Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

mardi 22 août 2023

Barbie

Barbie®, poupée américaine créée par Ruth Handler en 1959, diffusée par Mattel, est mondialement célèbre. Elle a inspiré des analyses notamment sociologiques sur ce que ce jouet représente : American way of life, modèle de femme active et modeuse (fashionista), mais critiquée par des féministes pour ses dimensions idéalisées. Une success story américaine et juive. Arte diffusera le 25 août 2023 à 22 h 40 "Barbie, la femme parfaite ?", documentaire de Julia Zinke et Nicola Graef.


La silhouette élancée, les jambes fuselées, la taille fine, 29 cm de hauteur… Créée en 1959 par Ruth Handler (1916-2002) et commercialisée par Mattel, la poupée Barbie cinquantenaire est immédiatement reconnaissable, a nourri les rêves de petites filles dans le monde entier et a peu changé.

Barbie au MAD
Le musée des Arts décoratifs a présenté l’exposition Barbie. Une histoire de Barbie ®, poupée américaine créée par Ruth Handler en 1959, diffusée par Mattel, et mondialement célèbre. Une analyse sociologique de ce que ce jouet représente : American way of life, modèle de femme active et modeuse, mais critiquée par des féministes pour ses dimensions idéalisées. Une success story.

De Bild Lilli à Barbie
Une poupée mannequin, articulée, représentant une jeune femme dotée d’un trousseau, à l’instar de son modèle allemand apparu en 1952 comme Lilli, personnage de bande dessinée dans les pages de Bild Zeitung, un quotidien populaire de Hambourg, sous le crayon de Reinhold Beuthin. Même blondeur, même silhouette adulte, même taille marquée, même jambes finement galbées, même poitrine généreuse, même nez en trompette, même garde-robe élégante, même attitude assurée.

Le succès immédiat de la Bild Lilli  est tel que son dessinateur songe à produire une poupée Lilli. En 1955, il en convaint Rolf Hausser, dirigeant de O&M Hausser, entreprise fabriquant des jouets, des modèles réduits de trains et soldats. Le 12 août 1955, est mise en vente la poupée articulée Lilli, qui se distingue des poupées-bébés ou poupées-enfants aux mouvements rigides.

Lilli rencontre un grand succès dans des pays d’Europe de l’est, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, auprès d’une clientèle enfantine et masculine adulte. « Lilli reflétait son époque. Elle était sexy jeune, fraîche et innocente », ajoute Rolf Hausser. Les vêtements de Lilli ? Ils sont fabriqués par Martha Maar, belle-mère de Rolf, qui produisait des vêtements de poupées MMM.

En 1956, Elliot et Ruth Handler séjournent à Lucerne avec leurs enfants, Barbara, adolescente, et Ken. Elliot Handler dirige alors Mattel, une société américaine créée en 1945 et produisant des jouets. Barbara Handler remarque en vitrine de magasin suisse une poupée Lilli en tenue de ski. Sa mère en achète trois exemplaires, et, de retour aux Etats-Unis, approfondit sa réflexion sur le lancement d’une poupée-mannequin.

En 1959, à la Foire internationale des Jouets de New-York, est présentée pour la première fois la poupée Barbie, diminutif du prénom de la fille de Ruth Handler , née en 1916 dans une famille juive d’origine polonaise. Vêtue d’un maillot de bain zébré, Barbie est alors juchée sur des talons aiguille.

Un succès mondial durable : pour le cinquantenaire de Barbie, Mattel recensait plus d’un milliard de poupées Barbie vendues dans 150 pays. De nombreuses expositions, documentaires et sites Internet lui sont dédiées.

En 1978, à la suite d’un scandale financier, Ruth Handler quitte ses fonctions chez Mattel.

La révolution Barbie
« Toutes les petites filles ont eu besoin d’une poupée dans laquelle elles se projetaient en rêves de leur avenir. Si elles allaient jouer à ce à quoi elles ressembleraient quand elles auraient 16 ou 17 ans, il était un peu stupide de jouer avec une poupée à la poitrine plate. Aussi, j’ai donné à Barbie une belle poitrine », a déclaré Ruth Handler en 1977 au New York Times.

Une objection clé des féministes, dont la National Organization for Women, était que le personnage de Barbie créait des attentes irréalistes pour des petites files qui pouvaient mener à réduire l’estime de soi. Des gens ont souvent plaisanté sur le fait que les mensurations de Barbie étaient humainement impossibles. Il a été calculé que si la poupée de 11 ½ inch mesurait 1,67 mètre, ses mensurations serient 39-21-33. Un universitaire a évalué la chance pour une femme d’avoir le visage de Barbie : moins de 1 pour 100 000.

Dans son autobiographie Dream Doll: The Ruth Handler Story (1994), Ruth Handler a écrit : « Ma philosophie sur Barbie était que, au travers de la poupée, la petite fille pourrait être tout ce qu’elle voulait devenir. Barbie a toujours représenté le fait qu’une femme a le choix ».

Réputé « pour ses collections de design et de mode, de jouets et de publicité », le musée des Arts décoratifs « est le lieu idéal pour mettre à l’honneur cette poupée iconique dont l’histoire se nourrit de sources multiples, en l’inscrivant pleinement dans une histoire culturelle et sociale du jouet aux XXe et XXIe siècles. 700 Poupées Barbie sont ainsi déployées sur 1500 m², en regard d’œuvres issues des collections du musée (poupées anciennes, robes), mais aussi d’œuvres d’artistes contemporains, de documents, journaux, photos, vidéo, qui contextualisent les « vies de Barbie ».

« Puisant également dans les archives inédites de la maison Mattel®, mettant en valeur un patrimoine historique encore méconnu, l’exposition s’efforce d’offrir deux lectures possibles, pour les enfants en évoquant la pure jubilation d’un jouet universellement connu, pour les adultes en replaçant cette figure phare depuis 1959 dans une perspective historique et sociologique ».

« Ses origines, son style de vie, ses amis, ses goûts, ses loisirs, sa carrière professionnelle, sa garde-robe, ses amis artistes… Chaque vitrine fait l’objet d’une véritable installation pour conter son histoire. Placée sur un ruban rose qui sinue sur les 2 étages, la Barbie guide le visiteur dans le parcours muséal. Un ensemble de petits théâtres animés au sein d’un univers vivant coloré… Les dispositifs animés renforcent l’idée d’une Barbie toujours active et inventive».

Au-delà du jouet, Barbie reflète la culture américaine et son évolution. « Des années 1960 à nos jours, Barbie et ses accessoires témoignent de l’évolution du goût pour les objets de la maison. En atelier chacun fabrique le mobilier cartonné de sa maison de poupée ».

Barbie a d’abord été « associée à l’American way of life avant d’incarner une dimension plus universelle, reflétant les changements sociaux, politiques, culturels. Elle évolue dans le confort moderne tout en épousant de nouvelles causes, questionnant les stéréotypes, haïe pour ce qu’elle représenterait d’une femme idéalisée, et pourtant autonome et indépendante, adoptant toutes ambitions de l’époque contemporaine ».

Pendant « Camelot » (les années Kennedy, Ndr), Barbie était coiffée comme Jacqueline Kennedy. Lors du mouvement pour les droits civils, Mattel a créé la première amie noire de Barbie, « Colored Francie ». Mais c’est dans les années 1970, en raison de critiques de féministes, que Barbie intègre parmi ses choix de carrière professionnelle et ses vêtements : médecins, astronaute et vétérinaire entre autres.

