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« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

jeudi 19 janvier 2023

« Füssli, entre rêve et fantastique »

Johann Heinrich Füssli ou Henry Fuseli (1741-1825) est un peintre et écrivain d'art né en Suisse et naturalisé britannique. Il se distingue par son goût pour les thèmes fantastiques. Ce cinquantenaire s'installe en Angleterre où il illustre avec beaucoup d'expressivité des œuvres de Shakespeare, de Dante, et l'épopée germanique des Nibelungen. Les surréalistes l'ont considéré comme un de leurs précurseurs en raison du caractère onirique, sensuel de son oeuvre exprimant l'inconscient. Le Musée Jacquemart-André présente l’exposition « Füssli, entre rêve et fantastique ».


« Le Musée Jacquemart-André présente l’oeuvre du peintre britannique d’origine suisse, Johann Heinrich Füssli (1741-1825). À travers une soixantaine d’oeuvres issues de collections publiques et privées, le parcours illustrera les thèmes les plus emblématiques de l’oeuvre de Füssli, artiste de l’imaginaire et du sublime. Des sujets shakespeariens aux représentations du rêve, du cauchemar et des apparitions, en passant par les illustrations mythologiques et bibliques, Füssli développe une nouvelle esthétique qui oscille entre rêve et fantastique. »

« Fils d’un père peintre et historien de l’art, Johann Heinrich Füssli fut un temps pasteur et commença une carrière artistique assez tardivement, lors d’un premier voyage à Londres, sous l’influence de Sir Joshua Reynolds, président de la Royal Academy. Après un long séjour en Italie, au cours duquel il est fasciné notamment par la puissance des compositions de Michel-Ange, il revient s’installer à Londres à la fin des années 1770. Artiste atypique et intellectuel, Füssli puise son inspiration dans les sources littéraires qu’il passe au filtre de son imagination. »

« Il développe dans sa peinture un langage onirique et dramatique, où se côtoient sans cesse le merveilleux et le fantastique, le sublime et le grotesque. »

« Organisée thématiquement, l’exposition explore l’ensemble de l’oeuvre de Füssli à laquelle aucune exposition monographique n’avait été consacrée à Paris depuis 1975. Elle s’ouvre sur la représentation du théâtre shakespearien, en particulier de Macbeth, puis elle s’attachera aux récits mythologiques et bibliques avant de se pencher sur la figure féminine dans son œuvre graphique. Se succèdent enfin les thèmes du cauchemar, véritable création füsslienne, puis du rêve et des apparitions. »

« Füssli développe une veine fantastique relativement marginale pour l’époque car elle contourne les règles académiques. C’est en 1782 qu’il présente sa première version du Cauchemar, œuvre emblématique de son imaginaire qui assoit véritablement sa carrière de peintre. Élu membre associé de la Royal Academy en 1788, puis académicien en 1790, Füssli, tout en travaillant de manière sérielle, incarne une recherche du sublime qui s’impose à l’Angleterre de son époque. »

« L’exposition du Musée Jacquemart-André permeta de redécouvrir l’oeuvre saisissante de cet artiste rare dans les collections françaises, peintre très original qui développe une oeuvre paradoxale, alimentée par une imagination où terreur et horreur se marient, à l’origine esthétique du romantisme noir. »

« Les Commissaires sont Christopher Baker, Directeur des départements d’art européen et écossais et des portraits aux National Galleries d’Écosse, responsable de la collection et de la programmation de la National Gallery et de la National Portrait Gallery d’Édimbourg, Andreas Beyer, titulaire de la chaire d’Histoire de l’art des débuts de la période moderne à l’Université de Bâle, Pierre Curie, Conservateur général du patrimoine, conservateur du musée Jacquemart-André depuis janvier 2016. »

« La scénographie est signée par Hubert le Gall est designer français, créateur et sculpteur d’art contemporain. » 

