Citations

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mardi 28 décembre 2021

La guerre des ondes. Londres, Paris, Vichy (1940-1944)

Pour le centenaire de la radio française, le Musée de l'ordre de la Libération présente l’exposition « La guerre des ondes. Londres, Paris, Vichy (1940-1944) »
. L'exposition « dévoile la lutte acharnée que se sont livrées les radios de la Résistance, de l’Occupation et de la collaboration, de 1940 à 1944. Elle explique également tous les moyens utilisés pour séduire, convaincre et mobiliser les auditeurs ».

« Les coulisses de l'Histoire - Hitler, l'art de la défaite » par Christiane Ratiney
« La blonde province de Himmler Une expérimentation en Pologne » par Klaus Salge et Jacek Kubiak 
1940 : Les Parisiens dans l’exode 
Archives de la vie littéraire sous l'Occupation 
Le Musée de la Libération de Paris - Musée du Général Leclerc - Musée Jean Moulin 
« Les Bastilles de Vichy. Répression politique et internement administratif 1940-1944 » par Vincent Giraudier 
« Composer sous Vichy », par Yannick Simon 
Pierre Dac. Du côté d’ailleurs
La guerre des ondes. Londres, Paris, Vichy (1940-1944)

« À l’aube de Noël 1921, Radio Tour Eiffel émet sa première émission radiophonique depuis la Dame de Fer. À l’occasion de cet anniversaire, le musée de l’Ordre de la Libération, aux Invalides, revient sur le rôle essentiel de la radio pendant la Seconde Guerre mondiale. L’exposition La Guerre des ondes. Londres, Paris, Vichy (1940 – 1944), présentée du 4 octobre 2021 au 2 janvier 2022, dévoile la lutte acharnée que se sont livrées les radios de la Résistance, de l’Occupation et de la collaboration, de 1940 à 1944. Elle explique également tous les moyens utilisés pour séduire, convaincre et mobiliser les auditeurs. »

« De l’Appel du général de Gaulle le 18 juin 1940 jusqu’à la libération de Paris le 24 août 1944, une « guerre des ondes » prend forme et voit s’affronter l’équipe française de Radio-Londres sur l’antenne de la British Broadcast Corporation (BBC), la radio allemande de langue française Radio-Paris et la Radiodiffusion nationale (dite « Radio-Vichy ») de l’État français. »

« Bien que la radio soit un média jeune à ce moment-là, six millions et demi de postes équipaient déjà les foyers français. Unique média domestique, la radio devient un enjeu stratégique majeur de propagande et une arme de guerre psychologique. » 

L’ordonnance allemande du 13 août 1941 prohibe toute possession d'un poste récepteur aux Juifs qui sont obligés de remettre leur poste de TSF au commissariat de police. 

« L’exposition s’articule autour des trois radios : Radio-Londres (sur la BBC) au service de la France libre et la Résistance intérieure, « Radio-Vichy », considérée comme la radio de l’État français, et Radio-Paris, contrôlée par l’occupant allemand. La « guerre des ondes » n’est ni statique, ni verticale ; elle se livre sur un réseau dynamique de relations entre tous ses protagonistes. En effet, les trois radios s’interpellent, se critiquent et se répondent — parfois au-delà même des ondes, tandis que les Français ne restent pas passifs face aux contenus radiodiffusés. »

« L’exposition présente une cinquantaine d’objets et documents (postes de radio, micro, affiches, tracts, brochures, magazines, machine à écrire, etc.), ainsi qu’une borne interactive qui diffuse des extraits d’émissions de radio : chansons, parodies, discours, concerts, etc. Cette dernière permet de mieux appréhender le rôle, pendant la Seconde Guerre mondiale, du plus ancien média sonore. » 

Le Commissaire d'exposition est Lionel Dardenne, assistant du conservateur au musée de l'Ordre de la Libération.

Londres, Paris, Vichy
« Le public découvre la naissance des différentes radios, ainsi que leurs « grandes voix ». Qu’ils représentent la France libre ou le régime de Vichy : Pierre Bourdan, Pierre Dac, Jacques Duchesne, Maurice Schumann, Jean Marin, Jean Oberlé, etc., pour les Français de la BBC ; Jean-Louis Tixier-Vignancour, René Bonnefoy, pour « Radio-Vichy »; Jean Hérold-Paquis, Philippe Henriot, etc., pour Radio-Paris. »

« Le matin du 25 juin 1940, toutes les stations radios françaises cessent d’émettre, conformément à l’article 14 de la convention d’armistice. Seule radio autorisée dans la zone occupée, la station de propagande allemande en langue française, Radio-Paris, commence à émettre le 5 juillet. Cette radio dispose de moyens financiers, fournis par le Reich, très supérieurs à ses concurrentes. Radio-Paris relaie l’idéologie nazie et encourage la collaboration avec l’Allemagne. »

« La Radiodiffusion nationale est repliée à Vichy, siège de l’État français. » 

« Elle commence à émettre le 6 juillet 1940. Les collaborationnistes sont écartés au profit d’une ligne plus neutre, marquant une certaine indépendance, tournée vers la promotion de l’idéologie du régime de Vichy et l’exaltation de la figure du maréchal Pétain. »

