Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

vendredi 14 mai 2021

Ken Loach


Ken Loach, réalisateur militant, naturaliste, primé notamment au festival de Cannes, représente une (extrême-)gauche fossilisée, antijuive, appelant aux boycotts d’Israël et soutenant les Gilets jaunesArte diffusera le 19 mai 2021 "Moi, Daniel Blake" (I, Daniel Blake ; Ich, Daniel Blake) de Ken Loach. Un film qui "valut au réalisateur anglais sa deuxième Palme d’or au Festival de Cannes en 2016". 


"Icône ébouriffée et palmée en 2006 (Le vent se lève), le cinéaste britannique n’a rien perdu à 77 ans de sa capacité d’indignation. Ce fils d’ouvrier dont les films bouillonnants de vie et d’enfer quotidien (de Riff Raff à Land and freedom en passant par Ladybird) assument un naturalisme militant poursuit sa lutte des classes avec la même fraîcheur et le même humour décapant. Formidable directeur d’acteurs – souvent amateurs – qu’il filme à fleur de peau et en totale empathie, Ken Loach a raflé en 2012 son troisième Prix du jury à Cannes, avec une ode vibrante aux grands whiskies écossais (La part des anges). Jimmy’s hall, son prochain film, annoncé comme son possible dernier, met en scène la vie de Jimmy Gralton, leader communiste irlandais déporté en 1933 aux États-Unis", a écrit Sylvie Dauvillier pour Arte.

Né en 1936, Ken Loach étudie le droit à Oxford et joue dans la troupe Oxford Revue. 

Postures militantes
Il « a fait ses premières armes de réalisateur engagé dans la seconde moitié des années 1960 sur la BBC, à travers une série de téléfilms imprégnés de réalisme documentaire (Up the junction, Cathy come home...), dans lesquels il capte la vie ouvrière », la pauvreté créant des familles sans domicile fixe.

En 1969, Kes, film parlé en dialecte du Yorkshire, rend célèbre ce réalisateur membre du Parti travailliste. En 1999, ce film est inscrit par le British Film Institute en septième position dans la liste des meilleurs films britanniques du XXe siècle.

Les longs métrages réalisés dans les années 1970 et 1980 » - Family Life (1971), The Price of Coal (1977) - « rencontrent un moindre succès, mais confortent sa réputation.

« Pendant la décennie thatchérienne, il s'empare des luttes sociales en cours », notamment celles des mineurs, « dans des documentaires militants, mais se heurte à la frilosité des diffuseurs ». 

Collaborant avec l’écrivain Jim Allen, Ken Loach devait mettre en scène Perdition, qui alléguait qu’un mouvement sioniste en Hongrie aurait aidé les Nazis dans la Shoah en échange de l’émigration de quelques Juifs en Palestine sous mandat britannique. En janvier 1987, 36 heures avant sa première représentation au Royal Court Theatre, la pièce de théâtre est retirée de la programmation à la suite de protestations dans le monde et d’accusations d’antisémitisme.

La « traversée du désert prend fin en 1990 avec Secret défense, Prix du jury à Cannes et coup d'envoi d'une longue succession de triomphes, entre fresques historiques (Le vent se lève) et drames sociaux (Ladybird, Sweet sixteen) ».

Vers le milieu des années 1990, Ken Loach quitte le parti travailliste, et est élu en 2004 au conseil national de la Coalition Respect, mouvement gauchiste et antisioniste créé par Salma Yaqoob et George Monbiot, dont il s’éloignera.

"Sweet sixteen"

"Sweet Sixteen" est un film britannique réalisé par Ken Loach (2002), avec Martin Compston, William Ruane, Annmarie Fulton, Michelle Abercromby, Michelle Coulter et Gary McCormack.

"Greenock, petite ville portuaire d'Écosse sinistrée par les années Thatcher. Flanqué de son meilleur ami Pinball, Liam avance dans l'existence en dissimulant sous une éternelle casquette deux yeux brillants d'espièglerie et de rage. Car entre un beau-père violent et une mère droguée qui soigne sa dépendance en prison, Liam n'en finit plus d'encaisser des bleus à l'âme et au corps. Mais envers et contre tout, il caresse l'espoir de lendemains meilleurs. Il s'est mis en tête d'offrir à sa mère, qui doit sortir de prison pour fêter ses 16 ans, une caravane au bord de l'eau... L'itinéraire d'un jeune garçon livré à lui-même et lancé dans une quête du bonheur à l'issue tragique... Signé Ken Loach, un drame bouleversant qui puise aux sources de la chronique adolescente".

