Citations

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« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
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vendredi 22 août 2025

« Matisse et Marguerite. Le regard d’un père »

Le Musée d’Art Moderne de Paris présente « Matisse et Marguerite. Le regard d’un père », une « exposition inédite d’Henri Matisse (1869-1954), l’un des plus grands artistes du XXe siècle. Rassemblant plus de 110 oeuvres (peintures, dessins, gravures, sculptures, céramique), elle propose de montrer le regard d’artiste et de père que Matisse porte sur sa fille aînée, Marguerite Duthuit-Matisse (1894-1982), figure essentielle mais discrète de son cercle familial. »

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« Au temps de mon père, on vivait avec son drame quotidien, qui était la peinture. »
— Marguerite Duthuit-Matisse, 1970

Le Musée d’Art Moderne de Paris présente « Matisse et Marguerite. Le regard d’un père », une « exposition inédite d’Henri Matisse (1869-1954), l’un des plus grands artistes du XXe siècle. Rassemblant plus de 110 oeuvres (peintures, dessins, gravures, sculptures, céramique), elle propose de montrer le regard d’artiste et de père que Matisse porte sur sa fille aînée, Marguerite Duthuit-Matisse (1894-1982), figure essentielle mais discrète de son cercle familial. »

« L’exposition présente de nombreux dessins rarement sinon jamais montrés au public, ainsi que d’importants tableaux venus de collections américaines, suisses et japonaises exposés en France pour la première fois. Des photographies, documents d’archives et oeuvres peintes par Marguerite elle-même complètent l’évocation de cette personnalité méconnue du grand public. »

« Depuis les premières images de l’enfance jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Marguerite demeure le modèle de Matisse le plus constant de son œuvre – le seul à avoir habité son oeuvre au cours de plusieurs décennies. Porteurs d’une franchise et d’une intensité remarquables, ses portraits trahissent une émotion rare, à la hauteur de l’affection profonde que Matisse éprouvait pour sa fille. »

« L’artiste semblait voir en elle une sorte de miroir de lui-même, comme si, en la dépeignant, il accédait enfin à l’« identification presque complète du peintre et de son modèle » à laquelle il aspirait. »

« Organisée de manière chronologique, l’exposition témoigne de la force du lien qui unissait l’artiste et sa fille et permet d’appréhender l’immense confiance et le respect qu’ils se vouaient mutuellement. Elle est aussi l’occasion de découvrir le destin fascinant d’une femme hors du commun, qui joua un rôle de premier plan dans la carrière de son père. »

« Aînée des trois enfants Matisse, Marguerite naît en 1894 de la relation éphémère que l’artiste, alors jeune étudiant en peinture, entretient avec son modèle Caroline Joblaud. Reconnue par son père, elle grandit aux côtés de Jean (1899-1976) et Pierre (1900-1989), fils de Matisse et de son épouse Amélie. « Nous sommes comme les cinq doigts de la main », écrira plus tard Marguerite à propos de ce noyau familial très soudé. »

« Son enfance est marquée par la maladie et la souffrance : à l’âge de sept ans, elle subit une première trachéotomie dont elle dissimulera longtemps la cicatrice sous un ruban noir, attribut distinctif de nombre de ses portraits. Privée d’une scolarité normale en raison de sa santé fragile, elle devient une authentique « gosse d’atelier », témoin attentif et quotidien du travail de Matisse. « Tout l’esprit de la famille était dirigé sur l’effort du père », se souviendra-t-elle. Sa disponibilité l’amène à prêter son visage aux recherches plastiques du peintre, lequel trouve en sa fille un modèle patient et bienveillant, prêt à accueillir ses expérimentations formelles les plus audacieuses. »

« En 1905, dans l’Intérieur à la fillette (The Museum of Modern Art, New York), Matisse dépeint Marguerite dans la touche vibrante et colorée caractéristique du fauvisme. L’année suivante, l’intérêt sensible du peintre pour sa fille se déploie dans un superbe ensemble de tableaux et dessins réalisés à Collioure, tandis que la sage écolière aux yeux baissés (Marguerite lisant, Musée de Grenoble) évolue en une fière adolescente affrontant le regard du spectateur (Musée Picasso, Paris). Plus frontale encore, la magistrale Marguerite au chat noir de 1910 (Centre Pompidou, Paris) précède la géométrisation austère et radicale de Tête blanche et rose (Centre Pompidou, Paris). »

« Au cours de la Première Guerre mondiale, les portraits de Marguerite se multiplient. La fille du peintre y apparaît comme une jeune femme élégante, habillée avec raffinement et coiffée de chapeaux élaborés. Alors que Matisse s’installe progressivement à Nice, elle fait l’objet d’une importante série de portraits au balcon, emmitouflée dans un large manteau à carreaux, avant de figurer au premier plan de la composition monumentale du Thé (LACMA), évocation du jardin familial à Issy-les-Moulineaux. »

« En 1920, Marguerite apparaît à nouveau, épuisée et convalescente, dans une série d’oeuvres réalisées après une douloureuse opération de la trachée. Matisse s’y devine en père inquiet et empli de tendresse pour sa fille enfin libérée de sa cicatrice et de son ruban. Exécutées à Étretat, elles figurent parmi les derniers portraits individualisés que Matisse réalise de sa fille avant une interruption de vingt-cinq ans. Si Marguerite continue de poser pour son père au début des années 1920, c’est désormais au titre de figurante, dans des tableaux et dessins qui intègrent presque toujours un second modèle professionnel, Henriette Darricarrère. Complices, les deux jeunes femmes arborent des tenues recherchées, de bal ou de carnaval, dans des décors niçois riches en couleurs. »

