« La fin des chrétiens d'orient ? » (Christen In Der Arabischen Welt) est un documentaire réalisé par Didier Martiny. Un « saisissant panorama de la fragile condition des chrétiens dans cinq pays : l'Irak, la Syrie, la Turquie, l'Égypte et le Liban ». Pourquoi pas aussi l’Autorité palestinienne ? Un film confus, biaisé, "islamiquement correct" et couplé à un dossier web par Arte. Article republié en cette « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou de leurs convictions ».
« La fin des chrétiens d'orient ? », par Didier Martiny
« Les chrétiens d’Orient - Vitalité, souffrances, avenir » de Jean-Michel Cadiot
Chrétiens d'Orient - Deux mille ans d'histoire
« Manuscrits en péril » par Susanne Brahms

« Au début du XXe siècle, un habitant du Moyen-Orient sur quatre était chrétien ».

Les éléments caractéristiques de ces infidèles conquis (dhimmis) sont leur infériorité dans tous les domaines par rapport aux musulmans, un statut d’humiliation et d’insécurité obligatoires et leur exploitation économique. Les dhimmis ne pouvaient construire de nouveaux lieux de culte et la restauration de ces lieux obéissait à des règles très sévères. Ils subissaient un apartheid social qui les obligeait à vivre dans des quartiers séparés, à se différencier des musulmans par des vêtements de couleur et de forme particulière, par leur coiffure, leurs selles en bois, leurs étriers et leurs ânes, seule monture autorisée. Ils étaient astreints à des corvées humiliantes, même les jours de fête, et à des rançons ruineuses extorquées souvent par des supplices. L’incapacité de les payer les condamnait à l’esclavage. Dans les provinces balkaniques de l’Empire ottoman durant quelques siècles, des enfants chrétiens furent pris en esclavage et islamisés. Au Yémen, les enfants juifs orphelins de père étaient enlevés à leur famille et islamisés. Ce système toutefois doit être replacé dans le contexte des mentalités du Moyen Age et de sociétés tribales et guerrières », a analysé l’essayiste Bat Ye’or.
« Pris en étau »

Le christianisme n'est pas né en Palestine, mais en Judée. La diaspora juive est très dynamique, et le "christianisme oriental s'inscrit dans une matrice juive".
Les chrétiens se divisent en deux groupes : l'un catholique, l'autre indépendant est constitué de groupes - assyro-chaldéens, arméniens, orthodoxes, etc. - dirigés par des patriarches

Dans le site web dédié par Arte aux chrétiens du Moyen-Orient, l'Autorité palestinienne manque aussi. Les nombres indiqués concernant Israël allèguent une baisse de 2001 à 2015 !? Or, si le nombre de chrétiens dans les territoires régis par l'Autorité palestinienne et le Hamas a diminué en raison des persécutions subies, celui des chrétiens en Israël a augmenté.
En « Irak et en Syrie, ils fuient en masse les persécutions de l'État islamique (ISIS ou ISIL), qui cherche aussi à effacer les traces de leur culture ». Avant l’avènement de l’Etat islamique, les chrétiens avaient fui le régime baasiste irakien de Saddam Hussein. C'est ce que rappelle Myriam Benraad.


« Décimée en Turquie par le génocide de 1915 puis par l'émigration, plus importante en Égypte mais endeuillée par de récents attentats, la communauté chrétienne n'obtient pas la reconnaissance officielle qu'elle attend des autorités des deux pays ». A la charnière des XIXe et XXe siècle, des mouvements turcs considèrent qu'on est turc et musulman. L'épuration ethnico-religieux vise les Arméniens, les Assyriens - les Assyro-chaldéens tués actuellement dans la province de Ninive descendent de ces Assyriens -, les Grecs pontiques, etc. En Turquie, des lieux de culte chrétiens ont été transformés en mosquées. Les autorités politiques refusent la protection juridique à ces minorités chrétiennes. Kafro est emblématique du retour de chrétiens dans les maisons historiques de leurs villages. Mais interdiction leur est faite de construire leurs églises.


Les Frères musulmans parviennent au pouvoir par le "printemps arabe" en 2011. La constitution proposée par Morsi renforce un "islam rigoriste". Les massacres récurrents de Coptes continuent. En 2015, l'Etat islamique décapite des Coptes égyptiens qui seront inclus dans le martyrologe copte. Un musulman insiste sur le caractère tolérant de l'islam. L'université Al-Azar "est discréditée par sa longue compromission avec le pouvoir". Le président al-Sissi a salué les Coptes dans une église. Une première. On assiste à "un renouveau copte et un repli identitaire".