"Ce qui frappe d'abord dans Sweet sixteen, c'est sa force vitale. Ici, tout est cassures, violences, élans d'espoir et déferlantes d'émotion. Les personnages tirent leur force dramatique de leur authenticité. S'ils possèdent le goût salé de la réalité, c'est peut-être que Ken Loach a choisi pour les incarner des interprètes pour la plupart non professionnels, issus de la région sinistrée qu'il décrit. Avec ses postures et sa verve, le jeune Martin Compston incarne un Liam criant de vérité. Autour de la figure centrale de son héros, un ange promis à la déchéance, Ken Loach signe une dénonciation féroce du système libéral à l'anglaise, dont les exclus se réfugient dans la délinquance et la drogue. Liam est ainsi le symptôme d'un monde déserté par les adultes, dans lequel la désespérance se refile comme une maladie contagieuse. Tout en faisant ce constat amer, Ken Loach s'offre des échappées du côté du burlesque : à la dureté du monde des adultes, Liam oppose ses facéties et ses provocations toutes juvéniles, avant de basculer dans la tragédie. Ce Kid version écossaise des années 2000 a tout pour émouvoir".

Cannes 2006
En 2006, la Palme d’Or du Festival de Cannes est décernée par The Wind That Shakes the Barley, de Ken Loach. Un film sur la guerre d’indépendance irlandaise.

En 2007, avec cent artistes et écrivains, Ken Loach a signé une lettre ouverte appelant le Festival international du film LGBT à San Francisco à se soumettre aux appels pour le boycott mondial des institutions politiques et culturelles israéliennes en mettant un terme au sponsoring du consulat israélien de ce festival. Il a aussi rejoint « 54 personnalités internationales littéraires et culturelles, signataires d’une lettre alléguant que « célébrer les 60 ans de l’Etat d’Israël est équivalent à danser sur les tombes palestiniennes sur l’air obsédant de la dépossession persistante et de l’injustice aux multiples facettes ». Une lettre publiée le 8 mai 2008 par The International Herald Tribune.

Au début de l’Opération israélienne Plomb durci contre le mouvement terroriste Hamas dans la bande de Gaza (2008-2009), Ken Loach a considéré qu’un rapport montrant la montée de l’antisémitisme « faisait diversion » : « S’il y a une montée de l’antisémitisme, je n’en suis pas surpris. En fait, c’est parfaitement compréhensible car Israël alimente des sentiments d’antisémitisme… Nul ne peut approuver la violence ».

En mai 2009, après avoir parlé avec Loach, les organisateurs du Festival international du film d’Edimbourg (EIFF) a rendu 300 £ à l’ambassade d’Israël. Loach soutenait un boycott du festival prôné par la Campagne palestinienne pour les boycotts académique et culturel d’Israël (PACBI). Alors directeur de Channel 4, Sir Jeremy Isaacs a qualifié l’intervention de Loach de « censure ». Le Festival a déclaré payé, sur son budget, le voyage de la réalisatrice israélienne Tali Shalom-Ezer. Loach a écrit à Tali Shalom-Ezer pour expliquer sa position. Il a aussi souligné que « le boycott vise l’Etat d’Israël ». C’est donc l’existence même de l’Etat juif que refuse Ken Loach.

En 2009, Loach, l’écrivain Paul Laverty et la productrice Rebecca O’Brien ont retiré leur film Looking for Eric du festival international du film de Melbourne dont l’ambassade d’Israël était un des mécènes, après que ce festival ait refusé de retiré ce sponsorat. Directeur du festival, Richard Moore a estimé que les tactiques de Ken Loach étaient du chantage.

Ken Loach est membre du comité de parrainage du Tribunal Russell sur la Palestine fondé en 2009 par Ken Coates, président de la Fondation Bertrand Russell pour la Paix, Nurit Peled, une israélienne enseignant à l'Université hébraïque de Jérusalem, et Leila Shahid, déléguée générale de l'Autorité Palestinienne auprès de l'Union Européenne. Inauguré par Stéphane Hessel, il visait sous couvert de régler le « conflit israélo-palestinien » à diffamer et ostraciser l’Etat Juif.

En mai 2010, lors d’une interview, Ken Loach a listé les trois films qui l’ont influencé le plus : Le Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica (1948), Les Amours d’une blonde de Miloš Forman (1965) et La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1966). Le point commun ? Des films sur « des gens ordinaires et leurs dilemmes ».