« En 1923, Marguerite épouse l’écrivain Georges Duthuit et disparaît des tableaux de son père. Elle en demeure néanmoins très proche, endossant le rôle d’intermédiaire entre Matisse, désormais installé à Nice, et les innombrables sollicitations de collectionneurs, historiens, conservateurs et marchands d’art. Redoutablement précise et exigeante, c’est elle qui supervise le tirage des gravures de son père à Paris. Dévouée à la défense de l’art de Matisse, elle accroche des expositions à Berlin et Londres et, plus tard, aura la charge du catalogue raisonné de son oeuvre, tâche jamais achevée. Une salle de l’exposition est ainsi consacrée au rôle primordial joué par Marguerite dans la carrière de son père, de même qu’à ses propres incursions dans le domaine de la peinture puis de la mode. »

« Moi je suis faite de la substance des guerriers, des ardents », écrivait Marguerite en 1943. Son courage et son intégrité indomptables s’illustrent au cours de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’elle est arrêtée puis torturée pour faits de résistance. Les derniers portraits datent de 1945, alors que le peintre découvre, bouleversé, les immenses dangers et souffrances endurés par sa fille. Poignante, cette ultime série de dessins et lithographies fait écho à un ensemble de portraits tout aussi émouvants que Matisse réalise de son petit-fils Claude, enfant unique de Marguerite, au cours de ces années sombres. »

« En fin d’exposition, une projection vidéo conçue par la réalisatrice Elisabeth Kapnist retrace la vie de Marguerite par-delà l’art et la carrière de son père, à partir de dizaines de photographies d’archives. Des activités pédagogiques seront également proposées dans un espace dédié aux familles, où petits et grands se retrouveront autour d’ateliers créatifs autonomes et ludiques. »

Les commissaires de l’exposition sont Isabelle Monod-Fontaine, conservatrice générale du patrimoine honoraire, Hélène de Talhouët, docteure en histoire de l’art contemporain, enseignante-chercheuse, Charlotte Barat-Mabille, commissaire d’exposition au Musée d’Art Moderne de Paris.

« Préfacé par Mme Barbara Duthuit dont le soutien a été déterminant, le catalogue s’appuie sur plusieurs années de recherche dans les Archives Matisse, et complète l’exposition en apportant des éléments plus approfondis sur la vie de Marguerite et l’oeuvre de son père, ainsi que des extraits inédits de la correspondance entre père et fille. Publiée par les Editions Grasset, la première biographie de Marguerite Matisse, écrite par Isabelle Monod-Fontaine, spécialiste mondialement reconnue de l’oeuvre du peintre, et Hélène de Talhouët, paraît également à l’occasion de l’exposition. »

« Parallèlement à l’exposition, une expérience de réalité virtuelle réalisée par TSVP et Lucid Realities est proposée autour de La Danse de Matisse, chef d’oeuvre des collections du Musée d’Art Moderne de Paris. » Danse Danse Danse – Matisse est une « expérience en réalité virtuelle réalisée par Agnès Molia & Gordon.  » Expérience déconseillée aux enfants de moins de 10 ans, aux femmes enceintes, aux personnes sujettes à des crises d’épilepsie et aux migraines et aux personnes ayant des troubles de l’équilibre, de la vision, ou cardiaques.

« Entre 1906 et 1954, le peintre Henri Matisse a peint plus d’une vingtaine de tableaux et plusieurs centaines de dessins autour du thème de la danse. Thème qui l’accompagne à travers l’essentiel de ses choix et de ses évolutions stylistiques ou techniques : le mouvement et la danse ont été des sources d’inspiration pour le peintre des couleurs tout au long de son oeuvre. Balade immersive dansée entre différentes œuvres d’Henri Matisse, Danse Danse Danse - Matisse, propose une chorégraphie originale Signée Sarah Silverblatt-Buser à laquelle l’utilisateur prend part, comme un hommage au mouvement et aux couleurs si puissamment représentés par Matisse : une plongée dans la danse et la peinture, une immersion dans l’art du peintre alors que l’on assiste à la création de certaines de ses plus grandes œuvres, comme La Danse (I) de 1909 (The Museum of Modern Art, New York), La Danse de Merion (Fondation Barnes, Philadelphie), La Danse inachevée et La Danse de Paris (Musée d’Art Moderne de Paris)… Cette oeuvre immersive en réalité virtuelle est proposée en première mondiale au Musée d’Art Moderne de Paris pendant l’exposition Matisse et Marguerite, le regard d’un père, faisant ainsi écho à l’exposition et aux grands panneaux La Danse inachevée et La Danse de Paris présentés à l’étage 3 du musée. »


Parcours de l'exposition

Introduction
« De tous les visages peints par Henri Matisse, il en est un qui se distingue par une émotion particulière : celui de sa fille, Marguerite. L’artiste fit d’elle plus d’une centaine de portraits, depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte. Marguerite Matisse fut son modèle le plus fidèle, le seul à avoir habité son oeuvre au cours de plusieurs décennies. »

« Le peintre trouva en sa fille une modèle empathique et intrépide, prête à l’accompagner dans ses expérimentations les plus audacieuses. Davantage que toute autre, elle permit au peintre de lâcher prise et de s’aventurer en territoires inconnus. « Ce tableau veut m’emmener ailleurs », lui dit-il un jour alors qu’elle posait pour lui, « t’y sens-tu prête ? » De cette profonde complicité naîtront des toiles parmi les plus belles et les plus radicales de Matisse, mais aussi de nombreux dessins, dont certains sont exposés pour la première fois en France. »