INTRODUCTION
« Peintre de l’étrange, Johann Heinrich Füssli, d’origine suisse mais londonien d’adoption, laisse derrière lui une oeuvre saisissante conjuguant le sublime, le mystère et le fantastique. »
« Initialement destiné à être pasteur, Füssli rêve pourtant d’une carrière littéraire ou artistique. »
« Encouragé par Joshua Reynolds, président de la Royal Academy, il décide rapidement de s’orienter vers le dessin et la peinture. Füssli puise son inspiration dans des sources littéraires variées, qu’il interprète avec sa propre imagination. Personnalité complexe et fascinante, il se forme en autodidacte et développe une esthétique très atypique pour l’époque. »
« Bien qu’il ait été élu académicien, puis professeur de peinture de la Royal Academy, Füssli s’éloigne des règles académiques et introduit dans son oeuvre un imaginaire onirique très personnel. »
« Peuplée de créatures hybrides, de personnages terrifiants et mystérieux, sa peinture, qui marque une rupture entre le classicisme et le romantisme, est aussi spectaculaire qu’inquiétante. »
« Füssli crée des tableaux en clair-obscur avec un goût prononcé pour le drame. Amateur de théâtre, il s’inspire des jeux d’acteur et des mises en scène de l’époque, et réussit à donner à son oeuvre une dimension dramatique et une intensité émotionnelle inégalées. »
« Les portraits de lui peints par ses contemporains font apparaître une personnalité contrastée et énergique. Son Autoportrait, au regard profond et pénétrant, révèle aussi bien le génie créateur que l’inventivité du personnage. Artiste érudit et éclectique, il cherche aussi à intégrer à sa peinture l’idée du sublime, tel que développé par le philosophe Edmund Burke (1729-1797), pour qui terreur et horreur peuvent être aussi sources de délices. Tantôt décriée, tantôt admirée, l’oeuvre de Füssli dit aussi bien sa folie que son génie et exercera une influence décisive sur toute une génération d’artistes. »

FASCINATION ET APPROPRIATION DES TRAGÉDIES SHAKESPEARIENNES
« Füssli s’intéresse dès son plus jeune âge à la dramaturgie anglaise, et en particulier à certains auteurs comme Shakespeare et Marlowe. Dès son arrivée à Londres en 1764, il fréquente assidûment les théâtres, non seulement pour perfectionner sa diction anglaise, mais aussi par intérêt pour l’expression des passions. Les nouveaux effets de la scène théâtrale britannique de l’époque l’inspirent, tant par les jeux de lumière, les costumes que par les mises en scène elles-mêmes. Le jeu d’acteur le fascine, et c’est au Théâtre Royal de Drury Lane – seul théâtre officiel à l’époque avec celui de Covent Garden – qu’il découvre le célèbre acteur et metteur en scène David Garrick (1717-1779). Ce dernier, dont les performances artistiques inspireront d’autres peintres comme William Hogarth, John Hamilton Mortimer ou Johann Zoffany, construit sa renommée sur un jeu moderne, passionné et vibrant qui enthousiasme Füssli. »
« À cette époque, Shakespeare, dont les oeuvres ne sont pas censurées par le Licensing Act de 1737, est très régulièrement joué sur la scène londonienne. Ces nombreuses représentations – les pièces de Shakespeare constituent près d’un quart du répertoire des théâtres londoniens – ont une incidence directe sur le développement des mises en images de ces pièces. Füssli, qui sera considéré comme l’interprète de Shakespeare en peinture, emprunte au dramaturge la puissance expressive de ses textes pour construire des images à la forte singularité et en faire un genre théâtral en soi. Dans une quête constante de l’effet dramatique, il compose ses tableaux, en s’inspirant toujours de la gestuelle, de la force émotionnelle et de la mise en lumière du jeu des comédiens, comme David Garrick, Sarah Siddons (1775-1831) ou Hanna Pritchard (1711-1768), les plus célèbres de l’époque. »

MACBETH
« Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Macbeth devient l’une des pièces de Shakespeare les plus populaires et les plus représentées en Angleterre. Füssli, qui s’était familiarisé très tôt avec les textes du dramaturge, avait même entrepris une traduction de Macbeth en allemand lorsqu’il vivait encore en Suisse, mais celle-ci ne fut cependant jamais publiée. Cette pièce illustre la fulgurante ascension d’un régicide : après que trois sorcières prédisent à Macbeth qu’il deviendra roi d’Écosse, celui-ci, encouragé par son épouse Lady Macbeth, élabore un plan diabolique pour s’emparer du trône. Leur sentiment de culpabilité et la paranoïa plongeront alors les deux protagonistes dans la folie. »
« Füssli s’intéresse à différentes scènes de la pièce. Travaillant de manière sérielle, il exécute plusieurs représentations de ses thèmes, comme pour Lady Macbeth saisissant les poignards, dont il réalise différentes compositions à quelques décennies d’intervalle. De nouveau, la puissance émotionnelle qui se dégage de ses oeuvres repose à la fois sur leur mise en scène et sur l’expressivité des acteurs. Füssli représente ceux-ci directement en train de jouer, comme dans David Garrick et Hanna Pritchard dans les rôles de Macbeth et Lady Macbeth. Vraisemblablement contemporaine du tableau de Zoffany représentant la même scène, l’oeuvre évoque le mouvement et l’urgence de la situation dans un effet d’immédiateté saisissant. »

