L’Institut du monde arabe (IMA) présente l’exposition chronologique, politique, partiale, « islamiquement et arabiquement correcte », visant à accréditer une "Palestine" dès l'âge du Bronze et du Fer, et intitulée « Trésors sauvés de Gaza. 5000 ans d’histoire ». « Eléments d’architecture, mosaïques, statues de divinités... de civilisations qui se sont succédé sur le sol de Gaza, plaque tournante commerciale durant des siècles ». « Gaza la juive » est très minorée, dépréciée et non mise en valeur.
Les chrétiens en "Palestine"
The UNRWA Commissioner-General Karen Abu Zayd’s biased discourse
« Gaza, la vie » par Garry Keane
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« Israéliens, Palestiniens et la bande de Gaza »
« Un autre monde » de Noël Dernesch et d'Olli Waldhauer
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Le Hezbollah refuse de répondre à un journaliste israélien à Paris. La plupart des journalistes l’acceptent !
« Les scouts d'al-Mahdi » de Bruno Ulmer
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« Les Palestiniens : quel État ? »
« Les deux Palestine »
1ère partie : Le comédien François Cluzet désinforme sur Salah Hamouri (1/5)
2e partie : France 2 n’établit pas toute la vérité sur le terroriste Salah Hamouri (2/5)
3e partie : Mobilisation pour le terroriste Salah Hamouri au Conseil régional d’Ile-de-France (3/5)
4e partie : Salah Hamouri, terroriste "franco-palestinien" non repenti (4/5)
5e partie : Les tournées controversées de Salah Hamouri en France (5/5)
Mon interview sur RCN (Radio Chalom Nitsan) le 18 octobre 2012
« Les deux Palestine »
1ère partie : Le comédien François Cluzet désinforme sur Salah Hamouri (1/5)
2e partie : France 2 n’établit pas toute la vérité sur le terroriste Salah Hamouri (2/5)
3e partie : Mobilisation pour le terroriste Salah Hamouri au Conseil régional d’Ile-de-France (3/5)
4e partie : Salah Hamouri, terroriste "franco-palestinien" non repenti (4/5)
5e partie : Les tournées controversées de Salah Hamouri en France (5/5)
Mon interview sur RCN (Radio Chalom Nitsan) le 18 octobre 2012
Le 9e Concours de plaidoiries pour les droits de l’homme de Palestine a récompensé le terrorisme
« Gaza 2010 » de Kai Wiedenhöfer
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« IN BETWEEN WARS, une immersion au cœur du quotidien des Palestiniens »
Peurs sur la ville. Photographies historiques, réelles et imaginaires
Peurs sur la ville. Photographies historiques, réelles et imaginaires
En 2023, l'Institut du monde Arabe (IMA) avait présenté l'exposition politique partiale, inintéressante « Ce que la Palestine apporte au monde » (31 mai-31 décembre 2023). Devant l'afflux de visiteurs - "90000 visiteurs" vers la mi-décembre 2023 dont "50 % sont des jeunes de moins de 26 ans", l'exposition avait été prolongée jusqu'à la fin de l'année
Deux ans plus tard, l'IMA propose l'exposition chronologique, politique, partiale et offrant à peine un peu plus d'intérêt : « Trésors sauvés de Gaza. 5000 ans d’histoire ». Cette fois-ci, aucun catalogue n'accompagne l'exposition.
Vernissage presse
Le 2 avril 2025, a eu lieu le vernissage presse de l'exposition en présence de Jack Lang, de commissaires d'expositions, dont Élodie Bouffard, Commissaire de l’exposition, des scénographes Elias et Yousef Anastas, de représentants de partenaires, et d'une trentaine de journalistes.
Jack Lang a loué la "haute qualité intellectuelle de l'exposition qui a une portée symbolique, politique dans le meilleur sens du terme... un acte de résistance". Il a fustigé le projet du Président Donald Trump : "L'histoire de Gaza ne sera pas jetée à la mer". Une déclinaison de la menace de dirigeants Arabes affirmant leur volonté en 1948 de "jeter les Juifs à la mer".
Elias et Yousef Anastas ont créé une scénographie très très minimaliste avec des "chariots en transit prêts à partir à tout moment". A quel prix ? L'un d'eux a allégué un "génocide" des Gazaouis.
Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l'Œuvre d'Orient, a dit lors d'une visioconférence : "On ne peut se résoudre à ce que Gaza soit rayée de la carte". Il a exhorté à "croire à l'avenir pour tout le peuple palestinien qui habite à Gaza". Silence sur les chrétiens réduits à la dhimmitude par le Hamas dans la bande de Gaza, ou ayant fui ce territoire.
Aucun mot sur les otages et sur les Gazaouis qui, au péril de leurs vies, manifestaient contre le mouvement terroriste islamiste Hamas, détournant l'aide humanitaire, utilisant des boucliers humains ou utilisant des sites civils comme lieux de stockage d'armes ou bases de tirs de roquettes. Rien sur les chrétiens d'Orient persécutés.
Inauguration
Jack Lang a fait partie de la délégation ayant accompagné le Président de la République lors de son voyage officiel (6-8 avril 2025) en Egypte "et au plus près de la frontière de #Gaza. J’en reviens avec une certitude chevillée au corps : le peuple de Gaza, le peuple palestinien doit être protégé", a posté sur X Jack Lang, ancien ministre de la Culture du Président François Mitterrand, le 9 avril 2025.
Le 9 avril 2025, de retour d'Egypte, le Président Emmanuel Macron a déclaré qu'il faut "essayer de dire" à Benjamin Netanyahu qu'"à un moment donné, ce que vous faîtes n'est pas conforme au droit international, ce que vous faîtes est aussi un crime, ce n'est pas vos valeurs, ce qui est en train d'être fait en votre nom n'est pas votre intérêt". Il a affirmé que le rôle de la France "est d'être au côté de l'Humanité", ipso facto, le gouvernement et l'armée israéliens se comporteraient inhumainement. Et il a envisagé, lors de la conférence de juin 2025, la reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, sans en localiser le territoire et sans préciser qui le gouvernerait. Une décision saluée avec enthousiasme par l'Autorité palestinienne.
Le 14 avril 2025, l'exposition a été officiellement inaugurée par le Président de la République Emmanuel Macron, en présence de Rachida Dati, ministre de la Culture, du Président de l'IMA, de Hala Abou-Hassira, "Ambassadrice de la Palestine en France", d'artistes, d'élus...
Dans un exercice qu'il affectionne, le Chef de l'Etat a dialogué avec des artistes.
En écriture inclusive, Hala Abou-Hassira a posté sur X un long texte précédé des icônes des drapeaux français et palestinien et caractéristique d'une "appropriation culturelle" afin de donner une réalité à la propagande palestinienne :
"🇵🇸🇫🇷 Hier soir, à l’Institut du monde arabe, nous avons inauguré l’exposition « Trésors sauvés de Gaza, 5000 ans d’Histoire », en présence de Monsieur le Président de la République, Emmanuel Macron, de Madame la Ministre de la Culture, Rachida Dati, du Ministre du Tourisme et des Antiquités de l’État de Palestine, Hani Al Hayek, de Monsieur Jack Lang, Président de l’IMA, de nombreux Ambassadeurs des pays arabes, de diplomates français et internationaux, de parlementaires, d’élus locaux, de représentants des cultes, de membres des corps constitués, du monde économique, associatif et universitaire, mais surtout, de nombreux et nombreuses Palestinien·nes venu·es témoigner, accompagner les artistes gazaouis, et incarner, avec dignité, le cœur battant de Gaza et de la Palestine.Cette soirée, d’une intensité rare, fut à la hauteur de la promesse de cette exposition exceptionnelle, fruit de plusieurs années de coopération scientifique, diplomatique et patrimoniale entre la France et la Palestine. Elle incarne ce lien ancien, constant et profondément respectueux qui unit nos deux peuples dans le combat pour la culture, la mémoire et la vérité.Dans un contexte tragique, alors que Gaza est aujourd’hui le théâtre d’un anéantissement systématique – dont nul ne saurait ignorer la nature génocidaire –, cette exposition s’impose comme un acte de vérité, de reconnaissance et de transmission. Trésors sauvés de Gaza rappelle l’évidence : la culture palestinienne ne peut être effacée. Elle est vivante, résistante, plurielle, méditerranéenne, enracinée, forte de plus de 5 000 ans d’histoire continue.Les pièces archéologiques ici présentées ne sont pas seulement des œuvres : elles sont les témoins inaltérables d’une civilisation millénaire, d’un peuple dont l’existence, la souveraineté, les droits ne sont ni négociables ni secondaires.Je salue, avec gravité et gratitude, l’engagement personnel du Président de la République, qui a tenu à faire cette visite, à écouter les voix palestiniennes, à dialoguer avec les artistes et les chercheurs, et qui, au retour de sa visite en Égypte, a formulé des positions fortes sur la reconnaissance de l’État de Palestine, évoquant une échéance claire : celle de juin. Dans le droit fil d'une longue tradition diplomatique, la France confirmera son attachement à une solution politique juste et durable, conforme au droit international et au principe d'auto-détermination des peuples.Je remercie chaleureusement Madame la Ministre Rachida Dati pour son soutien à cette exposition, la Direction de l’IMA pour sa mobilisation constante, et l’équipe de la Mission de Palestine en France qui a œuvré sans relâche, avec dévouement, compétence et passion, pour rendre possible ce moment d’histoire.Hier soir à Paris, la Palestine parlait au monde. À nous, désormais, de continuer à faire entendre sa voix, de porter son droit, et de refuser l’effacement."