En décembre 2010, Ken Loach a soutenu le droit à la sécurité pour Julian Assange.

En 2012, a condamné dans The Observer le Globe Theatre pour avoir autorisé une compagnie théâtrale israélienne à y jouer.

En mars 2013, avec Kate Hudson et Gilbert Achcar, Ken Loach a œuvré pour un nouveau parti d’extrême-gauche qui a été créé en novembre 2013 sous le nom de Left Unity.

En 2014, il a soutenu l’indépendance de l’Ecosse, puis de la Tchétchénie.

En 2015, « l'écrasante victoire des conservateurs aux élections législatives et leurs premières mesures l'arrachent à sa brève retraite ». 

En mai 2016, lors de la deuxième édition du Festival Ciné-Palestine coorganisé par l’Institut du monde Arabe à Paris, il a appelé de nouveau au boycott de l’Etat juif et a déploré de ne pas entendre les voix des Palestiniens dans les médias. 

"Moi, Daniel Blake"
Arte diffusera le 19 mai 2021 "Moi, Daniel Blake" (I, Daniel Blake ; Ich, Daniel Blake) de Ken Loach (2016) avec Dave Johns, Hayley Squires, Briana Shann et Dylan Phillip McKiernan. 

"Privé de pension d’invalidité, Daniel Blake, 69 ans, se heurte aux défaillances cruelles du système de protection sociale britannique. Un réquisitoire déchirant contre la privatisation des services publics."

"Suite à une crise cardiaque, Daniel Blake, un menuisier anglais de 69 ans, est mis au repos. Contredisant l’avis des médecins, une société privée, à laquelle l’administration britannique sous-traite une partie de ses missions, le juge apte à travailler et le prive de la pension d’invalidité dont il pensait bénéficier. Désormais sans ressources, Daniel se rend au Jobcentre, l’équivalent britannique de Pôle emploi. Au fil d’un parcours chaotique, marqué par les lourdeurs administratives d’un système rigide indifférent à sa situation, il rencontre Katie, une mère célibataire à qui l’on vient de suspendre une allocation pour un retard à un rendez-vous. Ces deux naufragés nouent alors une amitié touchante, entre survie, indignation et entraide."

"S’il n’a cessé, tout au long de son œuvre engagée (La part des anges, Riff Raff, My name is Joe...) de dénoncer l’injustice sociale et de donner la parole aux laissés-pour-compte, Ken Loach se montre particulièrement véhément dans ce bouleversant réquisitoire. Ce drame social est né de sa révolte contre le gouvernement conservateur britannique du début des années 2010, qui stigmatisait les bénéficiaires de l’aide sociale en les accusant de profiter du système." 

"Filmant une fois encore ses attachants protagonistes avec un réalisme presque documentaire, le réalisateur dénonce, à travers le chemin de croix de Daniel (épatant Dave Johns), une société qui marginalise la vieillesse et la maladie en même temps qu’un système quasi privatisé qui déshumanise ses employés en leur fixant d’absurdes objectifs. Incarné avec une puissante justesse par Hayley Squires, le rôle de Katie, lui, illustre la misère brute, celle que cette mère courage doit affronter au quotidien avec ses enfants, entre la faim, le froid et la précarité. Un film coup de poing, qui a obtenu la Palme d’or à Cannes en 2016."

Palme d’or, Cannes 2016 – Meilleur film étranger, César 2017 – Meilleur film britannique, Bafta Awards 2017 – Meilleurs acteur (Dave Johns) et espoir féminin (Hayley Squires), British Independent Film Awards 2016.

"Fidèle à son habitude, Ken Loach part d’un cas particulier pour pointer du doigt les ravages du néo-libéralisme. Daniel Blake, un vieux monsieur malade du coeur, ne peut plus exercer sa profession de menuiser. Ses médecins lui interdisent de travailler, tandis qu’une compagnie privée sous-traitant « la chasse aux tire-au-flanc » pour l’administration le déclare apte. Privé de sa pension d’invalidité et de la moindre allocation, il est contraint de s’inscrire au chômage. Il plonge alors dans une situation kafkaïenne. A 80 ans, Ken Loach n’a rien perdu de sa colère. Le cinéaste britannique prend la défense des oubliés du système. Il dénonce les injustices d’une administration inhumaine et la privatisation des services sociaux de son pays. Ken Loach et son scénariste Paul Laverty se sont livrés à un long travail d’enquête. Leur film se nourrit de témoignages recueillis sur le terrain. Certaines scènes particulièrement poignantes, qui expriment la détresse et les humiliations subies par des personnes en situation de précarité, sont inspirées d’histoires vraies. Ce film bouleversant sur le combat d’un homme pour survivre montre aussi l’entraide au sein de la classe ouvrière. Porté par des comédiens parfaits de justesse, Moi, Daniel Blake est sans doute l’un des meilleurs films de son auteur", a écrit Olivier Père pour Arte.

