Avec la contribution exceptionnelle du Palais Galliera, le Petit Palais présente l’exposition « WORTH. Inventer la haute couture ». « Charles Frederick Worth (1825-1895), fondateur d’une maison qui incarne l’apogée du luxe parisien, est une figure incontournable de l’histoire de la mode. Né en Angleterre, celui qu’on qualifie aisément d’inventeur de la haute couture, fonde en 1858 la maison « Worth & Bobergh » au 7 rue de la Paix, à Paris. Cette maison qui portera ensuite le seul nom de « Worth », devient le symbole du raffinement et du savoir-faire français et s’étend sur quatre générations et près d’un siècle. »
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Charles Frederick Worth (1825-1895) est le fondateur d'une dynastie qui, sur quatre générations, de 1858 à 1954, a dirigé la célèbre maison de haute couture. De la fin du XIXe au début du XXe siècle, est inventée la haute couture à son initiative. Du Second Empire aux Années folles, il contribue activement à écrire une page d’histoire essentielle : "la mise en place de la figure du grand couturier et de techniques de création et de commercialisation nouvelles, fondatrices du fonctionnement actuel de la mode".
Cette dernière affirmation doit être nuancée : depuis quelques décennies, le monde de la haute couture a opéré des ruptures définitives : mutations dans la haute société par la disparition des évènements ponctuant la journée et nécessitant des vêtements adaptées - robe d'intérieure, robe de ville, de cocktail, de soirée, robe de bal -, départ des fondateurs de maisons - Givenchy, Saint-Laurent -, succession de designers, abandon de la recherche de la beauté, volonté de choquer pour maximiser les retombées médiatiques, reflets vestimentaires d'une société en pertes de repères, etc.
« Présentée sur 1 100 m² dans les vastes galeries du Petit Palais, la rétrospective « WORTH. Inventer la haute couture » inédite rassemble plus de 400 pièces — vêtements, accessoires, objets d’art, peintures et arts graphiques— et a pour ambition de mettre en lumière aussi bien les créations que les figures marquantes de la maison Worth. Outre la collection du Palais Galliera, l’exposition bénéficie de prêts rares et prestigieux en provenance de musées internationaux tels que le Philadelphia Museum of Art, le Metropolitan Museum of Art, le Victoria and Albert Museum, le Palazzo Pitti, ainsi que de nombreuses collections privées. »
« Le parcours suit une chronologie s’étendant du Second Empire à l’entre-deux-guerres et montre comment la griffe Worth, grâce à la vision internationale de son fondateur, est devenue une référence incontestée, contribuant à consolider la place de Paris comme capitale mondiale de la mode. »
« La première partie de l’exposition retrace les débuts de la maison, son essor et sa clientèle, de 1858 à la veille de la Première Guerre mondiale. Arrivé à Paris en 1846, Charles Frederick Worth débute comme commis chez Gagelin, un marchand renommé, avant de se faire rapidement un nom. En 1858, il fonde la maison « Worth & Bobergh » avec le Suédois Otto Gustav Bobergh, au premier étage du 7 rue de la Paix ».
« La maison habille la princesse de Metternich, la cour impériale jusqu’à l’Impératrice Eugénie elle-même, imposant sa domination sur la mode parisienne. En 1870, après la séparation avec Bobergh, la griffe devient « Worth ». Des tenues de jour aux manteaux d’opéra, de la tea-gown (robe d’intérieur) aux robes de bal, l’exposition illustre le style Worth, inimitable, à travers un ensemble de silhouettes portées au gré d’une journée. »
L’exposition « met également en lumière des clientes prestigieuses, telles que l’Italienne Franca Florio, l’Américaine Lady Curzon et l’emblématique comtesse Greffulhe, modèle de la duchesse de Guermantes dans l’oeuvre de Marcel Proust. Des portraits peints par Carolus-Duran, La Gandara ou encore Louise Breslau jalonnent l’exposition et témoignent de la volonté, pour ces femmes fortunées, de se voir représentées dans leurs plus belles robes Worth. »
« En 1895, le décès de Charles Frederick marque un tournant dans l’histoire de la maison, alors reprise par ses fils, Jean-Philippe et Gaston.