« Face à la main mise allemande sur Radio-Paris et à la radio officielle de Vichy, Radio-Londres diffuse deux émissions françaises sur les ondes de la BBC à partir de la mi-juillet 1940, et seulement trente-cinq minutes d’antenne. Honneur et Patrie, qui dépend du général de Gaulle et Les Français parlent aux Français, dépendant, elle, des Britanniques. Radio-Londres est alors utile pour faire connaître aux Français occupés l’action des mouvements de Résistance et les combats de la France libre, tout en dénonçant la propagande allemande et la politique de collaboration. »

« Cette partie de l’exposition permet d’évoquer également et de mieux comprendre le système des grilles de programme, ainsi que les messages véhiculés et leur objectif. »


La radio, une arme de guerre
« Cette deuxième partie présente la radio comme arme psychologique, politique et militaire. En effet, entre les trois radios protagonistes, la confrontation est immédiate. La rivalité entre les différentes radios s’exprime sous de multiples formes : propagande, manipulation des auditeurs, messages codés, réponses à distance, résistance, etc. : une véritable «guerre des ondes ».

« Radio-Paris, détenue par l’occupant, est forte de l’expérience de la propagande nazie en Allemagne. Ainsi, elle tente de séduire les auditeurs pour les convaincre du bienfait de la collaboration, de « l’Ordre nouveau » en Europe et, plus tard, de la nécessité du Service du travail obligatoire (STO). »

« Radio-Londres, de son côté, dénonce les mensonges de la radio allemande, les privations du pays occupé, les exécutions d’otages et fustigent la politique du maréchal Pétain. Émise sur les ondes de la BBC, cette radio livre des informations censurées en France, encourage les auditeurs à croire en la victoire finale et donne des mots d’ordre à la Résistance, avec des messages codés. »

« Les « grandes voix » des émissions radiophoniques de l’époque s’insultent, se moquent et se répondent à travers leurs programmes. L’affrontement est tel qu’il se poursuit même dans d’autres médias : magazines, brochures, affiches, tracts, et au cinéma. »

« Pour les autorités d’occupation, les créateurs de ces radios et leurs intervenants, il ne s’agit pas de diffuser uniquement des informations et de la propagande. Du côté de la BBC, les ondes servent aussi à envoyer et recevoir des messages codés, rassurer des familles et transmettre des informations secrètes… »

« L’importance et la puissance de la radio pour gagner l’adhésion des populations sont perçues très rapidement. Le général de Gaulle a été l’un des premiers à comprendre que la radio serait un vecteur de résistance civile. Il l’a bien démontré lors de son discours le 18 juin 1940. Il écrit dans ses mémoires, en évoquant la France libre : « La première chose à faire était de hisser les couleurs. La radio s’offrait pour cela. »


Le divertissement
« Utile pour atteindre leur objectif de « séduction », les radios proposent de nombreuses émissions de divertissement d’une grande modernité : jeux, chansonniers, témoignages, reportages, interventions humoristiques, etc., qui servent à capter leur public et à le divertir dans le contexte d’une guerre mondiale et de restrictions en tous genres. »

Les radios et leurs auditeurs 
« Comment les Français perçoivent-ils la propagande qui leur est adressée ? Comment dialoguent-ils avec ces radios ? Restent-ils passifs face aux informations reçues ? »

« Autant de questions auxquelles répond cette troisième partie de l’exposition en abordant la relation entre les auditeurs et les différentes radios. On y découvre leurs échanges et comment les radios adaptent leur programme face aux réactions et demandes des auditeurs. » 

« En dépit des interdictions et des contraintes qui pèsent sur la population française, cette dernière n’est pas passive. »
 
« Ainsi, les auditeurs écrivent aux stations ou directement aux intervenants pour les louer ou pour critiquer les programmes. Ils répondent aux mots d’ordre diffusés sur les ondes de Radio-Londres, appelant à des actions patriotiques (manifestations du 1er mai, 14 juillet ou 11 novembre, minute de silence, campagne des « V », etc.). Certains se font même le relais (clandestin) des chaînes de radio interdites en France occupée, par un slogan fredonné ou un graffiti. D’auditeurs, ils deviennent alors acteurs d’une forme de résistance à l’occupant. »

« Les trois radios ont tout intérêt à se montrer très attentives à leurs auditeurs. Par exemple, les courriers parvenus à Radio-Paris permettent aux Allemands d’évaluer l’état de l’opinion publique quand la BBC et la Résistance intérieure organisent de leur côté des sondages clandestins en France occupée. Ainsi, l’organisme de résistance « Service de sondages et statistiques » révèle que 68% des sondés se déclarent satisfaits des émissions de Radio-Londres en juin 1944. Les stations peuvent ainsi améliorer leurs grilles de programmes et leur impact pour continuer d’accroître leur emprise, toujours plus grandissante. » 

« Durant quatre ans, les Français ont subi la propagande de la radio allemande et de la Radiodiffusion nationale dont le but était d’assujettir les esprits et de rendre acceptable le projet d’une Europe dominée par l’Allemagne nazie. Mais « l’armée des ondes », celle des Français de la BBC à Londres, s’est opposée à eux grâce à une résistance fondée sur la volonté de combattre le mensonge par la vérité. Radio-Londres a pu ainsi faire connaître aux Français les combats de la Résistance et les succès de la France libre, rendant possible l’espoir d’une future libération. »

« Le 17 août 1944, devant l’imminence des combats pour la libération de la capitale, Radio-Paris émettait son dernier message. Et le 24, « Radio-Vichy » disparaissait avec la libération de Paris et de la majeure partie du territoire national. Quant à Radio-Londres, elle sortait vainqueur de la « guerre des ondes ».

