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mercredi 12 octobre 2011

« Kurt Gerstein, témoin de vérité » de Philippe Labrune


Arte rediffusera les 13 et 28 octobre 2011 « Kurt Gerstein, témoin de vérité » (Kurt Gerstein - Zeuge der Wahrheit), documentaire (2007) de Philippe Labrune. A l’aide d’images d’archives et de citations de Kurt Gerstein (1905-1945), ce film retrace l’histoire de cet ingénieur allemand protestant, officier SS ambigu, qui fut un des rouages de la « Solution finale » sur laquelle il tenta d’alerter le monde.

  
Le 30 janvier 1946, lors du procès de Nuremberg où comparaissent les dignitaires nazis poursuivis pour crimes de guerre ou/et crimes contre l’humanité, une pièce passe inaperçue : le rapport de Kurt Gerstein évoquant les camps d’extermination de Treblinka, Belzec, Majdanek...

Lutter pour le Bien au centre du Mal ?
Personnage ambivalent et complexe, Kurt Gerstein est né dans une famille de la bourgeoisie prussienne « dévouée, soumise à l’autorité de l’empire ». Son père, Ludwig, est une magistrat influent, « calé dans ses principes, antisémite de tradition ». De ses sept enfants, seul Kurt affrontera son autorité.

Enfant provocateur, Kurt Gerstein grandi avec un mal être et une faible estime de lui.

En 1925, il entre à l’université de Marbourg. Sous la pression de son père, il adhère à Teutonia, une confrérie nationaliste d’étudiants. Il critique la légèreté des membres de ce groupe, ce qui lui vaut d’en être exclu. Sous l’intervention de son père, il y est réintégré.

Parallèlement à ses études, Kurt Gerstein, sous l’effet d’une foi assumée, entre en 1928 dans les cercles bibliques (Bund deutscher Bibelkreise), mouvement de jeunesse protestante qui choisira de se dissoudre en 1934. Son charisme et son influence sur la jeunesse protestante sont manifestes. Kurt Gerstein estime que « l’autorité et la confiance sont les deux fondements de l’éducation ».

En 1931, il devient ingénieur, spécialisé dans les mines.

En 1933, à l’arrivée au pouvoir d’Hitler, et à la suite d’un conseil de famille, les Gerstein adhèrent au parti nazi. Quand Hitler « met au pas l’église protestante », Kurt Gerstein choisit « l’Eglise confessante » car il ne veut pas que « Hitler se substitue à Dieu ».

Après des stages, Kurt Gerstein entre en 1935 dans les mines de la Sarre, entreprise publique, et se marie en 1937 avec Elfriede Bensch, fille de pasteur.

Chargé d’organiser en 1936 un congrès de mineurs allemands, Kurt Gerstein envoie aux congressistes deux affichettes provocatrices faisant allusion au parti nazi. Exaspérée, la Gestapo effectue une perquisition. Kurt Gerstein est arrêté pour « agissements contre l’Etat », et emprisonné.

Exclu du parti nazi, il perd son emploi. La famille Gerstein multiplie les efforts afin d’obtenir la réintégration de Kurt Gerstein dans le parti nazi et retrouve un poste, et Kurt Gerstein écrit une lettre au tribunal dans laquelle il réaffirme sa loyauté.

Il débute des études de théologie, puis de médecine, et reprend son activisme religieux.

En 1938, il est de nouveau interpellé, et détenu pour haute trahison au camp de concentration de Welzheim pendant six semaines. Il bénéficie d’un non lieu, et part en croisière avec son épouse. Il n’utilise pas les escales, notamment en Italie, pour émigrer aux Etats-Unis où vit une partie de sa famille.

Les efforts déployés par la famille Gerstein sont en partie couronnés de succès : si le tribunal du parti nazi ne prononce pas la réintégration de Kurt Gerstein, du moins choisit-il la solution du congédiement qui permet à Kurt Gerstein de retrouver un travail, en l’occurrence dans la mine de potasse Wintershall. Un emploi qu’il conserve jusqu’en 1940, date à laquelle il rejoint la firme familiale à Dusseldorf.

En 1939, Kurt Gertein est volontaire dans la Wehrmacht, puis dans la Waffen SS.

En 1941, il décide de lutter de l’intérieur contre le nazisme et sa machine à tuer. Il motive son entrisme par la mort d’une membre de sa famille, malade mentale, qui aurait été assassinée dans le cadre du programme nazi d’euthanasie des « aliénés », et sa volonté de connaître « ce que font ces gens… d’en contrôler la direction » et de révéler leurs crimes au monde entier.

Il entre dans la SS, est affecté à l’institut d’Hygiène de la Waffen SS qui, de Berlin, contrôle certains aspects des camps de concentration. Kurt Gerstein innove par un système de désinfection original. Il assiste à l’effroyable essai du cyanure de potassium dans le camp de Belzec (Pologne).

Parallèlement, Kurt Gerstein informe un diplomate suédois de ce qui s’est passé à Belzec, et s’efforce d’alerter des responsables religieux – Vatican - ou de pays neutres, voire les Alliés. En vain.

Kurt Gerstein se rend aux Alliés. Prisonnier des Français, il est interrogé et écrit en 1945 le rapport qui porte son nom et dans lequel il livre son témoignage sur des atrocités découvertes à Belzec, le fonctionnement des camps de la mort, l’extermination des Juifs (Shoah).

Se présentant comme témoin, Kurt Gerstein apparait aux yeux des Alliés comme un complice du nazisme. Il est inculpé – les factures de gaz Zyklon B sont au nom de ce nazi - et est retrouvé pendu à la prison du Cherche-Midi le 25 juillet 1945. Suicide ? Assassinat ? Le mystère demeure, comme la personnalité ambiguë de Kurt Gerstein : Bourreau ? Résistant au nazisme ?

L’action de Kurt Gerstein a été analysée par divers historiens, en particulier Léon Poliakov, Raul Hilberg et Saül Friedlander.
Kurt Gerstein a aussi inspiré des œuvres artistiques.

La pièce de théâtre Le vicaire (Der Stellvertreter) du dramaturge Rolf Hochhuth (1963), qui a été créée au théâtre de l'Athénée (Paris) dans une adaptation de Jorge Semprun.

Le film Amen a été réalisé par Costa-Gavras (2002).

Kurt Gerstein est réapparu dans l’actualité lors de la restitution en 2008 d’un tableau de Matisse peint en 1898, Paysage, le mur rose (de l’hôpital d’Ajaccio), qui avait été volé à un Juif allemand, Harry Fuld, et qui avait été retrouvé en 1948 dans une cache de Kurt Gerstein.

Arte consacre un dossier aux chrétiens à l’épreuve du nazisme qui évoque la figure de Kurt Gerstein.


« Kurt Gerstein, témoin de vérité » de Philippe Labrune
Allemagne, 2007, 1 h 10 minutes
Diffusions les :
-          13 octobre 2011 à 14 h 30
-          28 octobre 2011 à 3 h 25
Visuels : © Landeskirchliches Archiv Bielefeld

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1 commentaire:

  1. Bonjour, je trouve votre site très intéressant. Il m'a permis d'acquérir bien des connaissances. C'est aussiune belle preuve d'humanité envers ce jeune homme très courageux. Merci encore.

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