L’exposition « fait revivre la mythique rue de la Paix avec ses maisons de couture telles Paquin, Doucet et Doeuillet. Le couturier Poiret, qui ouvre son propre atelier en 1903, fait ses armes chez Worth. Documents et photographies viennent illustrer le fonctionnement de cette maison où des milliers de personnes oeuvrent au quotidien : de l’atelier de couture à celui d’emballage en passant par l’atelier du photographe jusqu’aux luxueux salons qui accueillent une clientèle internationale. »
La « dernière section se concentre sur le nouvel âge d’or de la maison, au début du XXe siècle. Sous la direction de Jean-Philippe et Gaston Worth, la maison poursuit son expansion. À cette époque, la mode fait un retour au style du Premier Empire, tout en répondant aux nouvelles aspirations de la société avec des silhouettes plus épurées, à la fois droites et fuselées. La maison s’affirme par ses créations, soutenues par la presse spécialisée, notamment La Gazette du Bon Ton. »
« À partir des années 1920, les fils de Gaston, Jean-Charles et Jacques, prennent la relève. Worth entre alors pleinement dans la modernité. La maison propose à chaque collection de nombreux manteaux, capes, robes de jour et du soir. Le « bleu Worth » s’impose. »
« En 1924, est lancé son premier parfum, Dans la Nuit, suivi de nombreux autres dont les flacons ont été conçus par Lalique comme Vers le Jour, Sans Adieu et Je reviens. L’exposition fait renaître ce dernier grâce à un dispositif olfactif exceptionnel proposé en collaboration avec l’Osmothèque, Conservatoire International des Parfums. »
« Cette rétrospective est ponctuée par quatre vidéos réalisées, par le journaliste Loïc Prigent, dévoilant les secrets de la confection de quatre vêtements iconiques et les coulisses de leur mannequinage. Des extraits de films complètent le propos, tandis que des stations d’écoute plongent les visiteurs dans l’effervescence et le quotidien de ces maisons de couture. Enfin, un parcours enfant, dédié aux 7-10 ans, leur propose de vivre l’aventure de la mode en aidant le célèbre couturier à inventer la haute couture. »
« L’exposition s’affirme comme une immersion totale dans l’histoire d’une institution mythique qui a su imposer le luxe et l’élégance à la française. Une page de l’histoire de la mode se déploie, celle du système de la mode tel que nous le connaissons aujourd’hui avec ses défilés et ses stratégies de commercialisation, celle de l’invention de la figure du grand couturier dont les créateurs de mode se réclament encore aujourd’hui. »
« Le commissariat général est assuré par Annick Lemoine, conservatrice générale, directrice du Petit Palais, et Miren Arzalluz, directrice du Musée Guggenheim, Bilbao, directrice honoraire du Palais Galliera, et le commissariat scientifique par Sophie Grossiord, directrice par intérim du Palais Galliera, conservatrice générale du patrimoine, responsable des collections mode début du XXe siècle jusqu’à 1947, Marine Kisiel, conservatrice du patrimoine, responsable des collections mode du XIXe siècle, Palais Galliera Raphaële Martin-Pigalle, conservatrice en chef du patrimoine, département des peintures modernes (1890-1914) au Petit Palais assistées d'Alice Freudiger, assistante d'exposition au Palais Galliera. »
Parcours de l’exposition
« Avec quatre générations et près d’un siècle d’existence, Worth occupe une place à part dans le paysage des maisons de mode. Worth est en effet le nom d’un homme, Charles Frederick, et de ses descendants qui se succèdent à la tête de la maison. C’est aussi un mythe : celui d’une enseigne, fondée à Paris en 1858, dont le développement dicte bientôt une nouvelle forme d’organisation à l’industrie de la haute couture. »
« Worth s’impose rapidement comme une référence, confortée par l’usage de la griffe que le fondateur transforme en y apposant sa signature manuscrite, et par une série d’innovations. Charles Frederick Worth adapte les principes sériels de la confection aux formes individualisées de modèles réputés uniques. Il met en place la saisonnalité des collections et la pratique des défilés, favorisant la commercialisation et le rayonnement de ses créations à travers le monde entier. Nombreux sont les legs que le système de la mode aura reçus de l’astucieux couturier – vite dépeint par ses contemporains comme un tyran autocrate et génial –, mais aussi de ses fils et petits-fils, souvent effacés derrière la figure du patriarche. »