LES MYTHES ANTIQUES
« Homme de lettres et fin connaisseur des textes de la littérature classique, Füssli s’inspire également de la mythologie grecque et romaine. Il s’intéresse particulièrement à l’œuvre d’Homère que son mentor Joahnn Jakob Bodmer lui a fait découvrir. Ayant appris le grec et le latin lors de ses études de théologie, il contribue d’ailleurs à une traduction d’Homère éditée par William Cowper. L’influence littéraire se retrouve dans sa manière de penser et de créer. C’est essentiellement dans ses dessins que Füssli parvient à restituer toute leur puissance aux récits mythologiques, comme l’extraordinaire Achille saisit l’ombre de Patrocle, un thème qu’il déclinera en plusieurs versions. La puissante carrure de ses personnages reflète sa connaissance de la sculpture antique et des oeuvres de Michel-Ange, qu’il avait étudiées attentivement pendant son séjour romain entre 1770 et 1778. Les fresques de la chapelle Sixtine, notamment, le fascinent, et c’est à Rome qu’il approfondit sa connaissance de l’anatomie. En puisant son inspiration à la fois dans les mythes antiques et dans l’art de Michel-Ange, il poursuit un idéal susceptible d’élever son oeuvre et le goût de ses admirateurs, tout en échappant à la culture contemporaine dont il souhaite se détacher. Il développe ainsi un style excessif et expressif, qui l’éloigne des courants dominants du néoclassicisme européen. En dépit de ses références à la statuaire antique – notamment le visage et le nez romains – la représentation du corps humain chez Füssli se fait extravagante, les corps gesticulent et se contorsionnent. »

L’IMAGERIE BIBLIQUE ET LES LÉGENDES NORDIQUES
« Les connaissances religieuses acquises lors de sa formation de pasteur imprègneront Füssli toute sa vie. Devenu peintre, Füssli trouve dans la Bible des thèmes qu’il tire vers l’imaginaire et un fantastique traversé d’apparitions surnaturelles de la Divinité. »
« Füssli manifeste également un réel engouement pour le poème épique du Paradis perdu du poète anglais John Milton (1608-1674). Il projette de réaliser une Milton Gallery, sur le modèle de la Shakespeare Gallery créée par Boydell quelques années plus tôt. Cette entreprise d’importance regroupe 47 peintures dont la plupart illustre Le paradis perdu. Malgré un échec commercial, la Milton Gallery est reconnue par ses pairs, et elle est aujourd’hui considérée comme l’une des étapes majeures du mouvement romantique anglais. »
« Füssli, toujours curieux et désireux de trouver des sources d’inspirations variées, explore aussi une littérature plus contemporaine, comme l’Oberon de Christoph Martin Weiland qui lui fournit des thèmes d’aventure et de romance exotiques habités d’une forte composante dramatique. Ses interprétations d’une extrême inventivité lui permettent de nouveau de mêler surnaturel, sensualité et romantisme. »

LA FEMME AU COEUR DE L’OEUVRE
« La femme occupe une place très importante dans la vie et l’oeuvre de Füssli. Tantôt amante, modèle ou conquête, elle est pour lui un sujet de prédilection. Dans ses dessins, ses héroïnes sont imposantes, souvent dominatrices et fantasmatiques. Füssli aime représenter l’omnipotence de la femme face à l’homme soumis. »
« Füssli éprouve également une grande fascination pour les chevelures et les coiffures élaborées, qu’il représente à de multiples reprises et sous toutes leurs formes. La coiffure devient un signe de puissance, tandis que des tenues extravagantes complètent la mise en scène dans ses dessins. L’artiste entretient d’ailleurs des relations passionnées avec ses modèles, comme Sophia Rawlings (1770-1832), qu’il épousera en 1788. La femme de lettres et philosophe féministe Mary Wollstonecraft (1759-1797), dont il a peint le portrait, s’entiche de lui et lui propose de partir à Paris suivre les événements de la Révolution Française. Toutefois, son épouse s’opposera à cette aventureuse expédition. »
« Füssli a créé plus de huit cents dessins et croquis ; la sélection rassemblée ici comme dans un boudoir reflète les fantasmes du peintre qui représente la femme dans des rôles différents, de la femme dominatrice dans une composition érotique, à la femme mère, domestique et protectrice de son enfant. »