« Le rôle irremplaçable de la radio durant la Seconde Guerre mondiale a tenu à son quasi-monopole de média domestique. L’évolution des moyens de communication laisse à penser qu’il n’en serait pas de même aujourd’hui. Malgré tout, cent ans après la première émission radiodiffusée en France, la radio demeure un puissant vecteur de communication, le média considéré comme le plus crédible par les Français (1) et le plus répandu sur la planète (2). 

« La « guerre des ondes » offre l’occasion de plusieurs passes d’armes radiophoniques entre les animateurs de Radio-Londres comme Maurice Schumann (Honneur et Patrie) et Pierre Dac (Les Français parlent aux Français) et l’orateur de Radio-Paris et « Radio-Vichy », Philippe Henriot. Alors que celui-ci est secrétaire d’État à l’Information et à la Propagande, il attaque Pierre Dac à la radio le 10 mai 1944. Il se réfère à lui par son vrai nom, « un certain Isaac André », et l’accuse de ne pas être attaché à la France du fait de ses origines juives. »

« Pierre Dac lui répond en évoquant la mémoire de son frère tombé en 1915 en Champagne : « Sur la modeste pierre tombale […] on lit cette simple inscription : Mort pour la France à l’âge de 28 ans. Voilà, monsieur Henriot, je le répète, ce que cela signifie pour moi, la France. Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription. Elle sera ainsi libellée : Philippe Henriot, mort pour Hitler, fusillé par les Français. »

« La réplique de Pierre Dac est prophétique puisque, le 28 juin 1944, Philippe Henriot est abattu à son domicile parisien par un commando de la Résistance dirigé par Charles Gonard, Compagnon de la Libération. » 

(1) 52% des personnes interrogées, contre 48% pour la presse écrite, 42% pour la télévision et 28% pour Internet, étude Kanta Public et One Point réalisée pour La Croix, 2020.
(2) Journée mondiale de la radio, UNESCO, 2016.


« Quelques protagonistes »

Pierre Dac (1893-1975) 
« Comédien, il participe à l’émission Les Français parlent aux Français où il se distingue par ses interventions humoristiques. » 
© Jacques Pessis

Maurice Schumann (1911-1998)
« Porte-parole de la France libre, principal intervenant de l’émission Honneur et Patrie, Compagnon de la Libération. » 
© musée de l’Ordre de la Libération

Philippe Henriot (1889-1944)
« Journaliste et homme politique, éditorialiste, voix emblématique de la collaboration sur « Radio-Vichy » et Radio-Paris. »
© CCO Paris Musées /Musée Carnavalet – Histoire de Paris


Du 4 octobre 2021 au 02 janvier 2022
Hôtel national des Invalides
129, rue de Grenelle. 75007 Paris
Tél. : 01 47 05 35 15
Du lundi au dimanche, sauf le 1er janvier, de 10 h à 17 h  (nocturne le mardi 20 h).
Visuels :
« Paroles dorées de Mr Winston Churchill adressées à la Nation Française, 1940.
Tract antianglais de douze feuillets distribué par les services de propagande de Vichy. Londres est bombardé alors que les paroles du Premier ministre britannique se veulent rassurantes.
© Musée de l’Ordre de la Libération

Les Juifs doivent remettre leur poste de TSF au commissariat de police, septembre 1941. L’ordonnance allemande du 13 août 1941 interdit aux Juifs de posséder un poste récepteur. 
Photo © BnF

Poste radio « RCA Victor » BP 10 ayant appartenu à Paul Rivière (Compagnon de la Libération). Don de Madame Rivière 
© musée de l’Ordre de la Libération.

Pierre Bourdan, pseudonyme de Pierre Maillaud, une des voix du programme Les Français parlent aux Français, à la BBC de 1940 à 1944.
© Tallandier / Bridgeman Images

Maurice Van Moppès, Chansons de la BBC illustrées par l’auteur, Paris 1944
Cette édition reprend les chansons que Maurice Van Moppès faisait entendre dans l’émission Les Français parlent aux Français sur la BBC. Les chansons étaient aussi parachutées sur la France occupée. Ces détournements d’airs connus pour ridiculiser l’ennemi permettaient d’amoindrir l’aspect menaçant et invincible dont sa propagande le parait.
© Musée de l’Ordre de la Libération

Les citations sur l'exposition proviennent du dossier de presse. 

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