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mardi 11 janvier 2022

Anselm Kiefer. Pour Paul Celan

Le Grand Palais Ephémère présente l’exposition « Anselm Kiefer. Pour Paul Celan ». Toiles et sculptures inspirées par les vers déchirants du poète juif roumain germanophone Paul Celan (1920-1970), rescapé de la Shoah. Des interrogations communes sur la création artistique après la Shoah et sur ce qu'est un artiste allemand après cette tragédie du XXe siècle. 


« Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé ». Anselm Kiefer, 20 juin 2021

« Quinze ans après avoir inauguré la série des Monumenta au Grand Palais en 2007, Anselm Kiefer est le premier plasticien à investir l’intégralité de l’espace du Grand Palais Éphémère, pour un projet inédit. »

« Avec Pour Paul Celan, il poursuit son travail sur la mémoire européenne, traversée par ses conflits » dont « la France et l’Allemagne sont les grands acteurs ».

« Installées dans les volumes uniques du Grand Palais Éphémère au moyen d’une scénographie minimale, des sculptures, des installations et des toiles de grand format, conçues entre 2015 et 2021, interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande Paul Celan, dont l’œuvre a sans cesse été présent dans les peintures d’Anselm Kiefer. »

« Fragments de textes tracés à la craie, pigments et matériaux végétaux composent cette relecture picturale du texte de Celan, qui, après avoir connu l’horreur des camps, a entrepris sa vie durant d’utiliser le langage comme un outil contre l’oubli et la barbarie - parce qu’il est nécessaire de se tourner, souvent, vers le passé pour mieux comprendre notre avenir. »

« Dans cette exposition des sculptures, installations, et 19 toiles de grand format interagissent avec la poésie inapaisée du grand poète de langue allemande, Paul Celan. »

« L’oeuvre de Paul Celan a sans cesse été présent dans les peintures d’Anselm Kiefer, depuis l’adolescence et la découverte du poème « Todesfuge » (« Fugue de mort »), et se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec ce nouvel ensemble de peintures. Ce dialogue se densifie au cours des dernières années et notamment en 2020 à la faveur de la période d’isolement du confinement. » A noter que la peintre Anne Gorouben avait aussi illustré ce poème.

« Dans les extraits de son journal rédigés pendant la préparation de l’exposition au Grand Palais Éphémère, Anselm Kiefer écrit :
« Celan ne se contente pas de contempler le néant, il l’a expérimenté, vécu, traversé.
(...)
la langue de Paul Celan vient de si loin, d’un autre monde auquel nous n’avons pas encore été confrontés, elle nous parvient comme celle d’un extraterrestre. Nous avons du mal à la comprendre. nous en saisissons ça et là un fragment. Nous nous y accrochons sans jamais pouvoir cerner l’ensemble. j’ai humblement essayé, pendant soixante ans. Désormais, j’écris cette langue sur des toiles, une entreprise à laquelle on s’adonne comme à un rite.
(...)
l’exposition au grand palais : comment mettre Celan dans une salle construite pour des olympiades ? n’est-ce pas une entreprise impossible, blasphématoire ? tes grands tableaux dans lesquels tu cites Celan : n’est-ce pas comme si tu placardais Celan sur des colonnes Morris ? ne devrais-tu pas mettre le feu aux tableaux, les brûler en public ? »

« Selon le penseur et cinéaste Alexander Kluge, les tableaux d’Anselm Kiefer font vivre les vers de Celan, qu’ils commentent, et en retour les vers du poète donnent vie aux peintures. Ici les disciplines artistiques s’emparent des conflits de l’histoire, même si, toujours selon Alexander Kluge, « un Bauhaus pour la prévention de la guerre, » ça n’existe pas. »

Cette exposition se déroule au moment où la France prend la présidence de l’Union européenne. Elle en est une forme de prologue, comme si, selon les mots d’Anselm Kiefer, « Madame de Staël s’adressait à l’Allemagne ». Les peintures de Pour Paul Celan sont posées dans l’espace dénué de scénographie classique et de cimaises, sans chronologie, comme les mémoires non traitées de notre existence humaine. »

« Le Grand Palais Éphémère, espace monumental de 10 000m² conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, est l’environnement vivant de cette installation. L’Ecole Militaire ainsi que les bâtiments modernes de l’UNESCO au Sud, feront écho aux leitmotivs qui hantent l’oeuvre de l’artiste : l’histoire politique de l’Europe traversée par ses conflits. »


« Un ouvrage accompagne le projet, rassemblant des textes du philosophe Emanuele Coccia, de l’artiste Edmund de Waal, du cinéaste Alexander Kluge et du conservateur Ulrich Wilmes ainsi que des extraits du journal d’Anselm Kiefer. »

« Cette exposition est organisée par la Rmn – Grand Palais en partenariat avec la galerie Thaddaeus Ropac et labellisée Présidence française du Conseil de l’Union européenne 2022. Elle bénéficie du soutien de KPMG et de Monsieur Sébastien Breteau. »



« Qui est Paul Célan ? »

« Les œuvres de l’artiste Anselm Kiefer interagissent avec la poésie inapaisée du plus grand poète de langue allemande d’après-guerre : Paul Celan, à découvrir dans cet article. »

« Considéré comme le plus grand poète de langue allemande de l’après-guerre, Paul Ancel, dit Paul Celan, est né en 1920 dans l’actuelle Roumanie. Fils unique d’une famille juive, il a traversé les terribles épreuves des camps de travaux forcés et de la déportation de ses parents. »

« Traducteur, éditeur, auteur, il compose son nom d’écrivain à partir de l’anagramme de son patronyme. Installé à Paris en 1955, naturalisé français, marié à l’artiste Gisèle de Lestrange et père d’un fils, Paul Celan enseigne de 1959 à 1970 à l’École normale supérieure. En parallèle, il poursuit son activité de traduction (Rimbaud, Valéry, Char…) et publie de nombreux recueils de poésie dont plusieurs ont été couronnés de prix littéraires. Il se suicide à Paris en 1970. »

« Anselm Kiefer déclare que « Paul Celan (…) ne le quitte jamais (…) ». Il vit en sa compagnie et tente, de façon presque rituelle, d’écrire « sa langue » sur ses toiles. Cette dernière indication est à prendre au pied de la lettre, puisque Kiefer inscrit des poèmes ou des extraits sur nombre d’oeuvres, mais également parce que le plasticien cristallise les images du poète, ce qu’il résume : « Je pense en images. Les poèmes m’y aident. ».


Du 16 décembre 2021 au 11 janvier 2022
Place Joffre, 75007
Tél. : +33 (0)1 40 13 48 00
Du dimanche au jeudi de 10 h à 19 h. Le vendredi et le samedi de 10 h à 21 h.

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