« Retraçant l’histoire de la maison, de sa fondation par Charles Frederick Worth et son associé, le Suédois Otto Bobergh, jusqu’aux premières décennies du XXe siècle, l'exposition revient pour la première fois à Paris, en oeuvres et en images, sur une dynastie et une griffe mythiques. »
« Le parcours invite à suivre l’évolution d’une mode sans cesse renouvelée, tout en restituant sa place à une adresse légendaire : le 7 rue de la Paix. Aux côtés des maisons concurrentes, c’est un univers méconnu, voire invisible, qui se révèle, où travaille le microcosme aussi discret qu’essentiel des couturières et des premières d’atelier, des tailleurs, des dessinatrices, des manutentionnaires et autres commis. »
WORTH & BOBERGH
« Formé en Angleterre dans deux maisons de nouveautés, Charles Frederick Worth traverse la Manche en 1846 et entre, à Paris, chez Gagelin. Devenu premier commis de ce marchand renommé, le jeune Worth affine ses talents dans la vente des soieries, châles en cachemire et « confections », ces robes, mantelets et manteaux de cour produits en série puis adaptés aux clientes, qui contribuent à la notoriété de l’enseigne. Ayant rapidement acquis une place prépondérante dans l’affaire, il s’associe en mai 1853 à ses deux dirigeants. »
« Cependant l’énergie de Charles Frederick Worth dépasse rapidement celle de ses associés. En 1858, c’est en partenariat avec le Suédois Otto Gustav Bobergh que naît la maison Worth & Bobergh, au premier étage du 7 rue de la Paix. Proche des Tuileries, l’adresse, appelée à devenir mythique, permet à Worth de se projeter vers la cour impériale. Bientôt la princesse de Metternich, épouse de l’ambassadeur d’Autriche en France, lancera la carrière du couturier en portant ses toilettes, convoitées par les femmes de la cour et jusqu’à l’impératrice, avec qui Worth noue une relation qui survivra à l’Empire. »
« La reconnaissance impériale et le dynamisme du Second Empire seront les clés du succès de Worth & Bobergh. Charles Frederick Worth fait évoluer la forme de la crinoline, stimule les maisons de soieries lyonnaises et laisse libre cours à son goût pour les garnitures, dentelles, broderies, passementeries et galons, qui habillent ses modèles de manière toujours plus prononcée. Il bouleverse ainsi la mode de son temps et se crée une position sans pareille dans le paysage de la couture parisienne. Son épouse, Marie Vernet, interlocutrice primordiale des clientes comme de son époux, joue un rôle fondamental dans l’établissement et le développement de la maison. »
WORTH & BOBERGH DEVIENT WORTH
« En 1870, Charles Frederick Worth et Otto Gustav Bobergh mettent un terme à douze ans de collaboration. La vitalité rapidement retrouvée de la France, que célèbre l’Exposition universelle de 1878, offre au couturier un théâtre dans lequel sa maison prospérera. »
« Malgré des prix exorbitants, les commandes affluent du monde entier. La griffe Worth est partout, attisant curiosité et admiration, et permet au créateur d’imposer ses vues et ses modèles à des clientes dont la docilité face à ses diktats n’est cependant pas toujours acquise. »
« Si Charles Frederick Worth est proche du couple impérial sous le Second Empire, les changements politiques n’altèrent pas les liens étroits qu’il entretient avec ses contemporains – aristocrates, scientifiques, écrivains, artistes, qui accompagnent parfois leurs épouses dans ses salons. À ses côtés, ses fils Gaston et Jean-Philippe le secondent, le premier dans l’administration de la maison, le second dans la création. La signature autographe de Charles Frederick Worth, qui, vers la fin des années 1880, envahit la griffe, en dit long sur la renommée de la maison parisienne dont il n’est dès lors plus nécessaire de préciser l’adresse. »
« C’est le triomphe du style tapissier, caractérisé par une surcharge décorative. La crinoline, qui ne survit pas à l’Empire, laisse place à une robe dont le volume de la jupe est reporté dans le dos : tournures et faux-culs, qui amplifient l’arrière des silhouettes, supportent d’exubérantes accumulations d’étoffes, de rubans et de nœuds qu’une traîne prolonge le soir. C’est un sillage de garnitures et de passementeries que dessine la mode Worth, nourrie de références éclectiques et puisant dans une variété d’étoffes : soies, velours, damas, brocarts, souvent associés et contrastants. »
