françaises.

« L’Assemblée générale compte 286 membres votants. Certains n’ont pas reçu les convocations à cette Assemblée », m’avait confié un familier des arcanes du CRIF. 

Selon le CRIF et l’hebdomadaire Actualité juive, cette Assemblée a réélu au premier tour et à l’unanimité, pour un second mandat de trois ans, Yonathan Arfi, qui n’avait pas « eu à affronter d’opposant ». Interrogé par ce journal, ce dernier avait indiqué que « c’est peut-être le reflet d’un usage au CRIF, où il y a souvent peu ou pas de candidats à l’issue du premier mandat ». (Actu J, n° 1786, 19 juin 2025)

L'article de Louise Couvelaire, publié le 16 juin 2025, modifié le 04 juillet 2025, livre des informations capitales : "Yonathan Arfi a été réélu par « acclamations » à la tête du Conseil représentatif des institutions juives de France (le CRIF, qui regroupe 75 associations) pour un second mandat de trois ans, lors d’une assemblée générale qui s’est tenue dimanche 15 juin, à Paris, en présence de 150 délégués.  Unique candidat à sa succession, l’ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) de 2003 à 2005, âgé de 45 ans, reste aux commandes de cette institution, très présente sur la scène politique et médiatique, chargée de « faire émerger une voix commune des juifs de France dans le débat public », explique-t-il". 

Et, le 15 juillet 2025, René Taieb, Président de l’UCJ 95 (Union des Collectivités Juives du Val-d'Oise), avait déploré sur Facebook : 
« Le président du CRIF, reconduit sans vote, sans consultation, mais juste par quelques applaudissements dans une salle quasiment vide…
Quand le maire de la ville de Sarcelles a soutenu un candidat de la France Insoumise, le CRIF s’est tu. Aujourd’hui, il vient rencontrer ceux qu’il dénonçait hier. Quelle incohérence !
Pire lorsque le crif veut donner des consignes de vote, comme si la Communauté juive de France l’attendait pour savoir à qui donner son vote…
Ce double discours est un reniement.
La communauté juive de France […] n’est ni un décor ni une foule docile. Elle mérite mieux qu’un CRIF verrouillé, déconnecté et reconduit sans vote. » 
Le CRIF n’a pas réagi officiellement à ce post....

Un candidat élu Président par applaudissements !? Curieux car les statuts du CRIF ignorent ce mode d’élection. Dans leur version révisée en 2019 et en vigueur en 2025, ces statuts prévoient que l’Assemblée générale du CRIF élit le Président au premier tour à la majorité absolue des membres, présents ou représentés, soit 50% des votes plus un, et, au second tour, à la majorité relative, soit le plus grand nombre de votes recueillis.

Quel était le mode de convocation des électeurs ? Quel était le nombre d'électeurs présents ou/et représentés ? Les votes par correspondance ou électroniques étaient-ils autorisés ? Quelles étaient les dates et la durée de la campagne électorale ? Quel était le bilan du Président sortant ? Quel était son programme ? Combien de voix avait recueilli le candidat unique, Yonathan Arfi ? Combien de personnes présentes, notamment d'électeurs, lors du discours du Président réélu ? Combien de journalistes accrédités ? Le 20 juin 2025, puis le 22 septembre 2025, j’avais adressé toutes ces questions par courrier électronique au CRIF. Celui-ci n’a pas répondu. Secret Défense ? Les réponses à ces questions déterminent cependant la validité de l’élection de Yonathan Arfi aux niveaux national – le CRIF est l’interlocuteur des pouvoirs publics français -, et au-delà : le Président du CRIF est aussi vice-Président  du Congrès juif européen (EJC) et du Congrès juif mondial  (WJC).

Le 22 juin 2025, sur Radio J, les Présidents  du FSJU et du Consistoire de France, respectivement Me Ariel Goldmann et Me Elie Korchia, avaient félicité le Président Yonathan Arfi pour sa réélection. Pour Me Ariel Goldmann , « Yonathan Arfi a été réélu par unanimité parce qu’il est à la hauteur, et que la situation le nécessite ». Mazette !

Les enjeux de l’élection du Président du CRIF ? Au-delà de manifester un dévouement communautaire louable, et peut-être de satisfaire des egos, il semble s’agir de maintenir le soutien à la « Solution-à-deux-Etats » pourtant majoritairement rejetée par la Knesset, le dialogue « politiquement correct » « quoi qu’il en coûte » avec le pouvoir politique, et une déconnexion aberrante de la réalité qui se traduit par un paradoxe : une volonté affichée de lutter contre l’antisémitisme, mais sans défendre des juifs français victimes du « gouvernement des juges » antijuif, notamment le Dr Lionel Krief. Un combat quasi-déshumanisé, articulé autour de statistiques (actes antisémites, aliyah) inquiétantes.

A défaut de présenter son bilan, le Président réélu du CRIF avait résumé  sur X son programme : 
« Durant les 3 prochaines années à la présidence du Crif, je continuerai à mettre le combat contre l'antisémitisme et pour la République au cœur de notre action.
Les Juifs de France vivent depuis le 7-Octobre un moment décisif de leur histoire récente et la France traverse une crise politique et démocratique, où la menace islamiste nourrit les dynamiques populistes.
Nous poursuivrons la lutte face à ceux qui instrumentalisent le conflit à Gaza pour hystériser le débat public, nazifier Israël et stigmatiser les Juifs...
Le combat contre l'antisémitisme et pour la République continue ! »
Et le combat pour la démocratie ? Celle-ci n’est-elle pas délitée, menacée par le « gouvernement des juges » ainsi que par des pratiques alliant opacité et dédain ?