CAUCHEMAR ET SORCELLERIES
« Tout en continuant de s’inspirer de sources littéraires variées, Füssli crée des personnages hybrides, des créatures monstrueuses, grotesques et terrifiantes. Cette démarche atypique pour l’époque repose à la fois sur son penchant pour le fantastique et le surnaturel, mais aussi sur son désir de provoquer ses contemporains. Quand il rentre de Rome en 1780, Füssli cherche en effet à se faire remarquer et à devenir un personnage éminent de la scène artistique londonienne. Il y parvient avec brio quand il présente en 1781 son célèbre Cauchemar, qui assoit immédiatement sa renommée et dont il réalisera plusieurs versions. »
« Pour la première fois, le sujet est une création pure et non tirée de la littérature. On a interprété Le Cauchemar de nombreuses façons sans pour autant trouver sa signification, ce qui, encore aujourd’hui, participe de sa force troublante. La composante érotique du tableau, par l’irruption d’un incube sur le ventre de la jeune femme vêtue d’une robe blanche – soulignant sa pureté et son innocence –, par la tête de cheval pénétrant dans l’entrebâillement du rideau – et qui selon un jeu de mot en anglais « night mare » (« jument nocturne ») fait allusion au titre du tableau, et par la posture alanguie de la jeune femme suggérant un état post-coïtal, dérange et fascine le public de l’époque. »
« L’ambiguïté du tableau repose également sur l’identification de celui qui rêve : la jeune femme, le peintre ou le spectateur ? Cette oeuvre, qui a fasciné Freud, a inspiré nombre d’artistes, de son contemporain Nicolai Abraham Abildgaard (1743 – 1809) qui en peint sa propre version, à Ken Russell qui en donnera un écho visuel dans son film Gothic (1986). »
« Dans le sillage du succès du Cauchemar, Füssli développe des sujets provoquants et terrifiants. »
« Il introduit le thème de la sorcellerie et du féérique dans une veine très fantastique. »
« Rites sacrificiels, créatures démoniaques et mystérieuses : l’imaginaire de Füssli se situe entre folie et génie, entre horreur, délice, terreur et sublime. »

RÊVES, VISIONS ET APPARITIONS
« Les domaines de la superstition, du rêve et du surnaturel exercent un profond attrait sur Füssli. À une époque où les Hommes cherchent à expliquer toute expérience et tout phénomène, le monde du sommeil et des rêves fascine par son insondable complexité. L’exploration de l’inconscient par Füssli a suscité l’engouement des surréalistes au début du XXe siècle pour son oeuvre. »
« Le rêve chez Füssli provoque l’apparition d’êtres surnaturels et féériques, comme dans Le rêve de la reine Catherine, où il est synonyme de bonheur et de béatitude. Les fairies, bientôt à la mode, plaisent au public de Füssli qui a été l’un des premiers à les évoquer. On retrouve ici l’inspiration des récits shakespeariens avec notamment la présence des fées dans Le songe d’une nuit d’été. »
« Dans Le songe du berger, l’oeuvre la plus importante de la Milton Gallery, Füssli dépeint une ronde de personnages surnaturels. Ses créatures fantastiques et ses apparitions sont soit représentées de manière explicite, notamment à travers le prisme du sommeil, soit suggérées, laissant au public sa propre interprétation. L’univers pictural de Füssli, à travers ses créatures hybrides, ses monstres, ses fées et ses apparitions, impose une nouvelle esthétique, atypique et étrange pour l’époque, qui oscille entre fantasmagorie, rêve et fantastique. »

REPÈRES CHRONOLOGIQUES

Johann Heinrich Füssli / Henry Fuseli (1741-1825)

« 1741
6 février : Johann Heinrich Füssli, qui sera plus tard connu en Italie et en Grande-Bretagne sous le nom d’Henry Fuseli, naît à Zurich. Ses parents sont Johann Caspar Füssli (1706-1782), portraitiste et historien de l’art, et Elisabeth Waser (1715-1759). Johann Heinrich a quatre frères et sœurs, tous dotés de talents artistiques.