« Réunis, ces portraits témoignent de la force du lien qui unissait le père à sa fille. Matisse s’y devine en parent attentionné et délicat, empli d’affection pour son enfant à la santé fragile, puis d’admiration pour celle qui, à cinquante ans, s’engagea dans la Résistance au péril de sa vie. Ils permettent d’évoquer le destin méconnu de cette figure essentielle de l’entourage du peintre, et de découvrir, sous l’angle le plus personnel et intime, l’oeuvre de l’un des plus grands artistes du XXe siècle. »

« Cette petite fille-là… », 1894-1905
« Fille d’Henri Matisse et de Caroline Joblaud, Marguerite voit le jour en 1894. Non marié, le couple s’était rencontré à Paris, Matisse ayant quitté son Nord natal pour venir étudier la peinture dans la capitale. Il n’a alors que vingt-quatre ans. »

« En 1897, le couple se sépare et Matisse reconnaît officiellement Marguerite, qui portera désormais son nom. L’année suivante, le peintre épouse Amélie Parayre, qui propose d’élever Marguerite comme sa propre enfant. Surnommée affectueusement « Margot », la petite fille nourrit un profond attachement pour sa mère adoptive et grandit aux côtés de ses frères Jean et Pierre. « Nous sommes comme les cinq doigts de la main », écrira-t-elle plus tard à propos de ce noyau familial très soudé. »

« Son enfance est marquée par la maladie : à l’âge de sept ans, suite à une diphtérie, elle subit une première trachéotomie, dont elle dissimulera longtemps la cicatrice sous des cols montants ou un ruban noir, attribut distinctif de ses portraits. Privée d’une scolarité normale en raison de sa santé fragile, elle devient une authentique « gosse d’atelier », témoin attentif du travail de Matisse. Les audaces chromatiques des tableaux de son père sont pour elle toutes naturelles : elle baigne quotidiennement dans cette intensité des couleurs qui fait scandale au Salon d’Automne de 1905, et qui prend le nom de « fauvisme ».

Collioure, 1906-1907
« À l’été 1906, Matisse, Amélie et leurs trois enfants s’installent à Collioure, modeste village de pêcheurs situé au bord de la Méditerranée. Le peintre réalise alors une première grande série d’oeuvres d’après Marguerite. Âgée de douze ans, la petite fille s’affirme comme modèle privilégié de son père, apparaissant sur tous types de supports. Ses longs cheveux ornés d’un ruban rouge se déclinent ainsi dans plusieurs tableaux et dessins, mais aussi en gravure, sculpture et céramique. »

« Au sein de cet ensemble foisonnant, une oeuvre se dégage et deviendra l’une des plus emblématiques de Matisse. Il s’agit de Marguerite lisant, que le peintre choisit d’exposer au Salon d’Automne dès le mois d’octobre 1906. La petite fille apparaît absorbée dans sa lecture, la tête appuyée sur le poing. Sa pose rappelle celle du tableau fauve réalisé quelques mois plus tôt à Paris, mais la facture de l’artiste a déjà évolué. La touche vive et fragmentée a laissé place à une approche plus calme, assagie. Une nouvelle force méditative se dégage de la toile, dont le cadrage serré accentue le sentiment d’intimité. »

Marguerite, modèle d’avant-garde
« Marguerite offre à son père un visage changeant, parfois rebelle. Très vite, la sage écolière aux yeux baissés se mue en fière adolescente au regard intense. Ces deux portraits marquent le passage de la petite à la jeune fille : les cheveux de Marguerite y sont désormais attachés, tandis que sa posture annonce une personnalité à la fois volontaire et retenue. »

« Une nouvelle approche se fait jour chez Matisse, marquée par une simplification des formes et des rapports de couleurs. Dans son portrait surtitré « Marguerite », la fille du peintre se détache sur un fond uni et abstrait, telle une icône. Ses pommettes rosies se retrouvent dans le magistral portrait de 1910 où elle pose avec un chat noir : la jeune fille plante son regard dans celui de son père, tandis que de vives teintes printanières rehaussent son visage éclatant. »

« Loin de se laisser passivement peindre ou dessiner, Marguerite tend à Matisse une sorte de miroir. L’artiste s’y reconnaît, tout comme il s’y heurte à une altérité irréductible et fascinante, scrutant le visage de sa fille avec la même exigence inquiète qu’il s’applique à lui-même. »

Portraits de guerre, 1914-1916
« À la fin de l’année 1912, Marguerite part pour la Corse avec son frère Pierre ; elle espère reprendre ses études auprès de sa tante Berthe Parayre, qui dirige l’école normale d’institutrices à Ajaccio. L’expérience s’avérera difficile : en avril 1914, Marguerite renonce à son ambition de passer le brevet et retourne vivre avec ses parents. Ces derniers résident alors entre l’atelier du quai Saint-Michel, à Paris, et la vaste maison bourgeoise qu’ils ont achetée à Issy-les-Moulineaux. »

« De nouveau présente quotidiennement auprès de son père, Marguerite pose pour une série de portraits qui culmine dans un tableau très géométrisé, dur et déroutant : Tête blanche et rose. En ces années sombres, marquées par le début de la Première Guerre mondiale, Matisse développe une nouvelle manière de peindre, radicale et sans concession. Marguerite le soutient dans cette aventure, prêtant son visage à de multiples expérimentations en peinture, dessin, gravure et sculpture. »