24 HEURES DANS LA VIE D'UNE FEMME
« L’établissement progressif de la IIIe République, aux lendemains de la guerre franco-prussienne de 1870, ouvre une ère prospère pour la maison Worth. Une clientèle diversifiée et toujours plus nombreuse fréquente, rue de la Paix, une maison au lustre sans guère d’équivalent. L’aristocratie, la haute bourgeoisie, les riches clientes étrangères et les actrices délaissent désormais leurs couturières pour les « grands couturiers », et trouvent chez Worth une mode en constante évolution, habillant les différents moments de la journée. »
« Dans la dernière décennie du XIXe siècle, alors que Jean-Philippe Worth succède à son père, disparu en 1895, la maison continue d’offrir à ses clientes ces robes du soir que l’on associe encore largement au nom de Worth aujourd’hui. La traîne s’allonge, les drapés s’effacent au profit d’une silhouette fluide où les lignes l’emportent sur l’accumulation d’étoffes des périodes antérieures. De riches garnitures animent toujours ces robes coupées dans des soieries opulentes. Dentelles, jais, perles, fleurs artificielles participent de la théâtralité que Jean-Philippe Worth affectionne à son tour. »
« Ce n’est pas tout : outre des tea-gowns, robes d’intérieur adoptant souvent la ligne princesse (sans couture à la taille) que Worth a inventée, la maison propose à ses clientes des robes de jour, tailleurs et manteaux structurés que portent les femmes dans leurs activités quotidiennes et même sportives. À rebours, les extraordinaires bouillonnements d’étoffes des capes et manteaux du soir accompagnent les sorties nocturnes et jouent de leurs effets de matières et de formes sous la lumière des éclairages artificiels. »
HISTORICISME ET TRAVESTISSEMENT
« La tendance historicisante qui imprègne la mode en ce dernier tiers du XIXe siècle est omniprésente chez Worth et persiste malgré les changements qui affectent la silhouette. De la Renaissance au XVIIIe siècle, de multiples influences, habilement conjuguées, marquent les collections et en enrichissent la lecture. Crevés, manches bouffantes surdimensionnées, cols Médicis, guipures, jabots et manchettes, fichus, nœuds, ruchés et falbalas, basques, plis Watteau…, les citations sont nombreuses. De la tea-gown à la robe du soir, du collet (cape courte) au manteau d’opéra, les musées américains en conservent d’éloquents témoignages. En effet, la clientèle d’outre-Atlantique, avide de nouveautés, se presse au 7 rue de la Paix. Cette richesse d’influences se lit également à travers les motifs. Ainsi, le tissu Tassinari & Chatel « Reine des fleurs » utilisé pour une robe du soir tire-t-il son origine de la chambre de Madame du Barry à Versailles. La tea gown de la comtesse Greffulhe reprend pour sa part les motifs en médaillon d’un velours ottoman du XVIe siècle. »
« Animé d’une passion familiale pour le travestissement, Worth donne libre cours à sa prodigieuse créativité lors de mémorables bals costumés organisés à Paris, Londres, New York, qui contribuent à son immense renommée. La prédilection de la maison pour l’historicisme s’y exprime pleinement. Nombre de costumes s’inspirent de portraits célèbres des maîtres anciens. »
CLIENTES ET MOMENTS D’EXCEPTION
« Prisées des têtes couronnées et de l’aristocratie, les créations de Worth rayonnent dans les cours européennes. La robe de mariée, la robe de présentation, le manteau de cour et la robe de cérémonie figurent parmi les spécialités de la maison. Tant et si bien que Worth choisit, pour se représenter à l’Exposition universelle de 1900, de mettre à l’honneur les préparatifs d’une robe de présentation à la cour. »
« En 1867, Worth livre la robe de l’impératrice Élisabeth d’Autriche, mieux connue sous le nom de Sissi, lors de son couronnement de reine de Hongrie. La maison crée aussi les garde-robes des tsarines, exposées au 7 rue de la Paix avant leur expédition en Russie, pour les couronnements d’Alexandre III, en 1883, et de Nicolas II, en 1896. Les liens avec les cours d’Espagne et du Portugal sont également étroits. Quoique la reine Victoria préfère les toilettes des couturières anglaises, l’aristocratie britannique affectionne les créations de la maison Worth. Pour preuve, Worth ouvre au tout début du XXe siècle une succursale à Londres, au moment où les préparatifs du couronnement d’Édouard VII battent leur plein. »