« Palme d'or du dernier Festival de Cannes, Moi, Daniel Blake (en salles le 26 octobre) atteste d'un esprit de révolte inaltéré, ébauché sur les bancs d'Oxford, où le fils d'ouvrier tory prend conscience, au contact de la future classe dirigeante, des inégalités qui régissent le monde ».

« Le Festival de Cannes, en attribuant la Palme d’or à son dernier film, I, Daniel Blake, a pris le parti d’une récompense politique, et le discours de réception du réalisateur se voulait tel… Plus profondément, Loach est la parfaite illustration de la difficulté, pour la gauche européenne, de concilier sa détestation du « néo-libéralisme » avec la réalité des faits… On peut s’opposer au gouvernement de Cameron et à sa politique, mais doit-on le faire avec une telle mauvaise fois ni rien proposer de concret ? », a écrit Laetitia Strauch-Bonart, dans Le Point (27 mai 2016).

Et de poursuivre : « Mais les solutions pratiques intéressent moins Loach que le cri de révolte stérile, car ce cri est source de réconfort pour son auteur et son public. Loach et ses fans cannois ne s’embarrassent pas de contradictions : il se dit fer de lance d’« un cinéma qui met en avant le peuple contre les puissants », alors qu’il est lui-même un de ces puissants ; Cannes dénonce (régulièrement) la misère du monde depuis un promontoire de paillettes. On peut tout à fait être riche et de gauche, mais peut-on être riche, de gauche et passif devant cette misère ?... Loach est ce qu’on appelle en anglais un armchair liberal : un « progressiste de fauteuil ». Son but n’est pas réellement d’agir, mais de montrer sa supériorité morale en dénonçant la supposée abjection des autres. Que signifie Ken Loach ? Beaucoup de choses de notre temps : la persistance d’une gauche old school manichéenne ; les délices de la morale facile ; la propension étrange des artistes à se prendre pour de fins commentateurs – et du public, malheureusement, à les écouter ».

          
"Le documentaire inédit de Rémi Lainé « Il était une fois… Moi, Daniel Blake » revient sur la genèse du cinquante-cinquième long métrage de Ken Loach, et ses méthodes de travail".

"Sorti en 2016, Moi, Daniel Blake de Ken Loach a ému le monde entier. Dans ce documentaire, Rémi Lainé raconte la genèse et le retentissement inattendu de cette œuvre engagée et documentée". 

"Palme d’or à Cannes en 2016, Moi, Daniel Blake est nourri de l’indignation de l’éternel rebelle Ken Loach. Cinquante-cinquième film du réalisateur, aujourd’hui âgé de 84 ans, il retrace le parcours d’un homme malmené par les prétendus services d’aide à la recherche d’emploi outre-Manche. Le scénario puise sa source dans la casse du système de protection sociale britannique, décidée en 2010 par le gouvernement Cameron. Pour étayer leur script, Ken Loach et son scénariste Paul Laverty ont enquêté et rencontré un lanceur d’alerte, qui leur a démontré que les employés des agences Pôle emploi outre-Manche étaient encouragés à sanctionner les bénéficiaires. Révolté, le duo a alors imaginé les personnages de Daniel et Katie, deux chômeurs en butte à ces méthodes malveillantes. Pour le tournage en 2015 à Newcastle, terre natale ouvrière de Ken Loach, le réalisateur a, comme à son habitude, recruté dans un souci d’authenticité des comédiens non professionnels, habilement mêlés à des acteurs confirmés."

"Cinq ans après sa sortie en salles, le documentariste Rémi Lainé (La victoire en chantant, Opéra-Comique, naissance d’une académie) raconte la genèse d’un drame social au succès planétaire. Il a rencontré Ken Loach et son équipe, inchangée depuis près de vingt ans, et composée, notamment, du scénariste Paul Laverty et de la productrice Rebecca O’Brien. Lesquels évoquent l’écho inattendu que le film, miroir de son époque, a rencontré dans le monde et au Royaume-Uni. Le député travailliste Jeremy Corbyn a même suggéré à Theresa May, Première ministre conservatrice de l’époque, de le visionner. Illustré par des extraits du tournage et par les essais des acteurs Dave Johns et Hayley Squires, un film qui décompose pas à pas la singulière méthode Ken Loach, toujours guidée par une inflexible quête de vérité."