Quid de l’« Etat-nation » menacé par l’Union européenne (UE) en voie de fédéralisation et de constitution d’un empire  liberticide, et par Eurabia étudiée par l’essayiste Bat Ye’or ?

Pourquoi et de quel droit Yonathan Arfi a-t-il dénaturalisé les Français juifs ? Comment peut-il exalter l’attachement de ses coreligionnaires à la France durant des millénaires et les dissocier des citoyens français ?

Perdure un grave problème d’absence de représentativité d’organisations juives françaises : le CRIF et les Consistoires, de France et de Paris Ile-de-France.

Invités à ce dîner tardif
D’ordinaire, le dîner du CRIF a lieu vers février-mars et correspond à la date où sont rendues publiques des statistiques du Service de protection de la communauté juive (SPCJ) et du ministère de l’Intérieur sur les actes antisémites recensés en France l’année précédente.

En 2025, sa date était tardive : au début de l’été. Vraisemblablement pour laisser au Président réélu le bénéfice de cet évènement mondain.

A été retransmise en direct sur les réseaux sociaux une partie de cette soirée, dont les convives étaient de « nombreuses personnalités politiques, diplomatiques, religieuses, associatives et issues de la société civile  ».

Quelles personnalités politiques ? Le CRIF a maintenu son refus de toute rencontre avec des élus du RN présenté comme une « extrêême-droââte » fantasmée, jamais définie. Serge Klarsfeld avait pourtant considéré que le RN n’était plus antisémite depuis le virage opéré par Marine Le Pen. Dans l’entre-deux tours des élections législatives anticipées, deux phénomènes importants s’étaient déroulés. D’une part, le 1er juillet 2024, une délégation d’une trentaine de dirigeants communautaires de Paris et d’Ile-de-France, menée par René Taieb, avait rencontré Marine Le Pen pour évoquer les thèmes intéressant les Français juifs : la cacherout, la circoncision, la lutte contre l’antisémitisme, la position envers l’Etat d’Israël, etc. Marine Le Pen leur avait tenu un discours rassurant. Et crédible : au regard de la dette publique alors de 3 228,4 milliards d'euros (soit 112 % du PIB), d’une immigration de masse incontrôlée, ne s’intégrant généralement pas en France et surreprésentée dans les prisons, des gangs de narcobanditisme corrupteurs et minant la souveraineté de l’Etat, de la menace djihadiste, de l’insécurité générale et des services publics délabrés, des thèmes comme la che'hita (abattage rituel juif) ne représentaient objectivement aucune urgence ou priorité pour le RN. Et d’autre part, le Président de la République Emmanuel Macron avait œuvré  pour que le RN ait une majorité, même relative, à l’Assemblée nationale. Last, not least, l’Etat d’Israël avait invité , pour la première fois, Jordan Bardella, Président du Rassemblement national (RN), et Marion Maréchal, eurodéputée (Identité-Libertés, IDL), à la Conférence internationale sur la lutte contre l’antisémitisme  (26-27 mars 2025) organisée par le ministre israélien de la Diaspora Amichai Chikli à Jérusalem (Israël) - Jordan Bardella y avait prononcé un discours. En outre, le RN rassemble environ 11 millions d’électeurs dans des élections démocratiques… Peccadille ?

Etaient présents à ce diner des membres du gouvernement, des élus de Renaissance, parti présidentiel, des Républicains (LR) et du Parti socialiste (PS) – ces deux derniers partis, jadis partis d’alternance, avaient enregistré des scores faibles à l’élection présidentielle en 2022 : respectivement 4,78% et 1,75% au 1er tour. Le 19 mai 2025, le Parti socialiste avait fixé le drapeau palestinien sur le toit de son siège. « Politiquement, l'antisémitisme est désormais sans contrôle à gauche : LFI, bien sûr, mais aussi EELV et une bonne moitié du PS, les « Fauristes", pour faire simple  », avait résumé le journaliste Jean Quatremer sur Facebook le 4 août 2025. Quels socialistes étaient encore « invitables » par le CRIF ? Ou plutôt combien ?

Quant à Europe Écologie Les Verts (EELV), le CRIF avait participé au Sénat, le 24 mars 2023, à son colloque sur l’antisémitisme. Le 14 octobre 2023, une semaine après l’agression djihadiste du 7 octobre 2023 en Israël, Marine Tondelier, Secrétaire nationale d’EELV, avait déclaré  : « Les 2 millions et demi d’habitants de Gaza entassés dans une prison à ciel ouvert de 360 km² sont passés d’une situation de blocus, qui les éprouve durement depuis maintenant seize ans, à une situation de siège. Les bombardements sont d’une intensité rare... Urgence aussi à ce que la France demande publiquement au gouvernement israélien de réagir de façon proportionnée et tente de décourager une attaque terrestre, dont les conséquences seraient dévastatrices pour les civils à Gaza et pourrait conduire à une escalade régionale... La France doit refuser de donner un blanc-seing au gouvernement israélien, gouvernement d'extrême-droite, qui continue à promouvoir la colonisation, et que nous condamnons fermement ».

Bref, à huit mois des élections municipales  (15 et 22 mars 2026), le CRIF était isolé politiquement. Le résultat de ses positions « politiquement correctes » et de ses injonctions électorales désastreuses et généralement non suivies par ses coreligionnaires (survote juif pour Reconquête ! et le RN dans des bureaux de vote). Un échec patent, durable et grave. Une énième déconnexion de Français ayant viré massivement à droite. L’incapacité aussi à définir une stratégie d’actions pertinentes.

