Citations

« Le goût de la vérité n’empêche pas la prise de parti. » (Albert Camus)
« La lucidité est la blessure la plus rapprochée du Soleil. » (René Char).
« Il faut commencer par le commencement, et le commencement de tout est le courage. » (Vladimir Jankélévitch)
« Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie. » (Albert Londres)
« Le plus difficile n'est pas de dire ce que l'on voit, mais d'accepter de voir ce que l'on voit. » (Charles Péguy)

lundi 29 novembre 2021

L'Irlande

Arte diffusera, dans le cadre du dossier « Une histoire d'Irlande. 100 ans entre indépendance et séparation » (Die Geschichte Irlands. 100 Jahre Unabhängigkeit), le 30 novembre 2021 « La grande famine en Irlande » (Die große Hungersnot in Irland), documentaire de Ruán Magan, puis « La révolution irlandaise » (The Irish Revolution), documentaire de Ruán Magan, et le 1er décembre 2021 « Juin 44 : un jour de météo favorable » (Drei Tage im Juni 1944) de Gerry Gregg. 


Arte propose le dossier « Une histoire d'Irlande. 100 ans entre indépendance et séparation » (Die Geschichte Irlands. 100 Jahre Unabhängigkeit). « Il y a 100 ans, la lutte pour l'indépendance de l'Irlande vis à vis du Royaume-Uni entraînait la partition de l'île. Retour sur une histoire qui demeure douloureuse et controversée. De son héritage celtique, à la crise de la pomme de terre, en passant par le massacre de civils en 1972. La République d'Irlande est aussi un exemple de progressisme avec l’adoption du mariage pour tous en 2014. »

Dans « Élie. Al-Kahira, 1914-1948 », deuxième volet de sa trilogie, la romancière Bat Ye'or décrit l'instrumentalisation par le Vatican des Américains d'origine irlandaise dans l'entre-deux guerres afin d'influer sur la politique des Etats-Unis en un sens défavorable à la refondation d'un foyer national juif dans son berceau historique, Eretz Israël.

L'Irlande a été neutre durant la Deuxième Guerre mondiale, et le représentant de l'Allemagne nazie travaillait à Dublin. Le gouvernement a arrêté des membres de l'Armée républicaine irlandaise (Irish Republican Army, IRA) qui souhaitaient collaborer avec le IIIe Reich contre les intérêts britanniques. Mais de nombreux autres militants de la cause irlandaise ont communiqué des renseignements sensibles au IIIe Reich.

En 2010, Lord David Trimble, Prix Nobel de la Paix et ancien chef du Parti unioniste d'Ulster, et Robert Quick, directeur de BGS Ltd, ont signé la tribune "Keep calm and work with Israel to defeat the security threat from Islamic State" (The Telegraph, 27 octobre 2021). Il est membre de "Friends of Israel Initiative" fondé par José María Aznar afin de contrer les tentatives de délégitimer l'Etat d’Israël. 

En janvier 2019, dans le cadre du BDS (Boycott Désinvestissement Sanction), "la chambre basse du parlement irlandais – le Dail – a voté en faveur d’un projet de loi interdisant l’achat de tous les biens et services des" implantations israéliennes en Judée et Samarie. "Le projet de loi avait déjà été adopté par la chambre haute du parlement – le Seanad – avant d’être présenté à la chambre basse et de recueillir une majorité de 78 voix contre 45, a expliqué Al Jazeera. Le projet de loi – connu officiellement sous le nom de projet de loi sur le Contrôle de l’Activité Économique (Territoires occupés) – doit encore franchir plusieurs étapes avant d’être intégré dans la loi irlandaise, mais il devrait aboutir grâce à son large soutien des partis de l’opposition irlandaise."

En novembre 2020, Lord David Trimble a proposé Benjamin Netanyahu, alors Premier ministre d'Israël, et Mohammed bin Zayed Al Nahyan, prince héritier d'Abu Dhabi et commandant suprême adjoint des forces armées des Émirats arabes unis (EAU). pour le Prix Nobel de la Paix en raison des accords d'Abraham.