Dès 1959, Barbie « et sa longue silhouette galbée sont une révolution dans un monde de poupons et autres baigneurs. C’est en regardant sa fille Barbara jouer avec des poupées de papier, lointaines descendantes des gravures de mode de la fin du XVIIIème siècle et des premières poupées en papier pour adultes du XIXème siècle, que Ruth Handler, l’une des fondatrices de Mattel, se met à rêver d’une poupée de mode en trois dimensions, d’une poupée mannequin. Dans leurs jeux, Barbara et ses amies ne sont pas du tout intéressées par les poupées représentant des enfants mais uniquement par celles représentant des femmes. Elles s’imaginent plus dans leur vie future de jeunes femmes, que dans celle de mères ou de femmes au foyer ».

La « détermination de Ruth a fini par convaincre les équipes de Mattel, alors exclusivement composées d’hommes, de fabriquer une telle poupée. Inspirée de la poupée publicitaire allemande Lilli, Barbie est lancée, accompagnée d’une mythologie : originaire du Wisconsin, Barbara Millicient Roberts a une famille et des amis clairement identifiés. Son âge reste volontairement flou afin de pouvoir incarner aussi bien une adolescente qu’une jeune femme. Elle est tout à la fois lycéenne, étudiante, nurse ou jeune hôtesse de l’air avant d’embrasser plus de 150 métiers, des plus classiques aux plus avant-gardistes ».

Barbie « a été vétérinaire à plusieurs reprises, mais aussi paléontologue, et informaticienne, pilote de course, professeur, médecin, danseuse étoile, officier de police… et on l’oublie peut-être mais Barbie a été candidate à la présidence quatre fois, comme elle a été astronaute en 1965 alors que Neil Armstrong a attendu 1969. A ses côtés, son petit ami Ken, apparu en 1961, est tout aussi célèbre ».

Ses « silhouettes, ses coiffures, ses costumes, sont le fruit de quelques secrets de fabrication dont certains sont révélés pour l’occasion à travers maquettes ou témoignages de ceux qui font le succès de Barbie. Un succès qui tient à la capacité de la poupée à suivre l’évolution de son époque pour se renouveler tout en restant la même ».

Un « succès qui imprègne la culture populaire depuis sa création jusqu’à nos jours, mais qui inspire aussi les artistes. Certains, comme Andy Warhol, en ont fait le portrait quand d’autres l’ont largement détourné ».

« Nombreux sont les créateurs qui ont croisé son chemin de passionnée de mode, pour laquelle chacun a déjà imaginé les tenues les plus extravagantes ou les plus élégantes. Quelques-unes de ses robes de collections sont ainsi signées par des couturiers, parmi lesquels Thierry Mugler, Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier, Agnès b, Cacharel ou encore Christian Louboutin. Sa garde-robe déployée pour l’occasion sur plusieurs mètres de cimaises n’est autre que le reflet de la mode dont le musée sortira en contrepoint quelques-unes des pièces les plus parlantes ».

Concours « Habille Barbie »
Le musée des Arts décoratifs et Mattel ont lancé un concours adressé aux « élèves majeurs de lycées, écoles d’art, écoles d’arts appliqués, universités ». À eux d’imaginer une tenue pour Barbie ». Le jury, composé d’Olivier Gabet, directeur des musées des Arts décoratifs, Anne Monier, commissaire de l’exposition Barbie et conservatrice du département des jouets, Besma Baghdadli, Mattel, Nathalie Crinière et Hélène Lecarpentier, scénographes de l’exposition Barbie et de Monique Mehrez, Self image a retenu 12 poupées parmi les 199 propositions reçues. 27 écoles, lycées et universités ont participé au concours. Les dossiers provenant de 6 pays contenant les planches dessinées et les prises de vue des Barbie étaient accompagnés de textes, notes, anecdotes, souvenirs, offrant un panorama de la créativité transmise dans les écoles des plus remarquables. « Ne pas manquer le talent de demain » était un des voeux de ces jurés réunis, avec également le souhait d’accompagner les projets les plus séduisants, de récompenser les plus audacieux, de valoriser l’accompagnement des enseignants ».

« Puisant dans les archives inédites de la maison Mattel, mettant en valeur un patrimoine historique méconnu », le catalogue de l’exposition « très illustré, à la fois sérieux et léger, instructif et décalé, éclaire la poupée star sous des angles inattendus. N’évitant pas les clichés mais essayant plutôt de les mettre en perspective, il étudie la place de Barbie dans l’histoire du jouet et l’inscrit plus largement dans une histoire culturelle et sociale des XXe et XXIe siècles. Il évoque également la famille de Barbie et sa vie amoureuse, son goût pour la mode – qui à son tour a inspiré des créateurs comme Christian Louboutin ou Jeremy Scott –, mais aussi les coulisses de sa fabrication ou ce rose qui ne la quitte pas. Ce livre contient même une interview exclusive de Barbie par Frédéric Beigbeder ! Ce sont tous les paradoxes de Barbie, ses ambiguïtés et son éclectisme qui font de ce jouet unique le siège de nos enthousiasmes ou de nos réticences ».

Déclinaisons de Barbie
En 2009, triste nouveauté, la vente de poupées Barbie de Mattelconçues par la designer Eliana Lorena et revêtues du niqab, du tchador, de la burka… chez Sotheby’s au profit de l’association Save The Children !

En octobre 2013, China Labor Watch a alerté sur 18 violations du droit du travail constatées dans six usines fabriquant en Chine des jouets pour Mattel : « Jusqu'à 13 heures de travail par jour, sept jours sur sept, des dortoirs surpeuplés, des produits toxiques manipulés sans protection, des papiers confisqués lors de l’embauche… »

En cet hiver 2013-2014, Peuples Solidaires et China Labor Watch ont lancé une campagne  dénonçant les « conditions indignes de travail  » de milliers d’ouvriers chinois travaillant « sur les chaines de fabrication de jouets Mattel » en Chine. Ces deux ONG arpentent  les boulevards où sont installés de grands magasins de Paris et d’autres grandes villes une Barbie ouvrière à taille humaine, bâillonnée, empaquetée. « Mattel est le premier fabricant mondial de jouet. Il peut influencer le secteur », a déclaré Fanny Gallois, responsable de campagne de Peuples solidaires.

Ces ONG mobilisent les réseaux sociaux dans leur campagne de communication, et invitent à signer la pétition Libérons Barbie ouvrière  qui a déjà revêtu 62 599 signatures.

Le 18 décembre 2013, le site Plus-size-modeling.com a vanté les modèles en léger ou en fort surpoids. Sur son compte Facebook, il a présenté la photo d’une poupée Barbie à la silhouette étoffée par un double menton et des rondeurs accentuées. Ce qui a suscité une controverse.

Né dans une famille russe Juive, Nickolay Lamm quitte à Saint-Petersbourg en 1995 pour s’installer à Pittsbourg. Cet artiste et chercheur âgé de 26 ans a conçu Lammily, une poupée jeune femme anti-Barbie : elle a des mensurations corporelles humaines.

Le 28 janvier 2016, Mattel a annoncé une mutation majeure : le fabriquant de poupée Barbie élargira son offre  en proposant "sept couleurs de peau, 22 couleurs pour les yeux, et de nombreuses coupes de cheveux pour ses poupées" fashionistas

En outre, il déclinera Barbie en "ronde", "petite", "grande".

Hijarbie

Nigériane de 24 ans, Haneefah Adams a lancé sur Instagram "Hijarbie", une Barbie revêtue de vêtements moches dissimulant sa chevelure et sa silhouette.


"Barbie, The Icon"
La Fundación Canal a présenté l'exposition itinérante Barbie. Más allá de la muñeca (Barbie. The Icon). C'est la première rétrospective dédiée à la célèbre poupée en Espagne.

Más allá de la muñeca "hace un interesante recorrido por la historia de la famosa muñeca, a través de 438 piezas de colección, que, además, descubre multitud de facetas desconocidas y sorprendentes de la primera muñeca creada con aspecto de mujer.