Ce dîner a été organisé quelques mois après les 2e Assises de la lutte contre l’antisémitisme (13 février 2025) – un évènement inefficace de la communication politique de la Macronie, et après l’adoption définitive , le 2 juillet 2025, par l’Assemblée nationale de la proposition de loi  sur la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, compte tenu du texte de la commission mixte paritaire. 

En début de soirée, l’annonce par Robert Ejnès, directeur du CRIF, de la réélection de Yonathan Arfi avait été chaleureusement applaudie par les convives, dont des dirigeants communautaires.

Les discours des deux orateurs – Yonathan Arfi et François Bayrou - étaient attendus.

Quelques semaines auparavant, le 16 juin 2025, avait été inauguré par le Premier ministre le Salon du Bourget (Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace, SIAE), marqué par le boycott étatique antisémite  d’entreprises israéliennes à ce Salon. Le 3e boycott d’un Salon mondial de la Défense, après Eurosatory et Euronaval en 2024. Ni le CRIF ni son Président Yonathan Arfi, n'avaient alors publié de communiqués sur les réseaux sociaux sur ce boycott. « Pour son premier déplacement depuis sa réélection hier à la présidence du Crif », Yonathan Arfi avait « choisi  de se rendre à nouveau à Créteil, comme il l’avait fait il y a 3 ans après sa première élection ». Et en trois ans, comment a évolué la condition juive dans cette ville de la banlieue parisienne ? Mystère. Enfin, le 1er juillet 2025, Yonathan Arfi avait promis de parler de ce boycott durant le diner du CRIF.

Le Premier ministre François Bayrou était alors mis en cause par un rapport parlementaire sur sa gestion d’un scandale de pédocriminalité dans un établissement scolaire catholique. De plus, il demandait aux partis politiques de lui adresser des propositions  pour réaliser des économies bénéfiques au budget de la Nation…

Au printemps 2025, le Président Emmanuel Macron avait annoncé sa volonté de reconnaitre un Etat palestinien, sous certaines conditions. Volonté de marquer l’Histoire en dépit d’un bilan catastrophique ? Mesure visant à séduire une possible clientèle Arabe (Qatar) en vue d’éventuelles futures activités de conférencier, après 2027 ? Souci d’« apaiser les frustrations » de la « communauté musulmane » conformément aux préconisations du rapport  « Frères musulmans et islamisme politique en France  », « commandé  il y a plus d’un an, reçu il y a plusieurs mois par le Chef de l’Etat qui l’avait lu, puis enterré ? Classé secret-défense, ce rapport avait été révélé par Le Figaro  du 22 mai 2025 puis rendu public par Bruno Retailleau, alors ministre de l’Intérieur.

Yonathan Arfi
Face à la peur des Français juifs et un « monde incertain », Yonathan Arfi faisait « appel à notre esprit républicain de résistance ». Il exprimait le doute des Français juifs sur la capacité « de faire Nation » et sur leur future place en France. Des doutes « renforcés par la violence, des clivages idéologiques, du terrorisme et de l’islamisme, des chocs économiques, antisémite, mais aussi celle de toutes les haines qui minent la société… République forte, laïque et universaliste, constituent le collectif le plus puissant du pays. N’en déplaise aux populistes, face à l’antisémitisme et aux outrances de l’extrême gauche, face à l’appétit sage et patient de l’extrême droite, la République n’a pas dit son dernier mot ».

Et Yonathan Arfi de fustiger « Jean-Luc Mélenchon [qui] poursuit inlassablement son travail d’hystérisation du débat public en réduisant Gaza à un slogan électoral... Notre priorité politique doit être de rendre résiduelle l’influence politique de La France insoumise ! Face à LFI, la réaction peut et doit venir de la gauche. Le refus d’Olivier Faure d’exclure explicitement toute alliance avec LFI est une faute morale… Invité incongru de la fête de l’Humanité, servile avec les dictatures et les pétro-monarchies mais intransigeant avec les démocraties, Dominique de Villepin est devenu un Mélenchon des beaux quartiers. »

« Savoir se battre. C’est à la fois une leçon de l’histoire juive et l’esprit de la République », se réjouissait le Président du CRIF qui déplorait « le déferlement d’antisémitisme depuis le 7-Octobre... Cet antisémitisme d’atmosphère, c’est par exemple le mur de rejet social auquel sont confrontés les enfants juifs dans des écoles de la République, quand 16 % des élèves de 11 à 18 ans en France, assument refuser d’être amis avec un élève juif ! Le vœu… que l’école puisse mieux lutter contre l’antisémitisme, contre le racisme, l’homophobie, comme toutes les haines. Qu’elle soit fidèle à la mémoire des professeurs Jonathan Sandler, Samuel Paty et Dominique Bernard… S’il y a de l’antisémitisme en France, la France n’est pas un pays antisémite. Pour preuve l’engagement des pouvoirs publics à travers l’organisation des Assises de la lutte contre l'antisémitisme, l’adoption d’une loi pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme au sein de l’Université, ou celles en cours visant à lutter contre l’antisionisme ou devant donner le grade de général à Alfred Dreyfus… Mais, les mentalités, surtout, doivent changer. Le Crif plaide pour une amende forfaitaire systématique pour les auteurs de propos racistes, antisémites, homophobes… sur les réseaux sociaux. » 

« Nous pensons ce soir en particulier aux 1200 femmes, hommes et enfants assassinés le 7 octobre 2023 en Israël, et aux otages retenus par le Hamas à Gaza, comme nous pensons aux victimes civiles palestiniennes de cette guerre. Une de ces otages israéliennes Shoshan Haran parmi nous ce soir. [Nous lançons un] appel à la libération des 50 otages encore retenus par le Hamas… Certains font aux Juifs un procès en inhumanité : parce que nous sommes juifs, parce que nous sommes Français, nous sommes sensibles à la détresse de TOUTES les populations civiles, israéliennes comme palestiniennes, y compris donc les civils de Gaza jetés dans la guerre par le Hamas. Nous saluons la reprise de la distribution d’aide alimentaire. la cause d’Israël est juste dans cette guerre qu’il n’a pas choisie », a déclaré Yonathan Arfi.