Mademoiselle Matisse, entre Nice et Paris, 1918-1919
« Début 1918, Matisse prolonge un séjour à Nice, trouvant un nouveau départ dans la lumière de la Méditerranée. Il vit alors dans une chambre d’hôtel, puis dans un petit appartement face à la mer. Marguerite lui rend visite quelques jours en février puis en avril. Elle pose là, sur le balcon, emmitouflée dans un spectaculaire manteau à carreaux noirs et blancs signé Paul Poiret. Les minces barreaux de la balustrade laissent apparaître un paysage réduit à l’essentiel, tandis que l’air et la lumière de la mer circulent librement autour d’elle. »

« De retour à Paris à l’automne, Matisse entreprend une autre série de portraits de sa fille, cette fois assise en intérieur devant un fond neutre. Une tonalité plus mélancolique imprègne ces tableaux aux couleurs sombres. Seule fantaisie, Marguerite arbore chaque fois un chapeau différent, qui témoigne de son intérêt pour la mode – elle tentera d’y faire carrière – comme de celui de son père pour le rendu des matières et des motifs décoratifs. »

« À l’été 1919, Marguerite pose pour une toile monumentale dans le jardin d’Issy-les-Moulineaux. Une page s’apprête à se tourner, alors qu’elle se voit, pour la première fois, doublée d’un autre modèle féminin. »

Étretat, 1920
« Au printemps 1920, Marguerite subit une ultime opération chirurgicale, qui la délivre enfin de son ruban noir. Son père l’emmène alors à Étretat, en Normandie, avec un double objectif. Pour elle, l’aider à reprendre des forces dans le climat tonique et iodé des bords de la Manche. Pour lui, travailler des motifs nouveaux, sous les cieux changeants déjà peints par Gustave Courbet et Claude Monet, entre autres. »

« Assise sur la plage, Marguerite apparaît comme une minuscule silhouette emmitouflée dans son manteau à carreaux noirs et blancs, protégée par une immense arcade rocheuse. Son visage s’affiche quant à lui dans des œuvres réalisées en intérieur, devant le papier peint à motifs de sa chambre d’hôtel. Encore convalescente, Marguerite semble souvent épuisée, les cheveux dénoués comme lorsqu’elle était enfant. Un tableau la représente endormie, les yeux clos et la gorge enfin libérée – une image délicate et précieuse qui témoigne d’une tendresse rarement exprimée par Matisse en peinture, et réservée à sa fille. Souvenirs de ce séjour normand passé en tête-à-tête, ces œuvres marquent également le retour à la vie de la jeune femme. »

Avec Henriette Darricarrère,
Nice, 1921-1922
« À l’automne 1920, Matisse s’installe à Nice, où il passera désormais la majeure partie de l’année. En janvier 1921, Marguerite le rejoint pour quelques mois à l’hôtel de la Méditerranée. Elle le retrouve à nouveau en septembre, cette fois dans l’appartement loué par le peintre place Charles-Félix. »

« Quelque chose a basculé : dans les tableaux de son père, Marguerite ne figure plus seule mais accompagnée d’Henriette Darricarrère, une jeune modèle professionnelle. Ces toiles ne sont plus à proprement parler des portraits : vu de plus loin, son visage y est à peine précisé, parfois même détourné. La jeune femme se trouve ramenée à un simple rôle de figurante. Débarrassée de son ruban, elle se reconnaît principalement à sa chevelure, plus claire que celle d’Henriette. Complices, les deux jeunes femmes apparaissent souvent déguisées, dans des décors riches en étoffes et en couleurs. »

« En 1923, Marguerite épouse l’écrivain et critique d’art Georges Duthuit. Elle disparaît des tableaux de son père et devient son agente à Paris, jouant un rôle primordial dans sa carrière. Confidente et critique exigeante de son travail, elle n’hésite pas à le bousculer : « Il me semble que papa a usé la lumière de Nice, écrit-elle. Je ne veux pas dire que je n’aime pas ces toiles – non – mais je crois qu’une certaine sorte d’émotion profonde se réalise plus facilement si on n’est pas noyé de lumière. »

Marguerite au travail
« Ancienne « gosse d’atelier », Marguerite, devenue adulte, s’essaie elle-même à la peinture. Celle qui a grandi dans la peinture de Matisse peint alors des natures mortes, des paysages ou encore des autoportraits saisissants d’intensité. »

« À plusieurs reprises, elle expose ses tableaux aux côtés de ceux de son père et autres contemporains. En 1926, tandis qu’elle participe à une « Exposition d’un groupe de femmes peintres françaises », un critique salue son oeuvre « aux directives fortes et personnelles qui lui permettent de supporter avec succès le plus lourd des héritages ».