Le 29 mars 2025, Hala Abou-Hassira a "eu l’honneur de signer avec Jack Lang un partenariat entre l’IMA et le Ministère du tourisme et d’antiquités de la Palestine portant sur le soutien de la Palestine à l’exposition « Trésors sauvés de #Gaza - 5000 ans d'#histoire » qui aura lieu à l’IMA du 3 avril au 2 novembre 2025. Le peuple palestinien a toujours existé, encré dans sa terre depuis des millénaires."
La « diplomatie palestinienne », son soft power, recourent à ces évènements culturels pour conférer une véracité à son narratif.
L'instrumentalisation politique n'est même pas dissimulée.
Pourquoi l'argent public devrait-il la financer ?
Partenaires
L’exposition est organisée par l'Institut du monde arabe avec le soutien de l’ALIPH (Alliance internationale pour la protection du patrimoine), en partenariat avec l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, le musée d'Art et d'Histoire de Genève, la mission de Palestine en France, le ministère du Tourisme et des Antiquités de Palestine.
Les partenaires médias sont La Croix et Le Journal des Arts.
Lors du vernissage presse, était disponible un communiqué de quatre pages en anglais d'ALIPH en Palestine. "ALIPH est active depuis 2020 en Palestine où elle soutient 20 projets à Gaza et dans la rive occidentale, pour un montant total de 3,2 millions de dollars".


Sur les grilles du Musée national des arts asiatiques – Guimet, la Fondation ALIPH, créée à Genève (Suisse) en 2017, présentait une exposition de 16 photographies intitulée « Protéger le patrimoine pour construire la paix ». L’exposition « racontait comment le patrimoine a été, et continuait d’être, une victime collatérale des conflits, voire une cible ou une arme de guerre. Ces photographies de sites en Ukraine, Syrie, Irak, Afghanistan, Arménie, ainsi qu’au Mali, Yémen, Liban et Niger, témoignaient de la manière dont la protection du patrimoine dans les pays en conflit ou en sortie de crise pouvait contribuer à faire vivre l’espoir et le dialogue interculturel et inter-religieux, à renforcer le développement économique et social durable et la construction de la paix. Elle disait enfin combien la beauté de ce patrimoine à préserver nous rappelle à tous notre commune humanité ».
Sur un de ces panneaux de « l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH) : sa carte du monde montrant les lieux de ses projets et plaçant un gros point sur une partie de la superficie de l'Etat d'Israël et des territoires disputés dénommés "Palestine" !?
Le 23 octobre 2022, Me Aude Weill-Raynal a twitté : "Bonjour @MuseeGuimet, petite leçon de géographie: l'Etat qui se trouve entre le Liban, la Syrie, la Jordanie et l'Egypte s'appelle Israël, le sachiez vous? pouvez vous corriger la carte affichée sur votre façade? (Paris 16)Merci! @AmisdeGuimet".
Dominique Vidal lui a répondu : "Il faudrait aussi indiquer les territoires palestiniens occupés."
Le 24 octobre 2022, le MNAAG a twitté trois messages à l'avocate indignée :
"Bonjour @AudeWeill, le MNAAG ouvre une exposition consacrée à l’Afghanistan à l’occasion du 100e anniversaire de la Délégation archéologique française en Afghanistan, dont @ALIPHFoundation est partenaire. 1/3"
"@ALIPHFoundation est l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit. Les panneaux présentés sur les grilles extérieures du musée dressent un panorama de ses actions, 2/3"
"et la carte en question présente uniquement les zones dans lesquelles @ALIPHFoundation intervient pour la protection du patrimoine. Pour plus d’information sur ALIPH : http://aliph-foundation.org"
Le 15 novembre 2022, le mot "Palestine" avait été rayé de la carte et remplacé par "Israël".
Autour de l’exposition, l’IMA propose des visites guidées de l’exposition en compagnie d’une conférencière, des après-midis pédagogiques à destination des enseignants à qui sont transmis des « pistes d’exploitation pédagogiques sur la thématique du patrimoine en péril, et du patrimoine en exil » et « L’Heure du conte invite Khaled Elnaanaa. Contes de Palestine... Contes de chez moi », en arabe et en français pour les publics jeune et adulte.
Histoire « islamiquement correcte »
Le commissariat de l'exposition est assuré par Élodie Bouffard, responsable des expositions à l'IMA, coordinatrice de projet, Projet européen Euromed Heritage III, QANTARA (juin 2007-décembre 2008).
Les conseillers scientifiques sont Jean-Baptiste Humbert, archéologue, directeur honoraire du Laboratoire d’archéologie de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, René Elter, archéologue, chercheur associé à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, directeur du programme scientifique et de préservation du monastère de Saint-Hilarion à Gaza, coordinateur scientifique de programme Intiqal pour l'ONG Première Urgence Internationale, et directeur du livre Gaza : comment transmettre le patrimoine, le programme Intiqal, et Jean-Michel de Tarragon, professeur émérite à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.
Si l’on devait ne retenir que deux faits de « Trésors sauvés de Gaza. 5000 ans d’histoire », exposition politique, biaisée, « islamiquement et arabiquement correcte », à l’Institut du monde arabe (IMA) : d’une part, l’IMA a du mal à traiter le judaïsme et les juifs qui ne semblent pas « passer », restant « comme une épine au travers de la gorge » de dirigeants et commissaires d’expositions, et, d’autre part, la « Palestine » et le « peuple palestinien » n’ont jamais existé, malgré l'accumulation d'objets archéologiques - époques romaine, byzantine, etc. - dont certains remontent à l'âge du bronze. Aucun vestige archéologique - statue, lampe à huile, linteau, bols, vase, figurine, etc. - parmi la centaine réunis à l'IMA ne prouve l'existence du "peuple palestinien" et de la "Palestine". Ils proviennent de civilisations romaine, byzantine, etc.
Ce que l’on découvre, c’est que l’IMA ne mentionne pas les repères chronologiques officiels de l’ère chrétienne : les dates ne sont pas indiquées avant ou après Jésus-Christ, et en abréviation « av. J.-C. », mais « avant notre ère » et en abréviation « Av.n.è. ». Peur de blesser certaines sensibilités ? « Déconstruction » ? L’Ecole biblique et archéologique française (EBAF) de Jérusalem et La Croix, partenaires médias de l'exposition, ont accepté cette nouvelle appellation !? C'est d'autant plus curieux que l'Etat subventionne l'IMA, et que de prestigieux établissements culturels, comme la Bibliothèque nationale de France (BnF), recourent à ces repères mentionnant Jésus-Christ.
La volonté est de crédibiliser le « peuple palestinien » et la « Palestine » par des évènements « historiques », culturels, muséaux dont une partie du public est composé des scolaires captifs. Comme en 2023, toujours pas de chronologie dudit « peuple » ou de carte de la « Palestine », mais des cartes de la bande de Gaza dans sa délimitation actuelle afin de localiser de sites les destructions par l'armée israélienne. Ce qui occulte la politique de l'Autorité palestinienne (AP) qui a sciemment détruit les vestiges archéologiques dans les territoires disputés, obtenu la reconnaissance par l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'éducation, les sciences et la culture) de sites bibliques comme étant "musulmans" et "palestiniens". Et la quasi-impossibilité pour des archéologues israéliens boycottés de voir des revues scientifiques publier leurs articles sur leurs découvertes.
C'est la « vision islamique » de l'Histoire qui est véhiculée. Pour évoquer la conquête musulmane, Arabe ou des Mamelouks, et l'agression djihadiste du 7 octobre 2023, l'exposition occulte le djihad dont le mot est omis. Le rôle des civils gazaouis le 7 octobre 2023 est dissimulé.
Comparons un même évènement historique décrit à plusieurs reprises : une armée conquiert Gaza.
« En 97 av.n.è., Gaza est conquise et ruinée par le royaume juif des Hasmonéens puis laissée à l’abandon : Gaza deserta. Pompée s’en empare ». Les causes ? Inconnues.
« Période musulmane 637-1917.
La ville est prise par les armées musulmanes. La population est dans sa grande majorité chrétienne et le statut des petites communautés juive et samaritaine est respecté. Ainsi, jusqu’aux croisades, ces communautés demeurent florissantes dans une cité qui devient progressivement musulmane.