"A través de las 8 secciones temáticas en las que se articula esta exposición, observamos la sorprendente evolución de la muñeca, desde su nacimiento en 1959 hasta hoy, y cómo ha incorporado, e incluso, abanderado algunas de las transformaciones más importantes de la sociedad la segunda mitad del S.XX."

"Además de explicar por qué es un icono de moda, faceta bien conocida por todos, descubriremos aspectos de Barbie que no conocíamos hasta ahora. Ha rendido homenaje a diferentes disciplinas como el arte, la historia, el cine, la música y la arquitectura; ha adoptado diferentes morfologías, razas, costumbres y estilos; la hemos visto ejercer profesiones tradicionalmente asignadas a los hombres (astronauta, policía, médico, bombero…). Y es que, más allá de la muñeca, Barbie ha inspirado, durante casi 60 años, valores como la igualdad de género, la auto superación, la integración racial, cultural y física, el respeto y la admiración por la diversidad, la apreciación por la cultura, la importancia de la familia y de la amistad. Valores que están también presentes en esta exposición".

"Un recorrido por la historia de este icono, a través de 438 piezas de colección, que descubre facetas desconocidas y sorprendentes de la primera muñeca con aspecto de mujer. Barbie nace en 1959 y, por primera vez, las niñas ya no jugarían sólo a ser madres. El leitmotiv de Barbie “I can be” les inspiró a imaginarse a sí mismas haciendo lo que deseasen, para ocupar papeles a menudo inalcanzables en la sociedad e inculcándoles que sus límites serían los que ellas mismas se marcasen.  Durante décadas Barbie ha transmitido valores de igualdad de género, de integración racial, de respeto por la diversidad, familiares, de fomento de la cultura, de amistad… Y todo ello sin dejar de lado su condición de muñeca, de referente de la moda y de baluarte de la feminidad".

Barbie voilée
Le 13 novembre 2017, à New York (Etats-Unis), Mattel a présenté une poupée voilée Barbie créée en l'honneur de l'escrimeuse musulmane américaine spécialiste du sabre Ibtihaj Muhammad. Cette poupée porte, outre l'équipement de l'athlète, un foulard qui cache ses cheveux et son cou. Une immense régression discriminatoire : Mattel justifie le port du voile islamique alors que tant de sportives islamiques s'efforcent de s'émanciper de telles contraintes vestimentaires et à la signification politique. Et Mattel n'a jamais créé une Barbie bouddihste ou un Ken vêtu d'un talit.

Ingénieure en robotique
Volonté d'enrayer la baisse des ventes - en 2017, le  chiffre d'affaires a diminué de 11 % à 4,9 milliards de dollars (3,9 milliards d'euros) -, de moderniser l'image de la poupée quinquagénaire, d'accompagner l'essor du numérique... 

En juin 2018, Mattel a lancé une poupée Barbie "ingénieure en robotique" dont une Afro-américaine. « Dans le cadre d'un partenariat pluriannuel avec Tynker [...], Mattel lance six expériences gratuites de codage » liées à l'univers de Barbie, précise le communiqué du géant mondial du jouet. Une page dédiée de la plateforme de jeu en ligne Tynke permet d'accéder à des leçons « conçues pour enseigner la logique, la résolution de problèmes et les éléments constitutifs du codage ». Mattel espère ainsi voir les enfants jouer avec leur poupée ingénieure en robotique « en ligne et hors ligne ».

"Pour le fabricant de jouets, basé à El Segundo en Californie, ce nouveau modèle est également l'occasion de « susciter l'intérêt des jeunes filles pour les STIM (Sciences, technologies, ingénieries et mathématiques, NDLR) ». « Avec seulement 24 % des emplois STIM occupés par des femmes », explique Mattel citant l'Economics and statistics administration américaine, le groupe espère ainsi développer des vocations". 

La firme américaine a aussi signé un partenariat avec l'association Black Girl Code afin de donner ses poupées durant des ateliers de robotique. Mattel a aussi édité un livre numérique, écrit avec "un professeur de sciences et de code, conçu comme une initiation aux concepts du codage" informatique.

Téfiline Barbie
En 2018, dans le cadre de son exposition "Let There Be Laughter - Jewish Humor Around the World", le musée du peuple Juif à Beit Hatfutsot (Israël) a salué l'entrée dans sa collection d'objets qui amusent, choquent, inspirent et enrichissent l'histoire du peuple Juif, dont une Téfiline Barbie.

Âgée de douze ans, Téfiline Barbie célèbre sa bar-mitzvah en 2018. Sa créatrice, Jen Taylor Friedman est une scribe qui est la première femme à avoir écrit un rouleau de la Torah, une sofer. Mais cette Téfiline Barbie n'est pas un produit Mattel.

60 ans
La poupée Barbie a fêté ses 60 ans en mars 2019.

"Star Wars"
Le 13 août 2019, Mattel et Disney ont annoncé leur association "pour une collection spéciale et inédite en hommage à Un nouvel espoir (épisode 4)." 

"Ces poupées à effigie de la princesse Leia, Dark Vador et R2-D2 seront disponibles à la vente le 18 novembre 2019. Chacune coûte 100 dollars, soit environ 89 euros". 

"Des poupées de collection et des petits bijoux qui devraient réjouir les fans Star Wars de toutes les générations."

"Il faut reconnaître que la poupée Dark Vador est une réussite avec cette cape noire et ses longues bottes. Sans oublier son sac à main orné des célèbres boutons de l'armure du Seigneur des Sith. Mention spéciale pour la version Barbie de R2-D2. La poupée porte une tenue aux couleurs blanche et bleu, comme le fidèle droïde de la famille Skywalker. Les admirateurs et admiratrices des macarons de Carrie Fisher dans Un nouvel espoir seront aussi ravis de la poupée à l'effigie de la princesse. Dans tous les cas, ces trois Barbie sont loin des clichés qu'a pu véhiculer le célèbre jouet Mattel."

Rosa Parks et Sally Ride
Le 26 août 2019, Mattel a lancé deux nouvelles poupées Barbie aux effigies de deux femmes américaines qui ont marqué l’histoire : Rosa Parks et Sally Ride, respectivement "figure du mouvement des droits civiques" et "astronaute". Deux personnalités "inspirantes pour les petites filles" : "Rosa Parks, emblème de la lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis - son refus de céder sa place assise dans un bus à un passager blanc est à l'origine d'un mouvement de boycott des bus qui symbolisera la lutte pour les droits des Afro-Américains - et Sally Ride, astrophysicienne et première Américaine à aller dans l'espace vont rejoindre de la collection « femmes inspirantes » de Barbie.

Lancée en mars 2018 pour la journée internationale de la femme, cette collection rend hommage à des femmes qui ont marqué l'histoire dans leurs domaines respectifs. S'y trouvent déjà l'artiste mexicaine Frida Kahlo, l'aviatrice américaine Amelia Earhart et Katherine Johnson, une mathématicienne afro-américaine qui a participé au succès de la mission Apollo 11. Mattel souhaite ainsi changer l'image de Barbie, qui vient de souffler ses 60 bougies. Souvent accusée de véhiculer des stéréotypes de genre et une fausse image du corps de la femme, la poupée est en perte de vitesse. Le fabricant veut faire de la poupée une source d'inspiration pour les petites filles et… les petits garçons. Une autre collection lancée dans ce but, « Sheroes » - jeu de mots avec « she », « elle » et « heroes » - regroupe d'autres femmes contemporaines : la ballerine afro-américaine Misty Copeland, l'escrimeuse Ibtihaj Muhammad - la première Barbie voilée - ou même la chef étoilée française Hélène Darroze".