En janvier 2021, la "Campagne de solidarité Irlande-Palestine (IPSC) a annoncé que son action « Des artistes irlandais s’engagent à boycotter Israël » venait de franchir le cap des 1 000 signataires". L’engagement des artistes irlandais, initié par le compositeur renommé et cofondateur de l’IPSC Raymond Deane, a été lancé voici une décennie. L’Engagement – qui engage les signataires à s’abstenir de se produire dans l’État d’apartheid d’Israël – a été lancé par la Campagne de solidarité Iralande-Palestine (IPSC) en août 2010".

"Signé dès le début par 140 artistes créateurs et de scène irlandais, l’engagement réunit désormais plus d’un millier de signataires, dont Stephen Rea, Sinéad Cusack, Donal Lunny, Andy Irvine, Damien Dempsey, Sharon Shannon, Robert Ballagh, Mary Black et Kíla. Depuis, le groupe a également été rejoint par de nouveaux grands artistes, tels Sisterix, CMAT, Pillow Queens, Kneecap, TPM, Steo Wall, Oein DeBhairduin et Roisin El Cherif ainsi que par des personnalités déjà bien établies telles que Kevin Barry, Joe Rooney, Mary Coughlan, Derbhle Crotty, Paul Duane et Eugene O’Hare."

"À la mi-octobre 2021, l’autrice irlandaise Sally Rooney, âgée de 30 ans, a annoncé qu’elle ne donnerait pas à un éditeur israélien l’autorisation de traduire son dernier roman en hébreu, car elle soutient un boycott des entreprises israéliennes [dans un communiqué, elle se dit ouverte à une alternative pour que le livre “soit accessible à ses lecteurs en hébreu”]. Sa décision a créé la surprise, mais elle n’a en réalité rien d’étonnant. Depuis des décennies, l’Irlande est une alliée des Palestiniens, et la compassion pour leur détresse fait partie intégrante de la culture irlandaise."

“Ce n’est pas le choix isolé d’une seule artiste, c’est au contraire conforme à une opinion publique très répandue en Irlande”, analyse Vincent Durac, professeur de sciences politiques et relations internationales à l’University College de Dublin.

"Plus de 1 300 artistes, dramaturges, acteurs et romanciers irlandais soutiennent le mouvement dit BDS (boycott, désengagement, sanctions) mené par les Palestiniens, que Sally Rooney, connue pour le best-seller Normal People, a cité dans un communiqué. Sur le modèle du mouvement sud-africain de lutte contre l’apartheid, le BDS appelle les gouvernements et le secteur privé à se désolidariser d’Israël, accusé de “colonialisme de peuplement”. “Je comprends que tout le monde ne soit pas d’accord avec ma décision, mais je ne pourrais tout simplement pas assumer ce choix”, a écrit Sally Rooney. Un engagement à boycotter les institutions israéliennes a été signé".

« La grande famine en Irlande »
Arte diffusera le 30 novembre 2021 « La grande famine en Irlande » (Die große Hungersnot in Irland ; The Hunger), documentaire de Ruán Magan.

« Retour parfaitement documenté sur l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire de l’Europe : l’effroyable famine de 1845-1851 qui fit un million de morts dans une Irlande méprisée par la Grande-Bretagne. »
 
« C’est l’histoire de la pire catastrophe humanitaire des années 1800, d’autant plus stupéfiante qu’elle est survenue au Royaume-Uni, alors pays le plus riche et le plus puissant du monde ». 

« En 1845, le mildiou, provoqué par un parasite importé d’Amérique du sud dans les soutes des navires de commerce, dévaste les récoltes de pommes de terre dans le nord de l'Europe ». 

« Sur le continent, la France, la Prusse, la Belgique et les Pays-Bas dénombrent plus de cent mille morts ». 