Les croisades ouvrent un nouvel épisode de violence. Occupée entre 1149 et 1187 par les croisés, l’architecture de Gaza évolue. Ils y construisent une grande église romane, devenue par la suite la grande Mosquée al-‘Umarî. Après sa conquête par les Mamelouks (1260-1277), la paix s’installe et voit la construction de mosquées et de khans. »
Le vocable "prendre" est moins militaire et violent que "conquérir". La victoire des djihadistes a pour effet l'imposition du statut de la dhimmitude aux non-musulmans. La "pax islamica" est présentée positivement, et l'islamisation comme naturelle, pacifique, régulière, bref normale. La transformation d'une église en mosquée ? Signe de tolérance ? Pourquoi n'avoir pas indiqué que "l'une des colonnes supérieures de ce magnifique édifice provient d'une ancienne synagogue : près de son sommet, une ménorah était gravée. Elle était entourée d'une couronne. À sa droite se trouvait un shofar, la corne de bélier sonnée à Roch Hachana, et à sa gauche, un loulav, une branche de palmier utilisée lors de la fête automnale de Souccot (les Tabernacles). L'inscription en dessous, en hébreu et en grec, indique « Hanania, fils de Jacob ». Il est probable qu'il ait sculpté cette gravure, ou qu'elle lui ait été dédiée".
Et ce serait les Croisades qui auraient rompu cette harmonie islamique !? Non, les Croisades sont la réaction d'une Europe chrétienne pieuse dont les pèlerins sont interdits d'accès à leurs lieux les plus vénérés, dont le Saint-Sépulcre, en Terre Sainte par les Turcs seldjoukides dès 1071.
Et 1170, Saladin a pillé et détruit une partie de Gaza.
Car c'est "Gaza, la juive" qui est largement minorée, voire celée. Quid de la tribu de Juda à qui le patriarche biblique Jacob avait donné Gaza ? Quid des royaumes des rois David et Salomon ? Quid de Samson, juge et héros biblique ? Quid de Jonathan l'Hasmonéen qui a reconquis ou libéré Gaza en 145 av. J. C. (1 Macc. 11:61-62). Quid du rabbin kabbaliste Avraham Azoulai qui vécut à Gaza où il écrivit son célèbre livre, Hesed L'Avraham, et un commentaire de la Torah. L'exposition multiplie les liens entre l'islam et Gaza - "On prétend que le grand-père du Prophète est enterré" à Gaza, envahisseurs Arabes et ottomans -, et gomme les liens spirituels anciens, positifs et profonds entre Gaza et le Judaïsme, la Bible, les juifs, notamment les rabbins et agriculteurs ayant contribué à l'essor et au rayonnement de ce lieu. Par contre, les juifs sont associés à la destruction et à la mort, notamment par les bombardements israéliens.
Brièvement, un panneau sur la période romaine et byzantine évoque "les vestiges d'une synagogue du VIe siècle" à Gaza. L'exposition ne montre même pas une photo de sa célèbre mosaïque représentant le roi David jouant de la lyre et découverte en 1965 !

La terminologie s'avère historiquement erronée. Les panneaux sont émaillés d'anachronismes biaisés voulant faire croire en une très très ancienne "Palestine". Aux âges du bronze et du fer, l'exposition évoque la « route reliant l’Egypte à la Palestine » - jusqu'où se serait étendue cette Palestine ? Or le terme "Palestine" date de l'empire romain. Après la révolte du patriote Juif Shimon Bar Kokhba vaincu par l'empereur romain Hadrien en 135, les Romains rasèrent Jérusalem. Les Romains voulaient détruire en Judée tout souvenir d’histoire Juive, y compris les noms de Judée et de Jérusalem. Ils renommèrent Jérusalem Ælia Capitolina, et, pour désigner ce territoire biblique, ils ont forgé le terme « Palestine » à partir du mot "Philistins", anciens ennemis des Hébreux et disparus (Préhistoire). La Judée a disparu dans la région de « Syria Palæstina » ("Syrie Palestine"). L'accès à Jérusalem a été « interdit aux juifs, et aux chrétiens d'origine juive ».
L'exposition nomme des rois de Gaza qui auraient été soumis à l'autorité de Pharaons, mais elle ne mentionne pas leur nom, la date de leur règne, leurs réalisations, leur monnaie, leurs institutions politiques... !?
En outre, il s'agit d'objets archéologiques - tous ne sont pas des "trésors" - découverts, parfois lors de recherches sous-marines, et non "sauvés" de Gaza lors d'une opération spéciale qui aurait été effectuée après l'agression djihadiste du 7 octobre 2023.
Cette exposition, qui se déploie dans deux salles au sous-sol, a pour effet de nier tout fondement historique, biblique, notamment dans l'hypothèse d'une éventuelle occupation militaire, voire annexion de la bande de Gaza par Israël.
Librairie
Un rayon entier est consacré à la "Palestine".
La production littéraire s'avère très variée - romans, essais, etc. -, très abondante et s'adresse à des publics de tous âges. Ainsi, la "Palestine" pénètre l'imaginaire des lecteurs, et des "experts" contribuent à rendre crédible l'idée d'une "Palestine".
En outre, sont proposés à la vente des T-shirts, semble-t-il unisexes ou "non-genrés", au message politique de soutien à la "Palestine" : leur motif est une pastèque, symbole de la "Palestine" dont les couleurs du drapeau correspondent à celles du fruit : vert et blanc de l'écorce, noir des pépins et rouge de la chair.
Un symbole décliné dans les réseaux sociaux par un émoji, en sacs, en bijoux et en pin's arboré durant le Festival de Cannes 2024 par l'actrice Leïla Bekhti.
Un symbole neutre, inoffensif ? Non. Un symbole éminemment politique. La pastèque palestinienne est associée au slogan "Palestine libre". Quelle "Palestine" ? D'autres T-shirts, en vente sur Redbubble, BoutiquePalestine et Tostadora offrent la réponse à cette question : la carte de la "Palestine" recouvre tout l'Etat d'Israël, "From the river to the Sea" ("Du fleuve à la mer").
BoutiquePalestine décrit ainsi son T-shirt : "Savourez notre T-Shirt Pastèque Palestine "vert army" orné d'une pastèque dessinée dans la forme de la carte de la Palestine. Cette conception audacieuse combine nature et géographie pour célébrer les territoires palestiniens. Affichez votre soutien à la Palestine avec style et originalité." Les informations sur le T-shirt omettent le lieu de production. "Made in China" ?