« Au fil des interviews d'historiens, de politologues ou de dignitaire religieux, des séquences émouvantes auprès des réfugiés ou des communautés religieuses, se dessine un monde éprouvé mais aussi baroque, chaleureux et multiple, réparti en six rites différents : syriaque, byzantin, arménien, chaldéen, copte et maronite ».
Dadi, réfugiée yazidi, relate sa fuite, sa peur. Elle remercie les chrétiens pour leur hospitalité et leur aide.


Un site web accompagne ce documentaire.
Le crépuscule des chrétiens d’Orient

Pourquoi les chrétiens d’Orient sont-ils “pris en étau” entre l’Occident et leurs propres pays ?
Didier Martiny : Parce qu’ils ne sont pas un enjeu stratégique pour l’Europe et les États-Unis. Dans un Moyen-Orient qui va de la Turquie à l’Arabie saoudite, et de l’Égypte à l’Iran, on compte 320millions de musulmans pour 11millions de chrétiens. Ils ne représentent donc pas une masse significative par rapport à la majorité sunnite avec laquelle l’Occident a choisi de s’allier depuis plusieurs années. Cela fait une dizaine de siècles que les chrétiens sont malmenés et constituent une variable d’ajustement pour tous les pouvoirs en place, en raison de leur condition de minorité.

Le grand danger qui guette les chrétiens d’Orient, c’est qu’ils soient considérés par les musulmans comme une cinquième colonne de l’Occident, comme lors de l’intervention américaine en Irak en 2003, quand George Bush a affirmé: “Nous sommes les nouveaux croisés.” Cela a eu immédiatement pour effet des centaines de morts parmi eux.
Pour autant, les choses ne se sont pas toujours mal passées. Ils étaient soumis dans l’Empire ottoman à un statut particulier: la dhimma. Cette condition de dhimmis définissait les chrétiens comme des citoyens de seconde zone redevables d’un impôt en échange de quoi ils étaient assurés de la protection du pouvoir. Plus tard, le système des millet a reconnu les chrétiens en tant que communauté représentée par un patriarche mais toujours de statut inférieur. Sans être très riches, ils étaient de classes sociales relativement élevées.

Voyez-vous leur situation actuelle comme un énième cycle d’une histoire tourmentée, ou assistons-nous réellement au début de leur disparition dans la région ?
Le constat est très noir. On a le sentiment qu’il s’agit de leur crépuscule. En Turquie, il n’y a pratiquement plus de chrétiens, puisqu’ils sont réduits à un groupe de 100 000 personnes environ.
En Irak, où ils ont été pourchassés, ils ont fui vers le Kurdistan. Leur situation est celle de réfugiés.
En Syrie, la situation est encore pire, puisqu’un million de chrétiens sont partis.


Ce qui est fascinant dans cette région, c’est la diversité incroyable des communautés ! Les syriaques, les sabéens, les mandéens, des ordres qui descendent de saint Jean le Baptiste, sans oublier les yézidis qui, eux, ne sont pas chrétiens… Si l’une de ces minorités renonce définitivement à rester, toutes les autres vont lui emboîter le pas, car toutes sont vulnérables. Ce qui reste de cette multiplicité va s’effondrer comme un château de cartes.
Comment peuvent-ils survivre aujourd’hui ?

À l’inverse, d’autres, comme les Arméniens, estiment que l’Orient est certes le berceau de leur religion, mais que celle-ci doit avant tout rester vivante, et qu’elle peut reprendre racine n’importe où dans le monde.
Tous sont en tout cas confrontés à la question de savoir s’ils pourront revenir après avoir quitté le Moyen-Orient.
Ce sera difficile.
Les chrétiens d’Orient en exil arriveront à s’insérer matériellement, mais spirituellement, non, car leur fonctionnement est communautaire, et ils seront privés du creuset qui faisait leur richesse. "
« La fin des chrétiens d'orient ? », par Didier Martiny
Ecrit par Didier Martiny et Pierre Prier
Ligne de front, Arte, 2015, 105 min
Sur Arte les 17 mai à 20 h 55, 1er juin à 8 h 55 et 20 juin 2016 à 8 h 55, 9 janvier 2018 à 20 h 50
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Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 17 mai 2016, puis le 8 janvier 2018.
Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 17 mai 2016, puis le 8 janvier 2018.
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