Années 1750
Les tout premiers dessins de Füssli sont des copies d’œuvres de maîtres allemands et néerlandais et quelques compositions d’imagination. Johann Heinrich est initié à l’histoire de l’art par son père, qui défend notamment les idéaux néoclassiques.

1758-1761
Son père le destine à être pasteur et l’envoi au Collegium Carolinum de Zurich étudier la théologie. Füssli est particulièrement influencé par l’académicien et historien Johann Jakob Bodmer (1698-1783) et par le philosophe Johann Jacob Breitinger (1701-1776). Bodmer lui fait connaître les écrits d’Homère, de Dante, de Shakespeare et de Milton, qui deviendront ses sources d’inspiration principales. Füssli tente, semble-t-il, de traduire Macbeth de Shakespeare en allemand. Il se lie d’amitié avec Johann Caspar Lavater (1741-1801), qui deviendra un poète et un physiognomoniste renommé.
En 1759, la mère de Füssli, dont celui-ci était proche, meurt à l’âge de 44 ans.
En 1761, il est ordonné pasteur zwinglien, et mêle lors de son premier sermon études bibliques et idées des Lumières.

1762
Füssli et Lavater écrivent avec Felix Hess (1742-1768) un pamphlet attaquant l’administration dispendieuse d’un officiel local corrompu (qui sera reconnu coupable plus tard). En réaction au scandale provoqué, le conseil municipal de Zurich incite les deux jeunes hommes à quitter la ville.

1764
Après avoir parcouru l’Allemagne avec Lavater, Hess et le philosophe Sulzer (1720-1779), il part pour Londres en compagnie de Sir Andrew Mitchell. Il découvre le monde littéraire et théâtral londonien et assiste à des représentations au Théâtre Royal de Covent Garden et au Théâtre Royal de Drury Lane, où il croise le célèbre acteur David Garrick (1717-1779).

1765
Füssli publie une traduction anglaise des Réflexions sur l’imitation des oeuvres grecques dans la sculpture et la peinture de Johann Joachim Winckelmann (1717-1768). L’accueil de la critique n’est pas favorable.

1766
Füssli voyage en France et rencontre les philosophes David Hume (1711-1776) et Jean-Jacques Rousseau (1712-1778).

1767-1769
De retour à Londres, Füssli continue à écrire et publie ses Remarques sur les écrits et la conduite de Jean-Jacques Rousseau. Il rencontre l’artiste Sir Joshua Reynolds (1723-1792), premier président de la Royal Academy, à qui il montre quelques dessins et qui l’encourage à continuer à peindre et à partir pour l’Italie pour se former.

1770-1778
Füssli se rend à Rome en passant par Gênes, Milan et Florence et bénéficie entre autres du soutien financier du banquier Thomas Coutts (1735-1832). Füssli affine ses ambitions artistiques : il étudie l’art antique et celui de la Renaissance, en particulier l’oeuvre de Michel-Ange à la chapelle Sixtine, et devient une figure éminente de la communauté culturelle des expatriés. Il inspire un certain nombre d’artistes par son répertoire de sujets très étendu (de la mythologie classique et d’Europe du Nord, à Shakespeare et Milton), par son style expressif et audacieux, ainsi que par la passion et l’entrain qu’il met dans sa vocation. En 1775, Wolfgang von Goethe (1749-1832) dit de lui : « quel feu et quelle furie en cet homme ! »
En 1777, Füssli envoie une toile à Londres pour une exposition à la Royal Academy, qui dépeint une scène de Macbeth. Les seules autres oeuvres conservées de sa période romaine sont des dessins.

1778
Füssli voyage en Italie du Nord et visite la Suisse, où il commence l’exécution d’une peinture majeure pour l’hôtel de ville de Zurich, Le Serment de Grütli, aujourd’hui dans les collections du Kunsthaus à Zurich. Il rencontre et demande en mariage Anna Landolt, la nièce de Lavater, mais le père de celle-ci s’oppose à cette union. Cet épisode douloureux l’incite à retourner en Grande-Bretagne, ce qu’il fait en passant par la France et les Pays-Bas.

1780
Füssli se fixe à Londres au milieu d’un cénacle d’artistes et d’intellectuels, dont des radicaux liés à l’éditeur Joseph Johnson (1738-1809).