Résistance
Jack Lang, Président de l’Institut du monde arabe, a écrit dans « Trésors sauvés de Gaza : un acte de résistance » :
« Pourquoi aujourd’hui une exposition sur le patrimoine de Gaza, alors que les hommes, femmes et enfants qui y vivent subissent encore dans leur chair les horreurs de la guerre, du déplacement forcé, de la privation ? Pourquoi rendre hommage aux civilisations anciennes, à l’Histoire millénaire, à la beauté unique des ruines qui sont autant de traces d’un passé résilient, tandis que les gazaouis luttent pour survivre ?En août 2023, la chance m’est donnée de me rendre à Gaza pour la préparation de notre grande exposition sur la culture palestinienne. Je suis frappé non seulement par la créativité intellectuelle et artistique des habitants, mais aussi par la passion qu’ils ont pour leur histoire et leur patrimoine. Ma rencontre avec Jawdat Khoudary, collectionneur érudit, ainsi qu’avec les responsables du site de Saint Hilarion, sauvegardé par l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, m’en révèle l’ampleur. Elle suscite en moi la volonté de mettre en lumière un jour la fabuleuse histoire de Gaza. Nous y sommes.L’âme humaine est le fruit d’héritages ancestraux, d’une succession de civilisations qui façonnent et modèlent le présent, le rendent si riche et si complexe, loin des clichés. Loin aussi des provocations, c’est la vocation de l’IMA de mettre en lumière les trésors dont regorgent les pays arabes, au passé et au présent.Plus que jamais aujourd’hui, en particulier depuis le massacre du 7 octobre et les destructions ultérieures, la riche histoire de Gaza doit retrouver la lumière.Parce que les pièces archéologiques qui sont présentées dans cette exposition inédite ont été sauvées de la destruction par l’exil.Parce que la guerre qui fait rage abîme, parfois efface, des pans entiers de l’identité de cette terre jadis florissante et véritable carrefour des civilisations entre l’Asie, l’Arabie, l’Afrique et la Méditerranée.Rien n’est pire que l’abandon et l’oubli. Cette exposition, que je qualifierai de salut public, rend hommage à Gaza, vibrante et merveilleusement jeune.Grâce au musée de Genève, au ministère palestinien du Tourisme et des Antiquités, à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (EBAF), à l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine (ALIPH) et à tous ceux qui œuvrent sans relâche pour protéger le patrimoine archéologique de Gaza, l’IMA offre au public une opportunité exceptionnelle de découvrir ce territoire autrement.En confiant la scénographie de l’exposition à deux grands talents de l’architecture et du design palestiniens, Elias et Yousef Anastas, nous affirmons que le patrimoine archéologique irrigue l’identité palestinienne contemporaine et que sa préservation est le corollaire indispensable du respect des droits humains des Palestiniens.Puisse cette exposition historique contribuer à redonner un espoir dans l’avenir de Gaza loin des projets déments de Riviera et des déplacements forcés des Palestiniens. »
« TRÉSORS SAUVÉS DE GAZA. 5000 ANS D’HISTOIRE »
Par Élodie Bouffard, Commissaire de l’exposition
« A l’automne 2000, l’Institut du monde arabe présentait l’exposition « Gaza Méditerranéenne, Histoire et archéologie en Palestine ». Près de 200 œuvres inédites issues des fouilles exceptionnelles menées à Gaza par des équipes franco-palestiniennes y étaient présentées. L’exposition se voulait historique mettant en lumière pour la première fois une histoire et un patrimoine oubliés. »
« En 1995, au lendemain des Accords d’Oslo (1993), le jeune Service des Antiquités de Gaza ouvrait ses propres chantiers archéologiques avec le concours de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (EBAF) et leurs découvertes se révélèrent majeures. Car les sous-sols de Gaza conservaient jalousement la mémoire de civilisations qui s’y étaient succédé depuis l’Âge du Bronze jusqu’aux ultimes influences turques à la fin du XIXe siècle. »
« Après cinq ans de travail et malgré les contraintes liées à la forte densité d’occupation du sol, les résultats furent inespérés. Les découvertes mettent enfin en lumière l’importance de l’histoire de la région. À Nusseyrât se dévoilent les ruines d’un complexe paléochrétien aux dimensions exceptionnelles : le monastère de Saint Hilarion, inscrit désormais sur les listes du Patrimoine mondial et du Patrimoine mondial en péril. Au camp de réfugiés de Jabâliya, à Mukheitim, ce sont une nécropole romaine et un complexe funéraire byzantin aux dix-sept inscriptions et pavements de mosaïques exceptionnellement conservées qui sortent de terre. À Blakhiya c’est l’antique port grec d’Anthédon, fondé vers 800 avant notre ère qui est mis au jour. Enfin la découverte accidentelle du site de Tall al-Sakan en 1998, au sud-est de Gaza, bouleverse les connaissances des hautes périodes ainsi que l’histoire des premières relations égypto-cananéennes. L’histoire plurimillénaire de Gaza se dévoilait enfin ! »
Vers une archéologie palestinienne
« L’archéologie à Gaza a commencé par un accident heureux. En 1879, dans la Palestine ottomane, un paysan surpris autant qu’émerveillé découvrait, au sommet d’une colline de sable à Nusseyrât, un grand marbre majestueux : une statue de Zeus trônant, aujourd’hui conservée au Musée archéologique d’Istanbul. Mais, en cette fin du XIXe siècle, dans l’archéologie biblique pré-1914, la région de Gaza ne séduit pas. C’est sous le mandat britannique (1922-1948) que des chantiers de fouilles se développent progressivement, s’intéressant en premier lieu aux cultures de l’âge du Bronze et du Fer. Ce sont donc les égyptologues britanniques basés au Caire qui dévoilent les premiers les richesses de Gaza. Mais les troubles en Palestine mandataire à partir de 1938 puis ceux qui suivent la création de l’État d’Israël en 1948, stoppent durablement les recherches. Des fouilles ponctuelles reprennent à partir de 1967, sous l’occupation israélienne de Gaza, et mettent au jour un large complexe égyptien de la fin de la période cananéenne (XIVe-XIIIe siècles avant notre ère) à Dayr el-Balah où plus de cinquante sarcophages anthropoïdes en terre crue ont été découverts et sont à ce jour exposés au musée d’Israël. En ce qui concerne l’archéologie byzantine, trésor alors encore méconnu de la région, la première découverte date de 1918, il s’agit d’une mosaïque découverte à ‘Aïn Shâllâlâh et déposée par l’armée australienne, présentée aujourd’hui au musée de Melbourne. »
« Malgré ces découvertes, d’autres richesses de Gaza restent ensevelies, sans que des campagnes archéologiques importantes n’y aient jamais été déployées. Ainsi, dès sa création en 1995, le jeune Bureau des Antiquités de Gaza avec la coopération de l’EBAF ouvre des chantiers, bien souvent sous la pression des promoteurs immobiliers, en réponse à une urbanisation accélérée et sauvage. »
« Sont posés dès lors les jalons d’une archéologie palestinienne avec pour objectif la préservation et la valorisation de son patrimoine. L’exposition à l’IMA en 2000 s’inscrit dans cette dynamique : témoigner des découvertes majeures de ces premières campagnes de fouilles et remettre en lumière l’histoire d’un territoire méconnu. »
Une collection de référence en exil
« La collection, sur le sol européen depuis 2000, a été ainsi montrée dans différentes villes européennes jusqu’à son arrivée en Suisse. À l’automne 2006, le Musée d’art et d’histoire de Genève (MAH) a organisé l’exposition « Gaza à la croisée des civilisations ». Aux 200 œuvres appartenant à l’Autorité palestinienne déjà en Europe s’ajoutent 260 pièces issues de la collection privée de Jawdat Khoudary. Se dessinent alors les bases d’un projet d’envergure : la création d’un musée archéologique à Gaza, riche des fouilles menées par le Bureau des Antiquités et des initiatives de collectionneurs privés qui luttent contre le trafic d’œuvres d’art. Car le manque de moyens et la pression urbaine sans précédent dans la bande de Gaza se font au détriment des sites anciens. Projets immobiliers, infrastructures routières ou d’assainissement et développement urbain anarchique mettent à mal les faibles moyens de la Direction des Antiquité de Palestine. Ainsi, chaque chantier de construction dévoile des trésors et expose ces découvertes au trafic ou à la destruction. C’est en 1986 que Jawdat Khoudary prend conscience de la richesse qui dort sous les sables de Gaza. Dans le cadre de ses activités dans le bâtiment il est confronté à la découverte de vestiges anciens et comprend les réalités complexes de l’archéologie dans l’enclave. Pour lutter contre la vente et la fuite des artéfacts, il commence une collection privée qui dépassera les 4 000 pièces et rêve d’un musée archéologique à Gaza. »
« Les actions conjointes du Bureau des Antiquités et des collectionneurs privés comme Jawdat Khoudary n’empêchent pas la destruction ou l’ensevelissement de précieux vestiges, témoins des splendeurs passées de Gaza. »
« La grande exposition préparée à Genève eut donc une ambition de visibilité internationale et de préfiguration du projet tant espéré de musée archéologique in situ. Mais cet élan est coupé par les développements politiques et sécuritaires qui opposent les factions palestiniennes après les élections législatives de 2006. Lorsque le Hamas prend le contrôle de la bande de Gaza, les conditions d’un retour en toute sécurité des pièces ne sont plus réunies du fait de la méfiance réciproque des acteurs, du blocus israélien et des guerres successives dans l’enclave. Depuis dix-sept ans, les œuvres qui devaient constituer le futur musée archéologique de Gaza sont en caisses à Genève, prêtes au départ. Ainsi, c’est une centaine de caisses contenant 529 objets évoquant la vie quotidienne, civile et religieuse à Gaza de l’Âge du Bronze à l’époque ottomane, qui sont stockées non sans difficultés au Port franc de Genève. Les échecs successifs de rapatriement, notamment en 2016 ou encore à l’été 2023, ont finalement permis leur salut. Car depuis les attaques meurtrières et les prises d’otage perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023, le nom de Gaza n’évoque plus que la guerre et la destruction. »
NB : différentes orthographes sont possibles pour la transcription des toponymes arabes en français. Par soucis d’unité, nous avons choisi et appliqué une convention pour l’ensemble des noms de lieux dans les textes.