Installation de James Jacoby
Connu pour ses choix artistiques extrêmes, créé en 1986, le festival estival Burning Man, dans le désert du Nevada, accueille depuis 2000 l'installation controversée de James Jacoby qui montre des centaines de poupées Barbie nues, parfois crucifiées, amenées vers des fours dans un espace cerné par des murs de couleur rose. Certaines poupées Barbie ouvrent les four tout en étant menacées par l'arme de jouets GI Joe. Un signe au-dessus des poupées Barbie indique que l'installation a été créée par "The Mattel Co. and Auschwitz Inc., Purveyors of Fine Lampshades and Soap Products Since 1939." Dans des caractères de grande taille figurent ces mots : "Barbie Death Camp and Wine Bistro" et, en dessous, en allemand, "Arbeit macht plastik frei", référence au "Arbeit Macht Frei" ("le travail rend libre", ndt), message inscrit à l'entrée des camps nazis de concentration et d’extermination, notamment dans l'enseigne du camp d'Auschwitz (Pologne).

En 2019, cette installation a suscité l'indignation. Âgé de 65 ans, directeur financier à la retraite, James Jacoby a été menacé et son installation vandalisée. Le 31 août 2019, une altercation a eu lieu. Il a dit être juif, que son père avait servi comme pilote au sein de l'armée américaine lors de la Deuxième Guerre mondiale, et avoir amené l'installation à Burning Man "depuis que [l'ex-Président américain Bill] Clinton était Président". Il a qualifié son oeuvre d'"aphrodisiaque". Il a ajouté : "C'est un peu sombre, mais une partie de la magie de Burning Man, c'est que ce n'est pas de la vanille, Disneyland, pro-famille. Il y a beaucoup de nudité. Beaucoup de sexe. Beaucoup de drogues. Ce n'est pas un environnement compatible avec la famille. Et notre camp non plus." L'ADL (Anti-Defamation League) de San Francisco enquête sur cette installation macabre "offensante" et "banalisant la Shoah".

La Catrina
Le 12 septembre 2019, à Mexico, en hommage à une tradition mexicaine, a été dévoilée une poupée Barbie inspirée par la fête du Jour des morts. Elle "représente le personnage de la Catrina, squelette féminin vêtu de riches habits colorés, devenu un symbole de la culture populaire locale. Cette édition spéciale, qui s'inspire d'un personnage créé vers 1912 par le caricaturiste mexicain José Guadalupe Posada, est un "hommage au Mexique, à ses traditions et à son peuple", selon le fabriquant Mattel. La poupée, qui coûte 1.750 pesos mexicains (81 euros), porte une robe ornée de fleurs colorées, et ses longs cheveux noirs et bleus sont décorés de papillons. La figure de la Catrina a été popularisée par une fresque du peintre mexicain Diego Rivera (1886-1957), datant de 1947 et intitulé "Rêve d'un samedi après-midi dans le parc Alameda".

"Le Jour des morts est célébré de façon festive au Mexique entre fin octobre et début novembre. "Que cette tradition soit reconnue avec cette poupée, la plus célèbre du monde, est quelque chose qui me rend fière", a confié à l'AFP la collectionneuse de jouets mexicaine Jaqueline Vidal. La création de cette poupée a toutefois suscité la controverse chez certains Mexicains, qui ont dénoncé une "appropriation culturelle" et la monétisation de traditions anciennes. "Il n'y a aucun éléments qui font référence à des tenues indigènes traditionnelles. Plus que du plagiat à l'encontre de peuples indigènes, ce serait du plagiat contre les ayant-droits de Guadalupe Posada et Diego Rivera", souligne Octavio Murillo, un responsable de l'Institut national des peuples indigènes (INPI). Plus d'un milliard de poupées Barbie ont été vendues dans le monde depuis son lancement par Mattel il y a 60 ans."

Biopic sur Ruth Handler
Un biopic sur Ruth Handler est en préparation. "Rita Wilson, la productrice de "Mamma Mia!", produira l'adaptation des mémoires de Ruth Handler, la créatrice de la célèbre poupée Barbie, actuellement en développement, a dévoilé Variety. Pour le moment, seule une scénariste, Melisa Wallack ("Dallas Buyers Club") a été recrutée. Après l'annonce d'une adaptation en live-action consacrée à la poupée Mattel incarnée par Margot Robbie, c'est au tour de sa créatrice d'être au centre des attentions d'Hollywood. D'après Variety, Ruth Handler, l'inventrice de la poupée iconique, aura le droit à son propre biopic baptisé "Dream Doll". Encore en développement dans les couloirs de Bron Studios et Rare Bird Films, le film retracera la vie de Ruth Handler à l'origine de la fondation de l'entreprise Mattel en 1945 et de la poupée devenue culte, Barbie, en 1959, baptisée ainsi d'après sa propre fille Barbara. L'Américaine fut l'une des premières femmes à diriger l'une des 500 plus grosses entreprises américaines. Après avoir été diagnostiquée d'un cancer du sein en 1970, Ruth Handler s'est éteinte en 2002 à l'âge de 85 ans".

"Le monde doit connaître la femme phénoménale derrière la poupée", ont confié Barbara Handler, la fille de l'inventrice, et Cheryl Segal, sa petite-fille. "Nous avons choisi de travailler avec Rita Wilson, Cristan Crocker, Andrea Nevins et Bron Studios pour donner vie à l'histoire de Ruth. Travailler avec eux sur ce projet semblait idéal car nous avons le sentiment qu'ils réalisent combien Ruth a été inspirante et indépendante", ont-elles rajouté. Pour mener ce projet à bien, le scénario a été confié à Melisa Wallack, nommée aux Oscars pour "Dallas Buyers Club" en 2013. Cette dernière s'appuiera sur les mémoires de Ruth Handler "Dream Doll: The Ruth Handler Story", parues en 1995. Aux côtés de Bron Studios et de Rare Bird Films, Rita Wilson, l'actrice et femme de Tom Hanks, produira cette adaptation."Tout le monde connaît l'iconique Barbie, qui après plus de 60 ans continue d'être l'une des poupées les plus fructueuses", a-t-elle déclaré. "Pourtant peu d'entre eux connaissent l'histoire de la femme pleine d'inspiration, novatrice et passionnée qui a défié le destin pour la créer", a-t-elle conclu. Pour le moment, aucun réalisateur ni réalisatrice n'a été évoqué."

"Creatable World"
Le 25 septembre 2019, dans une démarche "inclusive", Mattel a rendu publique une poupée "non-genrée", neutre du point de vue de son genre. Sur son compte Twitter, Mattel la présente ainsi : "A 🌎 without labels means everyone is invited to play. Welcome to #CreatableWorld, where we let toys be toys so kids can be kids. #AllWelcome". Soixante ans après la création de Barbie, "cette série de sept figurines, aux couleurs de peau variées et baptisée "Creatable World", s'adresse à tous les enfants et a pour objectif de correspondre aussi bien aux filles et aux garçons, mais aussi aux jeunes qui se définissent comme "gender fluid", transgenres ou non-binaires". 

"Dans un communiqué, le fabricant américain explique qu’il s’agit d’ « une ligne de poupées créée pour s’émanciper des étiquettes et inclure tout le monde ». Devançant sans doute d’éventuelles critiques, le président de Mattel explique qu’ils ne font « pas de politique » : « Nous respectons les décisions des parents sur la manière dont ils souhaitent élever leurs enfants. Notre rôle est seulement de stimuler l’imagination ». 

"Barbie"
"Barbie" est un film américano-britannique co-écrit et réalisé par Greta Gerwig (2023), avec Margot Robbie, Ryan Gosling, Emma Mackey, America Ferrera et Kate McKinnon. 

Tourné au printemps 2022, diffusé à l'été 2023, succès commercial mondial, il a engrangé plus d'un milliard de dollars de recettes.

Il suscite des avis divers.

Il a été interdit en Algérie, au Liban, au Koweït, au Cameroun, au Vietnam.