« Mises à l’honneur dans cette salle, les toilettes de l’Italienne Franca Florio, de l’Américaine et Britannique Mary Victoria Leiter, ainsi que de l’extraordinaire comtesse Greffulhe, modèle de la duchesse de Guermantes de Proust, rappellent jusqu’où s’étend le règne de Worth sur la mode internationale. »
RUE DE LA PAIX – LES ATELIERS WORTH
« La célèbre enfilade des salons Worth, peuplée de clientes et de vendeuses, offre l’image publique de la maison. L’envers du décor se déploie dans les étages de l’immeuble que Worth occupe en s’agrandissant, tout au long de son existence, au 7 rue de la Paix. Sur huit niveaux, du sous-sol au septième étage, des balcons sur rue aux cours intérieures, se répartit un univers de métiers et de savoir-faire, ainsi qu’une petite société humaine comptant un bon millier de personnes dès les années 1870. »
« Au deuxième étage, les dessinateurs côtoient les modèles, l’atelier des tailleurs ainsi que le centre névralgique de la maison : la manutention de la confection. C’est là que les coupons sont stockés, avant de passer par les mains des coupeurs qui livreront, en pièces détachées, les éléments d’un patron aux couturières et tailleurs chargés de les assembler. »
« Les ateliers, aux troisième et quatrième étages, associent ces éléments essentiellement à la machine. Ainsi, l’artisanat d’exception qu’est la haute couture peut-il produire des vêtements dans des quantités considérables. L’ornementation viendra les singulariser, permettant également la modulation du prix. Les 10 000 pièces qui sortent chaque année de la maison, vers 1900, seront ainsi individualisées au moyen de garnitures : passementeries, rubans, perles, qui en feront des pièces quasiment uniques. »
« Des réfectoires et des cuisines pour le personnel côtoient, dans les étages, une mécanicienne, des bureaux et des magasins. Un atelier de photographie installé sous les toits permet, enfin, la prise de vue des créations et, par là, le dépôt des modèles, rempart face à la contrefaçon. »
UN NOUVEL ÂGE D’OR. LA MAISON WORTH À L’ORÉE DU XXE SIÈCLE
« À l’orée du XXe siècle, le succès de la maison demeure incontesté. Les talents de gestionnaire de Gaston Worth, fils de Charles Frederick, la font alors prospérer. Worth a conservé une impressionnante clientèle française et internationale issue de l’aristocratie, de la haute bourgeoisie et du monde artistique. La maison entretient des liens étroits avec l’univers du théâtre. Actrices et divas, parmi lesquelles Eleonora Duse ou Ida Rubinstein, franchissent le seuil du 7 rue de la Paix. »
« Un retour au Premier Empire (1804-1815), auquel Worth ne fait pas exception, s’observe chez les couturiers autour de 1910. Les collections déclinent nombre de modèles à la silhouette droite et fuselée, dont l’élégante Gazette du Bon Ton assure une constante publicité. En 1914, dans l’album Le Vrai et le Faux Chic, le caricaturiste Sem range les frères Worth parmi les rares représentants du vrai chic parisien : « Ils continuent la tradition de leur noble maison en la rajeunissant d’une fantaisie moderne. »
« Quelques années après l’échec de la tentative de collaboration avec Paul Poiret, la maison répond en effet au nouveau mode de vie adopté par la clientèle, comme en témoigne un exceptionnel tailleur daté vers 1913, exposé dans cette salle. La Première Guerre mondiale voit la maison s’investir dans les œuvres de bienfaisance et se transformer en hôpital. Les titres évocateurs de certains modèles, « Mobilisé » ou « Artilleur », dont les dessins sont conservés aux Archives de Paris, résonnent en écho à la dureté des temps. »
LES ANNÉES 1920
« Une des plus anciennes maisons de couture, et néanmoins l’une de celles qui ont su le mieux non seulement s’adapter au goût moderne, mais encore le devancer et l’inspirer, telle est la meilleure définition de Worth », proclame Vogue France le 1er avril 1924. Sous l’égide de Jean-Charles et Jacques, fils de Gaston Worth, la maison s’inscrit de fait pleinement dans la modernité, comme en témoignent les photographies des dépôts de modèles conservées par centaines aux Archives de Paris. »
« Un nombre impressionnant de manteaux, capes, robes de jour ou du soir se décline au gré des collections. Révélant les talents de coloriste de Jean-Charles, le « bleu Worth » s’impose à travers plusieurs nuances. Héritier d’une tradition de somptuosité, le couturier propose robes à traîne et manteaux du soir agrémentés de broderies, souvent décentrées, et de bijoux en trompe-l’œil. La mode du soir chez Worth garde un caractère somptueux », titre Vogue France le 1er janvier 1925. »