Une histoire oubliée, un patrimoine en péril
« Malgré ces projets et ces efforts, les splendeurs de Gaza sont restées dans l’ombre. Qui se souvient que Gaza fût pendant 2000 ans le plus grand carrefour commercial de la région, seul débouché des routes de l’encens et des richesses de l’Inde. Les Égyptiens et les Mésopotamiens se la disputèrent avant que la cité philistine conquise par Cyrus devienne un des plus grands centres commerciaux entre l’Afrique et l’Asie. Stratégique, florissante, commerçante, agricole, la cité bat monnaie depuis le IV e siècle avant notre ère et ses amphores (ancêtres du conteneur) se retrouvent à travers toute la Méditerranée et l’Europe. Bien plus tard, Alexandre le Grand faillit y laisser la vie au cours d’un siège emblématique. Devenue romaine après la conquête de Pompée, elle fut le cadeau d’amour d’Antoine à Cléopâtre. Gaza, ville païenne dédiée à Zeus Marnas, deviendra un des avant-postes de la christianisation dans la région et une ville de savoir rayonnant dans toute la chrétienté. Conquise par les armées arabes dès 634, elle sera un enjeu stratégique lors des Croisades avant que, reconquise par Saladin, elle ne devienne cette bourgade tranquille en périphérie des enjeux du monde, qu’elle demeura jusqu’au milieu du XXe siècle. »
« Le patrimoine de cette oasis autrefois vantée pour sa prospérité et sa douceur de vivre, convoitée pour sa position stratégique régionale, terre de cocagne des commerçants caravaniers, port des richesses de l’Arabie, de l’Afrique et de la Méditerranée, subit depuis le début de la guerre d’octobre 2023 des dégâts sans précédent à la hauteur du drame humain qui s’y déroule. Ainsi, la centaine d’oeuvres présentées à l’IMA font figure de miraculées, leur exil les ayant sauvées du désastre. Les projets de musées sont devenus obsolètes et les collections de Jawdat Khoudary sont définitivement perdues, les photographies récentes en sa possession illustrent la dévastation de son hôtel-musée. »
« Alors que la bande de Gaza a été bombardée pendant plus d’un an, il est encore à ce jour difficile d’établir un état des lieux des conséquences matérielles et patrimoniales de cette guerre. Au 17 février 2025, l’UNESCO observe, en se basant sur des images satellitaires, des dommages sur soixante-dix-huit sites culturels de la bande de Gaza : dix mosquées, une église, quarante-huit bâtiments d’intérêt historique, sept sites archéologiques, six monuments, trois dépôts de biens culturels mobiliers et un musée. »
« Depuis le début de la guerre, des opérateurs palestiniens, des ONG et des chercheurs se sont mobilisés pour alerter et sauver, quand cela a été possible, le patrimoine de Gaza. C’est grâce à eux qu’ont pu être rassemblés des éléments récents concernant certains sites archéologiques et historiques de la bande de Gaza. Car l’archéologie étant avant tout une histoire humaine, ce travail, plus encore à Gaza, porte la promesse d’un avenir à reconstruire. Documenter, inventorier, préserver, sauvegarder furent les actions quasiment quotidiennes de centaines d’acteurs locaux et internationaux. C’est avec l’aide de l’EBAF, PUI (Première Urgence Internationale), ALIPH et le Collectif de chercheurs français Gaza-Histoire que s’est construit dans l’exposition un espace dédié à leurs actions, associé à un inventaire archéologique et historique du patrimoine de Gaza. »
« Désormais, avec le fragile cessez-le-feu, les opérateurs locaux se confrontent à de nouveaux défis. L’évaluation de l’impact du conflit sur le patrimoine prendra du temps au regard de la situation humanitaire et matérielle sans précédent : se pose la question de la gestion des débris, dans des zones où les deux tiers des bâtiments sont détruits ainsi que de la sécurisation de l’accès aux sites proches des zones de combats, via le déminage. »
PRÉCIS D’HISTOIRE DE LA MISSION DE COOPÉRATION ARCHÉOLOGIQUE FRANCO-PALESTINIENNE DE GAZA (1994-2012)
Par Jean-Baptiste Humbert
Archéologue, ancien directeur du Département d’archéologie de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem
PRÉCIS D’HISTOIRE DE LA MISSION DE COOPÉRATION ARCHÉOLOGIQUE FRANCO-PALESTINIENNE DE GAZA (1994-2012)
« En 1994, la paix signée, la Palestine a créé sans attendre son Service des Antiquités dirigé par Hamdan Taha, pour gérer son patrimoine historique et archéologique. Le bureau de Gaza jouissait d’une sorte d’autonomie. En tant que chargé du laboratoire d’archéologie de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem (EBAF), j’ai participé avec Moain Mohammad Saded, du bureau des Antiquités de Gaza, à la création de la Mission de coopération archéologique francopalestinienne de Gaza. Elle visait à former un personnel local. »
Une découverte exceptionnelle au cœur de la ville de Gaza, l’antique Anthédon
« Le site archéologique de Tall Harubah qui gît sous la Gaza moderne, capitale des Philistins, était inaccessible en raison de la reconstruction de la ville. Il fût ainsi décidé d’ouvrir un chantier école - EBAF et Service des Antiquités – dans le quartier de Blakhiya contre le camp de réfugiés de Shatteh et proche de la mer. Il fût actif de 1995 à 2012. Le site vite reconnu comme l’Anthédon de Palestine, était nommé dans la littérature antique. Sa fondation remonte au début du VIIIe siècle avant notre ère avec une des citadelles néo-assyriennes du glacis contre l’Égypte. Sur l’ensablement de ce complexe défensif a surgi, avec l’essor du commerce maritime au VIe siècle avant notre ère, un comptoir grec. La fouille permit également de découvrir un quartier aristocratique aux murs peints traités dans le style pompéien datant des alentours de 200 avant notre ère. »
« En 2022, le sauvetage d’une nécropole romaine dans la dépendance d’Anthédon, sous la houlette de René Elter, a livré des tombes aux enduits peints et deux sarcophages en plomb, pratique courante de la Gaza romaine. L’exercice a été, pour la nouvelle équipe locale, l’occasion de montrer l’excellence de la formation reçue. »
Gaza byzantine
« Cependant, l’archéologie de Gaza est surtout riche de son passé byzantin. Une abondante littérature ancienne témoigne de la réputation de son École de rhétorique, respectée jusqu’à Athènes. Le potentiel archéologique est immense, mais à cause de la fragilité des vestiges mis au jour dans les chantiers de construction, des sauvetages se sont imposés. La préparation d’un terrain de sport, à Mukheitim, tout au nord de la bande de Gaza avait écorné un complexe ecclésiastique byzantin. Trois campagnes se sont échelonnées entre 1998 et 2002. La restauration de 450 m2 de mosaïques a été assurée par Patrick Blanc du musée de l’Arles antique. Trois corps de bâtiments sont juxtaposés : église à trois nefs, chapelle des offrandes et un édifice-baptistère en quatre chambres. Dix-sept inscriptions en grec l’ont daté de la fin du Ve siècle au milieu du VIIIe siècle. Le complexe, à vocation funéraire, fut celui d’une famille influente de Gaza. »
« À Abu Baraqeh, l’élargissement de la route côtière en 1999, à la hauteur de Dayr al-Balah, avait exposé les restes d’une petite église tout au bord de la mer.