"La méthode Ken Loach" d'Emmanuel Roy. "Un documentaire interactif qui dévoile la démarche du cinéaste, ses processus de travail, son approche particulière du cinéma" sur arte.tv/kenloach

Antisémitismes
En 2016, Ken Loach a réalisé le documentaire In Conversation with Jeremy Corbyn, leader d’un parti travailliste gangrené par un antisémitisme qu’il refuse de reconnaître et de combattre.

On s'interroge : comment Ken Loach, documentariste qui se veut fidèle à la réalité, peut-il ânonner tant de mensonges diffamant l'Etat d'Israël ?


En juillet 2017, Ken Loach a demandé au groupe musical américain Radiohead de ne pas se produire en Israël.


Le 18 juillet 2017, Ken Loach a annoncé que les revenus de la diffusion de ses films en Israël iront au BDS (Boycott désinvestissement sanction). Dans une tribune publiée par le Guardian, il co-écrit  avec Paul Laverty et Rebecca O’Brien de Sixteen Films :

"We fully support the aims of the Boycott, Divestment and Sanctions movement as an expression of the grassroots call in Palestine for solidarity against the Israeli state’s breach of international law (Ken Loach at centre of new storm over Israel boycott, 15 July). Omar Barghouti, co-founder of the BDS movement, said: “Inspired by the cultural boycott of apartheid South Africa, BDS expects and appeals to conscientious artists to refrain from performing in Israel or participating in events that are sponsored by Israel or by entities that are complicit in Israel’s egregious human rights violations until it meets its obligations under international law.”
We have always respected this appeal and have encouraged other people working in the arts to do the same. We reject the allegation that any of us have exempted ourselves from the cultural boycott. Our film I Daniel Blake was sold to Israel by our sales agent, and is showing there now.
We are in regular contact with the BDS movement and the issue of our films being shown there has never been raised. We will speak to them again now and seek their advice. We will guarantee that every penny from the sale of I Daniel Blake that comes to Sixteen Films or the sales company from the Israeli distributors will go to grassroots Palestinian organisations fighting oppression, after consultation with the BDS movement".

« De « Kes (1969) à « Moi, Daniel Blake » (2016), retour sur le parcours d'un cinéaste britannique sans concession, qui mêle intimement, et avec une énergie farouche, cinéma et luttes sociales depuis un demi-siècle ». 

« De son enfance dans les Midlands au tournage de son dernier opus, la réalisatrice Louise Osmond passe en revue le singulier parcours d'un cinéaste aussi révéré qu'abhorré par une partie de la critique et du public. Aux précieux extraits de son imposante filmographie se mêlent des interviews avec sa famille et ses collaborateurs (le producteur Tony Garnett, l'acteur Cillian Murphy, le scénariste Paul Laverty...), qui éclairent sa personnalité duale de subversif aux douces manières, autant que ses méthodes de travail, qui le poussent à cacher le script à ses acteurs et à tourner chronologiquement, au plus près du réel ». 

Dirigeant de sa maison de production Sixteen Films à Soho, Ken Loach « lui-même replonge avec malice et émotion dans ses souvenirs, évoquant ses convictions en même temps que ses renoncements ou ses blessures, dont la perte de son deuxième fils dans un tragique accident de voiture ».

Docteur honoris causa de l'ULB

Le 26 avril 2018, les insignes de « Docteur Honoris Causa » de l’Université libre de Bruxelles (ULB) ont été remis à Ken Loach, malgré l'indignation d'associations juives belges.

La veille, Charles Michel, "dirigeant libéral francophone, a commenté cette polémique au cours d’une visite à la Grande synagogue de Bruxelles pour les 70 ans d’Israël". « Notre fermeté doit être totale. Aucun accommodement avec l’antisémitisme ne peut être toléré. Quelle que soit sa forme. Cela vaut aussi pour ma propre alma mater », a affirmé M. Michel, université où cet avocat a étudié le droit.