1781
Füssli termine Le Cauchemar qui sera exposé à la Royal Academy en 1782. La toile, aujourd’hui au Detroit Institute of Arts, attire largement l’attention du public et assoit la réputation et la notoriété de l’artiste. Füssli produira ensuite d’autres versions du sujet. Il rencontre William Roscoe (1753-1831), avocat, historien et collectionneur de Liverpool, qui deviendra son fidèle mécène. Une édition française des Essais sur la physiognomonie de Lavater illustrée par Füssli paraît.

1786
Avec un certain nombre d’autres artistes britanniques renommés, Füssli est invité à réaliser des peintures pour la Shakespeare Gallery de John Boydell (1720-1804), célèbre éditeur de gravures de l’époque. Pour ce projet, qui rencontrera un grand succès, Füssli réalise neuf toiles illustrant notamment des scènes du Songe d’une nuit d’été, de Hamlet et de Macbeth.

1787
Füssli se lie d’amitié avec l’artiste et poète William Blake (1757-1827), qui effectuera plusieurs gravures de ses oeuvres.

1788
Füssli épouse Sophia Rawlins (1770-1832), l’un de ses modèles, puis est élu membre associé de la Royal Academy. Il rédige des critiques anonymes dans lesquelles il fait généreusement l’éloge de ses propres oeuvres.

1789
Révolution française. Füssli est au départ favorable aux événements parisiens. Il rencontre la philosophe et féministe Mary Wollstonecraft (1759-1797).

1790
Füssli est élu académicien de la Royal Academy et fait don à celle-ci de sa toile Thor luttant contre le serpent Midgard en tant qu’oeuvre de réception. Il conçoit le projet d’une Milton Gallery, sur le modèle de la Shakespeare Gallery de Boydell, pour lequel il reçoit le soutien financier de William Roscoe.

1792
Une édition en trois volumes des Fragments physiognomoniques de Lavater est éditée : il supervise la traduction et en rédige l’introduction. Mary Wollstonecraft tombe amoureuse de lui. Il est envisagé que tous deux se rendent à Paris pour assister aux épisodes de la Révolution, mais sa femme Sophia s’y oppose, et Mary partira seule.

1793-1799
Après l’exécution de Louis XVI, Füssli s’oppose à la Révolution, à l’instar d’autres intellectuels modérés. Füssli concentre tous ses efforts sur le projet de la Milton Gallery qui ouvre au public en 1799. Pourtant bien reçue par ses pairs, comme le peintre Sir Thomas Lawrence (1769-1830), elle ne convainc pas le public, et Füssli est contraint de la fermer temporairement deux mois plus tard. En 1799, Füssli est élu professeur de peinture à la Royal Academy.

1800
La Milton Gallery rouvre avec des peintures supplémentaires, mais ne rencontre pas non plus, cette année-là, l’engouement du public. Malgré cet échec commercial, les amis et partisans de Füssli le soutiennent et organisent un banquet en son honneur.

1801-1802
Füssli débute un cycle de conférences en tant que professeur de peinture à la Royal Academy, et défend surtout des observations et théories sur les mérites de maîtres comme Michel-Ange.
À l’instar d’autres artistes britanniques, Füssli se rend à Paris pendant la paix d’Amiens, et visite le musée Napoléon et l’atelier de Jacques-Louis David (1748-1825).

1804
Füssli devient Conservateur en chef « Keeper » de la Royal Academy. .

1806
Bien que les deux hommes se soient éloignés, Blake défend Füssli face à une critique hostile envers son oeuvre.

1807
Füssli reçoit un vase en argent dessiné par John Flaxman (1755-1826) de la part de ses étudiants de la Royal Academy, en signe de gratitude pour son excellent enseignement.

1816
Füssli est élu membre de l’Académie de Saint-Luc à Rome sur recommandation du sculpteur Antonio Canova (1757-1822).

1818
Il achève l’édition de ses Aphorismes, principalement relatifs aux beaux-arts, qui paraîtront de manière posthume.

16 avril 1825
L’artiste décède durant un séjour chez la comtesse de Guilford à Putney Hill. Il a l’honneur d’être inhumé dans la cathédrale Saint-Paul auprès de Sir Joshua Reynolds. »


Du 16 septembre 2022 au 23 janvier 2023
158, boulevard Haussmann - 75008 Paris
Tél. : + 33 (0) 1 45 62 11 59
Tous les jours de 10 h à 18 h.
Nocturnes les lundis jusqu’à 20 h 30 en période d’exposition

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