Le monumental pavement, déposé par le Musée d’Arles et restauré en France, est présenté dans l’actuelle exposition de l’IMA. »
« À Abassan al Kabir, une fouille de sauvetage, en 1956, lors de la gestion de la bande de Gaza par les Autorités égyptiennes, avait mis à nu un pavement de mosaïques laissé à l’abandon. En 1996, les Antiquités palestiniennes ont repris le chantier pour préserver une maison convertie en chapelle. L’une des chambres contenait la sépulture d’un saint. »
« Le Service des Antiquités locales voulant mener par lui-même un chantier d’ampleur, élut le site de Tall Umm al-‘Amr. Vaste monastère byzantin fouillé sur un hectare, il a été établi qu’il s’agissait du premier monastère en terre sainte, fondé par le moine Hilarion en 329. On y a reconnu une église basilicale et trois sanctuaires superposés, crypte de pèlerinage, bâtiments monastiques et grand bain romain. Le projet conduit par Ayman Hassuneh et Yasser Abu Sharif avait dégagé presque un hectare de ruines. La Mission de coopération, à partir de 2002, a restauré les vestiges et engagé une ouverture au public. Il est devenu le site phare de l’archéologie de Gaza. »
« En 2017, l’EBAF et l’ONG française Première urgence internationale (PUI) ont bénéficié d’un important budget du British Council en faveur de la jeunesse démobilisée de Gaza et la formation professionnelle aux métiers de la restauration et du bâti antique. René Elter (EBAF) a été chargé de l’entreprise. »
L’âge du Bronze,
de nouveaux éclairages sur les débuts de l’histoire de la région
« Le site de Tall al-Sakan, sauvé des promoteurs et découvert en 1997 par la Mission de coopération, a été l’objet d’un chantier d’envergure dès l’an 2000, dirigé par Pierre de Miroschedji (CNRS), vite interrompu par une incursion militaire. Dans les coupes stratigraphiques hautes de dix mètres, se lisaient les mille ans du Bronze ancien. Le moment de la fondation vers 3400 avant notre ère s’y manifeste avec un urbanisme sous impulsion égyptienne, enclos dans le plus ancien rempart de la Palestine historique. »
« Au même moment, la Mission austro-suédoise conduite par Peter Fisher, avait repris la fouille du site Tall al-‘Ajûl débutée dans les années 30 par Sir Flinders Petrie. Deux campagnes exploratoires en 1999 et 2000 des niveaux du Bronze récent, ont fourni de beaux résultats funéraires et sigillographiques (études des sceaux). La mission a cessé quand le chantier fut livré à la construction. Au lieu-dit Moghaqa au nord du Tall, l’enlèvement d’une haute dune pour mettre à nu des terres agricoles avait percé les restes d’un vaste bâtiment de terre crue. Le nettoyage dans l’arrachement du sol, conduit en 1990 par Louise Steel (Wales University), a livré des dizaines de cônes de fondation estampillés au cartouche de Thoutmôsis III (1481 avant notre ère - 1425 avant notre ère). »
« Dans les années 2012 - 2015, le bureau des Antiquités avait commencé une exploration du Tall Zurob, site majeur de l’âge du Bronze, mais sans compétences suffisantes. Un trésor de 1500 monnaies, frappées sur le modèle de celles d’Alexandre, y avait été découvert fortuitement. Un sondage a touché les niveaux du XIIe siècle avant notre ère, passage sensible du Bronze à l’âge du Fer et au sommet du mont, une partie d’un palais avec portique typique de l’époque d’Hérode fût découverte. »
« Le survol des trente ans d’activités a remis, sur le devant de la scène scientifique, l’excellence du potentiel archéologique gaziote et l’engagement palestinien pour honorer son patrimoine. »
LE PARCOURS DE L’EXPOSITION
I - Gaza, 5000 ans d’Histoire
« La tragédie contemporaine a contribué à l’effacement de l’histoire plurimillénaire de la prospère oasis, convoitée par tous les empires de la région. Gaza se situe à la limite du désert, tournée vers la mer et le banc de dune littoral qui l’en sépare. Poste frontalier naturel entre l’Égypte et l’Asie, la « vallée de Gaza » (Wâdi Ghazza) est le dernier havre de paix avant le désert inhospitalier. Oasis au riche passé commercial et politique, Gaza et sa région sont alors un enjeu majeur dans la rivalité entre les pouvoirs de la vallée du Nil et ceux de la Mésopotamie. Port méditerranéen, point de convergence des routes caravanières d’Afrique, d’Arabie et de l’Inde, sa situation stratégique a fait de la Gaza antique « la plus grande ville de Syrie » selon Strabon, suscitant tour à tour les convoitises des Égyptiens, des Assyriens, des Babyloniens, des Perses, des Grecs, des Romains, enfin des Mamelouks et des Ottomans... »
L’âge du Bronze et du Fer
« Sur la voie d’Horus, route reliant l’Égypte à la Palestine, le passage du gué du Wâdî Ghazza est un lieu stratégique. À son voisinage se trouvent deux sites majeurs de l’Âge du Bronze : Tall al-Sakan (vers 3500 ; 2350 avant notre ère) et Tall al-‘Ajûl (v. 1900 ; 1200 avant notre ère). Dès la première moitié du IVe millénaire se mettent en place des liens durables avec l’Égypte et cela avant sa mainmise sur la Palestine méridionale au Bronze ancien puis l’organisation de la province égyptienne de Canaan au Bronze récent. La période correspond également à l’entrée de la ville de Gaza dans l’Histoire. Fondée sans doute pendant la première moitié du IIIe millénaire, la ville est citée pour la première fois dans les textes égyptiens du règne de Thoutmosis III (1504 ; 1450 avant notre ère). Elle y est nommée « Hazattu » d’où vient le nom arabe actuel, « Ghazza ». C’est là que réside un agent royal égyptien, chargé de surveiller la région ; mais la ville demeure un royaume, dont le roi prête allégeance au pharaon. »
Gaza, cité de Philistie, aux périodes assyriennes, perses et hellénistiques
« Au début du XIIe siècle avant notre ère, des groupes venant probablement du monde égéen établissent des comptoirs dans les plaines côtières de la région ; Gaza devient alors l’une des plus importantes cités-états de Philistie. Elle reste philistine au-delà du VIIe siècle après sa conquête par les Assyriens en 734 avant notre ère. Le roi de Gaza prête alors allégeance et se reconnaît vassal de Ninive. Avec le nouvel empire de Nabuchodonosor II, Gaza est l’avant-poste de Babylone à la frontière occidentale de l’empire. En 539 avant notre ère, le Perse Cyrus s’empare de Babylone et fonde l’empire achéménide.
Au cours de la période perse, longue de deux siècles, Gaza est la perle de la Méditerranée. Lors de sa conquête de la Syrie, Alexandre de Macédoine impose un siège cruel à la ville (-332). Massacres, pillages et destructions sont systématiques. Ce désastre entraîne la reconstruction de Gaza sous l’influence dominante de la culture hellénistique. La cité conserve son renom et son importance commerciale sous les successeurs d’Alexandre, Lagides et Séleucides, qui se jalousent son contrôle. »
La période romaine et byzantine
« En 97 avant notre ère, Gaza est conquise et ruinée par le royaume juif des Hasmonéens puis laissée à l’abandon : Gaza deserta. Pompée s’en empare en 61 avant notre ère et les lois grecques sont restaurées dans la cité. La nouvelle Gaza se reconstruit et se pare d’un théâtre, d’un hippodrome, et certainement d’un gymnase et d’un stade. Gaza connaît au cours du IVe siècle l’installation de marins chrétiens venus d’Égypte, notamment à Maïouma, le port de la ville. La cité de Gaza et son aristocratie romanisée restent fidèles à Zeus Marnas jusqu’au Ve siècle et à la conversion forcée à la foi chrétienne. Une basilique byzantine, l’Eudoxia, s’érige alors sur les ruines du Marneion détruit en 402. »
« La ville compte une communauté juive d’agriculteurs, notamment à Maïouma où ont été retrouvés les vestiges d’une synagogue du VIe siècle. Le monachisme se développe dans la région, sous l’impulsion d’Hilarion (v. 291-v. 371), originaire de Gaza. La ville est devenue un foyer actif de la vie chrétienne et de la vie intellectuelle avec notamment la célèbre École de rhétorique de Procope de Gaza. De nouveaux bâtiments sont érigés comme le palais épiscopal, le marché couvert ou encore des thermes et une école de mosaïstes de talent oeuvre aussi bien dans la ville que dans les agglomérations voisines. »
La période musulmane
« En 637, la ville est prise par les armées musulmanes. La population est alors dans sa grande majorité chrétienne et le statut des petites communautés juive et samaritaine est respecté. Ainsi, jusqu’aux croisades, ces communautés restent florissantes dans une cité qui devient progressivement musulmane. »
« Gaza est toujours une grande cité riche de son artisanat, de ses jardins et vignobles. Elle devient un centre de pèlerinage prospère car on prétend que le grand-père du Prophète y est enterré. Les croisades ouvrent un nouvel épisode de violence. Occupée entre 1149 et 1187 par les croisés, l’architecture de Gaza évolue. Ils y construisent une grande église romane, devenue par la suite la grande Mosquée al-‘Umarî. Après sa conquête par les Mamelouks (1260-1277), la paix s’installe et voit la construction de mosquées et de khans. En 1516, Gaza devient ottomane et la ville amorce son déclin car de nouvelles routes commerciales, notamment maritimes, détournent le trafic international. »
Gaza 1905-1922, un patrimoine et des paysages disparus
« En visite à Gaza, au tout début du XXe siècle, le voyageur découvrait le charme désuet de l’agglomération entourée de petits jardins, le pittoresque des palmeraies dans les dunes et du port de pêche. Les photographies inédites de la collection de l’École biblique et archéologique de Jérusalem (EBAF) sont des documents uniques de ces paysages disparus. Car le XXe siècle allait apporter son lot de bouleversements à Gaza. Ainsi, la Grande Guerre n’a pas épargné ce bout de terre, les bombardements anglais de 1917 ayant fait perdre à Gaza une grande partie de son patrimoine architectural. Après l’arrivée de populations déplacées dès 1947 et la création de l’État d’Israël, Gaza et ses environs voient l’arrivée massive de réfugiés à la suite de la première guerre israélo-arabe (1948-1949). Ainsi, près de 200 000 « naufragés de l’Histoire » ont rejoint les 80 000 habitants de cette bande côtière. Les suites de cette guerre ont dessiné les contours de « la bande de Gaza », territoire enclavé de 365 kilomètres carrés. La ville portuaire de Gaza est désormais coupée de son arrière-pays et des routes qui avaient fait sa richesse passée. »
II - Un patrimoine en péril
« Avec plus de 2 150 000 habitants dont 700 000 à Gaza City (janvier 2022), la bande de Gaza présente l’une des densités les plus fortes de la région. Ce territoire subit depuis plus de 20 ans une pression foncière intense associée à une crise sociale et humanitaire continue. Les aménagements indispensables et l’urbanisation galopante ne pouvaient être réalisés sans impact sur les richesses archéologiques qui regorgent dans toute la région. Face à la multitude des chantiers, aux risques de destruction de sites et aux découvertes fortuites, une archéologie d’urgence et de préservation a été mise en place. Le projet Intiqal (Transmission), mis en oeuvre à partir de 2017 par l’ONG Première Urgence Internationale, en partenariat avec le Ministère du Tourisme et des Antiquités de Palestine et l’EBAF, a participé au sauvetage de plusieurs sites et contribué à former plus d’une centaine d’étudiants, diplômés en archéologie et architecture. Depuis le début de la guerre, ce sont des Palestiniens qui interviennent pour sauver les sites et les collections archéologiques menacés ou en grand péril et qui, demain, mèneront les constats des impacts du conflit sur leur patrimoine. »
Le projet Intiqal est soutenu par le Consulat général de France à Jérusalem, le British Council, l’UNESCO, ALIPH et l’Agence Française de Développement. D’autres partenaires institutionnels comme le Louvre et l’Institut National du Patrimoine y sont associés.