"En cause, selon l’ULB, des propos tenus par Ken Loach dans une interview en septembre 2017 à la BBC, en marge d’un congrès du parti travailliste (Labour) au Royaume-Uni. A la question de savoir si nier l’Holocauste était acceptable, le cinéaste engagé à gauche avait répondu : « Je pense que l’histoire est là pour être discutée par nous tous […]. La fondation de l’Etat d’Israël, basée sur le nettoyage ethnique, peut être débattue par nous tous, le rôle d’Israël aujourd’hui est à débattre, donc n’essayez pas de noyer cela sous de fausses accusations d’antisémitisme ».


"Des propos qu’il avait cherché à éclaircir quelques jours plus tard, selon Libération, à travers deux tweets : « L’Holocauste est aussi réel que la Seconde Guerre mondiale elle-même et ne peut être remis en cause. Mais l’histoire appartient à nous tous, a-t-il dit, seul un esprit retors oserait suggérer que je puisse soutenir des révisionnistes, qui nient l’Holocauste. Il est en soi remarquable que je sois contraint de le préciser – un signe de l’époque ? »

"Dans une tribune signée par 650 personnalités mardi dans le quotidien belge L’Echo, Ken Loach est accusé de « falsifier l’histoire à des fins politiques » en évoquant la collaboration de certains dirigeants sionistes avec les Nazis à Budapest en 1944, sujet central de la pièce de théâtre, Perdition, en 1987.


"Face à l’émotion suscitée en Belgique, l’ULB – haut lieu de la libre pensée – a dû préciser cette semaine qu’elle rendait hommage à l'"œuvre militante » du cinéaste, ses positions politiques « relevant de sa liberté d’expression et n’engageant pas l’université ». Celle-ci lui a aussi demandé de « réitérer ses positions sans équivoque », ce qu’il a accepté de faire dans un communiqué."


« Je comprends que mes prises de position ne sont pas très connues à Bruxelles. Pour éviter toute ambiguïté, je tiens à déclarer, une fois pour toutes, que je condamne toute forme de déni de l’Holocauste ou ‘négationnisme’ comme vous le dites en français. En outre, toute ma vie, j’ai pris parti pour ceux qui sont persécutés et marginalisés et me dépeindre comme antisémite simplement parce que j’ajoute ma voix à ceux qui dénoncent la détresse des Palestiniens est grotesque », a écrit Ken Loach.

« J’ai compris que Charles Michel avait étudié le droit à l’université. L’enseignement était-il mauvais ? Ou n’a-t-il pas réussi son examen ? (rire). Un bon juriste doit d’abord examiner les preuves avant de donner les conclusions. M. Michel, regardez les preuves et puis formulez vos mots. J’ai remarqué que Charles Michel a fait cette sortie lors d’une réunion célébrant les 70 ans d’Israël. M. Michel est un juriste, s’est-il demandé ce qu’il en est du non-respect des lois internationales par Israël ? S’est-il posé la question de la colonisation des territoires palestiniens ? S’est-il posé la question des civils palestiniens non-armés tués par l’armée israélienne ? S’est-il posé la question des réfugiés qui vivent sous la protection des Nations Unies ? Il y a tant d’exemple du non-respect du droit international par Israel. Cela ne devrait-il pas troubler un juriste comme Charles Michel, ou si non, pourquoi ? » a rétorqué aussi depuis l’université le metteur en scène.

"De son côté, l’ULB a maintenu sa décision de décerner ce titre honorifique : « Il n’y a pas d’antisémitisme ou de négationnisme à reprocher à Ken Loach. Lui retirer le titre de docteur honoris causa aurait été paradoxal », a répondu le recteur Yvon Englert, selon La Première (RTBF)."

Eurovision 2019
Le Concours Eurovision de la chanson 2018 s'est déroulé à Lisbonne (Portugal). Israël était est un des quarante-trois pays participants à ce concours. Il était représenté par Netta Barzilai, choisie via l'émission Hakochav HaBa L'Eurovizion. Sa chanson "Toy" (Jouet) a été retenue en interne.

Le 12 mai 2018, lors de la finale, Israël a remporté ce Concours pour la quatrième fois de son histoire, en engrangeant 529 points.


En 2019, le Concours Eurovision de la chanson se déroulera donc en Israël.


Ken Loach est l'un des 140 artistes - Julie Christie, Mike Leigh, Roger Waters, Gérard Mordillat, Eyal Sivan, Elli Medeiros, Tardi, Francesca Solleville, etc. - signataires de la pétition demandant le boycott de l’Eurovision et adressée aux organisateurs exhortés de ne pas se rendre "complices de violations par Israël des droits humains des Palestiniens ».

Le concours Eurovision 2019 s'est tenu en Israël malgré ces appels au boycott. Hatari, groupe islandais promouvant l'Electronicore, a brandi deux banderoles aux couleurs du drapeau palestinien.