"Barbie, la femme parfaite ?"
Arte diffusera le 25 août 2023 à 22 h 40 "Barbie, la femme parfaite ?", documentaire allemand de Julia Zinke et Nicola Graef (2023).

"Plus de soixante ans après sa naissance, la poupée Barbie séduit toujours autant. Entre stéréotypes et discours émancipateurs, exploration d'un jouet iconique qui s'est transformé au gré des époques."

"Nul besoin de la présenter. Adoptée par plusieurs générations d'enfants, Barbie est une véritable icône intergénérationnelle. Imaginée en 1959 par la femme d'affaires américaine Ruth Handler, la célèbre poupée s'est rapidement retrouvée dans tous les foyers américains avant de conquérir le reste du monde."

"Astronaute, chirurgienne ou encore candidate à la présidentielle, Barbie devait initialement encourager les petites filles à se projeter dans des carrières masculines."

"Longtemps décriée pour sa silhouette filiforme et ses proportions irréalistes, elle incarne aujourd'hui une forme de diversité : au gré de ses avatars, elle est ainsi représentée dans un fauteuil roulant ou porteuse de trisomie 21."

"Désormais héroïne d'un film au prestigieux casting, la poupée est aussi devenue une influenceuse très suivie sur les réseaux sociaux.

"Modèle de femme stéréotypé pour certains, figure d'inspiration émancipatrice pour d'autres : Barbie laisse rarement indifférent."

"Ses récents changements d'apparence témoignent-ils d'une véritable volonté d'inclusivité ou simplement d'une vaste opération commerciale ?"

"Pour interroger cette image ambivalente, les réalisatrices allemandes Julia Zinke et Nicola Graef ont rencontré des créatrices de contenus, des féministes, des fans de la première heure et une collectionneuse passionnée. À la lumière des réactions des principaux intéressés, elles interrogent le regard que posent les enfants sur les différents modèles qui leur sont proposés."

"Retour sur l'histoire d'un jouet mythique qui a traversé les époques."

EXTRAITS DU CATALOGUE

« Une histoire des poupées de mode »
Denis Bruna
(…)
« Ces trois exemples montrent qu’au XVIIIe siècle le mot « poupée » désigne trois objets apparemment distincts : le jouet des fillettes, la poupée de mode à proprement parler – qui porte en miniature le modèle réduit d’un costume destiné à être réalisé à taille humaine – et le mannequin de boutique. Toutefois, il est difficile de discerner la poupée jouet de la poupée de mode, voire même du mannequin, d’autant plus que les trois objets sont simplement nommés « poupée » dans les documents de cette époque. 
Quand on sait que les mêmes bimbelotiers fabriquaient aussi bien des poupées-jouets que des poupées de mode, il n’est pas étonnant que leurs usages aient pu être indistincts. Au XVIIIe siècle, un jouet, tout autant qu’un de ces mannequins articulés utilisés par les artistes, peuvent être investis d’une mission au service de la mode. Quoi qu’il en soit, la poupée n’est qu’un support ; ce qui importe alors, ce sont les habits qu’elle porte.
Dans sa précieuse description de « la poupée de la rue Saint-Honoré », Louis-Sébastien Mercier précise le rôle essentiel de l’objet qu’il appelle aussi mannequin : « [Il] passe de Paris à Londres tous les mois, et va de là répandre ses grâces dans toute l’Europe, il va au Nord et au Midi ; il pénètre à Constantinople et à Pétersbourg ; et le pli qu’a donné une main française se répète chez toutes les nations, humbles observatrices du goût de la rue Saint-Honoré. » Telle est la réelle mission de la poupée habillée : être expédiée par monts et par vaux, pour diffuser les modes.
(…)
« Pour apprendre la mode de la cour de France »
Dans la France du XVIIIe siècle, et plus encore dans la seconde moitié du siècle, la mode est une industrie, un acteur privilégié de l’économie et joue un rôle essentiel dans la pensée des Lumières.
Jacques Savary des Bruslons, dans son Dictionnaire universel de commerce, paru en 1723-1730, évoque ces « belles poupées qu’on envoie toutes coëffées, et richement habillées, dans les Cours étrangères, pour y porter les modes françoises des habits » ; plus loin, il cite encore ces « figures proprement habillées et coîfées, soit d’homme, soit de femme, qu’on envoye dans les Païs étrangers pour y apprendre les modes de la Cour de France ». Notons aussi qu’elles permettent aux habilleuses de comprendre l’ordre des vêtements à enfiler, les laçages, etc. À la fin du siècle, Louis-Sébastien Mercier dit à son tour que c’est de Paris que les marchandes de modes « donnent des lois à l’univers ».
De Versailles, Marie-Antoinette envoie elle aussi des poupées habillées à ses soeurs Marie-Christine, restée à Vienne, et Marie-Caroline, reine de Naples. Dans une lettre datée du 7 janvier 1771, la reine dit à la première : « J’ai sur le champ ordonné à une de mes femmes  […] de faire exécuter votre double commande. Vous aurez une poupée avec les étoffes de Lyon. » Dans une autre lettre du 17 avril 1786, la reine dit à nouveau à Marie-Christine : « Je vous envoye les étoffes les plus nouvelles de Lyon ; que je voudrais vous voir parée de tout cela ! Je viens d’envoyer à notre soeur de Naples une cargaison de poupées coiffées et habillées, c’était superbe. »
À Venise, Carlo Goldoni clame dans « Quelques observations sur les modes » de ses Mémoires, écrits entre 1784 et 1787 : « La mode a toujours été le mobile des François, et ce sont eux qui donnent le ton à l’Europe entière, […] en habillemens, […] en coêffure, en toute espèce d’agrémens ; ce sont les François que l’on cherche par-tout à imiter. » 
Et peu après, l’homme de théâtre dit précisément que le ton français est donné par celle que l’on appelle à Venise la piavola di Franza (la poupée de France), qu’il décrit en ces termes : « À l’entrée de chaque saison, on voit à Venise, dans la rue de la Mercerie, une figure habillée [un manichino abbigliato], qu’on appelle la Poupée de France ; c’est le prototype auquel les femmes doivent se conformer. »
En 1788, à Vienne, le baron Risbeck, dans son Voyage en Allemagne, écrit : 
« On suit généralement ici les usages françois. On fait venir des poupées de Paris, afin que les dames puissent en imiter le costume. »
En 1791, on retrouve même une poupée de Paris en Amérique. Dans un texte attribué à William Livingstone, premier gouverneur du New Jersey, l’auteur s’interroge sur les modes, regrette les vêtements confortables qu’il portait dans le comté de Bergen et se plaint de « la rage inextinguible pour les parures étrangères ». Il évoque alors « la poupée complètement accoutrée pour montrer la nouvelle mode », envoyée de Paris à Londres, puis de Londres en Amérique, comme étant responsable de ces bouleversements vestimentaires.
(…)
Barbie s’inscrit ainsi dans une longue histoire. Toutefois, si elle a porté des toilettes, parfois remarquables, c’est dans le but de renouveler sans cesse le succès de la poupée. Telle est la véritable différence entre la figurine américaine et la poupée de mode du XVIIIe siècle, bien que toutes deux soient ancrées dans une volonté de marketing : chez Barbie habillée, c’est la poupée qui joue le rôle majeur ; aux siècles précédents, c’est l’inverse : les habits somptueux doivent être vus, admirés et achetés ; la poupée n’est qu’un support ».