« Mais Marguerite paraît manquer de confiance. Renonçant à la peinture, elle se passionne pour la couture, ambitionnant de travailler dans la mode. En 1935, elle présente une collection d’une vingtaine de modèles en Angleterre. Si les premiers retours sont encourageants, ses efforts en ce domaine resteront sans suite. »

« La gestion des affaires paternelles l’accapare. Redoutablement précise et exigeante, elle supervise le tirage des gravures et ouvrages illustrés de Matisse, et devient « l’oeil de son père », ayant seule sa confiance. Elle accroche des expositions Matisse à Berlin comme à Londres et, plus tard, aura la charge du catalogue raisonné de son oeuvre, tâche laissée inachevée. »

Le Visage du retour, 1945
« Après une interruption de vingt ans, Matisse dessine à nouveau le visage de sa fille, en 1945, quelques mois avant que ne s’achève la Seconde Guerre mondiale. Les circonstances sont dramatiques : âgée de cinquante ans, Marguerite vient de survivre à de terribles épreuves et d’échapper de justesse à la déportation en tant que prisonnière politique. »

« Engagée dans la Résistance au péril de sa vie, elle est devenue agent de liaison pour les Francs-tireurs et partisans (FTP) en janvier 1944, estimant qu’« on ne peut ni ne doit se désintéresser de l’époque dans laquelle on vit – de ceux qui souffrent, qui meurent ». Dénoncée, elle est arrêtée et torturée par la Gestapo, avant d’être incarcérée à Rennes, puis déportée en direction de l’Allemagne à la veille de la libération de la ville par les Alliés. Par miracle, elle est libérée à Belfort, avant le passage de la frontière, le 26 août. »

« Replié à Vence et gravement affaibli, Matisse ignorait tout des activités clandestines de sa fille. Après des mois de silence, père et fille se retrouvent finalement en janvier 1945. Bouleversé par son récit, Matisse dessine deux portraits de sa fille. Avec les lithographies réalisées quelques mois plus tard, c’est la toute dernière fois que Marguerite apparaît dans l’oeuvre de son père. »

Biographie de Marguerite Matisse

« 31 août 1894 Naissance à Paris de Marguerite, fille d’Henri Matisse (1869-1954) et de Caroline Joblaud (1873-1959). L’enfant est déclarée à l’état civil sous le nom de sa mère.

10 février 1897 Reconnaissance officielle de Marguerite par Matisse. Ses deux parents vivent alors séparément.

8 janvier 1898 Mariage de Matisse et Amélie Parayre (1872-1958) à Paris ; leur fils aîné Jean naît un an plus tard.

Automne 1899 Amélie propose d’accueillir et d’élever Marguerite comme sa propre enfant. En 1900 naît Pierre, fils cadet de Matisse et Amélie.

Juillet 1901 Marguerite tombe gravement malade de la diphtérie et doit subir une trachéotomie d’urgence. Son larynx endommagé la fera souffrir pendant de longues années, la rendant particulièrement vulnérable et compromettant sa scolarité. Elle dissimule la cicatrice sous des cols montants puis un ruban noir.

1906
La famille Matisse s’installe à Collioure pour l’été. Marguerite devient un modèle essentiel pour son père, posant pour de nombreux dessins et tableaux.

1909 La famille emménage dans une vaste maison à Issy-les-Moulineaux, où Matisse peindra Marguerite au chat noir.

1912 Marguerite part vivre auprès de sa tante Berthe Parayre, qui dirige l’école normale d’institutrices à Ajaccio. Elle espère préparer son brevet, mais l’expérience s’avérera difficile.

1915 De retour auprès de ses parents, Marguerite commence à peindre. Pendant la guerre, elle participe à des expositions collectives.

1918 Alors que Matisse prolonge son séjour à Nice, Marguerite lui rend visite et pose sur le balcon face à la mer.

Mai 1919 Elle est opérée de la trachée.

Été 1920 Après une seconde opération, Marguerite séjourne en tête à tête avec son père à Étretat. Pour la première fois, elle pose sans ruban.

1921
Marguerite rejoint son père à Nice et pose avec Henriette Darricarrère pour plusieurs tableaux.

10 décembre 1923 Marguerite épouse Georges Duthuit, écrivain et critique d’art. Elle disparaît des tableaux de son père et devient son agent à Paris, jouant le rôle d’intermédiaire avec les galeries et collectionneurs, tout en supervisant le tirage de ses gravures chez les imprimeurs.

1925 Marguerite expose au Salon d’automne et à l’« Exposition d’un groupe de femmes peintres françaises » organisée par la galerie Barbazanges.

1930 Marguerite s’occupe de l’accrochage des oeuvres de son père à la galerie Thannhauser à Berlin, et s’implique dans deux rétrospectives Matisse présentées en 1931, l’une à Paris, l’autre au MoMA à New York.

14 novembre 1931 Naissance de Claude Duthuit, fils de Marguerite et Georges.

1935 Suite à sa séparation avec Georges, Marguerite vit seule à Paris. Parallèlement à la gestion des affaires paternelles, elle tente de donner forme à ses projets de couture et conçoit une petite collection de vêtements qu’elle présente en Angleterre. Ses efforts en ce domaine seront sans suite.

Août 1940 Marguerite espère protéger son fils de la guerre en l’envoyant aux Etats-Unis – elle ne sait quand elle le reverra. Avant le départ, à Marseille, Matisse dessine sur le vif une série de portraits de son petit-fils.

Fin 1943 Marguerite commence à s’impliquer dans des actions de Résistance, devenant agent de liaison pour les Francs-tireurs et partisans (FTP).

13 avril 1944 Marguerite est arrêtée à Rennes par la Gestapo, torturée et incarcérée.

Août 1944 Déportée en direction de l’Allemagne avec d’autres prisonniers politiques, elle est libérée par miracle à Belfort, avant le passage de la frontière, le 26 août.

Janvier 1945 Marguerite retrouve son père à Vence. Bouleversé, Matisse dessine deux portraits de sa fille.

1946 Matisse confie à Marguerite et Georges Duthuit la réalisation du catalogue raisonné de son oeuvre.

3 novembre 1954 Décès de Matisse à Nice, en présence de Marguerite. Jusqu’à sa propre mort, celle-ci demeure quotidiennement au service du travail de son père.