De la crise humanitaire à la guerre,
la mise en place d’une nouvelle archéologie
« Depuis le début de la guerre d’octobre 2023, l’Unesco observe, en se basant sur des images satellitaires au 17 février 2025, des dommages sur 76 sites culturels de la bande de Gaza. »
« Compte tenu des menaces qui pèsent sur ce patrimoine, l’UNESCO a eu recours à la procédure d’urgence prévue dans la Convention du patrimoine mondial. Le 26 juillet 2024, le Monastère de Saint Hilarion a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial en péril. Au-delà de ce complexe reconnu pour sa valeur universelle, c’est près de 345 sites, bâtiments historiques et vestiges de villes anciennes qui sont aujourd’hui recensés par l’UNESCO et répartis entre la ville de Gaza, Khân Yûnis, Dayr el-Balah, Rafah, Beit Hanoun ainsi que dans huit camps de réfugiés et de nombreux villages. »
Des actions en temps de guerre : documenter, évacuer, stabiliser, sauver
« Depuis le début de la guerre, des opérateurs palestiniens oeuvrent à documenter, préserver et sauver les biens culturels menacés dans la bande de Gaza. C’est avec le soutien d’acteurs locaux et internationaux que ces actions peuvent être menées. Ainsi, l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine (ALIPH), active à Gaza depuis 2020, soutient depuis le début du conflit des projets d’urgence. Ces actions ont permis la mise à l’abri de collections muséales ou privées, la documentation et la stabilisation de sites et monuments, ainsi que la formation de professionnels palestiniens aux interventions de sauvetage. »
« Ces opérations déployées au plus fort des bombardements évoluent avec le fragile cessez-le-feu. Désormais, les opérateurs se confrontent à de nouveaux défis. Évaluer l’impact du conflit sur le patrimoine, mettre en oeuvre son sauvetage et sa préservation dans la situation humanitaire et matérielle qui prévaut à Gaza, soulève des défis inédits : la gestion des débris, dans des zones où les deux tiers des bâtiments sont détruits et les infrastructures essentielles disparues ; la sécurisation de l’accès aux sites proches des zones de combats, où près de 30% des bombes et des explosifs restent enfouis et opérationnels, via le déminage, seront des enjeux colossaux et fondamentaux pour l’avenir de Gaza, la préservation de son patrimoine et de son histoire. »
Les projets, soutenus par ALIPH à Gaza, sont menés par le musée Palestinien, RIWAQ, Première Urgence Internationale, Center for Cultural Heritage Preservation, Mayasem Association for Arts and Culture, le Centre Iwan, le musée de Rafah, en partenariat avec le ministère du Tourisme et des Antiquités de Palestine.
COMMENT TRANSMETTRE ET SAUVER LE PATRIMOINE DE GAZA ?
Par René Elter
« Archéologue chercheur associé à l’École biblique et archéologique française de Jérusalem, directeur du programme scientifique et de préservation du monastère de Saint Hilarion à Gaza, coordinateur scientifique de programme Intiqal pour l’ONG Première Urgence Internationale. »
Un patrimoine sacrifié par la crise humanitaire
« Depuis plus de 20 ans, la pression sur le foncier et l’enclavement du territoire soumis à un conflit latent et permanent ont irrémédiablement atteint le patrimoine archéologique enfoui. Avec plus de 2 150 000 habitants (janvier 2022), la bande de Gaza présente l’une des densités les plus fortes de la région. Dans un tel contexte, il était délicat de construire l’avenir sans détruire le passé, la priorité étant avant tout de palier la crise sociale et humanitaire permanente par la construction de nouveaux équipements et logements. Ces besoins vitaux pour la population imposaient des aménagements et des ensembles urbains qui ne pouvaient être menés sans qu’il y ait un impact sur le sous-sol. Sans moyens significatifs à la hauteur des enjeux liés à l’archéologie locale, le Département des Antiquités de Palestine s’est au bout de deux décennies essoufflé et retrouvé dépassé, dans l’incapacité de suivre la multitude de chantiers de construction mis en oeuvre tous les jours et qui, petit à petit, effaçaient l’histoire de Gaza. Les importants travaux urbains menés dans la dernière décennie le prouvent. Entre 2011 et 2014, Maïumas, l’antique port et marché de Gaza, a été entaillé par de larges et profondes tranchées d’assainissement. En 2016, aux portes du centre historique de la ville, les vestiges d’un important bâtiment, qui pourrait être, selon les éléments trouvés, une grande église de la période byzantine, ont disparu lors de l’excavation des fondations d’un centre commercial. Dans l’un comme dans l’autre de ces cas qui ne sont malheureusement pas isolés, seuls quelques éléments architecturaux remarquables ont été arrachés aux mâchoires des engins mécaniques de terrassement. »
Transmettre le patrimoine et trouver un équilibre entre passé et futur : L’initiative Intiqal
« Au fil des constats de destructions de sites et de découvertes fortuites suite aux nombreux chantiers de construction, il s’avérait nécessaire de déclencher systématiquement une dynamique d’archéologie d’urgence et de préservation du patrimoine. Il s’agissait de la seule réponse à apporter rapidement afin de permettre un équilibre entre passé et futur. Elle impliquait le sauvetage du patrimoine enfoui, et donc de l’histoire de Gaza, tout en permettant la construction de logements décents pour la population. »
« C’est pour y parvenir que l’ONG Première Urgence Internationale (PUI) a mis en place, à partir de 2017, l’initiative Intiqal - « transmission » dans sa forme arabe. S’appuyant sur la résilience de la jeunesse de Gaza, ce projet a donné, sept ans durant, la possibilité à plus d’une centaine d’étudiants (filles et garçons) pour la plupart diplômés en archéologie et en architecture de se former et de devenir une force positive qui s’appuie sur la protection du patrimoine et sur le développement socio-économique. Au-delà de répondre aux objectifs de développement humain prônés par les Nations Unies, ce programme a impliqué les universités et les acteurs de la société civile locale. Scientifiquement, le programme est suivi par le Ministère du Tourisme et des Antiquités de Palestine (MOTA) et l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Il est soutenu par le Consulat général de France à Jérusalem, le British Council, l’UNESCO, la Fondation ALIPH et l’Agence Française de Développement. D’autres partenaires institutionnels comme le Louvre et l’Institut national du patrimoine s’y sont associés. »
Une nouvelle archéologie
« Dans un premier temps, l’initiative s’est développée autour de l’urgence du sauvetage et de la préservation des vestiges de l’ensemble ecclésiastique - église byzantine - de Mukheitim (V e-Ixe siècle) à Jabâlya et du monastère de Saint Hilarion à Tall Umm el-‘Amr (IVe-IXe siècles) sur le territoire de la municipalité de Nousayrât. A partir de 2022 et à la demande du MOTA, l’initiative a rayonné dans la totalité de la bande de Gaza avec l’ambition de mettre en place une politique systématique d’interventions et de sauvetages archéologiques urgents. Très vite, en l’espace de quelques mois, l’action de cette équipe de jeunes archéologues er architectes passionnés de patrimoine a permis de sauver la nécropole romaine de Ard-Moarbin Ier-IIIe siècles, les somptueux pavements de mosaïque d’un ensemble ecclésiastique à Al-Bureijh (V e-VIIIe siècles) et le complexe vinicole de Deir Yassin à Nuseirat, dépendance vraisemblablement contemporaine du monastère de Saint Hilarion. »
Un espoir pour le patrimoine de Gaza
« Aujourd’hui, une quarantaine de jeunes sont l’âme, la force vive au fondement de ce programme. Ce sont eux qui depuis le début de la guerre, dans des conditions extrêmes interviennent pour sauver les sites et les collections archéologiques menacées et en péril. Et certains d’entre eux continuent, malgré le déplacement, le manque de confort et d’électricité, à traiter scientifiquement la documentation archéologique pour pouvoir la communiquer le moment venu. Leur action de transmission se prolonge par la mise en place de formations au sauvetage des collections d’objets archéologiques - par le biais des associations locales et d’animations autour du patrimoine - pour les enfants des camps de réfugiés. »