Et il a analysé : « La sémantique-même est devenue une ligne de front. Il y a quarante ans, nous étions traités de « sales Juifs », il y a vingt ans de « sales sionistes » et aujourd’hui de « génocidaires ». Faut-il, pour alléger les consciences européennes, tenter sans cesse de nazifier l’État refuge des rescapés de la Shoah ? Faut-il, pour mieux accabler Israël, travestir l’Histoire, galvauder la mémoire de l’extermination des Juifs d’Europe ?... L’accusation de génocide est aussi une réactivation sécularisée de l’accusation millénaire de peuple déicide… vouée à légitimer violences et persécutions pendant des générations à venir. C’est notre responsabilité historique. »

« En 2025, douze jours auront été nécessaires pour désamorcer, au moins quelques temps, une autre menace existentielle, celle du nucléaire iranien. Ces douze jours suffisants pour démontrer les positions erratiques de certaines diplomaties européennes, dont celle de notre pays… Comment peut-on le vendredi, affirmer à raison son soutien aux frappes contre la menace nucléaire iranienne et le dimanche refuser que soient exposées au Bourget les moyens qui ont permis de mener cette opération ? », a interrogé Yonathan Arfi.

Il a poursuivi : « Si nous sommes tous attachés à une solution juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, respectueuse des droits de chacun, 78 % des Français rejettent aujourd’hui toute reconnaissance d’un État palestinien avant la libération des otages et la reddition du Hamas. 51 % considèrent que cela renforcerait le Hamas. Le Hamas a assassiné 49 Français auxquels un poignant hommage national a été rendu dans la cour des Invalides. Pourquoi risquer d’offrir à une organisation terroriste l’opportunité de revendiquer une victoire symbolique ? »

Et le Président du CRIF a  rappelé « l’enracinement des Juifs dans la culture de notre pays… Les Juifs vivaient en France, avant même que la France ne soit la France. Leur contribution à l’histoire de France, puis à la République, ne sont plus à prouver. Le regard sur le fait juif doit changer : il faut le normaliser. Il est temps que la part juive de l’histoire de France, la longue présence juive dans notre pays, soit mieux enseignée, et qu’elle ne se résume pas à l’histoire de l’antisémitisme, de l’Affaire Dreyfus ou de la Shoah. »

« Être républicain c’est aussi mener un combat implacable contre le racisme : mes pensées vont ce soir à Aboubakar Sissé, et à Hichem Miraoui, tous deux victimes de meurtres racistes, inspirés par des idéologies haineuses. Les Français d’origine maghrébine ou de confession musulmane doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls », a affirmé le Président du CRIF.

Yonathan Arfi a souligné : « Face à l’islamisme, les politiques ont la responsabilité d’éveiller les consciences, sans alarmisme mais avec lucidité. La publication par le ministère de l’Intérieur du rapport sur les Frères musulmans va dans le bon sens… L’islamisme est un totalitarisme qui menace tous les Français, à commencer par les nombreux Français musulmans qui rejettent l’intégrisme. Al Jazeera et sa déclinaison en ligne AJ+ sont des acteurs anti-républicains dont l’agenda islamiste et indigéniste devrait largement justifier leur interdiction ».

« L’Ukraine continue d’être la cible de l’appétit impérialiste de Vladimir Poutine… Taïwan est sans cesse rappelé à son isolement par les bruits de botte de la Chine. Au Soudan, un violent conflit fait des centaines de milliers de victimes, dans l’indifférence de tous », a constaté Yonathan Arfi. 

François Bayrou
« Permettez-moi de vous parler en homme, comme le jeune étudiant que j'étais, pas encore majeur, qui assistait, passionné et engagé, dans son Bordeaux provincial, aux réunions de l'amitié judéo-chrétienne qui venait d'y être fondée. Parmi mes camarades post-soixante-huitards, les interrogations sur les liens entre judaïsme et christianisme n'étaient pas vraiment les plus fréquentes... Certains de mes enfants ont appris l'hébreu, seuls au long du temps ou à l'université hébraïque de Jérusalem », a confié d’emblée  François Bayrou, alors Premier ministre dans un discours personnel et politique, aux nombreuses citations bibliques (Isaïe, vision de Daniel), littéraires - Péguy, Chateaubriand, Elie Wiesel, Raymond Aron, Milan Kundera - élogieuses pour les juifs, souvent présentés comme victimes. Face à une ambiance froide, il sollicita des applaudissements d'un public peu convaincu.