« La prédilection du créateur pour l’Art déco est perceptible. Les motifs confèrent aux modèles un statut d’objets d’art. Le couturier en vue, auquel le Time consacre sa couverture le 13 août 1928, entretient une proximité avec le milieu artistique qui le conduit à collaborer avec Jean Dunand ou à utiliser des textiles dessinés par Raoul Dufy. »
« Reprenant en 1929 à son compte la démarche de son grand-père Charles Frederick, Jean-Charles appose, en guise de signature, son monogramme ou ses initiales, parfois surdimensionnés, sur quelques modèles. »
Programmation autour de l’exposition
ADULTES/ADOLESCENTS À PARTIR DE 14 ANS
CONFÉRENCES
Entrée libre à partir de 12h, dans la limite des places disponibles.
15 mai 2025 à 12h30
Conférence inaugurale.
Par Sophie Grossiord, conservatrice générale, département mode, 1ère moitié du XXe siècle au
Palais Galliera, Marine Kisiel, conservatrice du patrimoine, département mode, XIXe siècle au Palais alliera, et Raphaële_Martin-Pigalle, conservatrice en chef du patrimoine, département des peintures modernes (1890-1914) au Petit Palais; commissaires de l'exposition.
« Revenant sur les origines de l’exposition, les commissaires vous en font découvrir les enjeux et les coulisses. De la sélection des oeuvres à leur restauration, des enjeux de scénographie à ceux de médiation, plongez dans la genèse de ce projet. »
5 juin 2025 à 12h30
La mode au XIXe siècle : de la confection à la haute couture
Par Camille Kovalevsky, docteure en histoire de l’art, chercheuse en histoire de la mode
« Au XIXe siècle, l’émergence de la confection et de la haute couture, dont la maison Worth s’impose comme pionnière, reconfigure l’industrie de la création de la mode féminine. Cette conférence propose une réflexion sur les procédés de fabrication, les pratiques commerciales de ces deux secteurs et interroge l’évolution de leurs rapports. »
19 juin 2025 à 12h30
A fil ouvert : la robe aux lys et la cape russe dévoilées
Par Anastasia Ozoline, restauratrice textile au Palais Galliera, et Camille Sagnes Kravtsova, étudiante en M2 conservation restauration des biens culturels spécialité textile à Paris 1- Panthéon Sorbonne
« À l'occasion de l'exposition, d’importantes études préliminaires ont été menées sur les textiles de la maison Worth conservés au Palais Galliera, avant leur restauration et leur présentation en salle.
Découvrez ou redécouvrez deux pièces exceptionnelles, la Robe aux lys et la Cape russe, racontées sous toutes leurs coutures par des restauratrices. »
26 juin 2025 à 12h30
La parfumerie parisienne au tournant du XXe siècle : naissance d’une industrie de luxe
Par Eugénie Briot, docteure en histoire et responsable Histoire et Transmission chez Givaudan
« A la fin du XIXe siècle, la parfumerie entre dans la modernité, tant du point de vue de sa production ou de sa distribution que des conditions de sa créativité. Ce moment marque un point de rupture important pour l’histoire de la parfumerie : le parfum devient pour les maisons de couture, dont Worth, un instrument clé de la construction de l’image de la marque et de la diffusion de sa notoriété. »
Cycle de conférences avec le Comité d'Histoire de la Ville de Paris : mode et haute couture à Paris. Fabrication, diffusion, représentations 11 avril 2025 à 12h30
Au coeur des maisons de couture. Pour une nouvelle histoire des ouvrières de la mode, 1880-1940
Par Sophie Kurkdjian, docteure en histoire, assistant professor, American University of Paris
« Si la renommée des grandes maisons de couture françaises et du « savoir-faire à la française » n'est plus à faire, on connait moins les réalités de travail et les coulisses de cette industrie qui a longtemps reposé, et repose encore, sur des « petites mains ». Mais qui étaient-elles ? Des midinettes de la Grande Guerre aux mouvements de mobilisation de la Libération, d'où venaient ces ouvrières ? Quel était leur travail ? Où vivaient-elles ? Dans quelles conditions matérielles ? Avec quels loisirs, et quelles aspirations ? »
16 mai 2025, 12h30
La robe de mariée, clou du défilé haute couture
Par Anne Zazzo, conservatrice en chef du patrimoine, musée Carnavalet - Histoire de Paris.