Parti travailliste

Ken Loach s'est opposé à l'adoption par le parti travailliste de la définition de l'antisémitisme par l'IHRA (International Holocaust Remembrance Alliance). « Si ces exemples sont admis, nous trahirons les Palestiniens... Le parti Travailliste de Jeremy Corbyn, si nous garantissons qu’il sera non seulement au gouvernement mais au pouvoir, entamera des changements qui mettent en danger l’ordre établi. C’est pourquoi on l’attaque. . », a déclaré Ken Loach.

Jeremy Corbyn est très critiqué pour des positions indignes : soutien au terrorisme, etc.

"Ken Loach en Irlande"
Arte diffusa, dans le cadre d'"Invitation au voyage" (Stadt Land Kunst), "Ken Loach en Irlande / Namibie / Washington" (Mit Ken Loach in Irland / Namibia / Washington) par Fabrice Michelin. Linda Lorin "nous emmène à la découverte de trois lieux de notre patrimoine artistique, culturel et naturel. Dans ce numéro : Avec Ken Loach, un vent de révolte se lève en Irlande - En Namibie, un songe allemand - Le Capitole à Washington, symbole du pouvoir fédéral américain."

"Avec Ken Loach, un vent de révolte se lève en Irlande. De Cork au comté de Leitrim, le chantre britannique des révoltes populaires a puisé dans l’histoire de l’île pour Jimmy’s Hall et Le vent se lève, sa première Palme d’or."

Gilets jaunes
Ken Loach a présenté son film "Sorry We Missed You" lors du festival de Cannes 2019. "Ce film parle des gens qui ont désespérément besoin d'une aide que l'Etat leur refuse. L'Etat punit ceux qui ont le plus besoin d'aide. Lors de nos recherches, nous avons découvert que la pauvreté touche essentiellement les gens qui travaillent. Ce phénomène s'accélère de nos jours. Les deux tiers des nouveaux emplois sont précaires. Nous nous sommes dits qu'il serait intéressant de se pencher sur la manière dont le travail change et de trouver une histoire avec des personnages qui seraient dans cette situation. Le scénariste Paul Laverty a eu l'idée d'une famille et l'histoire est née", a déclaré le réalisateur sur BFM le 16 mai 2019.

Interrogé sur les Gilets jaunes, il a ajouté : "J'admire leur militantisme. C'est très important qu'ils répliquent et qu'ils n'acceptent pas les compromis proposés. J'ai l'impression que Macron est comme [Tony] Blair. Il dit qu'il faut trouver une solution, mais il soutient le problème: les grosses entreprises, la forte concurrence, etc. Il n'apportera aucune solution. Les gilets jaunes ont bien raison de lui tenir tête."


"Où Ken Loach, petit bonhomme à la voix douce et aux manières de gentleman, cache-t-il la colère vibrante et prolifique qui a nourri 34 films et deux Palmes d’or ? Éléments de réponse avec Rémi Lainé, auteur du documentaire Il était une fois... “Moi, Daniel Blake” . Propos recueillis par Augustin Faure."
 
Pourquoi, dans l’œuvre de Ken Loach, avoir choisi de traiter Moi, Daniel Blake, film qui lui a valu en 2016 sa deuxième Palme d’or ?
Rémi Lainé :
C’est avant tout un film d’une vibrante actualité. J’ai réalisé il y a deux ans un documentaire, Pôle emploi, être ou savoir être, qui traite très exactement des questions soulevées par Moi, Daniel Blake. J’ai pu enregistrer au mot près dans les agences pour l'emploi en France certains des dialogues du film de Loach. Les concordances étaient telles que je me suis demandé comment il avait pu se montrer aussi juste dans une fiction. À l’évidence, il s’agit d’une même réalité sociale, de la Grande-Bretagne à la France. Le monde que décrit Moi, Daniel Blake n’est pas celui d’Orwell, c’est le nôtre ! Cela peut paraître un peu présomptueux, mais je me retrouve dans la manière dont Loach filme : caméra à hauteur de regard, jamais en plongée ou en contre-plongée, en évitant les trop gros plans... En comparant une œuvre à son auteur, j’ai rarement eu autant l’occasion de constater combien ils sont les mêmes. Ken Loach ressemble à ses films ! Il porte la même humanité, une colère intacte, celle d’un jeune homme de 20 ans malgré ses 84 ans…