Le Chef du gouvernement a longuement développé son intérêt pour « cette expression : « l'âme juive ». Dès ses 16 ans, il a admiré « un maître à penser, un maître à écrire, Charles Péguy qui donna à la défense de l'âme juive le plus pur et le plus profond de sa jeune vie. D'abord en étant un des tout premiers défenseurs de Dreyfus, ensuite en éclairant et en partageant la lumineuse figure de Bernard Lazare, enfin en écrivant sur l'âme juive... Ce peuple millénaire, millénairement martyrisé, millénairement exilé, millénairement humilié, ceux à qui on interdisait la propriété de la terre, ceux qui, courbant le dos, subissaient les pogroms. »

« Un jour, ce peuple a dit : « c'est fini, plus jamais vous ne nous traiterez comme cela et plus jamais personne au monde ne nous traitera comme cela. Plus jamais nous ne courberons l’échine. Plus jamais personne ne nous humiliera. Nous y laisserons peut-être notre vie, mais ce sera debout et respectés et armés. Sur cette terre désertique, nous relèverons le pays où coulent le lait et le miel, et nous le défendrons, les armes à la main. Et ce seront nos armes, pas celles dont on nous fera l'aumône, un peuple relevé devant l'Histoire et devant le regard de ses fils ». Nous, Français sommes d'un pays, un pays, cultivé pendant des siècles, éclairé, illuminé par l'âme juive au long des âges et qui a symétriquement fait naître chez les Juifs en 1791, la certitude qu'ils entraient dans la communauté nationale avec une confiance et une espérance profondes. » Cela ne se traduit pas en actes. Récit national ? Rien sur le lien historique, biblique entre le peuple Juif et la terre d’Israël.

« Mais nous sommes aussi d'un pays qui a vu se perpétrer par ses fonctionnaires et dans ses lois l'indélébile trahison de Vichy et du Vel D’hiv. Nous en gardons même la marque chez nous, au pied des Pyrénées, dans ce camp de Gurs où se retrouvèrent internés des hommes et des femmes qui, comme Otto Freundlich, Charlotte Salomon et Hannah Arendt, croyaient avoir trouvé un refuge sûr dans notre pays. C'est pourquoi j'ai pris l'initiative, comme Président du Pays de Béarn, de construire à Gurs le Mémorial de la douleur. »

François Bayrou a évoqué l’« espoir déçu de la disparition de persécutions des juifs au sortir de la Deuxième Guerre mondiale », puis « la barbarie déchaînée sur Ilan Halimi », et nommé « 10 Français qui, après lui, ont perdu la vie pour la seule raison qu'ils étaient juifs : Jonathan Sandler, les enfants Gabriel Sandler, Arié Sandler et Myriam Monsonego, à Toulouse, en 2012. Yohan Cohen, Philippe Braham, François-Michel Saada et Yoav Attab, à l'Hyper-Cacher Porte de Vincennes, en 2015. Et Mireille Knoll et Sarah Halimi ». 

« Mais le matin du 7 octobre 2023, sur la terre d'Israël... Le plus grand pogrom depuis la Shoah a frappé de mort 1 200 personnes. Et parmi ces vies arrachées, 49 Français, 8 autres ont été retenus en otage, 7 seulement sont revenus. Notre compatriote Ohad Yahalomi est mort dans les conditions ignobles de sa détention. 14 autres ont été blessés. Je tiens à remercier le CRIF pour le soutien et l'accompagnement qu'il a apportés aux victimes françaises du 7 octobre. Le 7 février 2024, la nation, par un hommage unique au monde, à la demande du Président de la République, a exprimé son deuil pour ceux qu'elle avait perdus ; mais elle ne cessera pas d'être fidèle à leur mémoire... Il s'agissait là d'un massacre planifié pour atteindre un but délibéré : rendre la paix définitivement impossible, la haine irrémissible en profanant l'idée même d'humanité », a expliqué François Bayrou.

Et il a observé : « Dès le 8 octobre : Israël a été ciblé par les affidés de la République islamique d'Iran, le Hezbollah libanais, les milices armées chiites en Syrie et en Irak, les Houthis du Yémen. Il ne pourra pas y avoir au Proche-Orient d'équilibre fondé sur le droit tant qu'Israël ne sera pas reconnu par ses voisins dans sa légitimité à vivre et prémuni contre le feu nucléaire de ceux qui n'ont cessé de proclamer leur unique intention de le détruire. À la suite de Raymond Aron, je veux redire cette phrase : « Si les grandes puissances laissent détruire ce petit État qui n'est pas le mien, ce crime m'enlèverait la force de vivre ». Je tiens à exprimer l'amitié qui est indéfectible de la France au peuple d'Israël, auquel l'unissent tant de liens personnels, culturels et scientifiques depuis 80 ans... En 1991, alors qu'Israël était bombardé par Saddam Hussein, j'étais sur place pour exprimer mon soutien. Et je n'oublie pas les heures que nous avons passées dans un abri avec Hubert Heilbronn. J'ai tenu dès les premières attaques et jusqu'à la reprise complète des liaisons aériennes à ce que le Gouvernement, avec tous les ministres qui sont là, organise en urgence tous les rapatriements nécessaires  » 

Et François Bayrou de lister les différends entre la France et Israël : « Les inquiétudes, les soucis et les désaccords que nous avons avec le gouvernement israélien, comme à propos de la situation humanitaire à Gaza. Le manque d'accès, en sécurité, des civils à l'eau, à la nourriture et aux soins. Ces désaccords ajoutent de la force et de l'urgence à nos appels répétés à la libération des otages et au cessez-le-feu. Il ne pourra pas y avoir de paix durable au Proche-Orient qui passe, pour la France, par une solution à deux États ». 

« Mais pour sortir de la guerre permanente, la France croit exactement ceci : « Dans ma vision de la paix, sur cette petite terre qui est la nôtre, deux peuples vivront librement, côte-à-côte, dans l'amitié et le respect mutuel. Chacun aura son propre drapeau, son propre hymne national, son propre gouvernement. Aucun ne menacera la sécurité ou l'existence de l'autre. Réalisons », je cite toujours, « réalisons la vision d'Isaïe qui, à Jérusalem, il y a 2 700 ans, disait, ‘aucune nation ne lèvera plus l'épée contre une autre et l'on n'y apprendra plus la guerre’ ». Mesdames et Messieurs, l'homme qui a prononcé ces mots, c'était Benjamin Netanyahou, lors d'un discours prononcé en 2009 à l'université Bar-Ilan de Tel Aviv », a cité François Bayrou. 

Il a longuement évoqué l’antisémitisme en France : « Mais la violence partie le 7 octobre a aussi, et très rapidement, touché sur notre sol les Français juifs. Ils l'ont été à la Grande-Motte, à Rouen, à Courbevoie, avec l'ignoble viol antisémite perpétré contre une enfant de 12 ans. Ils l'ont été à Orléans, quand le rabbin Arié Engelberg a été frappé à la sortie de la synagogue sous les yeux de son jeune fils. Et je sais, le traumatisme que cette attaque a représenté. Ils l'ont été quelques semaines plus tard à Deauville, puis à Neuilly en la personne du rabbin Elie Lemmel, présent ce soir, à qui j'adresse tout mon soutien. Et l'on voit apparaître comme la semaine dernière à Bordeaux des menaces proférées contre une maman qui vient chercher son enfant à la crèche. En 2024, ce sont 1 570 actes antisémites qui ont été ainsi recensés. 1 570 actes antisémites. Près de 4 fois plus qu'en 2022, près de 20 fois plus qu'au milieu des années 1990. Et depuis le début de cette année 2025, nous en sommes déjà à 504 actes (de janvier à mai) dont 10 % sont des agressions physiques. Les deux tiers des faits antireligieux ciblent nos compatriotes juifs. Alors, comment oser parler d'un « phénomène résiduel » quand, au contraire, sa progression est exponentielle ?.. Le monstre a fait pousser d'autres têtes, alimentées essentiellement par l'islamisme radical : les contestations de l'Holocauste à l'école, les insultes et les coups dans les cours de récréation. Au cours de l'année scolaire 2023-2024, 4 fois plus d'actes antisémites que l'année précédente ont été recensés dans les établissements. » 

Puis François Bayrou a insisté sur le rôle de l’école : « Parmi les plus jeunes, les discours de haine se banalisent et en viennent à former un « antisémitisme d'atmosphère ». À l'université et dans plusieurs grandes écoles, d'autres dérives encore. La culture de la compréhension, fondement des humanités a reculé devant des organisations aveuglées, manipulées, instrumentalisées. Et je veux saluer la fermeté et le travail de Luis Vassy pour restaurer à Sciences Po Paris un environnement de dialogue et de respect mutuel. Le 12 novembre, nous avons tous partagé un cortège partout en France pour dénoncer cette gravissime dérive. Nous refusons que les Français juifs aient à quitter la terre où ils sont nés. Nous n'acceptons pas que ceux qui choisissent de rester vivent dans la peur. Nous n'acceptons pas qu'ils désinscrivent leurs enfants de l'école publique. Que 6 parents juifs sur 10 craignent pour la sûreté et le bien-être de leurs enfants s'ils le maintiennent dans le service public de l'éducation, cela est pour nous le signe indéniable d'une défaite républicaine et nationale. C'est la preuve que l'école de la République est aujourd'hui à défendre et, d'une certaine manière, sur ce sujet, à reconstruire. La République doit tenir sa promesse d'éducation à la compréhension et à la fraternité. À l'initiative d'Elisabeth Borne, le plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations oblige depuis 2023 les élèves à effectuer au cours de leur scolarité une visite mémorielle. Je veux ici saluer le travail inestimable de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, qui, en 2024, a accompagné 160 000 élèves et 6 200 enseignants. »

Place à l’ode à la République : « Mais, dans notre combat pour la République, nous devons prendre conscience que nous avons des armes. Et l'arme principale, c'est notre laïcité. un jeune homme venait défendre les dossiers devant moi. Il s'appelait Haïm Korsia. Mais la laïcité c’est la promesse de faire « un seul peuple ». Le premier pas de la tolérance, c'était l'édit de Nantes. Elle aboutit à cette conviction qui cimente aujourd'hui la République. C'est qu'un pays se porte mieux d'être constitué de cultures et de sensibilités différentes. La laïcité est cet engagement qui dépasse la tolérance pour atteindre la compréhension de l'autre, sans laquelle il ne peut y avoir d'unité. Et sans unité, dans le monde brutal où nous vivons, aucun peuple ne survivra. » 

Hommage a été rendu à des ministères régaliens : « Pour affûter ces armes que sont la fermeté et la compréhension, je veux saluer le travail mené par la ministre en charge de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé. Les Assises de lutte contre l'antisémitisme qu'elle a réunies en février dernier, et dont je remercie tous les contributeurs ont formulé des propositions en matière de justice et d'éducation qui vont orienter le travail du Gouvernement. D'ores et déjà, le ministre d'État, ministre de l'Intérieur mène une action résolue pour démanteler des réseaux qui alimentent l'antisémitisme. Cette action doit être intensifiée. La protection des lieux de culte, des écoles et des commerces juifs a été renforcée après le 7 octobre et depuis le 19 juin, les patrouilles sont doublées. Devant la propagation des actes antisémites, notre réponse pénale doit impérativement être affirmée. C'est pourquoi le garde des Sceaux transmettra prochainement à tous les parquets de France une circulaire précisant les méthodes qui permettent de débusquer l'antisémitisme sous les prétextes, les insinuations et les ambiguïtés, en s'appuyant notamment sur la définition donnée par l'Alliance internationale pour la mémoire de l'Holocauste. Si des propositions de loi permettent d'améliorer effectivement la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, dans le respect de la Constitution, elles auront notre soutien plein et entier. » 