1er avril 1982 Décès de Marguerite à Paris. »

Catalogue

Matisse et Marguerite. Le regard d’un pèr
e.
Éditions Paris Musées
248 pages. 240 illustrations
45 €

SOMMAIRE

Préface
Fabrice Hergott

Avant-propos
Isabelle Monod-Fontaine, Hélène de Talhouët, Charlotte Barat-Mabille

Souvenirs de Marguerite
Barbara Duthuit

ESSAIS

Le regard d’un père
Isabelle Monod-Fontaine

Une conversation ininterrompue
Hélène de Talhouët

« L’oeil de son père ». Marguerite et l’oeuvre imprimé de Matisse
Céline Chicha-Castex

OEUVRES
Notices de Charlotte Barat-Mabille (C. B.-M.), Isabelle Monod-Fontaine (I. M.-F.), Juliette Pozzo ( J. P.) et Hélène de Talhouët (H. D.T.)

CORRESPONDANCE ET ARCHIVES
Une correspondance intime et critique
Anne Théry

Choix de lettres entre Henri Matisse et Marguerite Duthuit-Matisse

Marguerite Matisse : « Les drames de mon père »
Entretien avec Gilbert Ganne

« Introduction »
Claude Duthuit

Repères chronologiques
Charlotte Barat-Mabille

Bibliographie sélective

PREFACE
FABRICE HERGOTT, Directeur du Musée d'Art Moderne de Paris

« Le musée d’Art moderne de Paris abrite l’un des plus importants chefs-d’oeuvre d’Henri Matisse, La Danse, dans une salle dédiée, au coeur du bâtiment. Pourtant, à part l’exposition de 1993, justement consacrée à cette décoration monumentale, c’est la première fois que le musée organise une exposition de cet artiste fondateur de la modernité et couvrant l’ensemble de sa vie et de son évolution. Matisse reste aujourd’hui un artiste majeur. Une référence toujours vivante dans l’art du XXe siècle dont le grand nombre d’expositions à travers le monde ne cesse de vivifier l’intérêt.
C’est donc un privilège pour le musée d’Art moderne que cette nouvelle exposition soit placée sous le signe de sa relation avec sa fille Marguerite. Elle était son premier enfant et l’accompagna sa vie durant. L’exposition permet d’aborder la richesse de l’oeuvre de Matisse, de la relire, et donc de rendre ce grand nom du XXe siècle plus intime et familier. Depuis les premières images de l’enfance jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Marguerite demeure le modèle de l’artiste le plus constant – le seul à avoir été présent dans son oeuvre au cours de plusieurs décennies. En étant tour à tour confidente, assistante, secrétaire, « fidèle gardienne du foyer », comme l’écrit Matisse à George Besson en 1918, elle est essentielle dans la constitution de l’univers matissien. C’est ainsi que, grâce à la confiance et à la proximité qui existent entre le père et la fille, certains de ses portraits figurent parmi les tableaux les plus audacieux et les plus importants, et constituent de véritables jalons dans son développement artistique.
L’angle de la relation entre Matisse et Marguerite permet une toute nouvelle approche de l’oeuvre matissienne en mettant en avant une évolution autour d’un des repères les plus stables de la vie du peintre.
L'exposition permet enfin de découvrir la vie et le destin d’une personnalité fascinante qui connaissait l’oeuvre de son père mieux que quiconque et la défendit avec une très grande exigence. Une qualité d’attention qui n’est pas étrangère au fait qu’elle s’engagea au risque de sa vie dans la Résistance. Ne pouvant accepter ce que l’occupation allemande faisait subir, Marguerite affronta l’arrestation, la torture et la déportation à laquelle elle n’échappa que par miracle.
L’exposition montre ainsi une très grande part des portraits peints, dessinés mais aussi sculptés. Nombre d’entre eux sont en mains privées ou dans des collections internationales rarement présentées en France.
Nos remerciements vont en tout premier lieu à Barbara Duthuit, belle-fille de Marguerite, sans laquelle cette exposition n’aurait pu voir le jour, et qui n’a cessé de la soutenir et de la nourrir avec précision et enthousiasme tout au long des années de sa préparation. Ils vont bien sûr à Isabelle Monod-Fontaine, l’une des meilleures spécialistes de l’oeuvre, qui a accepté que nous présentions ce projet d’exposition sur lequel elle travaillait depuis de nombreuses années, d’abord seule, puis avec le concours d’Hélène de Talhouët. Avec Charlotte Barat-Mabille pour le musée d’Art moderne, elles en ont toutes trois assuré le commissariat de manière passionnée et rigoureuse.
Nos remerciements vont encore aux Archives Henri Matisse, en particulier Georges Matisse et Anne Théry, qui ont généreusement épaulé le projet. Ils s’adressent enfin aux équipes du musée d’Art moderne et de Paris Musées.
Je remercie enfin tout particulièrement notre grand mécène, Forvis Mazars. Sans son généreux soutien, l’exposition n’aurait pu prétendre à l’ampleur qui lui est indispensable. »

