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dimanche 6 août 2023

« Majorque, années 1930 - La fin d'un refuge » de Christian Buckard et Daniel Guthmann

Arte diffusera le 9 août 2023 à 00 h 15 « Majorque, années 1930 - La fin d'un refuge » (Mallorca -  Tod im Paradiesde Christian Buckard et Daniel Guthmann. « L'histoire troublée de Majorque, terre d'exil éphémère à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Portrait croisé d'Allemands, pacifistes ou opposants au régime nazi, partis au début des années 1930 trouver refuge sur l'île de Majorque et qui furent pourchassés en 1936 par les franquistes. »


Située dans la mer Méditerranéenne au large de Valence, Majorque est l'île la plus grande des îles Baléares (Espagne). 

Entre 873 000 et 923 610 habitants vivent à Majorque, dont près de la moitié dans sa capitale, Palma

"La présence juive dans l’île de Majorque remonte aux premiers siècles du Moyen Âge. Considérés comme un atout pour faciliter la transition après la Reconquête, les juifs se voient garantir des privilèges par le pouvoir royal. Une première inflexion de leur sort se produit lorsque l’Église accentue ses pressions pour convertir cette minorité religieuse. Entre le XVe et le XVIIe siècles, alors même qu’il n’existe plus de juifs à Majorque, leurs descendants convertis sont stigmatisés en tant que Xuetes."

Le terme Chuetas (en catalan xuetes ou xuetons « petits juifs ») désigne de manière péjorative, dédaigneuse, voire insultante, les descendants à Valence et à Majorque des Juifs convertis au christianisme, ou "nouveaux chrétiens". Soupçonnés de crypto-judaïsme, certains d'entre eux ont été persécutés par l'Inquisition à la fin du XVIIe siècle."

"Pratiquant l'endogamie, ils ont été marginalisés, ostracisés - vivant dans le Call Jueu (juiverie) - jusque vers 1950". 

"De 18 000 à 20 000 Majorquins portent un de leurs noms patronymiques." 

"Environ 300 familles de Chuetas, soit 2 000 personnes, vivent à Majorque". 

Les îles Baléares sont "déjà une destination touristique prisée, particulièrement des Anglais, des Américains, des Français. Le voyage est long, mais largement récompensé par la beauté des paysages et la douceur du climat méditerranéen". 

Les îles proposent des hôtels modernes, et les plages sont très fréquentées.

Palma est une capitale "dynamique et florissante qui possède son tramway électrique et un industrie moderne. Ses restaurants et café n'ont rien à envier à ceux de Barcelone, Paris ou Berlin". 

"Les paquebots en provenance de Barcelone se chargent d'amener vacanciers, hommes d'affaires et émigrants. Palma compte déjà une communauté allemande bien organisée, avec sa propre école, ses commerces et son journal en allemand".

« Au début des années 1930, de nombreux Allemands, pacifistes ou opposants au régime nazi, partent trouver refuge sur l'île de Majorque, pour tenter de commencer une nouvelle existence dans la douceur du climat méditerranéen. »

« Alors que le couple juif Ernst et Irene Heinemann élit domicile aux portes de Palma, la famille Kraschutzki installe son atelier dans le petit village de pêcheurs de Cala Ratjada. »

« Pour ces déracinés, le répit est, hélas, de courte durée. Le 18 juillet 1936, en l'espace de vingt-quatre heures à peine, l'île tombe entre les mains des franquistes. Une véritable chasse à l'homme à l'issue meurtrière s'engage. »

« Les réalisateurs Daniel Guthmann et Christian Buckard livrent un documentaire saisissant sur un épisode de l'histoire espagnole longtemps resté tabou ».
 
« Leurs images colorées des plages touristiques et des villages pittoresques de Majorque, en partie filmées par drone, contrastent avec les séquences glaçantes des défilés fascistes et des violences meurtrières. »

« Plusieurs années de recherche et d'enquête ont été nécessaires pour retracer le destin de ces exilés allemands, célèbres ou anonymes, venus se mettre en sécurité dès les balbutiements du nazisme. »

« Portrait croisé d'hommes et de femmes qui se sont peu à peu retrouvés pris au piège ».

En 2010, le quotidien espagnol El Pais a révélé que le général Francisco Franco avait livré en 1941 aux Nazis une "liste des 6 000 Juifs de son territoire et l'avait remise à l'architecte de la solution finale des nazis, Heinrich Himmler. À l'époque, l'Espagne et l'Allemagne négociaient l'entrée de l'Espagne dans l'alliance de l'Axe. Aucune alliance n'a été signée et l'Espagne est restée neutre tout au long de la Deuxième Guerre mondiale."

Après la défaite des forces de l'Axe en 1945, les dirigeants espagnols ont tenté de détruire toutes les preuves de leur collaboration avec les Allemands nazis. "Mais un document récemment retrouvé dans une archive de la ville de Saragosse, dans le nord-est de l'Espagne, met en lumière ce que Franco cherchait à cacher. Ce document est un ordre officiel, daté du 13 mai 1941, émis par le chef de la sécurité de Franco, Jose Maria Finat y Escriva de Romani, à tous les gouverneurs de province. Il leur demandait de dresser une liste de tous les Juifs de leur quartier, résidents locaux et étrangers, ainsi que des détails sur "leurs tendances personnelles et politiques, leurs moyens de subvenir à leurs besoins, leur activité commerciale, le niveau de menace qu'ils constituent et leur sécurité". Himmler a également demandé que la liste inclue les Juifs convertis au christianisme. Et les gouverneurs de province ont été invités à faire des efforts particuliers pour localiser les Juifs séfarades, descendants de ceux expulsés en 1492, car ils pouvaient se cacher aisément parmi la population locale en raison de leur capacité à parler le ladino, un dialecte juif basé sur l'espagnol. "Leur adaptation à notre environnement et leur tempérament similaire leur permettent de cacher plus facilement leur origine", explique l'ordre. "Ces gens ne se démarquent pas, et il est donc particulièrement difficile de déjouer leurs efforts de subversion." L'ordre fait référence aux Juifs comme "cette race infâme". Peu de temps avant la préparation de la liste, Romani et Himmler ont assisté ensemble à une corrida à Madrid. Après sa finalisation, Romani a été nommé ambassadeur d'Espagne en Allemagne, ce qui lui a permis de le remettre personnellement à Himmler... Franco a envoyé 18 000 volontaires espagnols pour combattre aux côtés des Allemands sur le front de l'Est de 1941 à 1943. En revanche, des diplomates espagnols en Europe ont sauvé des milliers de Juifs. Mais ils travaillaient seuls, au péril de leur vie, au mépris de la politique officielle de Franco. Ces diplomates ont accordé des visas de transit aux réfugiés juifs - la plupart d'entre eux d'origine espagnole - et ont également hébergé de nombreux Juifs dans les consulats et ambassades d'Espagne en Hongrie, en France, en Grèce, en Allemagne, en Bulgarie et en Roumanie".
 


Allemagne, 2022, 52 mn
Coproduction : ARTE/ZDF, Gruppe 5, Periferica
Sur Arte les 9 août 2023 à 00 h 15, 17 août 2023 à 3 h 00
Sur arte.tv du 08/08/2023 au 06/09/2023
Visuels :
In Cala Ratjada ließen sich Anfang der 1930er Jahre deutschsprachige antifaschistische Künstler und Schriftsteller nieder.
© Guthmann

Gäste in Käpt´n Bilbos Wikiki-Bar, Cala Ratjada 
© Regine Thümmler

© Jan Buckard/Gruppe 

Zu den Exilanten auf Mallorca zählten auch der Pazifist Heinz Kraschutzki und seine Frau Luise. 
© Carl von Gablenz 

Die Kinder der Familie Kraschutzki, frühe 1930er Jahre, Cala Ratjada 
© Carl von Gablenz 

Die mallorquinische Aufenthaltsgenehmigung des Malers Rudolf Levy (1875-1944, nach Auschwitz depotiert) 
© Bargheer-Museum


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