« Mais en Irlande, l’hécatombe se révèle d’une tout autre ampleur. D’une pauvreté abyssale, un tiers de la population rurale dépend pour subsister de la pomme de terre, tubercule très nourrissant qui pousse partout. Dans masures et taudis, des générations de métayers et de journaliers s’entassent, dépendants de cette monoculture. Le climat humide favorisant la propagation du parasite, les récoltes sont entièrement détruites ». 

« La famine va durer sept ans et décimer un million de personnes, jetant sur les routes de l’exode deux millions de malheureux ». 

« Usant de l’Irlande agricole comme d’un "panier à provisions", la Grande-Bretagne se montre pourtant largement réfractaire à financer un quelconque plan de sauvetage, fidèle à sa doctrine économique du laisser-faire ». 

« Au point d’espérer secrètement se débarrasser de cette sous-classe irlandaise, considérée comme un obstacle au développement de l’agriculture productiviste ? »

« Comment les Britanniques, forts de leur empire colonial, ont-ils pu se montrer aussi "négligents, indifférents, insensibles", selon les historiens, parmi lesquels certains vont même jusqu'à parler de "génocide" ? »

« S’appuyant sur des archives, des documents d’époque et l’éclairage de nombreux experts internationaux dont l’universitaire français Fabrice Bensimon, ce documentaire puissant radiographie les causes de ce naufrage européen et en répertorie démissions et scandales ». 

« Dans une époque d’effervescence néo-libérale ("Les largesses sans fin ne peuvent s'éterniser", assurent les dirigeants anglais au comble du cynisme), une élite capitaliste et une classe moyenne sans scrupules ne reculent devant rien pour protéger leurs intérêts, poussant les sans-terre au meurtre, au pillage et au cannibalisme ». 

« Première catastrophe humanitaire à être couverte par les médias modernes, cette famine constitua en Europe l’un des ferments des insurrections de 1848 et servit de détonateur aux indépendantistes irlandais ». 


« La révolution irlandaise »
Arte diffusera le 30 novembre 2021 « La révolution irlandaise » (The Irish Revolution) de Ruán Magan.

« Le récit précis et détaillé de l'avènement de la République d'Irlande, il y a un siècle, des prémices de la lutte nationaliste, en 1900, à la guerre civile achevée en 1923. »

« Quand exactement est née l'Irlande indépendante ? Le 11 juillet 1921, quand la trêve concédée par la Grande-Bretagne met fin à la guerre d'indépendance menée par l'Armée républicaine irlandaise (IRA) ? » 

« Le 6 décembre 1922, quand le traité anglo-irlandais, négocié de part et d'autre par Michael Collins et Arthur Griffith, face à Lloyd George et Winston Churchill, aboutit à la proclamation de l'État libre d'Irlande, réunissant les vingt-six comtés du Sud, avec Dublin pour capitale, tandis que six comtés de l'Ulster restent dans le giron britannique ? » 

« Ou le 24 mai 1923, quand la guerre civile entre le jeune gouvernement indépendant et les partisans d'une véritable souveraineté, emmenés par Éamon de Valera, prend fin après onze mois d'affrontements ? »

« Ce débat illustre toute la complexité d'un combat national forgé dans le premier quart du XXe siècle face à une domination britannique de nature coloniale, et que ce documentaire très riche parvient à retracer en détail sans perdre le spectateur. »

« La "révolution irlandaise" commence officiellement avec l'insurrection déclenchée le lundi de Pâques 1916, en plein conflit mondial, par un petit groupe alors très minoritaire d'indépendantistes ». 

« Mais c'est au tournant du siècle, dans les turbulentes années 1900, que ses idéaux commencent à se répandre au sein d'une petite classe moyenne urbaine et éduquée, de la promotion de la culture gaélique au syndicalisme, du féminisme au nationalisme ». 

« Invitant une dizaine d'historiens à commenter cartes et archives (photos, plus rarement films, extraits de témoignages), Ruan Magan restitue avec minutie ces quelque vingt années qui verront l'utopie d'une République souveraine et égalitaire échouer en partie, mais donner à l'Irlande "la liberté de progresser vers la liberté", selon le mot de Michael Collins ». 