« Robe d'un jour, ou de toute une vie, la robe de mariée est un symbole qui traduit à la fois les désirs de la mariée, les conventions implicites de la société et l'imagination des couturiers. Aujourd’hui, il n’est pas un défilé de mode sans une robe de mariée, son arrivée sur le podium constituant le point d’orgue de cet événement très codé. Depuis quand cette tradition est-elle instaurée en haute couture ? Pourquoi la mariée est-elle en blanc, et l’a-t-elle toujours été ? Quelles sont ses autres couleurs et sa panoplie ? »
23 mai 2025, 12h30
La photographie de mode, moyen de diffusion et de promotion de la haute couture (XIXe –XXe siècle)
Par Marlène Van de Casteele, enseignante-chercheuse post-doctorante, laboratoire de recherche ESMOD.
« Les premières revues de mode voient le jour à la fin du XIXe siècle ; les plus connues, Harper’s Bazaar et Vogue, contenaient principalement des descriptions et illustrations de tenues qui étaient ensuite reproduites par les couturières. Puis, les premières photographies font leur apparition et deviennent rapidement l’un des moyens de diffusion et de promotion de la haute couture. Quelles spécificités le médium photographique a-t-il su développer ? Quel rôle a-t-il joué pour les maisons de haute couture ? Quel rapport entretient-il avec le vêtement et sa représentation imagée ? »
6 juin 2025, 12h30
Se faire connaître auprès d’une clientèle française et internationale : l’exemple de la maison de couture Beer
Par Mathilde Héliot, historienne de la mode.
« Cette conférence analyse la renommée de la maison Beer à travers les moyens de communication de l’époque et les événements internationaux d’alors : récompenses reçues aux Expositions universelles, présence de la maison Beer dans la presse féminine, célébrités habillées en Beer... Des manières de promouvoir qui se retrouvent en partie dans les campagnes marketing d’aujourd’hui. »
20 juin 2025, 12h30
Les grands magasins, vitrines de la haute couture ?
Par Florence Brachet Champsaur, docteure en histoire, directrice culture, patrimoine et politique mémorielle, SNCF.
« Au tournant du XXe siècle, sur le marché de la nouveauté et le segment émergent de la confection, l’enseigne répond aux attentes des consommateurs qui cherchent à se distinguer et se différencier, en suivant de près les phénomènes de mode. Alors que les maisons de couture exercent un monopole sur les tendances, et limitent leur diffusion en France à un cercle de clientes privilégiées, les Galeries Lafayette, par exemple, ont fait « entrer la mode dans le grand magasin ». Quelle était la place de ces grands magasins dans l’échange marchand entre l’offre et la demande, au coeur du système de la mode ? Quel rôle ont-ils joué de la distribution et dans la relation entre le producteur et le consommateur ? »
En partenariat avec le Comité d’Histoire de la Ville de Paris
ÉVÉNEMENTS
LE GRAND BAL D'ÉTÉ - 20 juin de 19h à 22h
« Le Petit Palais propose une soirée exceptionnelle et immersive dans l’univers de Worth, entre Second Empire et Belle Époque. Venez découvrir l’exposition et ses animations mode avant de vous élancer sur la piste de bal dans la grande galerie du musée. Pour que l’illusion soit parfaite, vous êtes invités à venir costumés. »
Billeterie sur petitpalais.paris.fr
Soirée organisée avec l’association Carnet de Bals
DANS LA GARDE-ROBE DE L’OPÉRA - 15 et 22 juin à 15h
« Deux amies, deux passions : l’opéra et la mode ! Dans ce spectacle haut en couleurs, Marie et Morgane mélangent grands airs lyriques et tendances avec fantaisie. De la musique, de l’humour et un style unique : un spectacle en famille à ne pas manquer. »
Spectacle en famille à partir de 6 ans.