"Il faut faire un film quand on est en colère", disait Samuel Fuller. Comment s’exprime celle de Ken Loach, qui se révèle d’une douceur et d’un calme suprêmes dans votre documentaire ?
J’ai été surpris par le bonhomme. Je l’imaginais plein d’humanité, mais pas aussi drôle, attentif et attentionné… Quand je me suis trouvé en quarantaine à Londres, passage obligé avant le tournage en Grande-Bretagne par temps de Covid, il m’appelait pour me demander si j’avais besoin de quelque chose, si je ne m’ennuyais pas trop… On pourrait penser que la colère finit par aigrir, à force de constater que les choses ne changent pas à la mesure de ce qu’on espère, mais il y a énormément d’autodérision et d’ironie chez lui.

Évoqué jusqu’à Westminster, Moi, Daniel Blake a eu un énorme impact public, sans que la situation évolue pour autant. Loach espère-t-il encore changer le monde avec ses films ?
Dans un passage que j’aimais beaucoup et que je n’ai pu garder, il établissait un parallèle entre sa carrière et celle de Margaret Thatcher, entrée en politique en même temps que lui en cinéma. Alors que je lui demandais qui avait gagné le match, il m’a répondu en riant : "La partie n’est pas finie !"


"La méthode Ken Loach" d'Emmanuel Roy 
France/Royaume-Uni, 2016, environ 1 h 20mn
Coproduction : ARTE France, Upian, Sixteen Films

"Ken Loach en Irlande / Namibie / Washington"
France, 2018, 39 min
Sur Arte le 16 novembre 2018 à 16 h 30 

Visuels :
Le calme des plaines verdoyantes et des champs d’orges irlandais cache une histoire violente. Terre de traditions et de luttes armées, l’Irlande offre un terrain de jeu parfait à Ken Loach, cinéaste des révoltes populaires. De Cork au comté de Leitrim, le réalisateur britannique puise dans l’histoire de l’île la matière pour deux films, “Jimmy’s hall” et “Le vent se lève”, sa première Palme d’or.
© Elephant Doc

« Ken Loach, un cinéaste en colère » par Louise Osmond
Arte, 2016, 90 min
Production : Sixteen Films, BBC, British Film Institute, en association avec ARTE France
Sur Arte le 26 octobre à 22 h 35

Sweet sixteen, de Ken Loach
Arte, Allemagne, Espagne, 2002, 102 min
Image : Barry Ackroyd
Montage : Jonathan Morris
Musique : George Fenton
Production : Alta Films, BBC, Road Movies Filmproduktion, Scottish Screen, Sixteen Films, Tornasol Films
Producteur/-trice : Rebecca O'Brien
Réalisation : Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Avec Martin Compston, William Ruane, Annmarie Fulton, Michelle Abercromby, Michelle Coulter, Gary McCormack, Tommy McKee, Calum McAlees, Robert Rennie, Martin McCardie, Robert Harrison, George McNeilage, Rikki Traynor, Jon Morrison, Junior Walker, Gary Maitland, Scott Dymond
Sur Arte les 26 octobre à 20 h 55 et 12 novembre 2016 à 2 h 20

"Moi, Daniel Blake" de Ken Loach 
Royaume-Uni/France/Belgique, 2016, 1 h 35mn
Production : Sixteen films, Why Not Productions, Wild Bunch, Les Films du Fleuve
Scénario : Paul Laverty 
Avec Dave Johns (Dan), Hayley Squires (Katie), Briana Shann (Daisy), Dylan Phillip McKiernan (Dylan), Kate Rutter (Ann), Sharon Percy (Sheila) 
Disponible sur arte.tv du 19/05/2021 au 25/05/2021
Sur Arte les 19 mai 2021 à 20 h 55 et 9 juin 2021 à 1 h 50
Visuels :
Dave Johns est Daniel Blake et Hayley Squires est Rachel dans le film de Ken Loach " Moi, Daniel Blake"
© Joss Barratt - Sixteen Films

France, 2021, 52mn
Dans la collection "Un film et son époque" de Marie Genin et Serge July
Coproduction : ARTE France, Folamour
Sur Arte le 19 mai 2021 à 22 h 35
Visuels :
Ken Loach
© Folamour

Dave Johns et Ken Loach
© Sixteen Films

© Sixteen Films

Articles sur ce blog concernant :
Articles in English 
Les citations sont d'Arte. Cet article a été publié le 26 octobre 2016, puis les 22 juillet 2017, 16 novembre 2018 et 28 mai 2019.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire