vendredi 29 janvier 2021

« Un opéra pour un empire » de Patrick Cabouat


Arte diffusera le 30 janvier 2021 « Un opéra pour un empire » (Des Kaisers neue Oper) de Patrick Cabouat. « Le récit foisonnant de la construction de l’opéra Garnier, œuvre d’art total édifiée par le brillant architecte qui lui donna son nom, au cours d’un tumultueux chantier de quinze ans ».

Bertolt Brecht (1898-1956) 
Saleem Ashkar
Saleem Ashkar
Daniel Barenboim  
« Requiem pour la vie », de Doug Schulz
« Le Maestro. Pour que vive la musique des camps » de Alexandre Valenti 

La salle de la rue Le Peletier fut l'opéra de Paris de 1821 à 1873. Là, étaient présentés de grands opéras. 
« Paris, 1858. Après avoir échappé à un attentat devant l'opéra Le Peletier, Napoléon III décide de doter sa capitale d’un écrin plus sûr et plus prestigieux ». Voulant donner l'image d'un pays riche, il donne au préfet Haussmann, qui s'entoure d'architectes et de jardiniers, l'ordre de moderniser et assainir la capitale qui va être dotée de squares, d'un système d'égouts, d'équipements modernes, d'éclairage au gaz, et d'un mobilier urbain identique partout. De grands magasins et de grandes gares apparaissent. Autour de la gare Saint-Lazare, se bâtit un quartier d'affaires, d'habitations et de loisirs.

Sont présentés 171 projets lors d'un concours mené de manière objective. 
Issu d'un milieu modeste, ayant consacré ses années de jeunesse à voyager, marié en 1858, Garnier illustre une réussite sociale. « Contre toute attente, un jeune inconnu, l’architecte Charles Garnier, remporte le concours, damant le pion à des sommités comme Eugène Viollet-le-Duc. Ce lauréat du prix de Rome n’a pas construit grand-chose hormis un immeuble de rapport. Mais il est doué et sait s’entourer. Il recrute ses ex-camarades des Beaux-Arts et de la Villa Médicis ».  Et, avec autorité, forme ainsi son agence d'architectes, en y adjoignant des peintres. 

« Sous sa houlette, ils édifieront un bâtiment qui va révolutionner la conception de l’opéra. Charles Garnier envisage son théâtre comme une œuvre d’art total, convoquant peinture, sculpture et science des volumes.
 Contrastes des ors et des ombres, cascades d’ornements, ordonnancement des salles, palette solaire des couleurs : tout est fait pour plonger d’emblée le public dans une atmosphère féerique ». Tout, et notamment le grand escalier en marbre coloré et onyx, concourt à une mise en scène sociale et festive. Velours et mosaïque suscitent tous les sens. Spécificité : l'avant-foyer. Le Foyer de la danse devient un lieu de "séduction" entre danseuses et riches spectateurs.

« Novateur, l’architecte étaie ce gigantesque théâtre d’une armature de métal, matériau à l’époque peu utilisé. 
Il ménage des espaces de première classe aux abonnés et à l’empereur, qui se voit doté aussi d’un accès sécurisé ». Garnier lutte aussi contre la déprime nourrie par les difficultés surgies dès les débuts du chantier. Première difficulté surmontée : assainir le sous-sol. Solution pour renforcer les fondations : une cuve en sous-sol qui va alimenter l'imagination de Gaston Leroux. Une métaphore pour l'inconscient de l'homme, et pour ce que veut cacher une société.

Pendant dix ans, un photographe documente l'évolution du chantier. « Entravé par une série d’obstacles, ce chantier pharaonique va durer quinze ans, entre escarmouches avec le baron Haussmann, sous-sol gorgé d’eau, naufrage du
Second Empire et attaques du camp républicain qui juge l’opération dispendieuse ». La pierre de taille habille une infrastructure métallique qui couvre des grands espaces et évite la multiplication de murs. Pour Garnier, "le fer est un moyen, et non un principe".

"En 1863, Charles Garnier, l'architecte du nouvel Opéra de Paris, commanda quatre groupes sculptés à quatre artistes titulaires du Prix de Rome pour décorer la façade du bâtiment. Carpeaux devait traiter le thème de la danse. Trois ans durant, il multiplia esquisses et maquettes, avant de concevoir cette farandole tournoyante de femmes encerclant le génie de la danse. La préoccupation essentielle du sculpteur était de rendre la sensation du mouvement, ce à quoi il parvient par une double dynamique, verticale et circulaire. Le génie bondissant domine l'ensemble, entraînant la ronde des bacchantes, en déséquilibre. Le public fut choqué par le réalisme des nus féminins, jugés inconvenants : une bouteille d'encre fut même jetée contre le groupe sculpté, dont l'enlèvement fut demandé. Mais la guerre de 1870, puis la mort de Carpeaux, mirent fin à la polémique".

« Après deux interruptions dues à la guerre de 1870 et à la Commune, la IIIe République décide de reprendre les travaux, afin de doter Paris d’un opéra et de se parer du faste impérial. » 

Créé en 1835, l'opéra en cinq actes "La Juive" de Fromental Halévy sur un livret d'Eugène Scribe connait un succès constant au XIXe siècle. "Des centaines de représentations de cette œuvre adorée par Wagner et Mahler ont eu lieu à Londres, à Paris et à Vienne". Le 8 janvier 1875, "La Juive" est l'oeuvre choisie pour les premières représentations publiques de l'opéra Garnier. 
Un « grand opéra à la française », caractérisé par une intrigue inspirée d'un fait historique tragique, une distribution prestigieuse, un orchestre remarquable, des décors luxueux, des effets de scène impressionnants, et un troisième acte qui s'ouvra souvent pas un numéro de ballet afin de permettre aux abonnés les plus huppés, occupés par leurs affaires, d'arriver en retard. 
« Ce
documentaire foisonnant nous happe dans un tourbillon d’images, d’airs lyriques et d’anecdotes. Soignant les reconstitutions et le choix des intervenants (historiens, architecte, conservateurs de musées), il entremêle la biographie de Charles Garnier, visionnaire fragile mais tenace, happé par un chantier dont l’esthétique méditerranéenne s’oppose à l’épure haussmannienne, et l’histoire de l’urbanisme parisien et du Second Empire ». 

« Il dévoile aussi la psyché tourmentée de cet écrin bourgeois peuplé de démons refoulés, à l’image de l’encombrant fantôme imaginé par Gaston Leroux. »


14 janvier 1858 Attentat sur l’empereur Napoléon III devant l’opéra Le Pelletier.
29 septembre 1860 › L’empereur ordonne la construction d’un nouvel opéra. Un concours est lancé. 
6 juin 1861 › Charles Garnier gagne le concours, il s’entoure d’artistes et d’architectes pour la construction de l’opéra. 
Eté 1861 › Garnier fait le tour d’Europe pour étudier les salles d’opéra. 
Automne 1861 › Début des premiers terrassements. Mais les travaux sont rapidement interrompus pendant huit mois pour assainir le sous-sol gorgé d’eau. 
21 juillet 1862 › Le comte Walewski, le ministre d’État en charge des Beaux-Arts, procède à la pose de la première pierre. 
Été 1864 › Le bâtiment commence à sortir de terre. 
15 août 1867 › À l’occasion de l’exposition universelle, Napoléon III inaugure, le jour de la Saint-Napoléon, la façade de l’Opéra. Les retours sont dithyrambiques, mais l’œuvre est loin d’être achevée. 
19 juillet 1870 › Napoléon III déclare la guerre à la Prusse, mais l’affrontement tourne au désastre. 
2 septembre 1870 › Après la défaite française lors de la Bataille de Sedan, l’empereur est fait prisonnier par l’armée prussienne. 
4 septembre 1870 › Proclamation de la IIIe République. Garnier est contraint de fermer le chantier de l’opéra. 
À partir de 1872 › Il s’installe la moitié de l’année à Bordighera, un petit village de la côte italienne, près de la frontière française. 
9 janvier 1873 › Décès de Napoléon III en exil en Angleterre. Charles Garnier commence à écrire ses mémoires sous le titre Le nouvel opéra
La nuit du 28 au 29 octobre 1873 › La salle de la rue Le Peletier est entièrement détruite par un incendie. La IIIe République décide de reprendre les travaux de l’opéra Garnier. Charles Garnier revient à Paris et réembauche ses équipes d’artistes et d’ouvriers. 
30 décembre 1874 › L’architecte remet les clefs de l’opéra à son directeur Henri Halanzier. 
5 janvier 1875 › L’inauguration de l’opéra par le Président de la République, le général Mac Mahon. Associé au régime de Napoléon III, Charles Garnier ne fait pas partie des invités. Il a dû payer sa loge 120 francs. "La République a repris l'apparat du Second Empire".
"L'Opéra devient l'épicentre du quartier d'affaires".

"Impulsée par Napoléon III, la construction de l'opéra Garnier a nécessité quinze années de labeur. Entretien avec Xavier Mauduit *, historien et chroniqueur de l'émission 28 minutes, qui intervient dans un documentaire consacré à ce chantier hors norme. Propos recueillis par Guillemette Hervé".
Cette édification, avec ses multiples rebondissements, doit ravir l'historien enthousiaste que vous êtes...
Xavier Mauduit : Je regarde le palais Garnier en tant qu’historien, mais ce fut d’abord un lieu de fête assez magique, qui me sidère toujours. Le plaisir d’étudier cette aventure, dont le personnage principal est un bâtiment, reste intact. Sa construction a été très observée, car l’opéra représente alors un enjeu majeur pour de nombreux Français. Qui plus est, en 1860, il s’inscrit dans l’histoire particulière de la transformation de Paris. On peine à le concevoir mais, avant le Second Empire, Paris était encore une ville du Moyen Âge !

Quel objectif Napoléon III poursuit-il lorsqu’il imagine ce nouveau monument parisien ?
L’opéra constitue le point d’orgue des travaux haussmanniens. Durant la période de croissance économique qui caractérise le Second Empire, la volonté politique de faire de Paris une capitale rayonnante s’affirme. Construire un opéra aussi somptueux revient à montrer à tous que le pouvoir impérial est serein. Quant à la décision de confier ce projet si prestigieux à Charles Garnier, quelle audace ! D’ailleurs, l’histoire de la construction de l’opéra est aussi celle de la rivalité entre deux hommes, Garnier et Haussmann : le préfet de la Seine oblige le jeune architecte à contourner de nombreuses embûches.

Le choix de ce jeune architecte, méconnu et d’origine modeste, peut effectivement étonner...
Il reflète la volonté de mettre en avant les plus méritants : une politique d’ascension sociale voulue par le Second Empire, à condition d’être bien vu du régime. Le projet de Garnier est d’ailleurs choisi à l’unanimité à l’issue d’un concours, notamment parce qu’il fait la part belle à la sécurité de l’empereur, déjà visé par un attentat en 1858, alors qu’il se rendait justement à l’opéra, celui de la rue Le Peletier.

L’opéra est alors un lieu de sociabilité important. Garnier l’a-t-il conçu ainsi ?
Il érige un monument qui correspond aux attentes de l’empereur et des élites. L’opéra s’apparente à une réduction idéalisée de la bonne société du XIXe siècle, un lieu associé au pouvoir où il faut absolument se montrer. Le spectacle est sur scène, mais aussi et surtout dans la salle qui, à l’époque, demeure éclairée pendant la représentation. Les foyers et les loges constituent autant de lieux de rencontre pour discuter ou exhiber ses tenues. Dans le grand escalier d’honneur, les balcons suspendus offrent un point de vue idéal sur les spectateurs qui se dirigent vers la salle. Ce faste perdure sous la IIIe République, qui achève la construction de ce joyau architectural."

* Xavier Mauduit est l'auteur du livre De Mathusalem à Mao Zedong – Quelle histoire ! (2018, ARTE Éditions/Tallandier), disponible sur ARTE Boutique


« Un opéra pour un empire » de Patrick Cabouat
France, Fulldawafilms, 2020, 90 min
Bel Air Media : François Duplat
ARTE France
L'Opéra de Paris
FullDawa Production : Boris Mendza et Gaël Cabouat
Sur Arte le 30 janvier 2021 à 20 h 50
Disponible du 23/01/2021 au 30/03/2021
Visuels :
Grand foyer, Opéra Garnier
Rotonde des abonnés, Opéra Garnier
Grand escalier, Opéra Garnier
Bassin de la Pythie, Opéra Garnier
© Jean-Pierre Delagarde - OnP

Opéra Garnier
© Patrick Tourneboeuf - Tendance Floue - OnP

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Les citations sur les émissions proviennent  d'Arte. 

Les noix


Fruit à coque, la noix offre de multiples usages : gastronomie, peinture, etc. Elle est l'un des fruits consommés lors du Seder de Tou Bichvat (« nouvel an des arbres »)Arte diffusa le numéro de Xenius intitulé Les noix, noisettes et autres fruits à coque sont-ils diététiques ? (Nüsse: Wie gesund sind sie wirklich?) et « Les noix, le trésor du Kirghizstan » (Kirgisisches Gold. Reichtum aus dem Wald), par Carolin Reiter (2015). 

« Le savant, l'imposteur et Staline. Comment nourrir le peuple » par Gulya Mirzoeva
« OGM - Mensonges et vérités » de Frédéric Castaignède 
« Starbucks sans filtre » par Luc Hermann et Gilles Bovon
« Une femme d'exception. Le royaume d’Anna » par Beate Thalberg

« Une noix
Qu'y a-t-il à l'intérieur d'une noix ?
Qu'est-ce qu'on y voit ? », chantait Charles Trénet.

La noix est le noyau sec de la drupe, fruit du noyer aux feuilles riches en tanin. A l'intérieur de la coque : le cerneau, noyau comestible.

Judaïsme
Il n'existe qu'une seule mention de la noix dans la Bible : « Vers le verger des noyers je suis descendue. » (Cantique des Cantiques VI : 11). La noix « évoque la boîte crânienne, la coque de la noix protégeant un fruit ressemblant au cerveau (cerneau). La noix Egoz a pour valeur numérique 17 qui est égale au mot tov, « bon » en hébreu. Composées de quatre parties, les kabbalistes y décèlent les quatre lettres du nom divin ou Tétragramme, (Zohar II 15 B) ».

Indiqué dans le Talmud, Tou Bichvat, qui signifie «15 (du mois) de chévat », est qualifié de Nouvel An des arbres (Roch Hachana lailanot). Il correspond au moment de la montée de la sève dans l'arbre, avant le printemps »… Tou Bichvat « rappelle aussi le lien indéfectible » du peuple juif « avec la terre d'Israël, lieu de son épanouissement spirituel et terre des promesses divines ». Lors de cette fête, les Juifs mangent toutes sortes de fruits – olives, dattes, raisins, figue, raisins, grenades, pomme, noix, amande, poire - et plantent « des arbres, en récitant des louanges à l’Eternel ».

"Trésor nutritif"
Gastronomie - huile de noix riche en acides gras oméga 3, vin, confiture et gâteaux de noix, plats salés -, menuiserie ou ébénisterie, cosmétiques, peinture - teinture au brou de noix -, santé - fibres, vitamines E, oligo-éléments, magnésium, potassium, protéines, acides gras mono- et polysaturés -... Riche en Oméga 3, la noix offre de multiples usages bénéfiques : réduction du taux de cholestérol, effet positif sur la tension artérielle, sensation de satiété.

Importée du Proche-Orient en Europe par les Romains qui voulaient la cultiver en France, la noix s'est particulièrement bien acclimatée dans deux grandes régions de nuciculture : celle de Grenoble et la Dordogne.

En France, dans leurs noyeraies, les nuciculteurs du Périgord et de Grenoble cultivent des noix AOC (Appellation d'origine contrôlée), notamment la franquette. Pour atténuer l'amertume des noix fraîches, Nicolas Idelon, nuciculteur, conseille de leur ôter la peau. Après avoir été cueillies, les noix sont lavées, séchées pendant 72 heures. Les noix de Grenoble doivent avoir entre 8 et 12% d'humidité. Ce qui permet de les conserver un an.

La moitié de la production de noix françaises (38 000 tonnes/an) est exporté vers l'Allemagne qui n'en produit que 300 tonnes.

La Chine, les Etats-Unis, l'Iran et la Turquie produisent diverses variétés de noix.

"Que trouve-t-on à l'intérieur d'une noix ? Comment la cultiver et la récolter dans les meilleures conditions ? "Xenius" se penche également sur les autres fruits à coque : quels sont leurs bienfaits et les risques liés à leur consommation ? Que trouve-t-on à l'intérieur d'une noix ? Dörthe Eickelberg et Pierre Girard explorent le Grenoblois, terroir séculaire de la fameuse noix de Grenoble, où ils s'initient au séchage et au stockage des noix". Présenté par Dörthe Eickelberg et Pierre Girard, Xenius étudiera la noix, les noisettes et les autres fruits à coques. "Ceux-ci sont sujets à moisissures. Il faut donc bien les contrôler", observe Arne Sierts-Herrmann, de l'Office allemand de protection des consommateurs, qui alerte sur les dangers de l'aflatoxine. Des quotas de contrôle, variant selon le type de produits, ont été fixés par l'Union européenne.

Kirghizistan 
« Depuis des millénaires, le sud du Kirghizistan recèle un trésor précieux : les noix. Voyage au sein d'une région à la longue histoire, mais aux traditions en sursis ».

« Selon la légende, Alexandre le Grand aurait rapporté la noix jusqu’en Grèce, après l’avoir découverte au Kirghizistan lors de l’une de ses campagnes d'Asie centrale ». 

La « plus grande et la plus ancienne forêt de noyers au monde se trouve encore aujourd'hui dans les montagnes du sud du pays ». Les nomades peuplent une grande partie du Kirghizstan, pays généralement montagneux

Ses « arbres centenaires – certains ont plus de 400 ans – s’étendent sur une vaste région de la taille de la Seine-et-Marne ».

Les « fruits récoltés, ainsi que le précieux bois de noyer, font partie des plus importantes ressources du pays, prisées bien au-delà des frontières nationales ». 

« Si cette production assure le revenu de la majorité de la population, très rurale, les arbres sont menacés par la déforestation illégale ». 

« En s'immisçant dans le quotidien d’une famille du village d’Arslanbob, l'on découvre une région à l’histoire et à la culture fascinantes, dont le mode de vie traditionnel se révèle être en sursis ». Pommes de terre, maïs, noix... Les paysans espèrent en une bonne récolte pour survivre dans ce village où les familles nombreuses, issues des mariages d'un Kirghiz, sont fréquentes. Une partie des fruits est vendue au marché, et l'autre partie est conservée en conserves pour l'hiver. Les hommes ne cuisinent que lors de circonstances exceptionnelles.

La "récolte des noix dure deux mois". "Les familles emménagent provisoirement dans les forêts en emmenant leurs bêtes et leurs enfants qui participent à la récolte". En broutant les jeunes pousses, les bestiaux empêchent la forêt de se renouveler. Il faut trois ans avant qu'un jeune noyer puisse être transplanté. En septembre, les noix sont généralement mûres, sauf intempéries tel le gel. Tous les paysans doivent respecter la date fixée pour le début de la récolte, soit le 1er octobre. Pour la fête du sacrifice, les cueilleurs musulmans  de noix sauvages ont égorgé un mouton avant de débuter le travail. Ils ont prié pour une bonne récolte, que nul ne se blesse, etc. Ces rites renforcent les liens communautaires. Il faut secouer les branches pour faire tomber les fruits. Les noyers peuvent atteindre trente mètres de haut. Enfants et adultes escaladent les noyers. Certains sont tombés et sont demeurés handicapés. Jusqu'à dix kilos de noix récoltés par demi-heure.

"Décortiquées, les noix se vendent jusqu'à trois fois plus au marché", surtout si les cerneaux sont parfaits, non endommagés lors de la casse. Jusqu'à 3 000 tonnes de noix sont récoltées chaque année et vendues en Asie centrale. Les spéculateurs stockent les noix, pour revendre quand les prix sont élevés. Comme les coques des noix, le bois du noyer sert au chauffage.


Les noix, noisettes et autres fruits à coque sont-ils diététiques ?
Allemagne, WDR, 2016, 27 min
Sur Arte le 6 février à 17 h 20 

« Les noix, le trésor du Kirghizstan », par Carolin Reiter
2015, 45 min
Sur Arte les 9 novembre à 15 h 40 et 19 novembre 2016 à 12 h 40

Visuel : DR

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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 9 novembre 2016, puis le 8 février 2017.

jeudi 28 janvier 2021

« Le plan Marshall a sauvé l'Amérique » de Bernard George

Le plan Marshall, ou « Programme de rétablissement européen » (European Recovery Program, ou ERP), était un programme américain de prêts accordés, durant la Guerre froide, à des États européens afin de les aider à reconstruire des villes en partie détruites par les bombardements alliés durant la Deuxième Guerre mondiale. Arte diffusera le 29 janvier 2021, dans le cadre de la série « Les coulisses de l’histoire » (Geschehen, neu gesehen. - "Wahre Geschichte"), « Le plan Marshall a sauvé l'Amérique » (Marshallplan. Die USA retten sich selbst) de Bernard George.


« L'Histoire n'est pas une science exacte. Dans cette collection unique, un nouveau regard sur les grands événements du XXe siècle. »

« Avec le temps, les travaux des chercheurs révèlent une réalité souvent plus nuancée que les idées communément admises. De l’imposture militaire d’Hitler aux lourdes contreparties du plan Marshall, des motifs oubliés de la capitulation japonaise, au lendemain des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki, au mythe erroné d’un Mao Zedong artisan de la modernisation de la Chine, cette  passionnante collection documentaire se penche sur de grands personnages et des événements charnières de l’histoire du XXe siècle. Elle en propose une lecture revue et corrigée, portée par un récit limpide tissé de saisissantes archives. »

« De son regard d'historien neutre et distancié, Olivier Wieviorka revient sur quatre grands épisodes historiques pour en rétablir toute la complexité. » 

« De la dénazification de l’Allemagne à la neutralité orientée de la Suisse, de la décolonisation britannique au débarquement du 6 juin 1944, de Jean-Paul II à Ronald Reagan, cette nouvelle série des « Coulisses de l'histoire », passionnante collection documentaire, propose des sujets inédits, se penche sur de grands personnages et des événements charnières de l’histoire du XXe siècle pour en proposer une lecture revue et corrigée»

« Porté par un récit limpide tissé de saisissantes archives, un nouveau regard sur notre passé récent. »

« Le plan Marshall a sauvé l'Amérique »

Arte diffusera le 29 janvier 2021, dans le cadre de la série « Les coulisses de l’histoire » (Geschehen, neu gesehen. - "Wahre Geschichte"), « Le plan Marshall a sauvé l'Amérique » (Marshallplan. Die USA retten sich selbst) de Bernard George.

« Loin d'être une entreprise philanthropique, le plan Marshall a magistralement servi les intérêts politiques et économiques des États-Unis... » 

« Cette passionnante collection documentaire nuance certaines idées ancrées dans la mémoire collective, en les restituant dans toute leur complexité. 

« Généralement perçu comme un acte de générosité pour sauver une Europe dévastée par la Seconde Guerre mondiale, le plan Marshall a magistralement servi les intérêts politiques et économiques des États-Unis ». 

« Le 12 mars 1947, le président Harry S. Truman sonne  l’alerte : le communisme menace, il se propage comme une épidémie, il faut endiguer le fléau, préserver le monde libre de la contamination… Dans la nouvelle guerre qui s’annonce, tous les moyens sont bons pour contrer l’ennemi même les plus inattendus. Il présente au Congrès sa doctrine d’endiguement du communisme ». 

« Moins de trois mois plus tard, le secrétaire d’État George Marshall dévoile à Harvard les grandes lignes de son plan d’aide, qui répond au double objectif d'enrayer la misère sur laquelle prospère l’idéologie ennemie et d’ouvrir un vaste marché pour la florissante production états-unienne ».

Le général George Marshall avait exprimé, durant un discours à l'université Harvard le 5 juin 1947, le souhait de l’administration Truman de contribuer au rétablissement de l'Europe. Il a déclaré :

« Il est logique que les États-Unis fassent tout pour aider à rétablir la santé économique du monde, sans laquelle il ne peut y avoir aucune stabilité politique et aucune paix assurée. »

Lors de la conférence de Paris sont fixées les modalités du plan qui est finalement signé par 16 pays, dont la France, le 20 septembre 1947.

Le 3 avril 1948l le Président Truman signe l'acte octroyant à des Etats européens 6 milliards de dollars, soit 1800 milliards de francs 1948.

Le plan Marshall, ou « Programme de rétablissement européen » (European Recovery Program, ou ERP), était un programme américain de prêts accordés à des États européens afin de les aider à reconstruire des villes en partie détruites par les bombardements alliés durant la Deuxième Guerre mondiale. 

« Sous la pression de Staline, les pays inféodés à Moscou refusent les dollars américains, dessinant ainsi la frontière entre bloc de l’Est et bloc de l’Ouest ». 

Les Etats bénéficiaires de ces prêts - 16,5 milliards de dollars (environ 173 milliards de dollars en 2020) - devaient importer pour un montant équivalent d'équipements et de produits américains.

L’administration américaine du Président démocrate Truman privilégia le Plan Marshall au plan Morgenthau qui souhaitait que l'Allemagne payât, comme après la Première Guerre mondiale, des réparations. 

« Le Plan Marshall a ainsi sauvé́ l’Europe de la misère et du chaos légués par la Seconde Guerre mondiale et a contribué au redressement matériel et moral du vieux continent, mais à quel prix ? »

« Dans les États bénéficiaires – dont la future République fédérale d’Allemagne –, les populations retrouvent foi en l’avenir et les industries se relèvent, tandis qu’une redoutable machine de contrôle et de propagande se met en place pour imposer la mondialisation économique et l’American way of life au rang de modèles universels ».

« Avec le temps, les travaux des chercheurs révèlent une réalité souvent plus nuancée que les idées communément admises ».

"Le XXe siècle révisé"

"Avec six nouveaux volets, la collection documentaire Les coulisses de l'histoire continue à questionner les mythologies de notre mémoire collective. Entretien avec son directeur éditorial, l’historien Olivier Wieviorka. Propos recueillis par Raphaël Badache".  

Quel objectif poursuivez-vous avec ces six nouveaux épisodes ? 

Olivier Wieviorka : Il s'agit de continuer à revisiter le XXe siècle en questionnant les idées reçues et les omissions. Par exemple, l'un des documentaires est consacré à Jean-Paul II, que l'on présente comme un ami des libertés. Oui, le pape a incontestablement œuvré pour l'affranchissement des pays de l'Est. Mais l'on connaît moins son inertie face aux dictatures en Amérique latine.  

Avez-vous déniché des archives inédites ? 

Très souvent, et certaines s’avèrent saisissantes, notamment dans l’épisode sur la décolonisation britannique. L'idée communément admise est que si la France a mal décolonisé, le Royaume-Uni, qui n'a connu ni la guerre d'Algérie ni celle d'Indochine, s'en est bien mieux sorti. La réalité se révèle autrement plus complexe. On le découvre à travers l’entreprise de répression des Mau Mau au Kenya ou la folie militariste à Aden, au Yémen, dont nous montrons des images absolument incroyables. 

Le premier volet est consacré à la dénazification. Pourquoi ? 

Nous avons dans l’idée que l’Allemagne a affronté courageusement son passé après 1945. Or le ménage n'a pas été fait. Ni à l'Est, où le parti communiste a accueilli nombre d'anciens nazis, malgré de grands procès ; ni à l'Ouest, où les anciennes élites du IIIe Reich ont composé jusqu'à 77 % des personnels des ministères de la Défense et de l'Économie. En réalité, la dénazification ne pouvait être qu'extrêmement compliquée à mener car le nazisme avait intoxiqué toute une génération – celle, pour aller vite, née au début des années 1920. Il aurait fallu une purge d'une ampleur inimaginable.  

Est-ce que le procès de Nuremberg, finalement, n'a pas été un moyen d'expédier le processus ?

La volonté de créer une justice internationale a été réelle. Mais il est clair également que ce procès a permis aux Allemands ordinaires d'éviter leur examen de conscience. Juger les figures du nazisme, châtier les responsables les plus éminents, c'est aussi une manière d'exonérer les masses, les suiveurs, les subalternes. C’est la génération de leurs enfants, sur fond de 1968, qui est parvenue à faire bouger les lignes, en questionnant les actes de ses aînés.    

Le deuxième documentaire nous plonge dans la Suisse de la Seconde Guerre mondiale. Quel en est le fil directeur ? 

Nous avons souhaité poser la question de la neutralité dans une telle période. La Suisse, officiellement neutre, a en fait favorisé les puissances de l'Axe. En continuant à commercer avec le IIIe Reich, en menant d'importantes opérations financières et bancaires à son profit, elle a soutenu l'effort de guerre allemand. Parallèlement, le pays a joué un rôle majeur dans l'aide humanitaire, notamment pour les prisonniers de guerre, à travers le comité international de la Croix-Rouge. Son président, le Suisse Max Huber, incarnait toute cette ambivalence : il était également un industriel de l'armement.  

On découvre des images ahurissantes d'une Suisse où la vie semble douce… 

Non seulement la Suisse a su tirer profit économiquement de sa neutralité, mais elle a traversé cette guerre tel un paradis au cœur d'une Europe dévastée, comme le montrent des archives du 1er janvier 1942, où les ambassadeurs du monde entier se retrouvent à Berne, ou celles d'un match de football opposant l'équipe helvète à celle d’Allemagne."


« Le plan Marshall a sauvé l'Amérique » de Bernard George 

France, Cinétévé, 2017, 53 min

Sur Arte le 29 janvier 2021 à 11 h 10

Disponible du 01/01/2021 au 05/05/2021

Visuels

© Ateliers des archives
© Périscope

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