« Barbie et l’histoire du jouet » 
Anne Monier
Une petite histoire de la poupée
(…)
« La poupée de Marguerite, que décrit la comtesse de Ségur dans Les Petites Filles modèles en 1857, si belle et richement parée, est une poupée de mode typique du xixe siècle, rêve de toutes les petites filles, mais piètre compagne de jeu. Trop précieuse, trop fragile, trop sophistiquée et trop éloignée du monde de l’enfance, la poupée de mode vit sa popularité décliner à la fin du XIXe siècle, après un très long règne sur le marché de la poupée.
Perchée sur une étagère ou rangée dans une armoire, « objet d’admiration muette », comme l’écrit Charles Baudelaire dans Morale du joujou, la poupée de mode était rarement confiée aux mains des enfants – à la différence de Barbie, habillée, déshabillée et manipulée, à la merci de l’imagination des plus petits. Le lien entre Barbie et ses ancêtres du XIXe siècle réside dans leur relation avec la mode, fil conducteur de l’histoire de la poupée. Barbie, poupée mannequin par excellence, s’inscrit en effet dans une longue tradition de la poupée de mode. Héritières des poupées destinées, au cours du XVIIIe siècle, à présenter la mode féminine parisienne à travers l’Europe, les rares poupées pour enfants du XVIIIe siècle, ainsi que celles du début du XIXe siècle, représentaient des femmes très richement parées.
À cette époque, la mode pour enfant n’existait pas et les enfants portaient, comme leurs poupées, des vêtements d’adulte en miniature. Les corps des poupées n’étaient pas réalistes, mais s’adaptaient à la forme des vêtements à la mode dont la poupée était habillée. 
Les poupées dont il est question ici, et dont l’évolution sera étudiée, sont des poupées manufacturées et vendues. Au XIXe siècle, elles étaient peu nombreuses et réservées aux familles aisées. Les enfants des classes plus populaires jouaient avec des poupards ou des poupées de chiffon fabriquées à la maison, par eux-mêmes ou par leurs parents, dont la réalisation était très éloignée des considérations sur la mode de l’époque.
Si les poupées servant à promouvoir les créations des marchands de mode cédèrent majoritairement leur place, à la fin du xviiie siècle, aux gravures de mode, plus faciles à diffuser, certaines ont subsisté. Ainsi, au début du xixe siècle, la frontière était fine entre la poupée mannequin, la poupée jouet très bien habillée et la poupée de mode destinée aux femmes adultes. Ces distinctions s’avéraient poreuses, une poupée mannequin passée de mode pouvant être donnée comme jouet à un enfant.
La métamorphose des poupées, qui à partir du milieu du XIXe siècle prirent progressivement des visages d’enfants, répond à deux évolutions. Tout d’abord, la disparition des poupées chez les couturiers, liée à l’invention de la haute couture par Charles Worth, qui ouvrit sa maison à Paris en 1858. Le couturier, devenu créateur et non plus simple exécutant de la volonté de ses clientes, faisait porter ses robes à sa femme, pour leur donner plus de vie et de dynamisme. Le succès des toilettes ainsi mises en valeur marqua la naissance du mannequin en chair et en os.
Parallèlement, les parents commencèrent à manifester leur mécontentement face aux frivoles poupées parisiennes, autre nom de ces précieux jouets accusés d’encourager les fillettes à devenir des femmes superficielles. Si le Second Empire représente l’âge d’or des poupées de mode, dont les luxueuses garde-robes aux innombrables accessoires n’avaient rien à envier aux élégantes de l’époque, les années 1870 et 1880 virent l’apparition de poupées à la morphologie et aux visages plus juvéniles, habillées comme des enfants, suivant la mode enfantine plus pratique et moins contraignante qui se développe durant ces décennies.
Les poupées et leurs toilettes ne perdirent pas pour autant leur caractère luxueux.
Des maisons comme Jumeau, Bru ou Huret commercialisaient ces précieux articles aux têtes de porcelaine, qui s’exportaient comme témoignages du raffinement et du savoir-faire français.
La révolution Barbie
(…)
Ruth et Eliott Handler avaient créé Mattel avec Harold Matson en 1945. La marque, qui fabriquait de petits jouets en plastique, boîtes à musique, pistolets factices, etc., connaissait un certain succès. Ruth n’arrivait cependant pas à convaincre le reste de l’équipe de réaliser son idée de poupée mannequin en trois dimensions, alors même que Mattel cherchait un créneau novateur et original pour entrer sur le marché de la poupée. La raison invoquée officiellement était celle du coût de réalisation d’une telle poupée, qui aurait nécessité de la faire produire en Asie, ce à quoi Mattel n’était pas prêt. Les réticences d’une équipe exclusivement masculine à réaliser une poupée ressemblant à une adulte et dotée de seins constituent néanmoins certainement la vraie raison expliquant les difficultés rencontrées avant la naissance de Barbie. Il ne faut pas oublier que, dans les années 1950, être une femme d’affaires signifiait être une pionnière, et que Ruth Handler était la seule femme dans un milieu masculin.
(…) Barbie, nommée d’après Barbara Handler, fit ses premiers pas à la Foire du jouet de New York le 9 mars 1959.
La réception de Barbie
À cette foire, Barbie ne connut pas le succès escompté, les professionnels du marché du jouet semblant, tout comme les cadres de Mattel, gênés par les seins de la poupée, et penser que les petites filles se contenteraient des poupées à materner déjà disponibles. 
Une fois Barbie en magasin, le succès fut en revanche immédiat, sans même l’appui de la campagne publicitaire qui avait été prévue. L’optimiste Ruth Handler, qui avait prévu de faire fabriquer 20 000 poupées par semaine, dut tripler sa production, sans pouvoir pour autant réussir à satisfaire la demande avant 1962. Barbie était par ailleurs le premier jouet à se vendre aussi bien, voire mieux, après Noël qu’avant.
Rapidement, Mattel dut mettre en place un secrétariat pour Barbie, afin de répondre à ses nombreux admirateurs, Barbie recevant autant de courrier qu’une star hollywoodienne. La création du fan club suivit. Ce succès vint en partie de la mythologie créée autour du personnage de Barbie, présentée avec son histoire racontée dans des petits romans publiés dès les années 1960, sa famille, ses amis, son petit ami (dont les jeunes filles ont réclamé la création auprès de Mattel quelques années après l’apparition de Barbie), ses activités, etc. Sa personnalité n’est pas assez forte pour empêcher l’enfant de projeter sur Barbie tout ce qu’il souhaite, mais cette histoire fait de Barbie plus qu’un simple jouet et explique qu’aucune de ses rivales n’a réussi à la détrôner. Car Barbie a fait de nombreuses émules : Sindy, son alternative britannique sortie dans les années 1960, Petra, vendue en Allemagne au même moment à un prix moins élevé que celui de Barbie, Perle, concurrente française des années 1980, etc.
Barbie s’est également imposée par la publicité et la télévision. Dès 1956, Mattel fut sponsor de l’émission américaine pour enfants The Mickey Mouse Club ; la marque peut ainsi s’adresser directement aux enfants, devenus prescripteurs et consommateurs, alors que les jouets étaient auparavant choisis par les parents, sur les conseils de vendeurs. 
Cette stratégie permet également de doper les ventes de jouets et de résoudre le problème de la saisonnalité des ventes autour de Noël. Les publicités rythment la vie de Barbie, en mettant en avant chaque nouveau personnage de son entourage, ou chaque nouvelle activité. 
Si la diffusion de Barbie fut rapide aux États-Unis, son succès international fut plus lent ».