Et François Bayrou a abordé l’enseignement : « L'université ne peut plus être un lieu où de fausses théories causent de vraies blessures. Nous allons donc généraliser dans les établissements d'enseignement supérieur les cellules de veille et de signalement pour que chaque victime d'actes antisémites ou raciste trouve un interlocuteur compétent. Je salue l'engagement du Parlement sur cette question centrale, celui notamment des sénateurs Pierre-Antoine Lévy et Bernard Fialaire. Leur proposition de loi, qui vient d'être votée par l'Assemblée nationale après que le Gouvernement a voulu qu'elle soit examinée avant la fin de la session parlementaire, fait des pas décisifs dans la lutte contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur, notamment en renforçant les procédures disciplinaires... La mémoire est un devoir imprescriptible. Tous les élèves doivent partager cette mémoire, car nous croyons que si la mémoire se partage, alors notre identité s'élargit. La coexistence de tous dans la République passe par la coexistence des mémoires, sans en effacer ni en relativiser aucune. Le Gouvernement souhaite donc que soit intégrée aux programmes d'histoire une étude approfondie des mouvements d'émancipation nationale au Moyen-Orient. »

François Bayrou n’a pas oublié les réseaux sociaux : « L'antisémitisme se démultiplie aussi sur les écrans, les réseaux sociaux, où se déploient des stratégies organisées, financées pour cibler les jeunes et les inciter dans l'anonymat à déchaîner leurs passions archaïques. La question de l'anonymat sur les réseaux sociaux, très difficile à traiter doit être posée, traitée, examinée et doit trouver une réponse. C'est pourquoi aussi les moyens du Parquet national de lutte contre la haine en ligne vont être renforcés. Pharos, la plateforme qui recense, analyse et oriente les signalements, va être développée encore davantage. » 

Après avoir rappelé « la prière pour la République chaque semaine dans les synagogues », François Bayrou a conclu sur l’importance de la République : « La présence si large du Gouvernement parmi vous ce soir : rappeler que la République est d'abord cette promesse de réconciliation. L'augmentation des actes ciblant telle ou telle communauté de notre pays – les Français juifs mais aussi les Français musulmans ou chrétiens ou d'autres – montre que les passions brûlent. Il est de la responsabilité des acteurs politiques de ne pas les attiser, de refuser de les entretenir, car toutes les origines, toutes les sensibilités, tous les noms de toutes les consonances méritent la même attention et la même protection. Tous les enfants sont les nôtres. Pour tous les Français, et je le sais particulièrement dans cette salle, la République est une espérance. Cette espérance porte un sens pour le monde, car notre projet est national, unique, mais il est aussi un projet profondément universel. Pour reprendre les mots d'Edmond Fleg, la sensibilité juive, elle est présente « en tous lieux où pleure une souffrance ». Et la République, telle que nous la voulons, est cette oeuvre d'unité, de fermeté et d'ouverture. De cette unité fondée sur la laïcité, vous avez été et êtes aujourd'hui les premiers défenseurs. Dès 1791, vous en avez perçu toute la fécondité. Haïm Korsia, avec qui je parle souvent, a raison de dire que les Français juifs veulent être constructeurs de la République et que cette volonté de construire est entravée par l'antisémitisme. Des raisons d'espérer dans la République et de poursuivre, ensemble, sa construction. » 

Le diner s'est clos par la remise du Prix du Crif-Pierrot Kauffmann  à l’humoriste Sophia Aram.

Omissions 
Que retenir de cette soirée ? Le discours mal construit, émaillé de redondances de Yonathan Arfi qui a omis d’évoquer le procès en France de juifs canadiens originaires d’Irak, la famille Lawee représentée par Philip Khazzam, réclamant à la France 16,9 Mns d’euros d’arriérés locatifs et 9,34 Mns d’euros de dommages et intérêts, soit un total de 26,24 Mns d’euros, les assassins musulmans des juifs en France depuis 2000 - seule l'association C.H.A.R (Contre la haine l'antisémitisme et le racisme) a recensé ces victimes juives -, etc.

Quid de l'arrivée en France de centaines de Gazaouis élevés dans la haine des Juifs et des Croisés, dont des admirateurs d'Hitler ?

Qu’avait demandé Yonathan Arfi lors des dîners du CRIF durant son premier mandat : la recension des plaintes pour antisémitisme et leur suivi, l'intégration des juifs dans le récit national.  Qu’a-t-il obtenu ? Rien. Nada. Ah, si ! Sera intégrée dans l'enseignement « une étude approfondie des mouvements d'émancipation nationale au Moyen-Orient ». Par exemple, l'histoire d'un "peuple palestinien qui lutte son émancipation nationale de l'occupant israélien" ? 

Le nom de Sébastien Selam, assassiné en 2003, était ignoré par François Bayrou  qui a cité un discours de Benjamin Netanyahou prononcé en 2009 pour persister dans la "solution-à-deux-Etats". L'agression djihadiste du 7 octobre 2023 en Israël a relégué dans les poubelles de l'Histoire cette proposition diplomatique visant en fait l'éradication de l'Etat Juif.

Et pendant ce temps, l'essayiste franco-algérien Boualem Sansal, gravement malade, était illégalement incarcéré en Algérie depuis le 16 novembre 2024...

Et depuis ce diner ?
Le 9 juillet 2025, Aurore Bergé, ministre en charge de la lutte contre les discriminations, a annoncé « sur France 2 que l’État va financer un projet de coalition d’associations pour signaler plus efficacement auprès de l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) contre les propos haineux prononcés en ligne, de façon à ce qu’ils soient retirés de manière beaucoup plus rapide ». Cela concerne les discours à caractère antisémite, raciste, anti-musulmans, homophobe, misogynes... Désormais, les associations seront « en lien direct avec l’Arcom de manière à ce qu’elles soient prioritaires ». Cette coalition comprend le Crif, la Fédération des centres LGBTI+, Flag!, la Licra, M’endors pas, le Mouvement du Nid, Osez le féminisme, le Planning familial, Respect Zone, Sos Homophobie, SOS Racisme et Addam, a précisé à l’AFP l’entourage de la ministre. Ces associations sont « déjà aidées financièrement, mais elles vont l’être encore plus pour qu’elles puissent recruter des gens qui vont être dédiés à la lutte contre la haine en ligne », affirme Aurore Bergé. Pourquoi le CRIF ? Quelle est sa compétence ? Cette Coalition a suscité rapidement des critiques visant certaines des associations choisies connues pour leurs actions liberticides, leurs accointances avec les islamogauchistes ou leur militantisme wokiste. Habilement, les critiques ne sont pas tombées dans le piège tendu et ont épargné le CRIF.

Un des premiers comptes suspendus sur X, ex-Twitter : celui de Bruno Attal, qui ne cache pas sa judéité. L'audience du Collectif des Vigilants, efficace combattant de l'antisémitisme sur les réseaux sociaux, critique lucide de dirigeants communautaires, a considérablement chuté. Sont-ce des hasards ?

Le 12 juillet 2025, dans un long texte qui ne mentionnait pas le mot "juif", le Président de la République Emmanuel Macron annonçait :
« Le 12 juillet 1906, la cour de cassation rendait à Alfred Dreyfus les biens les plus précieux de l’honnête homme : son innocence, sa liberté, sa dignité et son honneur.
Douze ans après le déclenchement de « l’affaire » triomphaient enfin, à travers le capitaine Dreyfus, l’esprit des Lumières, les principes de 1789 et la promesse républicaine.
C’est pourquoi, à l’occasion l’an prochain du 120e anniversaire de la reconnaissance de l’innocence du capitaine Dreyfus, nous décidons que la date du 12 juillet sera inscrite au calendrier de nos commémorations nationales.
Désormais, chaque 12 juillet, se tiendra une cérémonie de commémoration pour Dreyfus, pour la victoire de la justice et de la vérité contre la haine et l’antisémitisme.
Ainsi, Alfred Dreyfus et ceux qui combattirent à travers lui pour la Liberté, l’Egalité et la Fraternité continueront d’être l’exemple qui doit inspirer notre conduite.
Vive la République !
Vive la France ! »

La loi n° 2025-732 « relative à la lutte contre l'antisémitisme dans l'enseignement supérieur  » a été promulguée le 31 juillet 2025, et publiée  dans le Journal officiel de la République française (JORF) du 1er août 2025  (n° 177). On déchante vite en lisant les titres des premiers chapitres de cette loi promulguée  et publiée au Journal Officiel : « Chapitre Ier : Formation à la lutte contre l'antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine dans les établissements d'enseignement » et « Chapitre II : Prévention, détection et signalement des faits d'antisémitisme, de racisme, de discrimination, de violence et de haine survenant dans l'enseignement supérieur ». La lutte contre l’antisémitisme s’avère diluée dans une loi fourre-tout (« violences », « haine »), alors que le rapport des sénateurs Pierre-Antoine Levi et Bernard Fialaire (26 juin 2024), à l’origine de la loi, avait brossé un tableau inquiétant, et partiel, de l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur. 

Le 9 septembre 2025, « le Premier ministre François Bayrou a remis la démission de son Gouvernement au Président de la République Emmanuel Macron qui en a pris acte. Le Premier ministre assure, avec les membres du Gouvernement, le traitement des affaires courantes jusqu’à la nomination d'un nouveau Gouvernement. Le Président de la République a nommé Sébastien Lecornu Premier ministre. » Ladite « loi nécessite  6 mesures d'application ». La publication de ces six mesures « est envisagée  en novembre 2025 ». Au 30 décembre 2025, « d'après les informations du Gouvernement, aucun décret n'a été publié  ». Heureusement qu’il n’y a pas urgence… 

Pendant ce temps, la Président du CRIF, le Grand rabbin de France Haïm Korsia et le Président du Consistoire de France Me Elie Korchia assurent de la détermination du gouvernement à lutter contre l’antisémitisme… 

« Faut-il demander à nos enfants de baisser la voix quand ils parlent des Juifs ou d’Israël dans le métro ? C’est la question dont nous débattons depuis le 7-Octobre avec Arielle (Arielle Schwab, ancienne présidente de l’UEJF de 2009 à 2011, Ndlr), mon épouse. Faut-il se résoudre à retirer la mezouza de nos portes, à dissimuler son étoile de David ? C’est le dilemme auquel font face les familles juives de notre pays. Je refuse qu’en France les Juifs aient à choisir entre leurs affinités et leur sérénité, entre leur identité et leur sécurité ! », avait dit Yonathan Arfi au début de son discours. A entendre ces mots, à percevoir son désarroi, je songeais à un autre dirigeant communautaire français : André Baur  (1904-1944), proche des judaïsmes consistorial et libéral. Témoignage de son amour pour la France, il avait prénommé Francine sa fille née le 22 juin 1940. Vice-président de l'Union générale des israélites de France (UGIF) sous l’Occupation allemande, il avait été déporté et assassiné au camp nazi d’Auschwitz. Certes, le contexte est différent : il n’est point question de déportation et de Shoah, mais de la fin de la présence juive en France par l’exil. 


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