« Demain, dans les semaines et mois à venir ils seront là, ils mèneront les évaluations des impacts du conflit sur leur patrimoine, puis prendront en charge son sauvetage et sa préservation. Ces jeunes sont devenus au fil des mois l’« édifice » le plus important de Gaza car ils représentent l’avenir. Le 26 juillet dernier, leur exceptionnel travail a été reconnu par la communauté internationale tout entière puisque le site du monastère de Saint Hilarion a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial. »
ALIPH
ALIPH « est le principal fonds mondial exclusivement dédié à la protection du patrimoine dans les zones de guerre ou en sortie de crise. Elle a été créée en 2017 à Genève en réponse à la destruction massive du patrimoine ces dernières années, du fait notamment des conflits et du terrorisme en Afghanistan (Bamiyan, 2001), puis au Moyen-Orient et au Sahel (Tombouctou, Palmyre, Alep, Raqqa, Mossoul…). »
« ALIPH sélectionne, finance et accompagne des projets de protection ou de réhabilitation de monuments, sites, musées, collections d’œuvres d’art ou de manuscrits, édifices religieux, patrimoines immatériels, mis en oeuvre par ses partenaires (ONG, institutions culturelles, etc.). La philosophie d’ALIPH se résume en trois mots : action, agilité, terrain. La fondation a ainsi d’ores et déjà engagé 50 MUSD au soutien de 160 projets dans 30 pays sur 4 continents. Son fonctionnement en mode start-up en fait de surcroît un instrument d’une très grande agilité, notamment face aux crises, comme l’illustre aujourd’hui son action en Ukraine : depuis début mars, elle a financé plus de 150 projets visant à protéger les musées, les bibliothèques et les archives. ALIPH a enfin pour priorité de soutenir des projets concrets et de travailler le plus étroitement possible avec les autorités, populations et acteurs locaux. »
Voici la composition du Conseil de la Fondation ALIPH :
"Présidente, Mme Bariza Khiari ( (France), "représentante personnelle du Président de la République française au Conseil de Fondation d’ALIPH, dont elle assure la Présidence depuis le 14 novembre 2023. Elle est également présidente de l’Institut des Cultures d’Islam, établissement culturel de la Ville de Paris. Mme Khiari est une personnalité politique française depuis les années 1970. Elle a été sénatrice de 2004 à 2017 et première vice-présidente du Sénat français de 2011 à 2014. Elle a également été Juge à la Cour de Justice de la République. Tout au long de sa carrière politique, Mme Khiari a défendu l'égalité et les minorités religieuses au Moyen-Orient. Elle a contribué à la création d'un groupe d'étude du Sénat sur ces questions, préconisant la coopération interconfessionnelle. Mme Khiari est Chevalier de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du Mérite de la République française. Originaire d’Algérie, Mme Khiari est binationale. Elle est titulaire d'une maîtrise en gestion des entreprises de l'Institut d'administration des entreprises de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne."
Vice-président, S.E. Mohamed Al Mubarak (É.A.U)
M. Thomas S. Kaplan (donateur privé)
S.A. Prince Badr bin Abdullah bin Farhan Al Saud (Arabie saoudite)
S.E. Nadia Ernzer (Luxembourg)
M. Wen Dayan (Chine)
Mme Eleni Apeyitou (Chypre)
M. Mehdi Qotbi (Maroc)
Mme Gayane Umerova (Ouzbékistan)
M. Jean Claude Gandur (donateur privé)
Mme Katherine Elizabeth Fleming (Getty)
Mme Mariët Westermann (personnalité qualifiée)
M. Richard Kurin (personnalité qualifiée)
Pr. Markus Hilgert (personnalité qualifiée)
Non-voting members
M. Marc-André Renold (Suisse)
M. Ernesto Ottone Ramirez (UNESCO)
M. Mounir Bouchenaki (Président du Comité scientifique, ad interim)
M. Valéry Freland (directeur exécutif)
M. Jeffrey D. Plunkett J.D. (Président du Comité d'Audit)
Membres d'ALIPH
France
Émirats arabes unis
Royaume d'Arabie Saoudite
Koweït
Luxembourg
Chine
Maroc
Chypre
Ouzbékistan
M. Thomas S. Kaplan
Fondation Gandur pour l’Art
Getty
Suisse (pays hôte)
Donateurs publics
L'Union européenne
Ministère de la Culture des Emirats Arabes Unis
Oman
Principauté de Monaco
Roumanie
Donateurs privés
Leon Levy Foundation
Fondation TotalEnergies
The Andrew W. Mellon Foundation
Lionel Sauvage Family Foundation
M. Joshua Fink
Protocoles d'ententes (MoU)
UNESCO
FONDATION SUISSE DE DÉMINAGE
WORLD MONUMENTS FUND
LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE HÉLLENIQUE
LE CENTRE INTERNATIONAL D'ETUDES POUR LA CONSERVATION ET LA RESTAURATION DES BIENS CULTURELS (ICCROM)
LE CONSEIL INTERNATIONAL DES MONUMENTS ET DES SITES (ICOMOS)
LE CONSEIL INTERNATIONAL DES MUSEES (ICOM)
L’INSTITUT NATIONAL DU PATRIMOINE (INP)
EUROPA NOSTRA
L’AGENCE HUNGARY HELPS
L’INSTITUT DE CHYPRE
L’UNIVERSITÉ POLITECNICO DI MILANO
LA HERITAGE MANAGEMENT ORGANIZATION (HERITΛGE)
LA NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY
L'ALLIANCE DES CIVILISATIONS DES NATIONS UNIES (UNAOC)
UNIVERSITÉ DE PADOUE
Expertise France"
ELIAS ET YOUSEF ANASTAS, SCÉNOGRAPHES DE L’EXPOSITION
« Elias et Yousef Anastas sont architectes, partenaires de AAU Anastas et cofondateurs de Local Industries, Radio AlHara et Wonder Cabinet. Leur travail explore les liens entre artisanat et architecture, à des échelles allant du mobilier aux études territoriales. »
« Ils concentrent particulièrement leur recherche sur l'usage de la pierre dans l’architecture contemporaine et la stéréotomie, croisant savoir-faire traditionnels et technologies avancées. »
« Leur fameuse installation While We Wait a été exposée au Victoria & Albert Museum en 2017, et leurs œuvres font partie des collections permanentes du V&A, du Frac Centre-Val de Loire et du Vitra Design Museum. »
Elias et Yousef Anastas « ont reçu, notamment, le Grand Prix du Jury dans le cadre de l’édition 2024 du Prix du design de l’Institut du monde arabe. »
Du 03 avril au 02 novembre 2025
Niveaux -1 et -2
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
Place Mohammed V – 75005 Paris
Tél. : 01 40 51 38 38
Salles d’expositions (niveaux -1 et -2)
Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Samedi 10h-20h | Dimanche 10h-19h
Horaires d’été (juillet-août 2025) : du mardi au vendredi et le dimanche de 11h à 19h. Samedi 11h-20h
Visuels :
Scarabée
Âge du Fer ou Deuxième Période intermédiaire, époque hyksôs (1650-1540 av. J.-C.); civilisation : Egypte anc.
Ancienne date d'attribution : Âge du Fer
Lieu de découverte : Gaza, Blakhiyah = antique Anthédon de Palestine (site qui abrite aussi des fortifications en terre crue de l'âge du Fer)
Stéatite émaillée ; long.: 1.4 cm; larg.: 1.05 cm; ép.: 0.6 cm; poids: 5 g
Autorité Palestinienne
DAP_0102
Figurine : tête avec chapeau pointu (cavalier ?)
Période perse, VIe-Ve siècle av. J.-C.
Ancienne date d'attribution : Période perse, VIe-IVe s. av. J.-C.
Lieu de découverte : Gaza, Khan Younis, Tell esh-Sheikh Hammudeh
Céramique, modelée à la main ; long.: 3.2 cm; larg.: 3 cm
Autorité Palestinienne
DAP_0140
Figurine
Sérapis
Période romaine, circa IIe siècle; civilisation : Rome antique
Lieu de découverte : Gaza, découverte sous-marine, 2004
Bronze moulé ; haut.: 9.4 cm
Autorité Palestinienne
JKC_0158
Linteau (grand fragment)
Panneau décoratif
Période mamelouke, XIIIe-XVIe siècle; civilisation : Islam
Lieu de découverte : Gaza, Gaza City, quartier de Zeytoun, maison ottomane, 1995
Calcaire, traces de badigeon coloré moderne ; poids: 87 kg (poids de la caisse et de l'œuvre); long. max.: 155 cm; larg. max.: 44.5 cm; haut. max.: 10 cm
Autorité Palestinienne
JKC_0014a
Articles sur ce blog concernant :
Les citations sur l'exposition proviennent de l'IMA et de son dossier de presse.
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