« Barbie, Miroir de son temps »
Anne Monier
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L’évolution générale de Barbie
Barbie, en tant que symbole de la société de consommation, a dû essuyer de nombreuses critiques, les principales portant sur l’essence même du jeu avec Barbie, c’est-à-dire l’identification et la projection. Barbie étant le support grâce auquel la fillette imagine, par le jeu, sa future vie d’adulte, certains adultes ont pu s’émouvoir de voir des enfants s’identifier à une poupée aux mensurations irréalistes (rappelons que le corps de Barbie n’a pas été pensé pour être réaliste, mais pour pouvoir être facilement habillé, tout comme celui des poupées de mode du XIXe siècle), oubliant que la puissance imaginative des enfants leur permet d’animer dans leurs jeux de nombreux objets, sans pour autant croire que ces objets sont réels ou vivants. Souvent attaquée, Barbie a beaucoup évolué pour répondre à ces critiques, et présente une évolution générale semblable à celle de notre société.
En 1959, Barbie détone dans le paysage des poupées, qui proposent à la petite fille un rôle de maman. Ruth Handler souhaite faire de Barbie un modèle de jeune femme glamour et refuse donc que Barbie soit mariée ou mère de famille. 
Barbie s’inscrit ainsi en marge des rôles offerts aux femmes à cette époque, et certains craignent que la poupée ne remette en cause l’importance du rôle maternel pour les femmes. Barbie peut même incarner, à sa naissance, une alternative à l’image omniprésente de la femme esclave des corvées ménagères.
Barbie change parallèlement à l’évolution du rôle de la femme. Dès le début des années 1960, elle a des carrières (infirmière, hôtesse de l’air, employée de bureau), qui se diversifient au cours de la décennie (astronaute, professeur).
En choisissant leur poupée Barbie, les petites filles ont donc la liberté de choisir qui elles souhaitent être.
(…)
Barbie est le témoin de l’évolution du rôle de la femme, mais également celui de la place que prennent progressivement les loisirs dans la société. Après la Seconde Guerre mondiale, la logique de l’articulation entre temps libre et travail s’inverse. La seconde moitié du XXe siècle voit triompher les loisirs, désormais considérés comme du temps gagné sur le travail, du temps à chérir et à mettre à profit. Le fait que la première Barbie soit en maillot de bain et que le thème de la plage ait autant d’importance dans son univers va de pair avec la démocratisation des vacances d’été à la fin des années 1950 dans les pays occidentaux. Au cours des décennies, Barbie est ainsi commercialisée occupée à toutes sortes d’activités : tennis, camping, bateau, ski, etc. 
Progressivement, Barbie se met également à célébrer la diversité. Dès 1967, une version afro-américaine de Francie, la cousine de Barbie, est commercialisée.
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Barbie et le Zeitgeist
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Barbie vit un nouveau changement majeur en 1977, avec un nouveau corps, un visage souriant et amical, qui vont perdurer pendant une vingtaine d’années. Il s’agit de Barbie Superstar, qui annonce les supermodels des années 1980 et 1990, et représente le moment où le monde de la mode et celui du divertissement se mélangent définitivement. Barbie Superstar possède un corps conquérant, lié à une image de féminité puissante qui domine dans les médias à cette époque. C’est également le moment où s’impose le fameux rose Barbie, répertorié par Pantone sous la nuance 219C. L’influence de Barbie Superstar est telle qu’elle finit par incarner l’image même de Barbie dans l’imaginaire populaire, gommant ainsi les nombreux autres aspects de la poupée.
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En l’an 2000, Barbie connaît un rajeunissement pour mieux coller à l’air du temps. Alors qu’en 1959 la Teenage Fashion Model de Mattel jouait à être une femme plus âgée, comme le rêvait alors les jeunes filles, au tournant de l’an 2000 c’est la société entière qui rêve d’être adolescente. Le nouveau corps de Barbie, plus mince et juvénile, la rapproche des stars de l’époque, comme Britney Spears, qui n’a pas encore vingt ans. La jeunesse devient une obsession.

Parallèlement, de nombreuses poupées Barbie font référence à des films mettant Barbie en scène, très souvent dans des rôles de princesse. Cette multiplication des Barbie princesses fait également écho à la tendance du monde du spectacle et de la mode à se tourner vers le fantastique et le merveilleux, afin de contrer la morosité de l’époque, dominée par la crise économique. Les stars se déguisent, les super-héros reviennent sur le devant de la scène, et la fantasy envahit le cinéma et la télévision.
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Barbie source d’inspiration
En tant qu’icône, Barbie est très souvent représentée, voire détournée dans la culture populaire. De la même façon, Barbie fait de nombreux clins d’oeil à la culture populaire, avec des éditions limitées comme Barbie & Ken Star Trek en 1996, Barbie Marilyn Monroe dans 7 ans de réflexion en 1997, Barbie & Ken X Files en 1998, Barbie Sandy de Grease en 2004, la série de poupées sur le thème du Magicien d’Oz en 2009, etc.

Il est impossible de recenser toutes les apparitions de Barbie dans les médias, tant elle est omniprésente. Quelques exemples soulignent qu’il s’agit d’un aller-retour permanent entre Barbie et la culture populaire. Lorsque le groupe Aqua sort en 1997 son titre Barbie Girl, succès planétaire, Mattel attaque la maison de disque en justice pour son utilisation de Barbie. En 2009 cependant, le titre est repris, avec des paroles modifiées, dans des publicités pour Barbie, signe que Barbie est capable d’une autodérision typique de l’époque.
De même, en 2009, pour fêter les cinquante ans de Barbie, le designer Jonathan Adler réalise du mobilier inspiré de son univers pour une poupée en édition limitée, des objets à taille humaine prenant Barbie comme source d’inspiration, ainsi qu’une suite au Palms à Las Vegas offrant l’illusion d’une nuit dans la maison de Barbie. 
Enfin, Barbie est présente à plusieurs reprises dans la série américaine Mad Men, où elle apparaît comme un cadeau important à faire à un enfant. En parallèle, une série limitée de Barbie inspirée par Mad Men est commercialisée en 2010. 
Barbie est également un moyen d’exprimer des problématiques autour des enfants. En tant que jouet incontournable, souffrant parfois des préjugés liés à son image de poupée mannequin, elle peut être utilisée pour traiter de sujets se rapportant au genre ou à l’éducation, comme dans Niels, Barbie et le problème du pistolet de Kari Tinnen (2011). Pour son anniversaire, Niels peut choisir le jouet qu’il veut dans le magasin. Il désire une Barbie, mais son père préférerait qu’il choisisse un pistolet… Pourquoi les petits garçons ne pourraient-ils pas, aussi, jouer avec Barbie ? Dans un épisode de la bande dessinée Phoebe and the Pigeon People de Jay Lynch et Gary Whitney (1980), des parents progressistes expliquent qu’au lieu de la Barbie que leur fille désirait, ils lui ont offert une boîte à outils, afin de lui permettre de dépasser les stéréotypes liés au genre. La petite fille ne se sent pas concernée par les préoccupations de ses parents, et rejoue avec ses outils une scène classique de séduction entre Barbie, en clé à molette, et Ken, en marteau.
L’icône Barbie est ainsi une source d’inspiration, au premier comme au second degré. L’importance qu’elle a dans la culture populaire explique également qu’elle soit tournée en dérision. Des multiples interprétations de Barbie sans maquillage aux poupées victimes de violences conjugales de Sam Humphrey, en passant par les poupées arrangées par Marianela Perelli et Emiliano Paolini pour leur série Plastic Religion (2014), chaque nouveau détournement de Barbie défraie la chronique et fait le tour d’Internet. La photographe Mariel Clayton, par exemple, met Barbie en scène dans des situations bien éloignées de l’univers habituel de la poupée (suicide, meurtres, scènes de sexe avec ou sans accessoires), mais qui ne sont pas non plus sans rappeler les tortures que les enfants peuvent parfois faire subir à Barbie pendant leurs jeux. De même, dans sa série In the dollhouse (2012), Dina Goldstein raconte la longue descente aux enfers de Barbie, de ses premiers doutes quant à l’homosexualité de Ken jusqu’à la confirmation de ses soupçons et sa fin tragique. Jocelyne Grivaud, quant à elle, traite Barbie avec affection dans Barbie, ma muse (2013), en réinterprétant d’importantes œuvres de l’histoire de l’art, avec notre icône comme sujet principal.
Barbie inspire également de nombreux artistes, comme en témoigne son portrait par Andy Warhol en 1986. C’est de façon détournée que Barbie aurait intégré le cercle des icônes américaines déjà représentées par le pape du pop art, telles Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor ou la bouteille de Coca-Cola.
Alors qu’Andy Warhol voulait faire le portrait de son ami le styliste et grand collectionneur de Barbie BillyBoy, celui-ci lui aurait répondu : « Si tu veux faire mon portrait, fais celui de Barbie, car Barbie, c’est moi ». BillyBoy qualifie le portrait de Barbie de motif warholien ultime : un objet de grande consommation à visage humain. Cette oeuvre, l’une des dernières de l’artiste, fait de Barbie une icône absolue ».