AVANT-PROPOS
ISABELLE MONOD-FONTAINE, HÉLÈNE DE TALHOUËT, CHARLOTTE BARAT-MABILLE
« Quel visiteur s’intéressant à Henri Matisse n’a pas déjà rencontré, au hasard d’une exposition, les yeux graves d’une adolescente ou d’une très jeune femme, portant autour du cou un ruban noir ? Les portraits, très beaux, qui la nomment « Margot » ou « Marguerite », ou la désignent par une périphrase telle que « Jeune fille au chat », ne disent d’elle que le regard de l’immense peintre qu’est Matisse. Et pourtant, quelque chose passe d’une relation particulière avec ce modèle-là, qui retient et émeut durablement. Qui sait que Marguerite était la fille de Matisse, l’aînée de ses enfants, de santé fragile, née en 1894 d’une liaison passagère – l’artiste n’avait que vingt-quatre ans. Si certains de ses portraits sont visibles dans les musées du monde entier, elle-même est restée dans l’ombre, volontairement.
Quelques indices apparaissaient pourtant. Déjà dans Henri Matisse, roman, qui réunissait en 1971 toute une série de textes de Louis Aragon sur sa longue fréquentation de Matisse (l’homme et l’oeuvre), son intuition inspirait au poète quelques lignes poignantes sur Marguerite¹. Dans la monographie de Pierre Schneider (1984), le chapitre intitulé « Le privilège familial » insistait sur l’importance et le statut particulier des membres de sa famille dans le travail de l’artiste².
Puis dans les deux tomes de sa magistrale biographie, parus en français respectivement en 2001 et 2009³, Hilary Spurling rendait enfin pleine justice aux femmes  sur lesquelles s’était appuyé Matisse : trois femmes fortes, chacune à leur manière, trois piliers féminins dans sa vie, sur des temporalités différentes. Elle trace ainsi les portraits empathiques, documentés et attachants, de sa femme Amélie, de sa fille Marguerite et, plus tard, de son modèle Lydia Delectorskaya.
C’est à partir de ces travaux fondateurs, mais surtout à partir des tableaux eux-mêmes, de ces nombreux portraits vus, revus, admirés toujours plus, qu’est né le projet d’une exposition cadrée sur le seul visage de Marguerite. Pour remettre dans la lumière tout à la fois ce visage, qui fut un des principaux motifs de son père, et le rôle essentiel de sa fille auprès de lui, encore méconnu. Plus encore qu’Amélie, sa mère adoptive – séparée de Matisse en 1939 –, ou que Lydia Delectorskaya, qui n’a accompagné « que » les vingt dernières années du peintre, Marguerite a en effet toujours suivi au quotidien, dans l’atelier ou par leurs échanges, le travail de son père, assumant des fonctions multiples : modèle, secrétaire artistique, agent ou commissaire d’exposition. Après la mort de Matisse en 1954, et jusqu’à sa propre mort en 1982, elle a continué à défendre son oeuvre et à la faire connaître.
Nous avons choisi de rassembler les portraits essentiels, mais aussi les dessins, les esquisses, les gravures qui les préparent ou les entourent, pour donner à voir dans le détail cet étonnant face-à-face d’un père et d’une fille.
Quelque 110 œuvres, sur une durée longue, de l’enfance « fauve » de Marguerite (à Collioure, en 1906-1907) aux années niçoises (1918-1924), en passant par la période dite « de l’expérimentation radicale » (1910-1916) dans l’atelier d’Issy-les-Moulineaux. Et de compléter cet extraordinaire ensemble, en partie inédit, par une évocation de ses autres passions : Marguerite a tenté de peindre, s’est intéressée à la mode, et a envisagé de faire carrière dans chacun de ces deux domaines. Par ailleurs, sur un plan bien différent, elle s’est engagée dans la Résistance, en 1943-1944, au péril de sa vie.
Sans la confiance que nous ont toujours témoignée les membres de la famille Matisse, une telle exposition, fondée sur l’intime, n’aurait pu s’envisager. Mais aujourd’hui, c’est principalement à Barbara Duthuit, la belle-fille de Marguerite, que nous disons notre profonde reconnaissance : en autorisant un accès à la correspondance personnelle et inédite de Marguerite avec son père, à des centaines de lettres écrites au jour le jour qui témoignent de l’intensité d’une relation nouant étroitement le travail et la vie, elle nous a permis de préciser et d’étoffer les textes du catalogue 22 et d’appréhender autrement le père si attentif et l’homme sensible qu’était aussi l’artiste. Des archives photographiques, également inédites, contribuent à incarner les péripéties de la vie personnelle et familiale de Marguerite et de ses proches. Barbara Duthuit a accompagné tout au long notre travail avec une générosité et une empathie rares. Cette exposition, qui salue aussi la mémoire de Claude Duthuit, son mari, disparu en 2011, lui doit d’exister. Nos remerciements chaleureux s’adressent également à Marialin Austria, qui l’a secondée avec finesse et précision. Ils vont aussi en tout premier lieu aux Archives Henri Matisse, à Georges Matisse et à Anne Théry, qui n’ont cessé de nourrir et d’enrichir ce projet au cours de nos années de recherche. Ils vont enfin à tous ceux qui, à titres divers,
ont apporté leur concours à la préparation de cette exposition, en particulier aux nombreux prêteurs qui l’ont accueillie avec enthousiasme et sans lesquels elle n’aurait pu voir le jour. »

1 « […] cette petite fille-là, il l’aimait, Matisse, comme il n’a peut-être jamais aimé personne. Est-ce qu’elle l’a su ? Pas sûr », dans Louis Aragon, « De la ressemblance » (1968), dans Henri Matisse, roman (1971), Paris, Gallimard, « Quarto », 1998, p. 510.
2 Pierre Schneider, Matisse, Paris, Flammarion, 1984, p. 196.
3 Hilary Spurling, Matisse inconnu, 1869-1908, Paris, Seuil, 2001, et Matisse le maître, 1909-1954, Paris, Seuil, 2009



Du 4 avril au 24 août 2025
11, avenue du Président Wilson. 75116 Paris
Tél. 01 53 67 40 00
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu'à 21h30
Visuels :
Affiche
Henri Matisse
Marguerite au chat noir
Issy-les-Moulineaux, début 1910
Huile sur toile
94 x 64 cm
Paris, Centre Pompidou
Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle
Don de Madame Barbara Duthuit en mémoire de Claude Duthuit, 2013
Crédit : © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist.GrandPalaisRmn / Georges Meguerditchian

Henri Matisse
Marguerite
Collioure, hiver 1906-1907 ou printemps 1907
Huile sur toile
65,1 x 54 cm
Musée national Picasso-Paris
Donation Picasso, 1978
Collection personnelle Pablo Picasso
Crédit : Grand palais RMN (musée national Picasso-Paris) / René-Gabriel Ojeda

Henri Matisse
Le Thé
Issy-les-Moulineaux, été 1919
Huile sur toile
140,3 x 211,3 cm
Los Angeles County Museum of Art
Legs de David L. Loew en mémoire de son père, Marcus Loew
Crédit : Museum Associates / LACMA

Henri Matisse
Marguerite
Collioure, vers 1906-1907
Encre noire sur papier
35 x 26,5 cm
Collection particulière, Wayland, Massachusetts
Crédit : Christie's Images / BridgemanImages

Henri Matisse
Portrait de Marguerite
Issy-les-Moulineaux, 1918
Huile sur bois
46 x 37,8 cm
West Palm Beach, Floride, Norton Museum of Art
Don de Jean et Martin Goodman, de Palm Beach, Floride, 1986
Crédit : Norton Museum of Art

Henri Matisse
La Fête des fleurs
Nice, hôtel de la Méditerranée, 1922
Huile sur toile
65,7 x 93 cm
Baltimore Museum of Art
The Cone Collection, constituée par le Dr. Claribel Cone et Miss Etta Cone de Baltimore, Maryland

Henri Matisse
Amélie Matisse et Marguerite Matisse dans l’atelier de Collioure
1907
Photographie
Archives Henri Matisse
Crédit : Archives Henri Matisse

Henri Matisse
Intérieur à la fillette (La Lecture)
Paris, quai Saint-Michel, automne-hiver 1905-1906
Huile sur toile
72,7 x 59,7 cm
New York, The Museum of Modern Art
Don de Monsieur et Madame David Rockefeller, 1991
Crédit : Digital image, The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence

Henri Matisse
Marguerite lisant
Collioure, été 1906
Huile sur toile
64,5 x 80,3 cm
Musée de Grenoble
Legs Agutte-Sembat, 1923
Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix

Henri Matisse
Marguerite
Collioure, hiver 1906-1907 ou printemps 1907
Huile sur toile
65,1 x 54 cm
Musée national Picasso-Paris
Donation Picasso, 1978
Collection personnelle Pablo Picasso
Crédit : Grand palais RMN (musée national Picasso-Paris) / René-Gabriel Ojeda

Henri Matisse
Tête blanche et rose
Paris, quai Saint-Michel, été 1914 - début 1915
Huile sur toile
75 x 47 cm
Paris, Centre Pompidou
Musée national d’art moderne / Centre de création industrielle
Achat en 1976
Crédit : Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. GrandPalaisRmn / Philippe Migeat

Henri Matisse
Portrait de Mademoiselle Matisse
Nice, quai des États-Unis, printemps 1918
Huile sur toile
72 x 52,5 cm
Kurashiki, Ohara Art Foundation, Ohara Museum of Art
Crédit : Ohara Art Foundation, Kurashiki, Japon

Henri Matisse
Marguerite endormie
Étretat, été 1920
Huile sur toile
46 x 65,5 cm
Collection particulière
Crédit : Collection particulière / © Martin Parsekian

Henri Matisse
Le Paravent mauresque
Nice, place Charles-Félix, septembre 1921
Huile sur toile
91,9 x 74,3 cm
Philadelphia Museum of Art
Legs Lisa Norris Elkins, 1950
1950-92-9
Crédit photo : Philadelphia Museum of Art

Henriette Darricarrère
Séance de pose à Nice pour le tableau Conversation sous les oliviers (Marguerite et Henri Matisse)
1921
Photographie
Archives Henri Matisse
Crédit : Archives Henri Matisse

Henri Matisse
Marguerite
Vence, janvier 1945
Fusain sur papier
48 x 37 cm
Collection particulière
Crédit : Collection particulière / © Jean-Louis Losi

Henri Matisse
Margot
Collioure, été 1906
Huile sur toile
81 x 65 cm
Kunsthaus Zürich, 1925
© Kunsthaus Museum

Henri Matisse,
Tête de fillette (Marguerite)
Collioure, 1906
Bronze
16 x 17 x 15 cm
Paris, musée d’Orsay
Donation de Madame Jean Matisse à l’État français pour dépôt au musée Matisse, Nice, 1978
Crédit : Photo © François Fernandez

Henri Matisse
L'Attente
Nice, place Charles-Félix, septembre 1921
Huile sur toile
61 x 50 cm
Nagoya, Aichi Prefectural Museum of Art
Crédit : ©︎ Aichi Prefectural Museum of Art. All rights reserved

Auteur inconnu
Marguerite
vers 1915
Photographie
Archives Henri Matisse
Crédit : Archives Henri Matisse


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