Chanteuses lyriques : Marie Menand et Morgane Bertrand
Piano : Yedam Kim
Écriture et mise en scène : Flore Phillis
Billetterie sur petitpalais.paris.fr
VISITES GUIDÉES
Visite générale de l’exposition
Visites littéraires
« En compagnie d’une conférencière, la visite propose une approche littéraire et poétique de l’exposition. D’Émile Zola à Marcel Proust, de Stéphane Mallarmé à Colette, romanciers et poètes, parfois amis de Worth, ont chanté la mode. »
ATELIER
Workshop esprit haute couture
« Projet de robe en papiers et matériaux divers inspirée de l’univers “haute couture” de Worth. Il est conseillé de visiter l’exposition en autonomie avant l’atelier. »
Matériel fourni.
Durée 3h.
ENFANTS ET FAMILLES
Parents et enfants de 3 à 5 ans
Atelier « Poupée de mode »
« Accompagnés par une intervenante plasticienne, parents et enfants découvrent l’exposition par l’approche sensorielle des couleurs et des textures des étoffes. En atelier, en utilisant différents matériaux (tissus, papiers de soie, perles, rubans, feutres colorés et tampons), ils habillent leur poupée de mode cartonnée. »
Durée 1h30. La présence d’au moins un adulte est requise. Plus d'informations sur petitpalais.paris.fr
Parents et enfants à partir de 6 ans
Visite découverte en famille de l’exposition
Avec une conférencière-animatrice, parents et enfants partent à la découverte de l’exposition.
Un parcours aussi éblouissant que ludique du monde de la mode. Visite accessible aux enfants en situation de handicap intellectuel et psychique à partir de 7 ans.
Durée 1h30. La présence d’au moins un adulte est requise. Plus d'informations sur petitpalais.paris.fr
Enfants 6/10 ANS
Atelier « Ma petite collection de mode »
« Accompagnés par un(e) intervenant(e) plasticien(e), les enfants découvrent l’exposition. De la forme des tenues aux textures des étoffes, ils explorent la création haute couture. En atelier, à partir de matériaux divers (tissus, perles, rubans, papiers de soies, feutres...), ils fabriquent quelques tenues pour une silhouette cartonnée et créent leur petite collection. »
Les mercredis à 14h15
14, 21 et 28 mai
4, 18 et 25 juin
2 juillet
Durée 2h.
Parcours-jeu pour les 7 à 12 ans
« Un parcours-jeu à choix multiples, dédié aux 7-12 ans, propose à nos jeunes visiteurs de vivre l’aventure de la mode en aidant le célèbre couturier à inventer la haute couture. »
Du 07 mai 2025 au 07 septembre 2025
Au Petit Palais
Musée des Beaux-arts de la Ville de Paris.
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.
Tel : 01 53 43 40 00
Accessible aux visiteurs en situation de handicap.
Du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Nocturnes les vendredis et samedis jusqu'à 20h.
Visuels :
Nadar, Charles Frederick Worth, 1892.
Tirages sur papier albuminé monté sur carton, 42,5 × 30 cm.
Diktats, Lille, France.
© Librairie Diktats.
Une ample série de représentations (photographies et estampes) traduit la préoccupation de Charles Frederick Worth pour son image. Dans leur multiplicité, ces portraits transmettent l’idée du couturier artiste.
Posant à la manière d’un Rembrandt de la mode, revêtu d’un béret ou d’une toque, et lové dans les formes amples d’un drapé presque intemporel, l’homme semble affirmer combien la haute couture est pour lui un art.
Worth, Robe du soir dite « Robe aux lys », vers 1896.
Velours de soie noir, incrustations de satin de soie duchesse blanc ivoire en forme de branche de lys bordées d’un cordonnet de fils d’argent doré. Broderies de perles, paillettes, strass et fils métalliques d’argent doré.
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.
CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.
Gazette du Bon Ton, Entre chien et loups, 1912.
24,7 × 19,2 cm.
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.
CCØ Paris Musées / Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris.
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Les citations proviennent du dossier de presse.












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