« S'inspirant du très sérieux "Atlas of the Irish Revolution" (non traduit), dont certains des coauteurs interviennent dans le film, il montre ainsi comment, derrière les grandes figures historiques, tout un peuple d'hommes et de femmes va se rallier à la cause indépendantiste et en payer le prix ». 

« Une histoire popularisée par Ken Loach avec "Le vent se lève"" "(Palme d'or 2006), dont l'interprète principal, Cillian Murphy ("Peaky Blinders"), est la voix off de ce documentaire dans sa version originale ».

« Juin 44 : un jour de météo favorable »
Arte le 1er décembre 2021 « Juin 44 : un jour de météo favorable » (Drei Tage im Juni 1944) de Gerry Gregg.

« Pays officiellement neutre, l'Irlande joua pourtant un rôle crucial lors du débarquement allié en Normandie. En juin 1944, le déclenchement du fameux Jour J fut en effet suspendu à l'expertise d'une certaine Maureen Sweeney, qui travaillait à la station météorologique de Blacksod, sur la côte Ouest irlandaise... »

« En juin 1944, Maureen Sweeney travaillait à la station météorologique de Blacksod, sur la côte Ouest irlandaise. Pendant plusieurs jours, le déclenchement de la plus grande invasion militaire de tous les temps fut suspendu à son expertise. Ses bulletins annonçant une tempête, l'opération Overlord dut ainsi être reportée. La brève accalmie qu'elle prédit ensuite permit finalement au général Eisenhower de lancer la vaste offensive qui conduisit à la victoire des forces alliées. »

« Aujourd'hui âgée de 96 ans, Maureen Sweeney apporte un témoignage unique sur ce moment historique où les militaires durent remettre leur destin entre les mains des météorologues. »

« Le documentaire donne également la parole à Susan Elaine Eisenhower, la petite-fille de celui qui devint président des États-Unis en 1953, à l'historien Antony Beevor et au vétéran Joe Cattini. » 

« À travers leurs propos, appuyés par les éclairages d'experts militaires et météorologues, et de fascinantes séquences d'archives, ce film dévoile le rôle crucial de l'Irlande, pays officiellement neutre, durant la Seconde Guerre mondiale. »

Cartes : Photos © Tyrone Productions

L’Irlande sous domination britannique
Depuis le 16e  et 17e  siècles l’Irlande se trouve sous domination britannique. En 1801, elle est intégrée au Royaume-Uni en vertu de l’Acte d’Union et son peuple devient théoriquement l’égal des Anglais, des Écossais ou des Gallois. Mais dans les faits, les catholiques irlandais sont victimes de préjugés et de mépris dans leur propre pays. Au milieu du 19e siècle, la Grande-Bretagne se trouve à la tête d’un empire planétaire, plus que jamais confortée dans son statut de première puissance mondiale.

L’Irlande, le panier à provisions de la Grande-Bretagne
Dans les années 1830-1840 on exporte chaque année 90 millions d’œufs vers la Grande-Bretagne. Mais aussi du saumon, du bétail, de la laine, de l’alcool, et suffisamment de céréales pour nourrir deux millions de Britanniques. 

La démographie en Irlande juste avant la famine
Dans les deux décennies précédant la famine, la population explose. De trois millions d’habitants en 1780, on passe à huit millions en 1841. Le recensement de 1841 établit la population du Royaume-Uni à un peu plus de 27 millions d’habitants, dont un tiers environ d’Irlandais. Il met aussi en lumière la grande pauvreté de l’Irlande où trois millions de personnes vivent dans des constructions rudimentaires, faites de pierre ou de boue. Mais les deux millions les plus pauvres du pays habitent dans des taudis qualifiés de « quatrième classe » (des masures d’une seule pièce, en boue et en matière organique). Trois millions d’habitants sont cependant rattachés à la classe moyenne, plus aisée : il s’agit d’agriculteurs aux exploitations plus vastes, de négociants, ou encore de commerçants et de professions libérales habitant les grandes villes. 

L’élite irlandaise
En 1845, 95 % des terres d’Irlande appartiennent à un petit nombre de propriétaires, pour la plupart protestants et fidèles à la Couronne britannique. C’est une classe dominante constituée d’environ 5 000 familles de grands propriétaires terriens et de familles nobles qui possèdent des domaines. Les parlementaires sont issus de ses rangs et souvent elle exerce le pouvoir au niveau local.

La pomme de terre
Une grande partie de la population irlandaise dépend de la monoculture de la pomme de terre, un tubercule très nourrissant qui se cultive facilement, car elle pousse à peu près partout, y compris sur les sols pauvres ou en montagne. Grâce à la pomme de terre, même les plus pauvres sont correctement nourris.

Le mildiou
Apparu dans la cordillère des Andes, cette maladie provoquée par le parasite Phytophthora infestans et qui touche les cultures de pommes de terre remonte d’abord vers le nord avant de traverser l’Atlantique dans les cales des navires marchands. Au cours de l’été 1845, il atteint le port d’Anvers. Balayant la Belgique, les Pays-Bas, la France et la Prusse, le mildiou détruit toutes les récoltes sur son passage. En Irlande, le climat humide favorise sa propagation accélérée.

La famine en Irlande
Elle dure sept années, de 1845 à 1852. En 1845 le mildiou ravage un tiers de la récolte de pommes de terre en Irlande, privant un million d’habitants de nourriture. 1846 est la première année de famine grave et prolongée. Entre fin juillet-début août 1846, 75% à 90% de la récolte de pommes de terre sont détruits en une semaine. À l’été 1847, le gouvernement britannique déclare la fin de la famine et ferme les soupes populaires, abandonnant quatre millions de personnes à leur sort. Mais en 1848, le mildiou continue ses ravages et les morts, les expulsions et les départs se poursuivent. Les années les plus meurtrières surviennent surtout à partir de 1848. En 1849, la famine reflue, mais ne disparaît pas. 1850, 51 et même 52 par endroits sont encore des années de famine. Lorsque la crise alimentaire se termine vraiment en 1852, les décès et l’émigration se combinent à une diminution des mariages et une hausse de l’infertilité : dans de grandes parties de l’ouest et du sud-ouest, il n’y a pratiquement plus d’enfants. Avant la famine, l’Irlande comptait 8 millions et demi d’habitants. En tout, un million de personnes ont trouvé la mort et en une décennie deux millions d’Irlandais se sont expatriés définitivement.

La famine dans le reste de l’Europe 
Ensemble, la France, la Belgique, la Prusse et les Pays-Bas totalisent 100 000 morts dues à la famine, ce qui ne représente que 10 % du nombre de victimes en Irlande. Seule explication à ce gouffre : les écarts d’efficacité entre les réponses gouvernementales. En Belgique, notamment, les autorités ont agi avec davantage de bienveillance et pris la mesure du problème pour parer au plus pressé.

Travaux publics
Les seules aides qui subsistent encore en 1846-47 sont les emplois dans les travaux publics. Mais les salaires versés sont maigres alors que le prix des denrées alimentaires est à la hausse. En mars 1847, les projets destinés à moderniser le pays emploient 700 000 travailleurs. Le long des côtes, des installations portuaires sont ainsi construites ou rénovées. De nouvelles routes sont bâties, permettant parfois de raccourcir les trajets de plusieurs jours. Mais la majorité de ces projets ne répond pas à des besoins concrets et beaucoup de routes ne mènent littéralement nulle part. Les travailleurs ont le ventre vide et se retrouvent souvent loin de chez eux. Trop faibles pour rentrer à la maison chaque soir, ils dorment sur place à la dure, exposés aux éléments. Au lieu de sauver des vies, ce système a bien souvent tué des gens.