Les coulisses de Barbie
Aurore Bayle-Loudet
(…)
Robert Best, directeur en chef du design de Barbie
— « Comment s’organise votre travail sur Barbie ?
Je suis directeur de la conception de Barbie (Barbie design), mon équipe conçoit les différentes lignes de la collection
Barbie, de celles pour enfants aux éditions limitées pour collectionneurs.
Pour les poupées de collection, nous collaborons régulièrement avec des licences et des marques extérieures, sur proposition de la franchise en question, ou bien après une demande de notre part. Dans chacun des cas, il s’agit d’un travail collaboratif, tant au sein de l’équipe chez Mattel qu’avec la marque qui accepte de travailler pour Barbie.
De manière générale, pour décider ce que Barbie portera, nous effectuons un travail de veille et de repérage en amont : nous constituons des panneaux d’inspiration avec des images puisées dans l’actualité culturelle, les dernières tendances, etc. C’est un travail qui se rapproche vraiment de ce qui se fait dans la mode ; cette première étape constitue une base à partir de laquelle nous réalisons des croquis qui contiennent des idées brutes de ce que la poupée portera, la manière dont elle sera coiffée et maquillée. Nous nous inspirons de tendances globales – un motif, une couleur, une coupe –, mais sans jamais imiter exactement les modèles que nous avons sélectionnés.
Nous devons sentir l’air du temps, non le dupliquer. Les propositions évoluent, puis vient l’étape de la mise en volume : nous collaborons avec des fabricants de tissus, enfin nous créons des échantillons miniatures des vêtements de la poupée.
Ce premier modèle peut être plus ou moins abouti ; il n’est accepté qu’une fois validé par tous les maillons de la chaîne, aux États-Unis comme dans les usines à l’étranger. C’est vraiment une responsabilité partagée. Barbie doit être représentative de son époque mais surtout nous devons garder à l’esprit qu’il s’agit avant tout d’un jouet pour enfants.
— Vous maîtrisez parfaitement les rouages du monde de la mode : cela vous aide-t-il dans votre travail pour Barbie ?
Je travaille chez Mattel depuis vingt ans et auparavant j’étais assistant de conception dans une maison de mode à New York. Je voulais changer et j’ai intégré Mattel. Je pensais n’y rester qu’une année puis faire autre chose.
Dès mon arrivée, mon expérience dans la mode m’a donné envie de ramener Barbie à la réalité. J’aimais son univers rose et un peu excessif mais elle semblait avoir glissé dans un univers plus fantastique. Ces évolutions se justifiaient par ce que cherchaient les petites filles, mais il me paraissait intéressant de trouver un plus juste équilibre entre réalité et rêve. C’est ce qui est passionnant dans mon parcours chez Mattel : mon travail a évolué au cours des années, et aujourd’hui j’ai la chance d’avoir une vue d’ensemble sur le processus de conception de Barbie.
À travers ses tenues, nous dessinons ses carrières, les étapes de sa vie, et plus largement toute l’histoire de Barbie. Par exemple, c’est quelque chose que nous mettons aujourd’hui en oeuvre sur Instagram (@Barbiestyle). 
C’est un défi passionnant car, après tout, ce n’est qu’une poupée, elle a des limites physiques que nous essayons de masquer le plus possible, et c’est cela qui rend le projet amusant.
— Vous sentez-vous responsable de l’impact de Barbie ? 
Les personnes qui travaillent chez Mattel sont toujours surprises du pouvoir de cette petite poupée. Barbie est un symbole très fort et c’est la raison pour laquelle je ne prends pas cette responsabilité à la légère. À mes yeux, elle fait partie des rares icônes très américaines : à l’image d’une marque mythique comme Coca-Cola, elle est immédiatement reconnaissable, presque légendaire. Sa seule évocation ravive immédiatement un souvenir ou une émotion. D’un bout à l’autre de la planète, les gens ont des histoires à partager sur Barbie, généralement positives. C’est pourquoi nous avons une responsabilité si importante : les enfants gardent ce souvenir de Barbie toute leur vie. Même s’il ne s’agit que de leur apporter un peu de joie sur une courte période de temps, je suis fier de pouvoir le leur offrir ».


"Barbie, la femme parfaite ?" de Julia Zinke et Nicola Graef
Allemagne, 2023, 53 min
Production : Lona Media Filmproduktion
Sur Arte le 25 août 2023 à 22 h 40
Disponible du 19/07/2023 au 14/10/2023
Visuels :
© SWR/Graef Screen Productions/Frank Kranstedt
© SWR/Graef Screen Productions/Sebastian Bock
© SWR/Graef Screen Productions/Haneefah Adam

Jusqu’au 18 septembre 2016
Au musée des arts décoratifs 
107, rue de Rivoli – 75001 Paris
Tél. : +33 01 44 55 57 50
Du mardi au dimanche de 11 h à 18 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h
Visuels :
Ruth et Eliott Handler, années 1960
Photo des archives Mattel
© Mattel

Barbie, 1959
© Mattel

Ruth Handler entourée de poupées Barbie et Ken, années 1960
Photo des archives Mattel
© Mattel

Barbie Aérobic,1984
© Mattel

Barbie Instagram @Barbiestyle, Palais de Tokyo, 2015
© Mattel

Barbie femme d’affaires, 1963
© Mattel

Barbie chirurgien, 1973
© Mattel

Barbie hôtesse de l’air, 1961
© Mattel

Barbie candidate à la présidentielle, 2000
© Mattel

Barbie day to night, 1985
© Mattel

Barbie Sonia Rykiel, 2009
© Mattel

William Hoare, « Christopher Anstey avec sa fille », vers 1775
© The National Portrait Gallery, Londres

Barbie Dior, pour les 50 ans du Tailleur Bar, 1997
© Mattel

Barbie Instagram @Barbiestyle, Passage des panoramas, 2015
© Mattel

Barbie Diane Von Furstenberg, 2006
© Mattel

Barbie astronaute, 1965
© Mattel

Barbie Moschino, 2015
© Mattel

Chloé Ruchon, « Barbiefoot », 2009
Collections du musée des Arts décoratifs
© Les Arts Décoratifs / photo : Jean Tholance

Barbie Oscar De la Renta, 1985
© Matte

Barbie « Grease », 1996
© Mattel

Barbie et Ken « Star Trek », 1996
© Mattel

Barbie Mad Men, 2010
© Mattel

Andy Warhol, « Barbie », 1985
© Mattel

Making of, Mattel
© Mattel

Photo du compte instagram de Barbie @barbiestyle, 2015
© Mattel

Barbie Instagram @Barbiestyle, Paris, 2015
© Mattel

© Mattel inc. et © Fundación Canal

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Les citations non sourcées proviennent du dossier de presse. Cet article a été publié le 18 septembre 2016, puis les 27 avril et 16 novembre 2017, 26 juillet 2018, 25 septembre 2019.

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