L’ouverture des soupes populaires
En juin 1847 sont ouvertes les soupes populaires. Elles constituent un tour de force logistique sans précédent. Elles servent quotidiennement à trois millions de personnes une bouillie bon marché de maïs, de riz et d’avoine. Épaulée par les Irlandais, c’est une grande réussite de la politique britannique. Elles ne coûtent pas cher : là où on avait déboursé plus de cinq millions de livres pour les chantiers des travaux publics, ce dispositif ne dépasse pas 1 million 750 000. 

Les expulsions
Au cours des sept années de famine, plus d’un demi-million de personnes sont expulsées. La noblesse, qui possède 95 % des terres en Irlande, est à l’origine de la plupart des expulsions.

Les maisons de travail
Depuis 1842, les organismes communaux au service des plus démunis ont construit des maisons de travail dans la plupart des villes d’Irlande, 130 au total. 20 % des morts survenues au cours de la famine ont lieu dans les maisons de travail ou les hôpitaux traitant les maladies infectieuses. La plupart touchent des enfants de moins de 15 ans. À la fin de la famine, plus de 200 000 personnes ont péri dans les maisons de travail.
 
L’essor des médias de masse au 19e siècle et premières levées de fonds
La famine coïncide avec l’émergence du journalisme illustré, de sorte qu’elle est l’une des premières catastrophes représentées visuellement. En 1846 et 1847 les articles suscitent des dons en provenance du monde entier. La communauté irlandaise aux États-Unis envoie de la nourriture et du matériel d’une valeur de plus d’un million de dollars. En Angleterre, le banquier Lionel de Rothschild contribue à lever 400 000 livres par l’intermédiaire de l’Association britannique de secours, tandis que l’appel lancé par la reine Victoria permet de collecter 170 000 livres. Le tsar de Russie, le sultan ottoman Abdülmecid Ier, ainsi que les officiers britanniques à Calcutta apportent eux aussi une aide généreuse. Malgré leurs propres difficultés, les tribus amérindiennes Choctaw et Cherokee réunissent 800 dollars. Le pape Pie IX publie une encyclique pour demander à tous les catholiques de secourir les Irlandais. Les Français, quant à, eux donnent plus de 50 000 livres.

L’émigration irlandaise
Nombreux sont ceux qui partent définitivement. Souvent, un seul enfant est envoyé en éclaireur. Quand il aura trouvé du travail à l’étranger, il pourra économiser pour faire venir d’autres membres de la famille. C’est un exode sans précédent. Grâce au développement du transport maritime grand public, les exilés partent souvent à l’autre bout du monde. En une décennie, ils sont près d’un million et demi à gagner les États-Unis et 340 000 le Canada. 50 000 mettent le cap sur la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Les examens médicaux étant superficiels, les passagers sont parfois porteurs de maladies. Les bateaux qui partent pour le Canada en 1847 enregistrent de forts taux de mortalité. On parle de « cercueils flottants ». Hommes, femmes et enfants confondus, ils sont 100 000 à mourir pendant la traversée vers le Canada ou en quarantaine à l’arrivée, soit près d’un tiers des candidats. Le passage vers les États-Unis est plus sûr. Neuf réfugiés sur dix parviennent vivants à destination. Ils s’installent pour la plupart dans les États de l’Est : Massachusetts, Pennsylvanie et New York.


Irlande, France, 2020, 91 min
Coproduction : ARTE GEIE, Tyrone Productions, Create One
Sur Arte le 30 novembre 2021 à 20 h 50
Disponible du 23/11/2021 au 29/12/2021
Visuels : © Tyrone Productions

Irlande, 2019, 1 h 37 mn
Production : Tyrone Productions, Create One, en association avec RTÉ 
Raconté dans la version originale par Cillian Murphy
Sur Arte le 30 novembre 2021 à 22 h 25
Sur arte.tv du 30/11/2021 au 27/02/2022
Visuels : © Getty Images

Irlande, France, 2019, 53 min
Production : New Decade TV Ltd
Sur Arte le 1er décembre 2021 à 02 h 35
Disponible du 23/11/2021 au 29/12/2021

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